L’hiver meurt et le printemps renaît, Et le monde devient berceau de paix

Si la poésie persane a couramment utilisé l’image de la rose (et du rossignol), il faut savoir qu’elle accordé une place certaine au Printemps, qui justement s’avance.

En fait, encore aujourd’hui en Iran (comme d’ailleurs pour les Kurdes, les Afghans, les Tadjiks…) le 21 mars est prétexte à une grande fête. C’est le renouveau de la vie qui est célébré; la venue du printemps est ainsi appelée « Norouz » c’est-à-dire en persan « le nouveau jour » (le terme est parfois écrit Nowruz, Norouz, Nowrouz ou encore Newroz, etc.).

Voici un poème de Manoutchehri Dâmghâni, poète persan du 11ème siècle, justement au sujet du Norouz:

Norouz vint,

Dès l’aube… Joie !

Du nuage noir sur l’herbe parfumée,

L’hiver meurt et le printemps renaît,

Et le monde devient berceau de paix.

Les roses s’attifèrent,

Les haies se coiffèrent,

Et sur les cimes du platane,

Les grives formèrent orchestre.

Fleurissant dans les haies,

Les coquelicots,

Et, ornant les fleurs,

La rosée.

Sur le chef des coquelicots,

Un voile de musc,

Et sur la face des fleurs,

Un manteau de perles.

Au cœur de la terre,

Et sur les deux faces la montagne,

Des images.

Les petites tourterelles apprirent à jouer de la flûte,

Et les merles brulèrent le musc du Tibet.

Les fleurs jaunes allumèrent des bougies,

Les fleurs rouges,

Des rubis,

Et, de côte et d’autre du ruisseau,

Les peupliers se firent coudre de nouveaux habits.

Les perroquets s’attaquèrent aux fleurettes,

Les faons dressèrent l’oreille,

Et les onagres se rassemblèrent,

Les merles dressèrent les jardins,

Et les amoureux perdirent âme et cœur,

Avec les Turcs de Tchagal et de Ghandehar.

Nous retrouvâmes une nouvelle fois le monde

Beau et joyeux,

Nous courûmes après l’idole et le lis blanc,

Nous dénattâmes les chevelures des visages d’ange,

Nous déchirâmes nos cœurs du chagrin de l’amour,

Et nous trouvâmes plus joli que les milles couleurs,

La beauté des dindons au printemps.