La dioxine et l’industrie alimentaire fondée sur l’exploitation animale

Dans le mouvement pour la libération animale, on se méfie (à juste titre) de ceux qui relient le véganisme (simplement) à une question de santé, oubliant les animaux.

Mais cela ne veut pas dire pour autant que le véganisme ne pose pas la question de la nature et donc de la santé. Reliée à la libération de la Terre, la libération animale rejette l’exploitation animale et dénonce par là même la situation de la santé imposée par cette exploitation.

On a un exemple de la barbarie actuellement avec ce qui se passe en Allemagne, où plus de 1200 fermes-usines de poules, cochons et dindes ont dû fermer, en raison d’une contamination à la dioxine de la nourriture des animaux. On a donc ici un exemple typique de comment la machinerie économique de l’exploitation animale s’effondre sous le poids de ses contradictions.

Un producteur de nourriture pour les animaux esclaves, du nom de Harles & Jentzsch, a utilisé une huile non alimentaire, destinée normalement aux imprimeries ; la dioxine est en effet cancérigène, et on en trouvait par exemple dans l’Agent orange dont nous parlions il y a quelques jours. L’incinérateur de Gilly-sur-Isère a également causé un empoisonnement à la dioxine.

Voici le point de vue de l’Organisation Mondiale de la Santé concernant la dioxine :

Principaux points

  • Les dioxines constituent un groupe de composés chimiquement apparentés qui sont des polluants organiques persistants dans l’environnement. Dans le monde entier, les dioxines sont présentes dans l’environnement et elles s’accumulent dans la chaîne alimentaire, principalement dans les graisses animales.
  • Plus de 90% de l’exposition humaine passe par l’alimentation, principalement la viande, les produits laitiers, les poissons et les fruits de mer. De nombreuses autorités nationales ont mis en place des programmes pour surveiller l’approvisionnement alimentaire.
  • Les dioxines sont très toxiques et peuvent provoquer des problèmes au niveau de la procréation, du développement, léser le système immunitaire, interférer avec le système hormonal et causer des cancers.
  • En raison de l’omniprésence des dioxines, tous les êtres humains sont confrontés à une exposition de fond qui ne devrait pas avoir d’effet sur la santé. Néanmoins, en raison du potentiel toxique élevé de cette classe de produits chimiques, il faut faire des efforts pour réduire les niveaux actuels de l’exposition de fond.

Il est également précisé que

Plus de 90% de l’exposition de l’homme aux dioxines provient de l’alimentation, principalement de la viande, des produits laitiers, des poissons et des crustacés.

En Allemagne donc, 7 poids lourds ont ainsi amené entre 25 et 27 tonnes de produit chacun, avec 123 nanogrammes de dioxines par kilo, et le résultat a été qu’entre 30.000 et 150.000 tonnes de nourriture animale ont été contaminées, les entreprises ne savant même pas le nombre exact ! En fait, elles ne savent pas grand chose et même s’en moquent : du moment que la machine économique tourne, peu importe ce qui est produit.

Pour savoir ce que représente 150.000 tonnes de nourriture, il faut savoir qu’une poule mange jusqu’à 160 grammes de graines par jour ; il y a 26,4 millions de poules « pondeuses » en Allemagne et 150.000 tonnes représentent 47 jours de nourriture pour ces poules « pondeuses. »

Ce qu’on sait, c’est qu’il est déjà certain qu’au moins 240.000 oeufs ont été contaminés par la dioxine. Quant au sort des animaux, les informations ne filtrent pas, à part une seule comme quoi 8.000 poules auraient été tuées. Mais le flou est entretenu ; pour les médias, les animaux restent des « stocks » tout comme le serait n’importe quel objet.

Il n’y a ici que deux possibilités : soit les animaux sont tués pour avoir à éviter de s’en occuper, soit ils sont nourris en attendant la suite, mais vu le risque qu’ils aient mangé de la nourriture avec de la dioxine, il y a peu de chance que cela se passe comme cela.

Il faut également savoir qu’en Allemagne, la production de viande a pratiquement doublé entre 1997 et 2007, passant à quasiment 900.000 tonnes. L’ouverture de fermes-usines a été grandement facilité, les intérêts publics ne rentrant en compte qu’à partir de 40.000 poules au lieu de 20.000.

