2016 et l’augmentation du nombre d’abandons

Beaucoup de médias ont parlé des refuges hier, en raison du nombre croissant d’abandons. Cela s’appuie surtout en fait sur les chiffres donnés par la SPA de Paris. Cela fait qu’on a appris, par exemple sur Telestar, que :

Le premier semestre 2016 (janvier à mai) n’a pas été florissant, puisque les abandons directs réalisés en refuge ont bondi de 27%.

6619 animaux ont été abandonnés contre 5207 en 2015 sur la même période. Si les chiens sont les plus touchés, 3194 ont été recueilli, les chats ne sont pas en reste avec 3013 félins reçus.

Or, ces chiffres sont absolument faux. En effet, ils ne prennent en compte que les chiffres des structures dépendant de la SPA de Paris. Comme les journalistes ne cherchent pas plus loin, ils s’imaginent que la SPA est nationale, que tous les refuges dépendent d’elle, etc.

Ce n’est pas du tout le cas. Ce qui fait qu’on a aucunement les chiffres à l’échelle nationale. C’est là un problème essentiel, fondamental. Il faudrait avoir une vue d’ensemble.

Mais le problème est que cette situation est elle-même le fruit de la situation générale, totalement chaotique, où chaque refuge fait avec les moyens du bord, tournant grâce à l’abnégation d’individus.

Là, on devrait pouvoir se dire : puisque le véganisme est « à la mode », les refuges devraient disposer de beaucoup plus de soutiens.

Voici par exemple le petit reportage de BFMTV, « La folie vegan s’empare de la France ».

Malgré cette « mode », il n’y a pourtant pas d’engouement pour les refuges. Il y a une certaine mobilisation en leur faveur, mais on peut constater qu’elle est tout d’abord indépendante de la tendance « vegan », ensuite qu’elle ne fait que courir derrière une situation qui empire.

La tendance au véganisme n’est d’ailleurs elle-même que le fruit d’une tendance qui empire. Il est assez affligeant de voir des gens se targuer d’avoir pratiquement inventé le véganisme, alors que cette pratique date de manière bien structurée du tout début des années 1990 !

Au lieu de dire : nous avons 25 ans de retard, il faut rattraper ce que l’humanité aurait du faire depuis longtemps, on a droit à des gens très satisfaits d’eux-mêmes.

Le décalage est vraiment total quand on voit la situation des refuges ou la condition animale en général. Mais surtout, on peut se demander ce qui va se passer quand tous ces gens vont s’apercevoir que les choses ne progresseront pas comme elles le pensent.

Lors de la vague de véganisme au début des années 1990, en Angleterre, aux Etats-Unis, en Suède, en Allemagne, beaucoup de gens sont devenus vegans… Bien peu le sont restés.

Le contexte était différent, c’est vrai. Cependant, malgré les facilités matérielles, il faut toute une culture en arrière-plan et pour l’instant le véganisme est parti pour être une forme de centre-ville, totalement éloigné de l’ensemble de la population.

Et comme les refuges ne sont justement pas dans les centres-villes, mais sont portées par des gens venant tout droit du peuple, le contraste est saisissant…

Un vrai véganisme ne peut avoir de sens qu’en s’orientant par rapport aux refuges, en ancrant sa démarche dans le rapport concret aux animaux, au soutien concret.