Donald Trump déclare la guerre à la Nature

Donald Trump a tenu un discours hier où il a été tout fier de dénoncer les accords de la COP 21, les « accords de Paris ».

C’est ni plus ni moins qu’un acte de guerre : les États-Unis représentent 19 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ce qui fait qu’on devine aisément les conséquences…

Ne nous voilons pas la face : le temps commence à être compté.

La défense de la Nature et des animaux n’a aucun sens si les destructions deviennent exponentielles.

Emmanuel Macron a bien pu répondre dès hier soir par un petite vidéo où il affirmait même « Make our planet great again » («Rendons sa grandeur a notre planète»), par opposition au « Make America great again », ce ne sont que des mots car les faits sont là.

La consommation de « viande » explose à l’échelle mondiale, la déforestation continue avec son ampleur terrifiante, le refus de la Nature reste général par une humanité anthropocentriste, et voilà que la première puissance économique du monde a placé à sa tête un fou furieux niant le réchauffement climatique.

Le Figaro donne une anecdote en disant long à ce sujet :

La scène se déroule le 8 février 2016 à Manchester, dans le New Hampshire… dans un autre siècle.

Deux mois plus tôt, le président des États-Unis, Barack Obama, venait de parapher l’accord de Paris sur le climat, et Donald Trump n’était encore qu’un électron libre à la popularité grandissante.

Dans le Palais des congrès surchauffé où se pressent 5000 à 6000 inconditionnels, le trublion new-yorkais fait une apparition tardive.

Les congères et le blizzard ont contrarié son arrivée par la route. Faisant mine d’épousseter son costume bleu nuit impeccable, Trump se gausse: «Alors il est où le réchauffement climatique dont “ils” parlent tant? On en aurait bien besoin, là maintenant!»

2016 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée et en 2017, Donald Trump fusille publiquement un accord au sujet du réchauffement climatique, devant toute la presse mondiale.

Et en fait rien n’a changé, puisqu’il s’agit de la défense d’un mode de vie, ainsi que d’intérêts économiques. La Croix note cette continuité :

1992. À Rio, les négociations sont lancées en vue d’un accord mondial sur le climat qui passe par la réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Le mode de vie américain ne se négocie pas. Point final », déclare George H. Bush.

1997. Pour Washington, les pays en développement doivent assumer une part du fardeau. Le traité de Kyoto, signé par le vice-président démocrate Al Gore, est du coup rejeté par le Sénat. Le protocole de Kyoto entrera en vigueur en 2005 sans les États-Unis.

2007. À Bali, alors que la délégation américaine est huée, un « plan d’action » fixe l’objectif d’un accord mondial en 2009. Mais la COP de Copenhague, cette année-là, est un échec.

2015. Les États-Unis de Barack Obama jouent un rôle moteur dans l’adoption de l’accord de Paris, qui allie principes contraignants et « contributions » nationales sur la base du volontariat.

2017. Le 1er juin, après avoir fait de la sortie de l’accord de Paris un argument de sa campagne électorale, Donald Trump rend publique sa décision.

Le Parisien souligne l’importance des intérêts économiques dans la décision de Donald Trump :

La puissante US Chamber of Commerce, plus grande fédération patronale du monde, arguait que la mise en place de l’accord coûterait plus de 3.000 milliards de dollars à l’économie américaine d’ici à 2040.

L’organisation politique conservatrice Americans for Prosperity, financée par les frères milliardaires Koch, à la tête d’un empire industriel et chimique, soutenait aussi le retrait, tout comme des dizaines de groupes conservateurs, qui eux-mêmes financent largement les campagnes des républicains.

Il faut lutter! Il ne faut pas que des nations se mettent en avant, il ne faut pas que des individus se mettent en avant, il faut la Nature avant tout!

Concluons donc sur l’image du dernier numéro de la revue d’Earth first ! aux Etats-Unis.

Donald Trump s’y fait symboliquement attaquer par des animaux. Le tuyau est une allusion aux autorisations faites par le président américain de construire un oléoduc géant appelé Keystone XL, reliant les champs de sable bitumineux de la province canadienne de l’Alberta au golfe du Mexique, ainsi que l’olédoc Dakota Access du Dakota du Nord à l’Illinois.

Nicolas Hulot, ministre d’État de la Transition écologique et solidaire

En acceptant d’aller dans le gouvernement organisé par le nouveau président Emmanuel Macron, Nicolas Hulot a tourné plusieurs pages.

Celle de sa vie personne, déjà, puisqu’il a refusé à de nombreuses reprises d’être ministre, disant non à Jacques Chirac, puis Nicolas Sarkozy et François Hollande.

Désormais ministre d’État de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot a fait le grand saut.

Il a rompu avec une attitude « apolitique » dont une expression est notamment la Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l’homme.

Même si, bien sûr, il n’a jamais été loin de la politique, puisque à partir de 2012 et pour plus de trois ans, il a été « envoyé spécial pour la protection de la planète », acceptant la proposition de François Hollande.

Un an auparavant, il avait d’ailleurs perdu la primaire présidentielle écologiste face à Eva Joly.

Mais le parcours du présentateur des émissions télévisées Ushuaïa et Ushuaïa nature n’est que très secondaire (on peut lire ici un large résumé de sa vie avant d’être animateur).

Ce qui compte, c’est ce qu’il représente : l’écologie sous forme de la préoccupation. C’est pour cela qu’il est apprécié en France, dans la mesure où il n’engage à rien, propose seulement d’améliorer, de ne pas dénoncer, de suivre une transition écologique considérée comme tout à fait logique sur le plan de la raison.

C’est d’ailleurs le même discours de L214 au sujet du véganisme. C’est apolitique, sans aucune grille d’analyse sociale, culturelle, économique, etc. C’est bon enfant, entièrement soumis aux institutions, sans esprit de rupture, etc.

Le message de Nicolas Hulot sur les réseaux sociaux reflète cet esprit.

En ce sens, Nicolas Hulot tourne une seconde page, celle de l’écologie sans la Nature. Il va montrer que les préoccupation environnementales sont totalement insuffisantes, qu’elles sont vaines.

Soit en effet on reconnaît que la planète est un ensemble vivant, et on rejette l’anthropocentrisme, interdisant les comportements erronés…

Soit on ne le fait pas et on essaie d’accompagner le monde actuel, pour le forcer à « gérer » de manière plus efficace.

Le souci étant alors bien sûr que la crise écologiste ne se laisse pas « gérer ». Elle exige une transformation complète des mentalités humaines, des pratiques.

Or, cela va de pair avec la reconnaissance de la Nature et l’arrêt des attitudes égoïstes, égocentriques, individualistes, nationalistes.

Cela veut dire raisonner à l’échelle planétaire, en plaçant l’humanité au service de la Nature, en acceptant le principe d’un bonheur naturel.

Ce n’est pas du tout la ligne d’Emmanuel Macron, rien que par exemple avec la procréation médicalement assistée (PMA). Le gouvernement veut la légaliser, ce qui accorderait le principe du « droit à l’enfant ».

C’est un très bon exemple de négation de la Nature, au nom de la toute-puissance du « choix » individuel.

De plus, les couples gays – ou même des individus – pourraient alors demander la légalisation de la gestation par autrui (GPA), au nom de l’égalité des droits.

Au cours de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a d’ailleurs affirmé qu’il était nécessaire de reconnaître la filiation à l’état civil français des enfants issus de la GPA nés à l’étranger.

Tout en disant qu’il n’était pas pour la légalisation de la GPA… Quelle hypocrisie !

Et là est le fond du problème de l’écologie en France : la question de la Nature est primordiale, mais le cartésianisme est partout, et empêche l’émergence d’une révolte contre l’individualisme, le sentiment de toute-puissance du « choix ».

Nicolas Hulot, en s’imaginant pouvoir changer les choses sans remise en cause de cette situation, échouera donc inévitablement et cela sera une leçon à tirer !

L’écologie, c’est maintenant ou jamais !

Mieux vaut Emmanuel Macron que Marine Le Pen, cela ne fait aucun doute : le nationalisme exacerbé empêcherait toute critique allant à l’encontre des « intérêts » de la France.

Mais il ne faut pas de voiler la face : l’écologie a connu avec les élections présidentielles une opération de liquidation. La question n’a d’ailleurs tout simplement pas existé entre le premier et le second tour!

« Présidentielle 2017: l’écologie, grande absente du second tour » disait RFI, « L’écologie, grande absente de la campagne d’entre-deux-tours » expliquait Le Monde, « Présidentielle: L’écologie, absente du débat entre Macron et Le Pen » expliquait BFMTV

« Présidentielle : l’écologie, grande perdante du second tour » affirme Europe 1, alors que même Capital s’étonnait (« L’écologie, la grande oubliée de Marine Le Pen et Emmanuel Macron »).

Il est intéressant de voir comment la chef du service politique de France 2 e Nathalie Saint-Cricq, qui avait coanimé le débat entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, explique l’absence de l’écologie comme thème :

« Le problème de l’écologie devait être traité en fin d’émission, c’est pour ça que nous n’avons pas pu l’aborder. »

En fin d’émission. L’écologie devait ainsi, au bout de deux heures, être abordé rapidement, juste pour la forme. Cela veut tout dire.

Mais était-ce bien différent au premier tour ? Jean-Luc Mélenchon a tenté de s’approprier l’écologie, n’hésitant pas à parler favorablement du véganisme, alors que son programme propose de généraliser l’aquaculture.

La vérité, c’est que les gens en France ne sont pas prêts à « casser la baraque ». Tant mieux, car si c’était pour aller en ce sens avec Marine Le Pen…

Cependant, en même temps, cela veut dire qu’il n’y a pas d’énergie, pas d’engouement, seulement des modes ou des initiatives personnelles selon des ressentis, des intuitions.

Ils ne sont pas prêts à changer de mode de vie. Ils considèrent que ce n’est pas raisonnable, qu’il ne faut pas être « excessif », mais se cantonner à sa propre vie immédiate.

Cela reste très égocentrique, sans doute justement à l’image d’une importante conseillère d’Emmanuel Macron, Axelle Tessandier.

Cette ancienne startupeuse adepte du yoga, originaire du 16ème arrondissement de Paris, végétarienne (Le Monde en fait de manière erronée une végane), exprime bien les choses quand elle dit dans Les Echos :

« J’ai vécu à Berlin, j’ai monté ma boîte à San Francisco et je suis végétarienne. Donc on dira que je suis un produit de la mondialisation heureuse…

Je déteste qu’on mette les gens dans des cases comme ça. Ce que j’aime chez Emmanuel, c’est justement qu’il parle tout le temps de la vérité de l’individu, qui est bien plus complexe. »

L’écologie, c’est donc maintenant ou jamais. Tout comme le véganisme. Car si jamais l’écologie et le véganisme deviennent des valeurs de la « mondialisation heureuse », les gens feront en France comme ils ont fait aux États-Unis avec Donald Trump : ils rejetteront le tout…

Si jamais le véganisme apparaît comme un aspect du mode de vie hipster, si jamais l’écologie n’apparaît que comme variable d’ajustement dans le cadre de l’économie, alors tout est perdu!

Discours de Severn Cullis-Suzuki au sommet de la Terre en 1992

Nous sommes en 1992, au sommet de la Terre à Rio de Janeiro, au Brésil. Le dernier jour, la parole est donnée de manière inopinée à une jeune fille de douze ans, Severn Cullis-Suzuki.

Elle tint alors un discours au nom de l’Environmental Children’s Organisation, que voici.

Je suis Severn Suzuki et je représente l’E.C.O ; L’organisation des Enfants en défense de l’Environnement.

Nous sommes un groupe d’enfants canadiens, de l’âge de 12 à 13 ans essayant de faire des efforts, Vanessa Suttie, Morgan Geisler, Michelle Quigg et moi.

Nous avons réunis tout l’argent pour venir par nous-mêmes pour faire 5000 miles afin de vous montrer que vous devez changer votre façon de faire. En venant ici aujourd’hui, je n’ai pas besoin de déguiser mon objectif.

Je me bats pour le futur. Perdre mon futur n’est pas pareil que de perdre des élections… ou quelques points de la Bourse.
Je suis ici pour parler au nom de toutes les générations à venir.
Je suis ici pour parler au nom des enfants affamés de partout dans le monde, dont les cris ne sont pas entendus.

Je suis ici pour parler au nom des innombrables animaux qui meurent parce qu’ils n’ont pas d’autre endroit où aller

J’ai peur d’aller au soleil dehors maintenant à cause du trou dans la couche d’ozone.

J’ai peur de respirer l’air car je ne sais pas quelle substance chimique il contient.

J’avais l’habitude d’aller pêcher à Vancouver, mon lieu de naissance, avec mon père, il y a juste quelques années en arrière jusqu’à ce qu’on trouve un poisson atteint du cancer

Et désormais nous entendons parler d’animaux et de plantes qui s’éteignent tous les jours, perdus à jamais.

Dans ma vie, j’ai rêvé de voir de grands troupeaux sauvages, des jungles, des forêts tropicales pleines d’oiseaux et de papillons.

Mais aujourd’hui je me demande si ces forêts existeront toujours pour que mes enfants puissent les voir. Vous préoccupiez-vous de ces choses lorsque vous aviez mon âge ?

