EELV : résultats des votes internes et tripatouillages électoraux

Les « résultats officieux définitifs » (sic!) sont tombés chez Europe Écologie – les Verts, suite aux votes des délégués pour le congrès qui aura lieu du 3 au 5 juin.

Quatre motions se concurrençaient, voici donc leur présentation et leurs résultats.

« Construire l’écologie pour toutes et tous »

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C’est la motion portée notamment par José Bosé et Daniel Cohn Bendit, un Cohn-Bendit qui a très mal pris les résultats, au point d’affirmer que désormais il ne serait plus qu’un « coopérateur » d’EELV.

Il est vrai qu’avec 26,24 %, Cohn-Bendit n’est pas en position de force et devrait donc refaire de la « politique », ce qu’il ne veut surtout pas faire, pas plus d’ailleurs que lancer une bataille pour le contenu. Il se met donc de côté.

Il annonce déjà, ceci dit, une nouvelle campagne pour l’automne, avec José Bové… Avec, on peut en être certain, une tentative de court-circuiter par en haut l’appareil d’EELV.

En arrière-plan, il y a bien entendu la question Hulot, encore en suspens. Si Hulot passe, EELV est en tant que tel débordé, et Cohn-Bendit pourrait se relancer…

Ce que Hulot a bien compris et s’est illico empressé de rappeler, en précisant hier aux journalistes : « Je lui ai dit et redit que j’ai besoin de lui », « Ce n’est pas le moment de se passer de Dany et réciproquement »…

«Maintenant ! L’écologie !»

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Pour Cécile Duflot, c’est le triomphe. Avec 50,61 % des voix, sa motion est en tête et majoritaire. Une motion qui rassemble ce qu’on peut appeler les « technocrates » d’EELV, sur ce point Cohn-Bendit voit bien les choses.

Car cette motion rassemble ceux pour qui rien ne doit changer, EELV pouvant tourner en roue libre tout en restant dans l’orbite du Parti Socialiste. Cette motion est un savant bricolage entre d’anciens carriéristes et de nouveaux carriéristes, avec une bataille pour les places et pour être bien placé dans l’organigramme.

EELV serait une sorte de parti de propositions vaguement alternatives, tournées vers l’écologie, bref un parti de bobos, comme à Montreuil en banlieue parisienne avec Dominique Voynet. Cette victoire arrange évidemment le Parti Socialiste, et institutionnalise EELV.

«Envie»

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Avec 18,74 % des voix, cette motion montre la faillite d’une conception de « l’écologie sociale. » Car ici il y a du contenu, une sorte d’esprit alternatif de gauche, de type altermondialiste voire décroissant. Mais comment faire passer le message entre les motions de Duflot et Cohn-Bendit ?

Il ne suffit pas de dire « Nous voulons ! une écologie de rupture, de transformation et de transition, ancrée dans les territoires, porteuse d’émancipation, créatrice de nouvelles valeurs, une écologie d’alternatives. Héritiers/es des valeurs de gauche, nous ne voulons pas d’une écologie d’alternance soluble dans le social-libéralisme, ni d’une écologie marketing électoraliste. »

Ni de dire que « La montée de l’abstention et les résultats du FN révèlent un profond désarroi et, bien au-delà du rejet de la politique de Sarkozy, le besoin d’un autre projet de société. »

Car, où est le contenu ? Expliquer que l’on veut une écologie « populaire, non productiviste, anticapitaliste » n’a aucun contenu, d’ailleurs une partie de l’extrême-droite raconte la même chose.

Quant aux mesures sociales, ce sont les mêmes que le programme commun de 1981, alors quelle est la dimension écologiste ?

Il n’est donc pas difficile de voir que si Duflot prône l’alliance avec les socialistes, cette motion prône une alliance « plus à gauche. » Mais le fond est le même : pas un mot pour les animaux, aucune urgence juste des appels à une gestion « meilleure », aucune revendication pour que la nature reprenne ses droits, aucune attaque frontale contre l’idéologie de l’exploitation animale, etc.

La nature et les animaux, pour résumer, ne sont pas du tout pris en compte.

«Objectif terre»

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Cette motion est grosso modo la même que la précédente : là aussi on veut une sixième république, une vraie démocratie, du social, un système de santé performant, combattre les effets négatifs de la mondialisation, etc.

Ses représentants se présentent souvent comme des « anciens » des années 1970, un peu comme s’il s’agissait d’une sorte de recyclage de l’extrême-gauche de cette époque là. D’ailleurs, cette motion est portée par « Utopia » qui est en même temps actif dans le PS, le Parti de Gauche, le NPA, etc.

La motion n’a par contre obtenu que 4,37 %. Ce n’est guère étonnant, puisque le discours est finalement le même qu’une autre motion, l’identité EELV en moins !

Donc finalement, on peut voir qu’aucune motion d’EELV ne prend en compte la question animale, sans même parler dans le sens de la libération animale. Rejetant la nature, les motions d’EELV ne comptent donc aucunement remettre en cause le paysage français et redonner ses droits à la vie sauvage.

Quant à la « décroissance », c’est une idéologie qui finalement, par le même rejet de la nature, ne traite que la question du « productivisme » et veut en fait retourner en arrière, sans plus.

EELV ne voit donc même pas notre planète, elle ne voit ni le bleu, ni le vert…