Quelques questions à John Zerzan

Dans la critique que nous faisons de la « Décroissance », il y a en fait aussi la critique du primitivisme. En fait, on peut même dire que la « Décroissance », c’est le primitivisme sans la radicalité et surtout sans le respect de la Nature.

Pour repréciser tout cela, voici quelques questions posées à John Zerzan, l’un des principaux penseurs primitivistes. Cela dans un but d’information, mais également de distinction et de discernement dans la grande bataille pour réaliser  l’utopie.

Dans sa célèbre œuvre de science-fiction, Isaac Asimov a considéré que la surpopulation rendra nécessaire de coloniser l’espace. Nous pensons que c’est peut-être vrai, mais nous luttons pour l’harmonie, dans ce que nous appelons Gaïa, d’une humanité hautement développée.

John Zerzan, vous êtes un auteur prolifique sur la question de ce qu’on appelle le « primitivisme. » Pouvez-vous nous en parler et de comment vous en faire la promotion, et comment vous évaluer notre point de vue?

L’anarcho-primitivisme est également connu comme l’anarchie verte (green anarchy) et la critique de la civilisation. Cela signifie, entre autres choses, je crois, qu’à moins que nous ayons un avenir en quelque sorte primitif, nous n’aurons pas d’avenir.

Cela signifie également que la domestication / la civilisation est à la racine de la tombe et de l’approfondissement de la crise globale. Les humains ont pris un très mauvais tournant avec avec l’adoption de la domestication ou de l’agriculture.

Cet tournant, au détriment des peuples libres de chasseurs-cueilleurs, était un tournant vers le contrôle. Le contrôle des animaux, des plantes et de nous-mêmes. Cette logique de domestication n’est allé que vers l’avant et cela continuera de faire ainsi, jusqu’à ce qu’elle soit reconnue pour ce qu’elle est et qu’elle soit arrêtée.
Freud (Malaise dans la civilisation) a vu que la domestication comme créant la névrose, l’absence de joie, parce qu’elle enlève la liberté des instincts et de l’eros.

Quatre-vingts ans ont passé, on peut voir la vérité de son affirmation. Lorsque l’humain a entrepris de contrôler les animaux et les plantes, nous nous sommes domestiqués nous-mêmes dans le processus.

Il y a de plus en plus de contrôle, ce qui commence, le plus basiquement, avec la domestication il y a environ 10.000 ans, la « pire erreur », dans les mots de Jared Diamond, dans l’histoire humaine. L’objectif est donc, plus simplement, d’en finir avec elle.

La logique interne de la domestication a colonisé la terre et progressivement détruit le monde naturel. De la civilisation, à la société de masse, à l’industrialisation, la mondialisation. Il s’agit d’un cancer, mais pas vraiment compris comme tel.

Coloniser d’autres planètes seraient répandre ce cancer qui détruit celle-ci, une idée absurde, une capitulation. Davantage de gens ont maintenant des doutes quant au Progrès, parce que son bilan est terrible. Est-ce qu’il y a quelqu’un qui ne voit vraiment pas l’échelle gigantesque de l’éco-catastrophe qui se déroule maintenant rapidement?

En France, nous avons l’écrivain Jules Verne qui était fasciné par la technologie, mais nous avons aussi Claude Bernard, le « prince » de la vivisection, ou Descartes qui considérait que les animaux n’ont pas d’âme et ne peuvent pas vraiment souffrir.

Comment comprenez-vous cela dans votre point de vue? Que pensez-vous de la notion de progrès en général, et comment considérez-vous le véganisme?

J’ai beaucoup de respect pour ceux qui adoptent un point de vue vegan. Mais bien sûr, cela doit signifier plus qu’un changement de style de vie de consommateur, plus qu’une attitude moraliste.

Je ne suis pas sûr de ce que « véganisme » signifie dans l’ensemble, pas clair s’il ya un point de vue ici ou plus d’un.

En France, il y a maintenant une lutte importante contre la construction d’un grand aéroport, près de Nantes, dans l’ouest de la France. La plupart des gens qui luttent croient en un projet d’auto-détermination, avec de petites auto collectivités durables, et ils occupent le terrain où l’aéroport devrait être construit.

Nous pensons que c’est à moitié réactionnaire à moitié progressiste, parce que si la raison de lutter est correct, le projet en réponse implique toujours le repli individuel et l’exploitation animale. En fait, nous croyons au progrès et voulons une planète végan.

Comment interprétez-vous cette lutte? Comment croyez-vous que le primitivisme peut ou va gagner, comme façon de vivre sur la planète entière?

Je pense que toutes les luttes contre les aéroports, les barrages, les mines, les trains à grande vitesse
trains, etc. sont en un sens « primitiviste » ou anti-Progrès. La technologie et l’industrie ne sont pas neutres. C’est intrinsèquement anti-vie.

Leurs valeurs ou les choix impliqués sont contre la nature, contre la vie. Leurs promesses sont aussi
fausses que celles de la domestication et le bilan est encore plus évident.

Vous êtes d’origine tchèque. Cela a-t-il joué un rôle? Dans l’histoire, Karl Renner, qui provient d’une région tchèque a fondé les Amis de la Nature en Autriche. N’était-ce pas un mouvement qui a mis en avant des conceptions bonnes?

Je suis Tchèque, mais n’ait jamais visité la République tchèque (bien que j’aie été en Inde 3 fois, en Russie, au Brésil, etc.). Karl Renner est inconnu pour moi, merci pour la référence à lui et aux Amis de la Nature en Autriche.

En France, le cas de l’« Unabomber » est quelque chose qui a été un peu célèbre à l’époque. Que pensez-vous des positions de Theodore Kaczynski contre la modernité, que nous trouvons plus orientées contre la « gauche » que quelque chose d’autre?

Kaczinski a certainement une critique de la Gauche, mais il va plus loin. « La société industrielle et son avenir » (son soi-disant Manifeste) peut être résumer ainsi, à mon avis: plus la technologie est présente dans la société, moins il y a l’accomplissement de l’individu et moins il y a de liberté. Je suis d’accord avec cela.

Désolé de poser cette question, qui est anti-intellectuel, mais nous le devons: en tant que défenseur de primitivisme, vous vivez dans un monde plein de technologie. N’est-ce pas une contradiction? Ou de manière plus intéressante: comment se peut-il qu’une pensée complexe doit exister pour que nous puissions revenir à un passé simple, pour ainsi dire?

C’est certainement une contradiction que d’être anti-technologie et de pourtant utiliser la technologie. Mais surtout on ne nous a pas donné le choix. Je pourrais refuser de voler en avion ou de faire une émission de radio ou de communiquer par courrier électronique des personnes – et donc me retirer de la possibilité de faire une contribution au dialogue. Je n’ai pas choisi ce monde et j’espère voir sa dissolution, mais ce serait idéologique et contre-productif que de rester séparé de lui – comme si on pouvait actuellement.

Est-ce une pensée complexe, l’idée d’un retour? Ce qui me frappe, c’est sa simplicité : nous avons besoin de nous débarrasser de tout cela. Pas si complexe, hein? Difficile à faire, mais pas à penser.

Comment comprenez-vous l’idéologie du survivalisme? Pensez-vous que cela fait partie d’une tendance positive, ou au contraire cela démontre-t-il une non compréhension de la situation?

Le survivalisme en Amérique du Nord a une orientation de droite, tournée vers la propriété privée, quelque chose comme cela. Kaczinski est PEUT-ÊTRE un peu trop près de cela, bien qu’il se soit appelé lui-même un anarchiste.

Nous avons besoin de nous requalifier nous-mêmes, dans un contexte de déqualification massive, de manière à devenir autonome et de quitter notre état domestiqué. Mais je n’utiliserais pas le mot survivalisme.

Je veux un monde de communauté visage contre visage, dans lequel nous pouvons être responsable et rendre des comptes à nous-mêmes et la vie. Un monde radicalement décentralisé, quelque chose qui ressemble à la société en bande, dans laquelle nous avons vécu pendant deux millions d’années.

« La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. »

Hier, nous avons critiqué la prise de position d’une personne de la ZAD résumant le point de vue hégémonique dans la lutte contre le projet d’aéroport. Bien sûr, il y a d’autres points de vue, et même le point de vue hégémonique est très contradictoire, puisqu’il est à la fois un appel à un esprit collectif et de l’autre une revendication individualiste très poussée.

Le problème est qu’à un moment, il faut pousser dans un sens ou dans un autre. Soit on dit qu’on va à une décentralisation totale, et alors comme le disait l’appel de la personne de la ZAD, l’objectif est que chacun soit en mesure de produire « sa » « viande », « son » lait, etc. C’est un retour à l’artisanat du petit producteur du moyen-âge disposant de son lopin de terre.

Soit, au contraire, on dit qu’on part d’en haut, qu’on centralise toutes les questions de la production et on répartit en fonction. C’est non seulement le moyen de manger des bananes en France, car vu le climat elles ne pousseraient pas dans une ferme locale, mais aussi le seul moyen que triomphe le véganisme au niveau mondial.

On peut arguer que cela signifie que les gens n’auront plus un « lien » avec « la terre. » Mais là est justement la grande critique que nous faisons à l’option des « petits producteurs. » Nous ne sommes pas du tout dans cette perspective, nous voulons embrasser la Nature, pas « la terre » en tant que lieu de production.

Nous parlions récemment des néo-nazis français qui mettent justement en avant ce rapport « enraciné » avec la terre en voulant en revenir aux Gaulois, qui relève du grand n’importe quoi. Mais il faut voir les choses en face, si l’on prend le discours du maréchal Pétain du 25 juin 1940, on retrouve pratiquement des aspects ouvertement assumés dans l’appel pour la ZAD publié hier.

Voici donc ce que dit Pétain, nous mettons en gras la partie directement concernée.

« Vous avez souffert.

Vous souffrirez encore. Beaucoup d’entre vous ne retrouveront pas leur métier ou leur maison. Votre vie sera dure. Ce n’est pas moi qui vous bernerai par des paroles trompeuses. Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal.

La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. Elle est la patrie elle-même. Un champ qui tombe en friche, c’est Une portion de France qui meurt. Une jachère de nouveau emblavée, c’est une portion de France qui renaît.

N’espérez pas trop de l’État qui ne peut donner que ce qu’il reçoit. Comptez pour le présent sur vous-mêmes et, pour l’avenir, -sur les enfants que vous aurez élevés dans le sentiment du devoir.

Nous avons à restaurer la France. Montrez-la au monde qui l’observe, à l’adversaire qui l’occupe, dans tout son calme, tout son labeur et toute sa dignité. Notre défaite est venue de nos relâchements. L’esprit de jouissance détruit ce que l’esprit de sacrifice a édifié. C’est à un redressement intellectuel et moral que, d’abord, je vous convie. Français, vous l’accomplirez et vous verrez, je le jure, une France neuve surgir de votre ferveur. »

Ce qui est très inquiétant ici, c’est qu’on a la même conception du caractère « authentique » de la terre, c’est qu’on a la même affirmation de la méfiance par rapport à la société et une affirmation de l’auto-suffisance, c’est qu’on a la négation de la Nature au profit de l’agriculture « maîtrisée » gage de « renouveau. »

Il faut être aveugle pour ne pas voir que les organisations d’extrême-droite tentent justement de récupérer la lutte de la ZAD dans la critique du « monde moderne » contre laquelle il faudrait se « révolter. »

Cela ne veut pas dire du tout que la lutte de la ZAD va se transformer en fascisme. Mais qu’il faut être aveugle pour ne pas voir qu’il y a ici un tournant. Soit il y a un saut dans la critique de la société, mais alors il faut reconnaître que la France agricole est déjà industrialisée et qu’il faut combattre l’exploitation animale.

Soit il y a le développement d’un courant nostalgique de la paysannerie des petits producteurs, proche de la terre et donc authentique, et autres fumisteries pétainisto-régionalistes produites par l’extrême-droite tout au long du 19ème siècle.

Le véganisme ne peut exister qu’avec la modernité, reste à savoir de quelle modernité on veut, bien sûr, c’est là qu’il faut creuser. Mais tout retour en arrière se fera forcément aux dépens des animaux, et est donc inacceptable.

La science et la technique au cœur de l’utopie végane ?

Dans quel monde voulons-nous vivre ? A quoi devrait-il ressembler ? C’est une question qu’on nous a posé suite aux petites remarques d’hier.

Nous avons déjà défini notre « utopie », par ces mots : « Pour que la planète redevienne bleue et verte. »

La conséquence d’un tel mot d’ordre est facile à comprendre : la civilisation doit reculer et respecter la Nature. En gros, tous les humains doivent devenir vegans, il faut une société fondée sur le respect de la vie.

