Laurence Abeille : « je suis flexitarienne »

Dans le prolongement de la compréhension nécessaire de la sorte de fédération de 27 associations qui s’est formée il y a quelques jours (voir « Animal Politique », fédération du réformisme du « bien-être » animal), voici quelques propos tenus par Laurence Abeille, députée EELV du Val-de-Marne, chef de file de ce processus.

Ils ont été tenus à l’Humanité et montrent bien de quoi il s’agit.

Depuis deux ans Stéphane Le Foll développe une stratégie du bien-être animal. Insuffisante ?

Laurence Abeille : C’est vrai que le ministre de l’Agriculture y travaille depuis plusieurs mois. Son cabinet prévoyait de lancer une campagne au Salon de l’agriculture. J’y suis allée : il n’y avait rien sur le sujet. (…)

Les 27 associations qui seront réunies aujourd’hui ont pour objectif de produire, à l’automne, un manifeste à soumettre aux candidats aux élections. Certains parlent de créer un parti animaliste pour 2017. Quoi que l’on en pense, il faut le prendre en compte.

Plusieurs associations, et vous-même, plaidez pour que l’on renonce à consommer de la viande. Le scandale révélé par L214 ne vire-t-il pas au procès des omnivores et en tribune provégétarisme ?

Laurence Abeille : C’est vrai qu’il y a une réaction sociétale qui pousse un certain nombre de gens à moins consommer de viande, voire à arrêter complètement d’en manger. Personnellement, je suis flexitarienne : j’en consomme peu et uniquement bio parce que c’est aussi une meilleure garantie quant à la façon dont sont élevées les bêtes.

Politiquement, je ne suis pas pour la fin de la consommation d’animaux, ce n’est pas l’objectif numéro un. Il faut plutôt mettre en place des dispositifs qui permettent de respecter les animaux qui seront tués et consommés.

Il y a deux questions qui découlent très logiquement de ce qui a été dit par Laurence Abeille. Tout, n’étant pas végane, a-t-elle le droit à la parole au sujet de la question animale?

Nous ne le pensons pas. La pratique est le critère décisif et il ne peut pas y avoir de contradiction entre la théorie et la pratique, car celle-ci se fait aux dépens des animaux.

On ne peut pas parler de « bien-être animal » en digérant un corps mort, pas plus qu’on ne peut se dire opposé à l’esclavage en ayant des esclaves, communiste tout en exploitant des gens, opposé au sexisme tout en profitant du patriarcat, etc. etc.

La seconde question est la suivante : un « lobby » pro-animaux a-t-il un sens?

Encore une fois, nous disons non.

On ne change pas de l’intérieur l’exploitation animale, qui est tellement puissante qu’elle a largement les moyens d’accepter que quelques « trublions » deviennent universitaires, lobbyistes, etc. On a l’exemple du capitalisme qui a très bien su intégrer nombre d’oppositions, et comme l’exploitation animale n’est qu’une variante du capitalisme…

La « fédération » qui se forme est une immense voie de garage, elle va gâcher un nombre très important d’énergie et aboutir à une déception énorme, autant qu’EELV (et d’ailleurs Laurence Abeille ne fait aucune autocritique à ce sujet, ni sur les animaux, ni sur la défense de la Nature, ni sur l’immense opportunisme et les divers scandales d’EELV, etc.).

Les animaux n’ont pas besoins de « flexitariens », mais de vegans décidés, stricts, comprenant l’importance de l’affrontement le plus franc, le plus net, le plus mobilisateur, pour renverser l’exploitation animale, avec une détermination sans faille!