« Ces animaux ne savent pas qu’il y a un ailleurs »

Libération a envoyé quelqu’un spécialement à Antibes faire un reportage sur Marineland. Cela donne un éloge du lieu, avec comme titre Marineland : «Ça fait mal car on aime nos animaux».

Quelle honte!

En voici un extrait, dont la dernière phrase est tout à fait significative de la négation typiquement française de la Nature.

Ces critiques, virulentes sur les réseaux sociaux, sont difficiles à digérer pour les soigneurs.

«Ça fait mal car on aime nos animaux. Quand on boit un verre dehors, on ne dit pas qu’on travaille à Marineland», confie l’une d’eux.

«Je comprends que ça puisse faire mal au cœur de voir des dauphins dans les bassins.

Mais, non, on ne brûle pas les yeux des otaries avec le chlore, on ne se cache pas pour faire des soins», rétablit Katia.

Quant au transfert des animaux de l’aquarium à la mer : «Les hommes font partie de leur vie.

Si on relâche les dauphins, il faut nettoyer leur disque dur.

Cette population est domestique, elle ne peut pas revenir à ce qu’elle n’a jamais été», répond [le directeur animalier de Marineland] Jon Kershaw estimant que tout est question «d’état d’esprit» : «Le problème, c’est l’anthropomorphisme dont on est en partie responsable.

Les anticaptivité parlent de prison.

Mais ces animaux ne savent pas qu’il y a un ailleurs.»

Dans la conception cartésienne, ce qui compte c’est ce qu’il y a dans l’esprit.

La réalité physique, les cinq sens, tout cela ne compte pas.

L’appartenance à une espèce, avec ses caractères acquis, tout cela ne compte pas.

Ce qui compte, c’est l’esprit, et d’ailleurs les animaux n’en auraient pas.

Voilà pourquoi le directeur animalier de Marineland peut prétendre, en s’appuyant sur une telle logique aberrante, que « ces animaux ne savent pas qu’il y a un ailleurs ».

Bien entendu qu’ils le savent, tout comme le hamster le sait, courant sur sa roue pour disperser l’énergie de ce pour quoi il était fait.

C’est la notion même de Nature que le directeur animalier de Marineland cherche en fait à nier.

Tout comme ceux qui ne raisonnent qu’en termes d’esprit, il nie la réalité, les choses acquises, pour tout fonder sur le « choix », analysant les choses selon les « envies ».

C’est le point de vue individualiste tout ce qu’il y a de plus traditionnel, qui aboutit à la négation de pans entiers de la réalité, au refus d’assumer les faits, à l’abstraction niant la complexité du développement de la Nature et de ses différents « niveaux ».

Car les dauphins n’existent pas sans l’océan, tel a été le développement de l’océan, de la Nature.

Les dauphins dans l’océan représentent un « niveau » et l’humanité ne peut pas « légiférer » sur la réalité comme il l’entend.

Le directeur animalier de Marineland, quant à lui, prétend décider, choisir. Il prétend savoir, réduisant les dauphins au degré de robots, incapables d’avoir un autre statut sur le plan de l’existence que celui de prisonniers.