EDF prône le surf à côté d’une centrale nucléaire

Siouville, en Normandie: sa plage de sable fin, son spot de surf (la zone où l’on peut surfer, la vague et la plage, pour résumer). Son eau de « bonne qualité. »

Dangers particuliers toutefois? Une centrale et une usine de retraitement nucléaire à proximité!

Siouville-Hague a en effet un « spot » de surf et une centrale nucléaire à côté, à Flamanville, non loin de Cherbourg et également de l’usine de retraitement de la Hague.

On y trouve Flamanville 1 et 2, deux réacteurs nucléaires à eau pressurisée de 1 300 mégawatts chacun, datant de 1986 et 1987. Et on y trouvera normalement à partir de 2014 Flamanville 3, un réacteur EPR, le premier de son genre.

On en a beaucoup parlé car pour la première fois en France l’Autorité de sûreté nucléaire a exigé la suspension des travaux de bétonnage, puis la reprise a coûté cher : à 3,4 milliards d’euros à la base, et on est déjà à 5 milliards…

Ce qui n’empêche pas EDF de faire une vidéo suréaliste où il est expliqué qu’on peut surfer « à quelques vagues » de la centrale…

Tout simplement aberrant. La culture du surf est tout sauf proche d’une idéologie comme celle du nucléaire. Tout comme le skate-board, le surf a un fond individualiste, mais aussi une véritable culture pacifique et un esprit collectif certain. Notons d’ailleurs qu’il y a quelques mois, il y avait des protestations contre un projet de centrale nucléaire en Afrique du Sud, à Thyspunt, non loin d’un spot de surf (Jeffreys’ Bay).

Les personnes intéressées par le surf connaissent également une ONG très intéressante, la Surfrider foundation.

Voici le principe de la section française (il en existe dans plusieurs pays d’Europe) :

Surfrider Foundation Europe est une association à but non lucratif (loi 1901), ayant « pour but la défense, la sauvegarde, la mise en valeur et la gestion durable de l’océan, du littoral, des vagues et de la population qui en jouit ».

A sa création, la zone littorale de loisir fut choisie comme zone de référence, mais aujourd’hui notre action englobe de plus en plus les zones de loisirs nautiques des lacs et rivières.

Il existe également désormais un blog en français.

Cette association est, on s’en doutera, née aux USA. Fonctionnant de manière démocratique à la base, elle nettoie des plages, revendique l’accès libre aux plages par tout le monde sans discrimination,  organise des campagnes d’éducation écologique, mène des campagnes, teste l’eau pour étudier la pollution, etc.

Et son premier principe est très intéressant:

SURFRIDER reconnaît que la biodiversité et l’intégrité écologique des côtes de la planète sont nécessaires et irremplaçables. SURFRIDER est engagée à préserver la diversité naturelle vivante et non vivante et l’intégrité écologique de l’environnement côtier.

Comme on le voit ici très bien, les surfers des USA ont développé un niveau de conscience élevé concernant la planète: ils ont compris qu’il n’est pas possible de parler des êtres vivants sans parler de l’environnement, et les côtes elles-mêmes se voient reconnues une valeur pour elle-même. Il y a ici quelque chose de très fort.

Pour en revenir à l’EPR, voici quelques informations à ce sujet, fournies par le réseau Sortir du nucléaire. L’EPR est le symbole d’une fuite en avant totalement folle : il est important de s’y retrouver.

Dossier sur le réacteur nucléaire EPR

EPR : le fiasco annoncé

Le réacteur nucléaire EPR (Réacteur Pressurisé Européen) est en construction à Flamanville (Manche) et Olkiluoto (Finlande). Nicolas Sarkozy a également fait part de sa volonté d’en construire un troisième à Penly (Seine-Maritime). Ce réacteur d’un nouveau type est plus puissant que les réacteurs précédents. Il est également censé être « plus sûr ».

En octobre 2010, le rapport de sûreté de Flamanville sera rendu, et EDF devrait se positionner sur le projet d’un EPR à Penly. L’occasion de faire le point sur ce réacteur qui pourrait, espérons-le, ne jamais être mis en activité. En effet, même des partisans du nucléaire lâchent l’EPR. En juillet 2010, le très officiel rapport Roussely lui tire dessus à boulets rouges. En septembre 2010, GDF-Suez annonce son retrait de Penly 3. La multinationale devait financer environ un quart du projet.

