Grave incident à la centrale nucléaire de Penly

Jeudi 5 avril, deux départs de feu ont eu lieu sur une pompe du circuit primaire du réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime).

Voici les communiqués de Sortir du Nucléaire, qui « revient sur les affirmations d’EDF et de l’ASN qui visent une fois de plus à dissimuler aux Français les défauts de sûreté récurrents du parc nucléaire hexagonal. »

Grave incident à Penly : des affirmations lénifiantes d’EDF et de l’ASN

Jeudi 5 avril, deux départs de feu ont eu lieu sur une pompe du circuit primaire du réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime). Les dommages causés par l’incident ont endommagé l’étanchéité du circuit primaire et provoqué une fuite d’eau radioactive.

Il a donc fallu injecter du liquide de refroidissement pour compenser la fuite. Le réacteur est en cours de mise à l’arrêt à froid, sans qu’il soit possible de déterminer si l’arrêt d’urgence engagé est dû à l’incendie ou à la fuite. EDF a d’abord évoqué un dégagement de fumée sans feu, tandis que pour l’Autorité de sureté nucléaire (ASN), le départ d’incendie est lié à « deux petites flaques d’huile » ; cette propension systématique à minimiser les défaillances ne laisse pas d’inquiéter.

Pour le Réseau « Sortir du nucléaire », les affirmations lénifiantes d’EDF et de l’ASN visent une fois de plus à dissimuler aux Français les défauts de sûreté préoccupants et récurrents du parc nucléaire hexagonal.

Une fuite du circuit primaire représente une défaillance extrêmement grave, à double titre. Tout d’abord, parce que c’est ce circuit qui est censé assurer le refroidissement constant du réacteur, faute de quoi celui-ci pourrait s’emballer.

Or cette défaillance d’une des pompes du circuit primaire conduit à une perturbation du refroidissement dont les conséquences pourraient être graves : dans ces conditions il pourrait en effet se produire un déséquilibre brutal de la réaction en chaîne au sein des différentes parties du cœur, pouvant entraîner une dégradation de sa structure.

Par ailleurs, une fuite de liquide du circuit primaire, chargé en radionucléides provenant de l’usure des éléments de combustible, représente une menace potentielle pour l’environnement, ainsi que pour les travailleurs de la centrale et les pompiers amenés à intervenir sur ce réacteur. La série noire continue Le jour même, un des réacteurs de Saint-Laurent-des-Eaux a subi un arrêt d’urgence, concomitant à un « léger dégagement de fumée ».

Quelques semaines auparavant, c’était la centrale de Cattenom qui cumulait les arrêts, pour des raisons inconnues. Alors même que l’ensemble des centrales est censé avoir passé, selon EDF, l’épreuve des « stress tests » avec succès et avoir reçu le blanc-seing de l’ASN, cet incident apporte une preuve supplémentaire, s’il en était besoin, que la sûreté du parc nucléaire français est défaillante, en dépit des affirmations de l’industrie et du gouvernement.

Ce grave incident survient sur un réacteur qui a été mis en service en 1992 et qui n’en est donc qu’au deux tiers de sa vie programmée à la conception (30 ans) : ceci renforce notre détermination à exiger une sortie en urgence du nucléaire.

Pour le Réseau « Sortir du nucléaire », il est indispensable que toute la lumière soit faite sur ces graves incidents, ainsi que sur l’exposition des travailleurs et des pompiers à la radioactivité.

À quelques semaines des élections présidentielles, ce nouvel incident devrait, en toute logique, mener les candidats partisans du nucléaire à enfin ouvrir les yeux et revoir leur position. Mais en sont-ils capables ?

Point sur la situation

Point de la situation au 6 avril 2012 suite à l’incident survenu le 5 avril 2012, à 12h20 sur le réacteur n°2

Historique :

– Selon Edf [1] : le 5 avril 2012, à 12h20, une alarme incendie s’est déclenchée suite à un dégagement de fumée dans un local situé dans le bâtiment réacteur de l’unité de production n°2 de la centrale nucléaire de Penly. Les systèmes de sécurité se sont enclenchés normalement et le réacteur s’est arrêté automatiquement. Conformément aux procédures, les pompiers ont été prévenus et sont d’ores et déjà sur place avec une dizaine de véhicules d’intervention.

