Un « amoureux de la vache limousine »

Impossible de ne pas faire partager ces propos qui relèvent de l’exploitation animale au sens le plus strict du terme.

On est ici, non pas dans un « spécisme » qui imagine les êtres humains méchants (mais alors pourquoi pourraient-ils devenir végans?), mais bien au coeur de la problématique : celle de la quête de profit.

Cela se passe aux ventes aux enchères… de vaches , lors de lal troisième édition des « Journées des vaches limousines à Limoges » et c’est raconté par Le Figaro.

Charolais d’origine, baigné dans le monde de l’élevage depuis sa plus tendre enfance, Bernard Léguille est amoureux de la vache limousine.

Une race qui ne comptait plus que 300.000 mères dans les années 1950 contre 900.000 aujourd’hui.

«C’est une race rustique, qui met facilement bas et qui a de fortes qualités d’adaptation, décrit-il. Elle produit peu de gras et dispose d’une finesse de viande incomparable.»

Avec l’aide des travaux de l’INRA et l’Institut de l’élevage, le groupe Plainemaison Beauvallet va lancer sa propre marque «Or rouge» en janvier prochain.

«Cela sera la garantie d’une viande d’exception, tendre, avec un goût persillé et une couleur rouge vif, commente Bernard Léguille.

Nous voulons apporter cette qualité au client final pour valoriser au mieux le travail des éleveurs.»

Ces propos sont d’une rigueur et d’une cohérence qu’on est forcé de reconnaître. A part une révolution qui mette ces gens de côté, comment l’avenir pourrait-il être différent de ce qui existe aujourd’hui ?

L’aliénation de cette personne est complète. On est dans un raisonnement calculateur, froid, glacial. La vie animale est réduite à sa fonction pour sa production de bénéfices, de la manière la plus froide.

Notons également un aspect très important et littéralement terrifiant. Quand la personne parle d’une « race rustique qui met facilement bas », cela fait référence à un problème très précis qu’ont les éleveurs en ce moment.

En effet, la sélection génétique a été telle qu’en pratique les naissances naturelles s’avèrent de plus en plus difficiles, voire impossibles.

Chez les vaches « Blanc bleu belge » – un million d’animaux, soit la moitié du « cheptel » belge – la césarienne est le passage obligé pour la grande majorité…

Que dire des vétérinaires qui participent à cette industrie, si ce n’est que ce sont des gens sans coeur ni esprit, qui ne peuvent absolument pas prétendre s’occuper du bien-être animal ?

Que dire d’ailleurs aussi de ceux et celles prétendant lutter pour le « bien-être animal », alors que les modalités de l’exploitation animale sont par définition intolérables et, qui plus est, empirent de jour en jour !

Le concept de spécisme est ici totalement dépassé, par ailleurs, justement parce qu’il a une image abstraite des animaux, ne comprenant pas l’importance de la sélection, des modifications génétiques, de l’encadrement général de la vie afin de satisfaire aux besoins de l’industrie.

Bien entendu, c’est une bombe à retardement sanitaire, car on ne triche pas avec la vie et la prétention à la maîtriser est totalement délirant. Sans parler d’où mène une bataille effrénée pour le profit, dans la concurrence générale…

Alors, on ne peut que se demander de quand va commencer le processus de conscientisation aboutissant à l’inévitable grand changement ! L’heure tourne… La Nature subit chaque jour plus d’attaques, de destructions.

Les responsabilités qui incombent aux personnes conscientes sont immenses !

« Il faut être malin, et lui faire croire qu’il va rejoindre ses copains »

Quand on est straight edge, on refuse par principe le mensonge ; quand on est vegan, on refuse au moins de mentir aux animaux, sauf et uniquement si c’est de manière garantie pour leur bien, comme par exemple quand on doit masquer un médicament dans un aliment.

Mais mentir pour faire du mal, voilà qui est une déchéance morale terrible. Voici pourtant ce qu’a proposé, au nom de la « protection animale », Franck Ribière, réalisateur du film « Steak (R)évolution » et fondateur de la société « Le bœuf éthique » (sic!), à la Commission d’enquête parlementaire.

C’est un exemple d’ignominie.

M. Franck Ribière. Pour élaborer notre produit, le bœuf éthique, de l’étable à la table, il fallait trouver le moyen d’éviter la dernière partie très compliquée de la vie de l’animal, c’est-à-dire son transport et tout ce qui peut lui arriver juste avant d’être abattu, quand il change d’endroit et se retrouve dans des groupes différents alors qu’il aurait besoin de calme.

Après avoir écarté les méthodes un peu étranges, comme l’abattage au fusil, pratiquées dans certains pays, nous avons rencontré une Suédoise, fermière de son état, qui a décidé il y a dix ans de construire une chaîne complète correspondant exactement à ce que nous cherchons : faire naître, élever correctement, nourrir et accompagner l’animal jusqu’au bout.

Elle l’a fait d’abord pour sa ferme, avec ses animaux, avant de s’apercevoir qu’il y avait une demande, sachant que la Suède est l’un des rares pays européens où la consommation de viande augmente et que les Suédois sont attachés au bien-être animal, à l’écologie et aux dimensions éthiques.


L’image ci-dessous illustre le modèle qui existe partout : la vache est élevée dans un pré. Avant de se retrouver chez le boucher ou en grande surface, elle est transportée par camion jusqu’à l’abattoir.

Britt-Marie Stegs a décidé de supprimer le transport et l’abattage dans un abattoir fixe pour garantir une viande éthique, ethical meat, de la vie à la mort de l’animal.

Cela passe par la mise en place d’un outil performant d’abattage qui correspond aux normes sanitaires d’abattage imposées à tous les pays européens, ce qui fait que ce camion aujourd’hui est european sensibility, autrement dit qu’il peut opérer partout, y compris en France.

Il a fallu choisir, dans un premier temps, un vecteur qui puisse supporter l’intégralité de la chaîne d’abattage, c’est-à-dire un camion de transport qui comprend un générateur, un épurateur d’eau – il est autonome en électricité et en eau –, l’atelier et tous les espaces nécessaires à l’abattage d’un animal, comme les vestiaires, les toilettes spécifiques à un abattoir et ce qu’il faut pour nettoyer tous les instruments.

Le dispositif se compose au total de deux camions et deux remorques. Cet abattoir peut être installé partout, dans un pré notamment.


Sur la photo ci-dessous, on peut voir le dispositif installé, en état de marche. Les deux camions sont accolés à leurs deux remorques.

Sur la photo ci-dessous, vous apercevez à droite une porte avec une grille : c’est le piège. Avant de venir tuer les animaux, les abatteurs sont passés au préalable pour étudier la situation de la ferme – étable, écoulement des eaux usagées, traitement des déchets – et prévoir tout ce qui facilitera la mise en place et la stabilité du camion.


Sur la photo ci-dessous, l’animal est dans l’étable. Ce système de demi-spirale a été inventé pour sélectionner l’animal, si l’on constate qu’il commence à ne pas se tenir tranquille, et l’isoler un moment avant de passer à l’étape suivante.



Sur la photo ci-dessous se déroule la partie la plus étonnante du processus, celle dans laquelle c’est l’éleveur lui-même qui emmène sa bête à la mort. L’animal croit aller de l’étable au pré. Il n’a qu’une chose dans son axe de vision : ce qu’il croit être une porte qui donne sur un environnement qui lui est familier, où il va manger. À chaque fois que j’ai filmé, je n’ai jamais vu un animal faire demi-tour. Il n’a aucun stress. Et dans le pré, d’autres animaux attendent : il faut être malin, et lui faire croire qu’il va rejoindre ses copains.


À partir de ce moment, l’animal n’a plus aucun moyen de faire demi-tour. Dès l’instant où il passe par la petite porte, la grille arrière remonte et il est aussitôt étourdi. Car l’abatteur l’attend à l’intérieur de la remorque et est en train de viser cette pièce de deux euros située juste au-dessus de la tempe.

L’animal a juste le temps de se rendre compte que la porte est fermée, autrement dit qu’elle ne donne pas directement dans le pré. Mais c’est trop tard pour lui : c’est fini.

Mme Françoise Dubois [députée socialiste]. C’est de l’arnaque… (Sourires.)

M. Franck Ribière. Effectivement, il a été bluffé !

Pangolins : l’écocide

Le pangolin est un mammifère qui a la particularité d’avoir des écailles (qui montre d’ailleurs la complexité sous-estimée de classifier les êtres vivants).

Vivant dans les régions tropicales, il est victime de l’écocide dans une mesure terrible : ces 10 dernières années, un million d’entre eux ont été assassinés.

Au moins 80% de ceux vivant en Indonésie et en Chine ont été tués et il est officiellement prévu par les institutions internationales que la même proportion de meurtres se produira dans les vingt prochaines années.

Voici une photo venant d’Indonésie, de l’île de Java, où 657 d’entre eux viennent d’être découverts congelés chez un trafiquant.

Les pangolins sont victimes d’un trafic surtout à destination de la Chine, où leur « viande » est considérée comme ayant des propriétés aphrodisiaques, les écailles comme renforçant la production de lait maternelle ou permettant de mieux guérir d’un rhume, etc.

Les mafias visent donc cet animal, chacun leur rapportant entre 4500 et 7000 euros.

Il faut savoir qu’entre 1998 et 2007, 35 millions d’animaux sont exportés légalement depuis l’Asie du Sud-Est… 30 millions ayant été arrachés à la vie sauvage. On imagine ce qu’il en est illégalement.

Le capitalisme recycle le tout après : en l’occurrence, on peut trouver des écailles de pangolins dans des épiceries asiatiques en France, le capitalisme ne connaissant aucune limite, par définition.

Un symbole terrible de cette déchéance de l’humanité dans son rapport à la Nature a été un accident de 2013, où un bateau chinois avait gravement abîmé – on doit dire blessé en fait, car c’est un être vivant – une zone corallienne dans le parc national Tubbataha des Philippines.

Les gardes-côtes ont alors découvert… 400 boîtes, rassemblant 2870 pangolins congelés.

Ils ont été condamnés à douze ans de prison pour le capitaine, six pour les autres, 100 000 dollars d’amendes chacun. C’est déjà pas mal, mais il est clair qu’il faut une justice bien plus implacable pour sauver la planète!

La dimension de l’écocide est telle qu’il faut bien voir qu’il s’agit ni plus ni moins d’une guerre. Le temps presse : dans vingt ans, à quoi ressemblera le monde?

Tout le monde sait très bien d’ailleurs ce qu’il en sera justement dans vingt ans si rien n’est fait, si tout n’est pas changé. Le début du 21ème siècle risque d’être celui d’un écocide généralisé, par une machinerie capitaliste écocidaire toujours plus puissante, avec un 0,1% de la population mondiale vivant même dans un véganisme commercial et individualiste, se donnant bonne conscience.

Cela ne doit se passer ainsi ! Où est la jeunesse qui s’engage en défense des êtres vulnérables, pour la justice, pour la Nature ? Où est le mouvement qui mettra un terme à cette ère de l’indifférence ?

Confédération paysanne : « L’agriculture est un secteur qui peut créer de l’emploi si… »

La Confédération paysanne, née en 1987, affirme présenter un modèle alternatif pour l’agriculture. Elle a obtenu une importante médiatisation lorsque José Bové a été son porte-parole, d’avril 2000 à avril 2004, lui-même ayant été connu pour avoir, une année auparavant, participé au démontage du McDonald’s de Millau.

La crise des éleveurs étant un thème d’actualité importante, regardons ce qu’elle en dit. On peut lire dans son communiqué Crise laitière : Plan de licenciement massif engagé ! La chose suivante :

« L’agriculture est un secteur qui peut créer de l’emploi si on ne le vend pas à un libéralisme éperdu qui ne se préoccupe pas des travailleurs, ni de l’environnement, des paysages, de l’alimentation, de la société dans son ensemble ! »

On a ici une opposition entre le libéralisme et l’emploi, au nom des choses suivantes :

– les travailleurs,

– l’environnement,

– les paysages,

– l’alimentation,

– la société dans son ensemble.

Ce qu’on a là est rigoureusement anthropocentrique. Tous les termes employés visent à séparer de la Nature.

On a plus des êtres humains, mais des « travailleurs », comme si l’on pouvait séparer la personne travaillant de sa base naturelle. Il en va de même pour la réalité naturelle transformée en « paysage », comme si on pouvait ne garder de la Nature que ce qui est « utile ».

La Nature dans son ensemble se voit pareillement niée au profit de « l’environnement », c’est-à-dire ce qui environne l’humanité, et non pas donc la Nature en soi.

L’alimentation est, pareillement, ce qui est séparé de la Nature, comme si l’agriculture pouvait être découplée de la réalité naturelle à l’échelle de la planète.

Voilà pourquoi ce passage omet le principal : les animaux.

Les animaux sont en effet exactement au milieu des deux aspects de cette fausse opposition mise ici en place.

La Confédération paysanne peut mentir comme elle veut, comme le font les zadistes, en prétendant avoir une agriculture raisonnée, équitable, harmonieuse, que sait-on encore. Mais le fait, irréductible, est que les animaux restent les victimes au coeur de cette agriculture.

Car on peut prétendre ce qu’on veut : si les animaux ne sont pas concrètement respectés, alors c’est du bluff, du mensonge.

La petite production a les mêmes fondements que la grande et le principe de faire souffrir un animal est fondamentalement le même dans les deux cas.

Et on peut, on doit même dire que ceux qui font l’éloge de la petite production ou des réformes sont des gens qui tentent de maintenir le statu quo, qui nient la réalité : la croissance exponentielle de l’exploitation animale dans le monde.

La production de « viande » au Brésil va connaître une croissance de 30,7 % entre 2015 et 2025. Et voici un tableau sur lequel méditer.

Il montre la consommation de « viande » aux Etats-Unis et on y voit qu’elle repart à la hausse, que les projections estiment que cette hausse va continuer…

Conséquence logique de l’exploitation animale, source inestimable et incontournable de profits. Et une preuve de ne pas croire les réformistes qui nient les faits, refusant la nécessaire révolution !

La FNSEA face à Lactalis

L’actualité, c’est bien entendu l’initiative du syndicat agricole FNSEA et de son bras « musclé » des « Jeunes agriculteurs » consistant à bloquer le siège de l’usine Lactalis de Laval.

Ce blocage est censé durer encore une semaine et ne concerne pas Lactalis : c’est le rond-point qui est bloqué. Car la FNSEA ne veut pas combattre Lactalis, mais lui arracher une plus grande part du gâteau de l’exploitation animale.

Nous avons déjà parlé de cette question, en expliquant la déréglementation européenne du secteur du lait de vache. La bataille économique fait rage et Lactalis a acquis une position de force.

Il s’agit du numéro un mondial dans la production de lait de vache et de fromage, devant Danone. Selon Capital, ses profits se divisent de la manière suivante :

Les fromages génèrent 34% du chiffre d’affaires, le lait de consommation 25%, les yaourts et desserts lactés 12%, les ingrédients laitiers et poudres 12% également, et les beurres et crèmes 6%.

C’est, dans la tradition des grandes entreprises françaises, une entreprise familiale et son patron, qui évite absolument d’être connu du grand public et de la presse, est le 15ème français le plus riche, avec 4,43 milliards d’euros à son patrimoine.

