La COP 21, le changement climatique et les changements climatiques

Cela peut sembler une anecdote, mais ce n’en est pas du tout une. Les conséquences sont mêmes énormes sur le plan intellectuel et scientifique. Au sens strict, on peut même considérer que l’accord de la COP 21 n’a aucune valeur rien qu’avec cela !

On ne peut qu’être très surpris d’ailleurs que cela n’a pas été remarqué, tellement c’est important. Mais il est vrai que si on ne reconnaît pas la planète comme « Gaïa », comme un ensemble, on ne peut vraiment le remarquer.

De quoi s’agit-il ? En fait, le document français parle des changements climatiques, le document anglais du changement climatique. Dans un cas cela désigne par conséquent les événements relevant de modifications du climat, dans l’autre cela désigne un phénomène général et unique, avec plusieurs aspects qui en découlent.

Les deux concepts s’opposent : dans le premier cas, il y a des soucis divers ayant un dénominateur commun, devant donc être résolu séparément. C’est traditionnellement la conception française de réduire chaque problème à sa spécificité, de nier qu’il y ait un ensemble, cela remonte à Descartes, notamment.

Dans l’autre cas, on a une vision globale, on part du tout pour aller au particulier, on a une vue d’ensemble.

La COP 21 a ainsi, en français, été une « Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques », mais en anglais cela donne « United Nations Framework Convention on Climate Change ». Dans le premier cas, la page wikipedia ne donne d’ailleurs pas de lien vers l’expression « changements climatiques ».

La page en anglais le fait par contre, vers l’expression « climate change » et si l’on regarde la version française de cette page, on a bien « changement climatique », au singulier.

Il apparaît bien qu’il y a ici une erreur essentielle de traduction, remontant d’ailleurs à plus loin que la COP 21. Cela relève d’un manque de sérieux assez grossier.

On pourrait dire cependant qu’on coupe les cheveux en quatre, que c’est bien trop philosophique et que cela ne change pas grand-chose. Or, justement, nous allons voir qu’il n’en est rien et que les conséquences sont fondamentales.

Regardons, en effet, l’accord de la COP 21. On pourrait s’attendre à ce que l’expression « changement climatique », ou bien « changements climatiques » donc, revienne souvent, puisque c’est le thème même de la conférence.

Ce n’est pas le cas, justement ! Et la raison en est que le changement climatique n’est pas expliqué, conceptualisé, il s’agit d’une sorte de fourre-tout.

L’expression « changements climatiques » (« changement climatique » dans la version anglaise) ne revient que quatre fois dans le document de 39 pages…

« Reconnaissant que les changements climatiques représentent une menace immédiate et potentiellement irréversible pour les sociétés humaines et la planète et qu’ils nécessitent donc la coopération la plus large possible de tous les pays ainsi que leur participation dans le cadre d’une riposte internationale efficace et appropriée, en vue d’accélérer la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre »

« Reconnaissant également qu’il faudra fortement réduire les émissions mondiales pour atteindre l’objectif ultime de la Convention et soulignant qu’il est urgent de faire face aux changements climatiques »

« Considérant que les changements climatiques sont un sujet de préoccupation pour l’humanité tout entière, les Parties devraient, lorsqu’elles prennent des mesures pour faire face à ces changements, respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations respectives concernant les droits de l’homme, le droit à la santé, les droits des peuples autochtones, des communautés locales, des migrants, des enfants, des personnes handicapées et des personnes en situation vulnérable, et le droit au développement, ainsi que l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et l’équité entre les générations »

« Décide d’adopter l’Accord de Paris en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (ci-après dénommé «Accord») figurant dans l’annexe »

Le terme « climatique » revient, en tout et pour tout, deux fois seulement en plus :

« Convenant de soutenir et de promouvoir la coopération régionale et international e afin de mobiliser une action climatique plus forte et plus ambitieuse de la part de toutes les Parties et des autres acteurs, y compris de la société civile, du secteur privé, des institutions financières, des villes et autres autorités infranationales, des communautés locales et des peuples autochtones »

« Invite le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat à présenter un rapport spécial en 2018 sur les conséquences d’un réchauffement planétaire supérieur à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels et les profils connexes d’évolution des émissions mondiales de gaz à effet de serre »

N’est-ce pas totalement aberrant ? Il ne peut, de ce fait, y avoir qu’une seule raison : le changement climatique n’a pas été conceptualisé, il est pris au sens de « dérèglements divers et variés provoqués par les émissions de CO2 », mais sans aucune vue d’ensemble.

Comment peut-on alors résoudre cette question planétaire si, à la base même, on la fragmente, on la tronçonne, on la divise ?

C’est impossible, et cela correspond malheureusement à la logique d’une approche d’une humanité divisée en multiples nations et niant la Nature comme grand ensemble. C’est là le point essentiel.

Notons enfin, pour conclure, les quelques pages abordant la question du singulier ou du pluriel de changement climatique.

Sur la page de discussion consacrée à la page wikipedia sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatique, une personne répond à la question de savoir s’il faut un singulier ou un pluriel de la manière suivante :

« La traduction des Nations unies est belle et bien Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Voir ce lien : http://unterm.un.org/dgaacs/unterm.nsf/WebView/584E8ECC6D9176CD852569FA0000DB06?OpenDocument. Par ailleurs, comme le climat n’évolue pas également à la grandeur du globe, il est préférable d’utiliser le pluriel. »

Cette personne se contredit, pour au moins deux raisons.

D’abord, pourquoi ne pourrait-on pas considérer qu’il existe un climat général pour la planète, dont les autres climats sont des expressions secondaires ? Ensuite, s’il faut obéir au choix de l’ONU, pourquoi prendrait-on la version française plutôt que la version anglaise ?

De plus, si la version française est bonne, la version anglais est alors fausse et la personne devrait le dire, ce qu’elle ne fait pas car elle prétexte l’ONU – en français – pour justifier son interprétation !

C’est la même interprétation qu’on a sur une page avec quelques articles d’une traductrice français-anglais, avec un petit topo sur cette opposition singulier/pluriel de l’expression, qu’elle a également remarqué. Elle dit qu’au niveau local (ville, région, etc.) il y a un changement climatique, et que si on parle de ces multiples changements climatiques, forcément on utilise le pluriel.

Sauf que c’est là, également, nier l’unicité du phénomène, c’est encore le tronçonner, et donc perdre sa substance même, qui est générale, tout comme la planète est une et non pas composée de plusieurs éléments indépendants…

Mais on aura compris que pour saisir cette unicité du changement climatique, il faut avoir saisi la planète comme « Gaïa »…

En voici une preuve de plus avec le site Planète saine, qui n’est plus mis à jour, et qui aborde dans un article plus simplement la question et de manière bien plus pertinente.

L’article de ce site explique que l’expression « changement climatique » peut être utilisé de deux manières, soit comme chez la traductrice mentionnée plus haut, comme ensemble des changements climatiques différents, soit comme nous nous pouvons le faire, comme vision générale.

L’article, au nom du slogan « Think global, act local », considère qu’il faut parler de « changements climatiques » au pluriel, ce qui est évidemment contradictoire puisqu’on est censé penser globalement, et donc en terme de « changement climatique » comme phénomène général !

Encore une fois, on en revient à la question du général et du particulier. Et on voit que pour combattre les changements climatiques, encore faut-il subordonner ce concept à celui de « changement climatique », à considérer la planète non pas comme un gros caillou où les phénomènes existent indépendamment, tous comme les pays existeraient indépendamment, mais comme un grand tout, une seule entité : Gaïa.

La COP 21 et l’élevage

La COP 21 a abouti à un accord visant à freiner le réchauffement climatique. Si l’on regarde les choses de manière objective, alors on peut penser que, en toute bonne logique, l’élevage serait particulièrement étudié.

Si l’on prend l’alimentation, la fermentation gastrique, le transport, etc., l’élevage est la cause de 14,5% des émissions anthropiques (c’est-à-dire ayant comme origine des activités humaines) de CO2.

Il serait donc logique de penser que la COP 21 a abordé cet aspect, surtout si l’on pense que la COP 21 raisonne à l’horizon 2100.

Même sans considérer, comme nous nous le faisons, que l’élevage devrait être aboli, on pourrait s’imaginer qu’au moins la COP 21 demanderait à ce que cela soit mieux gérer. C’est ce qu’a fait la FAO par exemple en 2013.

Pourtant, il n’y a strictement rien à ce sujet dans l’accord de la COP 21. Pas une ligne, pas un mot, absolument rien, aucune indication.

N’est-ce pas totalement illogique ? C’est bien le cas pour quiconque est rationnel. C’est forcément choquant, au moins étonnant. Et il ne peut s’agir d’un oubli, vu les panels d’experts!

Il y a ici une contradiction fondamentale, qui ne peut avoir qu’une seule explication. C’est la suivante : l’exploitation animale est une composante même du capitalisme et de ce fait, elle est invisible ou intouchable. Le capitalisme ne peut pas se mutiler.

Nous avons toujours été d’une clarté complète sur ce point, contrairement à bien d’autres niant les faits pour masquer leurs faiblesses, leur capitulation : l’exploitation animale est en croissance pratiquement exponentielle.

Voici deux graphiques présentant l’extension de l’exploitation animale à l’horizon 2050, dans les pays développés et dans les pays en voie de développement.

Ce qui en découle est inévitable : l’exploitation animale va être généralisée comme système mondial, avec toujours plus d’animaux dans les élevages, toujours plus de ressources dédiées à cette production criminelle.

Le seul obstacle est, pour utiliser une formule un peu grandiloquente mais tout à fait juste dans son contenu, est l’insurrection généralisée, la révolution.

A part cela, strictement rien ne peut s’opposer à cette tendance de fond.

Il est très hypocrite, par conséquent, d’imaginer que la cause avance parce qu’une petite partie de la population devient végane dans les pays développés, alors que l’exploitation animale gagne en même temps des parties toujours plus significatives du reste du monde !

Découpler l’analyse de l’exploitation animale de la situation mondiale est vide de sens.

Voilà pourquoi la COP 21 n’a pas parlé de l’élevage : si elle aborde la question, la contradiction avec ce qu’elle était censée défendre sauterait aux yeux, et de toutes manières l’exploitation animale est tellement présente dans la nature même des systèmes économiques des pays qu’une remise en cause n’est même pas envisageable.

L’association L214 a d’ailleurs, encore une fois, montré qu’elle était une machine à diffuser des illusions. Elle a payé afin d’avoir 170 exemplaires d’une de ses affiches dans le métro parisien pendant une semaine.

On notera que deux autres modèles d’affiches de L214 avaient été refusées par l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité), au motif que cela serait trop vindicatif, culpabilisateur, etc.

C’est là une initiative doublement fausse.

D’abord, parce que cela donne l’illusion que la COP 21 a été un lieu de débat où le réchauffement climatique a été abordé sérieusement. Or, pas une seule fois l’élevage n’a été mentionné, ce qui est logique de par la nature même des systèmes économiques.

Ensuite, parce que se concentrer sur les animaux d’élevage seulement revient à nier les animaux dans la Nature, ce qui est le grand travers des gens en France s’engageant pour les animaux, célébrant les actions-témoignages, les habits en noir, le rejet misanthrope du monde, etc.

Il faut au contraire comprendre que jamais l’affirmation positive d’une utopie à réaliser n’a été autant nécessaire, autant rendu possible. Ce système est intenable, instable, incohérent : il faut que les gens le voient, assument leurs responsabilités et la bataille pour la Nature.

La COP 21 et l’océan

Après avoir regardé les forêts dans l’accord de la COP 21, regardons ce qu’il en est de l’océan. On sait tous et toutes que la Terre est souvent surnommée la « planète bleue », de par l’importance de l’océan, qui recouvre 71,1 % de sa surface.

On s’imagine bien que le réchauffement climatique a un impact sur l’océan, qu’il existe de toutes manières dans un certain rapport à l’océan. Bref, on ne peut pas contourner cette question.

Il en va pourtant tout autrement : l’accord de la COP 21 n’en parle pas. Il ne mentionne qu’une fois le mot, comme en passant :

« Notant qu’il importe de veiller à l’intégrité de tous les écosystèmes, y compris les océans, et à la protection de la biodiversité, reconnue par certaines cultures comme la Terre nourricière, et notant l’importance pour certaines de la notion de « justice climatique », dans l’action menée face aux changements climatiques »

On notera d’ailleurs, c’est une anecdote, mais elle est significative, que la version anglaise du document, qui sert de base, n’utilise pas l’expression de « Terre nourricière ». En anglais, il y a marqué « Mother Earth ».

L’expression « certaines cultures » désigne des cultures amérindiennes, qui comme on le sait, emploient cette expression, tant en Amérique du Nord que du Sud. Cette mauvaise traduction révèle bien la mentalité des personnes ayant traduit !

Pour en revenir à l’océan, il est transformé en « les océans » et n’est mentionné qu’en passant, en tant qu’écosystème.

Cela signifie que les océans sont précisément de la même manière que les forêts dont nous parlions hier. L’océan est découpé en zones ayant comme fonction, si l’on veut, de stocks, d’entrepôts, voire de réfrigérateurs.

Comme hier, demandons nous ce que cela a comme conséquence. Ne serait-ce pas idéaliste de voir l’océan comme un grand tout, comme un ensemble qu’on ne peut pas découper ?

Absolument pas, puisqu’on sait qu’il y a le processus d’acidification de l’océan. Citons ici un document, relativement clair et tout à fait institutionnel, puisqu’il est de l’Institut océanographique qui est une fondation montée par le prince de Monaco.

« La totalité du CO2 que nous produisons tous les jours ne reste pas dans l’atmosphère. Environ un quart du CO2 émis est absorbé par nos océans.

Sans les océans, la quantité de CO2 dans l’atmosphère, et donc le réchauffement, seraient encore plus importants. On a donc de la chance d’avoir des mers et des océans ! [sic!]

Les chercheurs ont longtemps pensé que cette absorption du CO2 serait sans conséquence importante pour les océans et pour les organismes qui y vivent.