Septembre 2010 : nouveaux documents internes à EDF

Nous avions déjà dévoilé sur ce site des documents confidentiels concernant les graves défauts de conception de l’EPR (Cliquer ici). De nouveaux documents internes à EDF confirment les failles de conception majeures. Ils révèlent également la fragilité de l’enceinte sous pression, qui protège les mécanismes de commande. Sur le papier, cette pièce essentielle se révèle déjà trop mince, fragilisée par des soudures trop nombreuses et conçue dans un matériau banni du parc nucléaire français ! (Cliquer ici)

L’EPR : trop complexe et trop cher, qui y croit encore ?

Retards et surcoûts

L’EPR est trop complexe, probablement impossible à construire. Déjà les retards s’accumulent.

  • Flamanville : 2 années de retard déjà prévues. Surcoût minimal : 1,7 milliards d’euros (déjà +50% par rapport à la somme annoncée lors du débat public).
  • Olkiluoto : 4 années de retard au moins. Surcoût minimal = 5,7 milliards d’euros. Pour l’essentiel, ce sont les contribuables français qui paieront ces surcoûts.

Exportation utopique

Le prototype de Flamanville a été d’abord conçu comme une vitrine pour l’export : la France n’a pas besoin de cette production électrique supplémentaire. Mais les mésaventures de ce chantier, en France et en Finlande, ont refroidi les pays potentiellement intéressés par l’EPR. Fin 2009, Abou Dhabi a préféré la Corée à la France pour construire 4 centrales (un contrat à 20 milliards de dollars).

L’EPR est encore plus dangereux que les réacteurs plus anciens

Des défauts de conception connus de longue date :

Dès 2003, l’association allemande IPPNW alertait sur de graves défauts de conception du réacteur EPR. Lourd et complexe, celui-ci multiplie les points de vulnérabilité. Son système de contrôle-commande numérique a fait l’objet de nombreuses critiques (y compris, fin 2009, par trois autorités de sûreté nucléaire). Par ailleurs, un de ses dispositifs de sécurité les plus vantés, le « récupérateur de corium » (destiné à réceptionner le coeur du réacteur en cas de fusion) pourrait générer de violentes explosions de vapeur. Enfin, selon Greenpeace, les déchets produits par l’EPR seront sept fois plus toxiques, car plus irradiés.

Vulnérabilité à une attaque du type 11 septembre

Comme toutes les autres centrales nucléaires, l’EPR n’est pas conçu pour résister au crash d’un avion de ligne. Contrairement à ses aînés, ce réacteur est pourtant construit, lui, après le 11 septembre 2001. Mais la priorité politique n’est pas de protéger la population. Au contraire, la justice et la police poursuivent les lanceurs d’alerte, y compris au sein du Réseau « Sortir du nucléaire ».

Une catastrophe de type Tchernobyl est possible

Par ailleurs, selon des documents internes révélés par le Réseau « Sortir du nucléaire » en mars 2010, certains modes de pilotage du réacteur EPR peuvent provoquer l’explosion du réacteur à cause d’un accident d’éjection de grappes. Un accident de réactivité peut provoquer une catastrophe du type de Tchernobyl. Le chef du département combustibles nucléaires à EDF écrit dans un des documents : « l’idéal serait d’essayer, pour les réacteurs du futur, de ne plus prendre en compte ce type d’accidents ». Pour résumer : casser le thermomètre, plutôt que de soigner la fièvre mortelle.

Une cible pour les cyber-terroristes ?

Le contrôle commande de l’EPR utilise des automates programmables en Simatic Step 7 créés par Siemens. À l’été 2010, des automates programmables de ce type ont été la cible d’une cyberattaque sans précédent (virus Stuxnet), en particulier dans des installations nucléaires iraniennes. Si des pirates informatiques réussissent à modifier le code des automates, comme les créateurs du virus Stuxnet semblent vouloir le faire, ils peuvent provoquer l’explosion de l’EPR.