The Body Shop : à refuser au nom de l’esprit de la culture végane

Une question nous a été posée au sujet de Body Shop, une question très pertinente. En effet, sur le papier Body Shop doit avoir ses produits listés dans les produits non testés sur les animaux.

Cela fait longtemps que Body Shop revendique le refus de la vivisection, et au sens strict, pris à la lettre, on doit considérer les produits de Body Shop comme Vegan.

Seulement, si l’on considère que le véganisme c’est également un état d’esprit, alors on ne peut que refuser Body Shop, qui s’est vendu à l’Oréal, une véritable machinerie historique de la vivisection en France. C’est en raison de cette perspective que nous refusons the Body Shop.

D’ailleurs, il est désormais absolument évident et totalement indiscutable que l’Oréal a racheté the Body Shop pour ravaler sa façade. C’est d’autant plus évident quand on lit sur le site de Body Shop France (c’est nous qui soulignons):

Comment garantissons-nous que nos produits et ingrédients ne soient pas testés sur les animaux ?

Depuis toujours, The Body Shop est convaincu qu’aucun produit ni ingrédient cosmétique ne doit être testé sur les animaux. Nous n’avons jamais testé nos produits sur les animaux et veillons à ce que nos fournisseurs ne testent pas leurs ingrédients sur les animaux.

Nous nous conformons aux exigences strictes du Standard International sans Cruauté (Humane Cosmetics Standard) établi par l’Union Britannique pour l’Abolition de la Vivisection (BUAV). Notre politique, figurant dans notre rapport d’audit 2008, a été saluée par la BUAV. La même année, nous avons été récompensés pour la seconde fois par la RSPCA (organisme britannique de protection des animaux) pour notre engagement envers la défense des animaux.

Nous sommes fiers de cette valeur et de notre campagne mondiale contre les tests sur les animaux en cosmétique. L’Union Européenne a interdit en 2004 les tests sur les animaux pour les produits cosmétiques finis et en 2009 pour les ingrédients.

De plus, nous soutenons financièrement des organisations militant pour la recherche d’options alternatives à ces tests. Le groupe L’Oréal dont nous faisons partie a permis de grandes avancées dans ce domaine grâce à la recherche et au développement d’EpiSkin – un système de reconstitution de peau humaine en laboratoire. Cette technologie révolutionnaire est désormais utilisée par The Body Shop lorsque cela est possible.

A lire cela, on est dans le meilleur des mondes. Sauf qu’évidemment tel n’est pas le cas. On voit très bien comment the Body Shop, qui se voulait d’une culture « alternative », est devenue le véritable outil de propagande de l’Oréal, un pur faire-valoir.

Il y a en effet une contradiction patente dans les affirmations de Body Shop, surtout entre

Nous n’avons jamais testé nos produits sur les animaux

et

nous soutenons financièrement des organisations militant pour la recherche d’options alternatives à ces tests. Le groupe L’Oréal dont nous faisons partie a permis de grandes avancées dans ce domaine grâce à la recherche

En effet, si the Body Shop n’a jamais fait de tests, alors pourquoi saluer l’Oréal pour des techniques alternatives, puisque celles-ci existent depuis le départ?!

On voit clairement que le bâton est tordu afin que the Body Shop appuie, de toute sa crédibilité historique, l’Oréal!

Rappelons ici notre point de vue au moment du rachat de the Body Shop par l’Oréal :

Boycottons BodyShop !

A la mi-mars 2006 s’est produit ce qui a été une leçon pour toutes les personnes qui croyaient encore au capitalisme à visage humain. « The Body Shop », entreprise de cosmétiques arguant depuis 30 ans du refus des tests sur les animaux et de l’utilisation de produits d’origine animale, s’est vendu au bastion de l’expérimentation animale : l’Oréal.

C’est en effet l’Oréal qui a tout fait pour que soit repoussé l’interdiction européenne de l’expérimentation animale pour les cosmétiques en raison de ses immenses intérêts économiques à produire tout et n’importe quoi pour la « beauté féminine ». L’Oréal teste sur les animaux tout en prétendant le contraire dans ses communiqués de presse, l’Oréal vend des produits issus de l’exploitation animale.

L’Oréal affirme ne pas tester ses cosmétiques depuis 1989, mais explique de l’autre côté qu’elle cessera l’expérimentation d’ici 20 ans! Comprenne qui pourra… En tout cas Nicolas Hulot comprend, lui, puisque sa fondation est financée par l’Oréal et diffuse le mythe comme quoi l’Oréal « ne teste plus »…

Comme les experts financiers l’expliquent, « L’opération va permettre à L’Oréal de se positionner sur les produits éthiques, en forte croissance, sur lequel il n’était pas présent ». Cette démarche cynique de la multinationale est évidemment totalement calculée, puisque l’Oréal avait déjà acheté Skin Ethic, un laboratoire spécialiste des tests sur de la peau fabriquée de manière synthétique.

Et l’hypocrisie lucrative de la fondatrice de Body Shop est également de mise : Anita Roddick va jusqu’à prétendre que les amiEs de la cause animale vont se reconnaître dans l’Oréal!Elle aurait pu le vendre plus cher, mais elle a choisi l’Oréal : « Nous aurions pu nous tourner vers un capital-risqueur qui nous aurait peut-être offert cinq pence (par action) de plus mais je n’en suis pas sûre. Je voulais simplement être certaine que nos salariés seraient heureux (…) et que la communauté dont nous tirons nos revenus sera fière de nous ».

La fondatrice de Body Shop a même expliqué : « Laissez-moi vous dire comment font les Français pour vous séduire. Ce sont les plus sacrés séducteurs du monde. Ils sont charmants, ils sont bien élevés, ils vous complimentent et vous flattent. »

Le chef depuis 1988 de l’Oréal, Lindsay Owen-Jones, a salué ces déclarations de la fondatrice et s’est montré heureux que l’Oréal « soit le gardien futur de la marque qu’elle a fondée ». Les animaux apprécieront – surtout quand on sait que l’Oréal dépense chaque année en « recherches » (donc en tests) ce que les recherches alternatives à l’expérimentation animale ont dépensé en plus de vingt années…

La réaction à cette vente a montré également qu’il y a deux camps. Il y a ceux qui comme la Coalition européenne pour mettre fin à l’expérimentation animale n’appelle pas « pour l’instant » à boycotter The Body Shop, parce que a priori les méthodes éthiques ne seront pas remises en cause. Et il y a ceux qui savent que l’argent ira dans les poches de l’Oréal, qui savent que The Body Shop va avoir accès aux tests et aux programmes de l’Oréal.

Le boycott est ainsi général en Angleterre et notamment appelé par Uncaged ou NatureWatch; une chose totalement normale pour qui n’est pas naïf devant les profits des multinationales et la culture qu’elles engendrent.

On voit bien la différence qui existe ici entre être une vision restreinte du véganisme qui en fait le minimum et se contente de suivre « à la lettre »… et une culture végane authentique, qui ne se laisse pas avoir par les tentatives d’intégration à la sauce l’Oréal ou tout récemment version TF1 !