La bouse de vaches à la rescousse des arbres indiens

Aujourd’hui voici une très intéressante nouvelle pour nos amis les arbres: la bouse de vaches pourrait remplacer le bois habituellement utilisé lors des crémations hindoues.

En effet, quand la vie des hindous s’est achevée la coutume veut qu’ils se fassent incinérer afin de renaître une « troisième fois. » Les hindous sont appelés les « 3 fois nés » car leur première naissance est la naissance d’une mère et d’un père; la seconde a lieu par le mariage, grâce auquel l’homme peut faire des sacrifices (bien entendu comme toutes les religions, l’hindouisme est patriarcal) et la troisième naissance est la renaissance, après la crémation sur le bûcher funéraire.

Sur La Terre D’abord, nous avions parlé des Bishnoïs qui, bien qu’étant de religion hindouiste, refusent de se faire incinérer afin de ne pas couper d’arbres pour prendre leur bois.

Dans un pays-continent surpeuplé où les déforestations vont galopant (à l’heure actuelle seul 11% du territoire indien possède une couverture forestière, contre plus de 30% en 1950), la caste des Kumhars (potiers) se sert de chaudrons en terre et de pains de bouse pour incinérer leurs morts.

Si cette pratique se popularise et se diffuse dans d’autres états de l’Inde, cette matière abondante, gratuite, disponible en grande quantité devrait empêcher la coupe d’arbres pour les rites funéraires.

C’est quelque chose de très important pour sauver les forêts de l’Inde, confrontés à la déforestation massive par l’industrie.

Mais parlons ici du statut particulier de la vache en Inde.

En Inde, la vache est sacrée, ainsi que les éléments naturels qu’elle produit : l’urine (qui aurait des vertus médicinales), la bouse, le lait (dont on fabrique la crème et le yaourt). La bouse sert d’engrais naturel aux paysans, de combustible aux foyers et, appliquée sur les murs elle sert de revêtement contre la poussière et la chaleur.

Les vaches sont donc précieuses sur le plan économique, ce qui explique sans nul doute sa valeur religieuse. Il faut noter toutefois que l’utilisation de la vache est issue d’un processus complexe.

Le culte de la vache remonte à plus de 3 500 ans avec l’arrivée des envahisseurs Aryens dans le sous-continent indien; les Aryens étaient des pasteurs nomades.

La vache était recherchée par les brahmanes pour leur docilité et elle leur était donc d’une grande utilité pour le lait, la bouse et l’urine, et dans les anciens temps, la vache  était tuée lors de sacrifices d’animaux et les fidèles hindous se partageaient la viande.

Par la suite, la bataille culturelle lancée par les populations dravidiennes envahies, qui culminera dans le jaïnisme et le bouddhisme, forcera le brahmanisme à se transformer en hindouisme, les prêtres hindous (les brahmanes) adoptant alors le végétarisme.

L’exploitation animale prédomine donc, mais de manière perturbée; si de nos jours les vaches déambulent librement dans les villes indiennes, et si leur assassinat est interdit, celles qui sont mortes seront quand même mangées, leur lait sera consommé sous forme de beurre clarifié, de yaourt, de crème, et la bouse utilisée. Les vaches sont exploitées par les paysans qui n’ont absolument pas les moyens de se payer du matériel moderne et leur peau sera tannée par certaines castes afin de faire du cuir.

Et avec le développement du capitalisme dans sa version industrielle, le plus souvent bien sûr au service des multinationales d’Europe et des USA, les mentalités changent et la vache n’a de respect que parce qu’elle est une source de ressources non négligeables pour les IndienNEs.

Ou bien, dans les villages qui forment encore la grande majorité de l’Inde, parce que violenter une vache est mauvais pour son karma (avoir un bon karma afin de sortir du cycle des réincarnations, source de douleur pour les hindous). Son respect est pratiqué de manière intéressée.

Les valeurs de l’époque matriarcale s’effacent.

Il va de soi également que la démarche existant en Inde existe aussi dans le capitalisme ultra-moderne; aux Pays bas il existe une centrale au biogaz provenant de bouses de vache, à Leeuwarden. Une manière d’encore plus profiter de l’exploitation animale.

Pareillement, en Australie dans les années 1950-1960, un million d’hectares avaient été rendus inutilisables par la bouse de vache (soit 350 à 450 millions de bouses), car les les insectes coprophages des crottes de kangourous ne sont pas les mêmes que celles des vaches, ce qui fait que la bouse n’était pas dégradée, et des insectes coprophages ont donc été « importés. »

Ce qui est un excellent exemple d’incompréhension de Gaïa: des animaux sont importés et exportés, sans aucune considération ni compréhension de l’écosystème, de la nature des animaux, des relations entre les êtres vivants, de la nature elle-même.

C’est ce genre de pratique totalement incohérente qui amène l’humanité à se plaindre des cafards ou des pigeons, alors que c’est l’humanité elle-même qui a déplacé ces animaux de leur habitat naturel.