Par ailleurs, les équipes et les moyens de la centrale sont mobilisés. Il n’y a pas de blessé et les installations sont en sécurité. L’Autorité de sûreté nucléaire, la préfecture de région, la sous-préfecture de Dieppe et la Commission locale d’information ont été immédiatement informées de cet évènement.

– Selon l’Asn [2] : Le 5 avril 2012, vers midi, l’ASN a été informée par EDF de la survenue d’un départ de feu sur le réacteur 2 de la centrale nucléaire de Penly et de la mise à l’arrêt automatique du réacteur. Des équipes d’EDF et des pompiers sont entrés dans le bâtiment réacteur et ont éteint des flaques d’huile en feu. Le 5 avril 2012, vers 19h30, à la suite du départ de feu survenu dans l’après-midi, l’ASN a été informée par EDF d’une fuite anormale sur le circuit primaire du réacteur 2 de la centrale nucléaire de Penly. EDF indique que l’eau provenant de la fuite est collectée via des circuits prévus à cet effet.

Cette situation a conduit EDF à appliquer les procédures de conduite incidentelle pour piloter le réacteur. La situation actuelle n’a pas nécessité le déclenchement du plan d’urgence par l’exploitant. L’ASN a mobilisé ses équipes dans son centre d’urgence parisien ainsi que la division de Caen pour analyser la situation et suivre son évolution, en relation avec l’IRSN.

Première analyse du Réseau en attendant les précisions de l’ASN
– Les données actuelles ne permettent pas de savoir si c’est le déséquilibre de la puissance du cœur, la baisse de pression suite à la fuite du circuit primaire ou encore l’incendie qui sont à l’origine de l’arrêt automatique du réacteur.

– Ce n’est pas forcément sur un réacteur de première génération que des incidents graves arrivent. Penly 2 est un réacteur 1300 MW (palier P’4) mis en service en 1992. De plus, le risque incendie est un risque grave pour la sûreté nucléaire et ce risque n’est pas traité correctement, cf les effectifs et les budgets de lutte contre le feu dans les centrales et les scandales révélés par le Réseau « Sortir du nucléaire » il y a quelques années. Cela remet aussi en cause la capacité d’EDF à assurer la sûreté de ses installations et la crédibilité de son discours post Fukushima.

Dans tous les cas l’affaire est grave puisque c’est le refroidissement du combustible qui se retrouve déséquilibré par la perte d’une des quatre pompes du circuit primaire (Si le réacteur fonctionnait à pleine puissance au moment de l’incident, il était à 5 milliards de Watts thermiques).

– Les pompiers et les personnels de secours sont intervenus dans une atmosphère radioactive et probablement contaminée par l’incendie : des données sur cet aspect doivent être fournies d’urgence par l’Autorité de Sûreté Nucléaire.

– Comme toujours en matière de nucléaire, pour avoir une idée de ce que représente le terme anodin de « pompe » il suffit de se reporter à la photo ci-dessous pour appréhender un peu mieux la réalité.

D’une hauteur de 8,3 m la pompe pèse 107 tonnes : le moteur consomme 6 Millions de Watts

Photo extraite de L’Ère nucléaire – Jacques Leclercq – Hachette

Notes

[1] http://energie.edf.com/nucleaire/carte-des-centrales-nucleaires/centrale-nucleaire-de-penly/evenements-45965.html

[2] http://www.asn.fr/index.php/S-informer/Actualites/2012/Communique-de-presse-N-2-Centrale-nucleairede-Penly

Gaïa, notre mère la Terre

Nous employons régulièrement le terme de Gaïa et nous disons que la Terre est notre mère.

Si nous le faisons, c’est parce que tout ce qui existe appartient aux « règnes » minéral, végétal, animal, ou à celui des fungi (les champignons, bactéries, etc.). Rien n’existe en dehors de la Nature, et tout ce qui existe dans la Nature est relié au reste.

L’humanité ne pourrait pas vivre sur Mars, tout comme les bactéries se débrouillent toujours pour aller même là où on ne veut pas. Les plantes poussant à travers le bitume sont une démonstration que rien n’arrête la marche de la Nature.

Voilà pourquoi nous parlons de notre mère la Terre : nous savons qu’en tant qu’individus, nous n’existons qu’au sein d’un ensemble. Et la base de l’écologie radicale, c’est de dire : il faut préserver le tout, vivre à l’encontre du tout est absurde, être dénaturé c’est être malheureux.

