Marine Le Pen : le « bien-être animal » comme soutien à la « puissance agricole »

Marine Le Pen a rendu public les 144 propositions composant son « projet présidentiel ». Étant donné qu’elle s’est positionnée à de nombreuses reprises comme favorable aux animaux, voyons ce qu’il en est.

On trouve une proposition qui aborde directement la question, et six qui l’abordent indirectement.

La proposition qui traite de la question animale est formulée de la manière suivante :

137. Faire de la protection animale une priorité nationale. Défendre le bien-être des animaux en interdisant l’abattage sans étourdissement préalable et en remplaçant le plus possible les expérimentations animales. Refuser le modèle des fermes-usines, du type « ferme des 1000 vaches ».

Comment comprendre cela ? En fait, de la manière suivante : le bien-être animal est vu par le prisme de la question de « l’abattage sans étourdissement » tel que pratiqué dans les rituels casher et halal.

Ici, Marine Le Pen a un boulevard en raison des idiots utiles qui se sont focalisés là-dessus, avec plus ou moins de bonne foi. La question animale est bien entendu utilisée ici de manière non universaliste, dans un esprit d’accusation, les animaux n’étant qu’un prétexte.

Preuve de cela, le véganisme n’est pas abordé comme thématique, les ferme-usines étant refusées ce qui signifie qu’il y a une défense du mode de production de la petite exploitation. C’est l’esprit pétainiste, commun aux fachos et aux zadistes, qui idéalise la petite production « à l’ancienne ».

Preuve de cela, les six autres mesures, où le « bien-être animal » est utilisé comme prétexte au protectionnisme de ce secteur capitaliste. En clair, les animaux sont un moyen d’apparaître faussement progressiste, de trouver un vecteur de mobilisation en sa faveur, de s’approprier le soutien d’un secteur économique en trouvant un prétexte à sa défense par la nation toute entière…

LA FRANCE, PUISSANCE AGRICOLE AU SERVICE D’UNE ALIMENTATION SAINE

125. Appliquer le patriotisme économique aux produits agricoles français pour soutenir immédiatement nos paysans et nos pêcheurs, notamment au travers de la commande publique (État et collectivités).

126. Transformer la Politique Agricole Commune en Politique Agricole Française. Garantir le montant des subventions dont les critères seront fixés par la France et non plus par l’Union européenne, avec l’objectif de sauver et soutenir le modèle français des exploitations familiales.

127. Refuser les traités de libre-échange (TAFTA, CETA, Australie, Nouvelle-Zélande, etc.). Développer les circuits courts de la production à la consommation, en réorganisant les filières.

128. Simplifier le quotidien des agriculteurs en stoppant l’explosion des normes administratives et encourager l’installation des jeunes agriculteurs, par le biais de défiscalisations durant les premières années.

129. Défendre la qualité : afin de lutter contre la concurrence déloyale, interdire l’importation des produits agricoles et alimentaires qui ne respectent pas les normes de production françaises en matière de sécurité sanitaire, de bien-être animal et d’environnement. Imposer la traçabilité totale de l’origine géographique et du lieu de transformation sur l’étiquette, afin de garantir la transparence et l’information complète des consommateurs.

130. Promouvoir les exportations agricoles, notamment en soutenant les labels de qualité.

On ne peut pas dire qu’on veut le « bien-être animal » et soutenir de manière unilatérale la petite production. A moins d’avoir comme conception du « bien-être animal » un simple retour en arrière, avec une critique démagogique des fermes industrielles à qui on attribuerait une valeur entièrement nouvelle.

La réduction de la question animale à un vecteur de nationalisme est ici évidente et malheureusement elle fonctionnera au moins un peu, parce que le véganisme n’a pas été placé au coeur de la critique de la situation animale aujourd’hui.

Dès qu’on se place sur le terrain du relativisme, tout est perdu…