Cette richesse, les éleveurs aimeraient en profiter, d’autant plus qu’en bons capitalistes, ils n’ont vu que l’appât du gain avec l’exploitation animale et n’ont rien anticipé du tout à la déréglementation européenne.

Ils pensaient faire de bons profits aux dépens des animaux, de manière tranquille, et la course au profit est si forte qu’elle les balaie ! Voici comment se plaint à Ouest-France un éleveur de Mayenne…

« Quand on téléphone, on ne nous demande pas notre nom ni celui de la ferme, mais notre numéro de producteur. »

Quelle ironie aliénée reflètent ces propos, de la part d’un éleveur c’est-à-dire de quelqu’un qui considère les êtres vivants comme des marchandises…

Ce qui était prévu, donc, avec la déréglementation, arriva fort logiquement et il y a ce que le PDG de Lactalis appelle, utilisant d’ailleurs un concept marxiste, une « crise de surproduction ».

Lactalis en profite et paie autour de 270 euros les 1000 litres de lait de vache, contre 363 euros il y a deux ans. La déréglementation européenne a eu un effet dévastateur, dans la mesure où les éleveurs français ne tiennent pas face à la concurrence.

Le prix de production des 1000 litres leur revient à 350 euros, alors que les éleveurs allemands produisent pour entre 15 et 20 % moins cher.

Regardons d’ailleurs le tableau des rémunérations des éleveurs. Il est vrai que Lactalis paie moins que les autres, mais tous sont extrêmement loin de 350 euros, sans compter que les éleveurs exigent 380 euros…

Notons d’ailleurs que les prix chutent et que ce qui est indiqué dans le tableau concerne la moyenne des 12 derniers mois. Or, chaque mois la chute continue de manière significative… Si l’on ne prend que la première partie de 2016, on obtient par exemple pour Lactalis 266 euros et non 283.

Autant dire que, dans tous les cas, les éleveurs français vont connaître un effondrement… aux dépens des animaux, toujours plus exploités, toujours plus nombreux à être exploités.

On assiste en effet à une concentration massive, propre à la croissance exponentielle de l’exploitation animale.

Il faut bien voir qu’au-delà des plaintes honteuses des éleveurs, ces capitalistes qui aimeraient faire du profit de manière garantie, il y a une croissance significative de la production mondiale de lait de vache : elle a été de 3% en 2014 et de 2% en 2015 (soit environ 800 milliards de litres).

L’Union Européenne a annoncé il y a quelques semaines lancer deux nouveaux programmes d’aides : 150 millions d’euros pour inciter à réduire la production de lait, 350 millions d’euros distribués entre les Etats membres (dont 50 pour la France) afin d’aider les éleveurs…

C’est là un capitalisme plus qu’aidé ! Surtout que c’est sans fin, car les éleveurs français ont investi afin de pouvoir faire des profits et ne peuvent donc plus reculer et limiter leur production…

D’autant plus que leurs concurrents ne comptent pas le faire non plus ! C’est la course au profit de manière toujours plus folle, dans une véritable guerre contre les animaux qui sont ici au coeur de la pressurisation réelle qui existe.

L’exploitation animale idéalisée par la ZAD et les éleveurs n’est qu’une tentative de maintenir la petite production face à des monstres agro-industriels qui pratiquent l’exploitation animale à très grande échelle.

Lactalis représente d’ailleurs un exemple typique de cela. L’entreprise fait 17 milliards de chiffre d’affaires, avec 229 sites industriels dans 43 pays, ce qui est énorme. Elle ne publie pas ses bénéfices, préférant payer une amende…

Le père de l’actuel PDG, qui était surnommé « l’émir blanc » pour ses profits au moyen du lait de vache et du fromage, n’avait pas hésité à envoyer 200 casseurs, dont des anciens paras munis de pistolets, pour casser une grève en 1982…

Mentionnons au passage la condamnation de Lactalis, en 2015, à 56,1 millions d’euros d’amende pour sa participation au « Cartel du yaourt » ayant organisé une entente sur les prix, ou bien encore l’affaire du mouillage du lait de vache en 2000 aboutissant à une condamnation pour « fraude sur le lait et publicité mensongère », ou encore l’affirmation en 2012 par le Canard enchaîné que le groupe vendrait du lait de vache stérilisé UHT pour du lait frais pasteurisé, n’aboutissant à rien toutefois ici en raison d’un vide réglementaire…

Peut-on vouloir le bien des animaux, sans parler de changer le monde, sans mettre un terme à de telles choses ?

JBS place son siège en Irlande

C’est une information importante historiquement, dans la mesure où elle permet de bien saisir la tendance actuelle qui, comme nous le soulignons à chaque fois, consiste en la croissance exponentielle mondiale de la production de « viande ».

L’Allemagne a connu par exemple l’année dernière son plus grand chiffre historique concernant cette production, et cette année devrait être encore pire dans le genre.

C’est avec cet arrière-plan qu’il faut comprendre l’information comme quoi JBS, l’entreprise brésilienne leader mondial de la production de « viande », a choisi de délocaliser son siège en Irlande.

La raison du placement de 30 milliards d’euros – seulement virtuellement – en Irlande tient bien sûr au faible impôt sur les entreprises (12,5%). Google et Facebook utilisent le même procédé pour opérer en Europe.

JBS  a d’ailleurs acquis l’année dernière l’entreprise nord-irlandaise Moy Park, qui s’occupe de « transformation »  des animaux fournis par des éleveurs sous contrats. Le chiffre d’affaires de Moy Park avant l’acquisition était de pas moins de 1,4 milliards d’euros, avec des usines au Royaume-Uni, mais aussi en France.

Celles-ci sont à Hénin-Beaumont, produisant pour McDonald’s des « nuggets », et à Orléans, produisant des « steaks hachés » de la marque McKey (toujours pour McDonald’s).

On voit tout de suite que la production de « viande » se renforce, s’approfondit, s’ancre profondément. Les grandes entreprises se précipitent sur ce marché où la croissance est possible, en exploitant toujours davantage les animaux, en faisant que les gens consomment plus ce type de produits…

Le syndicat agro-industriel FNSEA s’est exprimé par l’intermédiaire de sa « Fédération nationale bovine », dénonçant dans un grand élan digne des années 1930 la « finance mondialisée ».

Comme si l’exploitation animale n’était pas, petite ou grande, quelque chose relevant du capitalisme, de l’accumulation du profit toujours plus grand, de l’utilisation systématique des animaux, etc.

« Malgré le Brexit, l’Union européenne ne semble pas avoir changé de cap ! Après le transfert de Barroso à Goldman Sachs dans le cadre du mercato d’été, c’est au tour de JBS, leader mondial de l’abattage de produits carnés, de profiter des largesses de l’UE.

A croire que la seule vocation de l’Union est d’assurer la réussite des petits arrangements de la finance mondialisée.

L’entreprise brésilienne JBS, déplace ainsi son siège social en Irlande. Nulle question d’investir dans l’emploi et le développement économique, mais bien de profiter des avantages fiscaux offerts par le pays et les autres États Membres de l’UE. 30 milliards d’euros d’actifs sont concernés par cette relocalisation – de papier – qui permettra au groupe de bénéficier d’un taux d’imposition particulièrement avantageux (12,5%) !

Largesses pour les uns, douleurs pour les autres ! Quand l’UE s’ouvre à tous vents au gré de négociations naïves telles que le CETA, le TTIP et le MERCOSUR, ses éleveurs ne cessent de payer les pots cassés de politiques incohérentes, erratiques et déconnectées.

Quand compter le nombre de fleurs dans une prairie devient une politique européenne, ne doit-on pas avoir la même intransigeance envers l’uniformité des politiques fiscales et sociales ?

Dans le contexte de crise profonde de l’élevage européen, les éleveurs français attendent une réaction sans délai du Président de la Commission européenne. Les vacances sont terminées ! Ils ne comprendraient pas non plus, le même silence de la part du gouvernement français !

L’Europe est en phase de dérive, la voix de ses capitaines doit se faire entendre urgemment avant que d’autres soient tentés de quitter le navire. »

Si la FNSEA s’inquiète, en tout cas, c’est ici surtout que la concurrence va s’exacerber toujours plus. L’idéalisation de l’exploitation animale « à la française » sert de prétexte à la défense des intérêts des exploitants français, dont la nature ne diffère pourtant en rien de leurs concurrents.

Rapport PNUE-INTERPOL : la valeur des atteintes à l’environnement a augmenté de 26 %

Interpol a publié un communiqué de presse concernant les « atteintes à l’environnement » et leurs terribles progressions.

C’est une démonstration de plus de la catastrophe que subit notre planète. En plus de tout ce qui est légal, le capitalisme illégal est d’une puissance toujours plus immense, avec la déforestation, l’exploitation de minerais, la pêche, le trafic de déchets, le trafic d’animaux…

NAIROBI (Kenya) – La valeur des atteintes à l’environnement a augmenté de 26 % par rapport aux estimations précédentes, atteignant aujourd’hui un montant compris entre 91 et 258 milliards d’USD contre 70 à 213 milliards en 2014, selon un nouveau rapport publié aujourd’hui par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et INTERPOL.

La Hausse des crimes contre l’environnement, publié à la veille de la Journée mondiale de l’environnement (JME), démontre que des lois laxistes et des forces de sécurité souffrant de financements insuffisants permettent à des réseaux criminels organisés et à des groupes rebelles armés de s’enrichir grâce à un commerce qui alimente les conflits, dévaste les écosystèmes et menace les espèces sauvages d’extinction.

Le Directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner, affirme : « L’augmentation des atteintes à l’environnement partout dans le monde est très préoccupante.

Les vastes sommes d’argent générées par ces crimes méprisables alimentent l’insécurité et maintiennent en activité des organisations criminelles internationales extrêmement sophistiquées. Il est essentiel que le monde agisse dès maintenant afin de combattre cette menace grandissante avant qu’il ne soit trop tard. »

D’après ce rapport, la criminalité environnementale dépasse de loin le trafic illégal d’armes légères, pourtant évalué à quelque 3 milliards d’USD. Il s’agit de la quatrième activité criminelle la plus lucrative au monde après le trafic de drogues, la contrefaçon et la traite d’êtres humains.

Les pertes financières résultant d’atteintes à l’environnement sont 10 000 fois plus importantes que les sommes engagées par les agences internationales pour lutter contre ce phénomène – entre 20 et 30 millions d’USD.

« Les atteintes à l’environnement se multiplient à un rythme alarmant. La complexité de ce type de criminalité exige une intervention multisectorielle soutenue par une collaboration transfrontalière.

Avec ses capacités policières mondiales, INTERPOL est résolument engagé à collaborer avec ses pays membres afin de lutter contre les réseaux criminels organisés responsables d’atteintes à l’environnement », a déclaré le Secrétaire Général d’INTERPOL, Jürgen Stock.

La dernière décennie a vu la criminalité environnementale augmenter d’au moins 5 à 7 % par an.

Cela signifie que les atteintes à l’environnement, qui comprennent le commerce illégal d’espèces sauvages, les infractions commises par des entreprises du secteur forestier, l’exploitation et la vente illégales d’or et d’autres minéraux, la pêche illégale, le trafic de déchets dangereux et la fraude aux crédits carbone, progressent 2 à 3 fois plus rapidement que le PIB mondial.

Plus d’un quart de la population mondiale d’éléphants a également été abattue au cours de la dernière décennie.

Chez certaines espèces parmi les plus vulnérables de la planète, dont les éléphants et les rhinocéros, le rythme des pertes augmente de plus de 25 % par an depuis dix ans.

Au cours de la même période, des braconniers ont tué en moyenne 3 000 éléphants par an en Tanzanie. Cela représente une valeur marchande de 10,5 millions d’USD pour les trafiquants d’ivoire, un montant cinq fois supérieur au budget national consacré à la conservation des espèces sauvages.

Ce rapport préconise l’adoption de mesures fortes, d’un cadre législatif solide et de sanctions sévères aux niveaux national et international, y compris de dispositions visant à perturber le fonctionnement des paradis fiscaux, une augmentation considérable du soutien financier à la mesure de la grave menace que fait peser la criminalité environnementale sur le développement durable, ainsi que des incitations économiques et des modes de subsistance différents pour les personnes situées en bas de la chaîne de la criminalité environnementale, telles que les braconniers.

L’exploitation animale et le rôle des cadences

Le quotidien Libération a publié une interview d’un ex-inspecteur des services vétérinaires au sujet des abattoirs. En voici les extraits principaux, qui sont à la fois intéressants et problématiques.

En effet, cet ex-inspecteur ne considère pas que les cadences sont le problème essentiel de l’exploitation animale aujourd’hui. Il prétend que les conditions de travail des humains ont été améliorées, alors que pourtant rien n’a été fait pour les humains.

C’est là un point de vue totalement étranger au point de vue des gens qui travaillent, qui voient bien que les cadences sont encore plus grandes !

L’exploitation animale n’existe que comme machine à profit. Elle exploite les animaux, mais aussi les humains. Toujours plus les uns, toujours plus autres.

Ne pas voir cela c’est inventer un « antispécisme » qui se balade au-dessus de la réalité. Nier cela correspond à l’idéologie « antispéciste » qui considère que les humains se comporteraient « mal » avec les animaux et que cela ne dépend pas vraiment ou uniquement de la culture et de l’économie.

D’ailleurs, cet ex-inspecteur, Martial Albar, a été mis en avant par L214 et a même fondé une entreprise de « consultant », dont l’une des prestations a été le visionnage pour L214 d’une vidéo filmée dans un abattoir….

Cela participe à la petite bulle université – business qui s’est développée ces derniers temps et qui prend le véganisme non comme un appel à la révolution, mais à l’intégration dans les institutions.

Ces gens, qui veulent une bulle où vivre tranquille, masquent d’ailleurs le fait qu’à l’échelle mondiale, l’exploitation animale est en croissance exponentielle…

Avec des cadences, naturellement, toujours plus grandes… Qui sont le coeur du problème de la situation des animaux. Et les réformes de-ci de-là ne visent pas à améliorer la condition animale, mais à faire que ne subsistent que les entreprises toujours plus immenses du secteur, en coulant les petites entreprises qui ne peuvent pas suivre (et qu’on ne regrettera pas pour autant)…

Les vidéos diffusées par l’association L214 semblent montrer que l’étourdissement des animaux fonctionne mal. Comment cette étape se déroule-t-elle concrètement ?

Certains abattoirs utilisent des caissons de CO2 qui asphyxient les cochons. Mais généralement, pour eux comme pour les moutons et les chèvres, on utilise l’électronarcose. Deux pinces mécaniques sont appliquées par un opérateur sur les tempes des agneaux, des moutons, des chevreaux ou des chèvres, et envoient une décharge électrique à l’animal.

Pour les cochons, c’est le même système, mais automatique : une pince mécanique vient leur serrer la tête et envoie l’électricité.

Il n’y a pas à ma connaissance d’étude sur la perte de sensibilité à la douleur qu’induit l’électronarcose. Autrement dit, rien ne prouve que l’animal ne ressent pas ce qui se passe ensuite.