Mais ils se sont rendu compte, il y a une quinzaine d’années, que la dissolution du CO2 dans l’eau de mer entraîne des changements chimiques : une diminution du pH (mesure de l’acidité d’un liquide) et de la quantité d’ions carbonates (CO3 2– ) qui sont l’une des briques nécessaires aux plantes et animaux marins pour fabriquer leurs squelettes, coquilles et autres structures calcaires.

Vous connaissez certainement déjà des aliments acides, par exemple le citron ou le vinaigre.

Il se trouve que le CO2 est un gaz acide. Il est présent dans toute boisson gazeuse ; les petites bulles dans le soda sont des bulles de CO2.

Lorsque le CO2 est absorbé dans l’eau de mer, il se dissout et provoque une acidification. Attention, cela ne va pas dire que les océans deviendront acides (nous allons toujours pouvoir nous baigner !) [sic!], mais la chimie des océans change un petit peu (on va vers une acidité plus importante).

L’acidité d’un liquide est déterminée par sa concentration en ions H+ (protons). Ce n’est pas très pratique de parler de la concentration en protons car les valeurs sont très faibles. Pour simplifier, on utilise l’échelle de pH, qui va de 0 à 14.

Plus le pH est faible, plus l’acidité du liquide est importante. On dit qu’un liquide à pH 7 est neutre, celui avec un pH inférieur à 7 acide, et celui avec un pH supérieur basique. C

ette échelle de mesure est un peu particulière, comme l’échelle de Richter utilisée pour mesurer les tremblements de terre : un liquide de pH 6 est 10 fois plus acide qu’un liquide de pH 7, 100 fois plus acide qu’un liquide de pH 8 et 1 000 fois plus acide qu’un liquide de pH 9 !

Pourquoi ce phénomène s’appelle-t-il l’acidification des océans ? puisque les océans ne deviendront jamais acides ? L’acidification fait référence à un processus : la diminution du pH (augmentation des ions H+ et de l’acidité).

Le mot « acidification » fait référence à l’abaissement du pH de n’importe quel point de départ vers tout point final sur l’échelle de pH. On peut comparer cette terminologie avec celle que l’on utilise pour la température : si la température de l’air passe de –20 °C à –10 °C, il fait toujours froid, mais nous parlons de « réchauffement ».

L’acidité des océans a augmenté de 30 % en 250 ans (baisse de pH de 8,2 à 8,1), soit depuis le début du développement industriel. Des simulations ont montré que, au rythme des émissions actuelles, l’acidité des eaux de surface de l’océan pourrait tripler d’ici la fin du siècle.

Cette absorption du CO2 se produit à une vitesse 100 fois plus rapide que ce qui s’est produit naturellement au cours des 300 derniers millions d’années ! Impacts sur les organismes marins

Lorsque le CO2 se dissout dans l’eau de mer, cela entraîne donc une augmentation de protons (ions H+ ) mais aussi la diminution de certaines molécules, les ions carbonates (CO3 2– ), nécessaires à de nombreux organismes marins pour fabriquer leur squelette ou coquille calcaire (coraux, moules, huîtres…).

Ces plantes et animaux auront donc de plus en plus mal à fabriquer ces structures calcaires. Leurs squelettes et coquilles sont aussi menacés de dissolution. En effet, au-dessus d’un certain seuil d’acidité, l’eau de mer devient corrosive vis-à-vis du calcaire, la matière dont les squelettes et coquilles sont fabriqués. »

L’impact sur les poissons est également significatif ; l’acidification de l’océan est la boîte de Pandore de l’écocide, en quelque sorte.

On peut donc voir que l’acidification de l’océan est dûe au réchauffement climatique et que la COP 21 n’en parle pas, pas plus que de l’océan d’ailleurs en général.

On peut être certain que, vu du futur, cela paraîtra comme totalement insensé !

La COP 21, les forêts et les animaux

La COP 21 a été un événement d’une importance mondiale, aussi y a-t-il lieu de vraiment regarder la signification de chaque point en particulier. Pour commencer, regardons un point qui est essentiel à nos yeux : la situation des animaux.

Quel rapport avec les émissions de CO2 et le réchauffement climatique, demanderont certains. C’est précisément en cela qu’ils ont totalement tort, tout d’abord moralement, ensuite dans leur vision de la planète.

Ce qui compte déjà, en effet, à nos yeux, ce n’est pas simplement que les humains soient moraux et laissent les animaux tranquilles. Cela c’est très bien, mais c’est un point de vue limité, anthropocentriste, voire franchement individualiste. Être vegan pour soi-même, pour ne pas faire de mal, est quelque chose qui revient finalement à être au centre des préoccupations et non plus les animaux.

Ce qui compte vraiment, parce que nous aimons les animaux, c’est que les animaux puissent exister en tant que tel, sur une planète qui doit être bleue et verte.

Regardons justement ce qui relève de la couleur verte, avec les forêts.  Qu’en dit la COP 21?

On sait tous et toutes qu’il existe un phénomène important qui est la déforestation.Voici ce que dit le parlement européen à son sujet dans son rapport aux émissions de CO2 :

« Le rôle des forêts dans la lutte contre le changement climatique n’est plus à démontrer. Elles stockent le dioxyde de carbone. Cela va cependant au-delà : la déforestation provoque des rejets de CO2 à hauteur de 20 % des émissions mondiales. »

Soit, mais voyons les choses de manière plus concrète encore. Qu’est-ce que la déforestation ? C’est la destruction de la vie végétale et de la vie animale qui va avec.

Et que voit-on ? Que la COP 21 n’en parle pas. Or, on sait tous et toutes que le réchauffement climatique trouble la vie des animaux, tout comme des végétaux. Cela amène des déséquilibres, des perturbations, dont la figure la plus tristement célèbre est la situation de l’ours polaire.

Cela est donc également vrai pour les forêts, qui forment tout un équilibre, que le réchauffement climatique vient perturber. C’est un thème très complexe, qui devrait être étudié.

Ce qu’on voit pourtant est que c’est totalement oublié. L’accord de la COP 21 ne parle absolument jamais des animaux, ni de la vie sauvage, qui connaissent des situations de plus en plus terribles.

C’est là la première énorme faiblesse de la COP 21. Elle n’aborde pas la question de la vie sauvage. Les forêts sont considérés uniquement dans leur rapport au CO2.

Voici ce qu’on peut lire dans l’accord de la COP 21 au sujet des forêts :

« Reconnaît l’importance de ressources financières adéquates et prévisibles, y compris des paiements liés à des résultats, s’il y a lieu, aux fins de la mise en œuvre de démarches générales et d’incitations positives visant à réduire les émissions imputables au déboisement et à la dégradation des forêts, du rôle de la conservation et de la gestion durable des forêts et du renforcement des stocks de carbone forestiers, ainsi que d’autres modes d’action, tels que des démarches communes en matière d’atténuation et d’adaptation pour la gestion intégrale et durable des forêts »

« Les Parties devraient prendre des mesures pour conserver et, le cas échéant, renforcer les puits et réservoirs de gaz à effet de serre comme le prévoit l’alinéa d) du paragraphe 1 de l’article 4 de la Convention, notamment les forêts. »

« Les Parties sont invitées à prendre des mesures pour appliquer et étayer, notamment par des versements liés aux résultats, le cadre existant défini dans les directives et les décisions pertinentes déjà adoptées en vertu de la Convention pour : les démarches générales et les mesures d’incitation positive concernant les activités liées à la réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts, et le rôle de la conservation, de la gestion durable des forêts et de l’accroissement des stocks de carbone forestiers dans les pays en développement; et d’autres démarches générales, notamment des démarches conjointes en matière d’atténuation et d’adaptation pour la gestion intégrale et durable des forêts, tout en réaffirmant qu’il importe de promouvoir, selon qu’il convient, les avantages non liés au carbone associés à de telles démarches. »

Tout cela veut dire que les forêts n’existent que dans leur rapport au CO2 et jamais en tant que forêts. Les animaux ne sont jamais mentionnés dans l’accord de la COP 21, pas plus que la reconnaissance d’une valeur en soi à la vie végétale.

C’est là un problème essentiel, cela montre que la COP 21 est incapable de rompre avec la manière dominante de voir les choses, qui consiste à considérer la Nature comme une sorte de puissance se résumant à fournir des ressources dont on peut faire ce qu’on veut.

Certains diront alors : oui, mais la COP 21 ne s’intéresse qu’au réchauffement climatique, voire même en fait seulement au CO2. C’est déplacer la question que de raisonner en termes de forêts en tant que lieux de vie des animaux, voire en tant que vie végétale.

A quoi il y a une réponse toute simple qui peut être faite. Le fait que les forêts ne soient pas reconnues comme nous nous le faisons a une conséquence essentielle : elles n’apparaissent pas dans l’accord de la COP 21.

Il y a les passages que nous avons cités ici, mais il n’y  a aucun chiffre et aucune forêt du monde n’est mentionnée.

Quelle est la raison de cela, si ce n’est que la forêt est considérée abstraitement, de la même manière qu’un supermarché gère ses stocks ?

Le fait de ne pas parler des animaux et des végétaux anéantit la possibilité de parler des forêts en ce qu’elles sont des forêts, que ce soit en Amazonie, en Indonésie ou au Congo. Cela empêche de les protéger.

La COP 21 échoue déjà sur un plan essentiel : en ne reconnaissant pas les forêts, les animaux des forêts, elle ne comprend pas le sens réel de la déforestation et ne peut donc pas s’opposer aux émissions de CO2 qui en découlent.

COP 21 : le treizième jour

La version finale du document officiel de la COP 21 a été publiée, enfin. Un dernier contre-temps a été provoqué par les États-Unis, exigeant qu’un « doit » soit remplacé par un « devrait » concernant le fait d’aller dans le sens de la réduction des gaz à effet de serre, afin que la majorité républicaine au congrès ne bloque pas le texte.

Cela sous-tend que le document issu de la COP 21 n’a pas de valeur légale, juridiquement contraignante, sinon le congrès des États-Unis devrait le voter. Or, bizarrement cette contrainte légale a été le grand mot d’ordre de la COP 21 depuis le départ : c’est donc bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas.

Essayons de résumer cela de manière très simple, car pas facile de s’y retrouver dans 39 pages de discours juridiques abscons. Nous allons revenir dans les jours qui suivent sur les différents points importants, un par un.

Voyons cependant quelle est la ligne générale, l’optique choisie. Si on prend la version finale du document comme une sorte de témoignage qu’il faut aller à une transition vers une économie durable, alors c’est un bon document, voire un excellent, de ce point de vue.

En forçant le trait à la Nicolas Hulot (et il ne s’en prive pas, jusqu’à l’absurde), on peut effectivement y voir un poteau indicateur pour la suite. Il y a beaucoup d’appels à faire ceci ou faire cela dans les prochaines années, des invitations à aller de l’avant, etc.

On peut idéaliser la lecture du document et les médias ne s’en sont pas privés, les ministres à la COP 21 non plus, se congratulant les uns les autres, s’embrassant, etc.

Pour résumer, dans cette logique, cela donne : enfin les pays du monde sont ensemble, ont décidé d’aller dans le bon sens, même si c’est insuffisant c’est un début, etc.

Voici un extrait, la toute fin précisément, du discours final de François Hollande, à la clôture de la négociation :

« Mesdames et messieurs, la présence ici aujourd’hui de 196 délégations -vous êtes le monde- après tant de mois de travail, est sans précédent dans l’histoire des discussions sur le climat. Un espoir considérable s’est levé.

Le monde s’est mis en marche, pas seulement dans cette salle mais bien au-delà. Des actions immédiates ont été engagées par les collectivités locales, les citoyens, les chercheurs, les entreprises.

Des coalitions se sont formées, des initiatives ont été prises dans tous les continents et je pense notamment sur les énergies renouvelables à ce qui a été fait pour l’Afrique, ce que l’Inde a porté. Je sais aussi combien nous nous sommes mobilisés sur le prix du carbone. Nous sommes donc capables d’assurer la lutte contre le réchauffement climatique et le développement.

Voilà ! L’Histoire arrive, l’Histoire est là, toutes les conditions sont réunies et elles ne le seront plus avant longtemps. Nous sommes, vous êtes sur la dernière marche, il faut se hisser encore à la hauteur de l’enjeu.

Il n’y aura pas de report, il n’y aura pas de sursis possible, l’accord décisif pour la planète c’est maintenant. Et il ne tient qu’à vous, à vous seuls au nom de ce que vous représentez, l’ensemble des nations du monde, d’en décider.

Le 12 décembre 2015 peut être un jour non seulement historique mais une grande date pour l’humanité. Le 12 décembre 2015 peut être un message de vie et je serai personnellement heureux, presque soulagé, j’en serai même fier que ce message-là soit lancé de Paris, parce que Paris a été meurtrie il y a tout juste un mois, jour pour jour.

Alors mesdames et messieurs, la France vous demande, la France vous conjure d’adopter le premier accord universel sur le climat de notre Histoire.

Il est rare d’avoir dans une vie l’occasion de changer le monde, vous avez cette occasion-là, de changer le monde. Saisissez-la pour que vive la planète, vive l’Humanité et vive la vie. »

Les slogans employés à la fin par François Hollande ne peuvent que laisser un goût amer…

Maintenant, soyons sérieux et non pas dupes des apparences et de la mise en scène. Si on regarde le document en y cherchant des choses concrètes, on n’en trouve aucune. Au sujet des émissions de CO2, il n’y aucun chiffre de donné, aucune date concrète, aucune contrainte légale.

On peut chercher comme on veut, le document n’engage à rien du tout. Peut-être qu’il engagera… à condition que les prochaines réunions décident de quelque chose, et que les pays l’acceptent.

Voilà déjà pour l’esprit général, nous allons dans les prochains jours regarder cela point par point.

COP 21 : le douzième jour

Le document final de la COP 21 sera finalement rendu demain, on peut s’attendre au pire.