Le mode de vie vegan straight edge est, à nos yeux, naturel et logique pour les humains. Une autre démarche est dénaturée et nous sépare de notre mère la Terre.

Rien de mystique à cela, bien au contraire, il s’agit même de l’athéisme le plus radical qui soit. Le contraire du concept de « Terre-mère », c’est Dieu.

Soit on dit que Dieu existe et a donné le monde à l’humanité pour qu’elle fasse ce qu’elle veut, c’est la conception par exemple de Descartes, qui veut que nous soyons comme « maître et possesseur de la nature. »

Soit on dit que Dieu n’existe pas, que les êtres humains sont des animaux et appartiennent à la nature, qui forme un grand mouvement à l’échelle de la planète.

Ainsi, parler de « mère nature » est quelque chose de tout à fait courant chez les athées, les « matérialistes », les « libertins » qui ont combattu les religions, et ce en France comme en Inde, en Chine, dans le monde arabe, etc.

L’un des textes les plus connus et les plus beaux est « De Natura Rerum », de Lucrèce :

« Mère de la Nature, aïeule des Romains,
O Vénus, volupté des dieux et des humains,
Tu peuples, sous la voûte où glissent les étoiles,
La terre aux fruits sans nombre et l’onde aux mille voiles;
C’est par toi que tout vit ; c’est par toi que l’amour
Conçoit ce qui s’éveille à la splendeur du jour. »

Mais sans vouloir parler de toutes les personnes qui sont allées dans cette direction, parlons simplement des auteurs français puisque nous ne « tombons pas du ciel. »

Car en France, la pensée de Rousseau est très connue et lorsque nous critiquons le fait d’être dénaturé, nous parlons finalement la même chose que lui. Comme Rousseau, nous constatons :

«  Ô nature ! Ô ma mère, me voici sous ta seule garde »

Et les gens qui nous critiquent, critiquent surtout Rousseau à la manière de Voltaire, déiste rejetant la Nature, et disant de l’oeuvre de Rousseau :

« On n’a jamais employé tant d’esprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie de marcher à quatre pattes, quand on lit votre ouvrage. »

Mais Rousseau avait de grands contemporains et de grands prédécesseurs. La Mettrie, par exemple, une grande figure des Lumières pour qui l’être humain est un animal, une machine naturelle, et qui explique :

« La Nature nous a tous créés uniquement pour être heureux ; oui tous, depuis le ver qui rampe, jusqu’à l’aigle qui se perd dans la nuée. »

La Mettrie met un N majuscule, comme nous, ou plutôt finalement, nous comme lui. Parler de Dame Nature, de Gaïa, de notre mère la Terre, c’est peut-être une métaphore, mais c’est surtout la reconnaissance que la Nature est un tout.

C’est soit Dieu (qui est ailleurs et a créé le monde à partir de rien), soit la Nature (rien ne naît de rien, tout se transforme).

D’où ces oiseaux qui expliquent à Cyrano de Bergerac (le vrai, l’auteur « libertin » du 17ème siècle) :

« La mort, me dirent-ils (me mettant le bec à l’oreille), n’est pas sans doute un grand mal, puisque nature notre bonne mère y assujettit tous ses enfants »

Au 18ème siècle, les auteurs des Lumières cherchaient ainsi à tout prix la loi naturelle, car la Nature est ordonnée, elle n’est nullement cruelle mais la source du sens de notre vie.

Et cela prolongeait l’effort des « libertins » du 17ème siècle et de l’humanisme du 16ème siècle. Chez Fénelon, on lit par exemple que :

« C’est ainsi, continuait Adoam, que parlent ces hommes sages, qui n’ont appris la sagesse qu’en étudiant la simple nature. »

Et nous avons bien sûr Montaigne, qui parle ouvertement de mère Nature.

« Et pourtant la saveur et la délicatesse de divers fruits de ces contrées, qui ne sont pas cultivés, sont excellentes pour notre goût lui-même, et soutiennent la comparaison avec ceux que nous produisons.

Il n’est donc pas justifié de dire que l’art l’emporte sur notre grande et puissante mère Nature.

Nous avons tellement surchargé la beauté et la richesse de ses produits par nos inventions que nous l’avons complètement étouffée.

Et partout où elle se montre dans toute sa pureté, elle fait honte, ô combien, à nos vaines et frivoles entreprises.