Toutes ces choses passent devant nos yeux et pourtant nous continuons à agir comme si nous avions tout le temps souhaité et toutes les solutions.

Je suis seulement une enfant et je n’ai pas toutes les solutions mais j’aimerais que vous réalisiez que vous non plus !
Vous ne savez pas comment réparer la couche d’ozone
Vous ne savez pas comment ramener le saumon dans les eaux polluées.

Vous ne savez pas comment ramener à la vie les animaux désormais éteints et vous ne pouvez pas ramener les arbres des zones qui sont maintenant dans les déserts.

Si vous ne savez pas comment réparer tout ça, s’il vous plaît, arrêtez la casse !

Ici, il y a des délégués, des gouvernements, des businessmen, des PDG, des journalistes et des politiciens mais réellement, vous êtes pères et mères, frères et soeurs, oncles et tantes et vous êtes TOUS certainement des enfants.

Je suis seulement un enfant. Pourtant je sais que nous faisons tous partie d’une famille forte de 5 milliards de personnes, en fait 30 millions d’espèces… et les gouvernements ne changeront jamais cela.

Je suis seulement un enfant et pourtant je sais que le problème nous concerne tous, et nous devrions agir comme un seul monde vers un seul but.

Malgré ma colère, je ne suis pas aveugle. Et malgré ma peur, je n’ai pas peur de changer le monde comme je le sens.

Dans mon pays, nous faisons tant de gaspillage, achetant et jetant, achetant et jetant et pourtant les pays du Nord ne partagent pas.

Même quand nous avons plus que suffisamment, nous avons peur de partager, nous avons peur de perdre un petit peu de notre richesse.

Au Canada, nous menons une vie privilégiée avec de la nourriture, de l’eau et un abri. Nous avons des montres, des vélos, des ordinateurs et des télés.

Il y a deux jours, ici au Brésil, nous avons été choqués en passant du temps avec les enfants qui habitent dans la rue.

Voici ce qu’un de ces enfants nous a dit : J’aimerai être riche et si je l’étais, je donnerai à tous ces enfants de la nourriture, des vêtements, des médicaments, un abri, de l’amour et de l’affection.

Si un enfant dans la rue qui n’a rien est partant pour partager, pourquoi nous qui avons tout sommes si avares ?

Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il est un enfant de mon âge et que ça fait une immense différence où on naît, que je pourrai être un de ces enfants vivant dans les favelas de Rio
Je pourrai être un enfant mourant de faim en Somalie ou victime de la guerre au Moyen-Orient ou un mendiant en Inde.

Je suis seulement un enfant, pourtant je sais… que si tout l’argent dépensé en guerres était utilisé pour trouver des réponses aux problèmes d’environnement, à en finir avec la pauvreté,

Quel endroit merveilleux cette Terre serait !

A l’école, même dans un jardin d’enfant, on apprend comment se comporter dans le monde, vous nous apprenez à ne pas nous battre entre nous, à travailler dur, à respecter les autres, à faire son lit, à ne pas blesser d’autres créatures, à partager sans avarice.

Alors, pourquoi sortez-vous et faites-vous les choses que vous nous dites de ne pas faire ? !

N’oubliez pas pourquoi vous assistez à ces conférences, pour qui vous le faites.

Nous sommes vos propres enfants.

Vous décidez dans quel genre de monde nous allons grandir.
Les parents doivent être capables de consoler leurs enfants en disant : « Tout ira bien », « Ce n’est pas la fin du monde, et nous faisons du mieux que nous pouvons ».

Mais je ne pense pas que vous pouvez encore nous dire ça.
Sommes-nous seulement dans vos listes de priorités ?

Mon père disait : « tu es ce que tu fais pas ce que tu dis »

Bien, ce que vous faites me fait pleurer la nuit. Vous continuez à nous dire que vous nous aimez

Mais je vous mets au défi, s’il vous plaît, Faites que vos actions reflètent vos mots. Merci

L’écologie « véritable » de Marine Le Pen

« Une grande absente de cette campagne, c’est l’écologie » : c’est tout à fait vrai, ces élections sont en total décalage avec ce qui est nécessaire. Le paradoxe, c’est que c’est Marine Le Pen qui le dit, dans un long article intitulé « Pour une véritable écologie« , alors qu’elle-même a une démarche étroite d’esprit opposé à l’écologie.

Car l’écologie véritable, ce n’est pas retourner en arrière, idéaliser le terroir comme c’était largement le cas dans les années 1930, avec sa horde de penseurs et de philosophes exprimant une nostalgie pour un passé supposé merveilleux.

Marine Le Pen se rattache de manière résolue à cet esprit des années 1930, quand elle affirme :

« Face à moi, le banquier Macron se désintéresse totalement de l’environnement, lui pour qui la nature est un outil au service de la production mondialisée.

Pour lui, l’animal n’est qu’un instrument à exploiter. La terre n’est qu’une matière première qui doit cracher du profit. »

Avant, tout était différent ! Soit disant différent, bien sûr, parce que là on a le même discours que celui des zadistes, ou même que Jean-Luc Mélenchon.

Avant tout était mieux, les choses allaient moins vite… L’exploitation animale était « humaine », la paysannerie une force tranquille…

On remarquera que ce discours nostalgique peut aller de pair avec un esprit de modernisation forcenée. Jean-Luc Mélenchon veut ainsi développer l’aquaculture, et regardons ces quelques photos de Marine Le Pen ces derniers jours pour voir ce qu’il en est de son rapport à l’écologie…

C’est une écologie dans le sens d’une défense nationaliste de la France, l’écologie n’est ici qu’un prétexte et voici justement comment Marine Le Pen définit celle-ci :

« Je suis la candidate des circuits courts et de la relocalisation de la production. C’est cela la vraie écologie. »

Non, cela c’est du passéisme, tout comme le prétendu retour en arrière souhaité :

« Je veux soutenir les exploitations familiales plutôt que les usines à bestiaux. « 

Et, ultime précision, Marine Le Pen conclut son article en soulignant ce qu’elle ne veut pas, et que nous, précisément, nous voulons :

« Il est temps de mettre la protection de l’environnement et de notre santé au cœur de nos décisions politiques. Je ne suis pas la candidate de l’écologie intégriste, c’est à dire excessive et idéologique, mais de la véritable écologie, c’est-à-dire l’écologie complète et cohérente. »

Il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui, malheureusement, la population française est d’ailleurs avec ce refus de « l’excessif », c’est-à-dire du systématique, du refus de la demi-mesure, tout comme de l’idéologique, c’est-à-dire de l’écologie autour de grands principes.

Toutefois, cela sera inévitable : l’anthropocentrisme devra s’effondrer, il faudra qu’il cède la place à la reconnaissance de la Nature. Il faudra considérer la Terre comme un équivalent de notre mère, comme un ensemble à préserver, dans le respect de toute vie.

Emmanuel Macron et l’écologie

Voici une tribune publiée dans le Journal du Dimanche et qui tente de faire passer Emmanuel Macron pour un grand écologiste !

Bon, que ce soit moins catastrophique que Marine Le Pen, ce n’est pas dur à deviner… Elle, présidente, l’écologie serait pratiquement criminalisée et toute critique disqualifiée au nom des intérêts supérieurs de la nation.

Mais tout de même, ce n’est pas parce que Marine Le Pen est une sorte d’équivalent de Donald Trump que cela pare Emmanuel Macron de toutes les vertus.

A moins de résumer l’écologie à une sorte de vague gestion de la pollution et du réchauffement climatique, ce que font d’ailleurs les signataires qui ne parlent ni des animaux ni de la Nature, mais pensent très certainement déjà à des postes ministériels possibles…

Non, l’écologie n’est pas absente du second tour de la présidentielle!

Un candidat,Emmanuel Macron, en fait le cœur de son programme de transformation économique et sociale.

Son adversaire, Marine Le Pen, tente de promouvoir une sinistre « écologie patriotique » tout en multipliant impasses et choix dangereux pour notre présent et notre futur. Il y a d’abord les évidences.

Macron veut doubler la part des renouvelables en 5 ans, quand Le Pen promet un moratoire sur l’éolien. Macron veut plus d’Europe -car c’est aussi la bonne échelle pour plus d’écologie-, quand Le Pen veut en sortir.

Macron veut faire de notre pays le leader de l’agriculture écologique, quand Le Pen se contente de prôner « la préférence nationale », ignorant les risques des pesticides pour la nature et la santé.

Macron s’engage à ramener la part du nucléaire à 50% en 2025, quand Le Pen veut la maintenir à 75% et refuse de fermer Fessenheim.

Macron est conscient de l’urgence climatique, de ses conséquences humanitaires (250 millions de « réfugiés climatiques » d’ici 2050) et de notre obligation d’être à la hauteur, tandis que Le Pen flirte avec le négationnisme climatique, n’a pas voté pour la ratification de l’accord de Paris au Parlement européen, et déclare parfois n’être « pas sûre que l’activité humaine soit l’origine principale » du changement climatique.

Mais l’analyse détaillée des programmes révèle que, sur l’écologie, la fracture entre les candidats d’En Marche! et du Front National est encore plus profonde.

D’un côté, l’ambition d’améliorer vraiment la vie des Français-es et de l’autre le choix d’un sur-place dangereux pour notre planète, notre économie et notre santé.

Prenons quelques exemples. Sur la lutte contre la précarité énergétique qui touche 11 millions de citoyen-es, Macron propose une nouvelle prime dès la réalisation des travaux, un audit énergétique gratuit, la fin de la location des logements les plus énergivores, 4 milliards d’euros pour aider les propriétaires les moins aisés à faire les travaux ; Marine Le Pen se contente quant à elle de citer l’isolation des logements comme une priorité, sans préciser comment elle compte s’y prendre.

Sur la santé environnementale, Macron trace la voie d’une sortie du diesel avec des mesures concrètes (nouvelle prime de 1000 euros pour changer de véhicule, alignement fiscalité gazole sur celle de l’essence etc…) que Le Pen refuse en bloc, niant ainsi les 50.000 décès prématurés dus chaque année à la pollution atmosphérique et le fait que 40 millions de Français respirent un air pollué.

Sur l’agriculture et l’alimentation, Macron développe un ensemble de mesures tant attendues (5 Milliards d’investissement pour des projets en faveur de l’environnement et du bien-être animal, sortie des pesticides, Etats généraux de l’Alimentation, 50% bio, autres labels de qualité ou local dans toute la restauration collective…) quand Le Pen préfère un protectionnisme dangereux pour nos agriculteurs et nos territoires, instrumentalise la souffrance animale au nom de son combat contre l’islam plutôt que de lutter contre les pratiques de l’élevage intensif, sans même parler du refus des députés FN de mettre fin aux pesticides néonicotinoïdes tueurs d’abeilles.

Economie circulaire, santé-environnement, biodiversité, basculement vers la fiscalité écologique, plan d’investissements… Sur bien d’autres thèmes, l’analyse comparée est implacable tant, sur l’écologie, tout oppose Emmanuel Macron à Marine Le Pen!

Nous entendons et respectons celles et ceux qui voudraient qu’Emmanuel Macron s’engage encore plus pour l’environnement.

Mais que toutes celles et tous ceux qui prétendent défendre l’écologie, en aient bien conscience : chaque voix qui manquera le 7 mai 2017 à Macron contre Le Pen sera une voix qui manquera à l’écologie, au futur, à la solidarité.

Chaque abstention sera une forfaiture devant de tels enjeux, un manque cruel de responsabilité envers les générations futures et une partie du Monde déjà aux prises avec les changements climatiques. »

Liste des signataires

Matthieu Orphelin, ex-porte-parole de Nicolas Hulot
Daniel Cohn-Bendit, ex-député européen
Corinne Lepage, présidente de son mouvement, Le Rassemblement citoyen-Cap21
François de Rugy, président du Parti écologiste
Barbara Pompili, secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité
Arnaud Leroy, député de la 5e circonscription des Français de l’étranger
Jean-Paul Besset, ex-député européen
Sébastien Mabile, avocat, chargé des questions Environnement à En Marche!

L’ex-porte parole de la Fondation Hulot soutient Emmanuel Macron au nom de l’écologie

On sait combien il peut y avoir des excuses « bidons » (il n’y a pas d’autres mots) pour aller « à la gamelle » (c’est-à-dire rejoindre  par intérêt un politicien qui a du succès).

Mais là, celles de Matthieu Orphelin, ex-porte parole de la Fondation Hulot, sont d’un niveau de pathétique rarement atteint.

Parce que, franchement, comment oser défendre Emmanuel Macron au nom de l’écologie? Le type s’en moque complètement, il n’en parle jamais et en plus il est fier de « manger l’agneau des Pyrénées« .

Il ne fait même pas semblant, la seule chose qui l’intéresse, c’est le business.

Et voilà pourtant Matthieu Orphelin qui vient claironner dans les médias bobos par excellence, Libération et L’Obs, qu’être écologiste implique de soutenir Emmanuel Macron.

En réalité, on l’aura compris : ce docteur en énergétique de l’Ecole des Mines, responsable de la direction économie circulaire et déchets de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), ancien vice-président (EELV) de la Région des Pays de la Loire, n’est qu’un bobo tout à fait dans l’esprit d’Emmanuel Macron depuis le départ.

