Benoît Hamon a gagné la primaire organisée par le Parti Socialiste et comme il prétend vouloir changer les choses, comme les réformistes de la protection animale prétendent que les choses changent, voyons ce qu’il pense des animaux.
Il n’a pas abordé le sujet dans sa campagne pour les primaires, ni même hier dans son discours quand il a gagné. Il aurait pu cependant, il auraît dû, tout au moins on ne peut pas se dire progressiste, ancré dans son époque, et rater une question aussi brûlante du 21ème siècle…
En cherchant bien, on trouve dans son projet la proposition suivante, dont on remarquera aisément à la fois qu’elle n’engage à rien, mais surtout qu’elle est d’un flou le plus complet.
Lancement d’un plan contre la maltraitance animale
Je garantirai le respect des plus hautes exigences en matière de bien-être de l’animal, en toutes circonstances, et sans exception. Nos objectifs en matière de qualité de vie et de qualité de l’alimentation ne justifient pas les maltraitances qui se sont multipliées récemment dans les abattoirs, à des seules fins de rendement économique.
Je soutiens, je partage sur les réseaux #StopMaltraitance
On a ici une simple promesse électorale, assez typique du genre. Elle promet des choses, qu’on peut interpréter comme on le veut, avec rien de bien concret.
Le bien-être animal n’étant en effet pas un concept défini, il est très facile de demander de l’appliquer dans les « plus hautes exigences ». Ce qu’on retient, c’est le mot exigence, on se dit qu’il ira au bout… mais au bout de quoi ?
Car il ne s’agit nullement d’un premier pas. Benoît Hamon le dit bien, en mentionnant la qualité de vie et la qualité de l’alimentation : il parle ici des humains. Cela veut dire qu’il accepte comme un fait acquis que les animaux soient utilisés dans une production servant les humains.
Il dit juste ce que les gens ont retenu, à tort ou à raison, des campagnes largement médiatisées de L214 : le rendement économique fait qu’on est allé « trop loin » dans les abattoirs et les fermes industrielles.
A part une infime minorité qui a été touchée par la question du véganisme, les gens qui ont été marqué par les campagnes de L214 résument leur raisonnement à « cela va trop loin ».
Ils pensent qu’il y a eu une évolution et que cela dépasse les bornes. Cela s’arrête là et c’est cela dont parle Benoît Hamon, en utilisant le concept de « maltraitance ».
Seulement, ce n’est pas vrai ou plus précisément c’est une demi-vérité. Les abattoirs et les fermes industrielles sont en soi un problème. Il n’y a pas eu de saut qualitatif dans l’horreur, mais une généralisation de ce qui était déjà instauré : un régime de terreur sur les animaux, de terreur et de meurtres.
Prétendre qu’il y aurait eu un changement général de la situation des animaux, c’est confondre la systématisation quantitative avec la modification qualitative. C’est considérer que finalement, dans les années 1990, dans les années 1980, les années 1970… tout allait bien mieux, tout était correct.
Et cela montre que Benoît Hamon est réactionnaire dans son projet : il ne veut pas aller de l’avant, il veut simplement aller en arrière…
Ce qui montre que le but ne doit pas être d’arriver au véganisme, comme but lointain et ultime, mais qu’il faut partir du véganisme comme démarche nécessaire, afin de construire là-dessus des perspectives, une utopie !