Finie l’exploitation, les humains seront biologistes ou vétérinaires, médecins ou poètes, chanteurs ou peintres, tous vivants dans des bâtiments à la fois jolis et qui plus est totalement efficaces quant à la pollution et l’énergie, etc.

Et il va en falloir de la science et de la technique pour réparer les conneries faites ! Une société végane future disposera forcément de savants avec des grands moyens techniques pour enlever la pollution de l’océan…

Évidemment, pour savoir à quoi cela ressemblera, il faudra la participation de millions de personnes, de milliards d’ailleurs en fait, et tant qu’une infime minorité portera cette alternative, on ne pourra qu’entrevoir cela.

Mais pour répondre à la question actuelle et « politique », à la question qu’on nous pose en définitive : notre utopie n’est pas dans le passé, mais dans le futur.

Nous n’éprouvons qu’un intérêt très relatif au passé, bien sûr la culture nous intéresse, mais nous ne voyons aucun modèle dans les périodes de l’histoire où le véganisme n’était pas possible.

D’ailleurs, il n’existe aucune utopie du ralentissement, des écovillages ou de communautarismes qui prônent le véganisme. Ce n’est pas pour rien, cela n’est tout simplement pas possible, parce que le véganisme demande forcément une planification à grande échelle, alors que le localisme va toujours de pair avec l’exploitation animale (du type les poules sur le balcon, etc.).

Nous ne pratiquons donc pas le culte des villages, pas plus d’ailleurs que nous n’apprécions les villes. Nous voulons… autre chose, qui ne soit ni des villages ni des villes, mais quelque chose entre les deux, en harmonie avec la Nature.

C’est un projet qui ne peut qu’exister qu’à grande échelle, donc forcément nous croyons en la science et la technique, qui nous permettrons de profiter de l’énergie solaire, inépuisable et énorme.

Nous sommes des gens alternatifs, nous vivons sans l’inutile (dernier iphone, etc.) pour autant nous sommes très contents de profiter d’internet ou encore d’hôpitaux plus modernes et nous trouvons que c’est un grand progrès.

Nous ne voulons pas perdre cela. Nous n’avons rien à faire du rêve petit-bourgeois du pavillon autosuffisant avec son petit champ et sa petite ferme. Nous voulons une humanité moderne sur le plan éthique, parce que le plan matériel elle est moderne et a les moyens de vivre en harmonie avec Gaïa.

Nous ne sommes pas pour que les avancés techniques ralentissent, mais pour qu’elles soient cohérentes et rationnelles, en harmonie avec les valeurs qui sont les nôtres.

Nous n’avons donc rien à voir avec la décroissance, qui d’ailleurs se moque des animaux, tout comme finalement de la Nature. Le discours de la décroissance est simplement de dire que l’humanité s’est trompée dans son évolution en raison du triomphe de la technique.

C’est une thèse qui vient d’abord d’une partie du romantisme du début du 19ème siècle, puis de l’extrême-droite de la seconde moitié du 19ème siècle (Barrès par exemple), pour devenir une philosophie avec Heidegger.

Parmi les grandes figures de cette tendance on a également le milliardaire conservateur Goldsmith, à l’origine de la revue l’écologiste, ou bien encore le religieux Jacques Ellul.

Rien de plaisant : ce sont des gens tournés vers le passé, qui veulent bloquer l’histoire ; ils n’en ont rien à faire de la Nature. Ils veulent simplement vivre comme avant.

Mais nous, nous sommes végans : nous ne pouvons pas vivre comme « avant », car avant il n’y a avait rien de végan !

Nous avons donc au contraire besoin d’une société plus moderne, qui organise la production d’une alimentation végane à l’échelle mondiale, qui coordonne de manière ultra-moderne la sanctuarisation de la vie sauvage !

Nous avons besoin des satellites les plus perfectionnées pour admirer notre merveilleuse planète bleue et mieux la connaître, pour mieux la protéger.

Nous avons besoin de davantage de connaissances vétérinaires, pour mieux aider nos amis, de davantage de connaissances sur les feux de forêts, pour les empêcher !

La décroissance s’oppose totalement à un tel projet, car elle est anthropocentriste. Nous, nous plaçons Gaïa au centre, et nous voulons une humanité tournée vers elle, ayant abandonné tout principe d’exploitation.

Nous ne voulons pas une humanité revenue au moyen-âge, repliée sur elle-même, « parasitant » Gaïa. Nous voulons une humanité ultra-moderne, servant de protecteur de Gaïa et de toute la vie qu’elle héberge.

L’humanité a les moyens de faire cela, elle doit donc le faire. Cela, c’est la plus belle des utopies, qui porte les plus belles valeurs : l’abnégation pour une grande cause planétaire, au service de la vie elle-même, au moyen de l’intelligence et de la sensibilité.

Nous ne savons pas si nous sommes à la hauteur d’un tel projet. Mais nous sommes certains et certaines que le monde de demain regardera LTD en disant : ces gens-là avaient compris les exigences de Gaïa à notre égard, et le bonheur qui va avec l’harmonie au sein de notre planète bleue !

Qu’est-ce que la politique?

On nous a envoyé un email pour nous poser deux questions pertinentes et nous nous permettons de citer :

« Est-ce que vous ne croyez pas à la politique? Pourquoi cette méfiance (voire plus) vis-à-vis de la décroissance ? (alors qu’à l’évidence vous vous rejoignez sur beaucoup de constats et que les deux visions pourraient gagner à s’enrichir l’une l’autre).

Est-ce que vous avez déjà lu des auteurs ou avez déjà débattu avec des personnes s’en réclamant? Qu’est-ce que vous gêne? Y a-t-il de gros points de désaccord?

Enfin, vous n’évoquez que trop rarement le type de société vers laquelle vous aimeriez tendre : qu’est-ce que vous pensez par exemple de la permaculture, quelle opinion vis-à-vis du travail salarié, comment est-ce qu’on peut chacun orienter sa vie dans le bon sens, etc… ? »

Ce sont deux questions pertinentes, parce que, effectivement, l’actualité est exigeante et que le changement est nécessaire. Mais par où passera-t-il ? C’est une question brûlante.

A ce titre, nous pouvons déjà répondre une chose simple. LTD n’est pas une organisation, c’est un média, un journal, qui à côté de la production d’articles est un petit vecteur d’agitation militante.

Nous n’avons pas vocation à devenir une organisation, parce que nous mettons en avant deux thèmes principaux, la libération animale et la libération de la Terre, qui peuvent être assumés par des gens venant de spectres politiques différents, même si évidemment uniquement progressistes ou, pour dire le fameux mot, d’extrême-gauche.

Nous entendons en rester dans une démarche démocratique, où ce sont ces valeurs qui primeront et où dans cette bataille, il y a de la place pour toutes les personnes progressistes. Cela ne nous empêche pas d’avoir notre avis, ou plutôt un critère très net : l’amour pour les animaux.

A ce titre, nous ne nous disons pas « antispéciste » et nous apprécions d’un œil extrêmement critique des gens parlant du véganisme, mais absolument jamais des animaux.

Les critiques qui peuvent être faites à la Fondation Brigitte Bardot, par exemple, passent complètement à côté du problème si elles se résument à une dénonciation de cette « fondation » comme totalement facho, parce que Bardot le serait. C’est bien plus compliqué que cela.

Il est vrai, ici, que beaucoup en France ont un mal fou avec la Nature. Ils ont trop appris leurs leçons de philosophie en terminale où on leur a enseigné que la culture s’oppose à la Nature, que l’humanité serait « sortie » de la Nature et autres balivernes.

En ce qui nous concerne, nous assumons totalement la position en faveur de la Nature, c’est-à-dire la libération de la Terre, et quand nous voyons des gens dire que LTD ne dit pas la même chose à ce sujet qu’Earth first ! aux États-Unis, nous nous demandons franchement si ces gens en connaissent les positions.

Tout cela pour dire qu’il appartient à chacun et chacune de se prendre en main, de fonder des groupes mettant en avant la libération animale et la libération de la Terre, et que de manière démocratique, nous nous rencontrerons tous et toutes, échangeant et apprenant les unEs des autres, lançant un grand mouvement.

Cela ne veut pas dire que les choses seront politiques uniquement à ce moment-là. Car il y a de très nombreuses manières de définir la politique.

Mais nous pensons, à LTD, qu’un article comme « Une nouvelle drogue particulièrement meurtrière: « crocodile » », qui a été lu par un nombre très important de personnes, est absolument politique, et est même davantage politique que beaucoup de gesticulations.

En fait, si l’on pense que la politique c’est débattre de la manière de vivre dans la société, alors mettre en avant la culture vegan straight edge est totalement politique.

Comprendre la réalité de la Nature, ne pas prendre des drogues… Ce sont des choix fondamentaux, des bons choix, qu’il faut diffuser.

Ce ne sont pas du tout les choix de la Décroissance et de sa mouvance, par contre. Nous en avons déjà parlé : les gens de la Décroissance ne s’intéressent en rien aux animaux, ils n’en parlent absolument jamais (voir par exemple Des décroissants toujours plus fachos, « La décroissance » n’aime pas les animaux ni les « cobayes »…).

Leur modèle de société se situe plus ou moins dans le passé, d’ailleurs, alors que nous diffusons une culture qui inévitablement sera au cœur de l’utopie de demain.

Ou plutôt d’après-demain, car la société française est plus intéressée par les différentes religions et la formation d’un État policier que par la reconnaissance de la Nature et une vie collective se fondant sur cette reconnaissance.

Il ne faut pas se voiler la face, telle est la réalité, avec d’ailleurs la complaisance ou la complicité de plein de gens pour les « droits des animaux » ou de la Fondation Bardot.

A ce titre, LTD est menacée par l’extrême-droite, cela n’a rien de nouveau, et c’est ce qui fait aussi… que nous sommes déjà « politique. »

Libération animale et libération de la Terre

[Cette page sera bien entendu améliorée au fur et à mesure… Ce n’est qu’une ébauche un peu constructive, appelée à être bien mieux!]

Nous avons très souvent des demandes de personnes désireuses d’agir. Répondre n’est jamais simple, car la situation en France est encore très difficile : c’est l’isolement qui prédomine.

De plus, l’activisme pour la libération animale et la libération de la Terre n’est pas quelque chose que l’on peut déterminer de manière abstraite, parce que les situations sont très nombreuses et que chacune a besoin d’une évaluation particulière.

Aussi, justement, voici une proposition d’activisme facilement reprenable et nous semblant tout à fait applicable, par n’importe qui et dans n’importe quelle situation.

Il est bien sûr aussi possible de piocher des éléments, même si la logique des choses veut à notre avis que tout soit inter-relié. C’est une question de levier et de pertinence, par rapport à la société actuelle : véganisme et écologie radicale forment une dynamique vraiment révolutionnaire.

L’objectif, simple donc dans sa logique, est le suivant : diffuser des idées progressistes, aider concrètement les animaux, faire des rencontres, former un groupe activiste, se développer culturellement.

Souvent, les médias expliquent que le militantisme est borné et ennuyeux, au contraire, dans notre cas, c’est un épanouissement, car ce n’est justement pas du tout égoïste.

******** D’abord, évaluez la situation. Pour cela, délimitez une petite zone (où vous habitez, où vous travaillez, où vous étudiez).

** Ensuite, étudiez la situation, et pour évaluer correctement la situation, il faut se fonder sur deux piliers : la libération animale, en tant que refus de l’exploitation animale et désir d’avoir un rapport heureux avec les animaux, et la libération de la Terre en tant que reconnaissance de la Nature comme réalité de notre planète (et non pas « Dieu », les humains seulement, etc.).

** Regardez où en est la Nature dans cette zone, afin de la défendre et de voir comment les gens la perçoivent (parcs, forêts, oiseaux…). Étudiez le mode de vie des gens au quotidien et leur rapport à l’exploitation animale (supermarché, zoo, chasse…).

******** Organisez-vous au quotidien.

** Faites attention à votre environnement, révolutionnez votre approche de là où vous marchez, là où vous roulez. L’écrasante majorité des gens peut passer à côté d’un animal en détresse, sans même s’en apercevoir. Portez votre attention sur des détails qui n’en sont peut-être pas (une cage de rongeurs apparemment vide placée à côté de poubelles abrite peut-être un animal en détresse!)