Il ne faut pas penser non plus que le « bio » est épargné. Le bio est un business, et on y trouve les mêmes magouilles en amont. Un scandale avait ainsi éclaté en Allemagne au début 2010, du maïs d’Ukraine ayant contenu de la dioxine et contaminé des oeufs bios distribués par Lidl et Aldi.

A partir du moment où il y a un rapport d’exploitation, celui-ci ne peut que se généraliser. L’exploitation des animaux déborde nécessairement sur son environnement ; c’est une question de logique économique, de mentalité, de culture. Si l’on exploite les animaux, pourquoi pas les humains (et inversement) ?

Pour finir, citons de nouveau l’Organisation Mondiale de la Santé, qui présente des cas connus de contamination à la dioxine… Une contamination liée à l’industrie alimentaire fondée sur l’exploitation animale!

Fin 2008, l’Irlande a rappelé des tonnes et des tonnes de viande de porc et de produits dérivés, lorsqu’on a détecté des quantités de dioxines jusqu’à 200 fois plus élevées que la limite de sécurité dans des échantillons de porc. Cette découverte a entraîné l’un des plus gros rappel d’aliments en relation avec une contamination chimique. Les évaluations du risque faites en Irlande n’ont pas mis en évidence de problème pour la santé publique. L’origine de cette contamination a été retrouvée dans l’alimentation contaminée des animaux.

En juillet 2007, la Commission européenne a émis une alerte sanitaire pour ses États membres, après avoir découvert de fortes teneurs en dioxines dans un additif, la gomme guar, utilisée en petite quantité comme épaississant pour la viande, les produits laitiers, les desserts ou la charcuterie. Cette dioxine provenait de la gomme guar importée d’Inde et contaminée par du pentachlorophénol (PCP), un pesticide qui n’est plus utilisé et qui était contaminé par des dioxines.

En 1999, on a trouvé des concentrations élevées en dioxines dans des volailles et des œufs en Belgique. Par la suite, des produits alimentaires à base d’animaux et contaminés par des dioxines (volailles, œufs, porcs) ont été détectés dans plusieurs pays. L’origine en était des aliments pour animaux contaminés par de l’huile industrielle usagée contenant des PCB et éliminée illégalement.

En mars 1998, on a attribué de fortes teneurs en dioxines dans du lait vendu en Allemagne à des pellets d’agrumes, utilisés pour nourrir les animaux et importés du Brésil. L’enquête a abouti à une interdiction de toute importation de pulpes d’agrumes dans l’Union européenne en provenance du Brésil.

Un autre cas s’est produit aux États-Unis d’Amérique en 1997. Des volailles, des œufs et des silures ont été contaminés en utilisant une matière première impure (de la bentonite, parfois appelée «argile plastique») pour fabriquer des aliments pour animaux. Cette argile provenait d’une mine de bentonite. Comme rien n’indiquait que des déchets dangereux avaient été enterrés dans la mine, les enquêteurs pensent que l’origine des dioxines pourrait être naturelle, peut-être à cause d’un feu de forêt préhistorique.

De grandes quantités de dioxines ont été libérées lors d’un grave accident dans une usine chimique à Seveso (Italie), en 1976. Un nuage toxique, comportant de la tétrachlorodibenzo-2, 3, 7, 8 p-dioxine, ou TCDD, a été libéré dans l’atmosphère et a fini par contaminer une zone de quinze kilomètres carrés avec une population de 37 000 habitants.

Des études approfondies sur la population touchée se poursuivent pour déterminer les effets à long terme de cet accident sur la santé de l’homme. Elles se heurtent néanmoins à l’absence d’évaluations suffisantes de l’exposition. On a décelé une augmentation mineure de certains types de cancers et des effets sur la procréation, ce qui fait l’objet d’études complémentaires. On étudie actuellement aussi les effets éventuels sur les enfants des personnes exposées.

La prévention ou la diminution de l’exposition de l’être humain marchent le mieux en prenant des mesures à la source, c’est-à-dire en instaurant un contrôle rigoureux des processus industriels pour réduire dans toute la mesure du possible la formation de dioxines.