Ce système d’étourdissement, comme les autres procédés, est avant tout utilisé afin de favoriser le travail de l’homme pour la mise à mort car après avoir reçu la décharge, l’animal tombe à plat, inerte.

Comment se déroule cette mise à mort ?

Après avoir reçu le choc électrique, l’animal est suspendu par une patte arrière sur la chaîne d’abattage qui le transporte jusqu’au poste de saignée. Dans tous les abattoirs que j’ai connus, presque systématiquement, les animaux reprennent conscience avant d’être saignés car trop de temps s’est écoulé depuis le choc électrique. L’électronarcose, ce procédé franchement archaïque, provoque ainsi une souffrance supplémentaire et inutile à l’animal avant d’être tué…

Qu’en est-il pour les vaches et les veaux ?

On leur applique sur le front un pistolet à tige perforante qui perce l’os frontal et leur cerveau. C’est le seul procédé, peu coûteux et pratique, qui est utilisé pour faire tomber un animal de 800 kg. Car là encore, le but recherché n’est pas d’anesthésier l’animal, mais bien de l’immobiliser. Parler d’anesthésie est un pur mensonge, une tromperie. L’objectif n’est pas d’éviter de la douleur à l’animal, mais de ne pas abîmer le «produit» et de sécuriser le travail du tueur.

D’ailleurs, dans de nombreux abattoirs, du courant électrique est appliqué à l’aide de pinces sur les lèvres des bovins au moment de la saignée : ce choc les tétanise, limite le mouvement des pattes et permet donc d’éviter des accidents.

Comment se déroule la saignée ?

Cette opération consiste à trancher les carotides et les jugulaires pour que l’animal perde son sang. Les cochons sont saignés différemment : on ne laisse pas couler leur sang, on le pompe. On leur enfonce un trocart dans la gorge pour récupérer le sang qui servira à faire du boudin, des saucisses pour les hot-dogs ou même des produits cosmétiques. Ensuite, le cochon est échaudé : il est trempé dans l’eau bouillante pour préparer le brûlage des poils.

Pour les bovins, le tueur ouvre souvent complètement la gorge pour accélérer la perte de sang avant d’enlever le «masque», c’est-à-dire la peau de la tête de la vache. Ensuite on lui sectionne les extrémités des deux pattes avant. J’ai vu des vaches encore vivantes et donc parfaitement sensibles à ce stade-là.

Et après la saignée ?

Dans tous les cas, la mort met du temps à venir. Le tueur est censé attendre que cette mort arrive avant de continuer à «travailler le produit», mais ce n’est pas du tout ce qui se passe. J’ai vu des cochons encore conscients quand ils entraient dans l’échaudeuse, le bain d’eau bouillante.

Pareil pour les chèvres et les chevreaux, les agneaux et les moutons : après la saignée, on leur sectionne les quatre avant-pattes pour commencer à retirer leur peau, et bien souvent, quand l’opérateur attaque ça, l’animal n’est pas complètement mort.

Que faudrait-il faire selon vous pour éviter ces agonies ?

Sectionner la moelle épinière au niveau des premières vertèbres cervicales. Cela entraînerait une insensibilité totale de l’animal et permettrait une mise à mort par saignée sans souffrance. Mais en 2016, en France, on n’est toujours pas capables de tuer des animaux sans les faire souffrir. (…)

Les cadences imposées au personnel expliquent-elles en partie toute cette souffrance animale ?

Les cadences sont en effet élevées : par exemple, un bovin était abattu toutes les trois minutes à Bonneville, l’un des sites où j’ai travaillé… En Bretagne, dans certains grands établissements, un porc est abattu toutes les six secondes ! Pourtant, les cadences sont loin de tout expliquer.

Même si les métiers dans un abattoir restent durs, depuis vingt ans les conditions de travail se sont beaucoup améliorées, les étapes se sont mécanisées, les salariés sont davantage protégés, moins mis à l’épreuve. En revanche, rien n’a bougé pour les animaux. Rien n’est pensé pour leur éviter de souffrir. Mais ni les éleveurs ni les consommateurs ne veulent voir l’horreur, et au final, nous sommes tous complices de cette barbarie.

« Les refus de pause WC dans l’industrie de la volaille »

L’ONG Oxfam a publié un rapport d’enquête sur les conditions de travail dans les abattoirs aux Etats-Unis. On sait à quel point, là-bas comme ici, ce sont les cadences qui décident de tout.

C’est vrai pour tous les emplois, mais l’exploitation animale est quelque chose en expansion ouverte et où le rythme est par conséquent d’autant plus effréné.

D’ailleurs, le rapport ne parle pas des conditions d’un travail, mais d’un aspect très précis : la possibilité d’aller aux toilettes. Le titre du rapport est ainsi explicite :

«Pas de répit. Les refus de pause WC dans l’industrie de la volaille.»

FranceTVinfos, présentant le rapport, raconte ainsi que :

Un ouvrier, par exemple, évoque l’expérience de sa mère, qui porte des couches au travail, après avoir été contrainte d’uriner dans ses vêtements. Au Texas, une femme assure que plusieurs collègues de son usine font de même.

Mêmes difficultés pour Dolores, ancienne employée dans l’Arkansas, dont les demandes de pause ont été rejetées « de nombreuses fois ». Après avoir essayé de porter une serviette hygiénique, elle a finalement opté pour des couches. « Moi et beaucoup d’autres, nous devions porter des Pampers. (…)

L’ONG cible notamment quatre poids lourds de la volaille : Tyson Foods, Pilgrim’s, Perdue et Sanderson Farms, qui contrôlent 60% du secteur et emploient plus de 100 000 personnes au total. »

Slate.fr nous dit :

D’autres ouvriers interviewés ont expliqué que dans une usine de l’Alabama, les chefs menaçaient les employés en disant: «va aux toilettes et après, va aux ressources humaines», et que dans d’autres usines, obtenir l’autorisation d’aller aux WC pouvait prendre entre vingt et soixante minutes.

Comme le rappelle le Washington Post, plusieurs autres rapports avaient révélé des problèmes similaires dans l’industrie du poulet.

En 2013, le Southern Poverty Law Center avait trouvé qu’en Alabama, 80% des 266 ouvriers de la volaille interviewés n’avaient pas le droit d’aller aux toilettes quand ils en avaient besoin.

Et en avril, une association de défense des droits des travailleurs avait publié une étude montrant que 86% des employés interrogés dans le Minnesota n’étaient autorisé à prendre que deux pauses pipi par semaine.

L’Express précise encore :

D’après l’étude publiée mardi, « la grande majorité » des 250 000 ouvriers du secteur avicole américain « dit ne pas bénéficier de pauses-toilettes adéquates », en « claire violation des lois américaines de sécurité au travail ».

Ils « luttent pour s’adapter à ce déni d’un besoin humain de base. Ils urinent et défèquent debout face à la ligne d’assemblage, portent des couches au travail, réduisent leurs prises de liquides et fluides à des niveaux dangereux » et risquent « de graves problèmes de santé », martèle l’étude.

Levif.be donne plus de détails, permettant d’avoir une meilleure vue d’ensemble.

Debbie Berkowitz, employé au National Employement Law Project, qui se bat pour la sécurité et la santé de ces travailleurs, dénonce les conditions de travail affligeantes dans le secteur du poulet:

« Je suis témoin des dangers, les ouvriers de l’industrie du poulet se tiennent épaule contre épaule de chaque côté de longues chaînes de production, ciseaux et couteaux à la main dans des conditions froides, humides et bruyantes, répétant les mêmes gestes des milliers et des milliers de fois par jour, pour enlever la peau, couper, désosser et emballer les poulets.

Une industrie produit 180 000 poulets par jour. Un ouvrier en manipule 40 chaque minute. »

La législation du travail aux Etats-Unis autorise pourtant les employés à faire des pauses pour se rendre aux toilettes.

En réponse, les entreprises ont mis en place un système dans lequel des ouvriers supplémentaires restent disponibles pour remplacer d’autres ouvriers de la chaîne de production qui devraient s’absenter pour faire leurs besoins.

Ce système est toléré par le gouvernement à la condition qu’il y ait suffisamment d’ouvriers de remplacement pour assurer aux travailleurs de ne pas devoir attendre trop longtemps pour aller se soulager.

Mais selon Oxfam, le système n’est pas respecté par les chefs d’équipe. Des travailleurs doivent ainsi parfois attendre plus d’une heure avant d’être remplacés et lorsqu’ils ont le feu vert pour s’absenter, ce n’est pas plus de dix minutes.

Un délai difficile à tenir lorsqu’il faut traverser de vastes plateaux d’usines où les sols peuvent être glissants, couverts de sang ou résidus d’animaux, et sachant qu’il leur faut enlever puis remettre des vêtements de protection. (…)

Les chefs de ligne refusent aux ouvriers ces pauses « parce qu’ils sont sous pression pour maintenir la vitesse de production », fait valoir Oxfam. « Le secteur volailler affiche aujourd’hui des bénéfices records » tandis que « les ouvriers gagnent de faibles salaires, souffrent de taux élevés de blessures et maladies, évoluent dans des conditions difficiles » et « un climat de peur », dénonce l’étude.

Au quotidien, les entreprises du secteur du poulet sont autorisées à faire défiler 140 volailles par minute sur les lignes de production, un débit qui pourrait prochainement encore être augmenté à 35 gallinacés par minute.

Naturellement, OXFAM en tant qu’ONG ne propose que des réformes, nullement l’abolition de l’exploitation animale ni des conditions de vie totalement différente pour les travailleurs.

Et les gens, aliénés, participent à leur propre écrasement. Rappelons qu’en France, il y a 1285 McDonald’s, avec 69 000 salariés, pour 1,8 million de repas par jour…

Lors du mouvement contre le projet de loi travail, on a pu voir des gens, censés être vraiment très à gauche, chanter « on veut du caviar dans nos burgers » devant un fast food…

Les « coproduits » de l’exploitation animale

Le journal Le Monde a publié un article d’enquête sur un aspect évidemment très opaque de l’économie. Le titre dit déjà tout : « Coproduits et cadavres d’animaux : une industrie parallèle« .

On l’aura compris, le quotidien s’interroge sur la manière dont des parties des corps des animaux sont récupérés et utilisés dans l’industrie, de manière massive.

Voici quelques points utiles à connaître, par exemple avec la question de la réglementation :

Pour s’y retrouver, un règlement européen (n° 1069/2009) les a classés en trois catégories.

La première catégorie comprend les matières présentant un risque pour la santé publique (comme par exemple celles qui présentent un risque maximum d’Encéphalopathie spongiforme bovine (ESB, soit la maladie de la vache folle) ou la présence de substances interdites, comme les hormones de croissance).

Elles doivent être détruites en tant que déchets, par incinération ou mise en décharge, après avoir subi un traitement thermique approprié.

Dans la seconde catégorie, se trouvent les matières organiques qui présentent un risque de contamination avec d’autres maladies animales.

C’est le cas des animaux morts ou abattus dans le cadre de mesures sanitaires mais aussi ceux qui risquent de présenter des traces de médicaments vétérinaires. Ces matières ne se retrouveront pas dans l’alimentation animale. En revanche, elles peuvent être recyclées et utilisées après application d’un traitement thermique dans certains secteurs limités comme la production de biogaz ou le compostage.

La troisième catégorie concerne les morceaux issus d’animaux sains mis à mort en abattoir et destinés à la consommation humaine. Seuls ceux-là peuvent être intégrés dans l’alimentation des animaux. Ce sont aussi ces produits qui se retrouvent dans l’alimentation humaine (gélatine par exemple), ou en lipochimie (savon), cosmétique…

Voici ce qui est expliqué au sujet de la manière dont cela se passe :

En 2014, 3,25 millions de tonnes de tous ces produits ont été collectés en France, selon le rapport du Syndicat des industries françaises des coproduits animaux (Sifco). Les sociétés d’équarrissage sont les seules à être habilitées à enlever puis traiter les cadavres d’animaux retrouvés morts dans les élevages. Pour le reste, des sociétés spécialisées ainsi que les abattoirs travaillent ces matières. (…)

Les sociétés d’équarrissage et de transformation envoient leurs camions dans les élevages et abattoirs pour récupérer les cadavres et coproduits. Ils sont ensuite acheminés vers les usines où ils vont être traités. « Après avoir chauffé la matière, il rester une pâte, que l’on va presser pour séparer la graisse et les protéines », explique Sophie Grégoire [directrice de la communication du groupe Akiolis].

Les protéines récoltées vont servir à réaliser des farines animales, lorsqu’elles viennent de cadavres d’animaux – donc impropres à la consommation humaine –, qui seront utilisées en cimenterie et chaufferie.

Par ailleurs, les fameuses protéines animales transformées (PAT) sont obtenues à partir de la matière issue d’animaux sains dont la viande est consommée. Elles servent en grande partie dans l’industrie « petfood » et la pisciculture. En revanche, l’interdiction de leur usage dans l’alimentation des ruminants est maintenue.

La graisse ira, quant à elle, dans le secteur de l’oléochimie, c’est-à-dire qu’elle se retrouve dans la composition des savons, lubrifiants, peintures ou encore de cosmétiques.

C’est un aspect à prendre en compte : l’industrie de l’exploitation animale dépasse largement la simple alimentation, elle est de manière tout à fait logique une course au profit absolument totale. Imaginer réformer un tel système est totalement idéaliste…

J-L Mélenchon et la question animale

Nous avions parlé il y a quelques jours du Front National qui a monté un collectif pour diffuser ses idées au sujet de la question animale : regardons maintenant ce qu’a dit Jean-Luc Mélenchon à ce sujet tout récemment. Non pas qu’il faille les mettre sur le même plan, quoique les deux sont très chauvins et que les deux abordent surtout la forme de l’ouverture aux animaux, refusant le contenu.

Voici ce qu’a dit Jean-Luc Mélenchon à l’occasion d’une interview à Ouest-France :

« Vous allez visiter des fermes bretonnes. L’État consent de gros allégements de charge. Pas suffisant ?

Ce qui se produit était absolument prévisible. Nous n’avons cessé de dire que le démantèlement de la politique agricole dans un sens libéral serait une catastrophe. Depuis que l’humanité est humanité, elle fait des réserves pour parer aux mauvaises périodes.

Ce qu’il faut mettre en cause, c’est le modèle de marché,le modèle européen et de l’agriculture industrielle qui martyrise les animaux, détruit la santé des paysans, les sols, l’eau et l’air.

Aujourd’hui, on ne produit plus pour les Européens, mais pour le marché mondial, ce qui est une deuxième catastrophe, parce que nous effondrons les cours des pays qui sont en train de construire une agriculture vivrière. Nous sommes perdants sur toute la ligne. Le résultat, c’est un suicide de paysan par jour.

Mais comment fait-on pour les sauver, là, tout de suite ?

C’est toujours la même affaire : on crée des situations insolubles, et on nous met en demeure de régler le problème tout de suite ! L’état et les systèmes collectifs sont en mesure de le faire.

Dans un monde ouvert, que peut faire une gauche radicale ?

