L’ex-porte parole de la Fondation Hulot soutient Emmanuel Macron au nom de l’écologie

On sait combien il peut y avoir des excuses « bidons » (il n’y a pas d’autres mots) pour aller « à la gamelle » (c’est-à-dire rejoindre  par intérêt un politicien qui a du succès).

Mais là, celles de Matthieu Orphelin, ex-porte parole de la Fondation Hulot, sont d’un niveau de pathétique rarement atteint.

Parce que, franchement, comment oser défendre Emmanuel Macron au nom de l’écologie? Le type s’en moque complètement, il n’en parle jamais et en plus il est fier de « manger l’agneau des Pyrénées« .

Il ne fait même pas semblant, la seule chose qui l’intéresse, c’est le business.

Et voilà pourtant Matthieu Orphelin qui vient claironner dans les médias bobos par excellence, Libération et L’Obs, qu’être écologiste implique de soutenir Emmanuel Macron.

En réalité, on l’aura compris : ce docteur en énergétique de l’Ecole des Mines, responsable de la direction économie circulaire et déchets de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), ancien vice-président (EELV) de la Région des Pays de la Loire, n’est qu’un bobo tout à fait dans l’esprit d’Emmanuel Macron depuis le départ.

Il a toujours été un bobo institutionnel, mais vient donner des leçons de « réalisme » : « J’ai passé l’âge des grands soirs » dit-il dans Libération, alors qu’il n’a jamais été révolutionnaire.

Ce qu’il appelle écologie, c’est une modernisation plus ou moins peinte en verte de ce qui existe actuellement. Il l’avoue de manière explicite dans sa lettre expliquant son choix, que voici.

Pourquoi j’ai décidé de soutenir Emmanuel Macron pour l’élection présidentielle 2017

Matthieu Orphelin, ancien porte-parole de Nicolas Hulot, @M_Orphelin

Angers, le 24 février 2017

Pour certains, l’écologie serait réservée aux bobos et synonyme de délocalisations pour nos industries, de décroissance, de normes en plus pour le monde agricole, de contraintes pour les consommateurs.

Pour moi, c’est tout le contraire : d’abord un enjeu de solidarité, mais aussi plus d’emplois et de compétitivité pour nos entreprises, une croissance enfin sélective, un renouveau pour nos agriculteurs, plus de santé, d’émancipation et de bonheur pour les citoyens.

J’ai choisi de soutenir Emmanuel Macron car il porte des mesures écologistes et peut en faire le socle d’un projet global à la hauteur des enjeux.

Emmanuel Macron a clairement et rapidement progressé sur l’écologie. Heureux si le travail dans l’ombre des uns et des autres y contribue et si le combat inlassable de Nicolas Hulot depuis des années pour imposer la transition écologique au cœur du débat politique a pu l’inspirer, comme tant d’autres avant lui.

Que porte Macron sur l’écologie ?

ïl y a d’abord les engagements rendus publics le 10 février sur des sujets sur lesquels je me suis tant battu depuis des années, notamment en tant que porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot pendant les conférences environnementales du quinquennat Hollande et lors de la COP21.

Quelques exemples : le basculement vers une fiscalité écologique par la montée en puissance de la contribution climat énergie jusqu’à 100 €/t en 2030 et la convergence de la fiscalité sur les carburants par un alignement à la hausse de celle du gazole sur l’essence sur les 5 ans du quinquennat ; une nouvelle prime de 1000 € pour aider les ménages les plus modestes à changer leur vieux véhicule ; un renforcement de la lutte contre la précarité énergétique ; ou encore, la confirmation des objectifs de maîtrise de l’énergie de la loi de transition énergétique et de baisse à50 % de nucléaire en 2025, qui induisent mécaniquement la fermeture de plusieurs centrales au court du prochain mandat.

Il y a aussi des sujets où il a clairement évolué dans le bon sens : sur NDDL, refuser l’évacuation violente du site et redonner sa chance au projet alternatif de réaménagement de l’aéroport existant de Nantes-Atlantique est une sage décision.

D’autres sujets si essentiels à mes yeux, sur lesquels il a proposé des avancées majeures – passées un peu inaperçues. Une révolution pour l’agriculture et nos agriculteurs qui en ont tant besoin : 50 % de bio, autres labels de qualité et local dans toute la restauration collective publique et privée, un Grenelle de l’Alimentation -reprenant là encore l’idée poussée par Nicolas Hulot-, la séparation (tant attendue !) des activités de conseil et de vente des pesticides,dès le début du mandat.

J’ai été aussi assez convaincu par la préparation du plan d’investissements qui sera présenté début mars, dont une part très importante devrait être consacrée àla transition énergétique et écologique. Les engagements déjà révélés, dont un plan de transformation agricole de 5 milliards d’euros ou l’accélération des efforts sur les énergies renouvelables et leur stockage, vont clairement dans le bon senset devraient être complétés par d’autres bonnes surprises.

