Interview au sujet de l’occupation du terrain destiné au plus grand abattoir d’Europe, prévu à Wietze en Allemagne

En Allemagne a lieu une occupation de terrain: celui devant servir au plus grand abattoir d’Europe. Voici nos questions aux activistes menant l’action…

1. Pouvez-vous nous parler de votre occupation ?

Dans la nuit du 23 au 24 mai 2010, nous avons, à une trentaine de personnes, commencé l’occupation d’un terrain, dans le but d’empêcher la construction prévue d’un abattoir.

Dans la première nuit, nous avons construit un tripode [voir les deux photos], à peine deux semaines après il y avait les premières huttes.

L’élargissement du campement continue de manière ininterrompue, la connexion avec d’autres personnes en résistance est en cours, et une programmation régulière a lieu sur le terrain occupé.

2. A quoi devrait ressembler le plus grand abattoir de poulets d’Europe?

L’entreprise Rothkötter entend construire le plus grand abattoir de poulets d’Europe, ici à Wietze.

Il est censé y avoir deux lignes d’abattoirs, avec 27.000 poulets abattus par heure, soit l’équivalent de 7,5 par seconde.

Pour cela seront construits et utilisés dans la région au moins 420 installations de gavage, avec chacune 39.999 poulets.

A côté de l’abattage, c’est également à Wietze que les poulets seront découpés, empaquetés et envoyés. Le travail et la livraison seront également menés la nuit.

Afin de réaliser ce travail à la chaîne seront employés quotidiennement 600 poids lourds, dont 200 transports d’êtres vivants qui iront à l’abattoir prévu.

L’abattoir prévu gâchera également 3,3 millions de litres d’eau chaque jour. Les eaux usées, seront contaminées par des restes de médicament et des antibiotiques, malgré la station dépuration, iront dans la rivière voisine, l’Aller, qui se déverse dans la Mer du Nord, la polluant ainsi que la mer des Wadden [zone côtière de 9.000 km² dont une très grande partie est un parc national].

3. Qu’est-ce qui vous a amené à lancer ce mouvement?

Cette occupation a été et est menée par de nombreux individus, qui tous et toutes sont une composante de l’action, pour différentes raisons. Pour beaucoup effectivement, il y a au premier plan la libération animale.

Ainsi, presque toutes les personnes qui mènent l’occupation sont véganes, et se revendiquent contre toute forme d’exploitation animale.

Un autre point consiste en les conséquences environnementales de l’abattoir prévu, et la situation de l’animal en général, dans ce lieu, dans la région et globalement.

Localement, il y a le danger de la salinisation des terres par le pompage des nappes phréatiques et la pollution des eaux par l’arrivée des eaux usées.

De plus, on peut présumer qu’il y aura une acidification des terres, des forêts et des eaux dans toute la région, puisque le purin accumulé des installations de gavage, dans un périmètre de 100 kilomètres autour de Wietze, va fournir à l’environnement une énorme teneur en ammoniac.

A côté de l’ammoniac, il y aura de plus un impact sur le climat avec un rejet plus grand de particules fines, par la circulation plus grande de poids lourds.

La menace grandissante des incendies des zones des forêts humides afin d’avoir davantage d’alimentation amène des problèmes sociaux en plus des problèmes écologiques.

Ainsi, la population indigène est de plus en plus repoussée dans la forêt, les gens se voient enlevés la base matérielle de leur vie, et forcés à des rapports de dépendance.

Toutes ces raisons nous ont amené à être une partie de ce mouvement, et à participer activement à une occupation.

Le poulet dit: « Alors, moi, si on me demande mon avis… »

4. Voulez-vous en revenir à la campagne des petits paysans?

La restructuration de la campagne par l’industrialisation et la monoculture a en de nombreux endroits comme conséquence la perte d’une certaine autonomie pour les gens qui sont actifs dans l’agriculture.

Les petits paysans deviennent les employés des grandes entreprises, perdant toute forme d’auto-détermination. Dans les pays du sud, des économies de subsistance entières sont détruites.

Une agriculture autogérée n’est pour nous viable qu’en dehors des structures et obligations capitalistes. Nous soutenons une agriculture locale au possible, répondant aux besoins concrets des gens, une agriculture qui produit autant que possible de manière écologique, et sans exploitation animale.

5. Vous parlez d’élevage de masse comme terrain pour la maximisation du profit. Que voulez-vous dire par là?

Nous voyons les élevages de masse comme une conséquence logique de l’élevage dans le capitalisme.

La conception largement diffusée dans la société, comme quoi les animaux seraient seulement des objets pour la satisfaction de « besoins » humains, est poussée jusqu’au bout dans le capitalisme.

Une production la plus haute possible de viande, avec une utilisation petite au possible de ressources, peut être obtenue en élevant les animaux sur des terrains toujours plus petits.

De plus, les animaux ne peuvent quasiment pas bouger, et donc la plupart des calories est orientée vers la production de viande, qui est utilisable pour le profit.

A partir de là, dans la production de produits d’origine animale, la division du travail est tendanciellement plus grande, ce qui augmente les possibilités d’une plus grande exploitation et d’une plus grande maximisation du profit.

6. Comment est-il possible de vous aider?

– Passer nous voir, vivez la résistance et connectez-vous à nous

– Diffusez l’information concernant l’occupation

– Menez vous-même l’action directe contre la destruction et l’oppression de l’être humain, de l’animal et de l’environnement

– Si vous le pouvez, aidez-nous matériellement et financièrement. Vous trouverez plus de détail sur notre site web www.antiindustryfarm.blogsport.de

– Nous sommes toujours contentEs d’avoir du courrier : A. Adam c/o Besetzer_innen Reihernweg 2 29323 Wietze Deutschland