** Ayez chez vous une boîte de transport pour chats, ainsi qu’un carton disponible, si jamais dans l’urgence vous trouvez un animal en détresse. Sensibilisez votre entourage sur ce fait.

** Sensibilisez vos proches conduisant des voitures sur leur responsabilité par rapport aux animaux pouvant se trouver sur les routes.

** Rappelez à vos proches « ayant » des animaux « de compagnie » la nécessité que les chiens et les chats disposent d’une puce électronique et de vaccinations à jour.

** Adoptez.

******** La clef : la continuité et l’affirmation

** Tenez un blog local, mis à jour sur une base relativement régulière. Traitez ici principalement voire uniquement de la condition animale locale, de l’environnement local, en faisant des propositions concrètes et en rattachant cela à la question générale du véganisme et de l’écologie radicale.

** Cultivez-vous quant à la vie animale et végétale, notamment locale. Empruntez des livres à ce sujet à la bibliothèque et lisez les de manière critique. Exprimez votre point de vue à ce sujet.

** Prenez des photographies de la nature, d’animaux, surtout localement. Diffusez les, mettez les en avant.

** Portez un regard critique sur votre propre passé, dans votre rapport aux animaux et aux végétaux, et faites partager votre expérience. Soyez philosophe.

******** Reliez-vous aux forces du changement

** Renseignez-vous sur les refuges dans la zone où vous vivez. Soutenez-les : très souvent, les refuges ne tiennent que par l’abnégation et le sacrifice d’une poignée d’individus. Un coup de main même de temps en temps ne coûte rien et dépanne les refuges.

** Dans votre lycée, votre université, votre lieu de travail : cherchez à savoir s’il y a des personnes sensibilisées quant à la question animale et le rapport à la nature. N’ayez ici pas de préjugés par rapport aux formes extrêmement multiples que cela peut avoir (religion, misanthropie, etc.) et mettez en avant les possibilités d’une société nouvelle.

** Organisez des projections vidéos (lycée, faculté, avec des amiEs, etc.), par exemple « Green » et « Earthlings », qui finissent par des discussions (condition animale, huile de palme, réchauffement climatique…).

** Passez voir les associations, les syndicats… lors de réunions et entamez des discussions pour savoir si la question de la Nature, celle des animaux… les intéressent.

******** Faites passer le message

** Collez des autocollants, des affiches…

** Distribuez des tracts à vos proches, dans les boîtes aux lettres, à certaines occasions et sur une base relativement régulière, toujours en précisant le tout par rapport à une perspective locale.

** Ne cédez pas devant les exigences de la vie bourgeoise et assumez un mode de vie alternatif. N’hésitez pas à affirmer votre identité (badges, piercings, tatouages, etc.), à vous cultiver dans le domaine musical, cinématographique, en littérature, etc.

******** Quelques conseils

** Ayez une grande vigilance par rapport aux tentatives de la police et de l’extrême-droite de connaître votre identité. Utilisez un pseudonyme, ne précisez jamais exactement la zone où vous habitez. Au cas où, prétextez l’utilisation d’un second prénom en raison d’une autre personne ayant le même (« il y avait deux Charles, alors j’ai pris mon second prénom, un surnom, etc. »).

** Adoptez un ton constructif et surtout prudent en cas d’isolement relatif, surtout au départ. A la moindre intimidation, diffusez l’information (LTD, Indymédia, médias locaux…) dans un communiqué expliquant brièvement et clairement les faits, et appelant au soutien.

** Faites en sorte que localement les gens puissent vous contacter pour passer des informations ; suivez très attentivement la vie locale.

*** Faites attention à votre santé. En tant que personne végane, vous avez des responsabilités, vous ne devez pas ruiner la mise en avant du mode de vie végane en donnant l’impression que cela est impossible au quotidien.

Walter Bond: « Vous ne pouvez pas arrêter la vie »

Voici une nouvelle lettre de Walter Bond (qui désormais s’appelle Abdul Haqq, comme nous l’avions expliqué). Cela fait longtemps que nous parlions de lui – en fait nous l’avions même interviewé avant son arrestation, en rapport avec un clip retraçant son parcours précèdent.

On peut être en désaccord avec sa démarche, ou encore ses croyances, mais il est impossible de nier que Walter Bond / Abdul Haqq est quelqu’un qui vit dans l’abnégation, qui rejette tout ego. Il se soumet à Gaïa, à l’ensemble, ce qui est indéniablement très moral.

Et il aime les animaux. Cela a l’air tout à fait simpliste de le mentionner. Mais il le dit et il le montre, et c’est quelque chose de normal et de touchant, et quelque chose qu’on ne voit jamais dans les démarches « antispécistes ».

Même dans sa cellule, il remarque la vie. Alors que tellement de gens, et même des vegans qui ne vont pas jusqu’au bout de leur conviction profonde, ne la remarquent pas alors qu’elle est devant eux. Il est par exemple impossible de vivre en ville et de ne pas avoir croisé un pigeon malade. Mais encore faut-il le remarquer, et savoir quoi faire!

On ne peut pas non plus être vegan et ne pas avoir chez soi de boîtes de transport. Aider les animaux, aider la vie, y participer, cela demande une sensibilité et un esprit d’initiative, un peu de bon sens et une bonne intendance!

WALTER EDMUND BOND (37096013)

2 juillet 2012

Vous ne pouvez pas arrêter la vie

Dans le rebord de la fenêtre de la maison de cellule ici à la CMU (unité de gestion des communications ou également « l’unité terroriste ») à [la prison de] l’USP Marion vit une mère Tourterelle triste [également appelée Tourterelle de la Caroline] et ses deux nouveaux poussins nés, et elle n’est pas la seule.

J »ai compté quatre nids d’oiseaux tout au long des rebords des fenêtres des quartiers cellulaires, avec d’autres mères vigilantes et leurs jeunes.

Cela illumine mon coeur de savoir que bien que nous, environ 40 prisonniers politiques et prisonniers de guerre, depuis les frères palestiniens jusqu’aux activistes ALF / ELF, ayons affaire à notre oppression fédérale 24 heures par jour et 7 jours par semaine, nous sommes encore en minorité au sein même ce quartier cellulaire et que la plupart de la vie au CMU Marion est absolument libre.

Des tourterelles tristes, Moineaux, Martinets et hirondelles. Jusqu’aux mites Regals, Impériales, Lunas et Polyphème d’Amérique.

Sans oublier les Hannetons, les Lucanes, les Guêpes rouges, les Guêpes de la boue et les Mantes religieuse.

Et aucun petit Cercle de la vie ne serait complet sans les prédateurs qui, dans ce campement, est composé de plus d’un chat sauvage.

C’est un symptôme de la société contemporaine à ne voir le monde qu’en termes humains, cela devient agrandi dix fois en tant que prisonnier parce que votre monde se rétrécit vers le bas au niveau d’une boîte de béton, de barbelés, de murs, de clôtures et des barres.

Cela peut devenir presque impossible à certains moments que de voir au-delà de son propre sort, sa lutte et sa propre propre incarcération. Mais, heureusement, la Terre est abondante avec la Vie et continue avec ou sans vous et moi.

Vous ne pouvez pas arrêter la vie !

Le complexe industriel carcéral peut arrêter, une vie, ou même des milliers de vies, mais ils ne peuvent pas arrêter la vie.

Et longtemps après que ces donjons de béton qu’ils ont érigées sur une conception malicieuse, raciste et de classe s’érodent et s’effritent, ce sera la Terre elle-même qui les fera s’effondrer par les tremblements et les avalera entièrement, se levant dans les vagues du tsunami et les emportant par des vagues au loin, descendant les collines avec des feux sauvages et brûlant le tout jusqu’en cendres, venant avec les tornades et déchirant tout, sortant avec des vents puissants soufflant des coups pour tout souffler, ou peut-être juste prenant lentement le tout alors que le liquide versé sur les décombres sur ce qui reste, érode, fait se craquer et s’effondrer de nouveau le tout dans des cailloux d’où ils proviennent.

Il s’agit du solde de la vie, et on ne peut l’arrêter. Pour chaque acte méchant et fou consistant à mettre bas la Terre, pour chaque entreprise gloutonne internationale à l’échelle mondiale, il y aura un jour des comptes.

J’ai foi dans l’équilibre de la vie, j’ai foi en la cause et l’effet. Toute la vie est un, Dieu est un. Les différentes manifestations que nous voyons, les personnes individuelles, des espèces distinctes, du microscopique tout le chemin jusqu’au macrocosmique Tout émane de l’ensemble, le caractère d’ensemble du « Un. »

Notre décision finale est : où allons-nous placer notre allégeance? Avec l’artifice de la construction humaine ou la réalité de la biosphère ?

Allons-nous être des agents du béton, du plastique, de la perversion et de la mort? Ou des guerriers pour les Animaux, l’Air, les Arbres, et toute la Vie ?

Je ne parle pas de nos démonstrations extérieures de la solidarité avec les opprimés et damnés, mais notre amour interne, intuitif et intrinsèque qui guide nos actions dans la défense de la Libération.

Avez-vous cela? J’espère que oui. Quand vous voyez des vidéos ou des images de vivisection, de brutalités policières, ou de destruction de l’environnement, pensez-vous que un morceau de vous-même est agressé? Cela vous rend-il malade?

Est-ce que cela créé le désir de se battre? J’espère que cela le fait. Parce que si c’est le cas, nous pouvons commencer à nous comprendre les uns les autres. Et je tiens à vous comprendre, je veux que vous me comprenez. Les connexions sont une belle chose, en particulier les connexions de sentiments réciproques.

Très souvent, nous expulsons les pensées criminelles de nos vies. Nous les avons découpés et jetés en raison de divergences d’opinion sur les questions abstraites ou tactiques qui nous sont proches et chères

Je pensais aujourd’hui au sujet de combien de fois je l’ai fait à d’autres à cause de mes propres croyances tenaces.

Combien de fois ai-je rétréci mon monde vers le bas parce que quelqu’un n’a pas fait la coupe dans ma vision du monde idéologique. Quel gâchis, honte à moi.

On se rend compte de la folie quand on est dans la boîte de béton à regarder les mites [donnant des papillons] et les bébés oiseaux. On se rend compte de l’erreur de sa propre attitude « ma manière à moi ou rien d’autre » quand on veut de la compagnie juste pour avoir de la compagnie.

Non pas que nous pouvons tous simplement nous entendre, car ce n’est pas la réalité de la vie sur Terre. Mais peut-être nous devrions avoir plus de respect pour nos connexions, parce que sans elles, nous nuisons et exploitons, nous perdons la direction, nous succombons à la mentalité autonome qui mène à la folie, à l’élitisme et aux inégalités sociales. Nous oublions qu’il y a le « Un », et que ce n’est pas nous-mêmes personnellement.

Le monde change, que nous parlions du climat, de la politique, de la spiritualité ou de l’effondrement économique. Le monde change. Il y a un certain quota de douleur et de souffrance que cette Terre va permettre, comme n’importe quel autre organisme, après quoi l’action drastique et les bouleversements sont immanents.

Mais à la fin ce qui rétablit l’équilibre vaut la difficulté et les bouleversements, que ce soit dans la santé écologique à long terme de la création d’Allah, ou bien dans la vie d’un activiste incarcéré de l’ALF.

Pour ceux à qui j’ai injustement nui, je m’en excuse. Pour tous ceux qui détruisent la Terre et les Nations animales, puissiez-vous brûler en Enfer. Et à tous ceux que je n’ai pas réussi à sauver, je promets que je vais essayer plus fort la prochaine fois.

Prenez soin de vous et je ferai de même. La Libération Animale, quelle qu’en soit le prix !

Much love,

Abdul Haqq

ALF POW [Prisonnier de Guerre du Front de Libération des Animaux]

« L’écologie est-elle une science ou une religion ? » – la mise en avant de Heidegger

Le document ci-dessous, tiré du Nouvel Observateur, est extrêmement intéressant. Nous parlions en effet il y a quelques jours de « Gaïa » et de la « Terre-mère », en expliquant ce que nous voulions dire par là.

Or, si cette utilisation est rejetée par les partisans de Descartes, y compris au sein de la mouvance en faveur des animaux, la question n’en est pas moins considérée comme une question brûlante par les chercheurs universitaires.

Ceux-ci ne sont pas « idiots » et ont très bien compris qu’à l’avenir il y a un « danger » évident que les prochaines générations saisissent la libération de la Terre et refusent un monde dénaturé, au milieu du béton et avec une industrie agro-alimentaire ayant transformé le moindre animal en esclave.

