Nouveau scandale à la SPA

Bien loin du véganisme d’escapade, nous considérons que les refuges sont au coeur de la compassion, de la bienveillance envers les animaux.

Aider les animaux dans les refuges est un devoir impératif, une composante de l’identité de toute personne ayant compris le sens de la libération animale, sa signification universelle.

A ce titre, il faut porter son attention sur les problèmes des grandes structures de refuges, dont on sait à quel point les dirigeants sont rapidement contaminés, corrompus par les valeurs dominantes, et ce d’autant plus qu’ils ne comprennent pas le véganisme, la libération animale.

La SPA (de Paris) est ainsi de nouveau dans une tourmente judiciaire, et comme d’habitude dans ces cas là, c’est très violent.

Tout est parti d’un article littéralement dévastateur du Parisien, dont voici quelques extraits.

Si les faits sont avérés, c’est une catastrophe de plus.

Après deux rapports très critiques de la Cour des comptes dans les années 2000, puis la nomination entre 2009 et 2012 d’une administratrice provisoire chargée de redresser la barre, on aurait pu penser la SPA (Société protectrice des animaux) aujourd’hui entièrement focalisée sur sa mission : améliorer « le sort de tous les animaux ». Las, l’heure n’est semble-t-il pas à la sérénité.

Selon nos informations, plusieurs adhérents de la SPA ont porté plainte contre X, en mars 2016, pour « usurpation de titre, escroquerie et abus de confiance, corruption active et passive, et prise illégale d’intérêt ».

Dans leur ligne de mire : les honoraires accordés à l’ancienne administratrice judiciaire (plus d’un million d’euros en trois ans et demi), « qui peuvent paraître exorbitants », souligne l’avocat des plaignants, William Bourdon ; la modification des statuts ayant permis l’élection en juin 2013 de la présentatrice Natacha Harry ; ou encore le fait que cette dernière se revendique « docteur vétérinaire », à tort, selon eux.

« Toute la lumière doit être faite sur la gestion de la SPA », résume M e Bourdon. En avril, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour les faits dénoncés dans cette plainte. Une enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE).

S’il n’y avait que cela… Il y a six mois, l’association Vaspa (les Vrais amis de la SPA) a de son côté porté une nouvelle fois devant la justice une vieille affaire d’évaporation de legs dans laquelle la SPA aurait potentiellement perdu 20 millions d’euros entre 2004 et 2008.

Enfin — hasard de calendrier ? —, même la Cour des comptes s’y met : depuis plusieurs mois, les magistrats épluchent les comptes 2011-2014. Ils auraient notamment tiqué sur le nombre élevé de marchés conclus sans appels d’offres.

La présidente Natacha Harry est visée dans un article à part, et à charges.

En 2012,quand elle se lance dans la course à la présidence de la SPA, Natacha Harry, chroniqueuse de « Télématin » et productrice d’émissions, sur Equidia notamment, se présente notamment comme vétérinaire — la même année, elle a même déposé la marque Docteur H à l’Institut national de la propriété intellectuelle.

Le souci, c’est qu’elle ne serait pas docteur vétérinaire, affirment les plaignants, pour qui il y a usurpation de titre. Si Natacha Harry a bien étudié quatre ans à Maisons-Alfort, elle n’aurait jamais soutenu sa thèse et ne serait donc pas diplômée — elle n’est par ailleurs pas inscrite à l’Ordre national des vétérinaires. Sollicitée, Natacha Harry dément en bloc (voir les réponses de la SPA ci-dessous). L’école de Maisons-Alfort, elle, a refusé de nous apporter une réponse.

Il y a une ligne de son CV, en revanche, que Natacha Harry, qui n’a pas souhaité nous recevoir malgré nos demandes répétées, passe sous silence lorsqu’elle se présente aux élections : depuis 2011, elle est « ambassadrice » de la marque Pedigree, qui dépend du groupe Mars — sollicitée, la SPA nous assure que cette collaboration s’est juste étalée « de 2011 à 2014 », tandis que le porte-parole de Mars, lui, évoque un contrat achevé « fin 2015 ».

Pourtant, sur le site Pedigree.com, les vidéos de Natacha Harry vantant les produits de la marque peuvent encore être visionnés. « Si Mars y a gagné ou y gagne une formidable caution morale, la SPA, elle, qu’a-t-elle gagné ? », interroge Alain Lambert, un adhérent qui a réclamé en 2014 la démission de Natacha Harry.

Jamais, en tout cas, les liens entre la SPA et une autre filiale du groupe Mars, Royal Canin, n’ont paru aussi forts : partenariats dans les grandes surfaces, association de logos, kits Royal Canin remis aux adoptants dans les refuges, etc.

