Les éleveurs abandonnent des porcelets sous la tour Eiffel en décembre

A la mi-décembre, on pouvait lire dans les médias, comme par exemple sur le site web de France-Info (où l’on voit une photo de l’action):

Ils protestent contre les prix de la viande, jugés trop bas : des éleveurs de porcs de la Marne ont effectué en fin de matinée une opération « lâcher de cochons » sous la Tour Eiffel, pour attirer l’attention sur les difficultés de la filière porcine.
Munis de pancartes « éleveurs de porcs en colère » ou « tout est bon dans le cochon, sauf le prix », ils ont lâché quelques porcelets au pied de la tour Eiffel.

Cette action était menée par des éleveurs de la Marne, à l’appel de la Fédération Nationale Porcine, une composante de la FNSEA (le principal syndicat dans l’agriculture).

Seulement voilà: les porcelets n’ont pas été récupérés.

Les éleveurs sont tout simplement partis, abandonnant les porcelets sous la tour Eiffel, en plein hiver.

Le communiqué de l’une des deux associations qui a récupéré les porcelets à la fourrière explique que « Ce sont les services de la Préfecture de police de Paris qui les ont trouvés tremblants dans un chariot de supermarché puis les ont conduits à la fourrière de Gennevilliers. »

Sans doute s’agit-il du chariot amené par les éleveurs eux-mêmes, comme on le voit sur cette photo.

Et ces porcelets seront également sauvés, grâce aux deux associations. C’est une très bonne chose, il va de soi!

Seulement il y a un aspect négatif. En effet, il s’agit d’éleveurs qui ont lâché les porcelets. S’ils n’avaient pas été relâchés, il seraient repartis à l’usine, pour mourir par la suite.

C’est l’autre aspect de la question, et il est très important.

De ces porcelets, il faut passer à tous les porcelets.

De la critique de ces éleveurs, il faut passer à la critique de tous les éleveurs.

Cela, les deux associations ne le veulent pas; dans le communiqué on lit:

Pour l’heure, les deux associations entendent dénoncer ces « lâchers d’animaux » qui donnent une image déplorable de la profession d’éleveurs.

L’occasion aurait été bonne de critiquer en général la barbarie des éleveurs et la barbarie générale de la société. Au lieu de cela il est parlé de l’image déplorable d’une profession qui justement, à nos yeux, doit précisément avoir cette image déplorable.

Pour triompher, la libération animale doit mettre en avant la culture végane, et dévaloriser les pratiques barbares.

Et justement ce n’est pas ce qu’ont voulu faire ici la Fondation Brigitte Bardot et l’OABA, qui est l’Oeuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs.

Cette dernière association se présente de cette manière:

Chaque année, en France, des centaines de millions d’animaux sont élevés, parqués, transportés, abattus. Il faut que cela soit sans douleur et dans le respect de l’animal être sensible.

Rien à voir avec la libération animale donc, et tout avec la « protection animale. »

Les deux associations en question refusent la critique générale de l’exploitation animale, et n’ont fait que le choix d’une critique en particulier au nom de la protection animale.

Avec même un appel à « l’esprit professionnel » des éleveurs et à celui de Noël!

Non identifiés, ces porcelets devaient être euthanasiés. Mais la mobilisation des employés de la fourrière et des associations de protection animale a permis de leur trouver des structures d’accueil (refuges, fermes pédagogiques).

Comment des professionnels peuvent-ils se comporter ainsi avec leurs animaux, sachant que ni la FNP, ni les éleveurs de la Marne ne se sont inquiétés du sort qui serait réservé aux porcelets abandonnés sur la voie publique, dans le froid vif, la veille de Noël ?

Frédéric Freund, Directeur de l’OABA, se dit scandalisé par de telles méthodes : « Serait-il nécessaire de rappeler aux éleveurs que les animaux ne sont pas du fumier que l’on abandonne sur la voie publique, aux portes des préfectures ? »

Pour Christophe Marie, directeur du bureau de la protection animale à la Fondation Brigitte Bardot, « ces comportements démontrent que le bien-être animal n’est pas une priorité pour un grand nombre d’éleveurs. Pour preuve, leur récente tentative de voir repoussée l’échéance européenne du 1er janvier 2013 interdisant les stalles individuelles pour les truies gestantes ».

La Fondation Brigitte Bardot et l’OABA demandent justice !

Quelle absurdité de s’attendre à ce que des éleveurs qui tuent des animaux s’inquiètent des porcelets, porcelets sciemment abandonnés d’ailleurs.

Quelle folie de demander à des éleveurs de se préoccuper du bien-être animal.

Quel mensonge de demander justice là où ne règne que l’injustice…

Alors que la justice n’est pas à demander, mais à réaliser, et s’appelle libération animale!