Un chien noyé dans une cage de 30 cm de long

Ce qui compte dans une société, ce n’est pas ce qu’on voit à la surface, ce qui ressort de l’image que la société a d’elle-même. Ce qui compte, c’est la base de la vie quotidienne, dans ses valeurs pratiques, avec les conceptions du bien et du mal, de la vérité et du mensonge.

La découverte à Cambron, à quelques kilomètres d’Abbeville, d’un chien assassiné de manière atroce, révèle précisément ce fond social. Loin des niaiseries régressives de L214 et des hipsters de la capitale parisienne, la réalité sociale exprime tout ce qu’elle a comme charge de barbarie, et cela est de pire en pire.

Il faut en effet bien plus que la maladie mentale d’un individu pour placer un chien dans une cage de 30 cm de long et le jeter dans un étang. Il faut pour cela tout un environnement d’idées. Pour qu’une personne puisse arriver à concevoir un tel acte, à être capable de le réaliser, il faut disposer d’une certaine habitude dans sa vie quotidienne, une froideur endurcie à travers des rapports avec d’autres personnes, avec la société, avec la Nature.

Il faut une personnalité en mesure d’anéantir tout sens de la compassion, capable d’une froideur digne des nazis, pour tuer de manière « sophistiquée » et ignoble. On a ici un véritable supplice, qui n’est d’ailleurs nullement sans rappeler l’une des manière qu’a Daech de massacrer les gens au Moyen-Orient.

Il ne s’agit pas de perversité s’exprimant, car il n’y aurait plus d’encadrement social : dire cela, c’est excuser le crime et donner à l’humanité une nature « mauvaise », criminelle. Il ne faut pas se leurrer : il y a dans ce crime une réflexion, un travail en amont pour le concevoir, pour en arriver même à cette idée.

La construction même d’un tel crime, la méthode organisée – le pauvre chien a même été attaché à la cage – tout cela exige un vrai raisonnement, au moyen de concepts. Ce n’est pas un acte désordonné, simplement brutal au sens de quelque chose de spontané. C’est quelque chose de réfléchi.

Sans vouloir décortiquer un raisonnement criminel jusqu’à l’absurde, il faut au moins voir qu’il y a plusieurs éléments qui ont été pris en compte, rassemblés, étudiés, puis réalisés. Il fallait trouver la cage, imaginer la noyade, concevoir même le fait de vouloir tuer le chien, tout cela demande un appui important dans l’esprit et dans la pratique.

L’être humain n’étant pas mauvais par nature, à moins de croire en Dieu, cela signifie que les mentalités sont façonnées ici dans le sens de l’assassinat, et qu’une personne a franchi le cap de manière franche, révélant des valeurs présentes de manière diffuse. Il existe des valeurs mauvaises qui plombent la société ; présentes de manière plus ou moins latentes, elles s’expriment de manière éparses, revenant à la surface.

Et les assassins sont parmi nous.

Ce crime qui vient d’être révélé en Picardie fait d’ailleurs écho à un autre du même type, puisque à Camon on a retrouvé un chien noyé, qui avait été accroché à une pierre. C’est un mode opératoire relativement similaire, un savant calcul propre à un assassin.

Il faut remarquer également que Cambron n’a que 750 habitants. Cela signifie que tout le monde se connaît et que peu de choses passent inaperçus… La commune est également en bordure d’Abbeville, mais cette ville n’a que 135 000 habitants, avec une organisation urbaine typique de la région. Là aussi difficile de passer inaperçu…

Cela en dit long sur le degré de destruction des rapports humains, des échanges, des valeurs positives. Tout cela est bien sinistre…

C’est cette situation sociale qui est la vraie source du problème et cela témoigne inversement de l’absurdité du concept de « spécisme ». La personne qui a tué le chien ne l’a pas fait en s’appuyant sur un système de valeurs en termes d’espèce. Elle a tué le pauvre être sans défense justement parce qu’il était sans défense. C’est un crime qui a une valeur social (et une valeur naturelle), pas une question d’espèces.

Le meurtre suinte de la société, car la barbarie est profondément ancrée, elle est diffuse, elle vise autant les êtres humains que les animaux, dans une dynamique de guerre de chacun contre chacun, avec une course éperdue à harceler les « faibles ». C’est le reflet d’une société où la concurrence prime, où il faut écraser l’autre et où l’on existe qu’en écrasant l’autre.

Cette violence sociale est intégrée par les individus et se diffuse partout, sans que les gens en aient même conscience. Là encore, ne pas voir les choses ainsi implique d’aboutir au raisonnement selon lequel l’être humain serait « mauvais » par nature.

Mais rien que le fait que certains êtres humains voient le caractère barbare de tout cela ne peut qu’amener au rejet universaliste d’une telle vision pessimiste, négative, religieuse.

Reste qu’il faut encore savoir : comment changer les choses ? La mort terrifiante du pauvre chien implique un problème d’éducation, de valeurs, d’épanouissement, de sensibilité. La société n’est pas « spéciste », elle est simplement toujours plus une fabrique d’indifférents et d’assassins, de cyniques et de relativistes.

Ce qui est essentiel par conséquent, c’est de mettre en avant une perspective positive, avec des valeurs positives. Cela passe par le refus des valeurs négatives, le désengagement de ce qui est erroné, et la mise en valeur de ce qui est au contraire positif, méritant l’engagement.

Évidemment, dans chaque endroit les manières de mettre en avant des valeurs positives peuvent être différentes. Mais il y a des dénominateurs communs incontournables. Déjà, les refuges doivent être systématiquement valorisés et soutenus, ce qui implique une vraie rupture avec l’indifférence au quotidien.

Le véganisme doit être diffusé non pas comme repli individuel, mais comme expression logique de l’amour des animaux s’étendant à la Nature en général. Le refus de la Nature est la base même d’une société française qui n’a de yeux que pour René Descartes et son interprétation des animaux comme étant des machines.

Les chasseurs sont ici d’autant plus nos ennemis sur le plan des idées qu’ils se présentent comme étant justement ceux qui se « reconnectent » à la Nature. Ils tentent de se valoriser comme une alternative à la vision anti-naturelle dominante.

La défense de la vie sauvage en général est donc inévitable pour que le véganisme puisse réellement s’implanter en France, et par là il faut comprendre dans toute la France et non pas simplement dans les centres urbains. Il faut que le véganisme soit capable de fournir des activités concrètes où que l’on soit en France.

Cela implique aussi à nos yeux le refus de l’alcool et des drogues, ces facteurs de destruction individuelle, de destructions des liens sociaux. Refuser la dépendance et ce qui détruit l’esprit, la santé, est une rupture claire dans la vie quotidienne qui ne propose que des échappatoires morbides.

Les jeux d’argent, les drogues, l’alcool, la pornographie, les religions… les fuites sont nombreuses pour se forger une identité fictive, mais toutes assèchent l’esprit, abîment l’épanouissement, nient la Nature et la possibilité d’une vie heureuse.

Pour qu’il n’y ait plus de chien placé dans une cage et noyé, il faut une révolution fondamentale des mentalités, des manières de concevoir la vie quotidienne, de se lier à la Nature.