Car, finalement, qu’aura-t-on vu dans les journaux ? Des centaines de gens, parfois en chaussettes ou assis par terre, en train de tapoter sur leur ordinateur.

Mais que peuvent-ils bien être en train de faire ? En quoi cela a-t-il un sens ?

L’ambassadrice sud-africaine Nozipho Mxakato-Diseko a expliqué qu’elle ne dormait que « 2 heures et demie au plus par jour ».

Comment est-ce possible ? La COP 21 n’a-t-elle pas été prévue depuis bien longtemps ? Le contenu des discussions n’est-il pas connu, depuis plus de quatre années ? Mais qu’ont-ils bien pu négocier ?

En quoi ces milliers de personnes négociant changent-ils vraiment les choses, dans le document et dans la réalité ? Quelle peut être la mentalité de quelqu’un qui, les yeux fixés sur son écran, fait défiler des données, envoie des mails ?

Tout cet étalage d’activités est écoeurant dans la mesure où, demain soir, on pourra s’apercevoir que le document rendu est vide de sens.

On sent que la nuit de jeudi à vendredi, il y a une offensive de la part de certains pays, comme l’Arabie Saoudite, qui a refusé d’accepter le principe de « bien en-dessous de 2°C ». Le Koweït s’est mis dans la partie, la Russie a dit qu’il n’y avait aucune base scientifique pour 1,5°C seulement, etc. Si ce n’est pas du sabotage, qu’est-ce que c’est ?

Il faut arrêter les illusions (tout comme il ne suffit pas de nier la COP 21 pour supprimer les problèmes, comme l’ont fait les zadistes).

Sylvain Angerand, de l’ONG les Amis de la Terre, a accordé une interview à Libération. Voici ce qu’il explique quand on lui demande son avis sur la dernière version du document encore en cours d’élaboration :

« Je m’inquiète. Il n’y a rien visant à laisser les énergies fossiles dans le sol. Rien non plus permettant de réduire concrètement les émissions de gaz à effet de serre dès l’an prochain. C’est donc se foutre de nous que de brandir l’objectif de 1,5 ou 2 degrés. Aujourd’hui, personne ne peut dire que ces limites suffiront. Mais rester sur l’objectif de 1,5 degré permet de minimiser les risques.

C’est pour ça qu’on le réclame depuis des années. Il s’agit de ne pas franchir le seuil d’emballement climatique, car à un moment, on ne contrôlera plus la machine. C’est vraisemblablement dans les dix prochaines années que ça se joue. Ensuite, les impacts seront impossibles à gérer pour les pays vulnérables.

Deux degrés de réchauffement, ça signifie clairement que des zones deviendront inhabitables, qu’il y aura d’importantes vagues de migration, que l’insécurité alimentaire s’aggravera… On pousse donc pour que chaque pays fasse sa part. »

C’est là reconnaître que c’est la catastrophe, et « espérer ». Voici une question que Libération pose et sa réponse :

Vous appelez la société civile à se mobiliser samedi. Qu’en espérez-vous ?

« Samedi, on ne sera pas là pour s’amuser. Ça fait vingt ans que les négociations n’avancent pas. On veut avoir le mot de la fin. »

Cela ne va pas être le mot de la fin, mais bien le début d’une nouvelle époque. Les leçons de la COP 21 sont faciles à tenir :

– la division de l’humanité en nations est un obstacle ;

– un gouvernement mondial est inévitable ;

– il faut centraliser les initiatives et les imposer ;

– il faut des chiffres, des bilans, le tout de manière publiée, disponible, avec des discussions à ce sujet dans toute la population mondiale ;

– tout cela passe par une remise en cause de l’anthropocentrisme et la reconnaissance de la Nature.

Voici, pour conclure en attendant demain, une image tirée de la bande dessinée « Mother Sarah », un manga qui permet une très profonde réflexion sur l’engagement pour la défense de notre mère la Terre. Elle exprime ce qui se produira certainement : la condamnation des générations qui n’ont rien fait, qui ont trahi la vie sur la planète !

COP 21 : le onzième jour

On avance vers le dénouement de la COP 21. Son président, Laurent Fabius, a ainsi déclaré hier :

« Nous sommes extrêmement proche du terme, et il nous faut désormais accomplir les derniers mètres pour aboutir à un accord universel, juste, ambitieux, juridiquement contraignant et durable. Nous le devons et nous le pouvons. »

C’est assez étrange comme formulation puisqu’on sait déjà qu’il n’y aura rien d’universel, ni de juridiquement contraignant, voire même pas de durable…

Hier soir, à 21 heures, on avait en effet une nouvelle version du texte final disponible. Initialement, elle devait être rendu public à 15 heures, puis à 17 heures, finalement elle est arrivée en soirée.

Elle aurait dû être la version finale en tant que telle, mais elle est présentée comme l’avant-dernière, avant le document final censé être présenté aujourd’hui, la COP 21 fermant dimanche.

Cette version fait 27 pages, avec 26 articles, dont une dizaine sont déjà considérés comme « acquis », étant par conséquent envoyés aux commissions traduction d’un côté, vérification juridique de l’autre.

On peut remarquer, outre les choses mentionnées hier, que la référence aux droits humains a été enlevé, ainsi que celle concernant l’égalité des sexes, ou plus exactement des « genres » dans le texte. L’appel à une transition vers une économie durable qui soit « juste » a été éliminé du document également.

On ne sait toujours pas qui financera quoi et comment.

Le document dit qu’il faut aller « bien en-dessous des 2 degrés » et faire des « efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 degré ». En même temps, on ne trouve aucun chiffre concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Et rappelons que les chiffres donnés par les pays pour la conférence ne permettent en aucun cas un tel objectif…

En tout cas, on aura normalement aujourd’hui en soirée la version finale.

Voici, pour conclure, une précision très intéressante donnée par Les échos concernant la différence de 0,5°C à l’horizon 2100 :

« Encore non résolu, jeudi, le choix du niveau d’ambition sur le réchauffement – 1,5 degré Celsius (objectif A) ou 2 degrés (objectif B) – a des conséquences bien différentes.

En 2100, selon la récente étude d’Earth System Dynamics Discussions, le niveau de la mer aura augmenté de 40 centimètres dans le premier cas (A) ou de 50 centimètres dans le second (B). L’intensité des fortes précipitations augmenterait de 5 % (A) ou de 7 % (B) environ.

Concernant l’accès à l’eau dans les pays méditerranéens, d’Amérique centrale et d’Afrique du Sud, la réduction serait de 15 à 20 % avec un objectif de 1,5 degré et de 25 % à 30 % si l’on vise 2 degrés.

La durée moyenne des canicules s’élèverait à un mois ou un mois et demi, au niveau mondial. Sous les tropiques, elle pourrait atteindre jusqu’à deux mois (A) ou trois mois (B).

Sur le plan des récoltes, il faut s’attendre à une baisse de 14 % (objectif A) à 19 % (B) de la production de blé pour la moitié des pays producteurs. Les chiffres s’élèvent à 8 % et 12 % respectivement pour la production de maïs et, pour le soja, de 10 % et 12 %. »

En fait, on connaît les grandes lignes de la catastrophe en cours. Mais l’humanité ne se donne pas les moyens de faire face aux défis… ni à elle-même. Elle n’est pas prête, encore, à abandonner son anthropocentrisme…

COP 21 : le dixième jour

Les élections régionales – et l’ambiance délétère à laquelle elles correspondent dans ses résultats – fait que la COP 21 est passée à la trappe. Alors que justement c’est un événement d’une importance capitale, dont le contenu devrait captiver tout le monde !

Il est vrai que rien ne filtre et que tout est parfaitement rendu lisse. C’est une question de prestige pour l’Etat français. Anne-Laure Barral, journaliste de France Info, confie ici au Nouvel Observateur :

« Au fur et à mesure que les jours passent, c’est de plus en plus tendu avec les Français. On sent qu’ils veulent qu’on dise du bien, que tout se déroule parfaitement, qu’il n’y a aucune anicroche, que tout le monde est tombé d’accord.

Évidemment, on interroge d’autres sources pour avoir d’autres éclairages. Mais le fait est que les langues se délient peu. Il n’y a pas de coup de gueule. »

Hier, une nouvelle version du document final a été rendu public. Il reste 320 mots ou expressions entre crochets, donc quatre fois moins qu’au départ.

Il reste donc beaucoup de travail, cela ne présage rien de bon. On sait que les discussions se prolongent tard dans la nuit et que la fatigue prédomine largement chez les membres des négociations…

Où en est-on, pour ce qu’on en sait?

Il apparaît pour l’instant qu’on en reste aux engagements annoncés par chaque État, ce qui est en contradiction avec l’objectif des 2°C, sans même parler de 1,5°C, puisque avec les chiffres fournis, on aura au moins 3°C de plus à l’horizon 2100, par rapport à 1880.

Tout cela sera réévalué… d’ici 2020. On repousse donc ce qui devait être fait justement à la COP 21.

Il en va de même pour la question du financement : tout est repoussé concrètement à l’horizon 2020. Les contradictions semblent trop fortes et le document ne fixera rien.

Dans un même ordre d’idée, un bilan mondial sera effectué… en 2024. Il aurait peut-être fallu commencer par là, pourrait-on dire! Mais rappelons que les pays devaient en accepter le principe pour éventuellement en reconnaître les résultats… La division de l’humanité saute ici aux yeux.

Pareillement, la réévaluation régulière de la situation de chaque pays semble très mal partie. Pour formuler la chose plus clairement : on a quand même le tour de passe-passe en ce moment que la COP 21 accepte le principe d’une réévaluation tous les cinq ans, sans que ce qui soit évalué à la base ne soit décidé!

Et sans qu’un organisme puisse contraindre à ce que chaque pays obéisse à ce qu’il a signé… Car, de toutes manières, il n’est pas prévu d’organisme mondial ayant un pouvoir décisionnaire ou servant d’arbitre, comme par exemple l’Organisation Mondiale du Commerce.

Dans tous les cas, les pays seront contraints… à ce qu’ils auront eux-mêmes choisis de faire…

Conformément à cela, la nécessité de procéder à une évaluation du carbone, pour lui donner un « prix », est en train de passer à la trappe. Cela serait rendre universelle la question, alors que chaque pays est censé participer pour ainsi dire individuellement, chaque cas se voulant particulier.

Les énergies renouvelables ne sont pas présentées comme un objectif nécessaire de manière concrète, de manière chiffrée. Mais comment alors avancer vers une production conforme à l’écologie?

Donc pour résumer, en l’état actuel des choses, on peut déjà penser que le bilan sera vraisemblablement :

– il n’y aura pas de données chiffrées précises sur ce que chaque pays devra faire, le tout devant être évalué ;

– il n’y aura aucune instance contraignante obligeant à quoi que ce soit ;

– la question des financements ne sera pas réglé, ce qui sera masqué derrière une future évolution de la situation générale, ainsi que de chaque pays.

En fait, tout le monde est d’accord… pour être d’accord, ce qui a donné un démarrage assez bon, mais les contradictions ont primé, et surtout personne n’est prêt à donner de chiffres, et encore moins à accepter une dimension contraignante.

La division de l’humanité et la non-reconnaissance de la Nature semblent l’emporter clairement… comme on pouvait malheureusement s’y attendre.

COP 21 : le neuvième jour

Aujourd’hui, à midi, devrait être présentée une nouvelle version du « brouillon » rendu public samedi ; la nouvelle version est censée être plus claire et, surtout, avec moins de ces fameux crochets.

On peut se demander franchement dans quelles conditions tout cela est mené ; voici par exemple ce que le Nouvel Observateur est parvenu à trouver comme information : c’est édifiant !

« En effet, il arrive fréquemment que lesdits ministres (de l’Environnement, de l’Energie ou des Affaires étrangères, selon  le choix du pays qui les mandate) n’aient pas hérités d’un maroquin pour leurs compétences ou leur goût pour les dossiers ardus, mais parce qu’ils appartiennent à tel parti de coalition. Ou, plus prosaïquement, parce qu’ils font bien dans le tableau sans faire de l’ombre au chef de l’exécutif…

« Les diplomates, rodés aux négociations diplomatiques – certains y travaillent depuis une décennie – suent un peu pour expliquer les subtilités des textes à ces ministres-là. Disons qu’ils ne comprennent pas tout très vite… »

Certains ministres se sont, par exemple, étonnés de voir trois hashtags envahir le texte qu’on leur a fourni. Il fallu leur expliquer que ces bidules remplacent « INDC » (qui désignent les engagements de chaque pays), des termes qui provoquaient une telle nausée chez les les négociateurs à force d’avoir été répétés qu’ils les ont transformés en « ### ». Pas facile d’expliquer cette private joke, très humour-de-diplomate (ça existe) aux politiques qui débarquaient.

C’est que les logiques des diplomates (donner sa peau pour sauver la moindre virgule, quitte à laisser un texte impraticable) n’est pas celle des ministres (briller dans les médias ou à défaut, ne pas avoir donné l’impression de s’agenouiller devant les injonctions des Nations Unies). Alix Mazounie, de l’ONG Réseau Action Climat France :

Certains sont clairement déconnectés des enjeux. Quand c’est le ministre des Mines qui a été envoyé par son pays, je vous laisse imaginer quelle est son ouverture face aux efforts à fournir ! »

Et de fait, lors des réunions, des ministres font surtout preuve de leur extraordinaire capacité à faire traîner en longueur les débats. C’est fait exprès. Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas-Hulot, explique :

Chaque pays a le droit de s’exprimer autant qu’il le souhaite, mais certains confisquent le micro pour faire perdre du temps à tout le monde. La très incisive représentante du Venezuela, pays pétrolier qui n’a aucune envie de voir son modèle économique remis en cause à Paris, est passée experte dans l’art de souligner tous les problèmes de méthode, aussi minuscules soient-ils. Elle finit par faire rire tout le monde car lorsqu’elle prend la parole pour la énième fois, elle dit au coprésident : ‘Ne stressez pas !’' »

Quant à l’émissaire de l’Arabie Saoudite, autre pays pétrolier de très mauvaise volonté, il a, dit-on, parlé trois à quatre fois plus que tous les dirigeants européens réunis !

