Compte-rendu des rassemblements anti-chasse à courre du 30 mars 2019

Il y a un an, AVA (Abolissons la vénerie aujourd’hui) réussissait à rassembler mille personnes à Compiègne pour marquer le refus de la chasse à courre (voir ici et ). La seconde édition s’est déroulée le samedi 30 mars 2019, avec un objectif évidemment très clair : ancrer l’initiative, prolonger ce qui a été lancé. Sur ce plan, c’est indéniablement un succès.

Avant de voir ce qu’ont donné concrètement les quatre rassemblements, voici la retranscription du discours tenu à la fin de celui de Pont-Sainte-Maxence. Il a été tenu là où un cerf avait été sauvé, l’année précédente.

« J’ai eu les chiffres officiels, on est officiellement 1100 aujourd’hui !

On n’est pas vraiment des activistes qui arriveraient de manière subjective avec des grandes valeurs, c’est vraiment un mouvement plus de résistance avec des habitants des villages forestiers qui se lèvent contre des invasions un peu barbares, qui viennent dans leur ville ici comme à Pont sainte Maxence il y a quelques semaines où un cerf s’est réfugié dans le quartier derrière, où des habitants sont sortis, le maire est venu, ils ont réussi à repousser les veneurs, on espère que ce sera comme ça maintenant dans tout le pays !

Ils ont répondu avec des mensonges dans la presse de manière systématique, des violences, des agressions, toutes les semaines on se prenait des coups de pied, des coups de poing, des coups de fouet, on nous a foncé dessus, au galop à cheval, et vraiment l’un d’entre nous, en Bretagne était dans le coma et il s’est réveillé il y a deux semaines.

Je tiens à féliciter le grand courage des gens qui sont sortis en forêt avec AVA, on a fait le compte, c’était plus 700 personnes qui se sont relayées en forêt.

Chaque coup que les veneurs essayent de nous porter, chaque sursaut qu’a eu cet espèce de zombie qu’est la vénerie pour rester en vie cette année se retourne contre eux, chaque coup a retourné la population un peu plus contre eux, les a condamnés un peu plus aux yeux des gens, aux yeux de l’histoire qui avance malgré eux, eux qui voudraient rester en 1450 etc… tenir toutes les campagnes françaises dans le formol.

On a réussi à exploser ça petit à petit et ça c’est une grande réussite morale, on a 19 groupes en France, 700 personnes en forêt, 1100 personnes et qui sait le nombre de gens dans les villages qui n’osent pas encore s’exprimer mais qui soutiennent ce mouvement, on sait qu’on est 84 % en France, disons que le mouvement ne pourra plus s’arrêter, maintenant aujourd’hui, on est là pour leur dire, et peut être pour six mois seulement avant qu’on revienne plus nombreux, plus forts, plus sûrs de nous encore ! »

Ajoutons une précision encore avant de voir ce qu’il est pour les rassemblements. Car le même samedi, il y a des faits notables qui se sont déroulés en parallèle. Ainsi, ce fut la première sortie d’AVA Poitou ! Et AVA Normandie et AVA Touraine étaient également dans la forêt.

Il y a quelque chose d’admirable là-dedans, il faut le souligner. Ces gens auraient pu rejoindre les autres rassemblements, même s’ils étaient loin. Cela aurait été plus convivial. Mais ils ont préféré assumer de protéger des animaux dans la forêt. N’est-ce pas là ce qu’on appelle répondre à l’appel d’un devoir moral ? C’est là exemplaire.

On notera aussi, le lendemain, un pique-nique avec une quinzaine de personnes organisé par AVA Normandie (avec le Collectif Animaliste de l’Orne).

Regardons maintenant chacun des rassemblements. Celui de Pont-Sainte-Maxence était le plus important, regroupant cinq cent personnes. Il était d’une grande signification, car cela se situe dans l’Oise, le berceau historique du mouvement. L’identité AVA allait-elle savoir se maintenir, se perpétuer ?

