La Fédération Nationale des Chasseurs et la « trumpisation » de la France

Avec les élections présidentielles, le lobby de la chasse est très actif, bien évidemment.

C’est pourquoi Willy Schraen, président de la Fédération Nationale des Chasseurs, s’évertue à multiplier ses activités, comme aller rencontrer François Hollande et les candidats de la primaire de droite.

En ce qui concerne François Hollande, voici comment la Nouvelle République présente la réunion matinale annoncée dans l’agenda de la présidence de la république :

« Président de la fédération des chasseurs de Loir-et-Cher, mais aussi vice-président depuis septembre dernier de la Fédération nationale, Hubert-Louis Vuitton faisait partie jeudi dernier de la délégation qui a été reçue pendant 45 minutes à l’Élysée par François Hollande.

Les autres membres de cette délégation étaient Willy Schraen, le patron de la FNC et Pascal Sécula, président des chasseurs de la Côte-d’Or. »

C’est ce qui s’appelle mettre le point sur les i : en effet, la présence de présidents d’associations de chasseurs à l’échelle départementale vient appuyer la thèse centrale de Willy Schraen. Celle-ci consiste à dire que le « lobbying » des chasseurs ne doit plus se faire de l’extérieur, mais directement de l’intérieur, en plaçant ses hommes dans les appareils.

C’est plus efficace et moins risqué que de faire des pressions depuis l’extérieur. Le soutien électoral se monnaie non plus à coups de promesses, mais également d’intégration de chasseurs à différents niveaux.

C’est pourquoi par exemple Guy Harlé d’Ophove, le président de la Fédération des chasseurs de l’Oise dont nous avions déjà parlé pour sa figure caricaturale du chasseur réactionnaire (Guy Harlé d’Ophove, maître d’oeuvre d’une néo-féodalité), a été nommé à la tête de la commission environnement de l’assemblée des Hauts-de-France…

Le bastion qui existe en arrière-plan de cette offensive tout azimut des chasseurs est l’idéologie portée par l’assemblée et le sénat.

Il y a ainsi le groupe parlementaire Chasse et territoires, avec 115 membres, ainsi que le groupe sénatorial Chasse et pêche, avec 86 membres.

Les présidents du parlement (le socialiste Claude Bartolone) et du sénat (le républicain Gérard Larcher) sont tous les deux d’ailleurs des chasseurs.

Les institutions, avec leurs hommes conservateurs, carriéristes, forment un terrain tout à fait adéquat à la propagande des chasseurs, nos « Donald Trump » à nous en France.

Le profil diffusé officiellement à l’occasion de l’élection de Willy Schraen à la tête de la Fédération Nationale des Chasseurs est d’ailleurs tout à fait significatif.

On y trouve la chasse, la pêche, le business (dans les fleurs, dans l’immobilier)…

« D’abord passionné de petit gibier et de gibier d’eau pendant sa jeunesse, il a découvert après 30 ans la chasse au grand gibier qui est devenue  un autre de ses centres d’intérêts  cynégétiques.

Il est aussi passionné de pêche et fait partie d’un club de pêche en mer.

Amateur de chiens de chasse, il a toujours eu plusieurs fidèles compagnons pour pratiquer la chasse devant soi.

Sur le plan professionnel, il  crée sa première entreprise de négoce de fleurs à l’échelle européenne à  22 ans, ce qui le conduit à parler plusieurs langues.

Autodidacte, il s’est associé avec son frère pour concevoir et développer une chaine de magasins  de fleurs qui sont installés dans le Nord-Pas-de-Calais. En complément de cette activité, il est aujourd’hui très impliqué dans l’immobilier commercial dans toute la région des Hauts de France. »

C’est tout à fait le profil d’un « réac » comme la France sait en produire.

Est-ce que cela veut dire qu’il faut un contre-lobby face à la chasse ?

Pas du tout, la question animale n’a pas besoin d’un « lobby », mais d’un changement général de mentalités et de l’effondrement de l’exploitation animale.

La chasse est ignoble, mais elle n’est qu’un phénomène à la marge de l’exploitation animale en tant qu’industrie, ce que savent d’ailleurs les chasseurs.

Ils ont peur qu’une majorité s’exprime contre la chasse, car de fait une telle majorité est largement possible, beaucoup en ayant assez de leur agressivité réactionnaire particulièrement franche…

C’est pourquoi ils s’allient aux forces les plus conservatrices. Leur mouvement vers les institutions participe à la « trumpisation » de la France…