Il en arrive encore à nier la nécessité de parvenir à un accord où le réchauffement n’excéderait pas 1,5°C car, dit-il, tous les climatologues ne sont pas d’accord – argument éculé, mais qui permet de faire perdre quelques précieuses minutes. »

L’exemple de l’Arabie Saoudite est très parlant et rappelle les contradictions qui existent. Hier, il y a d’ailleurs eu une conférence de presse des représentants de plusieurs pays – la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud – exigeant que les pays développés financent davantage les pays en voie de développement face au réchauffement climatique.

Le représentant indien a exprimé cela en disant :

« Nous continuons à être déçus par le faible niveau d’ambition et de soutien des pays développés. (…)

Il est impératif qu’en raison de leur responsabilité historique et leurs plus grandes capacités, ils soient à la pointe en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre et d’aide financière et technologique au monde en développement. Malheureusement, ça ne prend pas le chemin que ça devrait prendre. »

Les plus « riches » des pays en voie de développement entendent bien profiter au maximum de leur statut, sans pour autant un jour passer à la caisse…

On a une autre fumisterie assez exceptionnelle avec la signature hier d’une « Charte d’engagement de la mode pour le climat », parrainée par la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, dans le cadre d’une sorte de petit « show » au sein de la COP 21.

Elle a été signée par l’Union des industries textiles et la Fédération de la maille et de la lingerie. La voici : on peut voir qu’il n’y a aucune dimension contraignante, il sera fait « autant que possible », « au maximum », on « favorisera », on « encouragera », on « oeuvrera »…

C’est un excellent exemple de « greenwashing ».

1 Concevoir autant que possible des vêtements faits pour durer et pour renaître

2 Utiliser au maximum des matières premières locales faiblement consommatrices d’eau, et de pesticides pour respecter la biodiversité

3 Favoriser les procédés de production économes en eau, en énergie tout en contrôlant les rejets dans l’eau, dans l’air et dans le sol

4 Encourager des modes de distribution générant le moins de gaz à effet de serre (privilégier par exemple le transport fluvial et la fabrication locale)

5 Informer le consommateur sur les méthodes d’entretien de ses vêtements et textiles de maison afin de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique (affichage environnemental, fréquence et température de lavage, mode de séchage, produits lessiviels)

6 Œuvrer au développement des filières de recyclage et proposer une nouvelle vie aux vêtements et textiles de maison

7 Favoriser toute innovation textile permettant de réduire l’impact sur l’environnement des activités de production, de transport, de distribution et de consommation textile et habillement

8 Partager nos bonnes pratiques à l’international

Aucun engagement, aucun esprit d’engagement : comment s’attendre à autre chose avec des mentalités individualistes, égocentriques, sans franchise ?

COP 21 : le huitième jour

Nous voici depuis hier dans la seconde phase de la COP 21 : des ministres de 195 pays négocient autour du « brouillon » établi la première semaine. Le texte final est censé être voté vendredi, et donc avoir été terminé mercredi soir ou jeudi matin, pour que les traductions soient effectuées.

Bien peu d’informations ont circulé sur ce qui s’est passé hier, rappelons que tout a lieu à huis-clos. On peut cependant entrevoir quelques points, ici et là.

Par exemple, la ligne appelant à remplacer l’objectif de 2°C par 1,5°C a de plus en plus d’écho, de plus en plus de pays modifient leur ligne à ce sujet. On est pourtant libre de penser que c’est du pur opportunisme et que c’est fait en toute connaissance que la COP 21 n’exigera rien de contraignant pour en arriver là…

Parler de 1,5°C est tout à fait irréaliste, voire ouvertement absurde, si l’on regarde les propositions faites par les pays et données pour la COP 21 : la conséquence serait un réchauffement d’au moins entre 2,7 et 3,7°C en 2100, et en attendant, à court terme, une hausse d’entre 16 et 22% de l’émission de CO2 entre 2010 et 2030 !

On sent déjà venir le principe d’annoncer qu’il faut 1,5°C en disant que d’ici 2020 un plan contraignant va être établi et que celui-ci sera repoussé, etc.

Surtout qu’on sait qu’il y avait hier encore 567 expressions ou phrases entre crochets, contre 1035 au départ. Les supprimer et arriver à un accord va demander que rien de contraignant ne soit décidé, aucun chiffre imposé, etc.

On a également appris que le délégué d’Arabie Saoudite a refusé « toute discrimination des énergies fossiles vis-à-vis des autres énergies », ce qui souligne les contradictions. Cela en dit long sur les obstructions, avec comme nous le disions les pays pétroliers d’un côté, les BRICS de l’autre, la Chine ou les Etats-Unis qui ne veulent pas d’objectif trop bas, etc.

A cela s’ajoute qu’une question qui se pose est de savoir s’il faut établir un plan pour arriver à l’absence de production de CO2 à l’horizon 2060 – 2080. C’est ce qui devrait être au cœur de la question, mais dans un système de pays capitalistes, il est impossible de prévoir, donc impossible à organiser.

On ne sait d’ailleurs toujours pas comment trouver 100 milliards d’euros d’ici 2020, et encore moins ce qui va se passer après : y aura-t-il une hausse des contributions, qui paiera ?

Notons également au passage que la COP 21 a un grand absent : le pape François. Finalement, il n’est pas venu en « guest star » (comme l’aurait espéré Nicolas Hulot) et donc l’écologie n’est plus une actualité pour lui.

Cela aura été une opération de communication, rien de plus. Il y a deux jours, Radio Vatican fournissait d’ailleurs cette information :

« A l’issue de la prière de l’angélus, le Pape a évoqué une nouvelle fois la conférence mondiale sur le climat qui se poursuit à Paris, priant pour que les responsables qui s’y réunissent trouvent des solutions justes pour réduire l’impact des changements climatiques, et garantissent la protection de la dignité humaine.

François a cité un extrait de son encyclique Laudato Si’. Voici ses mots:

« Je suis avec une vive attention les travaux de la conférence mondiale sur le climat en cours à Paris, et me vient à l’esprit une question que j’avais formulée dans mon encyclique Laudato Si’: « Quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui nous succèdent, aux enfants qui grandissent ? » (LS, 160).

Pour le bien de la maison commune, de nous tous et des générations futures, tout effort à Paris devrait être orienté pour atténuer les impacts des changements climatiques, et dans le même temps, pour contrer la pauvreté et faire fleurir la dignité humaine.

Prions pour que l’Esprit Saint illumine ceux qui sont amenés à prendre des décisions aussi importantes, et leur donne le courage de toujours prendre en compte le critère de choix du meilleur bien pour l’entière famille humaine ». »

Comme on le voit, seule la question humaine est ici mise en avant. La prétention catholique à parler de la Nature n’aura pas duré bien longtemps !

COP 21 : le septième jour

Il n’y avait hier pas de réunions officielles dans le cadre de la COP 21. Toutefois, on peut déjà avoir un aperçu sur l’impact du « brouillon » qui a été rendu samedi.

Nicolas Hulot était par exemple l’invité du « Grand Jury » du 6 décembre 2015, sur RTL.

A l’écouter, on devine la catastrophe. « Paris peut être le début d’une dynamique », « Il faudra accélérer derrière » : il exprime très clairement que rien d’exceptionnel ne va sortir de la COP 21, en reprenant son refrain du « c’est mieux que rien ».

Il est obligé de raconter qu’on est en train de découvrir de superbes nouvelles technologies, qu’on va vers une nouvelle ère de paix car les guerres depuis plusieurs décennies seraient liées à la bataille pour les énergies fossiles, etc.

Du grand n’importe quoi, qui vise à masquer la faillite qui se profile. Nicolas Hulot peut bien dire « Les Etats ne sont pas venus pour faire de la figuration », il sait très bien que le problème fondamental, ce sont les contraintes.

Ce qui s’annonce, c’est l’absence de contraintes clairement établies – on retombe sur la question de la division de l’humanité et de la négation de Gaïa.

Voici comment formule cela un avocat, docteur en droit et enseignant à l’université Paris I, sur Terra eco, qui a exactement le même point de vue que Nicolas Hulot :

« Une lecture juridique tout d’abord. De ce point de vue, le bilan n’est pas réjouissant.

L’accord, de rédaction assez médiocre et truffée de dispositions très générales et de termes mal définis, s’en remet pour l’essentiel à la bonne volonté des Etats eux-mêmes pour réduire le niveau insoutenable de nos émissions de gaz à effet de serre.

Sur des sujets clés comme le mécanisme de suivi des engagements des Etats à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ou le volume et les moyens de financement de la lutte de contre le changement climatique, l’accord demeure et demeurera sans doute assez évasif.

Cet accord n’entrera pas en vigueur avant cinq ans et il faudra sans doute encore du temps avant que la nouvelle Conférence des Parties à l’accord de Paris soit au complet et en mesure de forger les instruments de mise en œuvre de ce qui aura été convenu en 2015 à Paris.

Cette situation interpelle les juristes en droit de l’environnement. Le droit international de l’environnement doit être modernisé et, notamment, il doit être possible de mieux s’en prévaloir, directement, devant les juges nationaux.

Pourtant, la lecture politique de ce projet d’accord permet d’être optimiste sans être béat.

Elle permet aussi d’agir maintenant et sans attendre. Que le monde entier se soit donné rendez-vous au même endroit pour discuter d’un même texte à la même table pendant quinze jours est, en soi, historique. »

C’est totalement ridicule. On peut bien avoir l’esprit qu’on veut, le discours politique qu’on veut, ce qui compte ce sont les faits, la base, la réalité. Celle-ci ne permet pas d’affronter le réchauffement climatique, question planétaire, de par la division de l’humanité, l’anthropocentrisme.

COP 21 : le sixième jour

C’est donc, pour reprendre l’expression des médias, un « brouillon » qui a été remis à midi hier samedi, comme base de discussion pour un accord sur le climat. Or, le document ne devait justement pas être tant une base pour négocier, qu’un document à vérifier et à signer…

Il va donc y avoir une semaine de négociations très rudes, s’appuyant sur la base suivante : le document fait 48 pages, avec 20 pages de présentation, 21 de décisions, 5 de notes d’informations.

L’un des problèmes est le suivant : il y a  939 phrases entre crochets, à sélectionner ou enlever, ce qui fait beaucoup de choses à discuter en une semaine, à partir de lundi.

Toutefois, ce n’est qu’un aspect, un autre devant être mentionné. Il y a en effet certains passages qui sont ambigus. On a par exemple l’expression :

sustainable development in harmony with nature

En Français, cela donne :

« développement durable en harmonie avec la nature »

Sauf que le problème, bien sûr, est qu’il n’y a pas de définition du « développement durable ». A la limite on peut deviner de quoi il s’agit, mais qu’en est-il de la Nature? Quelle est sa définition? Quels sont les critères?

On voit l’ampleur du problème, de notre point de vue, quand on sait que ce terme ne revient d’ailleurs qu’une seule fois dans tout le document !

N’est-ce pas un terrible symbole de l’impuissance intellectuelle à comprendre notre planète ? Peut-on aborder la question du changement climatique sans parler de l’évolution de la Nature, de la protection de la vie?

Notons d’ailleurs que, évidemment, le mot « animal » ne revient pas une seule fois. On sait déjà à quoi s’en tenir.

Par contre, on a une expression très particulière, qui nous est chère, qui apparaît. A un moment il est parlé de promouvoir les droits au développement, à l’égalité entre hommes et femmes, mais également… « l’intégrité des écosystèmes et de la Terre-Mère » (« the integrity of ecosystems and of Mother Earth »).

Là, on a quelque chose d’encore plus problématique. On se doute bien qu’il n’y a pas de définition de la part de la COP 21 de la notion de « Terre-Mère ».

C’est de la rhétorique, du folklore, et d’ailleurs on a pu régulièrement voir à la COP 21 des gens habillés en tenues d’aborigènes, pour donner une impression de « respect » de la Terre à ce qui est une réunion de gens qui n’ont en tête que le maintien de leurs intérêts. C’est clairement par là qu’il faut chercher l’emploi de cette expression.

Car il est évident que le concept de « Terre-Mère » (et le mot d’ordre « la Terre d’abord ! » d’ailleurs) a une signification absolument opposée à la « gestion des ressources selon le développement durable » comme le veut la COP 21.

C’est à ce genre de détails qu’on voit qu’on rentre dans une ère nouvelle, et que la reconnaissance de Gaïa, et la bataille pour elle, vont être la prochaine grande ligne de démarcation.

Du côté des crochets, où les choix restent à faire, les négociateurs devront discuter pour savoir s’ils visent seulement 1,5°C ou bien « bien en-dessous de 2°C ». De ce côté là, cela semble franchement irréaliste.

Voici un autre exemple, plus compliqué, de ce qui est très problématique :

[Recognizing that Parties should take action to address climate change in accordance with evolving economic and emission trends, which will continue to evolve post-2020,]

Cela signifie que les parties signataires doivent agir par rapport au changement climatique en accord avec les tendances économiques et d’émission de CO2 qui évoluent, et continuant à évoluer à partir de 2020.

Or, c’est lourd de conséquences. Si on doit adapter les décisions selon les évolutions – qui ne sont pas définies – n’importe qui peut demander une remise en cause, à n’importe quel moment.

N’importe qui peut dire : nous avons dit qu’il faut agir selon les évolutions économiques, or mon pays a une crise économique, donc je ne dois plus faire ceci ou cela. Un autre peut dire : il y a une amélioration, on peut ralentir les efforts, etc. etc.

Peut-être est-ce fait exprès, pour garder une porte de sortie. Plus simplement, il faut y voir une impossibilité à assumer la question écologiste, la question de la Nature, la question de l’anthropocentrisme.

