EELV : absence de sérieux, tout cela au nom des élections

Alors que la catastrophe de Fukushima continue de manière terrible (La situation est en train d’empirer de manière très importante, avec très vraisemblablement une réaction en chaîne périodique dans le réacteur numéro 1), on ne peut que penser plein de mal de ce qui se passe à Europe Ecologie – les Verts (EELV).

En 2002 déjà, le « duel » entre Alain Lipietz et Noël Mamère avait été meurtrier pour la mise en avant de l’écologie. Presque 10 ans après, rien n’a changé, entre cette fois Nicolas Hulot et Eva Joly.

Déjà que EELV se moque totalement des animaux, si en plus il n’y a même pas la mesure de l’urgence de la situation pour la planète, que penser ? Il est vrai que quand on sait ce que fait sa responsable Duflot (partir en train à la conférence de Copenhague, devant les médias, pour revenir discrètement en avion le lendemain)…

Et que dire de Nicolas Hulot ? Nous ne parlons même pas ici de son histoire (TF1, le business Ushuïa, etc.) mai de sa position par rapport à EELV. EELV a en effet décidé que la primaire en son sein, pour désigner la personne candidate à la présidentielle, serait en juin.

Cela ne plaît pas à sa seigneurie Hulot, qui se veut au-dessus de tout, et qui « se tâte » désormais pour aller en solo à la présidentielle (tout en se déclarant plus ou moins au dernier moment).

On reconnaît là une démarche personnelle, dans le prolongement de son parcours. Revenons sur quelques faits, rappelés tout récemment par la revue l’Express dans l’article Ushuaïa, le label Hulot certifié 100 % rentable :

« L’émission « Ushuaïa nature » est coûteuse à fabriquer [1 million d’euros par épisode], explique Hubert Taieb, directeur général adjoint de TF 1 Entreprises, la filiale de la chaîne de télévision qui possède et exploite le label écolo depuis le début des années 90. Il n’est pas anormal que l’on cherche à rentabiliser un investissement aussi lourd. »

Résultat : TF 1 a cédé en quinze ans la licence d’exploitation à plus d’une quinzaine de sociétés (L’Oréal pour les cosmétiques, Atol pour la lunetterie, Rhonetex pour les vêtements, Lexibook pour l’électronique grand public, Quo Vadis pour la papeterie…) et cautionné ainsi la commercialisation d’une soixantaine de produits dérivés en France. En jouant, même si la chaîne s’en défend, sur l’identification Ushuaïa-Nicolas Hulot pour les consommateurs.

Seule condition à respecter pour les heureux exploitants de la marque aux reflets verts : respecter l’esprit de l’émission de télévision, le navire amiral, à savoir la « naturalité éthique ». Avec plus ou moins de succès ! Si les gels douches Ushuaïa font un tabac dans les linéaires des grandes surfaces, les bâtons d’encens du même nom ont été retirés de la vente fin 2004 après que le magazine Que choisir a révélé qu’ils présentaient un risque cancérigène.

Pour éviter que de telles situations se reproduisent, TF 1 finalise une charte d’utilisation pour mettre en place des « obligations en matière de développement durable » qui seront annexées aux contrats de licence. Quoi qu’il en soit, l’opération est plus que rentable : TF 1 estime à… 100 millions d’euros le chiffre d’affaires annuel généré par tous les produits griffés Ushuaïa.

Le succès des produits dérivés ne se démentant pas, TF 1 continue d’exploiter le filon de l’émission (8 millions de téléspectateurs le mercredi soir quatre fois par an, un tiers de part d’audience). Outre les CD musicaux et les DVD des émissions, elle a trouvé deux nouvelles déclinaisons à fort potentiel.

D’une part un trimestriel, Ushuaïa magazine, lancé mi 2004 et vendu à 100 000 exemplaires, selon TF 1. Paraissant en fonction de la diffusion de l’émission, il fait bonne place aux autres produits dérivés de la marque. D’autre part, une chaîne de télévision, Ushuaïa TV, qui émet depuis mars. Diffusée sur le bouquet satellite TPS (détenue à 66 % par TF 1), elle propose des documentaires et diffuse une fois par jour d’anciennes émissions de son animateur casse-cou.