Et le lierre vient mieux de lui-même
Et l’arbousier croît plus beau dans les lieux solitaires,
Et les oiseaux, sans art, ont un chant plus doux,
[Properce, I, 2, 10.] »

Voilà ce que nous voulons dire par Gaïa, notre mère la Terre!

« Mes années straight edge »

Sur Rue 89 a été publié ma semaine dernière le « témoignage » d’une personne qui a été Straight Edge. Une personne qui a « breaké son edge », comme on dit dans le jargon straight edge. L’article est en ligne ici et les petites centaines de commentaires sont édifiantes de libéralisme.

Il est vrai que l’article est ainsi fait, qu’on pourrait croire qu’il n’est là que pour faire passer les straight edge pour des idiots bornés et sectaires, dont le seul contenu est d’acheter des t-shirts et de se balader dans la rue avec des X écrits sur la main, afin de raconter partout que boire de l’alcool « c’est mal », tout en rêvant de rétablir la prohibition voire d’exterminer tout le monde…

C’est tout simplement lamentable. Pour trouver des exemples et des références aussi stupides et vides, il faut être d’une mauvaise foi vraiment crasse.

Et de manière intéressante justement, la personne se révèle très hypocrite puisqu’elle a participé à une association pour les droits des animaux à Nantes mais n’explique pas du tout cet engagement (elle dit même ouvertement qu’elle est végétarienne mais est trop libérale pour devenir végan!).

On l’aura compris : la personne est devenue « adulte » et abandonne le principe straight edge de « rester jeune jusqu’à la mort », jeune dans l’esprit, pour rester candide, sincère, refuser les faux semblants d’une société d’adultes irresponsables et consommant une foule de drogues et d’alcool en prétendant « gérer »…

Une société de prétendus adultes à laquelle l’ex-Straight Edge rêve ici de participer, puisqu’il s’imagine (de manière faussement naïve) que l’alcool et les drogues sont réservées au 18-25 ans… Il est vrai qu’il est obligé de faire semblant s’il veut « s’intégrer » parmi les gens « normaux ».

Finie la révolte, place au mode de vie petit-bourgeois. Végétarien anciennement straight edge, socialement cela passe, ce n’est pas être Vegan Straight Edge et vouloir changer le monde, ce qui amène à critiquer et être critiqué, chose intolérable tant pour son propre ego que pour une carrière bourgeoise dans la société…

Parce qu’aussi, il faut le noter, dans les classes populaires, être straight edge, c’est cela où sombrer. Si des phénomènes religieux comme l’Islam ou l’évangélisme gagnent des points, c’est surtout parce que finalement c’est du faux straight edge.

Et par conséquent quand on est straight edge et qu’on connaît la vie des gens au quotidien, on connaît la dimension sociale de la question, et on assume. On en vient pas à poster n’importe quoi sur Rue89 pour régler ses comptes avec ses propres rêves de jeunesse trahis et maquillés en « sectarisme » afin de se convaincre soi-même qu’on a « bien fait », qu’il faut bien « faire comme tout le monde »…

Ni tabac, ni alcool, ni sexe pour le sexe : mes années « straight edge »

Il m’arrive souvent d’entendre des phrases comme :

« Jeudi soir, je vais me mettre une mine. »« Je suis trop mal, j’ai la gueule de bois. »« Tu ne bois pas ? Tu n’es pas drôle. »Je dois l’avouer, je n’ai jamais vraiment aimé l’alcool. Dans mon jeune âge, il m’est arrivé de boire pour « faire comme les autres », pour m’intégrer, mais je n’étais pas heureux, ça m’embêtait plus qu’autre chose. Aujourd’hui encore, je ne comprends toujours pas l’intérêt que les gens ont pour l’alcool. Je n’ai jamais compris l’intérêt de se mettre dans un état pas possible juste sous prétexte de vouloir s’amuser.

N’importe qui peut devenir « straight edge »

C’est via le hardcore (musique entre le punk et le métal) que j’ai découvert le « Straight Edge ». C’est un mouvement qui est régit par trois principes :

  • ne pas fumer,
  • ne pas boire,
  • ne pas pratiquer de sexe sans sentiments.

C’est un copain déjà « straight edge » qui m’a présenté le mouvement et m’a fait découvrir ce milieu. J’avais tendance à admirer son mode de vie, il était intelligent, il semblait être épanoui dans la vie et avait une vie sociale enrichissante. J’avais moi aussi envie de devenir straight edge. J’ai commencé le 1er janvier 2008.