Tentant ainsi de rejeter la démarche contre une vie dénaturée, ils mettent en avant Heidegger. C’est cela que fait la « philosophe » dans le document suivant.

Le principe est facile à expliquer, et tout le monde l’a vu en classe de terminale, en cours de philosophie (à condition d’avoir été jusque-là) :

  • l’être humain utilise des outils, des instruments ;
  • il transforme le monde, mais sur une base mathématique, logique, de manière « méthodique »
  • par conséquent, l’être humain « rationalise » le monde, tout ce qui existe peut être la cible des outils, des instruments, d’une vision « méthodique »
  • ce qui fait que le monde est « rationalisé », il n’a plus de valeur en soi
  • les machines triomphent sur l’activité humaine : c’est le règne de la technique.

En apparence, cela pourrait ressembler à de l’écologie : en raison d’un mode de vie d’hommes en costumes-cravates et de femmes en tailleurs, la nature est anéantie au service de la consommation.

En réalité, c’est une critique ultra-réactionnaire : Heidegger a soutenu les nazis qu’il considérait comme ramenant justement de la « magie » dans le monde, Ellul est quant à lui un religieux (voir notre article Ellul et la critique chrétienne conservatrice et romantique de la technique).

Et c’est la position de toute la mouvance de la « décroissance », qui se prétend en rupture avec le « monde moderne », tout en ayant bien entendu strictement rien à faire des animaux, ce qui montre l’ampleur de leur « rupture » ! Ces gens veulent en fait surtout retourner dans le passé (voir notre article: Des décroissants toujours plus fachos).

Le texte suivant, quand il parle de « être-au-monde », utilise directement la perspective de Heidegger, de remise en cause de la « technique » comme source du mal.

L’écologie est-elle une science ou une religion ?

LE PLUS. Y a-t-il du sacré dans la nature ? A l’occasion d’un colloque organisé sur ce thème fin avril, en partenariat avec « Le Nouvel Observateur », la professeur de philosophie Bérengère Hurand discutera cette question. Elle livre dès à présent des éléments de réflexion.

> Par Bérengère Hurand professeur de philosophie

L’idée est largement répandue : l’écologie serait, aujourd’hui, la nouvelle religion. Ce culte de la Terre Mère prendrait des formes diverses : le catastrophisme issu de l’allemand Hans Jonas, repris par Jean-Pierre Dupuy ; l’écosophie holiste du norvégien Arne Naess, l’hypothèse Gaïa de l’américain James Lovelock.

Et bien des fantaisies spirituelles alternatives, fascinées par le modèle exotique des religions lointaines ou archaïques, comme par l’idée d’une communion avec l’origine – qui se retrouve dans le fantasme rousseauiste de ce que les rationalistes appellent « l’illusion du retour à l’état de nature ». Il faudrait manger « préhistorique », réactiver nos sens et s’initier au fengshui.

Spiritualité ou réflexion rationnelle ?

La pensée écologique marquerait ainsi la résurgence d’une religion régressive et obscurantiste, appuyée sur la culpabilité et la crainte, et construisant des récits apocalyptiques sur la base de données scientifiques incertaines.

Lancée par l’Appel d’Heidelberg de 1992, l’idée a été reprise par certains scientifiques (comme Claude Allègre) ou essayistes (Pascal Brückner) qui se sont donnés pour tâche de dénoncer l’imposture de l’écologie en pointant la religiosité, l’irrationalité de cette conception du monde : non, objectent écosceptiques et écocritiques, la nature n’est pas sacrée, et c’est aller à l’encontre de l’humanisme occidental que d’attaquer le progrès, la technologie et la science, au nom de la nature et de sa sauvegarde.

L’accusation peut paraître excessive, et même absurde : l’écologie n’est-elle pas d’abord une science ? En montrant la nécessité d’un recentrement écosystémique de l’action humaine et d’un rééquilibrage de ses impacts, l’écologie semble faire davantage preuve d’une réflexion rationnelle (basée sur le calcul et la modélisation) que d’un débordement émotionnel lié à une spiritualité…

Et pourtant : il y a certainement là un penchant de l’écologie qui mériterait d’être analysé. D’un point de vue éthique, la volonté de dépasser l’idée d’une nature-objet à valeur instrumentale passe par le respect de la valeur intrinsèque des espèces et des écosystèmes, sujets de droit autant que de morale.

Et si, comme l’affirme J. Baird Callicott, cette valorisation est anthropogénique (décrétée par l’homme), elle est due à une vision symbolique de nos rapports avec la nature, qu’aucune science ne peut produire. L’écologie invite à ré-habiter la Terre, renouer avec le non-humain : spiritualiser notre être-au-monde, réaffirmer une appartenance avec le milieu de vie, contre le froid dualisme nature/culture qui a fait la preuve de son inadéquation.

Une attitude dont les religions monothéistes elles-mêmes se sont toujours tenues proches, malgré leur anthropocentrisme revendiqué : la Création n’est-elle pas marquée de la sacralité de son origine ? Et sa beauté, qui nous est si facilement accessible, ne dévoile-t-elle pas quelque chose du lien profond qui nous unit à elle ?

En rouvrant la question philosophique de la nature, c’est toute l’ambivalence de nos relations avec elle que nous risquons de voir resurgir. Un impensé occulté par des siècles de technique et d’industrie commence à réapparaître : ne laissons pas passer cette chance.

« Y a-t-il du sacré dans la nature ? », un colloque organisé les 27 et 28 avril par l’Université Paris I – PhiCo Philosophies contemporaines, en partenariat avec le Nouvel Observateur et la Mairie de Paris. Programmes et informations pratiques ici.

Gaïa, notre mère la Terre

Nous employons régulièrement le terme de Gaïa et nous disons que la Terre est notre mère.

Si nous le faisons, c’est parce que tout ce qui existe appartient aux « règnes » minéral, végétal, animal, ou à celui des fungi (les champignons, bactéries, etc.). Rien n’existe en dehors de la Nature, et tout ce qui existe dans la Nature est relié au reste.

L’humanité ne pourrait pas vivre sur Mars, tout comme les bactéries se débrouillent toujours pour aller même là où on ne veut pas. Les plantes poussant à travers le bitume sont une démonstration que rien n’arrête la marche de la Nature.

Voilà pourquoi nous parlons de notre mère la Terre : nous savons qu’en tant qu’individus, nous n’existons qu’au sein d’un ensemble. Et la base de l’écologie radicale, c’est de dire : il faut préserver le tout, vivre à l’encontre du tout est absurde, être dénaturé c’est être malheureux.

Le mode de vie vegan straight edge est, à nos yeux, naturel et logique pour les humains. Une autre démarche est dénaturée et nous sépare de notre mère la Terre.

Rien de mystique à cela, bien au contraire, il s’agit même de l’athéisme le plus radical qui soit. Le contraire du concept de « Terre-mère », c’est Dieu.

Soit on dit que Dieu existe et a donné le monde à l’humanité pour qu’elle fasse ce qu’elle veut, c’est la conception par exemple de Descartes, qui veut que nous soyons comme « maître et possesseur de la nature. »

Soit on dit que Dieu n’existe pas, que les êtres humains sont des animaux et appartiennent à la nature, qui forme un grand mouvement à l’échelle de la planète.

Ainsi, parler de « mère nature » est quelque chose de tout à fait courant chez les athées, les « matérialistes », les « libertins » qui ont combattu les religions, et ce en France comme en Inde, en Chine, dans le monde arabe, etc.

L’un des textes les plus connus et les plus beaux est « De Natura Rerum », de Lucrèce :

« Mère de la Nature, aïeule des Romains,
O Vénus, volupté des dieux et des humains,
Tu peuples, sous la voûte où glissent les étoiles,
La terre aux fruits sans nombre et l’onde aux mille voiles;
C’est par toi que tout vit ; c’est par toi que l’amour
Conçoit ce qui s’éveille à la splendeur du jour. »

Mais sans vouloir parler de toutes les personnes qui sont allées dans cette direction, parlons simplement des auteurs français puisque nous ne « tombons pas du ciel. »

Car en France, la pensée de Rousseau est très connue et lorsque nous critiquons le fait d’être dénaturé, nous parlons finalement la même chose que lui. Comme Rousseau, nous constatons :

«  Ô nature ! Ô ma mère, me voici sous ta seule garde »

Et les gens qui nous critiquent, critiquent surtout Rousseau à la manière de Voltaire, déiste rejetant la Nature, et disant de l’oeuvre de Rousseau :

« On n’a jamais employé tant d’esprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie de marcher à quatre pattes, quand on lit votre ouvrage. »

Mais Rousseau avait de grands contemporains et de grands prédécesseurs. La Mettrie, par exemple, une grande figure des Lumières pour qui l’être humain est un animal, une machine naturelle, et qui explique :

« La Nature nous a tous créés uniquement pour être heureux ; oui tous, depuis le ver qui rampe, jusqu’à l’aigle qui se perd dans la nuée. »

La Mettrie met un N majuscule, comme nous, ou plutôt finalement, nous comme lui. Parler de Dame Nature, de Gaïa, de notre mère la Terre, c’est peut-être une métaphore, mais c’est surtout la reconnaissance que la Nature est un tout.

C’est soit Dieu (qui est ailleurs et a créé le monde à partir de rien), soit la Nature (rien ne naît de rien, tout se transforme).

D’où ces oiseaux qui expliquent à Cyrano de Bergerac (le vrai, l’auteur « libertin » du 17ème siècle) :

« La mort, me dirent-ils (me mettant le bec à l’oreille), n’est pas sans doute un grand mal, puisque nature notre bonne mère y assujettit tous ses enfants »

Au 18ème siècle, les auteurs des Lumières cherchaient ainsi à tout prix la loi naturelle, car la Nature est ordonnée, elle n’est nullement cruelle mais la source du sens de notre vie.

Et cela prolongeait l’effort des « libertins » du 17ème siècle et de l’humanisme du 16ème siècle. Chez Fénelon, on lit par exemple que :

« C’est ainsi, continuait Adoam, que parlent ces hommes sages, qui n’ont appris la sagesse qu’en étudiant la simple nature. »

Et nous avons bien sûr Montaigne, qui parle ouvertement de mère Nature.

« Et pourtant la saveur et la délicatesse de divers fruits de ces contrées, qui ne sont pas cultivés, sont excellentes pour notre goût lui-même, et soutiennent la comparaison avec ceux que nous produisons.

Il n’est donc pas justifié de dire que l’art l’emporte sur notre grande et puissante mère Nature.

Nous avons tellement surchargé la beauté et la richesse de ses produits par nos inventions que nous l’avons complètement étouffée.

Et partout où elle se montre dans toute sa pureté, elle fait honte, ô combien, à nos vaines et frivoles entreprises.

Et le lierre vient mieux de lui-même
Et l’arbousier croît plus beau dans les lieux solitaires,
Et les oiseaux, sans art, ont un chant plus doux,
[Properce, I, 2, 10.] »

Voilà ce que nous voulons dire par Gaïa, notre mère la Terre!

« Maintenant, tout le monde saura »

Voici un tract américain plutôt rigolo, intitulé « Maintenant, tout le monde saura. »

C’est un peu simpliste, et également un peu vain car les gens qui achètent de telles voitures ne se laisseront pas convaincre facilement, voire pas convaincre du tout, car c’est une question de prestige, de classe sociale.

Mais culturellement, c’est très sympathique, et une idée très vraiment bien mise en œuvre. Ce n’est pas pour rien que les plus anti-écologistes et anti-végans sont des hommes, et qu’inversement le mouvement pour la libération animale et l’écologie radicale soient composées de femmes dans une mesure très importante, alors que les hommes refusent le patriarcat.

Si plein de choses se développaient dans le genre, il est sûr que cela aiderait à faire émerger une nouvelle tendance !

[A noter: on peut très bien penser (comme nous l’avons fait) que le tract se moque de la vision viriliste qu’ont d’eux-mêmes les possesseurs de 4×4, et qu’il s’agit de désacraliser cela. Cependant, on peut tout aussi bien penser que c’est en fait une critique viriliste…]

C’est un bon exemple pour faire de l’émulation ! En France, il est vrai en tout cas qu’il n’y a pas autant de « hummer » qu’aux États-Unis. Et il est vrai qu’en France, les 4×4 ont été mis en avant comme correspondant soi-disant aux exigences de sécurité des femmes (riches, pour le coup). Une manière de parer à la critique que l’on trouve dans ce tract américain.

Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas plein d’idées à avoir dans le genre !

Avec tous les aspects qu’il y a critiquer dans la société, les idées peuvent toujours trouver une voie pratique pour se réaliser !