Il a toujours été un bobo institutionnel, mais vient donner des leçons de « réalisme » : « J’ai passé l’âge des grands soirs » dit-il dans Libération, alors qu’il n’a jamais été révolutionnaire.

Ce qu’il appelle écologie, c’est une modernisation plus ou moins peinte en verte de ce qui existe actuellement. Il l’avoue de manière explicite dans sa lettre expliquant son choix, que voici.

Pourquoi j’ai décidé de soutenir Emmanuel Macron pour l’élection présidentielle 2017

Matthieu Orphelin, ancien porte-parole de Nicolas Hulot, @M_Orphelin

Angers, le 24 février 2017

Pour certains, l’écologie serait réservée aux bobos et synonyme de délocalisations pour nos industries, de décroissance, de normes en plus pour le monde agricole, de contraintes pour les consommateurs.

Pour moi, c’est tout le contraire : d’abord un enjeu de solidarité, mais aussi plus d’emplois et de compétitivité pour nos entreprises, une croissance enfin sélective, un renouveau pour nos agriculteurs, plus de santé, d’émancipation et de bonheur pour les citoyens.

J’ai choisi de soutenir Emmanuel Macron car il porte des mesures écologistes et peut en faire le socle d’un projet global à la hauteur des enjeux.

Emmanuel Macron a clairement et rapidement progressé sur l’écologie. Heureux si le travail dans l’ombre des uns et des autres y contribue et si le combat inlassable de Nicolas Hulot depuis des années pour imposer la transition écologique au cœur du débat politique a pu l’inspirer, comme tant d’autres avant lui.

Que porte Macron sur l’écologie ?

ïl y a d’abord les engagements rendus publics le 10 février sur des sujets sur lesquels je me suis tant battu depuis des années, notamment en tant que porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot pendant les conférences environnementales du quinquennat Hollande et lors de la COP21.

Quelques exemples : le basculement vers une fiscalité écologique par la montée en puissance de la contribution climat énergie jusqu’à 100 €/t en 2030 et la convergence de la fiscalité sur les carburants par un alignement à la hausse de celle du gazole sur l’essence sur les 5 ans du quinquennat ; une nouvelle prime de 1000 € pour aider les ménages les plus modestes à changer leur vieux véhicule ; un renforcement de la lutte contre la précarité énergétique ; ou encore, la confirmation des objectifs de maîtrise de l’énergie de la loi de transition énergétique et de baisse à50 % de nucléaire en 2025, qui induisent mécaniquement la fermeture de plusieurs centrales au court du prochain mandat.

Il y a aussi des sujets où il a clairement évolué dans le bon sens : sur NDDL, refuser l’évacuation violente du site et redonner sa chance au projet alternatif de réaménagement de l’aéroport existant de Nantes-Atlantique est une sage décision.

D’autres sujets si essentiels à mes yeux, sur lesquels il a proposé des avancées majeures – passées un peu inaperçues. Une révolution pour l’agriculture et nos agriculteurs qui en ont tant besoin : 50 % de bio, autres labels de qualité et local dans toute la restauration collective publique et privée, un Grenelle de l’Alimentation -reprenant là encore l’idée poussée par Nicolas Hulot-, la séparation (tant attendue !) des activités de conseil et de vente des pesticides,dès le début du mandat.

J’ai été aussi assez convaincu par la préparation du plan d’investissements qui sera présenté début mars, dont une part très importante devrait être consacrée àla transition énergétique et écologique. Les engagements déjà révélés, dont un plan de transformation agricole de 5 milliards d’euros ou l’accélération des efforts sur les énergies renouvelables et leur stockage, vont clairement dans le bon senset devraient être complétés par d’autres bonnes surprises.

Je veux plus. Il faut bien sûr aller plus loin et dévoiler de nouveaux engagements sur l’écologie d’ici au 1tour de l’élection présidentielle.

Les idées que je pousserai ?

Mettre la santé environnementale en haut de l’agenda politique,développer massivement les alternatives aux pesticides, proposer des mesures fortes sur la mobilité du quotidien des personnes et le transport de marchandises, concrétiser l’ambition affichée d’une économie « 100 %circulaire » par un plan d’actions à la hauteur, intensifier les efforts sur la formation professionnelle et l’apprentissage pour les métiers de demain (un sujet que j’ai tant porté dans mon mandat -unique- de Vice-président à l’éducation de la Région des Pays de la Loire), prendre ses distances avec le CETA qui pose tant de questions démocratiques et constitutionnelles et repenser les règles du commerce international pour le rendre durable, mettre en place une vraie taxe sur les transactions financières et lutter contre l’évasion fiscale,repenser et renforcer la solidarité internationale notamment pour rembourser notre dette écologique envers les pays en développement, accélérer les efforts nécessaires sur la transparence et l’exemplarité, notamment pour les milieux financiers et politiques, réinventer l’éducation à la citoyenneté…

Au-delà de ces mesures, le plus important sera de faire de tout cela un ensemble cohérent, une vision pour la France, où justice sociale et combat environnemental se nourrissent mutuellement.

Enfin, au-delà de l’écologie –mais tout cela est si lié-, il y a le reste de ce que j’apprécie dans sa vision. Son ambition pour l’Europe, saluée par Dany Cohn Bendit.

Ses prises de position fortes sur les autres sujets qui me sont chers :l’éducation (même s’il pourrait mettre plus l’accent sur la prévention dudécrochage scolaire), l’accueil des réfugiés, la prévention en matière de santé. Savolonté de renouveau démocratique et de sortir des clivages, de rassembler plutôt que d’opposer, dont notre pays a je pense tant besoin.

Suis-je sous le charme? Non ;)

Hypnotisé ? Pas plus ! D’accord avec tout ce qu’il propose ? Evidemment non !

Comme tant d’autres, j’ai été meurtri par sa récente phrase très malheureuse sur la pseudo humiliation subie par les participants de la Manif pour Tous ; son explication de texte a posteriori ne m’a d’ailleurs pas totalement convaincu.

Militant contre toutes les formes de discriminations, je serai particulièrement vigilant à ce que de telles ambiguïtés ne puissent subsister sur ces combats si essentiels pour l’égalité, dont on les avancées doivent d’ailleurs bien plus aux associations de défense des droits des personnes LGBT qu’aux politiques.

J’ai choisi de soutenir Emmanuel Macron car c’est le seul qui pourra défendre l’écologie au second tour.

J’ai toujours refusé les postures politiciennes. Ne comptez pas sur moi pour jouer au « mon candidat est le seul à avoir compris l’écologie ».

Yannick Jadot ? J’ai partagé avec lui tant de combats pour l’environnement et j’ai été heureux, lors de la primaire des écologistes, de réarmer sur sa profession de foi combien j’apprécie son engagement et sa constance, son refus des combines et des magouilles politiques. Mais il ne sera finalement pas candidat.

Benoît Hamon ? Il a entamé une vraie transition sur nos sujets, même s’il conserve quelques angles morts (et si je ne partage pas sa mesure-phare sur le revenu universel, en tout cas pas dans les modalités qu’il a proposées). Hamon a le devoir, maintenant qu’il se revendique autant écologiste que socialiste, d’être exemplaire dans toutes ses propositions.

Jean-Luc Mélenchon ? Il a un style clivant qui ne me correspond pas mais une vraie vision sur certains thèmes stratégiques, comme l’économie de la mer.

En définitive, tant mieux si, comme l’a si bien dit Nicolas Hulot, Mélenchon, Hamon, Jadot et Marcon se livrent une compétition positive et un concours d’intelligence sur l’écologie, qui devait être la grande absente de la campagne. Et pourquoi pas, après l’élection de Macron, une coalition de gouvernement !

A mes ami-es qui rêvent du grand soir, à celles et ceux qui ne pensent pas aux petits matins, qui sont déjà emprisonnés dans leurs certitudes, dans l’aveuglement des campagnes électorales où l’on imagine réelles des victoires pourtant impossibles, où l’on pare son candidat de toutes les vertus en aimant dénigrer les autres, je voulais redire tout cela très simplement.

Leur redire que, pour l’instant, l’indignité de cette campagne politique ne profite qu’à une seule personne : Marine Le Pen.

Qu’un second tour Fillon – Le Pen, entre la droite dure et la droite extrême seraitun cauchemar que je ne veux pas vivre.

Que je pense sincèrement qu’Emmanuel Macron est pour l’instant le seul àpouvoir éviter cela.

Qu’il peut porter une ambition écologiste à la hauteur.

Il a donc mon soutien, sincère et exigeant.

Benoît Hamon et François de Rugy : l’écologie réduite à un outil

La primaire organisée par le parti socialiste a amené deux vainqueurs en vue du second tour et l’écologie est réapparue de deux manières.

Pas avec le candidat Manuel Valls, que le thème n’a jamais interpellé, mais avec Benoît Hamon et François de Rugy.

Benoît Hamon, qui est arrivé en tête, a utilisé l’écologie comme argument lors de son discours de victoire, en résumant celle-ci, bien entendu, à l’environnement.

Voici ses propos :

Tout au long de cette campagne, j’ai été à la rencontre des Français et je tire la conviction des échanges nombreux que j’ai eu avec vous, qu’il faut en finir les vieilles recettes, la vieille politique, ces vieilles solutions qui ne marchent plus.

Demain [lundi] dans plusieurs villes de France, il y a aura à nouveau un pic de pollution atmosphérique qui va mettre en danger la santé des Français les plus vulnérables et à commencer par les plus jeunes, les enfants.

Qui ne voit pas qu’il faut aujourd’hui impérativement changer de modèle de développement, placer la conversion écologique de notre économique en tête des politiques de notre pays, sauf à accepter, sauf à tolérer de laisser à nos enfants un monde qui va devenir de plus en plus invivable ?

C’est d’une certaine manière anecdotique, mais c’est un grand indicateur : l’écologie ne sera jamais ici qu’un faire-valoir.

Un faire-valoir que François de Rugy compte utiliser. Il n’appelle pas à soutenir Benoît Hamon ni Manuel Valls mais espère les rencontrer aujourd’hui, en vue bien entendu des places à prendre pour l’avenir…

François de Rugy compte être, dans tous les cas, la béquille écologiste du parti socialiste…

Il est tellement content qu’il se vante d’être le candidat écologiste qui a eu le plus de voix à une primaire, quelle qu’elle soit !

Sauf qu’il n’y en a qu’une autre, en 2011, et qu’il n’y avait pas de candidat écologiste… Quel racolage !

Voici sa déclaration d’hier soir, dont le vide est complet : l’écologie est directement présentée comme une béquille à la gauche.

Mesdames, Messieurs,

Je veux avant tout remercier celles et ceux d’entre-vous qui avez participé à cet exercice démocratique de la primaire de la gauche.

J’avais dit que je serais le candidat du parler-vrai : je le serai jusqu’au bout.

La participation enregistrée aujourd’hui doit interroger tous les progressistes qui ne se résignent pas à devoir choisir au deuxième tour de la présidentielle François Fillon contre Marine Le Pen.

C’est pourquoi je pense aussi à vous, qui étiez venus voter à la primaire en 2011 et n’avez pas voté aujourd’hui. Je pense à vous qui avez voté François Hollande au premier tour de la présidentielle et êtes « ailleurs » aujourd’hui.

Il nous faut renouer ce fil d’ici le 23 avril prochain.

Le parler-vrai, c’est de reconnaître que j’aurais aimé obtenir un résultat plus important.

Je constate que dans une campagne très courte, une mécanique s’est mise en place qui a eu pour conséquence de concentrer l’attention médiatique sur quatre candidats, et finalement de polariser les choix sur trois d’entre-eux.

Pour autant, vos 60.000 suffrages – c’est une estimation à cette heure- font qu’aucun candidat écologiste n’avais rassemblé autant de voix, lors de primaire, quelle qu’elle soit.

Tout au long de cette campagne, je me suis employé à faire entendre une voix nouvelle : celle d’une écologie positive et pragmatique, une écologie responsable et concrète, une écologie du bon sens. Une écologie qui s’inscrit dans le rassemblement des progressistes.

A chacune et chacun d’entre-vous qui m’avez apporté votre suffrage aujourd’hui, je veux dire ma détermination à continuer dans les mois qui viennent à porter cette voix : celle du progrès par l’écologie.

C’est dans cet esprit que je propose à Benoit Hamon et à Manuel Valls – que je félicite pour leur qualification au deuxième tour-, de les rencontrer dès demain.

A l’un et à l’autre, je demanderai quels points du projet que j’ai porté ils sont prêts à intégrer dans leur programme.

Et je les interrogerai également sur les points de divergences que j’ai pu identifier lors des débats.

Je leur demanderai enfin comment ils entendent, concrètement, contribuer à l’indispensable rassemblement des progressistes d’ici le premier tour de l’élection présidentielle.

Je ferai ensuite connaître ma préférence, chacun demeurant évidemment libre de son expression dimanche prochain.

Mes derniers mots iront à mon équipe, à ma directrice de campagne, Véronique Massonneau, mais aussi aux militants, aux élus, parlementaires, et ministres qui m’ont soutenu.