Je ne me situe pas comme gauche radicale. Comment on s’y prendrait, nous ? D’abord, on aurait comme objectif la relocalisation de la production. Il ne faut pas se couper du marché mondial, mais il ne faut pas en faire le régulateur de l’agriculture française. Deuxièmement, établir un protectionnisme solidaire autour de l’Europe. Nous devons d’abord produire les quantités dont nous avons besoin. 

Troisièmement, créer une nouvelle attitude de consommation. Les protéines carnées, ça a une limite. Il est normal, compte tenu de l’étroitesse des salaires, que les gens aillent au moins cher. Les protéines végétales seraient les bienvenues. 

C’est une affaire de mode, de goût. Il faut changer nos mœurs. Nous savons que le changement climatique a commencé. Mais le changement pour la santé aussi : nous sommes en pleine épidémie de cancers, de l’obésité.

Il faut dire aux gens que ce modèle ne pourra pas durer. C’est vrai pour la consommation alimentaire comme pour le reste. »

Ce qu’on voit ici n’est pas original. On a encore et toujours le coup du « avant c’était mieux » ce qui revient à un éloge du terroir, des traditions du petit capitalisme, etc. Comme si les animaux n’étaient pas martyrisés dans la petite production, avec la sale mentalité des petits producteurs faisant des animaux leurs objets, leurs marchandises…Faut-il regretter la manière barbare dont les cochons étaient assassinés dans les fermes il y a soixante ans ? Certainement pas et tant la petite que la grosse production de l’exploitation animale sont insupportables.

Il n’y a rien de « révolutionnaire » à dire qu’il faut manger moins de « viande » d’autant plus que cela revient à accepter qu’à l’échelle mondiale, il y a une croissance exponentielle de l’exploitation animale.

Accepter de s’insérer dans le système économique actuel, c’est accepter cette évolution… Cependant, Jean-Luc Mélenchon ne s’intéresse pas aux animaux : sa position sur les « protéines carnées » n’existe que comme contribution à son nationalisme.

On ne peut pas vraiment dire que ce que dit Mélenchon corresponde au progrès que les gens de gauche sont censés défendre… Et le seul progrès ici possible, c’est l’abandon de l’anthropocentrisme.

Mélenchon ne défend même pas ici la position de la « vieille gauche » car historiquement le mouvement ouvrier connaissait déjà la problématique animale. C’est juste un opportuniste tentant de faire comme le Front National : de la démagogie, se limitant à la forme pour mieux éviter le contenu.

Un salon de l’agriculture 2016 sous un horizon pétainiste

Avec le salon de l’agriculture, on ne parle en ce moment que des éleveurs, qui ont d’ailleurs insulté François Hollande lors de son passage là-bas et ont utilisé un extincteur et de la farine pour abîmer le stand de Charal, marque du groupe Bigard numéro un de l’abattage en France.

C’est que les pétainistes sont de retour : « nous voulons nos terroirs », « nous voulons nos traditions », « nous voulons notre capitalisme local », voilà en somme ce qu’ils disent et, d’ailleurs, ce que tout le monde dit.

Libération, le quotidien des bobos, publie un article intitulé « Crise de l’élevage : les six commandements » ; on y lit :

« L’agrobusiness va mal. La «course au toujours plus» asphyxie nombre d’éleveurs dans un contexte de production à tous crins. (…) 3- Se recentrer sur le marché national et les circuits courts (…) 4- Opter pour la qualité, les labels, le bio »

Le Point, l’hebdomadaire de droite, dit la même chose dans l’article « Crise de l’élevage : miser sur la qualité pour sortir la tête de l’eau ? » :

« Il faut se réapproprier les secteurs qu’on a abandonnés en relançant le porc bio et la segmentation haut de gamme de la salaisonnerie et la charcuterie, où on a perdu des parts de marché », explique Laurent Pinatel, de la Confédération paysanne. La coopérative porcine Cooperl comme les industriels Herta et Fleury Michon ont pris ce chemin en développant des gammes de produits sans antibiotiques (après quarante-deux jours d’élevage) et sans OGM.

« Ma première priorité, c’est de développer des filières qualité en France. Nous avons des problèmes d’approvisionnement, car il y a des problèmes de qualité de la viande », souligne ainsi Arnaud de Belloy, PDG de Herta, qui développe depuis trois ans une filière de qualité appelée « Préférences ».

« On a mis dans la tête des gens que manger sera toujours moins cher demain. Je crois qu’il faut sortir de ce paradigme. Ça favorise des productions de basse qualité. Ça crée la misère, que ce soit dans les systèmes de production ou chez les éleveurs », assure le directeur général de Fleury Michon, Régis Lebrun. »

Comme on le voit, c’est la course au terroir. Dans Libération est parue également une tribune, intitulée « Crise agricole : « Traduire la FNSEA en justice ? » et écrite par « Gilles Fumey, Géographe, université Paris-Sorbonne et Olivier Assouly, philosophe, spécialiste de l’alimentation ».

On y lit un éloge de l’autarcie du terroir :

« Les Français doivent avoir honte de traiter ainsi leurs paysans. Que n’entend-on pas ceux qui luttent pour une agriculture réellement paysanne, de qualité, peu encline à s’exposer aux marchés extérieurs ?

De plus en plus d’agriculteurs voulant croire en leur avenir se risquent, souvent avec succès, dans des voies dissidentes, alternatives, moins anonymes, – à l’instar de filières plus courtes ou locales – capables en plus de valoriser économiquement leur travail, de promouvoir un savoir-faire unique et à eux, trouvant dans l’opinion de leurs concitoyens des marques de reconnaissance et de solidarité.

Que ne voit-on pas les agriculteurs défendant des filières intégrées – à l’instar de Jeune Montagne dans l’Aveyron qui avait, dans les années 1960, à l’initiative d’André Valadier su prôner la singularité d’un terroir contre les sirènes de la croissance et ses impasses – la cogestion avec des coopératives réellement pluralistes se débattre face à des industriels dont les besoins et les désirs ne sont pas ceux d’une alimentation saine, durable, respectueuse de l’environnement ? »

Il y a quelques jours, voici ce que disait, tout pareillement… la Confédération Française de la Boucherie (boucherie-france.org) :

« Ce matin, les Français se réveillent une fois de plus en découvrant des images abominables de tortures infligées aux animaux.

Ces images cauchemardesques, ce sont celles de l’abattoir du Vigan, révélées par l’association L214.

On pensait, en octobre dernier, avoir atteint le sommet dans le registre de la cruauté avec l’abattoir d’Alès. Il faut malheureusement croire que non.

La coupe est pleine pour nous autres, les 20 000 artisans Bouchers-Charcutiers du pays et c’est pourquoi à travers la voix de notre Confédération Nationale, nous exigeons, à l’instar de L214, une commission d’enquête parlementaire sur les abattoirs. Une transparence totale doit être établie sur ce qui s’y passe afin que cessent ces actes ignobles.

Nous, Bouchers-Charcutiers, répétons inlassablement, isolément, bien trop souvent à contre-courant qu’il est plus qu’urgent de revenir à un modèle de consommation raisonnée car c’est l’industrialisation de la viande qui entraine de fait ces dérives.

Le consommateur est le seul à pouvoir changer véritablement cette situation ; c’est lui, et lui seul qui détient le pouvoir de faire cesser la souffrance animale.

Il est grand temps qu’il prenne conscience que le modèle productiviste est dépassé et que la viande n’est pas un produit comme un autre. »

Tous disent la même chose : le consommateur décide, il faut retourner en arrière aux « bonnes vieilles méthodes », car comme le disent les « bouchers-charcutiers » : « c’est l’industrialisation de la viande qui entraîne de fait ces dérives » soit disant…

Notons d’ailleurs au passage que l’abattoir en question était bio, de proximité, pratiquant l’étourdissement, bref l’idéal de ces gens en théorie, mais ils ne sont pas à une contradiction près.

Ce ce qui compte pour eux, c’est le terroir, le terroir, encore le terroir, une « révolte contre le monde moderne » exactement comme les fachos ; c’est la tendance du moment et il faut être aveugle pour ne pas le voir. Sur le site Vegemag, on lit par exemple que :

« Un sondage YouGov réalisé pour CIWF France à l’occasion du salon de l’agriculture 2016 montre que 87% des Français sont contre l’élevage intensif. »

C’est très hypocrite de présenter les choses ainsi, car l’envers de la médaille est que la très grande majorité veut bien des élevages, simplement non intensifs. Cela n’a rien de positif, c’est la culture pétainiste à la française, qui suinte absolument de partout en ce moment.

Mais il est vrai qu’il y a une sorte de grande convergence réactionnaire du type pétainiste en ce moment, où éleveurs subissant la crise avec la concurrence disent au fond la même chose que les zadistes voulant vivre en « autonomie », sans oublier ceux qui veulent des réformes à la L214.

La France rêve de vivre dans les années 1960… Elle est prête à tomber dans les bras d’un sauveur instaurant une dictature pour « remettre les choses en ordre ».

« Maximiser le prix unitaire de l’agneau vendu »

L’exploitation animale est une économie, une vision du monde, une méthode, une démarche. Cela représente des décennies, des centaines d’années de tradition d’un côté, de même que cela reflète une tendance totalement actuelle de généralisation de l’exploitation du vivant.

On ne soulignera jamais assez cela et voici, à titre illustratif, quelques passages d’une thèse universitaire (SupAgro / INRA) intitulée:

La commercialisation des produits, source de flexibilité pour les éleveurs? : Le cas del’élevage ovin allaitant du Languedoc-Roussillon

C’est un exemple de comment la pensée élaborée dans notre société est mise au service… de la quête de profit. Le résumé explique ouvertement cela, par ailleurs :

« Nous nous attachons, dans ce travail de thèse à traiter de la question de la commercialisation comme source de flexibilité mobilisée par les éleveurs pour saisir des opportunités ou faire face aux risques de marché et aux risques institutionnels. Nous abordons cette question à partir de l’étude de de la production d’ovin allaitant du Languedoc-Roussillon.

Ce travail s’appuie sur un dispositif de 50 enquêtes en exploitations, complété par 8 suivis d’élevage sur 1 ou 2 campagnes.

Des enquêtes rétrospectives ont également été menées pour percevoir les transformations de 8 autres élevages sur le long terme. Dans un premier temps, nous décrivons 7 façons de commercialiser les agneaux, en utilisant une notion clé, le couple produit acheteur (CPA) qui lie le système à son environnement.

Cette diversité des façons de commercialiser est sous-tendue par des logiques d’élaboration des résultats économiques, en jouant sur les produits et les circuits pour maximiser le chiffre d’affaire ou réduire les coûts de production. »

Ce qui est terrible, c’est que les partisans de l’exploitation animale sont méthodiques, pratiquant l’enquête du terrain, connaissant très bien ce qui se passe. Voici quelques extraits de la thèse, qui montrent cette activité au service de l’exploitation, contribuant à comprendre comment « maximiser le prix unitaire de l’agneau vendu »…

« Tarondeau 1999 mentionnent que cette flexibilité « produits », matérialisée par une diversité commerciale, induit l’apparition d’une diversité technique.

Cette dernière, nécessaire pour la fabrication d’une diversité de produits, finit par devenir une source de contraintes pour le producteur (Fouque, 1999).

Sans aller jusqu’à l’analyse de cette diversité technique, Astigarraga et al., (2008) notent que la mise en œuvre de cette flexibilité « produits » nécessite de retarder la différenciation des produits jusqu’au dernier moment. Une race très « plastique », comme la race bovine Limousine, permet cette pratique, utile lorsqu’on vend des génisses de boucherie et des génisses pour la reproduction.

Lait et viande constituent les produits essentiels issus de l’élevage ovin français (Aubron et al., 2011). Le lait est le résultat d’un processus de sécrétion (Ramet, 1985 ; Chantegrelet et Flachat). Il peut être produit en continu sur une longue période de l’année.

La viande, elle, est une spéculation d’accrétion (Micol et al., 2003). Cette différence de nature physiologique conduit à une expression singulière de la flexibilité « produits » pour les secteurs laitiers et allaitants.

Les travaux de recherche analysant la flexibilité « produits » en élevage se concentrent surtout en production bovine allaitante (Cessieux, 2005 ; Lemery, 2005 ; Ingrand et al., 2008; Astigarraga et al., 2008 ; Mosnier, 2009). »

« Les opérateurs de l’aval recherchent des produits aux caractéristiques spécifiques, ce qui représente, dans certains cas, une contrainte pour les éleveurs.

Ainsi les agneaux légers maigres destinés à l’engraissement dans le bassin de Roquefort doivent peser en moyenne 15 kg vif, et avoir une vitesse de croissance la plus importante possible, et doivent être habitués à consommer du grain.

Les agneaux de boucherie ont l’obligation, pour être vendus sous SIQO [Signes d’Identification de la Qualité et de l’Origine] de posséder un certain nombre de caractéristiques, inscrites dans un cahier des charges, dont, en particulier, un poids et un âge minimum et maximum. Quant aux mâles halal, c’est le phénotype (taille, cornure), qui est évalué, par l’acheteur, en plus de l’âge qui doit être au minimum de 6 mois.

Le plus ou moins grand respect de ces caractéristiques est un argument pour négocier le prix dans la transaction entre l’éleveur et son client. »

« Une autre façon d’améliorer le résultat économique de l’exploitation est de chercher un circuit le plus rémunérateur possible. Ainsi, pour une façon de commercialiser B « un seul type de produit (en général de l’agneau de boucherie) vendu à un seul type d’acheteur de circuit court », l’agneau est vendu à un prix moyen supérieur de 183% au prix de base, charges spécifiques déduites
(Tableau 5-9).

Ceci est non seulement lié au choix d’un produit à plus haute valeur (agneaux de boucherie au lieu d’agneaux à engraisser) mais aussi à un choix de circuit très rémunérateur.

Le différentiel de prix observé entre B et A2 « Un seul type de produit (agneau de boucherie) vendu
à un seul type d’acheteur de circuit long » exprime l’intérêt de ce choix.

De manière générale, le choix de commercialiser des agneaux de boucherie en CC assure un prix corrigé assez rémunérateur, de l’ordre de 9,7 ± 1,6 euros/kg de carcasse (Nozières et Moulin, 2012), ce qui semble à première vue intéressant, comparé au prix du marché de l’agneau de boucherie
standard, même en pénurie d’offre (Figure 1-8).

Il doit néanmoins rémunérer le travail supplémentaire et couvrir les frais qui n’ont pas été évalués et déduits (transport abattoir et tournées, communication). Il n’est pas certain que dans certaines situations, cet intérêt se maintienne. »

Vente d’animaux : fin pour les particuliers sur internet, début pour les supermarchés

Depuis le premier janvier, les particuliers ne peuvent plus vendre des animaux sur internet. Grand succès pour la cause animale, disent les réformistes, alors qu’en réalité, c’est une victoire de plus du grand capitalisme sur le petit.

Voici d’ailleurs comment France 3 régions constate cela :

Acheter un chien au supermarché ? Cela peut paraître surprenant mais c’est très sérieux et c’est même déjà possible dans plusieurs chaînes de magasins. La vente d’animaux notamment sur internet est depuis le 1er janvier dernier plus réglementée et encadrée.