Ce qui est bien dans cette histoire, c’est qu’il n’y a pas besoin de prendre de carte de membre, de payer une adhésion ou je ne sais quoi. N’importe qui peut devenir straight edge. Toutefois, il ne faut pas le devenir pour les mauvaises raisons.

Des Nike Air et des croix sur les mains

Au départ, j’ai été le straight edge cliché. Je respectais à la lettre, les codes vestimentaires du mouvement. En effet, pour se reconnaître entre eux dans la rue ou aux concerts, les straight edge arborent des signes distinctifs. Je me suis acheté des Nike Air Stab et j’arborais des croix sur mes mains du matin au soir. A l’origine, ces croix étaient tracées à l’entrée des bars américains sur les mains des mineurs pour indiquer au barman qu’ils n’étaient pas autorisés à boire de l’alcool.

En addition de tout ça, je ne vous raconte pas le nombre de T-shirts de groupes straight edge que j’ai dans ma penderie. En fait, après trois ans dans ce mouvement, je n’ai plus que des T-shirts en rapport avec ce mouvement.

Pour accompagner ces attributs superficiels, je faisais du prosélytisme auprès de ceux que je considérais comme des êtres en perdition et n’ayant seulement pour unique objectif la destruction de leur santé. Je les considérais comme des êtres stupides et nihilistes.

« La peine de mort pour ceux qui boivent »

Pour me convaincre davantage du fait que j’étais dans le droit chemin, j’écoutais un tas de groupes étiquetés straight edge qui écrivaient des chansons avec des idées plus ou moins radicales. Par exemple, pour mon fanzine, j’ai réalisé l’interview du bassiste d’un groupe qui s’appelle Let Down (Pennsylvanie, Etats-Unis) et il m’a dit « textuellement » que selon lui « il faudrait rétablir la peine de mort pour les gens qui boivent ».

Il y a aussi des groupes comme comme Project X avec leur chanson « Straight Edge Revenge » qui incite presque à la violence : « I’ll fuck you up as fast as the pill on your tongue » (je vais [te pourrir] aussi vite que la pilule sur ta langue).

A l’opposé, il y en a un autre qui s’apelle Good Clean Fun. Il s’agit d’un groupe à dimension « positive », comme l’indique plus ou moins son nom. Ils parlent aussi du Straight Edge mais de façon beaucoup moins agressive. Ils abordent également des notions de respect de la femme dans leur chanson « A Song for The Ladies » où ils fustigent les gros durs qui se comportent violemment pendant les concerts.

Enfin voilà, le Straight Edge était devenu un mode de vie dont j’étais particulièrement fier. Même s’ils n’en comprenaient pas complètement toute la signification, mes parents validaient aussi ce choix.

McDo et cuite, ça n’a jamais été mon truc

Je ne l’ai pas précisé, mais un peu avant être devenu straight edge, je me suis également converti au végétarisme où le seul aliment issu de l’exploitation animale que je consommais était le fromage sur les pizzas. Je suis toujours végétarien à forte tendance » vegan » (toujours cette histoire de fromage sur les pizzas).

Tout ça pour dire qu’au final en y regardant de plus près, je ne menais pas forcément une vie similaire à la plupart (pour ne pas dire tous) des jeunes de mon âge. La routine du week-end ou du jeudi soir de type « McDo + cuite », ça n’a jamais été vraiment mon truc. Et au final ce mode de vie m’a petit à petit isolé du reste du monde.

Ma vie sociale s’est réduite à ma copine et quelques copains de fac. La phrase que j’ai le plus entendue, c’est : « Je t’aurais bien invité à cette soirée, mais ça va être dans un petit appart et les gens vont boire et fumer, du coup tu ne vas pas apprécier. »

Le seul straight edge de ma ville

Le vrai problème, c’est que dans ma ville, j’étais le seul straight edge, du coup personne avec qui partager mon mode de vie. Si j’avais vécu à Paris, Toulouse ou Bordeaux où ils sont plus nombreux, j’aurais probablement mieux vécu cette expérience mais là c’était devenu plus pesant qu’autre chose.

C’est à ce moment que je me suis mis à prendre du recul sur le Straight Edge. A peser, le pour et le contre de mon mode de vie.