Enseignez à vos enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres, que la terre est notre mère…

Il n’y a pas d’endroit paisible dans les villes de l’homme blanc. Pas d’endroit pour entendre les feuilles se dérouler au printemps, ou le froissement des ailes d’un insecte…

Si’ahl (1780-1866) était le chef de la tribu amérindienne des Dkhw’Duw’Absh. Son nom a été déformé de différentes manières, comme Sealth, Seathle, Seathl, See-ahth ou Seattle, ce dernier nom étant à l’origine de celui de la ville américaine dans le nord-ouest des Etats-Unis, qui a été le lieu d’origine du grunge avec des groupes comme Nirvana, Alice in Chains, Pearl Jam, Mudhoney, Soundgarden.

Soundgarden justement a repris dans une chanson le texte du discours que nous publions ici, et qui a été donné par Si’ahl en 1854, devant un parterre composé notamment du gouverneur. Si’ahl y expliquait pourquoi il était contre la vente de terres aux colons… Il y a différentes versions de ce texte, voici la variante « classique » dans sa version française.

Un texte très beau, qui s’il n’est pas vegan en raison des difficultés à vivre à l’époque, porte déjà en germe ce qui doit être la philosophie de l’humanité demain: la Terre est notre mère!

Comment pouvez-vous acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ?

L’idée nous paraît étrange. Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l’air et le miroitement de l’eau, comment est-ce que vous pouvez les acheter ?

Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple.

Chaque aiguille de pin luisante, chaque rive sableuse, chaque lambeau de brume dans les bois sombres, chaque clairière et chaque bourdonnement d’insecte sont sacrés dans le souvenir et l’expérience de mon peuple.

La sève qui coule dans les arbres transporte les souvenirs de l’homme rouge.

Les morts des hommes blancs oublient le pays de leur naissance lorsqu’ils vont se promener parmi les étoiles. Nos morts n’oublient jamais cette terre magnifique, car elle est la mère de l’homme rouge. Nous sommes une partie de la terre, et elle fait partie de nous.

Les fleurs parfumées sont nos soeurs; le cerf, le cheval, le grand aigle, ce sont nos frères. Les crêtes rocheuses, les sucs dans les prés, la chaleur du poney, et l’homme, tous appartiennent à la même famille.

Aussi lorsque le Grand chef à Washington envoie dire qu’il veut acheter notre terre, demande-t-il beaucoup de nous. Le Grand chef envoie dire qu’il nous réservera un endroit de façon que nous puissions vivre confortablement entre nous. Il sera notre père et nous serons ses enfants. Nous considérons donc, votre offre d’acheter notre terre. Mais ce ne sera pas facile. Car cette terre nous est sacrée.

Cette eau scintillante qui coule dans les ruisseaux et les rivières n’est pas seulement de l’eau mais le sang de nos ancêtres.

Si nous vous vendons de la terre, vous devez vous rappeler qu’elle est sacrée et que chaque reflet spectral dans l’eau claire des lacs parle d’événements et de souvenirs de la vie de mon peuple. Le murmure de l’eau est la voix du père de mon père.

Les rivières sont nos frères, elles étanchent notre soif. Les rivières portent nos canoës, et nourrissent nos enfants.

Si nous vous vendons notre terre, vous devez désormais vous rappeler, et l’enseigner à vos enfants, que les rivières sont nos frères et les vôtres, et vous devez désormais montrer pour les rivières la tendresse que vous montreriez pour un frère.

Nous savons que l’homme blanc ne comprend pas nos mœurs. Une parcelle de terre ressemble pour lui à la suivante, car c’est un étranger qui arrive dans la nuit et prend à la terre ce dont il a besoin. La terre n’est pas son frère, mais son ennemi, et lorsqu’il l’a conquise, il va plus loin.

Il abandonne la tombe de ses aïeux, et cela ne le tracasse pas. Il enlève la terre à ses enfants et cela ne le tracasse pas. La tombe de ses aïeux et le patrimoine de ses enfants tombent dans l’oubli. Il traite sa mère, la terre, et son frère, le ciel, comme des choses à acheter, piller, vendre comme les moutons ou les perles brillantes.

Son appétit dévorera la terre et ne laissera derrière lui qu’un désert.

Il n’y a pas d’endroit paisible dans les villes de l’homme blanc. Pas d’endroit pour entendre les feuilles se dérouler au printemps, ou le froissement des ailes d’un insecte. Mais peut-être est-ce parce que je suis un sauvage et ne comprends pas. Le vacarme semble seulement insulter les oreilles.

Et quel intérêt y a-t-il à vivre si l’homme ne peut entendre le cri solitaire de l’engoulevent ou les palabres des grenouilles autour d’un étang la nuit ?

Je suis un homme rouge et ne comprends pas.

L’Indien préfère le son doux du vent s’élançant au-dessus de la face d’un étang, et l’odeur du vent lui-même, lavé par la pluie de midi, ou parfumé par le pin pignon.

L’air est précieux à l’homme rouge, car toutes choses partagent le même souffle.

La bête, l’arbre, l’homme. Ils partagent tous le même souffle.

L’homme blanc ne semble pas remarquer l’air qu’il respire. Comme un homme qui met plusieurs jours à expirer, il est insensible à la puanteur. Mais si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler que l’air nous est précieux, que l’air partage son esprit avec tout ce qu’il fait vivre. Le vent qui a donné à notre grand-père son premier souffle a aussi reçu son dernier soupir.

Et si nous vous vendons notre terre, vous devez la garder à part et la tenir pour sacrée, comme un endroit où même l’homme blanc peut aller goûter le vent adouci par les fleurs des prés. Nous considérerons donc votre offre d’acheter notre terre. Mais si nous décidons de l’accepter, j’y mettrai une condition : l’homme blanc devra traiter les bêtes de cette terre comme ses frères.

Je suis un sauvage et je ne connais pas d’autre façon de vivre.

J’ai vu un millier de bisons pourrissant sur la prairie, abandonnés par l’homme blanc qui les avait abattus d’un train qui passait.

Je suis un sauvage et ne comprends pas comment le cheval de fer fumant peut être plus important que le bison que nous ne tuons que pour subsister.

Qu’est-ce que l’homme sans les bêtes ?

Si toutes les bêtes disparaissaient, l’homme mourrait d’une grande solitude de l’esprit. Car ce qui arrive aux bêtes, arrive bientôt à l’homme. Toutes choses se tiennent.

Vous devez apprendre à vos enfants que le sol qu’ils foulent est fait des cendres de nos aïeux. Pour qu’ils respectent la terre, dites à vos enfants qu’elle est enrichie par les vies de notre race. Enseignez à vos enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres, que la terre est notre mère. Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre. Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes.

Nous savons au moins ceci : la terre n’appartient pas à l’homme ; l’homme appartient à la terre. Cela, nous le savons. Toutes choses se tiennent comme le sang qui unit une même famille. Toutes choses se tiennent.

Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre.

Ce n’est pas l’homme qui a tissé la trame de la vie : il en est seulement un fil. Tout ce qu’il fait à la trame, il le fait à lui-même.

Même l’homme blanc, dont le dieu se promène et parle avec lui comme deux amis ensemble, ne peut être dispensé de la destinée commune. Après tout, nous sommes peut-être frères. Nous verrons bien. Il y a une chose que nous savons, et que l’homme blanc découvrira peut-être un jour, c’est que notre dieu est le même dieu. Il se peut que vous pensiez maintenant le posséder comme vous voulez posséder notre terre, mais vous ne pouvez pas.

Il est le dieu de l’homme, et sa pitié est égale pour l’homme rouge et le blanc. Cette terre lui est précieuse, et nuire à la terre, c’est accabler de mépris son créateur.

Les Blancs aussi disparaîtront ; peut-être plus tôt que toutes les autres tribus. Contaminez votre lit, et vous suffoquerez une nuit dans vos propres détritus.

Mais en mourant vous brillerez avec éclat, ardents de la force du dieu qui vous a amenés jusqu’à cette terre et qui pour quelque dessein particulier vous a fait dominer cette terre et l’homme rouge.

Cette destinée est un mystère pour nous, car nous ne comprenons pas lorsque les bisons sont tous massacrés, les chevaux sauvages domptés, les coins secrets de la forêt chargés du fumet de beaucoup d’hommes, et la vue des collines en pleines fleurs ternie par des fils qui parlent.

Où est le hallier ? Disparu. Où est l’aigle ? Disparu.

La fin de la vie, le début de la survivance.

LTD : revendiquer le sens de l’urgence, au nom de l’avenir!

Sommes-nous sectaires ou bien simplement désireux et désireuses que la cohérence soit présente au maximum ?

C’est vrai que notre démarche n’est pas polie parfois. Ainsi, vraiment très souvent, nous recevons des mails pour des interviews (sur le nucléaire, les zoos, les abattoirs, etc.), de la part d’étudiants en divers domaines ou bien de journalistes, et c’est vrai : nous ne prenons même pas le temps de répondre.

Non pas par snobisme ou mépris, finalement, mais parce que pour nous il n’y a que deux camps, et nous ne savons pas quoi dire à des gens qui se posent en « observateurs. » Humainement, nous ne comprenons pas, et nous ne voulons pas comprendre.

Nous voulons garder notre candeur et penser qu’une seule attitude est normale : celle qui fait qu’on mette son abnégation au service de Gaïa.

Non seulement pour vivre de manière heureuse, sur le plan individuel, avec la Nature. Mais aussi en raison de l’urgence. Le monde où nous vivons est terrible. Chaque jour qui passe, la nature sauvage perd du terrain, de l’Amazonie à la Malaisie, et chaque jour, l’industrie de l’exploitation animale grandit dans des proportions énormes.

Les deux vont de pair le plus souvent : 70% de la forêt amazonienne a déjà été remplacé par des zones pour le « bétail. » La production de « viande » à l’échelle mondiale est déjà six fois plus grande qu’au début des années 1960. Et le processus ne cesse de se renforcer, dans une orgie de destruction et de mort.

Alors, que faut-il faire ? Critiquer et lutter. Critiquer tout et lutter partout. Individuellement, on ne peut pas tout faire, alors il faut raisonner en mouvement.

Et rester strict.

Et tant pis pour ceux qui veulent des compromis. Par exemple, une personne qui se veut « alternative » (elle écoute du punk, du grindcore, etc.) a envoyé un mail d’insultes car nous avons osé critiquer un groupe punk pour l’utilisation des mots « porc » et « clébard ». Nous n’aurions vu le texte que d’une chanson, prétend-il.

Il dit cela, car le groupe en question a par exemple critiqué la corrida et se revendique, comme tout groupe anarcho-punk, en faveur de la libération animale. Seulement, comme bon nombre d’anarcho-punks, les membres du groupe ne sont pas végans…

Ce n’est pas cohérent, et ce n’est donc pas acceptable. C’est tout simplement de la « pose », et la planète en a assez de la pose.

La planète en a assez de l’hypocrisie des humains et de leur mentalité, qui est de croire que la vie est une sorte de « self-service » où l’on peut piller comme on veut. Où l’individu peut faire ce qu’il veut, se définir comme il veut, ou plutôt surtout ne pas se définir, même plus comme humain si cela le chante, et sans comptes à rendre à personne.

Voilà pourquoi nous sommes aussi straight edge : nous en avons assez des attitudes spontanées destructrices et consommatrices, cela est vrai pour les rapports sentimentaux comme pour les rapports avec les êtres vivants en général (et donc aussi avec soi-même, notamment par rapport aux drogues).

Donc, effectivement nous critiquons, et nous critiquerons tant que les animaux et la Terre se feront torturer, tant que ces personnes qui nous critiquent ne parlent finalement que pour ne rien dire, parce qu’elles ne sont pas végans (alors que c’est le point de départ minimum et non négociable), ou parce qu’en fin de compte ils ne sont pas pour assumer la revendication qui doit être la nôtre : ce système doit s’effondrer et la planète reprendre ses droits, il faut établir un rapport positif à la Nature, et il y a urgence!

Cela peut apparaître comme sectaire, bien entendu. Mais c’est le prix à payer quand on veut quelque chose de nouveau. Et il n’y a que trois alternatives : soit nous nous trompons et le progrès passe par un autre mouvement. Nous dirons alors : tant mieux, au moins nous avons contribué un peu et poussé à l’émulation dans un certain sens; en tout cas, les choses changent, c’est bien.

Soit nous réussissons à contribuer à ce qu’un mouvement nouveau naisse, faisant se stopper la destruction de la planète au niveau mondial. Rude ambition, d’une énorme dimension, mais une urgence qui saute aux yeux !