Entre bouteilles de lait et papier toilette, pourquoi ne pas ajouter un chiot dans son Caddie ? Des supermarchés ouvrent actuellement de véritables animaleries, avec des animaux vivants à vendre dans les rayons.

Et cela, Laurent Oddos, représentant de la SPA d’Aix-Marseille le dénonce sur le plateau de Laurence Valzer :


Le coup de gueule de Laurent Oddos

Le ton de Laurent Oddos est particulièrement cynique et franchement douteux. Ce qui compte toutefois ici c’est donc la situation… Le commerce individuel cède le pas au capitalisme industriel…

Si le supermarché n’est pas mentionné, il s’agit apparemment de Jardi, qui appartient à Leclerc. C’est en fait une animalerie intégrée dans un supermarché. C’est choquant, mais une animalerie n’est-elle pas tout aussi choquante?

Voici par exemple une publicité d’un catalogue de Truffaut en ce début d’année… « Très sociable », « très câlin »… C’est odieux.

Donc, s’il faut critiquer la vente d’animaux dans les supermarchés, les animaleries sont tout autant une honte…

La nouvelle loi modifie la forme de l’exploitation animale, mais pas son fond ; au lieu des petits capitalistes individuels, on va avoir droit aux grandes entreprises s’appropriant ce vaste marché…

Il faut être naïf pour y voir un progrès. Faut-il rappeler comment les animaleries se procurent des animaux de manière massive dans les pays de l’Est, dans des conditions abjectes, criminelles ?

C’est la modernisation de l’exploitation animale, ni plus ni moins.

Encore faut-il comprendre la nature de celle-ci. Voici d’ailleurs comment la fondation 30 millions d’amis présente la nouvelle loi, y voyant un progrès (à court terme), sans voir donc ce que cela signifie en réalité : l’élargissement du capitalisme développé à un nouveau marché, la modernisation de l’exploitation animale.

1- POURQUOI CETTE ORDONNANCE A-T-ELLE ÉTÉ PUBLIÉE ?

La Fondation 30 Millions d’Amis a souhaité, par cette ordonnance, réglementer et encadrer la vente de chiots et de chatons via les petites annonces. L’objectif est de dissuader les particuliers de faire reproduire de manière irréfléchie des chiens et des chats pour se faire un complément de revenu non déclaré. En effet, jusqu’à cette nouvelle ordonnance, il existait une tolérance du législateur qui permettait à ceux qui détenaient une femelle reproductrice de pouvoir vendre une portée de chiots ou chaton par an, sans être déclaré en tant qu’éleveur.

Leur activité n’étant pas déclarée, ils échappaient à tous contrôles et beaucoup ne disposaient donc pas de locaux conformes aux règles sanitaires et de protection animale (arrêté ministériel du 3 avril 2014). Ce qui pouvait être à l’origine de situations catastrophiques en termes de bien- être animal, avec le développement d’élevages « mouroirs » où les animaux étaient détenus et se reproduisaient dans des conditions désastreuses.

2- QUI EST CONCERNÉ ?

Cette ordonnance considère désormais que tout particulier, qui souhaite vendre un chiot ou un chaton qu’il a fait naître est un éleveur et qu’il doit donc se déclarer auprès de la Chambre d’Agriculture de son département et obtenir un numéro SIREN (Système Informatique du Répertoire des Entreprises). Ce numéro SIREN est obligatoire pour valider une annonce (sur Internet ou papier).

L’idée est de gagner en transparence et de savoir qui est derrière l’annonce.

3- QUELS AVANTAGES POUR L’ACHETEUR ?

Le n° SIREN est un repère pour le consommateur : il permet de remonter directement à l’éleveur, donc d’en connaître l’identité et les coordonnées. Ainsi, cette ordonnance est une garantie pour l’acheteur qui pourra vérifier le sérieux du vendeur qui a bien rempli son annonce.

4- QUELS SERONT LES CRITÈRES POUR PASSER UNE ANNONCE DE VENTE SUR INTERNET ?

Les vendeurs devront obligatoirement spécifier les éléments suivants :

Le numéro SIREN (ou le numéro de portée pour les animaux inscrits à un livret généalogique);
L’âge des animaux à céder (les animaux doivent être âgés de plus de 8 semaines) ;
Le numéro d’identification ou celui de la mère ;
L’inscription ou non à un livre généalogique ;
Le nombre d’animaux de la portée.

De leur côté, les hébergeurs de petites annonces ont mis au point de nouveaux bloquants c’est-à-dire que si le particulier ne dispose pas d’un numéro SIREN, il ne pourra pas saisir l’annonce. Et s’il tente d’entrer un faux numéro, un algorithme parviendra à détecter que c’est un faux.

5- QUELLES SONT LES EXCEPTIONS ?

Les personnes qui ne vendent pas plus d’une portée de chiens de race par an : ils continuent à inscrire leur portée aux livres généalogiques ; et publieront le n° de portée attribué dans l’annonce ;

Les particuliers qui cèdent leurs animaux à titre gratuit ;
Les particuliers qui revendent un chien qu’ils ont acheté.

6- QUELLES SONT LES SANCTIONS EN CAS DE NON-RESPECT DE CETTE RÉGLEMENTATION ?

Plusieurs sanctions sont possibles, parmi lesquelles :

750 euros d’amende en cas de non-respect des mentions obligatoires sur les annonces ;
7500 euros d’amende en cas de non immatriculation avec un n° de SIREN
3 ans de prison et 45 000 euros d’amende en cas d’usage de faux du numéro SIREN.

7- QUE VA-T-IL ADVENIR DES PORTÉES QUI SONT NÉES ACCIDENTELLEMENT CHEZ DES PARTICULIERS QUI NE POURRONT PLUS PASSER D’ANNONCES ?

Si les chiots sont donnés gratuitement, les particuliers ne sont pas concernés par cette loi. En revanche, dès lors qu’ils veulent vendre des chiots LOF plus d’une fois par an, ils doivent juste obtenir un numéro SIREN.

Mais clairement, le but est d’éviter les naissances en stérilisant les animaux car il y a beaucoup d’animaux abandonnés et les refuges sont surchargés.

Attention, récemment certains particuliers ont tenté de détourner la loi en passant des annonces où ils faisaient croire que les chiots étaient gratuits alors qu’ils étaient en fait payants. Cette fraude doit vous alerter sur les possibles conditions de vie désastreuses des animaux.

8- UNE FORMATION SERA-T-ELLE DISPENSÉE AUX ÉLEVEURS ?

Si les éleveurs souhaitent produire plus d’une portée par an, ils devront suivre des sessions de formation à l’élevage dans un établissement habilité par le Ministère de l’Agriculture. Après évaluation individuelle, cet établissement leur remettra ensuite une attestation justifiant de leurs compétences pour exercer l’élevage canin ou félin.

Il ne sera plus nécessaire de demander le Certificat de Capacité destiné à l’exercice des activités liées aux animaux de compagnie d’espèces domestiques à partir du 1er janvier 2016 mais ce certificat reste valide pour ceux qui l’ont déjà.

L’avantage pour les consommateurs, c’est qu’ils seront assurés que les installations qui hébergent les animaux sont conformes à la réglementation et que les animaux sont détenus dans des conditions conformes à leurs impératifs biologiques.

9- LES REVENUS TIRÉS DU COMMERCE DES CHATONS ET CHIOTS DEVRONT-ILS ÊTRE DÉCLARÉS ?

Désormais, tous les bénéfices des ventes (dès le premier animal vendu) sont soumis à l’impôt sur le revenu au titre des bénéfices non commerciaux et doivent donc être déclarés.

10- QUELS DOCUMENTS LE VENDEUR DEVRA-T-IL REMETTRE À L’ACHETEUR LORS DE LA VENTE ?

Le vendeur devra fournir :

Une attestation de cession ;
Un document d’information sur les caractéristiques et les besoins de l’animal ;
Un Certificat vétérinaire attestant du bon état sanitaire de l’animal ;
Le document d’identification de l’animal.

« Paris Animal Show »

« Paris Animal Show » est une nouvelle expression de l’exploitation animale, sous la forme d’un vaste salon à Paris, aujourd’hui et demain.

C’est un salon « professionnel », organisé par une entreprise spécialisée dans ce type d’initiatives, europexpo. Ce sont eux qui organisent également expozoo, le salon professionnel annuel de l’animalerie, « 3  Jours 100% business » est-il même précisé au cas où on ne l’aurait pas compris.

Voici l’argumentation commerciale faite justement aux exposants potentiels du « Paris Animal Show », qui vise lui le « grand public ».

Pourquoi exposer ?

Paris Animal Show est le nouveau salon d’animaux de compagnie mais aussi la plus grande exposition féline d’Europe.

Nouveau salon de l’animal de compagnie à Paris et annuel

Plus grande Exposition Féline d’Europe avec 1 000 chats

Concours américains TICA avec de nombreux éleveurs étrangers

En plein cœur de Paris ! Paris Porte de Versailles Hall 6 : 5 000 m2

Priorité au divertissement et à l’émerveillement :

500 chiens, 100 reptiles, 1000 chats et tous les produits tendances

Plus qu’un salon, un show ! Salon très animé avec 3 podiums

La présence de tous les acteurs et entreprises de la filière

Un plan de communication puissant valorisé à 300 000 €

Du 18/12/15 au 17/01/16 – 800 rampes métro

Du 1er au 17/01/16 – Affichage géant 30m x6m Périphérique Porte D, Direction Auteuil-Orléans/Orléans-Auteuil

Du 1er au 17/01/16 – Affichage porte A, 10mx3m/entrée principale du Parc des expositions

Partenariat avec 20 Minutes (6 pages) – dossier spécial Animaux, parution le 15 janvier 2016 et visibilité web

6000 affiches 40×60 / commerces de Paris et alentours

25 000 visiteurs attendus !

Un visitorat passionné et acheteur : votre cœur de cible

Grand public, propriétaires de chats et de chiens, familles, enfants prescripteurs, passionnés, éleveurs et presse.

5 Bonnes raisons d’exposer à Paris Animal Show :

Trouver de nouveaux clients

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Renforcer votre image

Vous positionner parmi les acteurs du marché

Profiter d’outils de communication performants et moins chers grâce au partenariat 20 Minutes

Nos facteurs clés de succès :

L’implantation du Salon au Parc des Expositions de la Porte de Versailles – 1er parc de France en attractivité.

La mise en avant des animaux à travers des espaces dédiés et 3 podiums – 1er intérêt de visite.

L’accueil des jugements américains félins, un vrai spectacle pour les visiteurs – le divertissement à l’honneur.

Un plan de communication d’envergure !

Un organisateur leader : Exposalons, spécialisé dans l’organisation de salon grand public des animaux de compagnie. Animal expo 45 000 visiteur/ans depuis 24 ans et Salons Chiens Chats 25 000 visiteurs/an depuis 5 ans.

Un service de presse intégré.

Comme on le voit, c’est du business, rien d’autre que du business. Les animaux sont clairement une marchandise, allant de pair avec la possibilité de produire et de vendre d’autres marchandises (alimentation, jouets, etc.).

Ne pas voir cela, c’est nier qu’à une époque où le capitalisme devient de plus en plus présent à tous les niveaux de la vie quotidienne, l’exploitation animale devient également de plus en plus puissante!

La « pig parade »

On se souvient de cette ancienne image qu’on avait des artistes, tourmentés, engagés, tournés vers des idéaux inaccessibles, prêts à tous les sacrifices pour leur art, faisant face au conformisme et au goût pour la richesse et sa superficialité…

Fini tout cela, place à l’art contemporain. Voici en l’occurrence quelques exemples de quinze « cochons » en béton de 800 kilos.

Ces « oeuvres artistiques » sont le fruit d’un partenariat entre un « artiste » et un « éleveur », le tout en Bretagne et en mode « bonnet rouge ». Voici quelques explications donnés par les artistes pour expliquer leur « cochon »:

« Conçu et fabriqué en Côtes d’Armor, financé par une Bigoudène et peint par un Léonard ! Marcel milite pour l’amitié entre les ethnies bretonnes ! »

« Son aspect, inspiré de la mode des années 60, fait référence à la révolution agricole. La France était nourrie, mais l’animal a disparu sous cette nouvelle peau qu’est le film plastique de nos barquettes, de notre jambon emballé. Ô mangeurs de barquettes que nous sommes, redécouvrons l’animal qui donne beaucoup, présent dans notre histoire, dans nos fêtes, dans nos croyances. »

« D’une rareté et d’un éclat extraordinaire, le diamant noir est l’une des pierres les plus précieuses. Afin de mettre à l’honneur le cochon qui nous a été confié, nous avons pris le parti de le travailler comme ce diamant, à la fois rare et précieux. Rare dans la démarche, car celle-ci est unique dans le cadre du travail des éleveurs bretons. Précieux, car leur métier, comme leurs cochons, sont tellement communs pour tous et pourtant si précieux. De ce constat, nous avons souhaité sublimer cette sculpture en la transformant en un diamant noir des plus uniques, un diamant de 178 carats. »

« A travers la dichotomie du noir et blanc, éclot un paradigme de la non-couleur, révélant une vision conjoncturelle apte à épanouir une déhiscence intrinsèque liée à la confrontation du noir et du blanc en un ensemble présupposé mais finalement avéré. Une conception du monde, une manière de Weltanschaung. »

« Attention, attention! Le goinfre est dans les parages ! Il a été vu pour la dernière fois en bretagne.
Vous habitez la région et vous avez un cochon, cachez-le!
Cet homme rouge à grandes dents gobe les cochons roses comme un bonbon.
Si vous le rencontrez, appelez nous. Si vous êtes habillés de rose…fuyez! »

Ces « cochons » ont été exposés dans plusieurs villes (avec espaces grillades etc.) jusqu’à il y a quelques jours se clôturant par une vente aux enchères (ayant rapporté à peu près 100 000 euros, dont 25 000 devaient terminer aux restos du coeur mais il y a un souci d’organisation).

Voici l’affiche et l’explication officielles de l’initiative de promotion de ce secteur de l’exploitation animale.


C’est un exemple typique de logique identitaire – terroir – exploitation animale. La dimension « bretonne » est sans cesse réaffirmée, histoire de prendre les gens en otages, de les mobiliser en faveur des « éleveurs ».

Voici également les « soutiens » de cette initiative des « éleveurs » (le conseil régional a par exemple allongé 30 000 euros, Quimper Communauté 10 000 euros).

C’est là une sacrée opération de communication, avec un poids identitaire évident et qui en dit long. Notons qu’il y a une opposition de divers associations, au nom de la pollution provoquée par l’élevage industriel (notamment les fameuses algues vertes), avec la mise en valeur d’une consommation « responsable », le refus de la « maltraitance »…

C’est-à-dire que c’est une critique qui reste absolument interne à ce qui est dénoncé. Voici d’ailleurs une affiche d’une initiative faite par ces gens qui prétendent « défendre » les cochons… On y retrouve une insulte aux cochons comme caricature de capitaliste, l’apologie de la « charcuterie bio »…

Gros capitalistes bretons contre petits capitalistes bretons se battent pour leur manière d’exploiter les animaux… Les deux sont inacceptables et en contradiction avec l’esprit universaliste, sans oublier que c’est une insulte à la culture en Bretagne que de la résumer à ce style de vie en mode « bonnet rouge ».

