Commission des stupéfiants des Nations-Unies : la France contre « les réponses hygiénistes ou moralisatrices »

Hier s’est ouvert à Vienne en Autriche la 60ème commission des stupéfiants des Nations-Unies.

C’est une bonne occasion de connaître la position des institutions françaises, étant donné que le cannabis est de plus en plus en passe d’être légalisé.

Et on peut voir la chose suivante, effectivement : la France veut prendre la tête d’un mouvement refusant l’esprit de « punition », au profit de la « prévention » et l’éducation parentale.

Cela serait justifié par les scientifiques et les experts.

Et cela passerait par le rejet des « réponses hygiénistes ou moralisatrices »….

En clair, la répression des drogues est abandonnée au profit d’une ligne de minimisation de celles-ci, ce qui n’est rien d’autre que la formation d’un espace au moins pour le cannabis, avant le reste, au nom du « choix individuel » à respecter et de l’impossibilité de « maîtriser » autrement le phénomène des drogues.

Sous prétexte de gérer, on légalise, alors qu’en réalité on ne réprime rien du tout, comme en témoigne le fait qu’on puisse faire des habits faisant la promotion du cannabis.

Dans le document officiel du premier ministre, on peut lire ainsi :

« Nous nous retrouvons ici à Vienne pour la première fois après l’adoption, lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies en avril dernier, du document final qui témoigne de l’engagement de la communauté internationale pour combattre le problème mondial des drogues.

Ce document représente une avancée majeure pour trois raisons : premièrement dans la méthode, car il est le fruit d’un processus préparatoire intense entre nos pays, mais aussi, pour la première fois, le résultat d’un dialogue ouvert et constructif avec le monde de la recherche et la société civile.

Et nous devons nous en réjouir, car l’apport des professionnels de terrain et des scientifiques est crucial dans ces débats. (…)

En matière de prévention, sur la base d’études scientifiques récentes, nous avons refondé notre politique, en promouvant le développement des compétences psychosociales et la prévention par les pairs.

L’objectif est d’encourager les approches bienveillantes et non punitives pour faire évoluer les comportements.

L’évènement spécial que nous avons organisé l’an dernier en marge de la Session spéciale, avec l’ONUDC, l’OMS et la Suède s’inscrit dans cette nouvelle démarche. L’adhésion de 52 pays à cette campagne de prévention et l’énorme succès enregistré sur les réseaux sociaux témoigne de la pertinence de cette initiative. »

La prise de position du Président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) est bien plus explicite.

« En marge de la Session extraordinaire de l’Assemblée
générale de Nations Unis, en avril 2016, la France et
la Suède, en partenariat avec l’ONUDC, l’OMS et le
Groupe Pompidou avaient lancé une importante
initiative globale : Listen First.

Notre objectif premier était de rassembler l’ensemble de la communauté internationale, les gouvernements, les experts et la société civile, autour d’un des piliers de toute politique en matière de conduites addictives qui se veut efficace, celui de la prévention.

Le second objectif de cette démarche était de mettre
l’accent sur une approche scientifique de la prévention, en promouvant des actions qui ont fait l’objet d’études scientifiques rigoureuses et en les adaptant aux contextes socio-culturels spécifiques.

Le troisième objectif, et sans doute le plus important,
était celui de changer radicalement de message : éviter les réponses hygiénistes ou moralisatrices, dont on sait désormais clairement qu’elles sont inefficaces et inviter plutôt tous ceux qui sont autour  des enfants et des adolescents à les écouter tout d’abord, avec bienveillance. »

L’hygiénisme et le moralisme sont ici dénoncés, c’est-à-dire l’esprit de ceux et celles qui pensent que les drogues sont mauvaises, non naturelles.

Cela en dit long sur l’idéologie de ces gens qui se positionnent contre la répression pour faire passer en réalité la logique libérale-libertaire du choix individuel et de l’impossibilité qui en découlerait de critiquer cela, au nom des « libertés ».