Le pillage continue-t-il à la SPA (de Paris) ?

[L’article contient des photos d’animaux actuellement à adopter.]

Il y a un refuge qui vient de rouvrir quelque part en France, destiné aux oiseaux. En fait, ce ne sont que pour les rapaces, les autres se faisant condamner… Et pour cause, le responsable, ancien braconnier, a ses préférences… Et une certaine approche aussi, puisqu’à un moment il utilisait auparavant le refuge pour élever des oies, pour les revendre pour Noël…

On voit le tableau ! Il ne s’agit pas ici de dénoncer les refuges, bien au contraire, ni de critiquer leurs activistes qui donner littéralement leur vie, refusant un petit confort par ailleurs totalement illusoire et vide.

Cependant, il s’agit de bien comprendre la situation : peu de moyens, énormément de responsabilités, des gens sincères mais sans niveau de conscience sociale élevée, et aussi des opportunistes terribles.

Selon nous, seule la morale vegan straight edge la plus impitoyable peut sauver la situation. A petite échelle, on peut en faire l’économie… Toutefois, les refuges ont besoin d’un cadre à l’échelle du pays, pour centraliser les moyens. Et là, donc, il faut des incorruptibles.

Ce qui amène, une fois de plus, à parler de la SPA dite de Paris, car il y a également la fédération dite de Lyon, qui elle ne défraie pas les chroniques de manière régulière. La SPA de Paris, il y a peu, annonçait que de janvier à avril, il y avait 15 % d’adoptions en moins par rapport à l’année d’avant.

Et malgré ce sérieux apparent, il y a encore un énième scandale de la SPA de Paris. Voici donc quelques extraits de l’article à charge du Monde, intitulé Temps de chien à la SPA, article par ailleurs non seulement à charge mais racoleur et sans âme, sans compassion pour les animaux.

La SPA, 650 salariés, 4 000 bénévoles, 20 000 adhérents, est à l’image des animaux estropiés ou battus qu’elle recueille : après plusieurs années noires, elle tente de se refaire une santé, mais avance encore clopin-clopant. (…)

Dans son collimateur figure en particulier Image 7, la société de communication d’Anne Méaux, qui conseille une bonne partie des patrons du CAC 40 et plusieurs hommes politiques de droite.

La SPA lui a versé plus de 450 000 euros depuis décembre 2013 pour des prestations contestées par certains. Joël Pain, l’ancien directeur général de l’association, licencié en mars pour faute grave, les estimait soit fictives, soit destinées à valoriser l’image de la seule Natacha Harry. (…)

La juged’instruction Claire Thépaut, connue pour avoir mis en examen Nicolas Sarkozy pour corruption, est elle aussi saisie, à la suite de plaintes qui visent en particulier la gestion des années très sombres, jusqu’en 2013.

La Cour des comptes suit également de près le redressement de la maison, trop lent à ses yeux. Le tribunal correctionnel de Paris doit de son côté examiner le 25 juin le cas de l’ex-trésorier de la SPA, Thierry Courrault.

En 2013-2014, ce bénévole s’était fait rembourser 12 074 euros de frais de déplacement en neuf mois sans fournir le moindre justificatif. Depuis, il a démissionné et rendu l’argent, sans que cela stoppe la plainte déposée par des adhérents.

La SPA, enfin, donne du travail au conseil de prud’hommes. En quelques mois, Natacha Harry vient de se séparer brutalement de trois de ses principaux dirigeants, dont le directeur général, Joël Pain. Ils sont accusés d’incompétence et d’avoir « tenu des propos grossiers, insultants et scandaleux ».

Dans certains e-mails, ils se moquaient entre eux de bénévoles « déjà empaillés », d’une donatrice « un peu fossilisée » ou encore d’une déléguée syndicale, comparée à une « dinde ». Quant à la présidente de l’association, elle s’y trouvait ravalée à « son vrai rôle de Miss météo ». Un « humour potache », plaident les intéressés. (…)

Début mai, les responsables ont choisi de se moquer de cette crise, le temps d’une grande fête interne. Ce soir-là, plus de 250 dirigeants, salariés et bénévoles se retrouvent au Musée des arts forains, à Paris, pour la remise des « Os-wards », une cérémonie animée par le journaliste de « Télématin » Laurent Bignolas et ponctuée de sketches.

