Les gilets verts d’Extinction Rébellion

Les réseaux sociaux sont désormais parfaitement maîtrisés par des experts en faisant un business lié à des « causes » : l’exemple de la jeune suédoise Greta Thunberg est un parfait modèle de ce type d’escroquerie. Elle vient d’ailleurs de rencontrer le pape, qui l’a naturellement salué chaleureusement, le Vatican s’empressant d’informer la chose suivante :

« De son côté, Greta Thunberg, qui avait demandé à rencontrer le pape, l’a remercié pour son grand engagement en faveur de la création. »

C’est littéralement honteux pour qui a étudié l’encyclique du pape sur l’écologie, qui est d’un vide abyssal (voir notamment ici, , encore , ainsi que ). Rappelons que c’est Nicolas Hulot qui avait écrit la préface de la traduction française.

Par la suite, Greta Thunberg a rejoint Londres, épicentre d’une « première semaine internationale de la rébellion », qui vient de se terminer. Elle était organisée par « Extinction Rébellion », une nouvelle structure née en octobre 2018 en Angleterre. Greta Thunberg y était bien entendu déjà présente…

« Extinction Rébellion » est appuyée par grosso modo toute la mouvance équivalent en France au quotidien Le Monde. C’est une sorte de Greenpeace version réchauffement climatique, avec donc un appui financier et médiatique important.

Lors de la semaine de désobéissance civile, des centaines de personnes ont occupé plusieurs places centrales de Londres, aboutissant par ailleurs à plus d’un millier d’arrestations. En France, le vendredi 19 avril, c’est à La Défense que pareillement deux mille personnes (avec plusieurs ONG se mobilisant) ont bloqué les sites du ministère de la Transition écologique, de la Société générale, d’EDF et de Total. Il y a également l’entrée du ministère de l’agriculture qui a été bloquée en « soutien au monde paysan », etc.

La question est évidemment : qui sont ces gens ? D’où viennent-ils ? Depuis quand la France dispose-t-elle de tellement d’activistes engagés dans un combat ouvert contre le réchauffement climatique et la destruction des espèces qui en découle ? Surtout que « Extinction Rébellion » revendique pour la France 900 membres en janvier 2019, 3 000 en avril.

En fait, on l’aura compris, c’est une mode passant par les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas d’activistes menant un patient travail de fond, sur des bases solides, durables, avec des perspectives morales et culturelles fortes.

« Extinction Rébellion » profite de cet engouement passager et « radical » pour une cause indéniablement juste, mais qui est totalement desservie par des attitudes consommatrices consistant à « témoigner ». On s’inscrit par internet, on suit sur Facebook et Twitter (voire Instagram), on vient témoigner lors d’une action, et on s’imagine activiste ou militant. Des structures comme L214 ou 269 n’agissent pas différemment.

Voici le document de naissance de cette structure en France, rendu public lors de l’occupation le 24 mars 2019 d’une salle du Muséum d’histoire naturelle à Paris. L’étudier avec un regard approfondi apporte un éclairage significatif.

« À l’aube de la seconde guerre mondiale, le 1er ministre britannique Winston Churchill alerte les grandes puissances européennes qui ne réagissent pas à l’invasion de la Tchécoslovaquie par les forces nazies parce qu’elles espèrent, par leur inaction, maintenir la paix. Il leur dit : “Vous avez voulu éviter la guerre au prix de la honte. Vous avez choisi la honte mais vous aurez la guerre.”

Aujourd’hui, à l’aube d’un basculement sans précédent des équilibres écologiques de la planète, le mouvement international Extinction Rebellion alerte les citoyens et les gouvernements qui ne réagissent pas à l’emballement climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Il alerte ceux qui espèrent, par leur inaction, maintenir la paix sociale.  ”Vous avez voulu sauver un système et son mode de vie au prix de la survie de vos propres enfants. Vous avez choisi la honte mais vous aurez la guerre” – car vous serez inévitablement contraint de vous adapter à des conditions impossibles – et chaque mois perdu à repousser les dures décisions qui s’imposent rendra cette transition plus titanesque encore. C’est d’un effort de guerre dont nous avons besoin aujourd’hui.

