Un après le début du procès en Autriche, la fin est programmée pour avril

Le procès des activistes en Autriche prend une tournure positive. Paradoxalement, cela passe par l’annonce de la juge hier de vouloir terminer le procès en avril.

Elle devait écouter un vétérinaire institutionnel devant expliquer si la libération des cochons pouvait… être de la maltraitance ! Au lieu de cela, donc elle a annoncé la fin du procès pour avril.

On ne connaît pas ses motivations, mais en tout cas apparemment l’une des conséquences est que… elle n’écoutera pas les 300 témoins appelés à la barre par la défense.

Sur le papier, cela ressemble à un acte autoritaire supprimant les droits de la défense, dans un procès comme celui raconté par Kafka. Mais en fait, le rapport de force est tel que la loi devrait être suivie, et que donc il y aura acquittement – s’il y avait des condamnations, le procès pourrait être cassé justement pour vice de forme parce que les droits de la défense ont été bafoués.

L’État a d’ailleurs obtenu ce qu’il voulait : le procès dure depuis une année déjà, il a commencé le 2 mars. Plus de 100 personnes sont passées à la barre, il y a 75 jours de procès, tout cela donc pour que les 13 personnes inculpées d’association mafieuse se retrouvent donc vraisemblablement libres.

Mais cela aura permis que le mouvement a été criminalisé, les activités paralysées, beaucoup d’énergie et d’argent ont été dépensés, etc. Cela a servi en quelque sorte de « leçon. » Le véganisme prenant pied dans la société, tout a été stoppé, par la force.

L’État n’a ici pas lésiné : 35 policiers avaient enquêté pendant trois années et demi (!!), surveillant 16 associations et 267 personnes rien qu’en 2008 ; le procès lui-même a bien coûté deux millions d’euros, et peut-être davantage car 10 personnes ont passé 104 jours en préventive, et auront droit à un dédommagement si on ne trouve pas un crime à leur imputer…

Car les activistes ont réussi, malgré tout, à faire pencher la balance de leur côté. Les Verts (un équivalent de l’extrême-gauche ici en France), puis même le Parti Social-démocrate (qui serait proche de Martine Aubry ici, pour comparer), ont résolument pris partie contre la loi anti-mafia et la criminalisation des activistes.

Ce procès est devenu un symbole, il commençait à couper le pays en deux, et donc étant donné qu’il a suffisamment servi, il va être arrêté.

Naturellement, il faudra du temps pour les activistes en Autriche pour se relancer. Ils exigent déjà l’interdiction des cases individuelles pour les cochons, en compensation pour le « temps perdu » avec le procès.

En fait, ce principe du « temps perdu » montre bien que dans la logique de la principale association autrichienne, VGT (association contre les usines à animaux), il va y avoir une évolution graduelle, quasi automatique (c’est le point commun des « welfaristes », c’est-à-dire les défenseurs du « bien-être » conquis pas à pas, et des « abolitionnistes », VGT étant entre les deux, penchant plutôt vers les premiers).

C’est évidemment une erreur, car des intérêts économiques très puissants ne toléreront pas une remise en cause de leurs bénéfices et de l’exploitation animale. Sans parler des esprits conservateurs qui veulent le respect des « traditions » culinaires et vénèrent le « terroir. »

A un moment donné, sans projet global – pour nous la libération animale se conjuguant à la libération de la Terre – on se retrouve coincé, face à un État répressif et une société bloquée.

Naturellement, en France on en est même pas là. La société se bloque pour ainsi dire d’elle-même, dès le départ. Le véganisme apparaît immédiatement comme « scandaleusement » subversif. C’est à la fois une force et une faible…

Et en tout cas cela ne change rien au fait que l’Etat français, le cas échéant, sera aussi répressif, pratiquant surveillance complète et répression même sans preuves, que l’Etat autrichien.