A eux comme à chacune et chacun d’entre-vous qui m’avez apporté votre soutien, je veux dire que pour rénover la gauche, rénover la vie politique française, inscrire l’écologie au coeur du projet des progressistes, nous avons tant à faire ensemble.

Vive la République !

Vive la France !

De tels propos, face à une crise écologique planétaire, face à la destruction de la Nature de manière accélérée, sont de la poudre aux yeux pour tenter de calmer les esprits.

« Dormez, braves gens » est-il expliqué, nous nous occupons de tout ! Eh bien non, justement, ils ne s’occupent de rien…

La « Confédération pour l’Homme, l’animal, la planète : Tous unis pour le vivant »

Voici un aperçu de ce qui se  passe dans la mouvance  écologiste issue d’Europe écologie les verts, mais sous la forme d’un aperçu seulement car les informations sont rares, uniquement destinées aux médias, les structures sont multiples, les programmes divers sont vides, les sites internet à l’abandon, affreux ou tout aussi vides.

Ce qu’il faut retenir, apparemment, est la formation passée  entièrement inaperçue de la « Confédération pour l’Homme, l’animal, la planète : Tous unis pour le vivant ».

Si ces  gens publiaient  un communiqué, nous tenaient  au courant, nous l’aurions publié, seulement voilà on est ici dans une mouvance dont  les intérêts  et  les contours sont  plus que flous.

Cette « confédération » unifie plusieurs structures.

On a tout  d’abord le Mouvement écologiste indépendant (MEI) d’Antoine Waechter, qui ces dernières années portait un regard critique sur EELV, tout  de même soutenue électoralement, voire même au sein d’alliances (en partie  pour  les régionales de 2010,  soutien à Eva Joly pour la présidentielle de 2012,  alliance avec EELV dans plusieurs endroits  pour  les élections législatives de 2012, alliance aux élections européennes de 2014, etc.).

Cette fois, c’est donc terminé.

On a ensuite deux autres  structures, plus petites : Le Trèfle – Les nouveaux écologistes, présidé par Albert Lapeyre et le Mouvement Hommes, Animaux, Nature (MHAN), présidé par Jacques Leboucher.

Le Trèfle trouve son origine à l’extrême-droite,  avec l’avocat de cette mouvance Bernard Manovelli, qui avait fondé au début de la décennie 1990  pas moins de trois « partis » d’un coup: les nouveaux écologistes du rassemblement nature et animaux, le Parti pour la défense des animaux et l’Union nationale écologiste.

Le dirigeant actuel provient pareillement de la droite dure, tout comme Jacques Leboucher, président du Mouvement Hommes, Animaux, Nature.

Ces structures appellent d’ailleurs régulièrement à soutenir tel ou tel candidat de droite.

D’ailleurs, il n’y aura pas de candidature à la présidentielle, ce qui risquerait de nuire à la droite au premier tour, mais seulement  aux législatives, comme l’explique ce communiqué absolument vide sur le  plan du contenu :

A l’initiative de trois partis politiques ; le MEI (Les écologistes-Mouvement Ecologiste Indépendant), le Trèfle et le MHAN (le Mouvement Hommes, Animaux, Nature) , a été constituée samedi 3 décembre 2016 à Lyon une Confédération dénommée :

CONFEDERATION POUR L’HOMME, L’ANIMAL ET LA PLANETE
« Tous unis pour le vivant »

Cette initiative unitaire répond aux souhaits de nos concitoyens d’une prise en compte de l’écologie dans toutes ses dimensions.

Cette confédération a vocation à accueillir les partis qui défendent les valeurs de l’écologie, du respect de la dignité humaine et de la sensibilité des autres êtres vivants. Elle entend promouvoir un modèle adapté à la finitude et à la diversité du Monde.

Les programmes seront soumis à l’approbation de nos concitoyens lors des élections législatives de juin 2017. Pour cela, la confédération est en mesure, à ce jour, de présenter plus de 250 candidat(e)s dans les différentes circonscriptions. D’autres organisations demandent à en faire partie. Le nombre de candidats pourrait alors rapidement atteindre les 350.

Chacune des organisations fondatrices assumera à tour de rôle les fonctions de présidence et de trésorier. Le tour a été tiré au sort. Ce sera le MHAN en 2017, le Trèfle en 2018 et le MEI en 2019.

On l’aura compris : c’est un parti politique fourre-tout sous la forme d’une pseudo-confédération, visant à avoir des élus dans le cadre d’un positionnement comme outil à la droite  pour les  élections.

C’est  un de ces multiples exemples d’attrape-nigauds électoraux… dont  l’équivalent à gauche est François de Rugy avec son « parti écologiste ».

Entrée dans le second mois de pollution massive dans la vallée de l’Arve

Hier, nous parlions de la neige polluée formée à partir des particules fines : voici un aperçu sur une autre situation aberrante, et en même temps conséquence inévitable d’un mode de vie insupportable.

En Haute-Savoie, dans la vallée de l’Arve, entre Annemasse et Chamonix, on entre dans le second mois d’alerte pollution…

C’est la montagne, on pourrait s’imaginer l’air pur, et en fait pas du tout. L’humanité saccage la Nature et cet exemple de la vallée la plus polluée de France est terrible.

Ce n’est pas seulement une crise sanitaire, qui se répète déjà à de très nombreuses reprises : cela correspond à la destruction générale de la Nature.

C’est un exemple particulier symbole d’une tendance universelle.

Localement, les notables et les élus tentent de déminer la situation en relativisant, cherchant à empêcher une prise de conscience nécessaire… et rapide !

Il faut agir vite, chaque jour qui passe la destruction va plus loin ! Il faut remettre tout à plat et partir du mot d’ordre : la Terre d’abord !

La Terre doit redevenir bleue et verte !

Voici deux vidéos édifiantes, présentant bien la situation, et devant motiver pour commencer l’année de manière militante !

Cette première vidéo présente le panorama : les montagnes avec leur pollution…

Voici un documentaire présentant l’arrière-plan de la situation.

Concluons sur une vidéo un peu engagée.

Pas de compromis en défense de notre mère la Terre !

Pollution : la neige qui n’en était pas

Pour terminer l’année 2016, voici une information digne d’un cauchemar. Voici en effet deux photos.

La première a été prise à Nantes, la seconde en Lorraine.

Si l’on se fie aux apparences, on a de la neige et d’une certaine manière c’en est.

Cela a la texture de la neige, cela recouvre tout comme la neige, c’est la même couleur, etc.

Sauf que scientifiquement, ce n’en est pas et Météo France a donc sobrement expliqué qu’il n’y avait pas d’épisode neigeux…

Comment se fait-il alors qu’il y ait de la neige, s’il n’y en a pas?

On sait qu’on vit une drôle d’époque, mais tout de même ! A moins qu’on sous-estime encore le caractère dramatique de la situation actuelle…

Presse-Océane, conscient de la contradiction de la situation, a cherché à se renseigner.

L’explication de la technicienne de Météo France a été que « Le brouillard est si épais que cela peut faire illusion ».

Ce qui est une sacrée manière de prendre les gens pour des idiots…

On sait que le peuple est méprisé, mais au point de considérer qu’il confonde la neige et le brouillard, quand même…

Alors de quoi s’agit-il ?

De pollution : la neige est le produit des particules fines et de l’humidité qui se condense autour d’elles. Au lieu d’avoir une particule de glace, on a une particule fine comme noyau du flocon.

Ce sont donc des flocons de neige, mais de neige de pollution, ou encore de « neige industrielle », « neige urbaine ».

C’est une catastrophe environnementale, un véritable cauchemar.

Mais nous savons que les accompagnateurs de la destruction de la planète savent voir les choses positivement à leur manière !

Loractu nous apprend ainsi que Yves Grégoris, directeur interrégional de Météo-France à Strasbourg, considère que ce n’est pas dangereux : « Ce serait même plutôt le contraire : il vaut mieux fouler aux pieds la pollution que la respirer ».

Évidemment, vu comme cela…

Le Figaro ne dit pas autre chose dans un article du début du mois : « mieux vaut avoir les microparticules sous les pieds, plutôt que dans les bronches ».

C’est que l’idéologie dominante n’a pas le choix, elle est obligée de dédramatiser, de relativiser, d’accompagner les phénomènes de destruction dont, de toutes façons, elle ne comprend pas le sens véritable.

C’est la fin d’une époque et chaque jour on comprend que la demi-mesure est absurde. Il suffit d’ailleurs d’imaginer qu’on dise aux gens il y a 30 ou 40 ans que la neige qui va tomber sera de la pollution : ils auraient dit que c’est inacceptable, que c’est intolérable, que cette évolution doit être combattue.

Aujourd’hui, c’est l’indifférence, ou bien des pseudos étonnements, des manières passives d’être surpris ou choqués.

Alors qu’il est très facile de comprendre en quoi tient cette tendance à la pollution, à l’exploitation animale qui se généralise à l’échelle mondiale, à l’écocide…

Le WWF et le « capital naturel »

Les médias ont beaucoup parlé ces derniers jours du rapport du WWF, qui a comme d’habitude joué énormément sur la corde émotionnelle, sans rien assumer derrière.

Voici par exemple comment FranceTVinfos a présenté les propos du directeur du WWF en France :

Le rapport annuel de l’organisation WWF annonce la disparition de 58% des vertébrés sur la planète en seulement 40 ans. Le directeur de WWF France, Pascal Canfin, est sur le plateau de France 3 et explique que « ces chiffres sont le résultat d’analyses scientifiques qui sont menées depuis les années 70.

Ce que l’on constate c’est qu’entre 1970 et 2012, 58% des animaux sauvages ont disparu, la où il y avait 100 animaux en 1970, il n’y en a plus que 42 aujourd’hui et en 2020, il n’y en aura plus que 33 ».

Certains animaux sont plus touchés que d’autres : les éléphants d’Afrique par exemple, ont connu « une baisse sur les 10 dernières années de 25% mais cela frappe les espèces iconiques : les pandas, les tigres, les éléphants, les rhinocéros, mais c’est une réalité qui concerne toute la planète et qui est dramatique », explique Pascal Canfin.

Le plus inquiétant c’est « que nous ne sommes pas du tout dans des échelles de temps qui sont des centaines de milliers d’années qui est le rythme normal d’évolution de la nature. Nous sommes en train d’assister à une destruction massive de la vie sur notre planète qui va finir par nous affecter », conclut le directeur de WWF France.

Il y a une « destruction massive de la vie » : nous sommes bien d’accord, encore que cela soit un raccourci, car la vie triomphe toujours. Par exemple, l’urbanisation galopante de la planète amène, indirectement, à ce qu’il y ait plus de rats, entre autres.

On ne peut pas « supprimer » la vie de manière unilatérale, cela n’a pas de sens, mais, surtout, ce qu’il faut noter ici, c’est l’infecte passage suivant :

« qui va finir par nous affecter »

En effet, la seule chose qui intéresse le WWF et les gens ne défendant pas la Nature pour ce qu’elle est, c’est l’humanité, conçue abstraitement comme existante en-dehors de la Nature.

L’humanité devrait finalement mieux gérer sa destruction, évaluer ce qui lui semble utile ou moins utile, ou pas utile, etc. : telle est la logique du WWF qui, par ailleurs, n’est pas nouvelle.

Les propos de Marco Lambertini, directeur général du WWF International, s’appuient sur les mêmes considérations :

« Nous disposons des outils qui peuvent permettre de résoudre le problème auquel nous sommes confrontés : il faut maintenant les mettre en action sans plus tarder si nous tenons sérieusement à préserver une planète vivante pour notre survie et notre prospérité. Plus nous irons loin au-delà des limites de la Terre, plus nous compromettrons notre propre avenir. »

Les documents qui sont à l’origine de cette opération médiatique vont par contre très loin dans cette démarche et forment une preuve très utile aux personnes désireuses de critiquer correctement le WWF.

Le rapport du WWF « planète vivante » existe sous deux formes : une synthèse de 19 pages, le rapport en lui-même de 75 pages.

On remarquera le titre ultra-racoleur, visant à donner une image radicale, d’esprit « Gaïa », au WWF qui est tout sauf biocentriste et tout sauf considérant la planète comme un système global.

Et ces documents s’appuient sur un concept très clair, celui de « capital naturel ».

La définition de cette horreur anthropocentriste est la suivante :

« Qualifié de capital naturel, le stock disponible de ressources naturelles renouvelables ou non (plantes, animaux, air, eau, sols, minéraux, pour ne citer qu’eux) nous procure une multitude de bienfaits au niveau local comme mondial, fréquemment réunis sous le vocable de services écosystémiques. »

L’expression revient 14 fois dans les 19 pages, et dans le document de 75 pages, il revient pratiquement quarante fois, associé quelques fois au capital financier, le capital humain, etc.

Même quand le WWF essaie de se prétendre écologiste au sens strict, il n’y parvient pas, comme en témoigne ce passage contradictoire où l’hypocrisie ressort de manière patente :

« Au-delà de leur valeur intrinsèque, les espèces et les habitats de la Terre forment le socle des sociétés et des économies humaines.