Depuis fin 2015, le comité d’entreprise de la SPA a signé un accord préférentiel : les salariés bénéficient de prix cassés sur les croquettes.

Et gare à ceux qui iraient voir ailleurs, comme cette salariée de Seine-Maritime l’a appris à ses dépens en présentant sa note de frais. « Nous avons des fournisseurs référencés. Vous devez acheter la nourriture Royal Canin et non au Carrefour », lui rappelle la directrice comptable dans un mail.

Aujourd’hui, deux des neuf administrateurs de la SPA — dont Natacha Harry — sont (ou ont été) rémunérés par Mars. Et en 2015, selon nos informations, la SPA aurait acheté pour plus de 1 million d’euros de produits Royal Canin, sans mise en concurrence.

Moult dépenses, d’ailleurs, sont encore réalisées sans appel d’offres : en 2015, selon une liste que « le Parisien » – « Aujourd’hui en France » s’est procurée, un pharmacien aurait ainsi touché 1,5 M€, un chenil 736 000 €, un notaire 160 000 €, une agence de voyages 337 000 €… Au total, au moins 6 M€ auraient été dépensés sans aucune mise en concurrence cette année-là.

Les priorités budgétaires, voilà un autre reproche fait à Natacha Harry. Certes, l’an dernier, le nombre d’adoptions a bondi de 13 %. Mais sa promesse de campagne numéro un — moderniser et sécuriser les refuges — décolle à peine, trois ans plus tard. Ce n’était pourtant pas un luxe.

A Gennevilliers (Hauts-de-Seine), l’historique centre, « les cages sont en extérieur, les chiens dorment dans l’eau ou la neige, et des éléments rouillés menacent de les blesser », témoigne un ancien, forcément anonyme du fait de la clause de confidentialité à vie qu’il a signée.

« Il aurait été plus utile d’améliorer le confort des animaux que de repeindre les halls d’accueil aux couleurs du nouveau logo SPA », abonde Brigitte Piquet-Pellorce.

Sur les 41 M€ d’investissement promis en 2014, seuls 2 M€ ont été dépensés en 2015, dont 1,5 M€ pour acquérir Pervenchères (Basse-Normandie), le premier refuge pour… équidés. En faisant ce choix-là, Natacha Harry, qui produit une émission sur l’élevage des chevaux, s’est inévitablement exposée à de sévères critiques en interne.

Dans le même temps (de 2013 à 2015), le budget marketing a bondi, passant de 2,3 à 3,6 M€ (+ 50 %), tout comme le budget communication (institutionnelle, médias partenaires, portes ouvertes…), passé de 1,2 à 2,2 M€. Pourquoi par exemple convoquer le congrès annuel au château de Chantilly, début 2015 ?

Plusieurs dépenses, critiquent par ailleurs ses détracteurs, visent à mettre Natacha Harry en avant. Selon nos informations, l’animatrice a eu, ou aurait encore, un contrat avec N Consulting (3 500 € par mois) notamment pour des trainings presse. Elle aurait également réalisé un travail sur son image avec la société Image 7 d’Anne Méaux, facturé à prix d’or (8 400 € par mois pendant au moins un an) « Image 7 est là en sous-marin, en interne peu de gens le savent », témoigne une salariée bien informée.

22 millions d’euros manquent à l’appel, selon Le Parisien.

A la SPA, les legs constituent le nerf de la guerre. En 2015, la manne a dépassé 30 M€, soit 56 % des recettes. Mais une vieille histoire rebondit aujourd’hui. En 2008, la présidente de l’époque, Caroline Lanty, avait porté plainte pour abus de confiance après avoir été alertée sur ce qui constituerait de fortes irrégularités dans la gestion des legs : dix-huit SCI, gérées par une même personne, achetaient à petits prix les biens de la SPA pour les revendre ensuite deux, voire trois fois plus cher…

Ainsi, le legs Varnet, vendu par la SPA 171 000 € en août 2005, avait été revendu par la SCI du Pont-des-Arts 665 000 € six mois plus tard !

Appliqué à la centaine de biens vendus dans des conditions parfois surprenantes, « le manque à gagner pour la SPA pourrait avoisiner 22 M€ », calcule Henri Barbé, le président de l’association Vaspa (les Vrais amis de la SPA). En mars 2011, la justice avait classé l’affaire, jugeant que l’infraction n’était « pas suffisamment caractérisée ».

