Cannabis : la capitulation de Marisol Touraine

Notre « prévision » se réalise entièrement, avec une cadence toujours plus forte. Cette fois, c’est Marisol Touraine, ministre de la Santé, qui appuie la tendance par une interview à Libération hier.

Naturellement, la ministre de la Santé ne dit pas qu’elle est favorable à la dépénalisation du cannabis. En 2014, elle s’exprimait même encore contre.

Mais nous avons souligné à quel point la tendance à la légalisation du cannabis prolonge une certaine vision du monde individualiste, libérale-libertaire, commerciale…

A moins de s’y opposer franchement et radicalement, en défendant la Nature, impossible de ne pas céder du terrain… et de finalement capituler.

Marisol Touraine capitule donc. En tant que ministre, elle se contente d’appuyer sur la question de la prévention… Mais pour finalement appeler à modifier la perspective légale au sujet du cannabis…

Alors que comme le note fort justement Europe 1, elle y était auparavant farouchement opposée !

En septembre 2015, lors de l’examen du projet de loi santé au Sénat, elle s’était opposée à un amendement présenté par LR et visant à punir d’une contravention de troisième classe un premier usage de stupéfiants. Elle déclarait :

« La contraventionnalisation du premier usage de stupéfiants serait un mauvais signal à adresser. »

Un mauvais signal que désormais elle assume entièrement, participant même à cette lame de fond pro-cannabis dont nous ne cessons de parler ces derniers temps.

D’ailleurs, Marisol Touraine accorde son interview à Libération qui est favorable à la dépénalisation, au lendemain d’une conférence au Sénat qui a également été ouvertement favorable à la légalisation, avec en parallèle un sondage IPSOS censé démontrer que les gens sont prêts pour cela, avec aussi un document du think tank Terra Nova proposant une solution concrète pour la légalisation en prenant comme modèle les jeux d’argent…

C’est ce qu’on appelle un « timing » parfait.

Mais que dit Marisol Touraine exactement ? La courte interview de Libération a comme prétexte l’ouverture d’une « salle de shoot » à Paris. Libération s’en félicite et se félicite que Marisol Touraine s’en félicite.

Puis, on passe à deux questions sur le cannabis, de telle manière à faire en sorte que :

a) Marisol Touraine appelle à ouvrir le débat, ce que Libération souligne et apprécie,

b) le dit débat s’intègre aux présidentielles, ce qui bien entendu est un objectif forcené de la gauche libérale-libertaire, comme nous l’avons plusieurs fois souligné.

« Sur le cannabis. on vous sent crisper. Vous dites que ce serait un mauvais signe de dépénaliser, mais quid de ces centaines de millions d’euros dépensés pour la répression, alors que la France a le niveau de consommation le plus fort en Europe?

A l’évidence. un débat sur cette question s’impose, mais un débat de santé publique.

Dire, comme le prétendent certains, que la consommation ne comporte aucun risque et qu’une évolution s’impose pour des raisons d’ordre public. Cela me parait irresponsable, et surtout cela ne règle pas le problème de santé publique.

Comme ministre de la Santé, je veux qu’un débat ait lieu. On ne peut pas dénoncer les effets du tabac ou de l’alcool et ouvrir le marché du cannabis.

La question de la nature de la sanction doit être posée, en lien avec le renforcement des politiques de prévention. Contrairement à ce que l’entends, des progrès sont réalisés, grâce aux Consultations jeunes consommateurs.

On observe une diminution de la consommation, mais cela reste insuffisant.

Comment voyez-vous ce débat? Lors de la présidentielle?

Il faut un débat de santé publique Je connais trop les crispations dans ce pays pour ne pas savoir qu’une campagne présidentielle risque d’hystériser ces questions. Mais je ne veux pas tout mélanger, notamment les salles de consommation à moindre risque et la question du cannabis.

Certains vont encore pointer un je ne sais quel laxisme. Je le redis, la salle de consommation à moindre risque s’adresse a des personnes en dehors de tout, éloignées du système de soins, qui ne bénéficient d’aucun accompagnement. Il faut rétablir un lien avec elles. Et comment peut-on se satisfaire que dans certains immeubles des seringues traînent, que l’on se shoote à la vue de tous?

Habile Marisol Touraine, qui prétend ne pas vouloir ne pas parler de la question de l’ordre public, ne pas mélanger la question du cannabis et des personnes se shootant, et qui le fait pourtant !

Qui s’est empressée, d’ailleurs, la matinée même de la publication de l’interview d’aller répéter le même discours chez BFM TV, soulignant la question de l’inefficacité de la répression…

Notons au passage que Libération et BFM TV ont le même propriétaire (SFR).

Et comprenons que l’offensive pro-cannabis passe en ce moment par une logique où il est prétendu le combattre, le contrôler, le maîtriser…