JBS place son siège en Irlande

C’est une information importante historiquement, dans la mesure où elle permet de bien saisir la tendance actuelle qui, comme nous le soulignons à chaque fois, consiste en la croissance exponentielle mondiale de la production de « viande ».

L’Allemagne a connu par exemple l’année dernière son plus grand chiffre historique concernant cette production, et cette année devrait être encore pire dans le genre.

C’est avec cet arrière-plan qu’il faut comprendre l’information comme quoi JBS, l’entreprise brésilienne leader mondial de la production de « viande », a choisi de délocaliser son siège en Irlande.

La raison du placement de 30 milliards d’euros – seulement virtuellement – en Irlande tient bien sûr au faible impôt sur les entreprises (12,5%). Google et Facebook utilisent le même procédé pour opérer en Europe.

JBS  a d’ailleurs acquis l’année dernière l’entreprise nord-irlandaise Moy Park, qui s’occupe de « transformation »  des animaux fournis par des éleveurs sous contrats. Le chiffre d’affaires de Moy Park avant l’acquisition était de pas moins de 1,4 milliards d’euros, avec des usines au Royaume-Uni, mais aussi en France.

Celles-ci sont à Hénin-Beaumont, produisant pour McDonald’s des « nuggets », et à Orléans, produisant des « steaks hachés » de la marque McKey (toujours pour McDonald’s).

On voit tout de suite que la production de « viande » se renforce, s’approfondit, s’ancre profondément. Les grandes entreprises se précipitent sur ce marché où la croissance est possible, en exploitant toujours davantage les animaux, en faisant que les gens consomment plus ce type de produits…

Le syndicat agro-industriel FNSEA s’est exprimé par l’intermédiaire de sa « Fédération nationale bovine », dénonçant dans un grand élan digne des années 1930 la « finance mondialisée ».

Comme si l’exploitation animale n’était pas, petite ou grande, quelque chose relevant du capitalisme, de l’accumulation du profit toujours plus grand, de l’utilisation systématique des animaux, etc.

« Malgré le Brexit, l’Union européenne ne semble pas avoir changé de cap ! Après le transfert de Barroso à Goldman Sachs dans le cadre du mercato d’été, c’est au tour de JBS, leader mondial de l’abattage de produits carnés, de profiter des largesses de l’UE.

A croire que la seule vocation de l’Union est d’assurer la réussite des petits arrangements de la finance mondialisée.

L’entreprise brésilienne JBS, déplace ainsi son siège social en Irlande. Nulle question d’investir dans l’emploi et le développement économique, mais bien de profiter des avantages fiscaux offerts par le pays et les autres États Membres de l’UE. 30 milliards d’euros d’actifs sont concernés par cette relocalisation – de papier – qui permettra au groupe de bénéficier d’un taux d’imposition particulièrement avantageux (12,5%) !

Largesses pour les uns, douleurs pour les autres ! Quand l’UE s’ouvre à tous vents au gré de négociations naïves telles que le CETA, le TTIP et le MERCOSUR, ses éleveurs ne cessent de payer les pots cassés de politiques incohérentes, erratiques et déconnectées.

Quand compter le nombre de fleurs dans une prairie devient une politique européenne, ne doit-on pas avoir la même intransigeance envers l’uniformité des politiques fiscales et sociales ?

Dans le contexte de crise profonde de l’élevage européen, les éleveurs français attendent une réaction sans délai du Président de la Commission européenne. Les vacances sont terminées ! Ils ne comprendraient pas non plus, le même silence de la part du gouvernement français !

L’Europe est en phase de dérive, la voix de ses capitaines doit se faire entendre urgemment avant que d’autres soient tentés de quitter le navire. »

Si la FNSEA s’inquiète, en tout cas, c’est ici surtout que la concurrence va s’exacerber toujours plus. L’idéalisation de l’exploitation animale « à la française » sert de prétexte à la défense des intérêts des exploitants français, dont la nature ne diffère pourtant en rien de leurs concurrents.