La COP 21 annonce son échec : elle est une gestion bureaucratique, sur une base totalement dépassée, d’un problème qui exige une refonte totale de notre manière de voir la vie.

COP 21 : le cinquième jour

Aujourd’hui, samedi, la version finale devait être rendue à midi. Vue d’hier soir, difficile de penser que cela sera le cas.

Quelle a été la situation de ce cinquième jour de la COP 21, hier ? Selon Le Figaro, « les négociations patinent ». Les contradictions deviennent plus profondes entre les pays ayant connu un  » développement » et les autres.

La Fondation Nicolas Hulot formule cela de la manière suivante :

« Qu’est-ce qui bloque ? Evidemment les questions centrales de la différentiation et du financement (atténuation, adaptation, pertes et dommages), notions intimement liées. Par exemple, certains pays développés veulent que soit indiqué, dans l’article sur les financements, que tous les pays qui le peuvent doivent contribuer, alors que d’autres veulent qu’au contraire les pays développés paient leur dette écologique et remplissent déjà seuls leurs engagements. »

Un pays comme le Qatar, par exemple, refuse catégoriquement de payer en disant qu’il n’est pour rien dans le réchauffement climatique, qu’il n’a donc par conséquent rien à payer. Un pays comme la Chine est sur une position similaire.

C’est tout à fait logique, puisqu’ils raisonnent en termes de nations, et non d’humanité, et encore moins de manière planétaire.

C’est là le fond du problème, le coeur du problème ; c’est cela que la COP 21 est censée dépasser, et on voit mal comment. On ne peut rejeter la Nature et diviser l’humanité sans qu’il y ait un impact, une contradiction.

Voici un petit témoignage d’anthropocentrisme typiquement français justement, avec des éléments synthétiques censées imiter la Nature dans l’espace de la présidence française… Que dire?

Ce ne sont évidemment pas les opérations de communication qui vont changer, comme par exemple la venue à la mairie de Paris de 1000 maires. Cela disperse plus qu’autre chose. La « bonne volonté » n’est pas ce qui est en jeu : c’est toute une vision du monde, ainsi que des intérêts économiques, c’est une humanité divisée, niant la Nature.

Il en va de même pour l’ouverture au Grand Palais d’une sorte d’exposition d’entreprises présentant leurs démarches vertes, appelée « forum « Solutions COP21″ ».

Qu’attendre d’EDF, Coca-Cola, GdF-Engie, Carrefour, Sanofi, Suez, etc. ? Rien du tout quand on a conscience de la réalité. Cela n’a pas empêché des ONG, comme Attac ou Les Amis de la Terre, d’être allé à l’inauguration de l’exposition, qui doit durer quelques jours, pour organiser à l’intérieur un « Toxic tour » en anglais et en français, pour présenter l’hypocrisie de ces entreprises.

Naturellement, la trentaine de gens présents s’est fait expulser manu militari, ainsi que les journalistes présents. A quoi pouvait-on s’attendre d’autre et à quoi sert de dire que les grandes entreprises sont hypocrites et méchantes ? Il faut croire que l’idée de révolution n’est pas encore parvenue à la conscience de ces gens qui « témoignent ».

En ce qui concerne les débats, finalement hier on est arrivé à un texte de 38 pages. Auparavant, il y avait encore 50 pages, et qui plus est avec deux modèles.

Cette histoire étrange est présentée de manière suivante par la Fondation Nicolas Hulot, qui la révèle pour mieux en atténuer le caractère à la fois ridicule et grave :

« 10h ce matin [donc, hier] ont été conjointement publiées deux versions du projet de texte d’accord :
la première avec le texte compilé des différentes options proposées par les pays
la seconde intégrant les propositions de rédaction de compromis proposées par les co chairs et les co-facilitateurs.

C’est une bonne solution pour que les pays puissent dépasser plus facilement leurs formulations initiales.

Nb : Nous ne sommes pas du tout dans le scénario de Copenhague, où un second texte, complètement déconnecté du premier, avait été rédigé « en secret » par quelques-uns, en dehors des salles de négociation.  A Paris, il y a donc pour l’instant deux versions du projet de texte, mais servant à préparer le même accord au final car les propositions de compromis acceptées seront réintégrées dans le projet initial, en toute transparence. »

On n’est pas dans un texte secret, mais tout de même dans une démarche où deux lignes se montrent et s’opposent radicalement, avec l’espoir d’un « compromis ». Ce n’est pas une négociation collective, mais une bataille pour bricoler un texte commun.

Concluons avec une anecdote, une information de RFI. On y apprend que les chefs d’État et les premiers ministres eux-mêmes seraient en train de négocier dur, et que la COP 21 partirait à la conquête des citoyens…

Mensonge et langue de bois réunis en un seul package… Finalement, voilà ce qu’aura été la COP 21 réalisée par la France.

« Tandis que les 150 chefs d’Etat et de gouvernement négocient dur depuis le 30 novembre au Bourget pour parvenir à un accord visant à limiter à deux degrés le réchauffement climatique, la COP21 déborde du lieu des discussions officielles pour gagner Paris et aller au contact des citoyens. »

COP 21 : le quatrième jour

Cette fois, c’est relativement plus clair : les négociations sont en retard. Il y a encore plein d’options qui n’ont pas été débriefées et d’autres qui sont des points d’achoppement, par exemple la question de la vérification de ce que fait chaque pays ou encore la question de savoir qui va fournir les financements pour les aides.

Il y a donc pour l’instant un document-brouillon de 50 pages, avec 1400 expressions ou phrases entre crochets, c’est-à-dire encore en suspens.

La Fondation Hulot a annoncé hier avoir eu l’information selon laquelle il y a eu une réorganisation des méthodes de travail :

« La nouvelle méthode proposée par l’Afrique du Sud (pour le G77) et la Chine, complétée par le Guatemala (groupe AILAC) a été acceptée par tous : moins de groupes spin-off en parallèles (12 réunions seulement programmées ce jour), plus de travail transversal du groupe de contact, incitation aux facilitateurs pour qu’ils proposent des rédactions de compromis/convergence (ils ont d’ailleurs fait de nouvelles propositions ce matin). »

Tout cela est d’un terrible amateurisme ; en même temps cela reflète les contradictions entre les uns et les autres. Parmi les pays qui font du blocage d’ailleurs, on a pu apprendre que cette fois c’est l’Arabie Saoudite qui a fait le forcing pour qu’il soit hors de question que l’objectif passe de 2°C à 1,5°C de réchauffement climatique.

Il y a aussi l’Indonésie, qui dans ses comptes a « oublié » dix millions d’hectares de forêt, afin de relativiser la déforestation… Elle a également « oublié » ses feux de forêt massifs (et organisés), qui ont fait de ce pays par moments un plus grand producteur de CO2 que la Chine…

D’une certaine manière, on peut dire qu’il y a quatre grands blocs :

– les pays pétroliers (et gaziers), qui comptent profiter de la manne des énergies fossiles ;

– les pays « en voie de développement » du type BRICS (Brésil, Inde, Chine…) qui comptent à tout prix avancer ;

– les pays intermédiaires cherchant à temporiser (comme la France), parce qu’ils peuvent se le permettre et que c’est dans leur intérêt (avec le nucléaire par exemple) ;

– les pays alliés aux États-Unis, comme l’Australie, et donc les États-Unis eux-mêmes, qui entendent surtout garder leur autonomie.

Tous ces pays sont donc égoïstes, mais pas de la même manière. Au final, l’absence d’unité, de vision commune de l’écologie, de la Nature, fait que les uns et les autres participent au grand renoncement…

A côté de ces négociations qui donc partent très mal, d’autres initiatives montrent que tout cela ne ressemble pas à grand-chose. Voici par exemple ce dont nous informe FranceTV info :

« Une vingtaine de villes du monde, dont Paris, ont signé une promesse d’engager 10% de leur budget à renforcer les actions de prévention ou de lutte contre les risques, qui peuvent être climatiques, mais aussi sociaux ou terroristes. »

Quel rapport entre les différents « risques » ? Aucun, on voit bien que l’écologie est un thème comme un autre. On a encore une autre incohérence avec « Ice Watch Paris » d’Olafur Eliasson.

18 gros morceaux de glace – leur poids total est de 80 tonnes – ont été pris au Groenland, amené au Danemark par container, pour rejoindre Paris par l’autoroute pour un parcours d’au moins 1200 km.

Puis, douze gros morceaux de glace ont été placés place du Panthéon à Paris, hier pendant la nuit (18 avaient été transportés au cas où il y aurait un souci dans le transport). Le tout étant censé formé une installation d’art contemporain permettant soi-disant une réflexion, etc. Selon « l’artiste », cela permettrait de voir les choses concrètement :

« Ce qui fond à Paris, c’est un dixième de ce qui fond chaque seconde l’été au Groenland. C’est un moyen de rendre les données (du réchauffement climatique) réelles. »

Non seulement tout cela a coûté une petite fortune en CO2, mais de toutes manières à part quelques touristes et quelques grands bourgeois du quartier, personne ne verra rien… C’est une sorte de fiasco sur tous les plans !

D’une certaine manière, c’est le symbole de la COP 21 : elle n’a pas réussi à mobiliser les gens en France, il n’y a pas de mobilisation, il y a seulement maintenant un petit débat… On est très loin de ce qu’exige la Nature de notre part.


COP 21 : le troisième jour

« Mon message est tout à fait clair : il faut accélérer le processus parce qu’il nous reste beaucoup de travail » : c’est ce qu’a dit hier le président de la COP 21, Laurent Fabius, également ministre des affaires étrangères. En effet, samedi midi, les « copies » doivent être remises, avant que les ministres n’arrivent deux jours après…

Le processus existe en deux temps : il y a des « contact groups » qui discutent thème par thème, puis après un premier debriefing, des « spin off » négocient au mot près. C’est un processus douloureux pour aboutir à quelque chose et l’Américain Daniel Reifsnyder, l’un des deux présidents du groupe de travail, de son côté, a déclaré que « Sur aucun point, nous ne faisons les progrès qui seraient nécessaires ».

Surtout que, pour ce que l’on sait de ce qui a filtré, il apparaît que les contributions publiées par 183 pays ne permettraient que d’arriver à 3°C de plus entre 1880 et 2100, alors qu’on est censé viser 2°C, et que Hollande parlait même de 1,5°C seulement…

Le G77 a également publié un communiqué hier qui a encore accentué la pression. Le G77 regroupent 134 pays du tiers-monde ; à la base, dans les années 1960, il y en avait 77, d’où le nom. On y retrouve des pays comme l’Inde, l’Indonésie, l’Argentine, l’Algérie, etc.

Ce communiqué des G77 a également été signé par la Chine – c’est dire l’importance de ce qui est dit. On y lit surtout un appel à la clarification des soutiens financiers que recevront les « pays en voie de développement » après 2020. Jusqu’à présent, il avait été prévu que 100 milliards de dollars seraient versés chaque année : il est désormais expliqué que ce n’est pas assez.

Il est expliqué également, en filigrane en quelque sorte, qu’il est hors de question que les « pays en voie de développement » paient quoi que ce soit, tout étant de la faute des pays ayant connu la première révolution industrielle.

On lit donc dans le document :

« Le soutien financier des pays développés est lié aux impacts (du changement climatique) dus aux émissions historiques (de gaz à effet de serre). »

C’est grosso modo ce que disait le premier ministre indien dans l’article de lundi du journal britannique le Financial Times. Et l’Inde compte d’ailleurs doubler puis tripler sa production de charbon dans les prochaines années…

Un autre pays s’est exprimé complètement en faveur du refus de la suppression totale des énergies fossiles : le Brésil. L’Arabie Saoudite est naturellement sur une position similaire.

On peut résumer la problématique qui est apparue à la surface ce troisième jour de manière aisée. Si l’on veut que le réchauffement climatique reste à 2°C entre 1880 et 2100, il faut que 80% des réserves connues de pétrole, charbon et gaz ne soient pas utilisées.

Les pays développés s’imaginent pouvoir s’en passer, notamment à coups d’énergie solaire ou hydraulique (comme l’Autriche qui a aboli l’énergie nucléaire dans sa constitution), ou surtout avec l’énergie nucléaire, comme la France.

Hier, à l’université de la Sorbonne, il y avait d’ailleurs une conférence d’Elon Musk, fondateur de Paypal, s’occupant depuis de l’entreprise Space X (une entreprise de vol spatial) et de Tesla (constructeur d’automobiles de luxe 100 % électriques). Il y a fait l’éloge du nucléaire, surtout dans un pays stable pour l’environnement comme la France, à l’opposé donc de la Californie ou du Japon, en raison des tremblements de terre.

Il a bien entendu soulevé l’idée de la taxe carbone… dont justement les « pays en voie de développement » ne veulent pas entendre parler et encore moins ceux qui ont précisément du pétrole, du charbon, du gaz.

C’est également vrai pour des pays comme le Canada ou les Etats-Unis, notamment avec le fameux gaz de schiste. Symboliquement, car la Maison-Blanche pourra faire un veto, la chambre américaine des représentants a voté contre deux nouvelles réglementations de l’agence de protection de l’environnement. La première visait à réduire de 30 % le CO2 produit d’ici 2030, la seconde à instaurer des normes de pollution sévères pour les centrales thermiques à venir.

La France a toujours été un pays qui se voulait une sorte d’impérialisme sympathique, « pas pareil » que les Etats-Unis. Cela permet une diplomatie avec l’apparence de la « juste mesure ». C’est le jeu joué à cette COP 21 et pour l’instant, c’est loin d’être gagné, ne serait-ce qu’à court terme. Car tout le monde sait bien qu’à un moment de toutes façons il y aura rupture et les pays feront chacun pour soi.

COP 21 : le deuxième jour

Regardons ce qu’a donné la seconde journée de la COP 21. Commençons par une anecdote relativement significative. C’est un peu tout ce qu’on a pour l’instant sous la main, puisque les débats ne sont pas publics.

