Un manifeste « AnimalPolitique » pour aménager l’exploitation animale, la vivisection, la chasse…

Voici un « manifeste » de plus à l’innombrable liste de ceux-ci ces derniers mois. Cette fois, il ne s’agit pas d’un « parti animaliste », mais de la version équivalente en mode « marche dans les institutions ».

C’est la « fédération animaliste » dont rêvait il y a plusieurs années l’association « Droit des animaux » (qui a disparu en tant que structure militante pourtant très solide à un moment).

Naturellement, le prix à payer pour cela est la liquidation complète du véganisme comme valeur en tant que telle : on est ici dans la « protection animale » et le « bien-être animal » entièrement assumé.

Voici déjà la liste des 26 structures ayant signé ce manifeste, sous le nom de « AnimalPolitique ».

Alliance Anticorrida, Antidote Europe, ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages), Association Stéphane Lamart, C’est Assez !, CIWF France (Compassion In World Farming), CNSPA (Confédération Nationale des SPA de France – Défense de l’Animal), Code animal, CRAC Europe (Comité Radicalement Anti Corrida), FLAC (Fédération des Luttes pour l’Abolition des Corridas), Fondation Assistance aux Animaux, LFDA (La Fondation Droit Animal, éthique et sciences), Fondation Brigitte Bardot, Fondation 30 millions d’amis, FUDA, IFAW France (Fonds international pour la protection des animaux), L214, OABA (Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs), One Voice, PETA France (People for the Ethical Treatment of Animals), Pro Anima, Sea Shepherd, SNDA (Société Nationale pour la Défense des Animaux), la SPA (la Société Protectrice des Animaux), 269 Life France, WELFARM.

Ici, on mélange tout et n’importe quoi. Prenons par exemple la Fondation Assistance aux Animaux. Elle rémunère le « lobbyiste » Thierry Coste, qui est même temps le grand lobbyiste… de la  Fédération nationale des Chasseurs.

N’est-ce pas contradictoire avec les principes d’autres associations de la liste ?

Autre exemple, on trouve 269 Life France, dont la présentation explique que cette association « reconnaît la nécessité morale de ne pas soutenir l’élevage ». 269 se définit ainsi :

« Nous sommes abolitionnistes, c’est-à-dire que nous ne considérons aucune exploitation des animaux comme tolérable, aussi minime qu’elle puisse être considérée. »

Or, le « manifeste » part entièrement du principe d’accepter l’exploitation animale, mais de l’aménager… N’est-ce pas en contradiction complète avec l’abolitionnisme, justement ?

Regardons justement de quoi il en retourne. Il y a « 30 propositions pour mettre la condition animale au cœur des enjeux politiques ». Nous mettons le document en pdf à disposition (à télécharger ici), car dans 25 ans, cela considéré comme, non pas risible, mais pathétique par rapport aux exigences morales comme par rapport aux exigences de notre époque.

Prenons le thème « Animaux d’élevage ». Voici ce qu’on lit et c’est tout à fait clair, cela n’a aucun rapport avec le véganisme.

1. Favoriser le plein-air et interdire les cages ainsi que les conditions d’élevage incompatibles avec les besoins des animaux.

2. Mettre fin aux pratiques d’élevage douloureuses (castration à vif, écornage, gavage…).

3. Limiter la durée des transports d’animaux vivants et mettre un terme à leur exportation hors de l’Union européenne.

4. Renforcer la protection des animaux à l’abattoir et rendre systématique l’étourdissement avant toute mise à mort.

5. Faire évoluer les politiques alimentaires et agricoles par une meilleure prise en compte des animaux et de leur bien-être (étiquetage des modes d’élevage et d’abattage, alternatives végétales, …), conditionner la signature de traités de libre- échange (TAFTA, CETA…) à l’adoption de clauses en faveur de la protection animale.

Regardons le thème « Expérimentation animale ». Là, c’est pareil : l’abolition de la vivisection n’est pas demandée. Il est demandé un aménagement, avec une tendance qui irait, on le devine (mais on le devine seulement), à la fin de la vivisection.

« 6. Remplacer la terminologie de « méthode alternative » par celle de « méthode de remplacement » qui n’implique aucun animal, vivant ou tué à cette fin.

7. Créer une autorité administrative indépendante dédiée au développement et à la promotion des méthodes de remplacement.

8. Lancer un plan national des méthodes de remplacement.

9. Mettre en place des comités d’éthique d’établissement véritablement indépendants.

10. Instituer des sanctions pénales effectives et dissuasives. »

Sommes-nous sectaires, en disant cela ? Pas du tout, le manifeste est même pour l’aménagement de la chasse ! C’est la mesure numéro 23.

« 23. Réformer la chasse pour mieux protéger la faune sauvage et favoriser le retour naturel des grands prédateurs. »

C’est là une capitulation complète alors que le combat contre la chasse doit être au coeur de notre identité. Le combat contre la chasse est une clef culturelle capitale pour faire progresser notre cause !

Il est intéressant de voir d’ailleurs une autre mesure prônant inversement une « abolition » :

« 14. Abolir les corridas et les combats de coqs. »

Cela en dit long sur ce que signifie la lutte contre les corridas. C’est important, bien sûr, il faut l’abolir. Mais c’est secondaire dans le cadre général de l’exploitation animale en France. La focalisation sur cette triste réalité est devenue une fin en soi.

L’objectif de ces associations n’est pas le véganisme, la libération animale, mais leur intégration dans les institutions. La proposition numéro 30, la dernière, est explicite.

« Légitimer les politiques de protection animale en instituant un organe autonome dédié aux animaux et indépendant du ministère de l’Agriculture et donner une place significative aux associations compétentes dans les organes décisionnaires. »

L’État doit « donner une place significative aux associations  » : tel est l’objectif. Pas la confrontation avec l’exploitation animale, pour la libération animale, en assumant la morale, la révolution.