L’escargot et sa coquille

Les escargots sont des animaux qui sont familiers à tout le monde en France, dans une expression d’ailleurs très contradictoire liée à leur nature de gastéropode.

Si leur coquille torsadée présente sur leur dos fascine, de l’autre côté leur côté « baveux » provoque un étonnement qui, par préjugé, amène un certain dégoût.

Dans tous les cas on peut les observer souvent, car ils sont lents. Lents à nos yeux seulement, puisqu’ils ont un rapport bien déterminé à la Nature, ne nécessitant en réalité pas d’aller plus vite…

Jetons aussi un petit aperçu naturaliste, afin d’éveiller l’intérêt, la compréhension et le respect pour cet animal à la si merveilleuse complexité.

Voici déjà un dessin représentant une coupe des organes des escargots ; cela permettra d’ailleurs de comprendre pourquoi il fauy absolument éviter d’abîmer la coquille.

S’il y a marqué Gastropoda – ventre pied, c’est que le terme de gastéropode signifie justement cela, son étymologie venant du grec avec gastêr signifiant « ventre », « estomac », podos étant le pied.

Comme on peut le voir également ici, les escargots ont à la fois un pénis et un vagin, en tout cas le plus souvent. Ils sont en effet hermaphrodites : se déplaçant lentement, les rencontres peuvent être rares, aussi la Nature a-t-elle façonné l’espèce de cette manière.

Une centaine d’oeufs est alors pondue et enterrée à quelques centimètres de profondeur.

Pour mieux distinguer les organes des escargots, voici une autre coupe, montrant d’un côté les organes reproducteurs, de l’autre les organes internes qui ont été résumés de manière abstraite en un ventre et un pied,

Comme on le voit donc, la coquille, dont le point culminant s’appelle l’apex, protège des parties du corps vitales aux escargots. Abîmer la coquille, c’est mutiler l’escargot, car la coquille n’est pas un élément séparé de lui, mais un élément du corps servant de protection comme peut l’être le crâne ou les côtes pour nous.

L’escargot peut reconstituer les rebords seulement de la coquille, comme nous les os en quelque sorte, mais pas la coquille en elle-même : ce n’est pas une « maison » séparée de son corps.

Voici une image avec les différents types de coquille, montrant leur variété, mais au sens strict cette image est erronée, car elle montre les coquilles sans le reste du corps de l’escargot, ce qui est absurde sur le plan naturel, c’est une vision abstraite de ce qu’est une coquille.

Comment cette coquille est-elle fabriquée? Il faut pour cela comprendre comment vit l’escargot et se tourner vers sa langue, appelée radula, qui possède des milliers de petites dents, souvent plus de 100 000. Voici à quoi elles ressemblent.

Le terme de radula vient du latin rado, signifiant racler. On se doute que ce raclage use les dents et justement, la langue des escargots est une bande, une sorte de tapis roulant.

Lorsqu’une série de dents est usée, une autre vient la remplacer.

Et comme les escargots ont une alimentation variée selon les espèces, pouvant être ainsi phytophages, détritivores, nécrophages, voire prédateurs, les dents de la radula sont très différents selon leur utilisation.

Il est considéré que la radula est l’une des caractéristique des mollusques à l’origine ; les gastéropodes sont justement une sous-partie des mollusques. Les moules et les huîtres auraient ainsi perdu leur radula, dans le cadre de leur évolution.

Voici les traces du passage d’un escargot ayant en quelque sorte brouté des algues. Voilà ce que donne la radula.

Les dents sont lubrifiés par le mucus, aspect très important pour comprendre les escargots. Le mucus, c’est cette fameuse « bave » qui provoque un certain dégoût absurde.

Si les escargots se montrent quand il pleut, c’est qu’ils ont justement besoin d’humidité. Sans hydratation correcte, ils ne peuvent pas produire, au moyen de glandes, du mucus, qui leur permet de glisser sur le sol, grâce au muscle qui leur sert de pied.

Ce mucus sert également, donc, à produire la coquille.

Quand ils naissent, les escargots ont déjà une coquille, qui va devenir justement l’apex. Les escargots ajoutent des éléments, augmentant donc la surface de la coquille, en tirant des substrats minéraux calcaires de ce dont ils se nourrissent.

La coquille hélicoïdale, composée donc de calcium, est ainsi particulièrement fragile lors de la croissance. Elle est également moins solide dans le cadre d’escargots habitués aux zones humides.

Ce qui signifie donc que, sans hydratation suffisante, les escargots ne peuvent pas vivre, puisqu’ils ne peuvent pas se déplacer et manger.

C’est pour cela qu’on peut voir parfois les escargots comme « collés » à une surface lisse, comme un mur. Car en cas de manque d’humidité, ils rentrent dans la coquille et la ferment au moyen de mucus.

Ils sont ainsi isolés au moyen de ce qui est appelé un épiphragme. Dans certains cas, ils ajoutent du calcium pour renforcer cette fermeture.

C’est naturellement une importante protection lorsqu’il y a une hibernation de plusieurs mois, il n’y a pas de perte de la précieuse hydratation stockée.

Malheureusement pour eux, les escargots sont une cible très importante de l’exploitation animale à l’échelle mondiale, pour l’alimentation principalement, mais également pour les cosmétiques.

En France, il y a toute une tradition à ce niveau, avec des objets particuliers pour faciliter la consommation, comme des cuillères à escargot.

Mais le terme de cuillère est lui-même en rapport avec les escargots. Son origine étymologique est latine, cochlear désignant une cuillère, terme venant de cochlea désignant à la fois l’escargot et sa coquille.

La cuillère avait alors, chez les Romains, une pointe à l’extrémité, afin de tuer l’escargot, pour ensuite donc le séparer de la coquille, et non, donc, de le « sortir » de la coquille.

Le rapport entre l’escargot et sa coquille est un bon exemple d’incompréhension d’un ensemble, d’une séparation arbitraire entre le tout et ses parties, l’animal étant dégradé à sa simple fonction utilitaire que représente sa partie « comestible », la coquille étant considérée comme quelque chose « de plus ».