C’est ce qui justifie que les efforts doivent tout particulièrement
être portés sur la protection et la restauration des grands processus écologiques nécessaires à la sécurité alimentaire, hydrique et énergétique, ainsi que sur la résilience et l’adaptation au changement climatique.

Une bonne protection du capital naturel passe donc à la fois par une exploitation responsable des ressources et par un accroissement du réseau mondial d’aires protégées. Sans oublier la mise en place de mécanismes de financement permettant de gérer efficacement ces aires protégées. »

Le WWF n’arrive même pas à faire semblant : il voit par le prisme de la « gestion » anthropocentriste de l’humanité, son bien-être, etc.

Et le pire, c’est qu’il doit y avoir des gens pensant relativement comme nous qui ont contribué à ce dossier. Mais ces gens pensent que l’humanité est mauvaise, ils ne croient pas en les gens, en « le peuple », et donc ils tentent de marchander avec les puissants une gestion rationnelle allant dans leurs intérêts…

Alors qu’eux-mêmes ne pensent qu’à leur profit, obnubilés par ce qui leur apparaît une valorisation… D’où le fait que parler de « capital naturel » ne peut que les aider à aller dans le sens de l’appropriation de la Nature pour leurs besoins !

Poésie en prose au camp militaire du Larzac

Quand on pense au Larzac, on pense à la lutte contre l’agrandissement du camp militaire du Larzac, qui devait passer de 3 000 à 17 000 hectares…

Pratiquement cent mille personnes se rendirent sur place, au fur et à mesure d’une lutte qui s’étala de 1971 à 1981…

Les temps ont changé et il y a un net recul de la conscience de l’engagement comme ayant une dimension universelle. On réduit son combat à soi-même…

Par exemple, en Suisse, un jeune végan a fait un procès… car il voulait faire l’armée tout en restant végan. S’il y a une guerre ou une révolution à réprimer, ses meurtres en tant que soldat seront-ils végan pour autant ?

Cette déconnexion d’une vision du monde un tant soit peu général est terrible. Il faut dire également que tout est fait pour liquider le patrimoine de lutte.

C’est le cas au Larzac, où le camp militaire transforme son existence… en mode « écologiste ». Le Figaro titre l’information de la manière suivante :

Légion : la «13» installe sur le Larzac le premier camp militaire «vert»

« Vert » ? La 13e demi-brigade de Légion étrangère n’est naturellement pas devenue une unité végan organisant un maquis.

Initialement basée à Abu Dhabi, elle déménage au Larzac.

On peut penser qu’elle ne changera pas pour autant son chant intitulé « sous le soleil brûlant d’Afrique », ni ses paroles (Sous le soleil brûlant d’Afrique Cochinchine, Madagascar Une phalange magnifique A fait flotter nos étendards etc.).

Elle se contentera de profiter de l’agriculture biologique en circuit court de la région, s’approvisionnant chez les producteurs locaux, des fermes traditionnelles seront préservées, etc.

Tout le patrimoine historique de lutte anti-militariste est vendu par les petits producteurs locaux, afin de satisfaire leur commerce…

L’armée est très satisfaite, allant jusqu’au lyrisme :

De la poussière d’Abu Dhabi aux plaines verdoyantes du Larzac

Les propos suivants de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, sont impressionnants également dans leur genre :

« Les relations entre le Larzac et l’institution militaire ont été particulières.

Au vu de cette histoire, l’installation pérenne d’un régiment ne semblait pas aller de soi, mais cette rencontre entre un territoire unique par son patrimoine et ses engagements, et une unité qui l’est tout autant, est riche de sens et devrait offrir une alchimie magique. »

C’est beau. Il faut croire d’ailleurs que les propos délirants tiennent au lieu, car voici ce qu’a expliqué Alain Fauconnier, président du Parc naturel régional des Grands Causses.

«Cette installation qui paraissait impossible est devenue possible grâce à la volonté manifestée localement et au plus haut niveau de l’État de réconcilier ce territoire, ses habitants et l’armée.

Des hommes et des femmes se sont battus, il y a quarante ans, pour défendre un modèle de développement rural et agricole qui a démontré sa pertinence.

Aujourd’hui, ce modèle n’est en rien remis en cause, bien au contraire.»

Finalement, ce n’est pas si étonnant : le culte du terroir est réactionnaire et peut très bien s’allier à des choses réactionnaires comme l’armée française.

Le masque « alternatif » ne va jamais bien loin et on le voit bien chez les zadistes dont le contenu écologiste, ou même engagé, se résume à « Il faut cultiver son jardin » du Candide de Voltaire…

Une forêt détruite pour construire une poubelle nucléaire ?

Voici un communiqué lié à la lutte à Bure qui est très important, car il pose la question de la définition légale de forêt. Non pas qu’il faille faire de la loi un fétiche, bien loin de là, mais il est important de voir comment le profit sait habilement détourner, modifier les lois, quand ça l’arrange.

Modifier la loi sur les forêts est une chose capitale dans le processus de bétonnisation et cette question dépasse largement la question de Bure…

Une forêt détruite pour construire une poubelle nucléaire ?
Bure : 9 associations et 4 habitants attaquent en justice l’arrêté préfectoral retirant le Bois Lejuc du régime forestier

Communiqué commun du Réseau “Sortir du nucléaire“, ASODEDRA, BureStop55, Bure Zone Libre, Cedra 52, France Nature Environnement, Les Habitants Vigilants du Canton de Gondrecourt, Meuse Nature Environnement, MIRABEL -Lorraine Nature environnement… et des opposant-e-s et habitant-e-s en lutte contre Cigéo de Bure et d’ailleurs.

Communiqué du 17 octobre 2016

Le Bois Lejuc, près de Bure, est censé devenir le lieu d’implantation des puits d’accès et de ventilation de CIGÉO, ce projet d’enfouissement en profondeur des déchets radioactifs les plus dangereux.

Pour y réaliser ses travaux, l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA) a obtenu par arrêté préfectoral que ce bois ne soit plus soumis au régime forestier et a déjà commencé à détruire la forêt.

Associations et habitants viennent d’attaquer devant le tribunal administratif cet arrêté illégal et illégitime.

L’Andra fait main basse sur un bois communal

Le 6 janvier 2016, l’Andra est devenu propriétaire du Bois Lejuc, ancien bois communal du village de Mandres-en-Barrois.

Elle en avait obtenu la cession, malgré l’opposition de la majorité des habitants exprimée en 2013, suite à une délibération rocambolesque du Conseil municipal contestée en justice.

Le même jour, le Préfet de la Meuse avait adopté un « arrêté de distraction du régime forestier » pour le Bois Lejuc.

Cet arrêté était censé permettre à l’Andra de passer outre les règles de bonne gestion de la forêt afin de pouvoir, si les travaux préparatoires à CIGÉO le demandaient, détruire ce bois de 222 hectares, planté de hêtres et de chênes depuis au moins 1732 et situé à proximité d’une zone Natura 2000.

Un bois qui faisait partie de l’histoire de la commune depuis le XVIIIème siècle, et où les habitants avaient coutume de se promener, ramasser des champignons et faire leurs affouages…

Une décision illégale qui a autorisé la destruction de la forêt
Or, selon le Code forestier, les forêts détenues par des établissements publics se doivent d’être soumises au régime forestier.

En prononçant cet arrêté de distraction, le Préfet de la Meuse a commis un acte illégal pour permettre la construction de CIGÉO. Par ailleurs, l’Office National des Forêts n’avait donné son accord qu’en exprimant de lourdes réserves (dont le non-respect, pour la jurisprudence, vaut refus), insistant sur l’obligation de gestion durable de la forêt [1].

Mais l’Andra n’a pris aucune mesure pour assurer la bonne gestion de la forêt. Bien au contraire, dès le mois de juin, elle avait commencé par défricher et passer à la broyeuse 7 hectares de feuillus !

Réalisés en violation du code forestier, sans demande d’autorisation auprès de l’administration concernée et sans étude d’impact, ces travaux de défrichement illégaux, qui ont fait l’objet d’une plainte des associations le 22 juin, ont d’ailleurs valu à l’Andra une condamnation en référé par le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc.

Le 1er août, la justice a sommé l’Andra de se mettre en conformité avec la réglementation dans les 6 mois… ou de remettre le site en l’état [2] !

Refusant cette destruction de la forêt, dès le 30 juin 2016, huit associations et quatre habitants de Mandres-en-Barrois avaient déposé un recours gracieux demandant le retrait de cet arrêté préfectoral.

L’arrêté n’ayant pas été retiré, 9 associations [3] et quatre habitants ont déposé le 13 octobre un recours devant le tribunal administratif de Nancy pour le faire annuler.

Détruire une forêt… pour installer une poubelle nucléaire !
Il est inacceptable que cette forêt soit rasée pour laisser place à un projet d’enfouissement de déchets radioactifs démentiel, aussi coûteux que dangereux, et qui n’a reçu aucune autorisation administrative à ce jour.

Et il est insupportable que l’Andra se permette par ailleurs de donner des leçons d’écologie, en organisant dans son laboratoire une exposition intitulée « Découvertes en forêt » où sont exposés des arbres… en plastique.

Face à cette agence qui défriche, détruit et porte des projets mortifères, c’est en toute légitimité que des militants, cet été, ont occupé la forêt pendant trois semaines pour la défendre, puis abattu le mur qui prétendait dissimuler des regards les travaux de l’Andra.

Le Bois Lejuc ne doit pas être détruit, CIGÉO ne doit pas être construit !

Consulter la requête : http://www.sortirdunucleaire.org/IMG/pdf/requete_bois_lejuc.pdf
Contacts presse :

Pour les associations – 03 29 75 19 72

Avocat – 06 01 95 93 59

Chargée de communication :

Charlotte Mijeon – 06 01 95 93 59

Notes

[1] L’ONF insistait sur l’obligation de gestion durable de la forêt et de respect des engagements financiers attachés aux subventions perçues pour la reconstitution des forêts après la tempête de 1999. Par ailleurs, le projet CIGÉO n’ayant pas encore été officiellement entériné, l’ONF demandait à pouvoir en assurer la gestion jusqu’en 2018 et après, dans le cadre du plan d’aménagement encore valide.
[2] Voir la décision de justice : http://www.sortirdunucleaire.org/Travaux-illegaux-dans-le-Bois-Lejuc-depot-d-une
[3] ASODEDRA, BureStop55, Bure Zone Libre, Cedra 52, France Nature Environnement, Les Habitants Vigilants du Canton de Gondrecourt, Meuse Nature Environnement, MIRABEL – Lorraine Nature Environnement, Réseau “Sortir du nucléaire“.

« Dans la forêt libérée de Mandres-en-Barrois »

Voici un appel à une initiative à Bure. Le document est explicitement écologiste, d’où l’étonnement que l’on peut connaître en voyant que l’initiative est mise en parallèle avec la ZAD, qui est devenu un simple projet communautaire.

De Bure à la ZAD, du Nord au Sud, l’appel des arbres fait écho contre les aménageurs !

À partir du 24 octobre, chantier de construction dans la forêt libérée de Mandres-en-Barrois

Ici, les hiboux de Bure s’opposent à Cigéo et défendent le Bois Lejuc à Mandres-en-Barrois contre un projet mégalomaniaquede poubelle nucléaire.

Là, les tritons s’opposent à un aéroport et occupent le bocage de la ZAD contre un autre méga-projet inutile et imposé.

Ailleurs, les marmottes de la Haute-Durance rongent des pylônes THT (1).

Le 14 août 2016, la destruction collective du “mur de la honte“ de l’ANDRA a été le point d’orgue d’un fol été d’urgence consacré à la défense du Bois Lejuc, menacé de destruction par des travaux préliminaires au projet CIGEO.

Depuis cette date, la forêt de Mandres est libérée du joug des nucléocrates. Les travaux de défrichement, condamnés par le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc le 1er août, sont suspendus.

Un millier de stèles en béton désarmé gisent à terre, et la militarisation du territoire s’est atténuée. Sur les ruines du nouveau monde, des cabanes se sont à nouveau réinstallées, discrètement, dans des hêtres et des chênes majestueux.

Mais depuis quelques semaines l’ANDRA a commencé sa contre-attaque. Campagne de communication offensive, portes ouvertes du laboratoire. Déjà la gendarmerie fait des contrôles ciblés, tandis que les vigiles de l’Andra reviennent rôder sur les chemins, bâtons en main. Ce matin même, 11 octobre, à l’heure où nous rédigeons cet appel, l’huissier est venu avec des vigiles filmer nos quelques constructions existantes.

Le 20 octobre se tiendra le jugement de l’appel de l’ANDRA contre la décision de suspension des travaux du 1er août : au mieux, elle obtiendrait des délais plus longs pour avoir les autorisations, au pire elle obtiendra l’annulation du jugement précédant, et tout pourrait alors aller très vite.

Tandis que les menaces d’expulsions planent sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, à Bure aussi une destruction de cabanes et forêt estpotentiellement imminente, ainsi que la reprise de travaux : défrichement, fouilles archéologiques, « sondages géotechniques », mur d’enceinte en béton… Les engins de destruction pourraient reprendre leur ballet mortifère, même en hiver.

Nous devons nous tenir prêt-e-s : la machine s’apprête à creuser, bloquons-là !