Alors que la COP 21 vient à peine de s’ouvrir, donc, forcément tout le monde en parle, mais comme on ne parle pas en même temps de Nicolas Sarkozy, cela déplaît à celui-ci et il a montré qu’il n’était pas content :

« Il n’y en a que pour la COP 21. Comme si le drame qu’a connu la France il y a dix jours était déjà passé. »

C’est très significatif, et cela rappelle son «ça commence à bien faire» prononcé au salon de l’agriculture au sujet des questions d’environnement, en 2010. Sans doute Sarkozy est-il jaloux de ne pas avoir été à côté des 150 chefs d’État, mais tout de même…

Ceci dit, si Sarkozy a le culot de montrer qu’il se moque de la COP 21, peut-être que François Hollande est pire, dans la mesure où il prétend s’y intéresser…

Au-delà de l’anecdote, cela rappelle que l’écologie c’est une question politique. Si on ne sait pas ce qui se négocie, là on en sait un peu plus sur les contradictions du démarrage de la COP 21.

On arrive vite à des situations bloquées, que ce soit dans un pays ou entre les pays. Normalement les pays arrivent avec des propositions chiffrées, mais la Belgique n’a pas été en mesure de le faire en raison des différents gouvernements ne se mettant pas d’accord (la Belgique est un État fédéral).

Déjà qu’on doit arriver à l’unité mondiale, alors si déjà dans un pays on n’arrive même pas à négocier…
Il y a la même chose aux Etats-Unis : les républicains ont déjà annoncé qu’ils remettraient tout en cause s’ils gagnent la prochaine présidentielle.

Dans un même genre, on a le dirigeant ultra-nationaliste de l’Inde, Narendra Modi. Lui, il a carrément fait son opportuniste complet : saluant les chefs d’État d’un côté, envoyant tout balader de l’autre.
Lundi, il a annoncé avec François Hollande la formation d’une « alliance solaire internationale » avec 121 pays, pour promouvoir le solaire…

Mais le même jour, il publiait une tribune dans le Financial Times, un magazine britannique entièrement tourné vers le business, où il y disait une chose simple : les pays développés ont fait leur fortune sur les énergies fossiles, à eux d’assumer cela, pas à nous.

On s’imagine l’effet que cela a eu hier : on devine tout de suite qu’il y a double jeu. C’est ça le fond du problème.

Ceci dit, d’autres pays ne s’embêtent même pas avec cela. On a vu que la Belgique avait une bonne « excuse », mais la délégation du Venezuela (0,83 % des rejets de CO2 mondiaux), quant à elle, n’a pris aucun engagement non plus, et s’est même permis de se plaindre de l’accueil à la COP 21 qui lui a été fait.

D’autres pays ont remis des engagements, mais en traînant des pieds, en mode service minimum, comme les pays pétroliers que sont l’Angola et le Nigeria, le Qatar, l’Iran, l’Arabie saoudite.

C’est très mal parti de ce côté là. La France, tactiquement, a tenté de gagner déjà l’Afrique, qui ne produit qu’une toute petite part du CO2, mais dont nombre de pays sont liés à la France, de par l’influence encore largement présente dans les anciennes colonies.

Hier matin, il y eu ainsi un « sommet défi climatique et solutions africaines » avec François Hollande et une douzaine de chefs d’Etat africains.

Comme tout est prétexte à renforcer ces liens pas forcément sympathiques dans la mesure où c’est d’esprit colonial version modernisée, l’aide française à la lutte contre le changement climatique sera portée de 3 à 5 milliards d’euros par an d’ici à 2020 et se tournera notamment vers l’Afrique.

Comme en écho, le chef d’État du Sénégal, Macky Sall demande  5 milliards d’euros par an, pendant dix ans, de la part des pays riches :

« Quand on demande aux pays les plus en retard sur le processus de développement de renoncer aux sources d’énergie les plus accessibles et les moins coûteuses, que d’autres ont utilisés pendant des siècles pour assurer leur industrialisation, l’équité veut que cet effort soit accompagné et soutenu. »

Heureux hasard… Comme on le voit, on ne sort pas de la politique. Et qui dit politique, dit économique, bien entendu. Car on discute à la COP 21, mais entre janvier et juillet 2015, la forêt Amazonienne a perdu 6000 km², soit une fois et demi la superficie de l’Ile-de-France. Tant qu’on ne dit pas stop à cela, déjà…

Pour finir, encore une anecdote. Une chroniqueuse de France Info, Nathalie Bourrus, est allée visiter un chapiteau de 27 000 mètres carrés dédié aux associations. Elle se balade et raconte de manière moqueuse ; elle le raconte dans un podcast, avec une voix odieuse de bourgeoise prétentieuse.

Un film est en anglais sous-titré, elle s’en moque ; elle raconte encore :

« Moi, en quête de réchauffement climatico-humain
Quelque chose m’attire l’œil : des gens pédalent, comme sur un vélo, mais ce n’est pas un vélo. C’est un chargeur de portable. Car, comme le dit le proverbe Cop21 : « Si tu veux avoir de la batterie… tu n’as qu’a en baver un coup ! » « C’est pas sympa, comme message de bienvenue », dis-je à un pédaleur en pénitence. Le jeune homme, norvégien, me dévisage. »

Et là, apothéose à la française, à la fin de son podcast :

« Je décide carrément de fuir. Je passe alors devant le restaurant-cantine. J’aperçois des graines à manger. Je n’ai qu’une envie : avaler un bon gros steak, bien saignant et bien gras. Et pourquoi pas, une assiette de frites, arrosée de ketchup… »

N’est-ce pas tellement parlant ? N’est-ce pas la preuve qu’il faut écraser l’idéologie des beaufs, imposer le sérieux et la compassion, avant de pouvoir avancer ? Qu’il faut en finir avec le faux humour caustique, masque du relativisme?

Il est temps de prendre les choses au sérieux et de rompre avec tout cela!

Premier jour de la COP 21

Voici un compte-rendu de cette première journée officielle de la COP 21, même si en réalité les négociations ont commencé hier déjà. Il était cependant évident que la présence de 150 chefs d’État à Paris devait « marquer le coup » pour l’ouverture.

Naturellement, ils ont eu droit à des plats « français », strictement rien de végétalien comme il se doit (Soupe de navet aux coquilles Saint-Jacques, suprême de volaille, risotto aux herbes fraîches, confit de céleri farci, reblochon bio et Paris-Brest, champagne).


François Hollande, en tant que président du pays hôte, a tenu un discours, où il a complètement craqué, difficile de dire autre chose. Déjà que le fait de passer à « seulement » 2°C de plus d’ici 2100 est pratiquement infaisable, voilà qu’il parle de 1,5°C !

C’est totalement démagogique et cela ne sert qu’à valoriser la France comme une sorte de pays neutre, d’impérialisme sympathique, qui pourrait servir de force centrale de la lutte contre le réchauffement climatique.

En passant, cela sert à aider les entreprises françaises qui ont mis le paquet pour se positionner sur le marché du capitalisme vert (pour autant qu’une telle chose puisse exister)… Et à faire croire aux gens que, du côté français, tout aurait été fait. Les Américains, les Chinois, les Indiens seront désignés comme coupables…

Alors qu’en réalité, si un pays y va à fond, il servira d’exemple aux autres peuples du monde. Encore faut-il pour cela croire dans le peuple, la démocratie, et non pas dans les entreprises et le business « vert »…

Voici des extraits significatifs de François Hollande :

« C’est un jour historique que nous vivons. La France accueille 150 chefs d’Etat et de gouvernement, des milliers de délégués venus de tous les continents. Jamais une conférence n’avait accueilli autant d’autorités venues d’autant de pays. Jamais, je dis bien jamais, l’enjeu d’une réunion internationale n’avait été aussi élevé, car il s’agit de l’avenir de la  planète, de l’avenir de la vie.

Et pourtant il y a 2 semaines, ici même à Paris, c’est la mort que semait un groupe de fanatiques dans les rues. Je veux ici vous exprimer la reconnaissance du peuple français pour toutes les marques de soutien, tous les messages, tous les signes d’amitié que nous avons reçus depuis le 13 novembre.
Ces événements tragiques nous affligent, mais en même temps nous obligent.

Ils nous forcent à nous concentrer sur l’essentiel. Votre présence soulève un immense espoir que nous n’avons pas le droit de décevoir, car ce sont des peuples et des milliards d’êtres humains qui ont le regard porté sur nous.
Je n’oppose pas la lutte contre le terrorisme à la lutte contre le réchauffement climatique. Ce sont deux grands défis mondiaux que nous devons relever, parce que nous devons laisser à nos enfants davantage qu’un monde libéré de la terreur. Nous leur devons une planète préservée des catastrophes, une planète viable.

L’année que nous venons de vivre a été l’année de tous les records : record de températures, record de concentration de CO2, record du nombre d’événements climatiques extrêmes : sècheresse [sic], inondations, cyclones, fonte des glaces, hausse du niveau de la mer, acidification des océans. Les victimes de ces phénomènes se comptent par millions et les dommages matériels par milliards. Aucun pays, aucune région n’est à l’abri des effets du dérèglement climatique.

Comment accepter que ce soient les pays les plus pauvres, ceux qui émettent le moins de gaz à effet de serre, ceux qui sont les plus vulnérables qui soient encore davantage touchés.

C’est au nom de la justice climatique que je m’exprime aujourd’hui devant vous. C’est au nom de la justice climatique que nous devons agir. Prenons conscience de la gravité de la menace sur les équilibres du monde. Le réchauffement annonce des conflits comme la nuée porte l’orage, il provoque des migrations qui jettent sur les routes plus de réfugiés que n’en génèrent les guerres.

Des Etats risquent de ne plus pouvoir satisfaire les besoins vitaux de leur population avec des risques de famine, d’exode rural ou d’affrontements pour accéder à ce bien de plus en plus rare qui s’appelle l’eau. (…)

190 Etats, c’est-à-dire la quasi-totalité des pays de la planète ont formulé des plans d’action pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter au dérèglement climatique. Et tous les acteurs de la société mondiale, les collectivités locales, les entreprises, les investisseurs, les citoyens de toutes les grandes régions se sont également engagés pour le climat.

A cette prise de conscience, à cette mobilisation s’ajoutent les progrès fulgurants réalisés dans les énergies propres et renouvelables, qui ouvrent la perspective d’une économie non carbonée. (…)
Il y a 3 conditions pour que nous puissions dire que de Paris sera ou ne sera pas un succès.

La première condition, c’est que nous devons définir, dessiner, une trajectoire crédible permettant de contenir le réchauffement climatique en dessous des 2°C ou même dès 1,5°C si c’est possible.

Il faudra, pour que nous soyons sûrs d’être sur cette trajectoire, prévoir une évaluation régulière de nos progrès au regard des conclusions de la science et, donc, mettre en place un mécanisme de révision à la  hauteur de nos engagements avec des rendez-vous tous les 5 ans.

La deuxième condition, c’est que nous apportions au défi climatique une réponse solidaire. Aucun Etat ne doit pouvoir se soustraire à ses engagements, même si un mécanisme de différenciation pourra prendre en compte les niveaux de développement et les situations. Aucun territoire ne doit être laissé seul face au dérèglement climatique et, notamment, les pays les plus vulnérables.

Je pense à ces îles qui peuvent à brève échéance purement et simplement disparaître. Je veux ici être leur porte-parole, parce que c’est la biodiversité et la diversité même de la planète qui sont en cause.
Tirons-en les conclusions, l’accord doit être universel, différencié et contraignant. Les pays développés doivent assumer leur responsabilité historique, ce sont eux qui ont émis pendant des années le plus de gaz à effet de serre.

Les pays émergents doivent accélérer leur transition énergétique, les pays en développement doivent être accompagnés dans leur adaptation aux impacts climatiques. D’où la nécessité de dégager les financements pour faciliter les transferts de technologie.

Nous avions fixé – c’était à Copenhague – l’objectif des 100 milliards, aujourd’hui ce n’est pas un objectif que nous devons fixer, ce sont des ressources que nous devons dégager avec des garanties sur leur origine et sur leur accessibilité.

Enfin la troisième condition pour qu’il y ait un accord à Paris, c’est que toutes nos sociétés dans leur grande pluralité, diversité se mettent en mouvement. L’ensemble des dirigeants locaux, des investisseurs, des acteurs économiques et sociaux, des citoyens et même des grandes consciences, des religions, tous ceux qui contribuent à ce qui façonne l’esprit public mondial, tout ce mouvement doit comprendre que la donne a changé. Là est la clé pour relever le défi climatique.

Je veux rendre hommage à cet instant à tous les pionniers de la cause écologique, à tous les précurseurs qu’il n’y a pas si longtemps devaient affronter l’incrédibilité [sic, l’incrédulité en fait] ou le dédain pour leurs alertes et leurs propositions.

En quelques années, les esprits ont profondément évolué, les entreprises et les acteurs financiers hier réticents sont désormais prêts à s’engager et à modifier leur comportement.

Faut-il encore leur envoyer les signaux indispensables ? C’est l’enjeu de l’introduction progressive du prix du carbone pour que les émissions de gaz à effet de serre aient un coût qui corresponde aux dommages infligés à la planète ; et pour que les choix d’investissement soient peu à peu modifiés, afin que toutes les technologies puissent être accessibles à tous.

Mesdames et messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement, pour résoudre la crise climatique, je vous le dis franchement : les bons sentiments, les déclarations d’intention ne suffiront pas, nous sommes au bord d’un point de rupture. Paris doit être le départ d’une profonde mutation, nous ne pouvons plus considérer la nature comme un vulgaire et inépuisable réservoir de ressources destiné à notre seul et plein accomplissement.

Cette transformation est à la fois une obligation morale et une opportunité mondiale, parce qu’elle nous ouvre des possibilités de développement avec des énergies renouvelables, des modes de transport propres, le recyclage des déchets, l’agro-écologie, la préservation de la biodiversité, l’accès de tous aux biens publics mondiaux.