Je n’ai pas changé grand-chose

Toutefois, comme vous pourrez vous en douter, la prise de recul est allée assez vite. J’en avais vraiment plus qu’assez d’être isolé, du coup j’ai laissé tomber. Mais attention, je ne me suis pas mis à boire des litres d’alcool juste pour me re-sociabiliser, non à vrai dire je n’ai pas changé grand-chose, j’ai juste arrêté de clamer haut et fort mon appartenance au mouvement et j’ai aussi stoppé le prosélytisme.

Alors oui, depuis il m’est arrivé de boire une gorgée de bière pour goûter, mais pas plus, car au final je n’aime vraiment pas l’alcool.

Au début ça me faisait bizarre, j’avais l’impression de trahir toute une communauté en faisant ça. A vrai dire, en apprenant que j’avais « breaké » (le fait de ne plus être straight edge), certains membres de la communauté se sont mis à se moquer de moi, à me tourner en dérision, à me faire sentir coupable. J’avais du mal à accepter cette situation jusqu’au jour où je me suis dit que finalement, j’étais libre de faire ce que je voulais de ma vie et que je n’avais de compte à rendre à personne. Suite à mon éloignement du straight edge, j’ai peu à peu retrouvé une vie sociale « normale ».

Peut-on être jeune et ne pas boire ?

En conclusion, après quelques années de ce mode de vie sans tabac, sans alcool et sans sexe sans sentiments, je me dis que je ne regrette pas vraiment d’avoir été straight edge. Je me dis que cette façon de vivre m’a peut-être évité de devenir un mec qui se bourre la gueule tous les jeudis soirs et tous les week-end, comme un gros pourcentage des étudiants de 18-21 ans.

Ce mouvement m’a également permis de devenir un être positif et d’être d’avantage ouvert d’esprit. Pendant ces trois ans, je n’acceptais pas les gens qui buvaient des litres et des litres d’alcool ; aujourd’hui, je me dis que chacun est libre de faire ce qu’il veut de son corps dans la mesure où son mode de vie n’est pas néfaste à celle des autres.

Toutefois, une question persiste : peut-on être jeune (18-25 ans) et ne pas boire et fumer sans passer pour un casseur d’ambiance et quelqu’un d’ennuyeux ou alors doit-on se plier à ce qui est malheureusement devenu une norme ?

Un monde où les mots les plus durs ne sont rien d’autres que de la poésie qui s’écoule de notre bouche

Voici les paroles d’une chanson de 108 intitulée The Sad Truth – La triste vérité, tirée de l’album A New Beat from a Dead Heart (sorti en 2007, la chanson peut être écoutée ici).

Cela aide beaucoup à comprendre pourquoi le Krishnacore a pu se développer à la suite du Straight Edge : on a ici un texte très beau, tout à fait straight edge dans son esprit, et nullement « religieux. »

Il n’y a d’ailleurs qu’un petit passage « croyant » au sens strict (« Où l’on refuse de vivre seulement jusqu’à ce qu’il soit temps de mourir »), mais où on comprend que l’acceptation de la théorie de l’éternité de l’âme est là comme prétexte pour refuser la superficialité et la société de consommation.

Ces paroles sont très inspirantes et posent de vraies questions : comment aimer une personne en la reconnaissant telle quelle et sans vouloir la « posséder » ?

Comment refuser la violence de l’individualisme social ? Comment réfuter l’amertume et l’envie ?

Comment démolir l’ego sur-dimensionné que nous avons parce que la société nous a façonné ainsi ?

The Sad Truth – La triste vérité

I dream of a world where flags are nothing but cloth
and the only thing that matters is love, life and freedom.
Je rêve d’un monde où les drapeaux ne sont rien d’autres que du tissu
et la seule chose qui importe, c’est l’amour, la vie et la liberté.

Where the bottom line doesn’t determine life
and we aren’t defined by income bracket, a pretty house, faith, a lack thereof or a fucking degree.
Où la performance ne détermine pas la vie
et nous ne sont pas définis par tranche de revenu, une jolie maison, la foi, un manque de tout cela ou d’une connerie de diplôme.

Where we think before we act
and act before we critique.
Où nous pensons avant d’agir
et agissons avant de critiquer.

Where we think about who is next
and make it cleaner than how we found it.
Où l’on pense à qui passe après
et on le rend plus propre que dans l’état où on l’a trouvé.

