Baisse de la biodiversité dans les zones humides de l’Est méditerranéen

 La biodiversité diminue de façon inquiétante dans les zones humides de l’est de la Méditerranée depuis les années 1970 alors qu’à l’ouest, les mesures de protection environnementales portent leurs fruits, conclut une étude de la Fondation scientifique Tour du Valat obtenue lundi.

En terme d’évolution de la biodiversité, "la situation continue à se dégrader à l’est de la Méditerranée et en mer Noire. Ce constat est inquiétant car les effectifs de nombreuses espèces s’y trouvent concentrés", indique l’étude effectuée dans le cadre du programme MedWet de préservation des zones humides méditerranéennes (lacs, marais, marécages…).

Par Est de la Méditerranée, l’étude désigne Israël, le Liban, la Syrie, Chypre, l’Egypte, la Libye, la Turquie, la Grèce et les pays des Balkans.

"Plusieurs espèces dont les bastions se trouvaient jusqu’à présent dans l’est de la Méditerranée ont vu leurs effectifs se réduire considérablement à la fin du XXe siècle", remarque l’auteur de l’étude, Thomas Galewski, docteur en biologie de l’évolution et écologie. Parmi les victimes: l’ibis falcinelle ou la sarcelle marbrée.

En Israël, un petit crapaud présent uniquement dans cette région du monde (le Discoglosse à ventre noir) a totalement disparu à cause de l’assèchement d’une zone autour du lac d’Hula, a précisé à l’AFP M. Galewski.

En Grèce, l’assèchement complet du plus grand lac d’eau douce (lac Karla), transformé en plaine agricole dans les années 1960 a privé plus de 430.000 oiseaux de leur zone d’hivernage.

Les zones humides "souffrent depuis des siècles d’une image de milieu insalubre et inutile qui leur a valu d’être en grande partie converties en espaces agricoles ou urbains, voire en zones récréatives pour le tourisme de masse", souligne l’étude. Plus de la moitié des zones humides de Méditerranée ont ainsi disparu au cours des 50 dernières années.

Dans l’ouest, (France, Espagne, Italie notamment), les mesures de protection de l’environnement (inscription d’oiseaux sur des listes d’espèces protégées par l’Union européenne, restrictions de la chasse…) ont cependant "eu un effet positif assez fort sur la biodiversité", selon M. Galewski.

La talève sultane, un oiseau au pelage sombre doté d’un bec et de pattes rouges, est ainsi en train de reconquérir des régions dont elle avait disparu depuis plus d’un siècle en Catalogne et dans le sud de la France.

Les espèces liées aux zones humides ont augmenté de 150% depuis 1970 dans l’ouest méditerranéen contre un déclin de 30 à 40% ailleurs.

L’étude, qui s’est appuyée sur l’indice planète vivante utilisé par le Fonds mondial pour la nature (WWF) et la Société zoologique de Londres, déplore cependant le manque de données concernant d’autres animaux que les oiseaux et les zones du sud de la Méditerranée telles que le Maroc et l’Algérie.

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