Ainsi, en rendant l’électricité accessible à tous et notamment en Afrique, c’est plus que la lumière qui sera apportée, c’est la connaissance, c’est l’éducation, c’est le développement. Nous sommes en ce 1er jour de la Conférence au pied du mur, ce mur est fait de l’addition de nos égoïsmes, de nos appréhensions, de nos résignations. Ce mur, est construit sur l’indifférence, l’insouciance, l’impuissance. Ce mur, n’est pas infranchissable. Tout dépend de nous.

Mesdames et messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement, sur vos épaules repose l’espoir de toute l’humanité. (…)

Notre plus grand défi, c’est de passer d’une mondialisation fondée sur la compétition à un modèle basé sur la coopération, où il sera plus rentable de protéger que de détruire. Nous devons penser la planète comme un espace unique, établir un pacte d’équité entre le Nord et le Sud et un partenariat entre l’homme et la nature.

C’est pourquoi nous sommes réunis, nous les dirigeants de la planète, c’est pourquoi Paris est un rendez-vous exceptionnel. Nous allons décider en quelques jours pour quelques décennies. Le plus grand danger n’est pas que notre but soit trop élevé et que nous le manquions. Le plus grand danger, c’est qu’il soit trop bas et que nous l’atteignions.

Alors plaçons-nous au plus haut niveau pour qu’au moins, nous puissions approcher cette ambition, car il s’agit de décider ici à Paris de l’avenir même de la planète. »

COP 21 : le premier jour (inofficiel)

Nous avons bien fait de préciser depuis le départ que les violences anti-COP 21, ce serait n’importe quoi : nous n’aurions pas apprécié d’avoir à assumer l’arrestation, pour rien au final, de 170 personnes (sur les 1500-2000 présentes) place de la République à Paris, sans parler de l’utilisation lamentable de bougies et de pots de fleurs (comme projectiles anti-policiers) volés au petit mémorial pour les victimes des attentats islamistes…

De manière plus sérieuse, et malheureusement institutionnelle, la COP 21 a connu sa première journée. Ce qui est étrange ici, pour le coup, c’est que les négociations ont donc commencé hier… mais que la COP 21 n’ouvre officiellement ses portes qu’aujourd’hui, avec la venue des chefs d’État.

C’est vraiment très formel, mais il est vrai que les représentants des États risquent très gros et que pour eux il s’agit d’assurer au moins la communication. S’ils n’apparaissent pas comme efficaces, il y aura une révolte écologiste, ce qui peut sembler utopique vue de France.

Mais un pays comme la Chine, qui produit 28 % de CO2 dans le monde, subit de plein fouet les dégâts climatiques, la pollution, et le peuple commence sérieusement à gronder là-bas. C’est pareil en Inde : d’un côté, 300 millions de personnes n’ont pas encore l’électricité dans ce pays qui a l’arme nucléaire, de l’autre côté les menaces sont là, depuis la Mousson qui se voit modifier jusqu’à la fonte des glaciers.

Les effets se font déjà sentir et la prise de conscience de l’ampleur de la situation grandit. C’est une problématique mondiale et d’ailleurs il y a eu 2300 « marches pour le climat » qui ont eut lieu ce week-end, mobilisant 570 000 personnes dans une atmosphère « bon enfant ». Voici une photographie du Japon.

Le futur c’est inévitablement une unité mondiale sur ce sujet. Ségolène Royal n’a vraiment rien compris lorsqu’elle a dit hier que :

« L’histoire n’a jamais vu et ne reverra sans doute jamais un tel moment. »

Elle n’a rien compris, ce qui n’est guère étonnant. C’est le contraire qui va se dérouler à l’avenir : la COP 21 ne va pas réussir, mais la tendance est forcément aux décisions mondiales. Finie l’humanité fragmentée, divisée, s’opposant à la Nature… Ou bien finie l’humanité tout court. Le choix sera fait, malheureusement en catastrophe.

Cette difficulté de la division entre pays amène que le risque d’échec est vraiment dans l’air. D’où le fait que le moindre jour compte, d’où par conséquent l’ouverture in-officielle un jour avant. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et président de la COP 21, a d’ailleurs prévenu hier les responsables :

« Si on voulait s’en remettre au pseudo miracle de la dernière nuit, je crains que ce ne soit pas la bonne solution. »

Jusqu’à présent, en effet, les délais ont toujours été dépassés et c’est en catastrophe, en pleine nuit, que de pseudos accords ont été signés. C’est précisément ce qui doit être évité, alors qu’en plus le protocole de Paris est censé remplacer celui de Kyoto. C’est une nouvelle base générale qui est censée être formulée.

D’ailleurs, les négociations, en elle-même, n’ont pourtant pas duré longtemps hier, commençant à 17 heures, après une minute de silence en raison des attentats. Mais elles étaient interdites aux médias quand même, puisqu’on est là dans le noyau dur : l’ADP, c’est-à-dire le « Ad Hoc Working Group on the Durban Platform for Enhanced Action », la « plate-forme de Durban pour une action renforcée ».

Il s’agit de la structure négociatrice, la matrice de la COP 21, celle qui doit parvenir au plan établissant la réduction de l’émission des gaz à effet de serre à partir de 2020, pour que le réchauffement ne dépasse 2°C en 2100 par rapport à 1880.

Elle va devoir donc établir des chiffres, mais aussi organiser le moyen de contrôler que les pays respectent les chiffres… Trouver des financements pour cela, ainsi que pour soutenir les pays subissant de graves problèmes climatiques. Les jours à suivre s’annoncent rudes.

Finissons avec quelques images du groupe anglais Brandalism, qui a annoncé avoir modifié 600 panneaux publicitaires dans Paris.

Ouverture de la COP21

La COP21 commence une journée plus tôt que prévu, officiellement à la demande des deux co-présidents du groupe de rédaction du protocole devant être signé à la fin des discussions. L’idée est de :

« permettre un meilleur usage possible du temps très limité dont disposent les délégués pour finaliser le projet d’accord. »

Est-ce déjà le grand stress, la peur de l’échec que tous les observateurs attentifs redoutent ? En tout cas, il y a déjà une porte de sortie de trouvée : les accords ne seront pas signés le 11 décembre, mais seulement « avalisés », la signature se déroulant un mois après, lors d’une cérémonie organisée par l’ONU.

En cas de souci, il y aura donc de la poudre aux yeux le 11 décembre, puis des négociations derrière, avec une hypothétique signature. On peut bien se douter, en effet, que les négociations ont déjà eu lieu et que si tout allait bien, la confiance régnerait… S’il y a déjà de la crainte, c’est qu’on sait que les intérêts sont trop divergents.

Trop de nations, trop de concurrence économique, trop de divergences égoïstes : l’humanité n’est clairement pas en mesure d’affronter le changement climatique et cela en raison de sa vision anthropocentriste du monde. Il faut se soumettre à Gaïa, mais cela, l’humanité n’y est pas prête…

Donnons un exemple de ce qu’il faudrait faire. La page officielle de la COP21, à la page entreprises et mécènes, nous explique que :

« Les entreprises contribuent directement ou indirectement au réchauffement climatique et sont donc naturellement des acteurs incontournables dans l’élaboration de solutions efficaces qui permettront de rester sous la limite d’une augmentation des températures de +1,5 à +2°C. »

Ce qu’il faudrait donc, c’est prévoir et exiger, afin d’empêcher de continuer à produire des gaz à effets de serre. Le problème est que le capitalisme, par définition, s’oppose tant à « prévoir » que « exiger »…

L’irrationalité des individus et des entreprises et des nations s’oppose à la rationalité écologiste d’une humanité unifiée, forcément pacifiée, logiquement végane…

Pour en revenir au programme, la COP21 commence aujourd’hui, alors qu’hier, le lieu de négociations au Bourget, en périphérie de Paris, non loin de l’aéroport, a été remis symboliquement à l’ONU, le ministre des Affaires étrangères et futur président de la COP21 Laurent Fabius remettant des clefs à Christiana Figueres, Secrétaire exécutive de la CCNUCC (Convention des Nations unies sur les changements climatiques).

Ce lieu de discussion est appelé « zone bleue » et est désormais supervisé directement par l’ONU, avec des gardes bleus, équivalents des casques bleus en quelque sorte. Y sont attendus 20 000 personnes : les délégations des 196 « parties » (195 États et l’Union européenne), les journalistes, mais aussi lundi les chefs d’États, etc.

Pour cette raison, en raison de la sécurité exigée en ces cas là, l’État a demandé aux gens de ne pas se déplacer du tout, fermant des tronçons d’autoroute, faisant en sorte que les transports soient gratuits à Paris jusqu’à lundi, tout en demandant en même temps… de ne pas les utiliser.

Dans la foulée de l’état d’urgence, mais en passant donc des islamistes à l’extrême-gauche, l’État a également assigné à résidence 24 personnes, accusées de vouloir perturber l’ordre public à l’occasion de la COP21. Cela signifie qu’elles ne pourront plus sortir de chez elles pendant quinze jours…

Au passage, la police ne s’est pas privée de mener de multiples opérations de perquisitions en même temps, rentrant par la force, menottant, menaçant par les armes, intimidant, utilisant du matériel sophistiqué pour inspecter les téléphones, les ordinateurs, etc. etc.

Tout doit être le plus lisse possible : la COP21 ne doit être rien d’autre qu’une opération de communication, servant à renforcer la légitimité de l’État et des entreprises.

Mais l’État fait ici une lourde erreur, tout autant que les zadistes d’ailleurs. Un statu quo est impossible, tout comme le fait de revenir en arrière à la petite production. Le changement climatique est la preuve du défi qui se formule, et qui exige un changement radical : c’est pourquoi l’idée nouvelle, celles de la défense de notre mère la Terre par une humanité unifiée, est la seule qui tienne et elle va se diffuser inéluctablement…

Cop21 : assignation à résidence et appel à un « rassemblement » illégal

Le grand cinéma commence! Au lieu de parler d’écologie, au lieu que les thèmes soient abordés démocratiquement, qu’il y ait des débats sur comment changer le monde, on a des « opérations de comm ».

Voici les deux du jour : tout d’abord, profitant de l’état d’urgence contre les islamistes, l’Etat assigne à résidence un militant de la coalition climat 21. De l’autre, il y a un appel pour braver l’état d’urgence et manifester à Paris ce dimanche.
Le rapport avec l’écologie de tout cela? Rien, bien entendu.

Voici le communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme pour la première information.

Le ministre de l’Intérieur perd ses nerfs, confond et assimile le mouvement associatif au terrorisme

Après avoir interdit les manifestations citoyennes autour de la COP21, voici que le ministre de l’Intérieur assigne à résidence M. Joël Domenjoud, en charge de la « legal team » de la coalition au motif qu’il ferait partie de l’ultra-gauche parisienne qui veut remettre en cause la tenue de la COP. M. Domenjoud est tenu de pointer trois fois par jour au commissariat.

Si l’on avait besoin d’une confirmation que l’état d’urgence est un danger pour les libertés publiques, cette mesure en attesterait tant elle révèle que la lutte contre le terrorisme n’est ici qu’un prétexte pour interdire toute voix dissonante.

Comme nous l’avions craint, l’état d’urgence s’accompagne de mesures de plus en plus arbitraires.

D’ores et déjà nous demandons la levée immédiate de l’assignation à résidence de M. Joël Domenjoud.

Tout cela est sans doute vrai, mais en même temps on voit qu’un voile pudique a été jeté sur le fait que « l’ultra-gauche » annonce depuis plusieurs semaines vouloir tout casser. Ce qui n’a, à nos yeux, comme nous l’avons déjà dit, strictement aucun intérêt, en l’absence complète de projet positif, réellement écologiste derrière.

Guère étonnant d’ailleurs qu’il y ait une belle convergence entre cette ultra-gauche zadiste et les bobos. C’est dans Libération qu’on lit entre autres cette tribune, appelant à prendre d’assaut la place de la République à Paris ce dimanche…

On ne trouvera dedans aucune référence à l’écologie. Seulement à l’esprit français, et il est dit d’ailleurs que « S’il existe quelque chose comme une valeur française, c’est d’avoir refusé depuis au moins deux siècles de laisser la rue à l’armée ou à la police ».

Ce qui est franchement pittoresque quand on voit que l’histoire de France, c’est historiquement la domination par un « homme fort » au sein d’un Etat ultra-centralisé avec une police ultra-efficace. Mais bon, du moment que les intellectuels bobos refont le monde devant un café et que les anarchistes peuvent jeter quelques pavés tous les 4-5 ans…

Bravons l’état d’urgence, manifestons le 29 novembre

Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour comprendre que l’état d’urgence décrété pour trois mois n’allait pas se limiter à protéger la population française contre de nouveaux attentats.

Ce week-end, une grande partie de la ville de Sens (Yonne) a été soumise à un couvre-feu, sans rapport clair avec les attentats. C’est la perquisition d’un appartement – dont les locataires n’auraient finalement pas été inquiétés – qui a justifié cette punition collective.

Parmi les 1072 perquisitions nocturnes diligentées hors de tout cadre judiciaire par les préfets, moins d’une sur dix a abouti à une garde à vue. À Nice, c’est une fillette de six ans qui a été blessée lors d’une opération de police : les policiers intervenus en pleine nuit avaient enfoncé la mauvaise porte. Dimanche en Loire-Atlantique, c’est une caravane de 200 vélos accompagnée de 5 tracteurs qui a été bloquée par les forces de l’ordre : il s’agissait de dissuader les cyclistes de rejoindre Paris pour la COP21.

Pendant ce temps, le gouvernement reprend sans scrupule des mesures promues hier encore par l’extrême droite. Les journaux nous l’assurent : les sondages confirment l’adhésion massive des Français à cet état d’exception sans précédent depuis cinquante ans.

C’est une victoire pour Daesh que d’être parvenu, avec moins d’une dizaine d’hommes, à faire sombrer l’État dans ses pires réflexes réactionnaires. C’est une victoire pour Daesh que d’avoir provoqué la mise sous tutelle sécuritaire de la population tout entière.