Soit nous échouons, comme tant d’autres. Mais au moins aurons-nous la dignité d’avoir essayé de rompre avec une pure folie.

Mais de toutes manières, nous ne pensons pas qu’il faut voir les choses ainsi, si l’on est réaliste. Ce qui va se passer est simple, et a été entrevu par exemple dans la bande dessinée Mother Sarah (voir notre article Mother Sarah et Mother Earth).

Les vieilles générations sont pétries d’habitude, elles n’arrivent pas à concevoir le changement, ou bien si elles l’entrevoient, elles se considèrent comme trop faibles. Combien de fois chez des gens sympathisant avec le véganisme, on constate qu’arrêter le fromage semble mystérieusement quelque chose de quasi impossible à réaliser…

Mais, et c’est cela qui change tout, demain, plus personne ne pourra vivre « comme avant. » Les jeunes générations ne seront pas corrompues, et ne pourront que constater la destruction de la planète qui, espérons le, n’aura pas atteint son terme.

Et là, même la critique de LTD paraîtra comme une critique sucrée, sympathique et divertissante. Les anciennes générations seront jugées, et condamnées, justement comme dans la bande dessinée Mother Sarah. Et comme les anciennes générations ne seront plus là finalement, la jeunesse se révoltera massivement contre ce qu’elle trouvera comme responsables: les générations l’ayant précédé.

Les futures générations ne pardonneront jamais les crimes commis à l’encontre de notre mère la Terre.

Elles condamneront et considéreront les humains du passé comme des barbares et des primitifs – exactement comme nous, aujourd’hui, nous voyons comme barbares et primitifs les humains d’il y a ne serait-ce que 200-300 ans.

C’est cela qu’il faut avoir en tête : à l’avenir, soit l’humanité se plie à l’existence de Gaïa, soit c’est la destruction totale. Il n’y a pas de demi-mesure, il faut avoir le sens de l’urgence. Rien ne peut continuer comme avant, et nous sommes à l’aube d’une prise de conscience mondiale.

Appeler à défendre notre mère la Terre, est-ce une répétition mécanique d’un slogan creux?

« La planète doit redevenir bleue et verte ! »

« Pas de compromis dans le défense de notre mère la Terre ! »

Voilà nos mots d’ordre, qui sont attaqués comme étant des « répétitions mécaniques de slogans creux »…

Petite explication. Lorsque quelqu’un se dit « révolutionnaire », il est difficile de savoir si cette personne l’est vraiment ou pas. Il y a en effet beaucoup de théories « révolutionnaires », et l’évaluation des pratiques est très différente.

Le véganisme a ici un avantage : on est vegan, ou on ne l’est pas. Il n’y a pas de choses entre les deux. Pareil quand on est écologiste radical : la conception de la nature reflète sa propre philosophie dans la vie quotidienne.

Si nous disons cela, c’est parce que sur indymédia Nantes, on retrouve posté l’article « Pour en finir avec l’éco-activisme », article dont nous avions déjà parlé. Une personne (qui n’est pas à LTD) a mis en commentaire un lien vers notre « réponse » à cet article (qui nous attaque en fait, sans nous citer) et une autre personne a posté une réponse, que nous publions ici.

Nous la publions parce qu’elle nous critique, ou plutôt nous attaque de manière véhémente, et que c’est très intéressant tellement c’est caricatural et abstrait. « Abstrait » comme une polémique politicienne déconnectée de toute réalité pratique.

Car la libération animale, c’est du concret : quand on se dit vegan, cela signifie automatiquement quelque chose en pratique. Il est difficile de juger la pratique d’une personne « anarchiste », « communiste », « socialiste », etc. en raison de la dimension subjective, mais une personne végane, on voit aisément si elle l’est ou pas.

La personne qui nous attaque n’a quant à elle pas l’air de comprendre ce qu’est le véganisme et ce que cela implique. Est-elle elle-même végane, d’ailleurs ? On peut en douter vu ce qu’on lit. Quelqu’un qui aime les animaux ne peut pas écrire ce qu’elle écrit.

Pour qualifier l’activité de LTD de « cyber-militantisme de commentaire de la presse bourgeoise et de ce que font les autre », il ne faut pas seulement être de mauvaise foi, il faut également ne même pas voir tout ce qui relève de la culture végane et qui reflète la pratique, depuis l’adoption jusqu’à l’amour, en général, pour les êtres vivants.

Il ne faut pas avoir de cœur pour ne pas remarquer les photographies d’animaux sur LTD, par exemple. Et sans cœur, pas de compassion, et sans compassion, pas d’animaux, et donc pas de véganisme…

On ne peut que constater de la même manière que la personne qui critique n’est pas écologiste radical. Car être écologiste radical, c’est reconnaître que la nature a une valeur en soi. En France, c’est une hérésie complète. Chaque année, les classes de terminale apprennent en philosophie que nature et culture s’opposent.

Vu donc qu’en France, il n’y a que LTD à défendre le principe « scandaleux » de la « Terre-mère », on voit mal la personne critiquer LTD si elle défend elle-même cela… A moins d’être totalement masochiste et ultra-individualiste… Ou alors, elle ne défend pas cela, et alors pourquoi critiquer LTD ?

De la même manière, plutôt que de critiquer simplement, pourquoi ne pas montrer que LTD a « tort » en organisant soi-même quelque chose de bien mieux ? Nous avons fait des affiches, qu’attend la personne pour en faire de meilleures? Dans le texte, la personne reproche à LTD de ne pas faire des « assemblées ouvertes et des camps de rencontre ou d’action. » C’est une critique contemplative. Car, alors, qu’attend-elle pour les organiser ? Et si elle considère que l’époque ne le permet pas encore, pourquoi critiquer LTD ?

Bref, tout cela est incohérent et n’est justifié par aucune réalité pratique. Finissons donc nos remarques avec ces merveilleux mots d’ordre, qui appellent à l’abnégation, à se mettre au service de Gaïa, et que la personne imagine être des « répétitions mécaniques de slogans creux » correspondant à des « obsessions qui sont pathétiques et risibles »:

« La planète doit redevenir bleue et verte ! »

« Pas de compromis dans le défense de notre mère la Terre ! »

Et ben biensur… super démocratique ! D’ailleurs c’est bien connu, votre [l’auteur s’imagine répondre à quelqu’un de LTD] « militantisme » n’est pas du tout le fait d’un groupe auto-centré et replié sur lui-même, avec des opinions super variées qui s’y expriment, et en plus ça ne se limite pas à du cyber-militantisme de commentaire de la presse bourgeoise et de ce que font les autre. La bonne blague… Vous reprochez au texte de ne pas parler d’animaux et de la terre lorsqu’il y revient plusieurs fois en insistant sur la question de l’écocide (que vous n’avez pas inventé et qui n’est pas copyrighté me semble t’il ?). Quand on voit ce que Earth First! fait partout dans le monde là où des groupes existent ( c’est à dire en s’organisant de manière réellement démocratique, autonome et/ou anarchiste, avec des assemblées ouvertes et des camps de rencontre ou d’action) vous êtes une véritable farce, et des usurpateurs. Et de ce point de vue il est logique que vous condamniez absolument toute critique de votre idéologie et passiez votre temps à cracher sur absolument tout le monde en distribuant les bons et les mauvais points sur tout ce qui touche de près ou de loin à l’écologie. C’est aussi une farce qu’après ça vous osiez venir reprocher à ce texte de « dénoncer » les « faux » (ce qui n’est pas l’objet de ce texte pour ce que j’en ai lu) alors que c’est votre fond de commerce… Bref. On l’a bien compris, LTD fait tout mieux que tout le monde, et les autres sont soit des soc-dems abrutis qui n’ont pas compris la ligne du parti, soit des anarchistes universitaires sectaires dans une posture ultra-radicaliste (n’importe quoi…), voir les deux en même temps. Comme c’est pratique…Ce sont bien vos laïus, vos répétitions mécaniques de slogans creux et vos obsessions qui sont pathétiques et risibles devant ce que vous appelez « l’enjeu ». En voyant comme vous réagissez face à ce qui taquine votre petit monopole sur libération animale et l’écologie radicale, ça donne envie d’aller voir ce qui se passe ailleurs (ici et dans le monde).

Lettre à tous les cœurs indomptables

Cette lettre a été publiée le 18 janvier et a été écrite par Luciano Pitronello Schuffeneger, connu sous son surnom Tortuga. Ce jeune vegan chilien de 22 ans a tenté de déposer une bombe devant la banque Santander à Santiago du Chili, le 1er juin 2011.

Malheureusement, la bombe a explosé trop tôt : Tortuga a été grièvement brûlé, il a perdu les deux mains, et a été aveuglé.

Voici donc cette lettre, où il exprime son point de vue anarchiste insurrectionaliste, en faveur de la libération animale et de la libération de la Terre.

Ça m’est difficile de commencer d’écrire avec tout ce que j’ai à communiquer, et encore plus à retenir secret; le silence est devenu un grand allié pour moi, et pas en vain, alors que mes ennemis s’attendent de moi que je communique, m’explique à travers mes idées, pour justifier mon action illégale, pour qu’ils puisse y appliquer la loi anti-terroriste et m’enterrer, même dans les conditions où je me trouve, ils veulent un trophée de guerre, un jeune estropié, emprisonné pour ne pas s’être piégé lui-même dans le confort d’une révolution se faisant selon les termes de la rectitude politique.

L’ambition du Pouvoir dans mon procès est pour la señora du foyer de dire à son petit rebelle que c’est de cette façon que les idéalistes rencontrent leur fin, ceux qui osent rêver, ou seulement penser.

Que ce qui commence par la typique rébellion de la jeunesse peut finir avec de terribles conséquences si ça devient incontrôlé -de justifier ainsi par mon exemple le système carcéral, la répression « pour le bien de nos enfants et pour l’avenir ».

Je sais que c’est ce que le Pouvoir veut, ou au moins espère obtenir, que d’une façon ou d’une autre je sois exposé au public, or j’ai préféré le silence. Je pense que dans de tels moments c’est préférable que d’autres parlent pour moi -mes camarades, connus ou non- comme dans ces interminables attaques pour la libération animale, l’un(e) prend parole pour ceux et celles qui ne le peuvent, je crois que maintenant la même chose devrait être reproduite, car je crois sincèrement que d’autres camarades, même de différents endroits du monde, l’ont fait et ça a eu des résultats splendides, pas juste pour tout ce qui concerne mon moral, mais aussi pour la solidarité, que je pourrais représenter comme la première pièce d’une longue rangée de dominos, dans laquelle quelqu’un(e) pousse le premier, un(e) deuxième pousse le troisième et ainsi de suite, où mon moral aussi en vient à être une pièce de ce domino, où il y a du dommage à faire au système en brisant avec sa logique autoritaire, l’estime que notre action génère, autant au niveau individuel que collectif, et représentant aussi un autre front dans le conflit avec la réalité. Et quelqu’un-e pourrait passer des jours à compter tous les différents effets qu’une action de solidarité peut avoir.

Néanmoins, pour autant que mes ennemis voudraient que je communique, je sais que plusieurs camarades l’ont aussi espéré, et sachez que je suis au courant et suis désolé que vous ayez passé plusieurs mois dans l’incertitude dans ne recevoir de nouvelles de moi, je regrette profondément de n’avoir pu communiquer dans ces circonstances, surtout alors que j’étais celui qui a toujours poussé l’idée que la solidarité ça doit être réciproque, et croyez-moi que plus que tout autre j’ai regretté de n’avoir pu agir plus tôt; j’ai senti me trahir moi-même en restant silencieux.

« Est-ce que ça le rend inconfortable que nous agissions en solidarité pour lui? » ai-je spéculé de que vous avez interprété de mon silence.

Mais j’ai une belle petite fille qui a besoin de son papa, et je ne peux la trahir elle-aussi. Elle m’a incité à garder le silence, mes idéaux au dialogue, et vous -camarades de toujours- à un point entre les deux.

Je n’aime pas écrire sans penser à quoi je veux convier ni sans être sûr d’être pleinement compris. Pour écrire quelque chose sur ma situation mérite une profonde réflexion: ça en vaut-il la peine?

Car dans mon cas, différemment de la majorité des procès politiques qui sont le plus souvent des coups montés, dans mon cas c’est prouvé; car j’ai réellement apporté une bombe au matin du 1er Juin avec comme cible la succursale bancaire située au coin de l’avenue Vicuña Mackenna et Victoria, au centre-ville de Santiago.