La croissance de l’exploitation animale : quelques données

Comme c’est la rentrée, il y a lieu de comprendre quelle va être la tendance annuelle en ce qui concerne la « viande ». On a le choix entre soit faire dans l’autosatisfaction et voir que la consommation de « viande » baisse un peu, soit être réaliste et voir que sur le plan mondial c’est la catastrophe.

En fait, tout prend une telle proportion que les gens qui en France font dans le sentimentalisme et le témoignage chrétien au sujet des animaux vont rapidement être démasqués. Le monde tel que nous le connaissons n’est rien comparé à ce qui attend la vie sur Terre.

Pour saisir ce qui se passe, on peut profiter de ce qui a eu lieu il y a quinze jours : le « Congrès international des Sciences et Technologies des viandes », accueilli par l’INRA de Clermont-Ferrand, avec comme « sponsors » notamment Fleury Michon, Bigard, Interbev, Inaporc…

Les partenaires directs de l’organisation du congrès, avec surtout l’unité Qualité des Produits Animaux (QuaPA) de l’Inra, ont été l’université d’Helsinki, l’ENV Toulouse, la Kentucky University, l’Institut de l’élevage, le Comité interprofessionnel de la dinde française, l’Institut français du porc, l’Institut technique agro-industriel des filières viandes et le Centre d’information des viandes.

500 chercheurs de 43 pays ont débattu du moyen de développer la production de « viande ». Voici comment Véronique Santé-Lhoutelier, directrice de recherche à l’Inra et organisatrice du congrès, a par exemple annoncé la couleur :

« Il s’agit d’échanger sur la science mais aussi de faire connaître le patrimoine français (…) Il y a un vrai potentiel d’innovation dans certains organes [il s’agit des « coproduits » (os, viscère, peau…)]. »

Lors d’une conférence à ce congrès, l’agroéconomiste (sic) belge Erik Mathijs a évalué la situation de la manière suivante :

« La tendance attendue est une augmentation de la consommation mondiale de viande de 1,6% par an lors des dix prochaines années. »

Pourquoi dit-il cela? Regardons quelques tableaux. D’abord, voyons la consommation de « viande » par pays, par kilo et par année. Comme on peut le voir, hormis certains pays particulièrement producteurs (comme le Brésil) qui sont déjà en avance, les pays peu développés économiquement sont loin derrière le style de vie « moderne ». Or, la tendance est de le rattraper.

Par exemple, la consommation de « viande » de boeuf et de porc en Chine va augmenter d’entre 20 et 30% d’ici 2023, selon l’ONU. Ces dernières années, la « production » de boeuf en Indonésie a augmenté de 35%.

Dans la même logique, les entreprises japonaises Itoham Foods et Yonekyu, 2ème et 7ème producteurs du pays, vont fusionner, formant une nouvelle entité valant 5,24 milliards de dollars. C’est une économie en expansion, avec un énorme potentiel.

Voici un tableau montrant justement la consommation de viande par habitant et par pays. Si l’on dit que la majorité de la population mondiale, laissée à l’écart de l’exploitation animale « moderne » pour ainsi dire, la rejoint…

Voici un tableau montrant l’augmentation annuelle de la consommation de viande, pour voir que lentement mais sûrement, l’exploitation animale grandit.

Maintenant regardons deux tableaux montrant la prospective à plus long terme. Rappelons ici, pour comprendre la tendance, que la consommation de viande est passée de 23,1 kilos par personne et par an en 1961, à 42,2 kilos en 2011.

Enfin, concluons sur une note relativisant le fait que l’exploitation animale recule dans les pays développés, avec le tableau de la consommation et de la production de « viande rouge » et de « volaille » aux Etats-Unis.

La consommation a repris, quant à la production bien sûr elle augmente, comme partout.

La conclusion est simple. Soit on joue à la personne qui se donne bonne conscience individuellement, soit on assume la vie animale au sein de Gaïa comme un tout… Et alors on a une rage terrible, sans compromis.

Massacre des poussins mâles et appel aux institutions

A force de jouer avec le feu, on se brûle. On voit mal en effet comment pourraient contribuer réellement à la cause animale des gens comme l’immensément opportuniste d’EELV Jean-Vincent Placé, le Corse actif à Marseille Jean-Noël Guérini au coeur de l’affaire du même nom, Olivier Dassault appartenant à la famille d’entrepreneurs de l’armement du même nom, Patrick Balkany dont les affaires judiciaires occupent l’actualité, ou encore la figure nationaliste « souverainiste » Nicolas Dupont-Aignan…

Pourtant, ce sont de telles figures politiques, parmi plusieurs autres, que l’association L214 est allée rechercher pour combattre le meurtre de 50 millions de poussins mâles chaque année, dans des conditions terrifiantes. Naturellement, les députés et sénateurs en question ne se prononcent contre uniquement dans la mesure où à leurs yeux c’est indigne de la modernité de la filiale « avicole »…

Quand on voit Patrick Balkany parler de « modèle agricole respectueux du bien-être animal », franchement, c’est sordide et pathétique.

Quand on a Jean-Vincent Placé qui rappelle que « le ministère de l’agriculture a précisé travailler sur une remise à plat des normes de mise à mort des animaux et traiter la question de la mise à mort des poussins dans les couvoirs », c’est glaçant.

Peut-on faire progresser la cause animale de cette manière? Il faut vraiment mépriser le peuple pour penser agir ainsi, en contournant les gens, en passant au-dessus de leur tête.

Et d’ailleurs – c’est un point essentiel – la non-mise à mort des poussins mâles passe par une intervention encore plus grande de l’industrie dans la vie des animaux exploités, renforçant encore plus le système.

Faire l’apologie de la méthode spectrométrique pour sauver les poussins mâles, c’est se tirer une balle dans le pied. On est ici clairement dans la modernisation au nom du « bien-être animal », il est impossible de prétendre le contraire, surtout vu les gens à qui on a affaire ici…

Voici par exemple ce que dit François Loncle, député Socialiste, républicain et citoyen de l’Eure :

M. François Loncle attire l’attention de M. le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement sur le sort funeste réservé à certains poussins dans les couvoirs de poules pondeuses. Dans l’élevage avicole, uniquement les femelles sont conservées pour la production d’œufs. Quant aux poussins mâles, ils sont éliminés dès leur naissance, car ils ne possèdent pas les mêmes caractéristiques que les poulets élevés pour leur chair : ils sont tués de manière particulièrement cruelle, en étant broyés, gazés ou étouffés. Tout en préservant la filière avicole française qui a réalisé depuis plusieurs années de gros efforts de modernisation, il lui demande qu’il lui explique comment rendre plus digne la mise à mort des animaux que l’Assemblée nationale a reconnu, en janvier 2015, comme des « êtres vivants doués de sensibilité ». Il souhaite savoir ce qu’il pense de la méthode spectrométrique allemande de détermination prénatale du sexe des poussins, ce qui permettra, à la fois, un tri précoce dans l’œuf et un abandon de la pratique abominable du broyage des poussins.

Voici ce que dit Nicolas Dupont-Aignan, et on remarquera qu’il cite et salue l’association L214, qui a mobilisé les députés et sénateurs en question. Ce qui signifie pour cette association avoir une véritable reconnaissance institutionnelle.

M. Nicolas Dupont-Aignan appelle l’attention de M. le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement sur la pratique du broyage à vif des poussins dans les couvoirs de poules pondeuses. Dans l’élevage avicole, seuls les nouveau-nés femelles sont conservés pour la production d’œufs et les poussins mâles sont détruits : en effet, n’ayant pas les mêmes caractéristiques que les poulets élevés pour leur chair, ils sont considérés comme inutiles par la filière avicole. En France ce sont environ 50 millions de poussins mâles qui sont ainsi éliminés de façon particulièrement cruelle au premier jour de leur vie : déchiquetés vivants à l’aide de broyeuses, gazés ou étouffés. Cette pratique de l’élimination en masse des poussins mâles a été révélée par un ancien employé de couvoir en Bretagne, dont le témoignage filmé a été rendu public par L214 en novembre 2014.

Les images montraient en effet des poussins jetés de façon routinière dans une broyeuse ou étouffés par centaines dans des sacs poubelle. Cette pratique constitue une dérive de l’industrie avicole incompatible avec les principes d’une société qui reconnaît le caractère sensible de l’animal. En novembre 2014, les services de votre ministère ont communiqué à la presse leur intention de remettre à plat les normes de mise à mort des animaux et de traiter la question de la mise à mort des poussins dans les couvoirs. En Allemagne le ministre de l’agriculture Christian Schmidt a annoncé que le procédé de prédétermination du sexe des poussins sera utilisé couramment dès 2016 et que la pratique du broyage devrait être abolie à partir de 2017. L’Université de Leipzig a en effet mis au point une méthode de détermination prénatale du sexe des poussins, permettant un tri précoce des poussins dans l’œuf. Grâce à cette méthode il sera possible de déterminer le sexe des poussins dès le 3ème jour de leur développement par une technique de spectrométrie. La France, ayant adopté la loi d’avenir agricole qui vise à développer un modèle agricole respectueux du bien-être animal, s’honorerait à prendre la même décision que l’Allemagne et ainsi mettre fin à la pratique du broyage des poussins. Aussi il souhaiterait savoir s’il envisage d’instaurer de façon obligatoire en France la méthode de prédétermination du sexe des poussins.

Voici la liste des députés et sénateurs concernés. En cliquant sur leurs noms, on a le texte de leur intervention au parlement ou au sénat.

Dire que maintenant tout ce « beau monde » va se donner une image positive, en faveur des animaux, alors qu’au fond leur base même est fondamentalement anti-végan…

Il va de soi également qu’un tel opportunisme va torpiller la cause animale chez beaucoup de monde. Parce qu’aller chercher les Balkany, Guérini, Placé, ou même les députés et sénateurs traditionnels, en pleine crise politique en France, c’est quelque chose de tellement institutionnel – voire de soumission complète aux « notables » – que cela dégoûte profondément…

Laurence Abeille (EELV, Val de Marne)
Brigitte Allain (EELV, Dordogne)
Laurence Arribagé (LR, Haute Garonne)
Danielle Auroi (EELV, Puy-de-Dôme)
Patrick Balkany (LR, Hauts-de-Seine)
Jean-Jacques Candelier (FG, Nord)
Dominique Chauvel (PS, Seine Maritime)
Olivier Dassault (LR, Oise)
Dominique Dord (LR, Savoie)
Nicolas Dupont-Aignan (DLR, Essonne)
Jean-Paul Dupré (PS, Aude)
Guénahël Huet (LR,Manche)
Jean Lassalle (Modem, Pyrénées-Atlantiques)
Thierry Lazaro (LR, Nord)
Frédéric Lefebvre (LR, Français établis hors de France)
François Loncle (PS, Eure)
Lionnel Luca (LR, Alpes-Maritimes)
Alain Marleix (LR, Cantal)
Philippe Noguès (PS, Morbihan)
Philippe Plisson (PS, Gironde)
Bérengère Poletti (LR, Ardennes)
Christophe Premat (PS, Français établis hors de France)
Gabriel Serville (D&R, Guyane)
Christophe Sirugue (PS, Saône-et-Loire)
Michel Sordi (LR, Haut-Rhin)
Michel Vergnier (PS, Creuse)

Jean-Marie Bockel (UDI, Haut-Rhin)
Roland Courteau (PS, Aude)
Jean-Noël Guérini (LF13, Bouches-du-Rhône)
Chantal Jouanno (UDI, Paris)
Jean-Pierre Masseret (PS, Moselle)
Cyril Pellevat (LR, Haute-savoie)
Marie-Françoise Perol-Dumont (PS, Haute-Vienne)
Jean-Vincent Placé (EELV, Essonne)
Nelly Tocqueville (PS, Seine-Maritime)
Alain Vasselle (LR, Oise)

Le secteur de la transformation des produits de l’élevage

Voici une petite explication faite par un document institutionnel au sujet de l’industrie de l’exploitation animale. Cela aide à voir où cela en est sur le plan économique.

Les « éleveurs », comme on en parlait ces derniers jours, soutiennent qu’ils sont au coeur de l’alimentation. Mais à voir les chiffres, les travailleurs sont bien plus nombreux ensuite…

Le document est titré d’ailleurs « IAA 2012 : la transformation des produits de l’élevage tient une place importante dans le secteur ».

Il concerne donc le secteur de la « transformation », qui est justement critiqué ou plutôt dénoncé  en ce moment par les « éleveurs », mais on voit bien que sans cette « transformation » – on parle de cadavres transformés ici – ce type d’alimentation ne serait pas consommable.

Les « éleveurs » sont, bien évidemment, totalement dépendants de l’industrie de la « transformation », qui elle-même dépend d’ailleurs de la distribution: sans amener l’alimentation aux gens, rien ne serait vendu…

On devine ici d’ailleurs les interpénétrations entre les secteurs, la pression, et cette pression s’effectue, en dernier lieu, pas du tout sur les éleveurs comme ceux-ci le prétendent, mais sur les animaux enfermés et assassinés dans des conditions toujours plus terribles…

Ici, rien n’est organisé, rien n’est décidé démocratiquement: c’est le chaos des entreprises, la loi du plus fort économiquement.

On reconnaît facilement que cette industrie vise surtout à « fournir » vite et « bien » et à se faire des bénéfices de manière efficace par ce biais.

On voit aussi aisément que c’est une industrie très bien organisée, très centralisée, et avec un tel poids dans l’agroalimentaire qu’elle est incontournable.

Voilà donc quelque chose à abattre… Et cela va sans dire que c’est à faire le plus rapidement possible, et pratiquement d’un coup, car les réformes n’abattront jamais un tel monstre, à moins de consister en de vastes restructurations pour changer tout cela, ce qui passe par trouver un autre emploi aux gens, satisfaire les besoins alimentaires…

Les « éleveurs » en colère: de mauvais perdants

Les éleveurs mènent de nombreuses actions de protestation ; voici ce que constatait Ouest France hier soir :

Le blocage des deux principales voies d’accès au Mont Saint-Michel, l’un des sites touristiques les plus visités de France, se poursuivait lundi vers 22 heures 30, selon la préfecture et les gendarmes, qui ont indiqué que les éleveurs devraient rester sur place au moins toute la nuit.

Une action « symbolique, pacifique, pour que les prix remontent » et faire comprendre au ministre de l’Agriculture que « la pression agricole ne va pas céder », a indiqué Jean-Baptiste Mainsard, un manifestant.

Maintenant, posons une question simple : lorsque que quelqu’un va régulièrement au casino y miser de l’argent pour perdre finalement quasiment tout, a-t-il le droit de réclamer à la société de l’aider ?

De l’aider à l’éduquer et à vivre dignement, oui, mais de maintenir son style de vie, non.

C’est la même chose avec les « éleveurs ». Qu’ils travaillent dur est un fait, qu’ils se fassent escroquer par la distribution une vérité bien connue.

Pour autant, leur mentalité n’est-elle pas de vivre aux dépens des animaux ? De pratiquer le chantage à l’alimentation pour exiger à la société de pouvoir mener leur carrière comme bon leur semble?

