Blocage de la raffinerie Coryton Oil Refinery près de Londres et initiative au Havre

Les activistes ont réalisé une action très réussie à Londres (plus bas nous parlerons de l’initiative parallèle au Havre, en France). Une mobilisation a ainsi eu lieu samedi dernier, 16 octobre, passant notamment dans trois gares: Euston, Waterloo, Victoria, et divisés en trois blocs sur un ton de carnaval (le bloc de l’argent sale, le bloc de la construction, et le bloc corporel).

Mais en réalité, il s’agissait d’un mouvement visant à bloquer une raffinerie, la Coryton Oil Refinery, près de Stanford-le-Hope et qui appartient à Shell. La direction à prendre a été donné au fur et à mesure, par SMS et par Twitter.

Les activistes ont donc pris le train et ayant atteint alors leur objectif, ont coupé à travers champs pendant 30 minutes, empêchant ainsi la police de les intercepter.

500 personnes ont ainsi pu bloquer les routes menant à la raffinerie. Un groupe de douze femmes a pu pénétrer dans la raffinerie, s’allongeant pour couper l’unique voie d’accès, avant d’être rejoint par un premier bloc, alors que des tripodes étaient construits ailleurs par un autre bloc.

La raffinerie fournit notamment BP, Shell et Exxon. 50 transporteurs de 34.000 litres chacun ont été bloqué durant le blocage.

On peut voir ici une vidéo de plusieurs minutes (et vraiment bien faite) au sujet de cette initiative. On notera l’excellent slogan: « pas contre les ouvriers du pétrole. »

Nous avions parlé du Camp Climat (voir le Mini bilan du Camp climat) dont l’objectif était le blocage de la raffinerie Total de Gonfreville l’Orcher le 16 octobre 2010.

Voici le compte-rendu de l’action:

Une centaine d’activistes du climat se sont rassemblés cet après-midi aux portes de la raffinerie Total de Normandie.

Leur objectif était de bloquer son fonctionnement. L’action, prévue de longue date, a rencontré l’aide inattendue des grévistes des retraites qui ont stoppé la raffinerie. Les activistes ont souhaité entrer sur le site afin de marquer leur détermination à la voir définitivement arrêtée. Ils accusent l’industrie pétrolière de contribuer dangereusement au changement climatique.

Confrontés à une barrière policière, les activistes tentent d’atteindre le site pendant plusieurs heures. Treize manifestants à vélo y parviennent et se rendent à l’entrée de la raffinerie où ils échangent avec les grévistes du mouvement contre la réforme des retraites.

Au même moment, trois activistes pénétraient dans l’usine Chevron, la deuxième compagnie pétrolière la plus importante des États-Unis, sur son site du Havre proche de la raffinerie Total, pour tenter d’y déployer une banderole.

Dans la matinée, un défilé a eu lieu et les manifestants avaient organisé plusieurs actions de protestation dans la ville (remplacement des publicités par des messages contre Total, « guérilla jardinière » ou plantation de potagers sauvages, dépôt de plainte contre Total…)

L’un des participants, Emmanuel Verger, déclare : « Nous n’avons aucune chance de régler le problème du changement climatique si nous ne trouvons pas dès maintenant un moyen de dépasser la société du pétrole.

« Les compagnies pétrolières dévastent l’environnement local des zones d’extractions, réduisant les droits des peuples autochtones à néant, et nous poussent au-delà du seuil d’un changement climatique catastrophique.

« Nous nous trouvons à la source du problème, à la plus grande raffinerie et source d’émissions de gaz à effet de serre du pays. Nous sommes ici pour mettre un frein à la production de pétrole et pour dire « ça suffit ». Cet endroit, cette industrie, doivent devenir de l’histoire ancienne. »

Les manifestants exprimaient aussi leur soutien aux grévistes des retraites : « La justice environnementale ne se fera pas sans la justice sociale, ajoute Emmanuel. « Ceux qui exploitent les travailleurs, mettent leurs droits en péril, et ceux qui détruisent la planète, sont les mêmes. Nous voulons une transition sociétale et énergétique menée en coopération avec les travailleurs de ce secteur. Les travailleurs qui bloquent actuellement la production ont un pouvoir crucial ; à chaque litre de pétrole qui est ainsi laissé dans le sol correspond des vies humaines sauvées de catastrophes climatiques telles que les inondations récentes au Pakistan. »

La journée d’action du Havre, soutenue par des groupes tel que le Camp Action Climat et le réseau mondial Climate Justice Action (Action pour la justice climatique), s’inscrivait dans le cadre d’une semaine d’actions contre l’industrie des énergies fossiles et pour la justice climatique.