L’enquête de police menée à l’époque interpelle Henri Barbé. « Comment les enquêteurs ont ils pu accepter l’explication du gérant des SCI selon laquelle il avait sorti 350 000 € en liquide pour financer des voyages, alors qu’on ne pouvait à l’époque payer en liquide au-delà de 3 000 € ? questionne cet ancien professeur d’histoire-géographie. Pourquoi les banques n’ont-elles pas fait un signalement à Tracfin ? »

Vaspa a déposé une nouvelle plainte avec constitution de partie civile pour escroquerie et abus de confiance, il convient donc d’attendre ce que fera le juge d’instruction désigné.

La SPA a demandé un droit de réponse au Parisien, que voici.

DROIT DE REPONSE

La SPA souhaite apporter un démenti formel à votre article du 6 juin 2016, intitulé « Tourmente judiciaire en vue à la SPA » qui insinue que la gestion de la SPA serait gravement mise en cause.

Il n’en est rien.

Les faits dont vous faites mention relèvent d’une période ancienne qui remonte à 2004, soit bien avant que l’actuelle direction ne prenne les rênes de l’Association. L’amalgame qui est ainsi fait est de nature à créer une grave confusion dans l’esprit du public et des dommages d’un extrême gravité pour la SPA et les animaux dont elle a la charge.

Vous insinuez également que la Présidente de la SPA se prévaudrait « à tort » du diplôme de vétérinaire mettant ainsi en cause son honnêteté alors que ces faits ont été formellement démentis par la SPA.

Vous laissez enfin entendre que les contrats avec les fournisseurs de l’Association pourraient être entachés d’irrégularités et vous vous faîtes l’écho plus généralement d’une série de critiques gravement attentatoires à l’honneur du Conseil d’administration de la SPA.

Ces propos sont formellement démentis pas les faits et les instances de contrôle de la SPA ainsi que les Tribunaux le démontreront le moment venu.

La SPA ne peut que s’interroger sur la publication de telles accusations à moins d’un mois de la prochaine élection de la Présidente et déplorer une telle instrumentalisation, qui nuit à la mission de défense des animaux de la SPA, en déstabilisant l’Association.

NDLR « Nous maintenons nos informations. La principale plainte dont nous nous faisons l’écho date de mars 2016. Par ailleurs, cette plainte ne met pas en cause le fait que Natacha Harry serait vétérinaire mais qu’elle se revendique « Docteur vétérinaire », ce qu’elle ne serait pas.

Voici d’autres précisions de la SPA au Parisien.

Les réponses de la SPA

Sollicitée, l’association SPA nous a adressé une longue réponse écrite. Extraits.

Une plainte visant Natacha Harry dit qu’elle n’a pas le diplôme de vétérinaire ?
Elle est vétérinaire, diplômée de l’école vétérinaire de Maisons-Alfort.

A quelle date a-t-elle soutenu sa thèse ? Eu son diplôme ?
La SPA n’a pas répondu sur ce point.

Liens avec le groupe Mars.
Il n’y a aucun conflit d’intérêts. Royal Canin, fournisseur historique de la SPA depuis 2002, a conçu des croquettes spécifiques avec des qualités nutritionnelles adaptées au mode de vie des animaux en refuge. Cette société fait l’objet d’une mise en concurrence régulière.

Natacha Harry fait-elle encore des pubs pour Dentastix (marque Pedigree) ?
Elle était ambassadrice entre 2011 et 2014. Cette activité s’inscrit dans le cadre de ses activités professionnelles et est sans lien avec la SPA.

Combien de refuges ont été rénovés depuis 2013 ?
La SPA a engagé 6,5 M€ pour la rénovation et l’entretien des refuges en 2014 et 2015. Certaines installations ont été laissées à l’abandon pendant des dizaines d’années. Un plan de près de 50 M€ va permettre la rénovation totale ou partielle de près de 25 sites.

Il n’y a plus de sténos pour faire les comptes rendus des CA ? Qui les fait désormais ?
Un PV est rédigé après chaque CA et approuvé par le CA.

Beaucoup de marchés ont été passés sans appel d’offres, pourquoi ?
Tous nos marchés font l’objet d’une mise en concurrence.

Budgets alloués à Image 7 et N Consultaing : montant, durée des contrats et mission ?
Nous ne souhaitons pas rendre publiques ces informations qui font partie de la réussite de nos actions. C’est notre choix.

A quand un comité d’éthique ? Le travail est en cours. Comité de la Charte ?
Nous avons postulé au comité de la Charte (NDLR : qui garantit le « don en confiance ») en juin 2014. (NDLR : le 1er juin, la SPA a annoncé sur son site par un simple communiqué qu’elle adhérait désormais au comité de la Charte.)