Gaz à effets de serre: une augmentation continue

37 scientifiques avaient lancé une campagne intitulée EAT-Lancet Commission on Food, Planet, Health, liée à la revue scientifique médicale britannique The Lancet, pour que soit mangé moins de viande dans une optique de développement durable. Le critère était le suivant : au maximum 14 grammes de « viande rouge » par jour, au maximum 29 grammes de poulet par jour, au maximum 13 grammes d’oeufs par jour.

Le financement était réalisé par la fondation Wellcome Trust qui dispose de milliards et investit ses bénéfices dans différents projets ; la campagne passait par Twitter.

Une contre-campagne a immédiatement lancé, sous le nom de #yes2meat et touchant 26 millions de personnes contre 25 millions pour la campagne d’Eat-Lancet Commission. Voici le tableau comparant l’impact de chaque campagne sur Twitter.

Saisir cette opposition est très importante pour aborder le rapport sur les gaz à effets de serre de l’Organisation météorologique mondiale. Car il est beaucoup parlé dans les médias de Greta Thunberg, d’Extinction Rébellion, etc., c’est-à-dire de gens découvrant en 2019 le réchauffement climatique et en appelant à la « science ».

Mais ce n’est pas la « science » qui décide – pas dans cette société. C’est le profit qui décide et l’écologie n’est rien d’autre qu’un thème prétexte à la concurrence. Il y a d’un côté l’industrie de la viande qui veut faire comme avant. Il y a de l’autre des gros industriels se disant qu’il y a une opportunité pour prendre la place en surfant sur l’écologie, ou même le véganisme.

Tout l’irrationalisme de la mise en valeur de Greta Thunberg, présentée comme une autiste géniale seule capable de rompre avec les adultes passéistes, etc., tient à cela. L’humanité ne fait pas encore de choix rationnels, malgré l’urgence. Elle est ballottée entre deux tendances du business.

Le caractère erroné de tout cela apparaît avec les chiffres donnés par l’Organisation météorologique mondiale. Lors des différentes COP, nous avions dit : tout cela ne changera rien. Voici un tableau du dernier rapport, du 25 novembre 2019, indiquant les modifications entre l’année 2017 et l’année 2018.

On a la présence de dioxyde de carbone (C02), de méthane (CH4), de protoxyde d’azote (N2O), le pourcentage de comparaison avec l’année 1750, la croissance absolue entre 2017 et 2018 puis la croissance relative en pourcentage, puis l’augmentation annuelle moyenne de ces dix dernières années.

Dans ce dernier cas, on s’aperçoit qu’on est au-dessus de la moyenne de 2017 à 2018.

Voici les tableaux présentant l’évolution de chacun des gaz à effet de serre.

Le Finlandais Petteri Taalas, secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale, a résumé la situation par les termes suivants :

« Il n’y a aucun signe de ralentissement, et encore moins de diminution, de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère malgré tous les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le changement climatique. »

La croissance est en effet très clairement visible. Et aucune réduction n’est possible à moins de renverser la tendance, de la renverser donc dans ses fondements mêmes. Selon l’ONU, il faudrait pourtant la chose suivante :

« une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 2,7% par an entre 2020 et 2030 pour l’objectif de 2 °C et de 7,6% par an pour l’objectif de 1,5 °C »

Ce n’est bien sûr pas du tout possible quand on voit les tableaux. La croissance que l’on voit reflète une tendance de fond, une tendance mondiale. Toute l’économie mondiale est imbriquée, fonctionne selon le principe de la société de consommation pour maximiser les profits.

Quand quelqu’un comme Greta Thunberg dit qu’elle change le monde en n’utilisant pas l’avion elle ment (d’ailleurs également car ses transports comme aux Etats-Unis sont surconsommateurs). Il ne s’agit pas d’un souci de consommation. C’est la production qui est un souci, non pas qu’il faille faire comme les zadistes et retourner à l’âge de pierre, mais il faut tout révolutionner. Sans cela, c’est la catastrophe.

Le pré-rapport de 2019 parle déjà d’une « décennie de perdue – aucun changement substantiel dans la tendance mondiale aux émissions [de gaz à effets de serre] ». En fait, l’humanité n’a même jamais autant produit de gaz à effets de serre qu’en ce moment.

Nous invitons ici à relire en ce sens ce que nous disions sur la COP21, en 2016, nous l’avons même analysé jour par jour. Nous y annoncions qu’à l’avenir il y aurait « la condamnation des générations qui n’ont rien fait, qui ont trahi la vie sur la planète ! ». C’est inévitable. Et cela doit commencer – maintenant !

Beaucoup de gens ont voté EELV et on a parlé de prise de conscience écologique. Mais que disait EELV à la suite de la COP 21 ? La chose suivante :

« Cet accord de Paris permet donc de trouver un socle commun de discussion et de dynamique vers une économie décarbonée pour l’avenir. »

Où est la discussion ? Où est la dynamique ? Les gens comme EELV, Greta Thunberg, L214… sont des marchands d’illusions. Leurs variantes réformistes radicales comme Extinction Rébellion, 269… n’ont pas une nature différente.

Ils sont des obstacles à la prise de conscience complète de la situation. Ce qu’il faut, comme dit en 2016, c’est affirmer les points suivants :

– la division de l’humanité en nations est un obstacle ;

– un gouvernement mondial est inévitable ;

– il faut centraliser les initiatives et les imposer ;

– il faut des chiffres, des bilans, le tout de manière publiée, disponible, avec des discussions à ce sujet dans toute la population mondiale ;

– tout cela passe par une remise en cause de l’anthropocentrisme et la reconnaissance de la Nature.

Tout le reste est une illusion.