L’un d’eux se déroule au standard du siège. « Allô ! Je peux parler au directeur général ? – Non, il n’est plus là. Au directeur financier, alors ? – Non plus. A la directrice juridique, au moins ? – Non, désolé. Bon, passez-moi le service courrier ! – Ah… Il n’est ouvert que de 14 heures à 14 h 15 et, comme il est 14 h 13, je ne sais pas si vous pourrez le joindre… »Eclat de rire général. Une sorte de catharsis. (…)

Polémiques, affaires, scandales. La SPA retombe dans ses pires travers. Cette vénérable association, fondée en 1845, a longtemps été mal gérée. « C’est logique,explique un ancien responsable, le président est élu en fonction de sa capacité à défendre la cause animale, pas de son savoir-faire de manageur.

Beaucoup d’argent en jeu, mais peu de procédures écrites, peu de contrôles, des décisions politiques : le terrain était propice aux gaspillages et aux fraudes. »

Depuis plusieurs décennies, « elle fait l’objet d’un pillage permanent et impuni », certifie Henri Barbe, dont l’association, Les Vrais Amis de la SPA, chiffre les détournements à « peut-être 20 ou 30 millions d’euros ».

En 2009, la situation est devenue si critique que l’association a dû être placée durant plus de trois ans sous administration judiciaire. « A l’époque, chacun se méfiait des autres, et la communication entre les dirigeants de Paris et le terrain était difficile, se souvient Nicolas Dumas, qui dirigeait un refuge à Perpignan.

Quand on voyait les chiffres 01 43 s’afficher sur le téléphone, on disait : “C’est le siège, qui veut répondre ?’’ Tout le monde partait en courant. On avait peur… »La période a laissé un goût amer.

Non seulement à cause des réorganisations nécessaires pour sortir les comptes du rouge, mais aussi parce que les adhérents ont découvert après coup que l’administratrice judiciaire, Michèle Lebossé, s’était payée sur la bête, en touchant près de 1,2 million d’euros.

Une rémunération « disproportionnée par rapport aux résultats obtenus », selon la Cour des comptes, et aujourd’hui sous l’œil de la justice. C’est cette administratrice qui, en fin de mandat, a contacté Natacha Harry pour lui proposer sa succession, alors même que la journaliste n’était pas adhérente. Elle espérait ainsi donner une image plus glamour à la SPA.

Comment quelqu’un qui n’est pas adhérent d’une association peut-il être amené à en prendre la direction ? N’est-ce pas là un vrai problème de démocratie ? Regardons justement quelque chose de particulier : le nombre d’adhérents.

Voici un tableau comparant L214 et la SPA – rappelons qu’il s’agit donc ici de celle de Paris. On peut voir que la SPA (de Paris) a moins d’adhérents que L214! Ce qui est totalement incohérent et en décalage complet avec l’ampleur de sa tâche et de son budget.

L214 SPA de Paris
nombre de salariés 45 656
budget 4 millions 56 millions
nombre d’adhérents 30 000 21 000

Evidemment, on peut tout aussi bien dire qu’avec 4 millions d’euros et 45 salariés, on ne peut pas vraiment dire que L214 fasse grand chose avec autant de moyens. Il y a là également une incapacité à organiser les gens et à former des structures démocratiques, à impliquer tout le monde.

Mais ce qui compte ici surtout c’est qu’on voit que tout est bureaucratique,  remplis d’interstices ou des gens peuvent se faufiler, avec des spécialisations techniques propices aux profiteurs. Et que cela fait des décennies que cela dure.

Alors, quelle solution? C’est pourtant simple. La société doit assumer ses responsabilités. Les refuges doivent être centralisées dans une SPA nationale nationalisée, avec absolument tous les comptes publics, avec absolument tout de public d’ailleurs, avec une adhésion de masse et des débats démocratiques ouverts.

Sans cela, dans une société toujours plus égoïste, c’est un travail sans fin et les accapareurs auront encore leur place. Mais, là encore, étant donné qu’un tel programme est une utopie aujourd’hui, cela signifie que la révolution est nécessaire pour pouvoir réellement changer les choses demain…