Pour chacune des déclinaisons de la marque, Nicolas Hulot n’a pas son mot à dire, mais il assume : « TF 1 décline des produits dérivés qui permettent à l’émission de télé d’être financée. Au début, j’ai été surpris par cette stratégie, mais je m’y suis fait. Cela ne me choque plus du moment que je garde le contrôle du contenu de l’émission et ma liberté de parole. »

Une liberté de parole financée par les grands groupes industriels, cela n’existe pas. Si des groupes comme EDF, TF 1, Bouygues Télécom, Duracell ou Rhône-Poulenc financent la « Fondation pour la nature et l’homme » ce n’est pas pour rien.

Il est évident que si Hulot agit de manière aussi individualiste par rapport à l’écologie ou l’EELV, c’est qu’il baigne dans une idéologie individualiste sans valeurs.

Quant à EELV, ce n’est plus qu’une machine électorale. Au point que le 1er avril, José Bové et Daniel Cohn-Bendit ont publié dans le quotidien Libération une sorte de « manifeste. »

Y est-il parlé de contenu ? Pas du tout. C’est juste le style d’EELV qui est critiqué. A la place d’une alliance trop directe avec le Parti Socialiste, les deux carriéristes proposent cela :

Depuis 2008, jamais peut-être notre nouveau mouvement n’a été en aussi grand danger, malgré ses succès et l’indéniable place qu’il a su occuper dans le paysage politique français et européen.

Notre mouvement s’agrandit, il s’implante, il gagne de nouveaux responsables, de nouveaux adhérents. Les campagnes de terrain portent leurs fruits. Nos idées et nos valeurs progressent. La coopérative de l’écologie politique se développe et, avec elle, le réseau de nos ressources partagées.

Mais les projets nouveaux se heurtent aux anciennes ambitions. Les vieilles habitudes, celles qui faisaient de l’écologie l’aiguillon des bonnes consciences de gauche ou de droite, le supplétif électoral d’une gauche à bout de souffle, entravent aujourd’hui les forces de l’espérance. La gestion de l’appareil, pour nécessaire qu’elle soit, prend le pas sur le projet et sur l’élaboration collective. Et comme si nous étions déjà un vieux parti, les conflits individuels menacent de l’emporter sur le combat commun.

Nous voulons un mouvement à la hauteur des enjeux du temps. Nous voulons une grande coopérative de l’écologie politique, autonome, bien en phase avec la société civile, capable d’assumer sa diversité et les débats qui naissent en son sein. Les associations citoyennes, les syndicalistes, les ONG et les plates-formes qu’elles constituent, les scientifiques et plus généralement les intellectuel(le)s et les artistes, les éco-innovateurs, le réseau social des experts, des entreprises ou les responsables des expériences de «transition», doivent trouver dans notre mouvement des moyens et des services mutualisés, à la mesure de leurs engagements et de leurs compétences.

Quand on a pas de contenu mais qu’on veut être « calife à la place du calife », on parle de « démocratie » sans préciser aucun contenu.

Et ne parlons pas de la ridicule prétention comme quoi EELV aurait une place dans le paysage politique français et européen. Les verts français sont extrêmement loin de la culture des Verts comme en Allemagne, malgré le fait qu’eux aussi ait choisi l’option électorale (c’était le triomphe des « realos » contre les « fundis »).

Quant à la « société civile » en Allemagne, elle n’hésite pas à assumer les clash, comme lors du mouvement contre le CASTOR.

EELV a une identité bobo, sans contenu ; c’est un parti de carriéristes désireux de gérer tranquillement la société pour que rien ne change fondamentalement, en verdissant un peu quelques quartiers.

Finissons sur une phrase de Jean-Paul Besset, député européen d’Europe Ecologie-Les Verts et ancien porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot :

« Humble, généreux et modeste… Hulot sera un animal politique singulier. Cela nous changera du zoo habituel. »

Au-delà de la question de l’humilité d’une personne médiatique gagnant plus de 30 000 euros par mois, peut-on, en ce début du 21ème siècle, parler de manière aussi détachée des zoos, symbole de l’exploitation animale et de la destruction des écosystèmes ?

Nous ne le pensons pas !