Ce fut bien le cas. L’ambiance bon enfant et populaire a prédominé ; c’était une initiative ancrée dans la réalité française : celle des couples, des enfants et des personnes âgées.

Une batucada était en action, le slogan majeur fut « chasse à courre : abolition », sur les pancartes on pouvait lire « cerf moi fort », « tant que la chasse a courre existera, les opposants seront là », « tuer n’est pas un loisir », « veneurs tueurs aucun honneur »…

Ce fut quelque chose de très printanier, comme les gens d’AVA le souhaitaient. Il y a quelques « personnalités » politiques qui furent présentes également. Il y a ainsi le maire de la commune, Arnaud Dumontier, qui a annoncé être contre la chasse à courre, ce qui a pu peut-être surprendre mais en tout cas plaire.

Le député de la Seine-Saint-Denis, Bastion Lachaud (LFI) a été présent ; la sénatrice (socialiste) Laurence Rossignol a malheureusement eu un empêchement de dernière minute et s’est excusée de ne pas pouvoir être là.

Comme anecdotes sympathiques ou pas du tout, il y a le Parti animaliste qui a cherché par tous les moyens à se faire remarquer, alors que des gens de « défendre la vénerie aujourd’hui » cherchaient à provoquer, prendre des photos, noter des noms, etc. mais se sont fait éjectés par les gendarmes.

On notera également qu’il y a eu des délégations de gilets jaunes d’un peu partout dans l’Oise, ce qui est un bon signe d’une réflexion qu’on peut considérer comme hautement nécessaire chez eux. Enfin, un conseiller municipal de chez Marine Le Pen s’est également débrouillé pour taper l’incruste, comme on dit, sans se faire remarquer, à part du Courrier Picard.

On notera d’ailleurs qu’afin de couper court à toute ambiguïté – on sait quelle est notre époque, malheureusement – il y a eu une petite prise de parole pour affirmer notamment : « jamais nous ne ferions partie d’un mouvement où ont lieu des actes antisémites!! ».

Il y eut également des stands par antennes (Chantilly, Retz, Compiègne, Saint-Gobain), de quoi manger et boire (avec malheureusement en raison d’un souci technique seulement une partie végétalienne), un stand de marchandises (sacs en tissu, t-shirts, des porte-clés artisanaux, etc.).

Tout cela se termina par un pique-nique d’une soixantaine de personnes, alors que cinq veneurs jouaient, par provocation, du cor non loin de là, avant de devoir déguerpir à la demande des gendarmes !

Pas de course en forêt, car le préfet avait pris les devants et fait en sorte que les chasses du jour soient reportées à la veille…

Le rassemblement de Rambouillet fut bien fourni également, puisque 350 personnes se sont déplacées. Là vue l’ambiance (toxique), il n’a pas été possible de faire une sortie en forêt, mais des prises de parole engagées, comme celle de Laurence Abeille (EELV, ancienne députée), alors qu’étaient également présents des figures d’EELV (ou du Parti animaliste).

Le rassemblement à Paimpont fut lui statique, sur ordre de la préfecture. L’avantage c’est qu’avec un grand parc, il y a aisément des stands thématiques. Il a rassemblé 150 personnes et il faut noter que le lendemain 25 personnes étaient là alors que se tenait la dernière chasse à courre traquant les sangliers (elle fut heureusement un échec!).

Le rassemblement à Castelnau-de-Montmiral fut également statique, mais là n’est pas l’aspect principal. Les activistes locaux étaient malheureusement sceptiques quant aux possibilité de réalisation d’une telle initiative, mais leur courage a payé, puisque une centaine de personnes était présente, et possiblement même davantage potentiellement.

Là aussi, le lendemain a été marqué par une présence en forêt d’une vingtaine de personnes, alors que se tenait la dernière chasse à courre du rallye Grésigne, visant les cerfs (là-bas aussi, heureusement, aucune victime).

