Le texte que nous publions ici est une partie seulement d’un long communiqué dans le prolongement des événements dans le quartier athénien d’Exarcheia (voir Cortège armé anti-drogues à Exarcheia à Athènes) ; nous le publierons pour cette raison en plusieurs parties.
Nous aurions d’ailleurs préféré le publier simplement pour archivage, comme nous le faisons parfois en second article, car il est très problématique. En fait, il fait même froid dans le dos et on peut craindre qu’il soit mal compris, tellement la situation est différente d’en France… pour l’instant encore.
L’arrière-plan qu’on découvre est d’une brutalité impressionnante et cela en dit long sur la vie quotidienne des gens vivant là-bas. Il faut bien reconnaître également que les gens qui s’y confrontent ont un sacré courage et qu’ils osent intervenir.
Rappelons que le concept de « cannibale » employé en Grèce désigne ici les gens ayant des comportements anti-sociaux et « cannibalisant » socialement d’autres personnes.
Nous prenons la responsabilité de l’exécution du mafieux Habibi, qui pendant des années a été en première ligne dans les violents incidents avec les résidents et les personnes fréquentant le quartier d’Exárcheia, culminant dans l’attaque meurtrière contre trois camarades du centre social occupé VOX, le mois dernier.
Le caractère paranoïaque de cet individu en particulier et la violence impitoyable qu’il infligeait à la moindre provocation a fait de lui un serial killer potentiel, la peur et la terreur du quartier.
Le harcèlement, le vol et les coups de couteaux étaient inclus dans le répertoire de sa présence quotidienne sur la place d’Exárcheia, lui donnant l’espace pour prétendre être le leader de quelque chose que personne ne pourrait, pensait-il, venir lui disputer.
Avec la force d’une bande de cannibales l’entourant, mais également avec l’appui de la mafia et de la police, il agissait sans être dérangé, vendant des drogues et terrorisant le voisinage, qui était sans défense et incapable de lui faire face soumis à son pouvoir et réduit au silence.
La peur causée par son activité criminelle lui a donné toujours davantage d’audace, l’amenant à mener de manière répétée des assauts avec des intentions meurtrières devant les yeux de dizaines de gens, laissant derrière lui des gens en sang, à moitié mort, alors que lui restait tranquille et fier.
Et cela parce que, malgré qu’il ait été dépendant aux drogues et paranoïaque, il savait très bien qu’il n’y aurait aucune conséquence. Parce qu’il savait que personne n’interviendrait, étant donné qu’en tant qu’employé de la mafia, il était essentiellement un employé de la police également.
Cependant, son audace s’est montrée « suicidaire » finalement, quand il a fait l’erreur d’attaquer trois camarades anarchistes du centre social occupé VOX, blessant deux d’entre eux.
Ce fut la goutte d’eau faisant déborder le vase et la mise en œuvre de la justice populaire-révolutionnaire exigeait la sentence de mort.
Cela non seulement dans le cadre de la vengeance pour les camarades blessés, mais également en défense d’un voisinage tellement traumatisé, qui se sentira soulagé, nous en sommes certains, à la nouvelle de l’exécution de cette ordure.
Parce que quelqu’un devait mener une action. Pour la restauration même marginale des rapports de pouvoir dans le voisinage d’Exárcheia, pour le rappel que le bras long du para-Etat [la mafia] doit faire face à l’arme punissante du mouvement.
En parlant du para-Etat, nous devons clairifier ici que pour nous l’exécution de cet individu en particulier ne se limite pas à un simple coup contre le « cannibalisme » qui règne à Exárcheia.
Nous ne percevons pas la violence « cannibale » comme un phénomène social généralisé. Nous ne sommes pas des sociologues ; nous nous positionnons dans la classe qui est en guerre avec le capital et en tant que tel nous entrons dans la bataille pour regagner Exárcheia.
Avec cette orientation, cette exécution spécifique s’étend également avec le conflit physique avec le regroupement para-étatique de la police et de la mafia. C’est-à-dire que cela étend la lutte contre quiconque est l’expression la plus rude du capital.
Et cela parce que Habibi a été recruté par la mafia d’Exárcheia, non seulement en tant que l’un des dizaines de trafiquants de drogues opérant dans cette zone, mais également en tant que gendarme gardant violemment la profitabilité régulière de ses patrons.
Le riche arrière-plan de Habibi, incluant toutes sortes d’activités anti-sociales, a fait de lui le suppôt, le chien de garde enragé de la mafia de la place Exárcheia. Et il était un chien de garde en raison de sa violence, indépendamment de sa nature psychotique et imprudente, de sa fonction comme menace contre quiconque pourrait imaginer perturber le trafic régulier des drogues.
Contre, finalement, quiconque mettrait en cause le règne de la mafia sur la place d’Exárcheia. En exécutant Habibi, nous avons rendu clair que dans les faits nous contestons le règne des trafiquants de drogues.
Que nous aussi nous avons le moyen de leur faire face et que si cela est nécessaire nous nous engagerons dans une confrontation frontale avec ceux.
Une confrontation qui est un impératif historique et politique.
Le regroupement de la mafia et de la police, bien qu’étant un phénomène constaté de très nombreuses fois, ne surprend plus personne ; à Exárcheia cela s’est exprimé de manière manifeste. Ceux qui vivent, travaillent ou fréquentent le quartier savent très bien que les posts de trafics de drogues ne sont pas des zones isolées, mais qu’au contraire occupent les points principaux de la place d’Exárcheia.
Ils savent également qui vend les drogues et quand, étant donné que nous parlons de 3/8 [roulement de huit heures de trois équipes] réalisées par des individus vivant et se déplaçant dans tout Exárcheia.
Ils savent quels magasins servent à blanchir l’argent, qui sont les leaders de la mafia, les endroits fréquentés par eux, visiblement armés.
Ils savent également que le commandant du commissariat d’Exárcheia rencontre certains d’entre eux dans un climat particulièrement amical.
Tout cela se déroule devant nos yeux chaque jour et personne ne dit rien.