Fondation du « parti animaliste »

Nous avons déjà parlé du PACMA, le parti « animaliste » espagnol (Relatif succès du PACMA aux élections espagnoles de 2016).

Une initiative similaire s’est fondée hier en France, sous le nom très simple et direct de « parti animaliste » (le site, le facebook).

En fait, et à vrai dire, c’est une initiative de plus parmi les innombrables structures qui se sont fondées ces dernières années, se présentant pour beaucoup immédiatement comme de dimension nationale, seule représentative, etc.

En août s’était également fondé, de manière plus confidentielle, un Parti antispéciste citoyen pour la transparence et l’éthique (PACTE).

N’importe quelle personne observant cela y verra un produit de la crise traversant la France, avec une fuite dans des valeurs refuges pas très claires, même si liées aux animaux.

Voici par exemple ce qu’on trouve justement dans le FAQ du « parti animaliste » :

Où vous situez-vous sur l’échiquier politique ?
La question animale est transversale, elle concerne toutes les familles politiques, toutes les catégories sociales, les ruraux comme les urbains, les jeunes comme les personnes âgées, …

Il y a là de quoi faire sauter au plafond toute personne ayant une conscience sociale dans notre pays et comprenant qu’il existe des classes dominantes réactionnaires.

Dans un contexte de progrès immense de Marine Le Pen, il y a ici une dépolitisation et une acculturation politique qui lui est très utile…

On peut remarquer que, d’ailleurs, le responsable du « PACTE » mentionné plus haut tient le même discours :

Les membres du PACTE ce sont plutôt des ouvriers ? Des artisans ? Des hommes de loi ? De riches industriels ? Des employés ?
Nous sommes des véganes extra-bien-terrestres ! (rires) Venant de la société civile, beaucoup d’entre-nous sont engagés dans des causes caritatives, on compte des étudiants, des profs, des employés, des juristes, des artistes etc. Le milieu et l’origine sociale n’importent pas. On peut tous avoir un bon cœur qui rend le cerveau généreux.

Tout cela n’est rien d’autre qu’une continuation de la grande OPA bobo-hipster sur le véganisme, concept d’ailleurs désormais « dépassé » au nom de l’antispécisme, de l’animalisme, etc.

Ce n’est pas pour rien, évidemment, que la présentation des fondateurs du « parti animaliste » ne précise jamais s’ils sont végans ou pas.

Il y a des chances qu’ils le soient d’ailleurs (ce serait dans l’ordre des choses), mais ce genre de définition ne les intéresse pas. Aux yeux de ces « modernistes » liés aux couches intellectuelles urbaines, il ne faut pas avoir de valeurs « strictes », afin d’enclencher une sorte de mouvement qui changerait les institutions (et leur garantirait des places sociales de valeur).

Tout cela conduit à la réduction des exigences du « bien-être animal ». Voici par exemple ce que propose entre autres  le « parti animaliste » et l’on ne sera guère étonné que L214 ait salué leur fondation.