Le dimanche 29 novembre, une gigantesque manifestation était prévue dans les rues de Paris pour faire pression sur les gouvernants mondiaux, à qui personne ne faisait confiance pour trouver une solution au réchauffement climatique. Des centaines de milliers de personnes étaient attendues de toute l’Europe. Manuel Valls, certainement lucide sur le caractère dérisoire des accords qui sortiront de la COP21, craignait beaucoup cette manifestation.

Il a donc décidé de l’interdire, au prétexte que la foule risquerait d’être la cible d’un attentat. M. Valls jouerait-il avec le feu en laissant les Français risquer leur vie en faisant leurs courses de Noël ? Il se donne en tout cas les grands moyens : ceux qui voudraient manifester encourent 6 mois de prison. M. Valls va-t-il nous mettre en prison pour nous protéger des attentats ?

La proposition que nous faisons, nous savons que dans les circonstances actuelles nous aurons du mal à la faire entendre. Depuis dix jours, les écrans ressassent la gloire des « valeurs » françaises. Nous prenons cela au pied de la lettre. S’il existe quelque chose comme une valeur française, c’est d’avoir refusé depuis au moins deux siècles de laisser la rue à l’armée ou à la police. La mobilisation à l’occasion de la COP21 est un enjeu primordial et nous n’acceptons pas que le gouvernement manipule la peur pour nous interdire de manifester.

Dimanche 29 novembre, nous appelons à braver l’état d’urgence et à nous retrouver à 14h sur la place de la République.

P.-S.
Pétition en ligne : https://www.change.org/p/la-rue-bravons-l-etat-d-urgence-retrouvons-nous-le-29-novembre-place-de-la-republique

Paris, le 26 novembre 2015

« Etat d’urgence climatique »

Voici un nouvel appel de la « mouvance zadiste » au sens large, dont le vecteur est anticop21.org.

Cette fois, la ligne est changée: il s’agit d’un appel à des actions décentralisées, légales comme illégales, même si ce n’est pas dit ouvertement comme cela. S’il est parlé de Nature avec qui il faudrait « coopérer » – c’est déjà ça – il est surtout expliqué que le but n’est pas d’éveiller les consciences mais de foncer dans le tas, afin d’exprimer une « insatiable envie de vivre ».

De nouveau donc le discours existentialiste zadiste – autonome à la « insurrection qui vient », et encore une fois une claire prise de la COP21 comme prétexte pour une « révolte » considérée comme forcément individuelle.

On est très loin de ce dont nous avons besoin comme exigence : celle d’une humanité entièrement unifiée, se reconnaissant comme une composante de Gaïa, cessant collectivement son oeuvre de destruction par conséquent et se mettant au service del a vie.

Nous refusons l’avenir qu’ils voudraient nous imposer par la peur. Nous refusons de nous soumettre à la politique de l’autoritarisme qui étouffe les libertés au nom de la sécurité. La plus grande menace pour la sécurité, pour la vie sous toutes ses formes, c’est la catastrophe climatique.

En effet, dans quelques jours à Paris, gouvernements et multinationales voraces du monde entier vont se réunir, afin de trouver des « solutions » vertes et lucratives aux problèmes qu’ils ont provoqué, afin de rendre « durable » le pillage des dernières ressources de notre planète, afin d’asseoir encore davantage leur domination sur les peuples.

Nous n’avons plus rien à attendre d’eux car c’est bien eux le problème !

Pour que Paris 2015 soit un moment historique écrit par nous et non par les auteurs du désastre présent, faisons table-rase des fausses promesses du Vieux Monde. Écrivons Notre Histoire !

C’est bien ce que des milliers de personnes ont décidé de faire.
En effet, la COP 21 est une occasion sans précédent pour provoquer un changement radical en partant de la base : Nous.
Ne ratons pas ce qui peut être le plus grand virage de l’Histoire de l’Humanité.
Celui où elle aura décidé de se reprendre en main en coopérant avec la Nature dont elle fait partie.

Nous savons bien, et la plupart des climatologues s’accordent à le dire, que c’est probablement la dernière occasion que nous avons avant de dépasser d’ici quelques années, le point de « non-retour », ce qui provoquerait un phénomène d’emballement climatique sans rétroaction possible.

Ce moment approche, celui où il sera trop tard, où nous n’aurons rien d’autre dans les yeux que les larmes du regret face à un quotidien en état d’urgence permanent.

Alors ne gaspillons plus notre énergie à débattre des différents aspects du
réchauffement climatique, car il n’y a pas d’autre catastrophe que celle dans laquelle nous tentons de vivre.

Le vieux monde ne s’effondrera pas tout seul, et nous n’avons plus le temps « d’éveiller les consciences » pour ce faire.
Montrons leur que notre détermination est à la hauteur de leur capacité de nuisance.
Montrons-nous à la hauteur de notre insatiable envie de vivre !

Nous savons bien que l’épicentre se situera à Paris, mais que les ondes sismiques se feront sentir bien au-delà. C’est pourquoi, l’appel est lancé d’organiser partout ailleurs, des actions décentralisées, directes ou moins directes, en petits comités ou à plus nombreux, de jour comme de nuit, face aux caméras ou pas, avec ou sans revendication, en escaladant ou en s’asseyant, avec nez de clown ou masque de Zorro…

Ce que nous avions toujours rêvé de faire mais que nous avions jugé irréalisable ou trop fou, il est temps dès aujourd’hui, de l’organiser. Et ce, à 2 ou à 1000.
L’éventail des possibilités (de modes) d’actions est infini.

Cette pluie de météorites, ce Joyeux Bordel, à la frontière du rêve et du réel, où l’imaginaire se déploie au-delà des peurs, se déroulera PRES DE CHEZ VOUS DU 28 NOVEMBRE AU 11 DECEMBRE… et se poursuivra jusqu’à la chute de leur monde.

ILS SE SONT BIEN JOUES DE NOUS, A PRESENT C’EST A NOUS DE JOUER ! ;-)

Nouveau « plan de mobilisation » de la coalition climat 21

La coalition climat 21, qui regroupe les associations institutionnelles qui sont, pour résumer, un pied dedans un pied dehors avec la COP21, a réalisé un appel suite aux interdictions de manifester, expliquant ce qu’il était possible de faire, comme par exemple une marche virtuelle (le site ne marche apparemment pas encore) ou encore le fait de porter un ruban vert sur ses habits.

On est là clairement dans la posture. Comme la COP21 va se montrer en total décalage avec ce qui est nécessaire, l’échec n’en sera que plus parlant, et ce ne sont pas les zadistes qui rejettent le concept de changement climatique au nom de l’horreur du monde aujourd’hui qui vont y changer quoi que ce soit.

PLUS QUE JAMAIS MOBILISÉS POUR LE CLIMAT : LA COALITION CLIMAT 21 PRÉSENTE SON NOUVEAU PLAN DE MOBILISATION

Malgré les récentes interdictions de la marche du 29 novembre et des mobilisations du 12 décembre et suite à la décision de prolonger l’état d’urgence, ces deux dates restent des moments clés de mobilisation citoyennes pour le climat.

LE 29 NOVEMBRE, ÇA MARCHE ENCORE POUR LE CLIMAT !

Dimanche 29 novembre, la journée sera placée sous le signe du climat aussi à Paris :

– Des installations artistiques visuelles et sonores permettront de tracer autrement le parcours de la marche. Ces créations permettront d’exprimer nos messages : rappeler l’urgence de la crise climatique mais aussi témoigner de notre solidarité avec les populations qui sont aux premières lignes de la crise et du changement ; le lien entre climat, emploi et justice sociale ; les solutions qui existent ; les responsables à qui profitent le crime climatique, la nécessité de protéger la nature pour protéger le climat et enfin, la masse citoyenne qui appelle à l’action – des groupes religieux à la jeunesse, en passant par les grands parents pour le climat.

– Se rassembler autrement : en terrasses de café, dans les boulangeries, les coins de rue, les balcons et les fenêtres, et même sur les vêtements, un symbole commun sera proposé pour exprimer son engagement pour le climat.

– March4me.org : un outil inédit qui permettra à tous ceux qui ne peuvent pas marcher ce jour-là, de Beyrouth à Bamako en passant par Paris, de se faire représenter par tous ceux qui marcheront en Amérique, en Afrique, en Asie, en Europe. Ces derniers représenteront les marcheurs « empêchés » en arborant leurs photos et prénoms dans les défilés. Le site www.march4me.org permettra ces mises en relation et le déploiement de cette solidarité internationale. Il sera mis en ligne dès le 25 novembre.

La mobilisation sera mondiale à la veille de l’ouverture de la COP21 : les 28 et dimanche 29 novembre, des centaines de milliers de personnes de tous horizons marcheront dans les grandes villes du monde pour faire entendre haut et fort leurs attentes à leurs responsables politiques : à Johannesburg, Berlin, Sydney, Kampala, Ottawa, Barcelone,…57 marches sont prévues en tout.

LES 5 ET 6 DÉCEMBRE : RENDEZ-VOUS À MONTREUIL POUR LE SOMMET CITOYEN POUR LE CLIMAT

DU 7 AU 11 DÉCEMBRE : LA ZONE D’ACTION POUR LE CLIMAT SE MAINTIENT AU CENTQUATRE-PARIS

LE 12 DÉCEMBRE : NOUS MAINTENONS L’APPEL À UNE MOBILISATION INTERNATIONALE !

L’état d’urgence aujourd’hui c’est aussi l’état d’urgence climatique. Les nécessités minimales pour une planète juste et vivable sont des lignes rouges qui sont depuis longtemps franchies. Le 12 décembre, nous nous mettrons en mouvement pour le rappeler.

Nous souhaitons que le 12 décembre soit l’occasion pour les communautés affectées par les changements climatiques et leurs conséquences de s’exprimer, et nous maintenons donc notre volonté d’organiser des actions à Paris dont nous sommes en train de revoir les modalités au vue des circonstances. Elles seront placées sous le signe de la paix et de la justice climatique. Rien ne nous empêchera de faire entendre nos voix à la fin de de la COP21.

facebook.com/climat21

@Climat21
www.coalitionclimat21.org

Cop 21 : interdiction des manifestations publiques

Il y avait deux manifestation des prévues à l’occasion de la COP21. L’Etat a décidé qu’il fallait mieux les interdire. Voici le communiqué officiel expliquant cela.

COMMUNIQUÉ DE LA PRÉSIDENCE DE LA COP21
La COP21 doit permettre la mobilisation de tous pour le climat. La société civile est appelée à y prendre sa pleine place.

Elle sera donc fortement présente sur le lieu même du Bourget où les « espaces Générations climat » accueilleront, pendant toute la durée de la Conférence, plus de 300 événements, débats et conférences. Une mobilisation importante, comportant de nombreux événements, est également prévue partout en France. Tous ces événements sont maintenus, à l’exception des déplacements scolaires sur le site du Bourget.

La situation créée par les attentats odieux du 13 novembre et les investigations menées depuis imposent toutefois que les conditions de sécurité soient renforcées. Dans ce cadre, la totalité des manifestations organisées dans les espaces fermés et aisément sécurisables seront maintenues.

En revanche, afin d’éviter tout risque supplémentaire, le Gouvernement a décidé de ne pas autoriser les marches pour le Climat prévues sur la voie publique à Paris et dans d’autres villes de France les 29 novembre et 12 décembre.

C’est une décision difficile et qui décevra sans doute certains de ceux qui envisageaient d’y participer mais, dans le contexte actuel, l’exigence de sécurité l’impose.

Elle ne remet nullement en cause la nécessité pour la COP21 d’accueillir très largement – et ce sera le cas – la société civile et ses organisations qui remplissent un rôle majeur.

Voici le communiqué de « protestation » de la Coalition climat. On peut mettre des guillemets, parce qu’en pratique vu le fiasco des mobilisations, la passivité complète de l’opinion publique à ce sujet, cela n’aurait guère été un succès, et cela enlève une sacrée épine du pied à pas mal de monde…

MARCHE DU 29 NOVEMBRE ET MOBILISATIONS DU 12 DÉCEMBRE INTERDITES À PARIS

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Paris, le 18 novembre 2015

La Préfecture de police de Paris vient de nous informer qu’en raison des tragiques attentats qui ont eu lieu le 13 novembre dernier, la Marche mondiale pour le climat du 29 novembre et les mobilisations prévues le 12 décembre sont interdites à Paris.

Nous regrettons qu’aucune alternative n’ait été trouvée pour permettre nos mobilisations. Pour autant, nous sommes plus que jamais déterminés à faire entendre nos voix sur les questions de justice climatique.

« Nous avons conscience de la gravité de la situation. Plus que jamais nous ferons part de créativité pour mobiliser et rassembler. Pas de COP21 sans mobilisation de la société civile » Juliette Rousseau, coordinatrice de la Coalition climat 21.

En effet, le week-end des 28 et 29 novembre, à la veille de l’ouverture de la COP 21, des millions de personnes marcheront pour la justice climatique :

2173 événements se préparent dans plus de 150 pays
57 marches sont prévues dans le monde entier
Plusieurs dizaines de marches dans les régions de France sont annoncées

Le 29 novembre et le 12 décembre à Paris, nous trouverons une forme alternative de mobilisation citoyenne, pour montrer que la COP 21 ne se fera pas uniquement avec les négociateurs.

Le Sommet citoyen pour le climat qui se tiendra les 5 et 6 décembre à Montreuil (Seine Saint-Denis) ainsi que la Zone d’action pour le climat, qui se déroulera du 7 au 11 décembre au CENTQUATRE-Paris devraient être maintenus. Ces mobilisations seront deux grandes occasions de démontrer que nous portons les solutions et les alternatives au dérèglement climatique et que la société civile est déterminée à lutter contre la crise climatique.

La Coalition climat 21 rappelle que la COP 21 n’est pas une fin en soi et que, nous citoyennes et citoyens du monde entier, nous construisons un mouvement qui ne fera que se renforcer à l’issue de ce sommet et au-delà.