Le procès en Autriche des activistes pour la libération animale a commencé. 13 personnes sont concernées, dans ce qui est une répression à l’échelle nationale, dont l’écho existe assez largement dans le pays.
La répression a commencé le 21 mai 2008 avec 23 perquisitions, 10 arrestations débouchant sur trois mois et demi de prison en préventive.
Les personnes ont été accusées d’appartenance à une organisation criminelle, suivant une loi (la loi 278) visant normalement la mafia. A cela s’ajoutaient des accusations d’incendies et de destructions, pour un total de 224 actions (la quasi totalité de ces actions a finalement été enlevé de l’accusation!).
Il y a un mois on a appris que trois personnes de plus étaient concernées par ces accusations.
Le procès vient donc de commencer il y a quelques jours, et il doit durer… quatre mois, avec trois sessions par semaine. L’accusation tient en 300 pages.
120 personnes doivent témoigner à la barre, notamment des exploiteurs d’animaux devant témoigner contre des manifestations et des actions publiques à leur encontre durant ces 15 dernières années.
Il va de soi que par ce procès, la vie privée, sociale et professionnelle des personnes accusées fait face à une pression énorme, sans oublier évidemment les énormes frais d’avocat pour un procès aussi long!
Ce procès a une résonance internationale, et des manifestations et/ou actions de solidarité ont eu lieu en Allemagne (Berlin, Brême, Dortmund, Dresde, Kiel, Magdebourg, Munich), en Suède (Stockholm) et en Finlande (Helsinki), en Hollande (Amsterdam), en Angleterre (Londres), en Pologne (Varsovie), en Espagne et en Catalogne (Madrid, Barcelone), en Suisse (Luzerne).
Au premier jour du procès, un rassemblement avait lieu devant la salle du procès, avec diffusion de musique (notamment « Non je ne regrette rien » d’Edith Piaf choisi évidemment pour son refrain) qu’on pouvait entendre jusque durant le procès.
Notons aussi l’existence comme en Allemagne d’un « ticker »: un compte-rendu régulier (toutes les 2, 3, 5, 10 minutes) sur Indymedia du rassemblement en cours (ce qui permet d’avoir l’information grâce aux téléphones portables par exemple).
Il existe deux sites activistes de solidarité (en allemand): un premier au sujet de la répression ayant mené au procès, le second donne des informations sur le procès lui-même.
Les compte-rendus de chaque session seront également diffusés sur l’une des principales radios autrichiennes, FM4, qui est publique mais est gérée par une équipe orientée vers la musique alternative et le secteur progressiste de la jeunesse.
L’Autriche est en effet marquée d’un côté par une extrême-droite très puissante (surtout dans les zones campagnardes et provinciales) et une scène progressiste urbaine bien organisée, avec une composante végane très structurée.
La principale organisation végane est justement celle visée par la répression: VGT, l’association contre les usines à animaux.
VGT est une organisation très organisée et tournée vers un activisme très fort (présence systématique devant certains magasins, grandes campagnes, etc.), mais sa ligne est celle de la mise en place d’un réformisme en direction du véganisme.
La répression vise le succès du véganisme en Autriche en criminalisant VGT, structure légale, afin de ne laisser aucun espace à la libération animale.
L’exploitation animale craint le mouvement de libération animale, en Autriche comme partout ailleurs.
Car il va de soi qu’il n’y a pas qu’en Autriche qu’une lampe à huile peut être considérée par les policiers comme… un cocktail molotov, afin de servir comme moyen de criminaliser.
Il n’y a pas qu’en Autriche qu’un expert en linguistique peut affirmer que telle ou telle personne est censée avoir écrit un communiqué d’une organisation illégale, en raison de sa manière d’écrire.
Il n’y a pas qu’en Autriche que six personnes peuvent être arrêtées comme membres d’une « organisation criminelle », sans être accusées pour autant d’avoir mené des actions illégales. « L’appartenance » suffit à la condamnation.
Il n’y a pas qu’en Autriche qu’une personne peut être accusée de posséder une scie pour saboter les huttes des chasseurs, alors que cette scie est sur un tas de bois à côté d’une cheminée…
C’est quelque chose dont il faut avoir conscience, tout en ne se laissant pas intimider dans la lutte sans compromis pour la libération animale et la libération de la Terre!