Ne sont-ils ainsi pas au bord du dépôt de bilan, pour presque 10 % d’entre eux en France, car ils ont cru pouvoir emprunter sans problèmes, avoir toujours l’aide de l’État ?

Tout cela est hypocrite.

Après, le désespoir a une base : par exemple pour le lait de vache, le vrai problème des « éleveurs » est que la société les a abandonnés, avec la fin des quotas laitiers de l’Union Européenne.

Sauf que voilà la période de reconstruction d’après 1945 est terminée, maintenant le capitalisme est lancé, il n’y a plus besoins de quotas et de privilèges.

Et justement que lisait-on sur LTD en février de cette année dans l’article L’importance de la fin des quotas laitiers :

« Les petits producteurs vont par conséquent s’effondrer, car la bataille des prix leur sera fatale. »

Il semble bien que les petits producteurs ne lisent pas LTD, ni le ministre de l’agriculture, ils auraient dû…

En même temps, ils ne peuvent pas admettre la réalité, étant obnubilés par l’exploitation animale.

Ils pensaient s’en sortir en pensant que les produits d’origine animale seraient toujours plus utilisés.

Ce qui est vrai. Dans le même article de février, nous disions :

« Ou ce modèle qu’est l’exploitation animale triomphe, pour s’effondrer de manière dramatique et destructrice, ou bien on le stoppe et on change tout. Les faits sont là : contrairement à ce que racontent la Fondation 30 millions d’amis ou L214, l’exploitation animale n’est pas en recul : elle est en expansion accélérée. »

C’est vrai, sauf qu’évidemment ce ne sont pas les petits producteurs qui vont renforcer l’exploitation animale, mais les grands groupes industriels issus des petits producteurs ayant « réussi »…

Rappelons ici, comme c’était dit dans l’article cité, que :

« entre 2001 et 2010, le nombre de « vaches laitières » par exploitation est passée de 34,6 à 49,5 millions… »

Alors venir demander de l’argent à l’État après avoir lancé un tel processus industriel, c’est franchement honteux et particulièrement hypocrite…

En vérité, l’exploitation animale se généralise pour mieux s’effondrer comme un château de cartes, parce qu’un tel monde est inacceptable.

Les « éleveurs » sont un préjugé du passé, au mieux, et un présent agro-industriel monstrueux à renverser.

Dans ce contexte, les « éleveurs » qui se plaignent sont de même nature qu’un joueur de casino ayant tout perdu et aigri devant celui qui a gagné ; mais la nature du perdant et du gagnant est bien la même.

« Le foie gras a le vent en poupe »

« Le foie gras a le vent en poupe » : c’est le titre d’un nouvel article du Figaro. En voici un extrait, pour rappeler cette vérité de base, ou plutôt le fait que nous assumions cette triste vérité.

La conception selon laquelle il y a un recul de la production de « foie gras » est fausse. Elle se fonde sur l’idée erronée qu’on pourrait toucher une petite partie de consommateurs en s’appuyant sur un argumentaire réformiste au sujet de la souffrance animale.

L’enfer est pavé de bonnes intentions et cette démarche ne fait en réalité que s’insérer dans la généralisation absolue de l’exploitation à laquelle on est en train d’assister. Les faits sont là : il n’y a pas moins de production de « foie gras », bien au contraire…

Que les gens qui en prennent conscience sont plus nombreux ne veut pas dire que l’exploitation animale s’amoindrit, bien au contraire!

Après une année 2013 en repli, la production française de foie gras a progressé de 1,3% en 2014 avec des exportations en hausse vers l’Asie, où Hong-Kong, Vietnam et Corée ont rejoint le club des clients sérieux, selon le bilan statistique du ministère de l’Agriculture.

En 2014 la production française de foie gras d’oie et de canard a atteint 19.300 tonnes, majoritairement localisée dans le Grand Ouest du pays (97% du total), précise le bulletin Agreste).

La consommation moyenne nationale (276 grammes par personne par an) s’est légèrement contractée (-1% sur un an, en baisse de 9% sur quatre ans), mais les exportations qui marquaient le pas depuis 2011 ont recommencé à progresser de 5% sur l’année à près de 5.000 tonnes, « proches du niveau record » enregistré en 2010, note Agreste.

[Note de LTD : l’article est ici imprécis voire erroné. Voici ce que dit le rapport Agreste que nous sommes allés consulter:

En 2014, la production française de foie gras de canard et d’oie a augmenté de 1,3 % par rapport à 2013. La consommation française, mesurée par bilan, est en légère baisse. Toutefois, les achats effectués par les ménages, pour leur consommation à domicile, ont augmenté de 3 % en volume et de 4 % en valeur, sur la même période.

Incompréhensible, n’est-ce pas? En fait cela veut dire que les gens qui consomment du « foie gras » en consomment plus, mais qu’un peu moins de gens en France en général en consomment, davantage bien sûr en raison du prix, parce qu’ils ne peuvent pas, que parce qu’ils ne veulent pas. On notera également le passage suivant:

À partir de l’année 2009, l’interprofession (Cifog) a mis en place une politique commerciale cherchant à étendre la période de consommation en dehors des fêtes de fin d’année en incitant les distributeurs à une mise en rayon plus précoce des foies gras. Dans ce but, elle a multiplié les campagnes de communication autour de la fête de la
Saint-Martin qui marque traditionnellement le retour du foie gras sur les marchés vers le 11 novembre.

C’est encore un témoignage de la progression culturelle du « foie gras »…]

Si l’Union européenne reste largement en tête des acheteurs étrangers, notamment en foie cru dont les ventes ont bondi de 12% – l’Espagne est le premier client européen avec près de 1.500 t, devant la Belgique – le Japon est de loin le premier client hors UE avec 600 tonnes, en hausse de 3% sur un an, et Hong Kong se place en troisième position (après la Suisse) avec des achats qui ont bondi de 40% par rapport à 2013, pour atteindre 200 tonnes.

Singapour et la Thaïlande, clients relativement récents en foie gras français, ont stabilisé leurs importations (autour de 80 t) mais le Vietnam les a quadruplés depuis 2013 (24 tonnes), la Corée du Sud les a triplés (18 tonnes) et les ventes vers l’Océanie ont aussi progressé de 13% (28 tonnes).

Surtout, les quatre premiers mois de 2015 confirment la tendance avec des exportations en hausse de 3% sur la période et même de 11% hors UE, avec de nouveaux marchés comme Taiwan, qui s’est ouvert fin 2014 et représente 11 tonnes en quatre mois, et la reprise attendue du commerce vers la Californie, qui autorise de nouveau les restaurateurs à proposer du foie gras à leur menu. Très limitées depuis 2010, les ventes américaines atteignaient 1.000 tonnes en 2009.

La France continue de dominer la production mondiale, qui a atteint environ 26.600 tonnes en 2014, en progression de 600 tonnes sur un an, selon l’Institut de l’aviculture (Itavi), dont près de 25.500 tonnes pour l’Europe avec, outre la France, la Bulgarie (2.600 t) et la Hongrie (2.500 t).

JBS, le nouveau « cartel de la viande »

L’entreprise brésilienne JBS pèse 37 milliards de dollars ; c’est l’un des principaux acteurs de l’exploitation animale. Comme dans les autres secteurs économiques, les fusions et acquisitions se généralisent.

Voici une information toute récente de l’AFP :

« La filiale américaine du groupe brésilien JBS, géant mondial de la viande, va racheter les actifs du groupe américain Cargill dans le porc aux Etats-Unis pour 1,45 milliard de dollars, ont indiqué les compagnies dans un communiqué mercredi.

JBS USA, filiale indirecte du groupe brésilien JBS S.A. via la société Pilgrim’s Pride Corporation, acquiert deux usines de Cargill dans l’Iowa (centre) et l’Illinois (nord), capables de traiter 9,3 millions de porcs annuellement. Le groupe rachète aussi quatre fermes d’élevage et cinq usines de production d’aliments, toutes basées aux Etats-Unis, indique le communiqué commun. »

Un rachat équivalent avait été fait par JBS, cette fois en Europe, il y a quelques semaines. Voici comment Le Monde présente la chose :

« La société brésilienne, JBS, leader mondial de la viande poursuit ses emplettes. Elle a choisi, cette fois, de se renforcer en Europe. Elle a annoncé, dimanche 21 juin, l’acquisition de la société Moy Park, qui élève et commercialise poulets et dindes au Royaume-Uni, en Irlande, aux Pays-Bas et en France. Le montant de la transaction est évalué à 1,5 milliard de dollars (1,32 milliard d’euros).

Le vendeur est un autre groupe brésilien, concurrent de JBS sur le marché de la viande, Marfrig. Lui aussi s’est lancé dans une large offensive internationale à coup d’acquisitions. Avec son corollaire, une dette importante. Pour améliorer son bilan financier, Marfrig avait envisagé de mettre en bourse la société Moy Park, avant d’y renoncer. Elle a finalement préféré la céder à JBS. Elle lui avait déjà vendu sa filiale avicole brésilienne.

Par cette nouvelle acquisition, JBS, qui porte les initiales de son fondateur Jose Batista Sobrinho, confirme ses ambitions. La boucherie, créée en 1953, dirigée maintenant par son fils Wesley Batista, pèse 37 milliards de dollars et se classe dans le Top 10 mondial des entreprises agroalimentaires. »

Et il y a plus de six mois, en novembre 2014 précisément, JBS avait fait l’acquisition de Primo Group, présent en Australie et Nouvelle-Zélande et « spécialisé » dans la « production de jambon et de sauces ». Le prix : 1,25 milliard de dollars.

Voici comment le site Avenir agricole présente JBS. On y apprend deux choses essentielles : tout d’abord, la montée en puissance de JBS est récente.

Contrairement aux réformistes de la protection animale qui s’imaginent qu’on est en train de dépasser le problème, on est au contraire en train de l’affronter alors qu’il est de plus en plus grand.

JBS s’est grosso modo construit ces dix dernières années, portée par les capitalistes et avec l’intention de faire toujours « mieux »… Ce qui signifie toujours plus d’exploitation animale.

Ensuite, la question du développement et du style de vie est ici essentiel. On voit ici que c’est un gouvernement qui s’est voulu « de gauche », social, etc. qui a grandement contribué à donner naissance à un monstre. On est passé de l’exploitation animale du type primitif à la même exploitation animale du type primitif mais à l’échelle massive et qui plus est en se développant dans d’autres pays…

JBS Friboi : l’ogre brésilien parti
 à la conquête du monde

Premier exportateur mondial de viande bovine et leader planétaire de la volaille, le groupe JBS Friboi s’est taillé un empire sur cinq continents. A tel point que la presse brésilienne assimile la famille fondatrice, les Batista, à un “cartel de la viande”.

Dallas. Mais ça y ressemble. Remplacez le pétrole par la viande et vous aurez le nouvel eldorado d’une poignée d’acteurs puissants, prêts à tout pour contrôler le négoce planétaire. A l’image de la transnationale brésilienne, JBS Friboi. Dans ses 64 usines réparties dans 22 pays, elle abat 500 000 poulets à l’heure et plus de 40 000 bovins…

Des chiffres à la démesure d’un groupe, qui, en dix ans, a su conquérir le marché mondial de la viande grâce à une politique d’acquisitions agressives de plusieurs entreprises agroalimentaires. A l’intérieur du pays et hors frontière.

Du petit abattoir à la multinationale

Créé en 1953, par José Batista Sobrinho, à Anapolis (Etat de Goias), JBS n’est alors qu’un petit abattoir de province. “Mon père a commencé par acheter du bétail dans le centre du pays et à le vendre aux emballeurs de viande. Au fil des années, nous sommes devenus l’une des plus grandes entreprises du secteur au Brésil” aime raconter Wesley Batista, le fils du fondateur et actuel PDG du groupe JBS Friboi.

La suite de l’aventure, c’est à Lula qu’il la doit. Dès son entrée en fonction, en 2003, le nouveau président du Brésil souhaite transformer les entreprises locales en multinationales capables de concurrencer les grands groupes du Nord dans l’approvisionnement des marchés internationaux. JBS Friboi va alors bénéficier de fonds de la Banque Nationale du Développement, bras financier du Ministère de l’Industrie, pour s’internationaliser.

L’expansion de l’entreprise est spectaculaire. JBS rachète d’abord des usines de viande au Brésil puis en Argentine. En 2007, son entrée en bourse lui permet de lever 800 millions de dollars pour capitaliser l’entreprise.

JBS Friboi s’offre alors les meilleurs groupes américains : Swift, le numéro 3 mondial du porc. Pilgrim’s Pride, le leader mondial de la volaille. Il mène aussi une OPA sur Smithfield (porc) et National Beef (à l’époque numéros 4 et 5)…

Devenu transnationale, JBS conquiert pêle-mêle les titres de plus gros emballeur de viande d’Australie et des Etats-Unis, de la plus grosse entreprise de volaille des USA et du Mexique. La liste est longue. Et le chiffre d’affaires s’envole, passant de 1,2 milliard de dollars en 2002 à 30 milliards de dollars en 2012.

C’est un développement terrible… mais logique. Le Brésil est devenu un haut lieu de l’exploitation animale. Le pays se développe, mais d’une telle manière que tout est déséquilibré, que les pires tendances triomphent…

Le nouvel abattoir de Perpignan

A la toute fin du mois de mai 2015, un taurillon s’est enfui d’un abattoir situé tout proche de l’aéroport de Perpignan; il a été capturé… puis remis à l’abattoir.

Cet abattoir vient d’être inauguré de manière officielle et son organisation mérite d’être notée. C’est un grand bâtiment, faisant pas moins de 15 000 m².

Et il a notamment comme particularité d’être placé à côté d’une nouvelle « usine de découpe » de 4 500 m², appartenant à l’entreprise Guasch, qui existe localement et dont le dirigeant est aussi responsable du club de rugby à XIII les « Dragons Catalans ».

Il y a même un tunnel réfrigéré entre les deux bâtiments, et 70% de la « viande » est ainsi destiné à l’entreprise Guasch.

Maintenant, regardons qui paie l’abattoir et pour cela regardons ce que dit le préfet, puisque c’est lui qui a tout organisé. Il justifie l’abattoir pour les motifs suivants :

« en termes d’aménagement et de gestion du territoire: maintien de la présence des éleveurs sur 70% des communes du département et contribution de l’élevage à l’entretien des espaces ;

en termes d’environnement: démarche d’économie de proximité, recherche de produits locaux dans un rayon de 100 km maximum et limitation des durées des distances de transport ;

en termes de sécurité alimentaire: approvisionnement en viande locale de qualité. Sans abattoir en région de production, la maîtrise du circuit est beaucoup plus aléatoire ;

en termes d’emploi: maintien de 20 personnes auxquelles s’ajouteront les emplois supplémentaires que prévoit de créer la société GUASCH, qui passerait de 130 à 150 emplois environ, dans le cadre de la construction de sa nouvelle usine de découpe qui jouxte l’abattoir et qui représente un investissement important favorable au secteur du BTP qui en a bien besoin »

C’est assez sidérant : le préfet – pas élu mais nommé par en haut, par le président – utilise ici des arguments de haut fonctionnaire en mode « sécurité nationale ».