Where we mean what we say and only say what we mean
and where ideals are meant to better ourselves and where we aren’t afraid to say I can’t.
Où l’on veut dire ce que l’on dit et on ne dit que ce que l’on pense
et où les idéaux sont là pour nous améliorer et où on a pas peur de dire que l’on ne peut pas.

Where sorry is a liberating word and thank you comes from the heart
and where we don’t just watch but we decide to act.
Où désolé est un mot qui libère et merci vient du cœur
et où on ne regarde pas mais décide d’agir.

Where we refuse to live only until its time to die.
where we refuse to live only until its time to die.
Où l’on refuse de vivre seulement jusqu’à ce qu’il soit temps de mourir.
Où l’on refuse de vivre seulement jusqu’à ce qu’il soit temps de mourir.

Where feelings and desires mean more than quotas,
expectations and disappointed stares.
Où les sentiments et les désirs veulent dire davantage que des quotas,
des attentes et des regards déçus.

Where we have a right to hurt, scream, cry, live, die
and sit in silence just because we fucking can.
Où nous avons le droit de faire du mal, de crier,de pleurer, de vivre, de mourir
et de s’asseoir en silence juste parce qu’on le peut vraiment.

I dream of a world where I can love you in spite of what keeps us apart
and where second best is as good as first or a millionth.
Je rêve d’un monde où je peux t’aimer en dépit de ce qui nous sépare
et où le deuxième meilleur est aussi bonne que le premier ou le 1/1000000.

Where we don’t over analyze every breathe or
under appreciate what our words mean to another.
Où nous ne sur-analysons pas toute respirations ou
sous-apprécions ce que nos mots signifient pour l’autre.

Where we find comfort in silence and a place of peace in all of the noise
and where everything that is thrown at us makes us better, stronger and more appreciative.
Où nous trouveons du réconfort dans le silence et un lieu de paix dans l’ensemble du bruit
et où tout ce qui est jeté vers nous nous rend meilleur, plus fort et plus sensible.

Where we celebrate life, death and all that comes in between.
where songs sing to us and a loved ones words make us dance.
Où nous célébrons la vie, la mort et tout ce qui vient entre les deux.
où les chansons chantent pour nous et les mots d’une personne aimée nous fait danser.

Where what we see in a mirror is a happy, satisfied and fulfilled individual
and where we feel bad about how we look at others and not just because of how others look at us.
Où ce que nous voyons dans un miroir est un individu heureux, satisfait et accompli
et où nous nous sentons mal de comment nous regardons les autres et pas seulement de comment les autres nous regardent.

I dream of a world where i can love you, where i can feel you and where i can know you
without having to own you, without having to hate you or without having to fuck you.
Je rêve d’un monde où je peux t’aimer, où je peux te ressentir et où je peux te connaître
sans avoir à te posséder, sans avoir à te haïr ou sans avoir à te baiser.

A world where i can love you, where i can feel you, where i can know you. know you without having to own you,
without having to hate you, without having to fuck you. without having to fuck you in more ways than one.
Je rêve d’un monde où je peux t’aimer, où je peux te ressentir et où je peux te connaître sans avoir à te posséder,
sans avoir à te haïr ou sans avoir à te baiser de plus de manières que d’une seule.

Without having to own you, without having to hate you, without having to fuck you in more ways than one.
Sans avoir à te posséder, sans avoir à te haïr ou sans avoir à te baiser de plus de manières que d’une seule.

Where a smile isn’t a rare gift and where sadness isn’t a curse
and where the two together make life worth living.
Où le sourire n’est pas un cadeau rare et où la tristesse n’est pas une malédiction
et où les deux ensemble font que la vie vaut la peine d’être vécue.

Where media doesn’t define friend or foe and doesn’t tell me how to look, how to feel, how to act and how to live.
Où les médias ne définissent pas qui est ami ou ennemi et ne me disent pas comment regarder, comment ressentir, comment agir et comment vivre.

Where a flower, a smile, a thought, a touch, a smell makes it all worth it
and the hardest words are nothing but poetry that spills from our mouth.
Où une fleur, un sourire, une pensée, un toucher, une odeur fait que tout cela en vaut la peine
et où les mots les plus durs ne sont rien d’autres que de la poésie qui s’écoule de notre bouche.

30 millions d’amis prétend-il promouvoir le véganisme ?