Je veux plus. Il faut bien sûr aller plus loin et dévoiler de nouveaux engagements sur l’écologie d’ici au 1tour de l’élection présidentielle.

Les idées que je pousserai ?

Mettre la santé environnementale en haut de l’agenda politique,développer massivement les alternatives aux pesticides, proposer des mesures fortes sur la mobilité du quotidien des personnes et le transport de marchandises, concrétiser l’ambition affichée d’une économie « 100 %circulaire » par un plan d’actions à la hauteur, intensifier les efforts sur la formation professionnelle et l’apprentissage pour les métiers de demain (un sujet que j’ai tant porté dans mon mandat -unique- de Vice-président à l’éducation de la Région des Pays de la Loire), prendre ses distances avec le CETA qui pose tant de questions démocratiques et constitutionnelles et repenser les règles du commerce international pour le rendre durable, mettre en place une vraie taxe sur les transactions financières et lutter contre l’évasion fiscale,repenser et renforcer la solidarité internationale notamment pour rembourser notre dette écologique envers les pays en développement, accélérer les efforts nécessaires sur la transparence et l’exemplarité, notamment pour les milieux financiers et politiques, réinventer l’éducation à la citoyenneté…

Au-delà de ces mesures, le plus important sera de faire de tout cela un ensemble cohérent, une vision pour la France, où justice sociale et combat environnemental se nourrissent mutuellement.

Enfin, au-delà de l’écologie –mais tout cela est si lié-, il y a le reste de ce que j’apprécie dans sa vision. Son ambition pour l’Europe, saluée par Dany Cohn Bendit.

Ses prises de position fortes sur les autres sujets qui me sont chers :l’éducation (même s’il pourrait mettre plus l’accent sur la prévention dudécrochage scolaire), l’accueil des réfugiés, la prévention en matière de santé. Savolonté de renouveau démocratique et de sortir des clivages, de rassembler plutôt que d’opposer, dont notre pays a je pense tant besoin.

Suis-je sous le charme? Non ;)

Hypnotisé ? Pas plus ! D’accord avec tout ce qu’il propose ? Evidemment non !

Comme tant d’autres, j’ai été meurtri par sa récente phrase très malheureuse sur la pseudo humiliation subie par les participants de la Manif pour Tous ; son explication de texte a posteriori ne m’a d’ailleurs pas totalement convaincu.

Militant contre toutes les formes de discriminations, je serai particulièrement vigilant à ce que de telles ambiguïtés ne puissent subsister sur ces combats si essentiels pour l’égalité, dont on les avancées doivent d’ailleurs bien plus aux associations de défense des droits des personnes LGBT qu’aux politiques.

J’ai choisi de soutenir Emmanuel Macron car c’est le seul qui pourra défendre l’écologie au second tour.

J’ai toujours refusé les postures politiciennes. Ne comptez pas sur moi pour jouer au « mon candidat est le seul à avoir compris l’écologie ».

Yannick Jadot ? J’ai partagé avec lui tant de combats pour l’environnement et j’ai été heureux, lors de la primaire des écologistes, de réarmer sur sa profession de foi combien j’apprécie son engagement et sa constance, son refus des combines et des magouilles politiques. Mais il ne sera finalement pas candidat.

Benoît Hamon ? Il a entamé une vraie transition sur nos sujets, même s’il conserve quelques angles morts (et si je ne partage pas sa mesure-phare sur le revenu universel, en tout cas pas dans les modalités qu’il a proposées). Hamon a le devoir, maintenant qu’il se revendique autant écologiste que socialiste, d’être exemplaire dans toutes ses propositions.

Jean-Luc Mélenchon ? Il a un style clivant qui ne me correspond pas mais une vraie vision sur certains thèmes stratégiques, comme l’économie de la mer.

En définitive, tant mieux si, comme l’a si bien dit Nicolas Hulot, Mélenchon, Hamon, Jadot et Marcon se livrent une compétition positive et un concours d’intelligence sur l’écologie, qui devait être la grande absente de la campagne. Et pourquoi pas, après l’élection de Macron, une coalition de gouvernement !

A mes ami-es qui rêvent du grand soir, à celles et ceux qui ne pensent pas aux petits matins, qui sont déjà emprisonnés dans leurs certitudes, dans l’aveuglement des campagnes électorales où l’on imagine réelles des victoires pourtant impossibles, où l’on pare son candidat de toutes les vertus en aimant dénigrer les autres, je voulais redire tout cela très simplement.

Leur redire que, pour l’instant, l’indignité de cette campagne politique ne profite qu’à une seule personne : Marine Le Pen.

Qu’un second tour Fillon – Le Pen, entre la droite dure et la droite extrême seraitun cauchemar que je ne veux pas vivre.

Que je pense sincèrement qu’Emmanuel Macron est pour l’instant le seul àpouvoir éviter cela.

Qu’il peut porter une ambition écologiste à la hauteur.

Il a donc mon soutien, sincère et exigeant.