Les faits sont là. Le dernier rapport du GIEC, qui acte de l’état actuel de nos connaissances scientifiques sur le climat, élève une nouvelle fois la voix. Il nous exhorte à des changements sociétaux rapides, profonds et de grande envergure pour limiter l’impact d’une augmentation mondiale de la température, dont les conséquences frappent déjà les plus démuni.e.s : montée des eaux, inondations, sécheresses, phénomènes météo extrêmes, épidémies, famines, conflits et migrations.

Notre logique industrielle expansionniste détruit en ce moment même tout ce dont nous dépendons. L’eau, l’air et les sols sains se raréfient. Toutes nos ressources s’épuisent. La Vie s’effondre partout autour de nous. Ce n’est pas une crise passagère. C’est un changement irréversible. Toutes les espèces qui disparaissent ne réapparaîtront pas. Le charbon, le pétrole, le gaz partis en fumée ne se régénèreront pas. Pour nous, il n’y aura pas de retour en arrière.

Mais tout doit être tenté car on aperçoit déjà la conséquence de ce chemin, conséquence à la fois logique et inimaginable : allons-nous être les témoins de l’effondrement de notre population, et peut-être de notre propre disparition ? En ce jour de Déclaration de Rébellion, nous sommes ici, au Muséum National d’Histoire Naturelle, pour proclamer notre rébellion symbolique contre notre extinction et notre rébellion politique contre tout ce qui nous y mène à grands pas.

Nous sommes ici pour remettre notre espèce à sa juste place, au sein de cette fragile toile du Vivant sans laquelle rien n’est possible, cette toile qu’il faudrait honorer et qu’à la place nous détricotons consciencieusement. Ici, dans ce lieu de culture qui tente de rappeler la magie et la diversité du Vivant, où est l’humain ? Où est l’humain dans cette grande fresque de la Vie ? Sera-t-il lui aussi bientôt empaillé, prêt à rejoindre toutes les espèces qui disparaissent à cet instant, et qui disparaitront demain et après demain encore ?

Nous laissons à nos enfants l’enfer en héritage. Ce n’est pas une image. Nous les envoyons vers une mort prématurée si nous ne changeons pas les règles du jeu.

Nous commençons par adresser avec humilité nos excuses à la génération qui aujourd’hui fait ses premiers pas, et nous nous engageons, avec une créativité sans fin, à repeupler nos imaginaires, pour inventer un monde vivable et souhaitable.

Nous savons, qu’au fond de nous, c’est l’instinct de survie qui nous pousse enfin à faire face à notre déni, à nos peurs, à notre colère et à notre désespoir. Nous sommes reconnaissant.e.s envers cet instinct. Mais nous restons lucides.

Nous voyons autour de nous l’impératif de survie devenir une entreprise individuelle et prendre le dessus sur notre dimension collective. S’il se répand, ce réflexe de repli sur soi écrasera les enjeux de justice sociale, d’équité, de transformation de notre modèle économique. S’il se répand, il rendra impossible les choix de société qu’il est vital de faire.

Nous combattons ce repli, conscients que la survie individuelle est une chimère, que les dictatures vertes sont un vrai risque pour la démocratie, et que notre seule solution réaliste est de nous imposer collectivement de nouvelles règles. ​​​​​​​

Nous n’avons plus confiance en la capacité, ni en la volonté de ce gouvernement comme des prochains, de porter et d’encourager cette transformation profonde.  C’est pourquoi, nous, membres d’Extinction Rebellion, appelons tous les arrières-grands-parents, les grands-parents, les parents, les étudiants, et les plus concernés par le climat de demain – les jeunes et les enfants – à entreprendre des actions directes de désobéissance civile, ouvertes à tous, créatives, déterminées, et non-violentes.

Nous sommes pleins de rage contre un système qui organise la destruction du vivant. Nous sommes emplis d’amour pour cette planète.