Au sol, derrière les barricades ! En l’air, perché-es dans les arbres, protégeons le bois Lejuc !”

Alors que la ZAD menacée fait appel “aux ami-es des arbres”(2), nous l’appuyons, la relayons, et lui faisons écho : Ici aussi, à Bure, nous voulons continuer à enraciner la résistance et nousrelançons un appel pour tisser entre elles les branches des arbres, en faire des nids, des cabanes de lutte et de partage.

Que vous vous y connaissiez ou non dans la construction d’habitats légers et éphémères, dans les techniques de grimpe, de blocage et autres enrayages de machines destructrices, venez et apprenons ou partageons nos savoirs-faire pour défendre des forêts, des bocages, des morceaux de vies menacées.

Créons des arches et voyageons d’arbres en arbres, de résistances en résistances :

de la ZAD, rejoignons-nous ensuite dans la Meuse à partir du 24 octobre

pour une nouvelle saison de construction en forêt » (et beaucoup plus si affinités !).

Toutes les expériences et volontés sont les bienvenues dans les mois qui viennent et qui vont être déterminants pour la poursuite de la lutte contre Cigéo et son monde !

Relayons cet appel massivement de réseaux en réseaux, et signifions ensemble à l’ANDRA que son retour dans le Bois Lejuc ne sera pas facile et que nous serons nombreu-ses à les attendre de pied ferme !

“Et La forêt elle est à qui ? Elle est à nous !” (3)
Les Chouettes Hiboux de Bure
Questions logistique :

! Important ! Liste de nos besoins matériels : cliquer ici. Nous n’avons que peu de moyens de transport, si vous pouvez nous déposer le matériel directement, cela nous aidera précieusement ! Si vous ne pouvez pas, prévenez-nous quelques jours avant pour que nous puissions nous organiser. Merci.

Hébergement : Il est important de prévoir le plus possible votre autonomie en sachant que deux lieux peuvent accueillir : La maison de la Résistance à Bure et un autre terrain de lutte non loin, à Luméville-en-Ornois. Ces lieux ont leurs propres limites, c’est pourquoi il est préférable de nous contacter avant votre venue. Il est aussi possible de prévoir tout de suite d’investir la forêt et de s’y installer même sous tente !

Ravitaillement : Là aussi, les habitant-es de la forêt essayent d’être le plus autonomes possible même si nos différents lieux de vie sont liés et solidaires question bouffe bien sûr. Si vous ramenez des victuailles, ce ne sera pas de trop.

Pour nous contacter :

Email : sauvonslaforet[at]riseup[point]net / n° Info forêt : +33(0)7 54 22 18 80 / Presse : +33(0)7  53 54 07 31 / Maison de la résistance (Bure Zone Libre) : +33(0)3 29 45 41 77

(1) Une ligne THT qui augure la vente encore plus massive de sinistre énergie nucléaire à l’Italie, en détruisant les Alpes sur leur chemin (semaine d’action et soutien décentralisée du 10 au 17: maintenant !!!https://notht05.noblogs.org/post/2016/09/22/10-1710-france-appel-du-lac-de-rama/ ).

(2) Appel aux ami-es des arbres et de l’escalade pour la défense de la zad  de Notre Dame des Landes dès le 9 octobre :http://zad.nadir.org/spip.php?article4066

(3) Cri de ralliement des hiboux de Bure

A Rio, le terrain de golf empiète sur le territoire des animaux sauvages

Le conflit entre le développement de l’humanité sous la forme actuelle et la Nature trouve une illustration assez étrange avec le parcours de golf aux jeux olympiques. Le golf est une activité absurde, bloquant des espaces sous la forme de gazon utilisant énormément d’eau juste pour que des personnes célèbrent le fait d’appartenir à des couches sociales très privilégiées.

Là, le parcours olympique se confronte directement à un environnement sauvage

Les meilleurs golfeurs de la planète, engagés à partir de jeudi 11 août dans le tournoi olympique, ont intérêt à rester sur leurs gardes. Le danger rôde en effet sur le parcours où de nombreux animaux sauvages se sont installés ces derniers mois. Le site de golf, construit dans la zone marécageuse de Marapendi, oblige les athlètes à cohabiter avec quelques créatures assez effrayantes comme des caïmans, des singes et des boas constrictors.

Rien que ça.

Pour rassurer golfeurs et spectateurs, les organisateurs des Jeux Olympiques de Rio ont prévu une parade en cas d’intrusion : des dresseurs seront ainsi placés tout au long du parcours pour capturer et évacuer ces animaux dangereux. Si les caïmans sont parfois des partenaires de jeu insolites sur certains greens de Floride, une autre espèce inquiète davantage Mark Johnson, le responsable du parcours. Ce sont les capybaras, les plus gros rongeurs vivant de la planète, de la taille d’un chien. « Ils mangent l’herbe durant la nuit. Il y en a entre 30 et 40 à l’intérieur du périmètre du parcours. Mais eux, ils vivent ici, nous, on joue au golf. Alors, il faut qu’on coexiste… », reconnaît Johnson, cité par le site de Métro.

Les golfeurs ne devraient pas s’attarder sur les trous n°2, 3, 5 et 9, situés juste à côté de lacs où vivent des caïmans. Ils surveilleront aussi les arbres autour du green du trou n°12, où des singes ont élu domicile. Sans oublier des chevêches des terriers, une variété de chouettes, qui font leur nid dans des zones sablonneuses. « Je pense qu’elles sont allées dans 80% des bunkers », explique Mark Johnson.

Pas simple alors de réaliser une sortie de bunker propre si la balle est enfouie dans le trou percé par ces oiseaux. Et le règlement ne semble pas très précis dans ce cas de figure assez particulier. « On ne va pas les combler, on va faire avec. Les joueurs ne seront pas trop contrariés, on leur donnera simplement un drop gratuit », ajoute le responsable du parcours. Cela promet des parties riches en obstacles en tout genre….

Et sur cette page en anglais, se trouve une vidéo de présentation avec les capybaras.

Tout cela est presque une allégorie de l’évolution actuelle, avec la Nature subissant les assauts d’une humanité connaissant un développement absurde, avec un mode de vie soutenu par les plus riches et basculant toujours davantage dans la destruction écocidaire et dans l’individualisme le plus forcené.

De voir ces golfeurs s’activer au milieu d’un environnement sauvage est quelque chose d’impressionnant, tellement la contradiction est flagrante, tellement l’agression ouverte de la Nature saute aux yeux…

 

Présentation apocalyptique du rapport annuel sur le climat

Le rapport sur le climat pour l’année 2015 à été rendu public par l’agence météorologique des Etats-Unis, qui a été supervisé par l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), avec la participation de 450 scientifiques, de 62 pays.

Les médias en ont largement parlé, assumant un ton catastrophiste tranchant avec le relativisme des années précédentes. On est passé du relativisme à l’expression d’une sorte de banalité de la catastrophe.

En fait, les médias alignent les chiffres, mais ne savent pas quoi en faire. On apprend ainsi que la température mondiale pour 2015 à été supérieure d’à peu près 0,45°C à la moyenne de la période entre 1980 et 2010, ce qui fait que le triste record de 2014 à été battu de 0,15°C.

Mais bien sûr les médias ne peuvent y ajouter une conclusion, il faudrait qu’ils assument qu’il faut tout remettre en cause. Étant eux-mêmes une partie de ce qu’il faut changer, ils ne peuvent que constater. Constater que l’océan n’a cessé de voir son niveau monter, avec 70 millimètres de plus que la moyenne enregistrée en 1993, année du début de l’utilisation des satellites pour les mesures.

Les médias en ont fait une présentation apocalyptique, c’est une démarche très religieuse qui est mise en avant, avec dans l’idée  la normalité de la destruction de la planète.

L’idée est que tout cela relève de la tragédie, que rien ne peut être fait contre cela. Tout cela serait inéluctable, seule l’indifférence individuelle serait la réaction normale, pour survivre dans un monde à l’agonie.

Il suffit de se rappeler d’ailleurs que les religions ont encore un poids énorme pour l’humanité aujourd’hui, et toutes valorisent la vie au-delà de ce monde, présentant la planète comme un lieu de malheur, de douleur, comme une vallée de larmes, comme un lieu d’apocalypse.

Le résultat est que les institutions tentent de prétendre gérer, comme avec la COP 21, alors qu’en réalité tout le monde sait très bien que le système fonctionne au jour le jour et que de toutes manières les intérêts des grandes entreprises ne seront jamais menacés de par leur importance économique.

De toutes manières, si l’on regarde les réactions des gens, elle est simple. Soit il y a indifférence, surtout chez les jeunes, soit il y a incompréhension. Les gens ne savent pas par où commencer, ni quoi faire. Ce problème semble tellement énorme… A cela s’ajoute les partisans du moindre effort, surtout les associations comme Greenpeace ou le WWF, qui limitent l’activité proposée au financement et à quelques comportements importants, mais certainement pas une fin en soit.

Ce qui manque c’est la compréhension que sans lutte à l’échelle de la planète elle-même, rien ne sera suffisant. Le sens du slogan la Terre d’abord! est justement de se placer au niveau général afin de réellement se confronter à la destruction anthropocentrique.

Il est ainsi très important que les informations concernant le réchauffement climatique ne soient pas présentées comme des abstractions, mais toujours dans une perspective concrète, en indiquant qu’elle vision du monde il faut développer pour briser la dynamique dominante qui est un véritable écocide.

Rapport PNUE-INTERPOL : la valeur des atteintes à l’environnement a augmenté de 26 %

Interpol a publié un communiqué de presse concernant les « atteintes à l’environnement » et leurs terribles progressions.

C’est une démonstration de plus de la catastrophe que subit notre planète. En plus de tout ce qui est légal, le capitalisme illégal est d’une puissance toujours plus immense, avec la déforestation, l’exploitation de minerais, la pêche, le trafic de déchets, le trafic d’animaux…

NAIROBI (Kenya) – La valeur des atteintes à l’environnement a augmenté de 26 % par rapport aux estimations précédentes, atteignant aujourd’hui un montant compris entre 91 et 258 milliards d’USD contre 70 à 213 milliards en 2014, selon un nouveau rapport publié aujourd’hui par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et INTERPOL.

La Hausse des crimes contre l’environnement, publié à la veille de la Journée mondiale de l’environnement (JME), démontre que des lois laxistes et des forces de sécurité souffrant de financements insuffisants permettent à des réseaux criminels organisés et à des groupes rebelles armés de s’enrichir grâce à un commerce qui alimente les conflits, dévaste les écosystèmes et menace les espèces sauvages d’extinction.

Le Directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner, affirme : « L’augmentation des atteintes à l’environnement partout dans le monde est très préoccupante.

Les vastes sommes d’argent générées par ces crimes méprisables alimentent l’insécurité et maintiennent en activité des organisations criminelles internationales extrêmement sophistiquées. Il est essentiel que le monde agisse dès maintenant afin de combattre cette menace grandissante avant qu’il ne soit trop tard. »

D’après ce rapport, la criminalité environnementale dépasse de loin le trafic illégal d’armes légères, pourtant évalué à quelque 3 milliards d’USD. Il s’agit de la quatrième activité criminelle la plus lucrative au monde après le trafic de drogues, la contrefaçon et la traite d’êtres humains.

Les pertes financières résultant d’atteintes à l’environnement sont 10 000 fois plus importantes que les sommes engagées par les agences internationales pour lutter contre ce phénomène – entre 20 et 30 millions d’USD.

« Les atteintes à l’environnement se multiplient à un rythme alarmant. La complexité de ce type de criminalité exige une intervention multisectorielle soutenue par une collaboration transfrontalière.

Avec ses capacités policières mondiales, INTERPOL est résolument engagé à collaborer avec ses pays membres afin de lutter contre les réseaux criminels organisés responsables d’atteintes à l’environnement », a déclaré le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock.

La dernière décennie a vu la criminalité environnementale augmenter d’au moins 5 à 7 % par an.

Cela signifie que les atteintes à l’environnement, qui comprennent le commerce illégal d’espèces sauvages, les infractions commises par des entreprises du secteur forestier, l’exploitation et la vente illégales d’or et d’autres minéraux, la pêche illégale, le trafic de déchets dangereux et la fraude aux crédits carbone, progressent 2 à 3 fois plus rapidement que le PIB mondial.

Plus d’un quart de la population mondiale d’éléphants a également été abattue au cours de la dernière décennie.

Chez certaines espèces parmi les plus vulnérables de la planète, dont les éléphants et les rhinocéros, le rythme des pertes augmente de plus de 25 % par an depuis dix ans.

Au cours de la même période, des braconniers ont tué en moyenne 3 000 éléphants par an en Tanzanie. Cela représente une valeur marchande de 10,5 millions d’USD pour les trafiquants d’ivoire, un montant cinq fois supérieur au budget national consacré à la conservation des espèces sauvages.

Ce rapport préconise l’adoption de mesures fortes, d’un cadre législatif solide et de sanctions sévères aux niveaux national et international, y compris de dispositions visant à perturber le fonctionnement des paradis fiscaux, une augmentation considérable du soutien financier à la mesure de la grave menace que fait peser la criminalité environnementale sur le développement durable, ainsi que des incitations économiques et des modes de subsistance différents pour les personnes situées en bas de la chaîne de la criminalité environnementale, telles que les braconniers.