Enfin comme remarquéil y a eu des initiatives de soutien à la chasse à courre, organisées dans un esprit d’unité de tous les affreux (bouchers, charcutiers, chasseurs, éleveurs, etc.). A Rambouillet, la mobilisation en ce sens a été relativement un succès, avec 400 personnes. On remarquera au passage la présence temporaire mais cordiale auprès du préfet des Yvelines, ainsi que du maire de la ville…

Cependant, cette mobilisation n’a pas osé la défense frontale de la chasse à courre, préférant comme mot d’ordre « les veneurs s’engagent pour la ruralité », « les veneurs mobilisés : halte à la dictature anti-chasse et anti-ruralité ». C’est tout un état d’esprit réactionnaire, ce que Le Parisien, comparant ce rassemblement et celui d’AVA, résume par la formule : « Tambours contre trompes. Jeans contre pantalons en velours. ».

Il en va de même pour Paimpont, où là la mobilisation fut autrement marquante, avec entre 1800 et 2000 personnes, avec beaucoup d’hommes d’un certain âge. Cependant, là aussi, la ruralité fut le grand thème et face à la presse, la chasse à courre a soigneusement été évitée comme sujet.

Concluons par le communique d’AVA à la suite de cette journée du 30 mars :

« Voici que s’achève la deuxième saison d’AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui), et ce sur une mobilisation nationale unique, pour la première fois : 1100 personnes sont sorties fêter avec nous la fin de saison de chasse à courre, et le retour du calme dans les forêts. 

Le parti pris par AVA s’avère donc payant : celui d’implanter le mouvement localement, partout où la barbarie a lieu, d’en donner les clés à la population vigilante et sûre de sa force, et non à une poignée d’activistes.

Nous étions donc plus nombreux que l’année passée, répartis sur quatre villes, malgré une pression très forte des veneurs. A deux endroits, ils avaient organisé des « contre-manifestations », même si celles ci étaient hypocritement tournées autour de la « ruralité » et des « traditions », car impossible pour eux de mobiliser franchement en défense d’une pratique telle que la vénerie, rejetée par tous !

Nos adversaires, qui tentent toujours désespérément de nous caricaturer en « antispécistes violents radicalisés etc…», s’enfoncent chaque jour un peu plus dans le mensonge pour sauver la face : ils ont bien face à eux une résistance populaire solide, basée sur des valeurs positives.

C’est le besoin de civilisation en général qui s’exprime à travers notre mouvement contre la barbarie et le féodalisme dans nos campagnes.

Nous avons, encore aujourd’hui, marqué un jalon dans notre avancée, sous forme d’une célébration de la Nature sauvage pour ce qu’elle est, du printemps et de la quiétude retrouvée en forêt, libérée de la chasse à courre pendant 6 mois !

Avant de revenir plus nombreux, plus forts, et plus sûrs de nous encore, le message est passé : Bye Bye la chasse à courre !

Merci à tous de votre abnégation et de votre engagement ! Merci aux associations amies ainsi qu’aux élus engagés autour de cette cause et présents aux rassemblements ! »

Voilà donc une très bonne nouvelle pour les animaux des forêts ! Car c’est là l’aspect qui compte le plus. Il y a de la joie dans tout cela et beaucoup d’enseignements à tirer pour l’avenir.

Espérons justement qu’il y aura tout de même dans notre pays le niveau suffisant sur le plan militant de la part des activistes pour saisir qu’il s’agit désormais de produire ses propres initiatives, en apprenant de l’expérience d’AVA… Pas de copier ou de se précipiter… On sait à quel point beaucoup de gens raisonnent malheureusement en termes de modes activistes, sans chercher à effectuer le travail dans la population qui est justement la clef du succès d’AVA…

Il ne s’agirait pas que les avancées soient démolies par des gens cherchant à bien faire, mais déconnectés d’une réelle mise en perspective. Et que des énergies soient gâchées, alors que les animaux en ont tant besoin !

AVA