Les animaux élevés

Renforcer la protection des animaux d’élevages
Créer une Direction de la Protection des animaux d’élevage au Ministère de la Protection animale.
Accorder un droit de visite inopinée des élevages et des abattoirs aux associations de protection animale visées à l’article 2-13 du code de procédure pénale.
En finir avec les pratiques particulièrement génératrices de souffrance
Interdire les mutilations (épointage du bec, castration, amputation de la queue, écornage…) pratiquées en élevage.
Abolir la pratique du gavage et abroger l’article L 654-27-1 du code rural et de la pêche maritime. Interdire l’importation de produits issus de l’alimentation forcée d’animaux.
Interdire la production, l’importation et le commerce de la fourrure et la dépilation à vif.
Interdire le broyage des poussins et des canetons.
Interdire les sélections génétiques causant des souffrances (poulets souche à croissance rapide, etc).
Protéger davantage les animaux durant leur transport
Limiter la durée totale du transport des animaux vivants (8H pour les mammifères, 4H pour les oiseaux).
Interdire les exportations d’animaux vivants de l’UE vers les pays tiers.
Protéger davantage les animaux dans les abattoirs
Interdire toute possibilité d’abattre un animal sans insensibilisation préalable.
Interdire le gazage au CO2, utilisé notamment pour l’abattage des cochons.
Installer des caméras de contrôle dans les abattoirs sur les postes de déchargement, d’attente, d’amenée et d’abattage des animaux, avec contrôle par une autorité indépendante et transparente, constituée à parité d’inspecteurs vétérinaires et de membres désignés par des associations de protection animale visées à l’article 2-13 du code de procédure pénale.
Accompagner l’évolution des filières d’élevage
Instaurer un moratoire sur les élevages en cage (interdire l’installation de nouveaux élevages en cage ainsi que l’extension des existants), et interdiction totale sous 10 ans.
Instaurer un moratoire sur les élevages en bâtiment sans accès à un libre parcours (interdire l’installation de nouveaux élevages sans accès à l’extérieur ainsi que l’extension des existants), et interdiction totale sous 10 ans.
Conditionner toute installation d’exploitation à l’aménagement d’un accès à un libre parcours pour les animaux, avec bassin pour les espèces semi-aquatiques comme les canards.
Former davantage les professionnels de l’élevage, les vétérinaires et les personnels des services de contrôle sur les besoins physiologiques des animaux.
Accompagner et aider la reconversion d’éleveurs vers l’agriculture végétale.
Accompagner l’évolution des pratiques alimentaires
Inciter les collectivités locales à intégrer le « bien-être animal » parmi leurs critères d’attribution des marchés publics en matière de cantines scolaires et de restauration collective.
Abroger le décret « restauration collective » et l’arrêté du 29 septembre 2011 qui impose des produits d’origine animale à chaque repas.
Former les professionnels de la santé sur l’équilibre nutritionnel d’une alimentation végétale adaptée aux différents âges et activités de la vie (grossesse, croissance, seniors, sportifs…).
Former davantage les professionnels de la restauration et du tourisme à la gastronomie végétale et à notre patrimoine culinaire végétal.
Mettre en place un menu végétal alternatif dans la restauration collective publique et privée (Proposition de loi n°3142 enregistrée le 14 octobre 2015).
Mettre en place un repas végétarien hebdomadaire pour tous dans la restauration scolaire.
Fixer un objectif national de réduction de la consommation de produits animaux (viande, poisson, œufs, lait) de 25% en 2025 par rapport à 2015 par des politiques publique de santé incitant à modérer la consommation de produits d’origine animale, au regard notamment de ses effets sur les animaux, le climat, l’environnement et la santé (la Chine vise une diminution de moitié de sa consommation de viande par rapport aux prédictions de croissance de cette demande) Développer les connaissances nutritionnelles, favoriser la découverte et la connaissance de la gastronomie végétale.

C’est ici un réformisme typique du bien-être animal, à ceci près que, comme L214, il ne se veut pas anti-végan ;  il y a également plein d’autres mesures exigées que toute personne végane soutiendra, comme par exemple « Renforcer les aides d’Etat aux refuges, créer des refuges publics en remplacement des fourrières ».

Cependant, la libération animale ne saurait consister à appeler à « Encadrer l’élevage, le transport et l’acquisition des poissons d’ornement ».

La libération animale, c’est la libération des animaux, par tous les moyens, en connaissance que c’est une bataille qui est menée contre une exploitation animale très bien organisée et amenant l’humanité à nier la Nature.

C’est le seul point de vue qui ait un sens, sinon on bascule forcément dans l’antispécisme qui envisage les choses du point de vue réformiste, avec un programme sur mille ans, alors que la destruction de la planète progresse manière accélérée, que toujours plus d’animaux sont tués à l’échelle mondiale.

L’humanité est à un tournant historique ; ce n’est pas avec des faux-semblants et des excuses réformistes qu’elle sera à la hauteur.