Nous nous engageons à entrer en rébellion contre des adversaires qu’il est possible d’identifier. Car pendant que des citoyennes, des citoyens et des élu.e.s se battent sur leur territoire pour préserver forêts, montagnes et rivières, de « grands » projets industriels délirants soutenus par les finances publiques continuent de voir le jour. Car pendant que les accords climatiques se succèdent en vain, des banques, des assureurs, des entreprises, des gouvernements criminels continuent d’extraire les énergies fossiles qu’il faut pourtant bannir et garder sous terre pour espérer survivre. Nous viserons ces cibles sans fléchir.

Enfin, en refusant de reconnaître qu’une croissance infinie dans un monde aux ressources limitées est suicidaire, nos gouvernements sont complices. Quand l’État abandonne délibérément sa responsabilité de protéger ses citoyennes et citoyens, il rompt ses engagements. La révolte devient alors notre droit le plus sacré, et notre devoir le plus indispensable.

Parce que chaque dixième de degré compte, parce que chaque espèce disparue compte, parce que chaque minute compte, parce qu’agir nous ramène à la Vie, nous appelons à la désobéissance civile à grande échelle.

Nous avons tous la responsabilité et le devoir de passer à l’action, nous devons nous rébeller pour la vie. La désobéissance civile non violente est notre dernière chance, notre meilleure option, la voie plus efficace pour forcer un changement de système.

Nous sommes désormais prêtes et prêts à enfreindre la loi et à en subir les conséquences. Nous sommes prêtes et prêts à inonder les prisons pour que tout ce que l’on aime ne disparaisse pas sous les eaux. Quand l’espoir meurt, l’action commence.

L’action commence maintenant.

-XR France, 24 mars 2019 »

En réalité, ces gens ne sont prêts à enfreindre rien du tout. Ils sont un phénomène de mode. Dures paroles ? Nous avons dit la même chose au moment de la « grève » pour le climat dans les lycées français et force est de constater que nous avions alors vu juste. Tout cela est du cinéma et des pitreries conformistes, sans aucune analyse de fond des enjeux.

Pour qu’un mouvement dure, il faut des valeurs et une culture. Sinon, cela peut faire du bruit, mais c’est passager et cela n’apporte rien. Et il est difficile de produire des valeurs et une culture! Cela demande du temps, un engagement énorme. Qui est dans un esprit consommateur n’a aucune chance d’y parvenir.

Tout ce que dit d’ailleurs « Extinction Rébellion », c’est qu’on va à la catastrophe et que les gouvernement doivent impérativement cesser les énergies fossiles le plus rapidement possible. C’est là une expression de panique, pas un projet réel. Et il est marquant que cette désobéissance passe sous silence de manière radicale le véganisme.

Il est pourtant parlé de la destruction en cours de nombreuses espèces. Mais il n’en découle rien de positif, aucune reconnaissance positive des animaux, de la Nature dans son existence sauvage, de la planète comme système.

Tout comme les antispécistes font comme si le véganisme n’avait pas existé depuis les années 1990, « Extinction Rébellion » fait comme si l’écologie engagée de manière absolue n’existait pas pareillement depuis les années 1990, voire bien avant. C’est comme si les hippies ou Earth first !, l’ELF ou la scène vegan straight edge n’avaient jamais existé, comme si le biocentrisme était un concept jamais formulé.

Cela étant, ce n’est guère étonnant. Ce que dit « Extinction Rébellion » c’est qu’il faut préserver la possibilité de faire comme avant. Il y a une critique des grandes entreprises polluantes, d’un mode de vie trop consommateur en énergie polluantes ou productrices de Co2, mais aucune remise en cause du rapport à la Nature en général. Il faut juste stopper les pollueurs. Il faudrait un capitalisme « durable ».

« Extinction Rébellion » a pour cette raison pris comme logo un sablier placé au milieu d’un cercle représentant la planète, avec le vert pour l’écologie et le noir pour le deuil de la situation. C’est une expression de panique, sans ambition révolutionnaire ni volonté d’assumer une morale nouvelle et une identité non anthropocentriste. Pour tout dire, on peut les qualifier de gilets verts.

Ils expriment une panique, celle d’un monde changeant inévitablement de manière totale. Et ils ne veulent pas d’une Nouvelle Gaïa, ils veulent retourner en arrière.