Le parc des Nébrodes visé par la mafia utilisant des chats comme torches vivantes

Ces dernières semaines, des actes particulièrement cruels envers les chats en Italie ont eu un petit écho. Au nord de la Sicile, dans le parc régional de la région montagneuse des Nébrodes, de nombreux feux de forêt ont été déclenchés par des tissus enflammés accrochés à des chats, au niveau de leur queue.

Les chats, eux-mêmes arrosés d’essence  également, deviennent alors des torches vivantes. Apeurés ils courent à travers la forêt, provoquant des incendies avant d’agoniser.

Cette méthode est la norme de la part de la mafia, car elle permet de rendre très difficile  le fait de retrouver les départs de feu et donc la trace des criminels.

Difficile par conséquent de savoir dans quelle mesure elle a été généralisée pour les 800 feux qui se sont déclenchés pratiquement simultanément, en 48 heures, au sein du parc régional, détruisant 6 000 hectares sur 86 000…

Néanmoins, on a compris l’arrière-plan barbare, dans tous les cas. L’impunité criminelle s’exprime ici en toute limpidité.

Le but de la mafia est bien sûr de profiter de ces incendies, soit de manière traditionnelle dans des opérations immobilières sur les terrains « libérés », soit plus récemment en s’appuyant sur des entreprises de reforestation phagocytées et profitant de subventions.

C’est aussi un moyen de faire pression sur l’Etat pour maintenir les emplois des 23 000 personnes qui en Sicile travaillent dans le secteur forestier, largement infiltré par la mafia. Rien que le mois dernier 180 personnes ont été licenciées en raison de leurs liens avec des entreprises criminelles…

Bien entendu, ce sont de grandes sommes qui sont en jeu, car il y a des subventions de centaines de millions d’euros de l’Union Européenne…

Quant au directeur du parc régional de la région montagneuse des Nébrode, Giuseppe Antoci, il doit à ses gardes du corps d’avoir échappé aux coups de feu qui le visaient en mai dernier.

C’était une attaque de la Cosa Nostra, en plein milieu du parc, les cocktails molotov étant prêts pour l’incendie alors qu’un 4×4 attendait les assaillants pour les faire disparaître rapidement…

Voici une présentation du parc, venant du site officiel, pour bien montrer la valeur naturelle de celui-ci. L’explication est ici très « universitaire », mais elle donne un bon aperçu de ce qui est menacé.

Les Arabes décrivirent les Nebrodi comme « une île dans l’île », et la raison de telle définition apparaîtra très claire au visiteur qui s’apprête pour la première fois à découvrir ce territoire surprenant : les riches forêts suggestives, les vastes pâturages de haute montagne, les lacs silencieux et les torrents contrastent avec l’image commune d’une Sicile aride et brûlée par le soleil.

Dès que l’on laisse la côte et que l’on commence à monter, il est possible de reconnaître immédiatement des étages de végétation précis, qui dépendent non seulement de l’altitude mais aussi de facteurs physiques particuliers qui, avec la température et les précipitations pluvieuses et neigeuses abondantes, créent des situations écologiques favorables.

L’étage méditerranéen (du niveau de la mer jusqu’à 600-800 mètres) est caractérisé par le typique maquis méditerranéen sempervirent, dominé par l’Euphorbe, le Myrte, le Lentisque et le Genêt, et où l’on reconnaît des éléments arborescents aux feuilles étroites tels que l’Arbousier, le Chêne-liège et le Chêne vert.

La suberaie (des formations intéressantes se situent surtout dans la zone de Caronia) est présente à l’état pur lorsque le climat et le sol sont favorables ; dans la plupart des cas, cependant, elle est associée à d’autres espèces tels que le Chêne vert et le Chêne pubescent, avec un riche sous-bois.

Au dessus des 800 mètres, et jusqu’aux 1 200-1 400 mètres, se trouve l’étage supraméditerranéen, caractérisé par la présence des chênes de caducifoliés. Les différentes espèces présentes, telles que le Chêne pubescent, le Chêne rouvre et le Quercus gussonei, forment des peuplements plus ou moins importants en fonction des substrats géologiques et de l’exposition des versants. Le Chêne chevelu est aussi très commun, et il devient dominant dans les zones les plus fraîches, surtout dans celles exposées au nord.

Au dessus des 1 200-1 400 mètres d’altitude, l’étage montagnard méditerranéen se caractérise par la présence des hêtraies, des formations boisées splendides qui couvrent l’entière crête des Nebrodi, pour un total de 10 000 hectares, et qui forment des milieux de grande valeur naturelle et paysagère.

Dans les parties les plus élevées le Hêtre vit presque à l’état pur : on y trouve seulement de rares exemplaires de Érable blanc, Érable champêtre et Frêne. Parmi les espèces du sous-bois, outre qu’au Houx, au Petit houx, à l’Aubépine et à la Daphne, l’on trouve le If, une espèce relicte très vivace qui survit dans des conditions microclimatiques très localisées. (…)

Grâce à sa haute variété environnementale, le Parco dei Nebrodi accueille des communautés faunistiques riches et complexes : nombreux petits mammifères, reptiles, amphibiens, nombreuses espèces d’oiseaux nicheux et migrateurs, un nombre élevé d’invertébrés.

Parmi les premiers il faut mentionner le Porc-épic (Hystrix cristata), le Chat sauvage (Felis sylvestris) et la Martre (Martes martes), qui sont des espèces très rares ; parmi les reptiles, la Tortue d’Hermann (Testudo hermanni), et surtout la Cistude d’Europe (Emys orbicularis) ; parmi les amphibiens, enfin, le Discoglosse peint (Discoglossus pictus) et la Grenouille verte (Rana esculenta). 150 espèces d’oiseaux ont été classées sur les Nebrodi, dont quelques endémismes de grand intérêt tels que la Mésange Nonnette de Sicile (Parus palustris siculus) et la Mésange à longue queue de Sicile (Aegithalos caudatus siculus).

Les zones aux limites des bois accueillent nombreux rapaces, tels que la Buse variable (Buteo buteo), le Faucon crécerelle (Falco tinnunculus), le Lanier (Falco biarmicus), le Milan royal (Milvus milvus) et le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), tandis que les zones rocheuses escarpées et fissurées des Rocche del Crasto sont dominées par l’Aigle royal (Aquila chrysaetos). Le Grèbe castagneux (Podiceps ruficollis), la Foulque macroule (Fulica atra), la Bergeronnette des ruissaux (Motacilla cinerea), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus) et le Martin-pêcheur (Alcedo atthis) préfèrent les zones humides, tandis que sur les pâturages l’on peut observer la désormais rare Bartavelle de Sicile (Alectoris graeca whitakeri), l’incomparable huppe de la Huppe fasciée (Upupa epops) et le vol puissant du Grand corbeau (Corvus corax).

Parmi les oiseaux de passage il vaut la peine de mentionner l’Echasse blanche (Himantopus himantopus) et le Héron cendré (Ardea cinerea). Les invertébrés, enfin, sont très nombreux.

Des études scientifiques récentes ont donné des résultats surprenants : sur un total de 600 espèces recensées, concernant une petite partie de la faune existante, 100 espèces sont nouvelles pour Sicile, 25 pour l’Italie et 22 pour la science. Parmi les formes les plus importantes du point de vue paysager, il faut mentionner les papillons (plus de 70 espèces) et les Carabidés (plus de 120 espèces).

Notre-Dame-des-Landes : la position de l’ACIPA sur les résultats de la consultation

Voici le communiqué de l’ACIPA suite aux résultats de la consultation de dimanche. Nous ne le comprenons pas du tout.

Il n’y aucune autocritique,  par contre il y a un déni total de la réalité et des rapports de force. Au lieu d’aller vers un saut qualitatif vers la défense de la Nature, seule position tenable, on a un repli mélangeant esprit procédurier et contestation en mode « petite production ».

Il est pourtant évident que pour débloquer la situation, il faut élargir le terrain et approfondir la compréhension de ce qui est en jeu…

Notre détermination reste intacte après une consultation savamment orientée !

Communiqué de presse – Notre-Dame-des-Landes, le 27 juin 2016

L’ACIPA, malgré ses réserves, avait choisi de faire campagne pour le NON aux côtés des autres organisations de la Coordination des opposants.

Il était naturellement impensable de laisser le champ libre aux porteurs du projet et de ne pas profiter de cette fenêtre médiatique pour dénoncer sans cesse leurs mensonges et continuer à porter à la connaissance du plus grand nombre les justes raisons de son long combat sur un dossier si complexe.

Qu’aurait-on entendu si l’écart des voix avait été bien supérieur par absence d’un des deux camps ?

Notons déjà que seuls 27,84% des électeurs inscrits ont dit OUI et que 22,65% ont dit NON, soit 5 points d’écart…

Dès que nous avons eu connaissance du lancement de cette consultation, nous avons dénoncé le périmètre honteusement réduit à un seul département alors qu’on nous vend depuis des décennies un aéroport « du Grand Ouest » et que l’État, ainsi que les Régions de Bretagne et Pays de la Loire, contribueraient largement au financement et devraient assumer les conséquences économiques et écologiques du projet.

Nous dénonçons à présent la méthode de sa réalisation.

Du financement public a été utilisé dans la campagne (campagne d’affichage financées par la Région par exemple, dont la couleur bleue ne doit rien au hasard). La CCI a submergé les entreprises de mails, affiches, autocollants, le président de l’Association des Maires de Loire Atlantique a abusé de son mandat pour faire campagne…

Nous dénonçons la partialité du document d’information au public rédigé par la CNDP (Commission Nationale de Débat Public). Une analyse précise de ce document, faite par l’Atelier Citoyen, en pointe les défauts. A la question sur l’adoption du document à l’unanimité de la commission, M. Leyrit, son président, s’est d’ailleurs retranché derrière un soi-disant secret des délibérations. On peut en déduire facilement que cette unanimité n’a pas été atteinte.

Nous aurions bien sûr aimé que le résultat des urnes, malgré tous ces handicaps, nous soit favorable, néanmoins, nous ne ressentons pas d’amertume, au contraire.

Une rapide analyse des résultats par secteur géographique est riche d’enseignements.

À Nantes, le raz de marée en faveur du OUI que les proAGO appelaient de leurs vœux, n’a pas eu lieu : il s’en est fallu de 100 voix pour que Nantes bascule dans le camp du NON. Le centre-ville n’a pas plébiscité le transfert de Nantes-Atlantique. Les mensonges des porteurs du projet n’ont pas eu prise sur les Nantais.

Sur le territoire de la Communauté des Communes Erdre et Gesvres, celle où devrait s’implanter le projet, force est de constater que la campagne ordurière du président de Région concernant les « zadistes » qu’il fallait « dégager », n’a pas été approuvée puisque le NON l’emporte dans 8 communes sur 12. La majorité silencieuse vivant à proximité du projet est bien opposée à ce dernier et connaît la réalité de ce qui se vit à Notre-Dame-des-Landes.

Au Sud Loire aussi le NON a fait des scores contrastés. Bouguenais ne souhaite pas autant qu’on veut bien le dire le départ de son aéroport puisque le résultat est extrêmement serré sur cette commune. Et que dire de Rezé, Saint-Sébastien-sur-Loire, Le Pellerin, Saint-Jean-de-Boiseau ou La Montagne qui refusent le transfert.

Le Nord du département par contre, secteur oublié et sans doute illusionné par les fausses promesses d’emploi a, lui, suivi aveuglement ses notables favorables au « transfert ».  Nous devrons donc renforcer nos actions d’information dans ce secteur à l’avenir.

Pour conclure, nous reviendrons sur la campagne exceptionnelle qui a été menée par la Coordination. Nous remercions tous les bénévoles, pour leur énergie inépuisable, ainsi que tous les collectifs qui ont permis cette formidable mobilisation et nous les remercions les électeurs pour leur confiance dans  l’action de l’ACIPA au quotidien.

Les soutiens nationaux (et même internationaux) continuent de se tenir à nos côtés en envoyant des messages de soutien.

Nous l’avons dit dès le début, cette « consultation » n’était qu’une étape. Le camp du NON sort renforcé de cette nouvelle épreuve, l’opposition a convaincu. Les comités de soutien sont au travail et sont prêts à venir sur le terrain.

Les prochaines étapes sont le rassemblement estival de la Coordination des opposants les 9 et 10 juillet à Montjean (Notre-Dame-des-Landes), le suivi de la procédure d’appel sur les recours loi sur l’eau et espèces protégées, l’attente de la réponse de la France aux questions portées par la Commission Européenne dans le cadre du contentieux environnemental, étudiée dans le SCoT Nantes- Saint-Nazaire dans quelques semaines.

Nous serons aussi très vigilants à ce que les suites du dossier entamé par les experts du Ministère de l’Environnement en février ne restent pas lettre morte.

L’ACIPA continue le combat, notamment juridique sur le fond du dossier, ainsi que l’information continue en direction des citoyens, pour le respect de la planète et des générations futures dans l’esprit porté par la COP 21.