Pour ma part, j’ai voulu dire à tout le monde pourquoi l’attaque a échoué. Et comment je pourrais prendre parole sans ne parler de quelque chose de si important? Ou même, pourquoi cette banque? De politiser une attaque anti-capitaliste n’est pas seulement de promouvoir la violence, mais aussi de me mettre une laisse au cou, et pour ça, JAMAIS!

Car aussi longtemps que je suis en vie j’entends continuer de lutter, et ça n’as pas d’importance que j’aie perdu quelques doigts, une main, mon ouïe ou ma vision, je vais continuer d’aller de l’avant à tout prix, et c’est ce que mes ennemis doivent savoir autant que mes camarades!

Alors vous me demandez de briser hors de l’isolation, de cet ermitage qui m’entoure; or je postule que je devrais plutôt avoir honte de communiquer, de le faire simplement, à quoi vous répondrez avec un coup sur ma conscience : « Et tes camarades? » Pensez-vous que communiquer avec vous m’est banal et trivial? C’est vrai que je n’ai pas à tout cracher ce qui est arrivé durant cette nuit, je crois que dans le futur il y aura un temps pour ça…

Or vous voulez savoir ce qui advient de moi? Bien, je vais continuer de me battre pour vivre, et de vivre pour me battre, jusqu’à ce que je sois libre et sauvage encore, je ne me prendrai pas au piège en croyant que je suis moins sauvage parce que je respire artificiellement ou non, parce que je crois que c’est dans une situation comme celle-ci que l’instinct humain le plus bestial fleurit: l’instinct de survie.

Je ne vais pas faire allusion à aucun-e en particulier, car je sais que plusieurs camarades désirent que je meurs pour mon bien, mais ici je veux livrer une leçon pour tous et toutes; que quelqu’un(e) ne peut désirer que la mort d’un camarade le libère de son corps -à moins bien-sûr que ce soit ce qu’il désire- mais si c’était le cas, cette personne chercherait à mettre fin à la vie de ce camarade, sans générer une poursuite judiciaire (pour homicide) de la part d’une tierce partie. Car qu’est-ce qui arriverait si ces «fais-moi une faveur» me tueraient?

Qui sont-ils pour s’appeler mes camarades, à juger pour moi de si ça en vaut, ou non, toute la souffrance de continuer de vivre? Le seul capable de prendre une telle décision est l’individu lui-même, car lui/elle seul(e) sais ce qu’il/elle désire. Et je désire particulièrement de continuer de vivre… pour pouvoir continuer de lutter.

D’un autre côté, je veux que vous sachiez que j’apprécie chacune des actions de solidarité que vous avez faite pour moi, ces bannières accrochées dans différents endroits à travers le monde, ou ces messages qui portent le même “”solidarios” se rendant d’une façon ou d’une autre jusqu’à mes oreilles, chaque pamphlet, chaque bulletin de contre-info, chaque espace de vos vies que vous avez dédié à moi je les garde comme des trésors.

Sachez que j’ai été au courant sur tout, que dans ce monde il n’y a pas de mots pour mes sentiments de gratitude, car chaque bombe, chaque incendie organisé en mon nom reste gravé dans ma tête. Je ne peux oublié la valeur de mes camarades Mexicains, les insubordonnés qui se sont fait mes camarades en Grèce; je veux embrasser les sauvages de Bolivie et des États-Unis, saluer affectueusement les rebel(le)s d’Espagne et l’Italie, les libertarixs d’Argentine, pour ne pas oublier les iconoclastes d’Indonésie.

Force, camarades!

Aux anonymes de la ALF et ELF de Russie et ailleurs dans le monde. Aux camarades emprisonnés-es à travers le monde, j’envoie toute mon attention de ces lettres humbles, à la camarade Tamara, prisonnière au Mexique, à Gabriel Pompo Da Silva, prisonnier en Espagne, à Marco Camenish, prisonnier en Suisse, et aux toujours dignifiés camarades des Cellules de Feu, comment j’envie votre courage.

Et bien-sûr, à mes camarades du territoire dominé par l’État du $hili, à vous que j’ai connu en personne, sachez que je vous porte dans mon cœur partout où je vais.

Je n’ai jamais été séparé de vous parce que je vous porte dans mon sourire; je sais que dans une seule lettre je ne pourrais remercier tous et chacun(e)s pour leurs actions, j’espère que c’est entendu que je ne veux exclure personne, les formes par lesquelles vous avez montré de la solidarité envers moi sont aussi multiples et diverses que cette lutte, des actions illégales à des appels téléphoniques, messages sur Internet, et chansons libertaires; et finalement je veux que vous sachiez, chacun-e de vous rebelles solidaires que ce fou de la liberté ne va JAMAIS, jamais vous oublier, vous avez été connus pour être aussi grands que des grattes-ciels et pour frapper là où ça fait mal, et par-dessus tout, vous avez fait briller les étoiles par votre courage, et c’est quelque chose qu’il vaut la peine d’imiter.

J’aimerais que vous sachiez ce que la solidarité a créé pour moi en ces jours où plus rien ne faisait du sens, quand d’apprendre à refaire ma vie ne faisait pas le moindre sens, car vous saviez que j’étais mal en point. Ce qui m’est arrivé, je le souhaiterais à bien peu de gens, car ce fut horrible – et dans la plus profonde noirceur sont apparus de petits gestes qui m’ont poussé à ne pas lâcher.

Comment pourrais-je trahir ceux qui risquent leurs vies pour m’envoyer des encouragements? Et j’ai appris à conquérir la vie à nouveau; vous ne saurez jamais à quel point vous avez été importants. Maintenant je me trouve à être plus fort que jamais; la prison, loin de m’intimider, m’a endurci ces derniers temps.

La vie est paradoxale, parce que j’ai toujours dit que le fait d’avoir des camarades en prison ne devrait jamais être une raison pour avoir peur, qu’au contraire ce devrait être une cause pour le bout de tissu dans une bouteille d’essence, pour la mèche dans une charge explosive ou incendiaire, pour le sourire dans le cœur d’insurgé(e)s après chaque jour d’attaque; ça, j’y ai cru auparavant et y croit toujours, et maintenant je suis se trouve à être le prisonnier, or si mes ennemis ne réussissent pas à m’intimider quand je me trouve entre leurs griffes, ce sera aussi difficile pour eux de le faire avec mes camarades.

Je veux confronter la prison de la même façon que je confronte la société, avec dignité et bonheur, jamais de façon soumise, pour, comme dit déjà, de rendre la prison combative.

Je vous dit que je suis dans la section médicale de la prison Santiago 1, où il y règne un régime similaire à celui du module le plus sécurisé d’une prison à sécurité maximum, mais sans cour extérieure, sans radio, sans télé, avec une visite par semaine de pas plus de deux personnes et le risque d’attraper les maladies d’autres prisonniers; la pièce est partagée et plus grande qu’une cellule -par ici ils appellent ça la prison des fous- parce que de passer trop de temps ici est assez pour te rendre fou, quoique que je suis de la croyance que ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort, comme ils disent par ici: «nous, les fous, sont ceux qui font les rêves les plus beaux».

Je vous dit que je fais beaucoup d’exercices pour récupérer les muscles que j’ai perdu, je chante beaucoup, en particulier les chansons que personne n’aime, j’écris des lettres à ma petite fille à chaque semaine, parfois quand je partage ma cellule avec un autre je joue aux échecs ou on parle, généralement la prison s’occuppe de moi et m’aide beaucoup en ce sens.

Je suis régulièrement mon traitement de réhabilitation et essaie de m’encourager quand il n’y a que des bribes d’information à parvenir du dehors; aussi je me suis proposé plusieurs projets à moi-même, dont certains sur lesquels je travaille déjà, et les autres pour quand j’aurai fini ma sentence.

Je pense qu’un rebelle devient un guerrier quand il est capable de se relever encore plus fort que lorsqu’il est tombé, quelqu’un qui peut regarder la réalité même s’il a tout à perdre. Un guerrier n’a pas nécessairement à savoir comment faire une bombe ou en avoir une, ou de maîtriser des techniques de camouflage, ce sont des choses que l’on apprend par addition.

Les guerriers sont dangereux par leurs idées et principes à cause qu’ils envisagent toutes les voies vers les conséquences finales, restant toujours fermes et prompts, parce qu’ils ne vont pas trahir eux-mêmes ou leurs camarades, parce qu’ils sont toujours conscients, parce qu’ils ne se laissent pas embarquer par des rumeurs ou des tromperies, parce que quand ils ont des problèmes ils les confrontent, s’ils ressentent de la souffrance ils pleurent, et s’ils sont joyeux ils rient; parce qu’ils savent comment vivre une vie pleinement; or ce ne sera donc jamais pacifique – car ils sont de vrais guerriers; maintenant dans cette guerre il y a plusieurs occasions joyeuses, mais il y a aussi des moment d’amertume, parce qu’il s’agit d’une guerre, pas d’une phase juvénile, et de confronter le système de domination en utilisant ces conclusions peut amener peut amener des conséquences désastreuses que nous devrions connaître dès le départ, parce qu’une erreur, une bref manque d’attention peut tout chambarde. Je l’ai toujours dit et compris, alors j’ai agi en accord avec les termes que j’ai utilisé.

Concernant mes blessures, elles ont toutes guéri, malheureusement les marques vont toujours rester, mais je les porterai avec la même fierté que mes tatous, parce qu’ils sont la meilleure évidence que je suis convaincu de mes idéaux – comment ne pourrais-je l’être? J’ai porté cette bombe avec des rêves et des espoirs, et ceux-ci demeurent intacts.

De l’autre côté, je regrette ne pas être capable de continuer de participer aux projets dans lesquels j’étais, en comprenant que pour moi, personne n’y avait plus de valeur que d’autres, tous et chacuns-es y mettant une contribution à la guerre sociale, et souhaite que ces projets n’aillent pas à la dérive parce que je ne suis plus là.

Au contraire, ça devrait être une raison d’aller de l’avant. Je sais que je ne suis pas absous de critiques, car si j’ai fait ma part à ces rêves, j’aurais dû par contre agir non avec 100%, mais 150% d’attention.

Je suis certain que mon exemple va conclure un chapitre de plus et que les nouveaux comme pas-si-nouveaux combattants vont savoir comment récupérer ce qu’il y a de positif dans tout ça, car la lutte continue et il y a trop de cœurs qui ne trouvent pas leur place dans ce monde autoritaire et veulent ouvrir un sentier.

Parce que nous l’avons fait dans le passé nous savons comment le fait encore dans le présent. Personnellement je vois un bon équilibre dans les luttes anti-autoritaires dans le monde, l’une ou l’autre diminue mais généralement le pronostic regarde bien.

Mais pour autant que la lutte avance, la répression avancera elle aussi, et mon cas sera utilisé pour rouvrir le coup monté de « l’Affaire des bombes », or je fais la suggestion d’être alertes, jamais à l’inaction mais plutôt la précaution, car mon auto-critique peut être appliquée par tous, l’idée est de la partager. Pas que je dise cela avec certitude; c’est de la spéculation.

Peut-être ne vont-ils pas tenter de piéger plus de gens, par peur de s’exposer au ridicule une fois de plus, ou peut-être vont-ils foutre dans les toilettes tout ce sur quoi mes accusations reposent, or l’appel est pour être éveillés, avec tous ces cinq sens, dans les rues.

Pour finir je veux dédier quelques dernières lignes à la personne avec qui j’ai voyagé aux premières heures de ce 1er Juin. Hermanx (petit(e) frère/soeur), je sais que mon accident doit t’avoir marqué. Peut-être as-tu passé des nuits sans dormir, dans l’incertitude de la vie quotidienne, « Vont-ils apprendre que c’était moi? Vont-ils me remarquer? Vais-je me réveiller demain ou mourir dans mon sommeil? Vais-je être trahi-e? »

Je me souviens d’une fois où je t’ai dis que malgré ma haine profonde envers cette ordure qui a poignardé sa compañera, je croyais comprendre que si on se trouverait dans une situation similaire, de voir si nous sommes aussi forts qu’on le dit, car j’ai toujours cru que la trahison est un ennemi intérieur. Et maintenant je peux te dire que ce petit homme n’a pas de couilles! Je me rappelle aussi qu’avant de partir dans les rues cette nuit-là, je t’ai dit que j’y allais sans ma Kabbalah, une chose purement insignifiante, quelque chose que je croyais me porter chance.

Tu m’as dit que c’était cinglé de croire en des choses comme ça, et par chance j’ai amené mon autre amulette. Je suis encore en vie et maintenant on peut rire de toutes ces absurdités.

