Le CNRS, l’EHESS et l’éloge des drogues

L’EHESS (École des hautes études en sciences sociales) est une institution parmi les plus importantes en France dans la formation d’intellectuels, le plus souvent à la fois rebelles et institutionnels.

Une autre structure est le CNRS. Tant cette institution que l’autre ne vont pas apprécier qu’on les rapproche de l’éloge des drogues.

Et pourtant! Il y a quelques jours s’est tenu un « séminaire » qui a surtout relevé de l’appel à la légalisation, surtout dans le contexte actuel.

On a eu Patrick Pharo, un philosophe du CNRS, qui est donc allé à l’EHESS pour faire l’éloge des drogues, lors d’une journée d’étude intitulée pas moins que « Se droguer pour le plaisir ».

Voici ses propos littéralement hallucinants dans les inrocks, le grand organe bobo qui l’interviewe à ce sujet.

Hallucinants, car les drogues sont comparées à une expérience extrême, relevant d’une douleur personnelle donc nécessitant d’être légalisée…

Hallucinants, donc, et totalement illégal, mais la société est libérale-libertaire dans ses moeurs, donc de tels propos sont désormais acceptables et acceptés.

Acceptés et même valorisés sous l’égide d’institutions!

Tous les travaux de recherche neurologique en attestent, les drogues activent les circuits de récompense du cerveau, comme le sexe, la nourriture ou le sport, et procurent donc du plaisir.

De ce point de vue, c’est donc un plaisir tout à fait comme un autre.

Freud a ainsi consommé de la cocaïne toute sa vie comme d’autres boivent un verre de vin tous les soirs.

Notre société porte sur les drogues un regard particulièrement hypocrite. Nous jugeons et stigmatisons ceux qu’on appelle les junkies, les toxicos, alors que toute notre vie est composée de dépendances.

A la personne que l’on aime, au café, au tabac, à telle pratique sportive, au travail, à telle habitude, etc. La liberté consiste à choisir ses dépendances.

Mais là où elles deviennent pathologiques c’est quand elles se transforment en addiction, qu’elles prennent le pas sur notre liberté. L’addiction est une pathologie de la liberté.

En psychiatrie, on considère qu’un patient est addict quand sa consommation devient souffrance et prend le pas sur le reste de sa vie. Les Américains parlent ainsi d’usage abusif de drogue, d’un usage qui prend trop de place.

Evidemment, les drogues sont dangereuses pour notre santé et évidemment, l’héroïne a plus de chances de vous rendre accro que le cannabis.

Il ne s’agit pas de faire une apologie de la drogue. Les usagers racontent souvent que leur rencontre avec la drogue les a changés.

On ne sort pas le même d’une histoire de drogue, mais comme on ne sort pas le même d’une histoire d’amour.

Je pense que l’on peut comparer la consommation de drogue à la pratique de sport extrême.

Pratiquer le saut en parachute, l’alpinisme, ou même la Formule 1 c’est à chaque fois prendre le risque de mourir, juste pour le plaisir !

Alors évidemment on va bien se préparer, minimiser les risques, mais ces derniers demeurent. Ne perdons pas de vue non plus que notre cerveau fonctionne de telle façon que nous prenons beaucoup de plaisir dans le simple fait de prendre un risque.

Nous sommes faits comme ça ! La psychologie évolutionniste l’explique car le plaisir est lié au fait de réussir un test difficile. Naître, grandir, vivre, se reproduire est dangereux, difficile, et pour survivre nous devons donc être capable de prendre des risques, être motivé par le plaisir de la récompense.

Je suis en faveur de la légalisation de toutes les drogues. Déjà pour lutter contre les trafics, l’économie clandestine et les ravages humains causés par les cartels.

Ensuite, car selon moi il est injustifiable d’interdire une consommation d’un produit qui ne vous fait du mal qu’à vous-même.