L’ACIPA  continuera de s’opposer aux expulsions des habitants de la zone définie dans la DUP et à exiger que le Président de la République honore ses engagements locaux : « pas de travaux ni d’expulsion, tant que les recours juridiques ne sont pas tous épuisés ».

Il n’y aura pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

Notre-Dame-des-Landes : le oui l’emporte à la consultation

Malheureusement, le « oui » l’a emporté lors de la consultation concernant l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, avec 55,17%. C’est un résultat qui ne peut que nous attrister, surtout avec une participation de 51,08%.

On ne peut pas dire que la question de Notre-Dame-des-Landes n’était pas connue, qu’il n’était pas facile de connaître les enjeux. Mais c’est l’esprit tourné vers la « réussite économique » qui a primé, sans aucune réflexion sur la Nature, sur la logique totalement commerciale et délirante d’un vaste aéroport comme celui prévu.

Le piège de la consultation a été de poser la question sous forme de celle du « développement » et dans le cadre du chantage à la mondialisation et à la concurrence internationale, sans parler de la question de l’emploi, le piège était grand.

Voici une carte proposée par Ouest-France, montrant où le oui et le non sont respectivement majoritaires : on voit clairement la tendance.

Faut-il pour autant expliquer que la consultation a été biaisée, que tout n’a formé qu’un piège ? C’est ce que pensent les principaux opposants au projet, avec d’un côté l’ACIPA et de l’autre les zadistes.

Mais ce serait très facile de penser cela. Il y a une part de vérité, bien sûr, car les institutions n’auraient pas organisé la consultation sans espoir de succès, ni sans mettre les moyens pour y parvenir.

Reste qu’il n’y a pas eu de vaste mobilisation populaire, de projet de société alternatif visible et pour cause : la Nature n’a jamais été prise en considération.

La question de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes s’est vue réduite à son aspect environnemental, au mieux, car c’est surtout devenu un point de fixation pour des gens cherchant à vivre dans leur coin, de manière autosuffisante, avec une sorte de modèle médiéval…

C’est tellement vrai qu’il semble bien qu’ils n’ont pas compris l’enjeu de la consultation et qu’ils ne voient pas que la répression va désormais être générale, et d’une bien autre proportion que jusqu’à présent.

Il y a ici une part de naïveté, mais de naïveté voulue, car ces gens ne veulent pas changer la France et encore moins le monde. Ils ne sont pas universels, ils veulent vivre leur vie à leur manière, voilà tout.

Ils n’ont pas de sens d’abnégation pour les animaux, ils ne reconnaissent pas la Nature. Par conséquent, il ne peut en ressortir rien de positif.

Une victoire du « non » à la consultation les aurait obligé à porter quelque chose de plus grand, cela aurait pu faire avancer les choses, c’est dommage. Nous avions apprécié la ZAD à son début, alors que tout restait possible, avant le tournant « localiste ».

La consultation sur Notre-Dame-des-Landes a vraiment marqué la fin d’une époque et d’ailleurs, il faudra se souvenir de ceux qui n’ont pas mobilisé pour la victoire du « non », participant au triomphe d’un apolitisme général insupportable, d’un mépris pour la Nature qui dépasse l’entendement.

Le Conseil d’Etat valide la consultation sur Notre-Dame-des-Landes

« Le « référendum » sur Notre-Dame-des-Landes est-il légal ? » se demandait hier le journal Le Monde, alors que le Conseil d’Etat, réuni  en formation collégiale de neuf juges, l’a justement validé.

Pourtant, tout le monde sait très bien que dans un pays républicain et centralisé comme le nôtre, une consultation partielle est impossible : c’est s’opposer au principe général de citoyenneté.

Il n’y a pas de différence légale entre une parisienne et un bordelais et par conséquent, l’Etat ayant décidé pour l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, tous les « citoyens » devraient participer à la « consultation » et non pas seulement les 968 000 électeurs de Loire-Atlantique.

Ce terme n’a lui non plus pas de sens, car normalement la souveraineté revient au peuple. On ne demande pas son avis au peuple : c’est lui qui décide. Normalement…

Car à l’arrière-plan, on retrouve la question du profit. Le journal des entreprises constate ainsi :

Pas moins de douze réseaux économiques ainsi que des entreprises parmi lesquelles InVivo NSA, poids lourd de l’économie morbihannaise, disent oui au projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes. « Nous représentons plus de 2.000 entreprises, employons plus de 50.000 personnes, et nous voulons manifester notre soutien pour l’économie et l’emploi de nos générations futures. »

Pour en revenir à la question de la décision du Conseil d’Etat, voici comment Le Point (une revue de droite) raconte pourquoi il a été fait appel à lui.

Les deux principales associations opposées au projet, l’Acipa et le Cédpa, ainsi qu’Attac 44 et trois couples, expulsables depuis le 25 janvier, attaquaient devant le Conseil d’Etat le décret organisant cette consultation populaire, juridiquement non contraignante mais dont François Hollande avait affirmé qu’elle serait décisive.

Les associations avançaient que la question posée était « ambiguë », puisqu’elle passait sous silence le maintien d’une activité industrielle sur l’aéroport nantais, à la demande de l’avionneur Airbus, et que la consultation en elle-même n’était pas « sincère », car portant sur un projet déjà très avancé. (…)

La juridiction administrative a également balayé toute contestation du périmètre de la consultation, jugeant qu’en application du code de l’Environnement, « l’aire couverte par la consultation correspond au seul département, et non à la région, lorsque, comme c’est le cas en l’espèce, la préfecture de département avait été désignée, en cette qualité, comme lieu d’enquête ».

« Pas étonné » non plus du rejet de ce nouveau recours, qui s’ajoute à « 154 décisions précédentes » perdues par les opposants, Alain Mustière, le président de l’association pro-aéroport « Des ailes pour l’Ouest », a fustigé une stratégie de « communication pure », qui « ne sert qu’à troubler les électeurs » quelques jours avant la consultation.

Ce n’est malheureusement pas faux : il est facile de voir que les opposants à l’aéroport, refusant de poser la question en termes de défense de la Nature, se cantonnent dans des voies juridiques, associatives, zadistes, etc.

Cela masque la véritable question de fond. Dans 50 ans, la question de la réalisation ou non de l’aéroport de  Notre-Dame-des-Landes ne sera vu qu’à travers le prisme environnemental. Personne ne s’intéressera aux arguties juridiques qui n’ont aucun sens devant les rapports de force.

D’ailleurs le Conseil d’Etat va de nouveau examiner une autre requête dénonçant le caractère local de la consultation. Sauf que l’Etat a paré le coup par l’intermédiaire d’une ordonnance faite en avril autorisant à « consulter les électeurs d’une aire territoriale déterminée afin de recueillir leur avis sur un projet d’infrastructure ou d’équipement susceptible d’avoir une incidence sur l’environnement ».

Officiellement, ce n’est pas un référendum, simplement une consultation… Même si en réalité, c’est bien un référendum. Tout cela montre bien que l’Etat cherche à embrouiller le tout, alors restons simples : il faut protéger la Nature, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes va dans le sens contraire et est donc à rejeter.

Condamnation de Daniel Amblevert

C’est un exemple parmi tant d’autres, mais celui-ci est très parlant de ce qui se cache derrière l’éloge de la « ruralité ».

L’histoire est la suivante : il y a en Gironde un canal artificiel de six kilomètres de long. Daniel Amblevert, maire de Sainte-Florence, qui est un village de 130 personnes, décide alors de procéder à son « nettoyage ».

Cela avait déjà été fait plusieurs fois et il a donc décidé de recommencer, en octobre 2011. Cela lui fut d’autant plus facile qu’il est vice-président de la communauté de communes, s’occupant notamment de l’environnement, des bassins-versants et des berges de la Dordogne.

Sauf qu’on ne nettoie pas un cours d’eau comme cela, même en prétextant des inondations. Il y a des lois, notamment une loi sur l’eau, datant de 2006. On sait bien qu’elles ne valent pas grand choses, ces lois, mais enfin il y en a.

La loi sur l’eau, c’est l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) qui s’en occupe et il n’a pas apprécié ce nettoyage lorsqu’il s’en est aperçu en janvier 2012.

Sauf que Daniel Amblevert est une figure emblématique de la « ruralité ». C’est-à-dire, en français, que c’est un notable, avec en arrière-plan le business. Il est d’ailleurs président de la Fédération Française de la Pépinière et sa pépinière représente :

2 millions de plants en 2015, dont 730 000 plants en pots

32 ha de vignoble AOC Bordeaux dont 12 ha en parcelles de multiplication clonale

50 ha de terres à céréales dont 30 ha à vocation pépinières

30 clones parmi les plus qualitatifs du bordelais

Un parc de vignes mères de porte-greffes

2300 m3 de chambres frigorifiques

3500 m2 de serres totalement automatisées

On est loin du petit paysan de l’image d’Epinal…

Quand l’entreprise s’est agrandie en 2015, plus de trois cent personnes assistaient à l’inauguration, avec notamment Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole.

Lorsque le procès pour « activité nuisible au débit de l’eau et à la vie aquatique » a commencé, Daniel Amblevert a donc eu un soutien massif, avec un rassemblement de 200 personnes, dont une dizaine d’élus et d’agriculteurs.

Le procès avait lieu au tribunal correctionnel de Libourne et afin de faire pression, étaient présents dans la salle Gérard César, député UMP, Florent Boudié, député socialiste, le maire socialiste de Libourne Philippe Buisson, ainsi que le président de la Communauté d’agglomération du Libournais Gilbert Mitterrand (désormais il s’agit de Philippe Buisson).

Patrick Vasseur, le président de la FDSEA de Gironde, prendra même la parole pendant l’audience pour défendre Daniel Amblevert… Le journal Sud-Ouest parle d’une salle « bouillante » durant le procès…

Pour donner l’ambiance et la vision du monde de ces gens-là, citons Vitisphère, un site dédié à la vigne :

Max Despagne, 81 ans, viticulteur à la retraite, installé à Flaujagues, est remonté comme une pendule.

Depuis le début de l’affaire, il soutient Daniel Amblevert : « Pour avoir dérangé quelques crapauds et rainettes dans ce fossé, Daniel Amblevert  se retrouve accusé. Le bons sens n’existe plus »

Dans ce contexte de ruralité – des réactionnaires, des entrepreneurs, bref la France du passé – on ne sera guère étonné que le 8 avril 2014, c’est la relaxe : Daniel Amblevert et ses amis fêtent cela au champagne à quelques rues du tribunal.

De son côté, le procureur de la République Christophe Auger raconte que sur le plan juridique « la question de savoir s’il s’agit d’un canal ou d’un cours d’eau ne se pose pas ». Circulez, il n’y a rien à voir !

Sauf que le contexte a tout de même changé. L’Onema proteste, ainsi que l’association Sepanso (société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le sud-ouest), et même le parquet.

On a alors un procès en appel, à Bordeaux, en décembre 2015. Sauf que lorsque le délibéré est rendu en février 2016, la cour ne retient pas le terme de « fossé » : selon Daniel Amblevert, le « grand canal » n’était rien d’autre qu’une fosse artificielle remplie d’eau.

Il n’y a donc pas de loi qui s’applique… Pas besoin d’autorisation ! Le tribunal n’a pas retenu ce tour de passe-passe et a décidé que c’était un cours d’eau.

Résultat, Daniel Amblevert a été condamné et il a fait appel. La sentence vient de tomber définitivement, par la cour d’appel de Bordeaux ; elle consiste en une amende de 1.500 euros, alors qu’il y a aussi 5.000 euros de dommages et intérêts à l’association Sepanso.

Il risquait deux ans d’emprisonnement et 18.000 euros d’amende….

Le journal 20 minutes donne le point de vue de la cour d’appel :

Dans sa décision, la cour d’appel a invoqué « l’importance » des « conséquences environnementales sur la faune et la flore » des travaux réalisés à la demande du maire et « la volonté affirmée et réitérée de M. Amblevert de ne pas respecter la loi en ne faisant pas réaliser une étude environnementale d’impact et en ne régularisant pas la situation ».

Le Figaro nous donne le point de vue de Daniel Amblevert comme suit :

Daniel Amblevert accuse «l’excès de zèle et l’entêtement» de l’administration et «la dictature» des associations environnementales, qui défendent «une écologie utopiste et non pratique».

Au travers de ce jugement, regrette-t-il, c’est «la reconnaissance de la souveraineté de l’administration face au rôle des élus ruraux et à la réalité de terrain», «la victoire des lobbies écolo, de l’idéologie contre le bon sens».

«L’écologie est la plus belle chose à défendre dans nos territoires ruraux, ajoute-t-il, mais elle est mal défendue quand on le fait de manière excessive».

(…)

Profondément ébranlé par «un sentiment d’injustice», le maire de Sainte-Florence ne veut aujourd’hui retenir que «la force des soutiens, venus de partout en France» pour défendre «la cause non seulement d’un homme mais de la ruralité».

Bien sûr, alors que la France a connu des inondation, on assiste à une vaste démagogie faisant de Daniel Amblevert un héros en lutte contre le « pouvoir central ». On a là l’esprit typiquement borné de la ruralité, des petits producteurs et des notables, de la France qui idéalise les années 1960…