Hermanx, je veux que tu saches que même si je n’aurais jamais imaginé ces choses horribles qui ont joué avec ton cœur et ton esprit, je continue d’être la même petite tortue qui pue des pieds et qui dort par terre, et je ne vais jamais avoir à te reprocher quoi que ce soit, parce que cette nuit-là, c’était mon tour, tout comme par les fois passées où ça a été ton tour, et si quelque chose arrive, la deuxième personne s’enfuit, tel qu’on s’est entendu et tel que ça devait se passer.

Parce que malgré que tu pourrais t’être plusieurs senti-e comme un-e traître, tu ne l’es pas. Dans cette guerre où on s’est engagé, il n’y a pas de mots pour nous comprendre. C’est possible que je ne te vois plus jamais, et si c’est le cas, bonne chance dans tout ce qui arrivera.

Je l’ai dit une fois et le dis encore avec fierté: Jamais vaincu, jamais repentant!
D’ici j’envoie ma chaude accolade aux gens qui marchent dans la clandestinité.

Avec Mauri présent dans ma mémoire!
Prisonniers de guerre, dans la rue!
Contre toute autorité!
En marche vers le néant créatif!

Luciano Pitronello Sch.
prisonnier politique insurrectionnaliste

Le film Space Battleship : L’Ultime espoir

Space Battleship : L’Ultime espoir n’est pas un bon film, c’est ce qu’on appelle un « Space opera », une sorte d’épopée spatiale ne se prenant pas trop au sérieux et dans l’esprit d’Albator, l’histoire étant tiré d’ailleurs d’un manga de son auteur, Leiji Matsumoto.

Mais c’est un film avec un scénario relativement intéressant sur le plan culturel, et tant qu’à se divertir ou divertir des enfants (comme pour le film Origine dont nous parlions récemment), Space Battleship : L’Ultime espoir est quelque chose allant vraiment dans le bon sens.

Le film, sorti à la fin 2010, est entièrement tourné en effet vers l’abnégation pour sa planète, planète menacée de destruction après avoir été bombardée de météorites radioactives, et qu’il s’agit de « faire redevenir verte et bleue » (vu que c’est notre mot d’ordre, cette coïncidence de mot d’ordre fait qu’il fallait bien parler de ce film malgré ces défauts!).

Nous sommes en 2199 et nous avons des personnages au jeu stéréotypé, mais montrant un esprit de sacrifice complet. Ils habitent en sous-sol, des extra-terrestres bombardant la planète de météorites radioactives.

La cause semble perdue, quand un message venu de l’espace affirme qu’il y a une solution, mais qu’il faut aller chercher le moyen de décontaminer à l’autre bout de la galaxie. C’est alors le départ d’un vaissseau spatial, le Yamato.

Le Yamato était un cuirassé de la seconde guerre mondiale ; le film y fait même une allusion positive, comme exemple d’abnégation !

Il est également le prétexte d’une série sous la forme de dessin animé, datant de 1974, avec pratiquement le même scénario que Space Battleship : L’Ultime espoir (il y a un site français très détaillé au sujet de cette série).

Le film devient alors un space opera, avec des batailles non stop entre vaisseaux spatiaux, des scènes héroïques tout le long du film – mais au moins c’est pour la bonne cause. Même s’il est certain que le côté romantique vraiment trop sucré ramène vraiment le film dans la catégorie jeunesse.

A la fin donc, le moyen est ramené sur Terre, mais le capitaine du Yamato doit se sacrifier avec le vaisseau pour la victoire finale, abandonnant sa bien-aimée. On l’aura compris, ce film est romantique du début à la fin!

La scène finale montre des collines vertes, où l’on voit la fiancé du capitaine avec un enfant que l’on devine être du capitaine… La vie a repris ses droits ! On voit la Terre redevenue bleue,

Ce qui fait que Space Battleship : L’Ultime espoir est un film non pas de grande qualité, mais divertissant et avec un arrière-plan pour le coup très positif, ce qui change !

S’il n’est pas exempt de défauts, puisque le seul animal que l’on voit de tout le film est un chat et que tous les acteurs sont d’origine japonaise seulement, il n’est en tout cas pas du tout sexiste et encourage à l’abnégation, au sacrifice pour la planète.

Car il n’est pas difficile d’y voir une parabole par rapport à la réalité, où ce sont par contre les humains qui saccagent la planète. Space Battleship : L’Ultime espoir est donc un film à ne pas négliger, même s’il est plutôt pour enfants ou pour fans d’une esthétique space opera très années 1970.

Le film « Origine »

« Origine » est un film japonais de 2006, sous la forme d’un dessin animé, qui présente un très sympathique conte fantastique dans l’esprit de l’écologie radicale.

Les êtres humains ont mené des expériences sur la lune, jouant aux apprentis sorciers avec la Nature, et le résultat en est que les plantes deviennent douées de conscience sur Terre. La civilisation est dévastée et la forêt domine le monde.

Cette forêt a un esprit, qui n’apprécie guère les humains ayant agressé la Nature, et ne fournit de l’eau qu’avec parcimonie. Dans ce contexte subsistent deux villes : une pacifiste cherchant à un compromis avec la Nature, l’autre se militarisant, s’industrialisant de manière outrancière et cherchant à attaquer la forêt.

Dans ce contexte, deux personnes sont retrouvées dans une machine, alors qu’elles étaient en hibernation depuis 300 ans. L’homme rejoint les militaristes, alors que la fille se sent plus proche des pacifistes. Mais la nostalgie du passé l’emporte et elle rejoint l’homme qui veut relancer le projet « istock » qui doit anéantir la forêt et ramener à la situation précédente.

Un jeune rejoint alors le camp de la forêt, qui lui transmet des sortes de super-pouvoirs et il part affronter les militaristes et leurs machines.

Bien entendu, il réussit, mais meurt en étant finalement intégré à la forêt. Celle-ci le fait finalement renaître, en expliquant que tout est lié, et que si la forêt prend la vie elle la donne aussi. Sur la planète, toutes les formes de vie sont liées. Même le « méchant », venu du passé, qui a été happé par la forêt, comprend que c’est une nouvelle forme de vie qui a finalement triomphé.

C’est donc une belle fable écologiste pour enfant, qui à la très grande différence des films de Miyazaki (que nous avons critiqué ici: Les films de Miyazaki: entre rétro-futurisme et célébration des esprits de la nature (et non de la nature)) ne sont pas une nostalgie du passé, mais bien un film sur l’actualité de Gaïa et présentant le futur comme marquant inévitablement la victoire de Gaïa, les humains devant vivre forcément en paix avec elle, s’ils veulent exister.

Le monde « ‘d’avant » est présenté comme nullement enviable.

On a ici finalement un scénario très proche de la bande dessinée au scénario vraiment excellent, Mother Sarah. La planète l’emporte, la mode de vie humain tel qu’il existe avec une civilisation de béton n’est pas viable. Malheureusement, on y trouve d’ailleurs le même défaut que dans Mother Sarah : il n’y a pas d’animaux.

Un problème de taille, donc, reste que « Origine » est vraiment un film pour enfants très intéressant, au scénario apportant quelque chose de constructif, depuis le sens de l’engagement pour la planète au refus d’un monde de machines, en passant par l’inévitable victoire de la Terre.

10 millions de hérissons meurent en Europe sur les routes chaque année

Le site Bite Back a eu des problèmes techniques pendant plusieurs jours ; il est de nouveau réouvert, publiant des communiqués, dont un donnant un chiffre effroyable : celui des hérissons qui meurent sur les routes en Europe chaque année…

« Saviez-vous que 10 millions de hérissons meurent en Europe sur les routes chaque année ? Imaginez tous les autres animaux…

A Örebro [en Suède], un 4×4 a été incendié par les défenseurs de la vie. Ces machines produisent 6 fois plus de Co2 qu’une voiture standard, ce qui provoque le réchauffement climatique, ce qui provoque la MORT à peut-être la planète entière.

Cela si on ne cesse pas de les acheter. Cela, si on ne les met pas hors d’état de marche…
C’était juste une réflexion de ce que pensent et ressentent déjà des millions de gens.

Cette destruction connaîtra une fin. La destruction de la Vie.

Front de Libération de la Terre – Europe »

Nous avons besoin d’un mouvement !

On nous a demandé de fournir les images de nos affiches dans un grand format, les voici donc, il suffit de cliquer sur l’image pour obtenir la même au grand format.

Nous disposons également d’un bon stock de ces affiches, au format A2 (42 cm sur 59,4 cm), il suffit de nous contacter (contact [arobase] laterredabord.fr).

C’est également une excellente occasion de rappeler une chose importante : la Terre d’abord ! n’est pas une organisation. La Terre d’abord ! est une déclinaison d’Earth first ! en France, et Earth First ! ce sont des groupes décentralisés et démocratiques, qui assument en pratique le mot d’ordre « Pas de compromis en défense de notre mère la Terre ! »

Il n’y a pas de copyright la Terre d’abord ! et nous n’avons pas de copyright dessus. La Terre d’abord ! ce sont des gens qui font un blog, postant chaque jour, et d’autres qui gravitent autour, tous et toutes cherchant à pousser pour l’émergence d’une culture positive, porteuse d’une écologie radicale, refusant toute exploitation, assumant le véganisme.

Mais n’importe qui peut en faire autant et lancer des initiatives ; si nous avons pris le nom d’Earth First !, c’est parce que nous sommes d’accord avec le principe et que nous avons voulu pousser en ce sens en France, un pays où on considère que nature et culture s’opposent irrémédiablement.

A cela s’ajoute le fait que la culture straight edge est vécue en France surtout comme une démarche purement personnelle, et pas dans un sens affirmé et « militant. »

Si nous soulignons l’importance de cela, c’est que les fachos tentent de s’approprier la culture straight edge, qu’ils arrangent à leur sauce ; tout comme d’ailleurs ils ont tenté plusieurs fois de s’approprier l’écologie radicale (la première structure Earth first ! avant nous est, pour ce que nous le savons, une structure facho lancée dans le milieu « national-révolutionnaire »).

Nous pensons que le véganisme, la culture straight edge, l’écologie radicale… forment un tout qui sera absolument nécessaire à l’identité universaliste des individus au 21ème siècle. Nous voulons faire vivre cela, et c’est pour cela que nous faisons la promotion de cela.

Et les polémiques sont bonnes car il faut avancer, il y a beaucoup de ruptures à faire, avec par exemple la « protection animale », le véganisme « à la carte », les préjugés racistes, l’indifférence pour les animaux au quotidien, etc. etc.

Si vous n’êtes pas d’accord avec nous sur tous les points : fondez votre groupe, lancez vos initiatives ; si vous cherchez la rupture avec le « système » et que votre antifascisme est conséquent, nous vous soutiendrons sans aucun problème.

Il y a suffisamment de travail pour que tout le monde puisse avancer et s’unir sur plein de points, sans trahir son identité (sauf évidemment s’il y a une volonté d’hégémonie totale, comme nous en avons fait l’amère expérience avec les « antispécistes » en France qui n’ont cessé de nous copier et de nous torpiller, par pure jalousie).

Alors, s’il faut résumer tout cela, voici le programme :

1) La planète subit des attaques incessantes de la part de l’humanité, celle-ci doit en prendre conscience, cesser ses attaques et reculer, car la vie végétale a une valeur en soi ;

2) Vivre le véganisme est matériellement possible et moralement souhaitable ; il n’y a aucune raison de ne pas être vegan, tout comme il est absurde de ne pas s’ouvrir à la vie animale, à la compassion, l’amitié, le bonheur de vivre des rapports pacifiés ;

3) L’idéologie dominante est l’expression de rapports d’exploitation et de domination, qu’il y a lieu de combattre ; il est inacceptable se dissocier de sites comme Bite Back !, de quiconque lutte sincèrement pour la libération.

Pour finir : à LTD nous ne ferons pas du fétichisme des mots ; que demain un mouvement naisse, si son contenu est le bon, peu importe qu’il s’appelle Libération totale, Action anti-spéciste ou encore autre chose. Et si laterredabord.fr doit devenir le site d’un tel mouvement au lieu de notre publication en ligne, ce n’est pas un problème non plus.

Quand nous disons : « Pas de compromis dans la défense avec notre mère la Terre ! », cela veut également dire que nous ne faisons pas de compromis avec nous-même – c’est cela, à nos yeux, être straight edge.

En ce sens, lancez vos initiatives, fondez vos groupes… la libération animale et la libération de la Terre sont à l’ordre du jour !