A le lire on dirait que 200 éleveurs permettent la gestion du territoire et que la sécurité alimentaire est permise par l’exploitation animale locale!

De grands mots dignes d’un jeu de stratégie… En vérité et plus simplement, toutes les raisons données sont un justificatif technocratique et visent à maintenir les éleveurs au service du producteur local, d’ailleurs mis en avant de manière ouverte avec « l’usine de découpe » qui apporte des emplois au BTP, comme cela tout le monde est content…

Et finalement on a l’impression que l’abattoir est un service que rend l’entreprise, et non le contraire! Très habile…

Car maintenant, regardons donc qui paie. Eh bien… C’est surtout l’Etat, donc nous…

Le Capital social SCIC dont il est parlé ici, payant 16% du total, a la configuration suivante.

Du beau travail : le capitalisme porté à bout de bras. Comme on peut le lire dans La Tribune :

« C’est l’aboutissement de nombreuses années de travail, d’une famille aussi, d’un clan » a annoncé Bernard Guasch, aux côtés de ses deux fils Stéphane et Maxime, détenant à ses côtés la totalité de la SAS Holding Gégé, propriétaire des établissements Guasch.

Eleveurs : la « nuit de la détresse »

L’élevage a été un secteur porté à bout de bras par le capitalisme, qui maintenant compte bien le perfectionner au plus haut niveau industriel. Les petits « producteurs », forcément, voient leur nombre s’effondrer, et c’est à un nouveau coup de force auquel on a eu droit hier, dans le prolongement de la « nuit de la détresse » organisée par la FNSEA et des JA (Jeunes Agriculteurs).

A défaut de la détresse des animaux, on a celui des entrepreneurs, qui cachent leur quête de profit derrière le titre de « paysans »…

Leur but, donc, ici : faire pression sur les distributeurs et les transformateurs, leurs bénéfices étant tellement grands que les « producteurs » de lait et les « éleveurs » de porcs et de bovins sont étranglés financièrement, les prix ayant baissé de 13 à 20% en un an.

Les actions ont été typiques du genre : fumier et gravats déposés devant de très nombreuses laiteries ou usines de fromage, ainsi que des grandes surfaces, des abattoirs, des préfectures. Parfois des palettes ont été incendiées, des voitures de police renversées, un camion-citerne de lait vidé, etc.

Ce qui est très intéressant dans tout cela, c’est qu’en plus le syndicat agricole FNSEA qui a appelé tout cela a tout à fait compris le problème : elle sait que l’exploitation animale est condamnée. Elle le sait au point que pour attaquer les distributeurs et les transformateurs elle prend comme cible… les normes !

Pas idiot du tout : la FNSEA sait qu’attaquer les distributeurs et les transformateurs c’est scier la branche sur laquelle l’élevage existe. Donc, tout est de la faute… du bien-être animal, des « normes », comme l’explique le slogan (« bien être animal doit-on mettre nos vaches dans nos lits et nous sur la paille??? ») sur la photo ci-dessous et le communiqué de la FNSEA.

Paris, le 1er juillet 2015
COMMUNIQUE DE PRESSE
Plus de prix, moins de normes !

La FNSEA réunie aujourd’hui en Bureau exécutif fait le constat amer que les hausses de prix actées devant les pouvoirs Publics par les filières porcines et bovines, ne sont pas au rendez-vous.

Les actions syndicales de « mise sous surveillance » ont démontré le défaut d’engagement des opérateurs : Industriels et GMS se renvoient la balle et leurs responsabilités en permanence. Ça suffit.

Les paysans demandent des comptes, exigent les comptes. Le Ministre les a. A lui de faire immédiatement respecter les accords.

Demain une nouvelle mobilisation syndicale va maintenir la pression et exprimer notre détermination. Nous voulons de la transparence, nous voulons des résultats, nous voulons plus de prix, nous voulons moins de normes.

Au moins on peut dire qu’ils ne font même pas semblant…

Quant à la nature de leur situation, elle est simple à comprendre. Deux autres slogans témoignent qu’au fond les éleveurs le savent.

L’eau, on ne peut pas en produire davantage qu’on en a. Les animaux, on peut renforcer leur exploitation… C’est précisément cela que nous avons vu à LTD et que nous reprochons aux « réformistes » du bien-être animal, ce n’est pas tant de ne pas avoir vu que de nier cette réalité.

Ils raisonnent en termes d’oppression, de spécisme, alors que l’intégration des animaux dans la société humaine a des raisons historiques, qu’il s’agit justement de dépasser…

Alors que l’effondrement de l’élevage traditionnel est inéluctable, et que personne de progressiste ne peut accepter l’agro-industrie pratiquant l’écocide et la destruction des vies animales…

 

Cartes de l’exploitation animale dans le monde

Il serait tout à fait erroné de penser que le véganisme progresse de manière subjective, grâce à Aymeric Caron faisant la promotion télévisuelle du végétarisme ou bien Zahia posant nue pour l’association peta.

En réalité, le véganisme progresse de manière objective, non pas grâce à ces gens justement, mais bien malgré ces gens et malgré tous les réformistes possibles et imaginables. Le véganisme est porté par l’histoire, par la réalité, et ne pas l’assumer entièrement et sans compromis c’est se mettre en porte-à-faux avec les faits.

Voici ici de très intéressantes cartes (issus de livestock wiki) soulignant un fait dont il faut bien saisir la portée: l’exploitation animale n’est pas du tout un « spécisme », mais bien une économie. Les cartes montrent la localisation des « productions » et elles rappellent que l’exploitation animale a une base économique qui n’est nullement « diffuse » mais bien au contraire parfaitement concentrée.

La concentration ne cesse de continuer et les gens qui deviennent vegan sont le contre-produit de cela, et le restent… A moins de raisonner à l’échelle du système lui-même.

C’est un peu comme l’acteur Jim Carrey qui a traité hier de « fasciste à la solde des entreprises » le gouverneur californien ayant imposé la vaccination des enfants. Il s’imagine acteur, il n’est qu’une réaction à un fait généralisé…

Prenons par exemple une récente petite campagne menée contre le lait par une association. Si elle a pu exister, c’est uniquement parce qu’en même temps…. il y a la fin des quotas laitiers dans l’Union Européenne… Alors que dès l’automne prochain, les coopératives Agrial et Eurial fusionnent en France, pour donner le second groupe laitier coopératif, qui vise évidemment l’expansion, notamment par les exportations.

Ce groupe rassemblera 2,7 milliards de litres de lait collectés chez 6.450 producteurs, pour un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros… Une telle industrie peut tout à fait accepter quelques « râleurs » issus de son expansion.










« Animaux de compagnie » : 4,2 milliards d’euros par an

Voici un extrait d’un article des « Echos », un journal orienté business:

Décryptage des tendances et opportunités du marché des animaux de compagnie.

Malgré la mauvaise conjoncture économique, les maîtres ne regardent pas à la dépense et celle-ci n’a cessé de croître d’année en année.

« Le marché des animaux de compagnie a été l’un des plus dynamiques en 2014 », confirme Chourouk Gorrab, analyste à Euromonitor International, un organisme spécialisé dans l’analyse et l’étude des marchés au niveau mondial.

Un marché qui, en France, pèserait déjà 4,2 milliards d’euros par an.

« Cet engouement est le fait d’une population surtout urbaine et de plus en plus jeune, qui ne voit plus l’animal comme faisant partie des meubles mais comme un membre à part entière de leur famille dont il faut prendre soin et lui offrir ce qu’il y a de meilleur », poursuit-il.

Dans ces dépenses, la nourriture arrive en tête avec 3 milliards d’euros. Les accessoires et la santé se positionnent juste derrière.

« Il faut savoir qu’un chien représente, en moyenne, une dépense annuelle de 800 euros et un chat 600 euros », souligne notre spécialiste.

Un secteur porteur et en pleine croissance, et qui a vu l’éclosion des offres et services qui correspondent à leurs besoins… et ceux de leurs propriétaires : le toilettage, les assurances santé et maladie, les consultations comportementales, les pompes funèbres, l’aide psychologique après leur décès…

Ce secteur recèle de nouvelles perspectives en terme de création d’entreprise.

Des exemples ? Le Café des chats à Paris ou le Café des félins à Besançon pour boire un verre ou manger un morceau en compagnie des félins, dans la lignée de la “ronron thérapie” censé calmer et redonner du tonus au moral des visiteurs.

Les réseaux sociaux s’y mettent également avec Pets-dating, le Meetic version animaux. Ou Yummypets, le Facebook des propriétaires d’animaux.

Sur le Net prolifèrent des services de garde en cas d’absence, se revendiquant comme une alternative aux pensions telles que les start-up Bibulu ou Gudog, sortes d’Airbnb canines, qui permettent de trouver des hôtes acceptant d’héberger votre chien contre rémunération.

Les chats bénéficient de la même attention avec ChaPacha, mais cette fois il faut se déplacer au domicile de leurs propriétaires, histoire de ne pas perturber leurs habitudes. Des hôtels comme Aristide leur sont également dédiés.

Le marché des animaux de compagnie en chiffres

Alimentation : 3 milliards d’euros par an (2,1 % des achats sont réalisés sur Internet)
Hygiène et soins : 580 millions d’euros (5,9 % des achats sont réalisés sur Internet)
Accessoires : 405 millions d’euros
En France, 4 % des animaux sont assurés
12 millions de chats
7,4 millions de chiens
35 millions de poissons

Au niveau mondial, le marché est actuellement évalué à 54 milliards d’euros (100 milliards dans les cinq ans à venir).

Ce qui est intéressant avec ce genre de point de vue, c’est que c’est franc puisque cela s’adresse aux entrepreneurs. Et que voit-on? Encore une fois, que l’exploitation animale est en expansion. Qu’en même temps, il existe un puissant besoin de Nature, mais que celui-ci est dévié, dévoyé, ramené vers le capitalisme afin de le servir.

On peut être frappé aussi par la faiblesse des achats par internet, alors que c’est bien moins cher et permet d’accéder à de la meilleure qualité. On devine facilement que cela s’explique par des achats effectués par les couches populaires, dans la « banalité » de la vie quotidienne, sans réflexion particulière à ce sujet.

C’est à la fois porteur d’espoir et particulièrement catastrophique.

Faut-il nationaliser les vétérinaires?

C’est le Canard enchaîné qui parle brièvement de cette vérité générale: les personnes les plus pauvres accordent une très grande importance aux animaux partageant leur vie, tendant à reconnaître leur existence individuelle en tant que telle.

Citons, dans le même esprit, Jérôme Salord, le patron de SantéVet, société ayant 100 000 clients:

« Un certain nombre de nos clients ont des revenus modestes et pour eux l’animal de compagnie a autant d’importance qu’un enfant. Le coût des frais vétérinaires, comme une opération à 1 000 euros, peut affecter de manière terrible le budget d’une famille modeste ».

« Plutôt des femmes urbaines d’une quarantaine d’années avec enfant(s), issues de catégories socioprofessionnelles inférieures, possédant pour les trois-quarts un chien. »

On a donc, très clairement, des entrepreneurs visant directement les personnes les plus pauvres. Officiellement la mutuelle est là pour rendre service, mais croire en un capitalisme sympathique revient à croire au père Noël.

Pareillement, on se doute bien que les vétérinaires, sont comme les médecins: ils ont le monopole de leurs activités et peuvent donc exercer une pression corporatiste massive, avec l’aide des grandes entreprises qui en profitent largement.

Les enfants de bonnes familles ne s’y trompent pas: ils se précipitent pour faire vétérinaire. De la même manière que ceux qui échouent en France en médecine vont faire leurs études en Roumanie – à Cluj tout est organisé spécialement pour eux – ceux qui échouent à devenir vétérinaire ici vont en Belgique.

Voici ce que raconte entre autres 7sur7.be:

Les facultés de médecine vétérinaire en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) tirent la sonnette d’alarme: le nombre d’étudiants qui ne cesse d’augmenter pose plusieurs problèmes. Elles demandent qu’un filtre à l’entrée soit instauré, notamment à l’égard des étudiants français.

Pour pallier le pic de diplômés rencontré dans les années 2000, un examen d’entrée avait été instauré en 2003-2004. Il avait ensuite été remplacé, dès 2006, par un système de régulation des étudiants non-résidents, toujours d’application aujourd’hui. Le nombre d’inscrits étrangers ne peut ainsi pas dépasser 30% des inscriptions globales.

Depuis, le nombre d’inscrits progresse d’environ 8% par an. 950 ont tenté leur chance pour l’année académique 2014-2015. Au même rythme, ils seront près de 1.500 en 2020. Pour l’ULg, l’ULB, l’UCL et l’UNamur, cette évolution pose problème. D’abord parce le nombre d’animaux disponibles pour permettre l’apprentissage des étudiants ne cesse de diminuer, que ce soit pour des consultations ou pour des autopsies.

« Lorsqu’on se retrouve à 20 autour d’un animal, il se sent cerné et il y a donc des choses qu’on ne peut plus faire », souligne Pascal Leroy, doyen de la faculté de médecine vétérinaire de l’ULg (la seule université à proposer un programme de master, ndlr). « De même, que faire quand on se retrouve dans une salle de 60 microscopes à 377 personnes, c’est-à-dire le nombre actuel d’inscrits en 1er master ? « 

Ce qui inquiète les vétérinaires belges est en fait surtout que l’Association Européenne des Etablissements d’Enseignement Vétérinaire fasse sauter la reconnaissance des facultés belges.

Tout cela montre en tout cas que les soins des animaux dépendent de plus en plus : des labos et des vétérinaires, ainsi que des mutuelles, dont la motivation fondamentale est l’argent.

En 2011, le Figaro constatait déjà que les dépenses vétérinaires avaient connu une hausse de 72% en dix ans: cela reflète tant un accroissement des soins que des bénéfices somptueux…

Voici d’ailleurs un « fait divers » assez parlant en soi:

Les faits se sont déroulés mardi ou mercredi. La clinique vétérinaire de la route de Strasbourg à Rillieux-la-Pape a été cambriolé par un ou plusieurs individus.
Les malfrats ont arraché les barreaux et brisé une vitre pour pénétrer dans l’enseigne. Et ils sont repartis avec des outils chirurgicaux et des produits anti-parasites destinés aux animaux. Le montant du préjudice reste à déterminer. Une enquête a été ouverte.

Il y a peu, il y a également eu une tentative de cambriolage dans un cabinet vétérinaire de Pont-de-Beauvoisin, dans l’Isère. En fait, les soins pour les animaux, c’est devenu un « business » comme un autre…

Et on se doute bien de ce que cela signifie : un non-accès aux soins pour les plus pauvres, une tendance à l’arnaque pure et simple de par la situation de monopole, une médecine à deux vitesses (voire bien pire)….

Sachant que plus de la moitié des ménages en France « ont » des « animaux de compagnie », la seule chose qui semble logique ici est de dire qu’il faut nationaliser les vétérinaires, organiser des hôpitaux publics pour les animaux, des centres de soins.

C’est d’ailleurs le seul moyen de passer d’une reconnaissance individuelle des animaux partageant notre vie à une reconnaissance générale, en tant que telle, par la société.