L’association 30 millions d’amis s’occupe des animaux de compagnie, de leur « défense. » Par conséquent , sa vision du monde n’est pas la même que la nôtre.

30 millions d’amis ne s’intéresse pas aux animaux subissant l’exploitation animale dans le cadre de l’industrie agro-alimentaire, et elle considère comme correcte l’existence d’animaux comme « objets de compagnie. »

L’association ne reconnaît pas de la valeur à la Nature en elle-même ; elle ne défend que certains animaux « sauvages », dans un cadre médiatique, ou afin d’apparaître comme un « intermédiaire », c’est-à-dire un vil serviteur des politiques de soumission de la Nature, comme dans le cas des pigeons dans les villes, où l’association ne lutte pas contre l’extermination des pigeons, mais simplement pour un aménagement avec des méthodes « douces. »

Voilà pourquoi on ne peut qu’être dégoûté de la prétention de cette association dans sa page spéciale présidentielles. Des questions ont été posées à toutes les personnes candidates aux présidentielles (qui répondent), questions que voici, avec un commentaire. A noter que nous avions de notre côté également fait une présentation des personnes candidates et de leur position par rapport à ce qui nous tient à coeur.

Régime juridique de l’animal

Afin de donner à l’animal un régime juridique cohérent tenant compte de sa nature d’être vivant et sensible, prendrez-vous la décision de retirer l’animal du droit des biens et de créer dans le Code civil, à côté des « Personnes » et des « Biens » une troisième catégorie pour les « Animaux » ?

Cette question est absurde et hypocrite. En effet, la définition juridique des animaux comme n’étant pas un « bien » ne changerait rien à la nature de la production d’animaux comme « biens » dans le cadre de l’exploitation animale…

Soit on abolit l’exploitation animale – et donc on brise le statut de « propriété » parce qu’en pratique il n’y a plus de production de « biens » étant une « propriété », soit on ne fait que jouer sur les mots !

L’association 30 millions d’amis ne faisant pas la promotion du véganisme, de la libération animale, la question est hypocrite et mensongère.

Trafics d’animaux de compagnie

Prendrez-vous la décision d’interdire l’importation en France d’animaux de compagnie ainsi que leur commercialisation dans les animaleries ? Prendrez-vous également la décision d’interdire les ventes d’animaux par petites annonces à défaut de pouvoir les contrôler strictement ?

Ici, l’association ment sur au moins deux points. Tout d’abord et déjà surtout, elle ne remet pas en cause le statut exploiteur qu’est celui d’animal « de compagnie. »

C’est d’ailleurs en contradiction avec le point précédent, puisque un « animal de compagnie » est par définition un « bien », une possession ! La philosophie de 30 millions d’amis est bien plutôt 30 millions de propriétaires (et donc d’exploiteurs) se voulant « sympathiques » et prétendant que l’animal serait « plus » qu’un « bien. »

Ensuite, ce que défend 30 millions d’amis ici, c’est l’exploitation traditionnelle. Les élevages modernes seraient corrects, pas les élevages artisanaux et barbares (des pays de l’Est). C’est tout à fait mensonger : il n’y a pas de « bons » éleveurs !

Expérimentation animale

Prendrez-vous la décision de promouvoir une politique volontariste de recherche, de validation et de mise en œuvre de techniques expérimentales n’utilisant pas l’animal comme modèle biologique ?

Ce à quoi on a droit ici est ridicule. Les personnes évitant les produits testés sur les animaux sont une infime minorité en France. Si 30 millions d’amis avait réellement mis en avant le boycott des produits testés, la situation serait totalement différente, de par l’ampleur médiatique et institutionnel de cette fondation !

Corrida

Vous engagerez-vous à demander l’annulation de l’inscription de la tauromachie au patrimoine culturel immatériel de la France ?

D’un point de vue législatif, prendrez-vous la décision de promulguer une loi visant à supprimer le troisième alinéa de l’article 521-1 du code pénal ? Si cet article puni sévèrement les sévices graves et les actes de cruauté envers les animaux, son alinéa 3 autorise les spectacles taurins avec mise à mort lorsque qu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Cette exception légale aux sévices graves, simple tolérance du législateur face à des pratiques d’un autre temps, légitime la mutilation de centaines de taureaux chaque année en France.

On a ici une importante problématique se posant dans le cadre de la lutte anti-corrida. Voir des personnes non véganes parlant de « pratiques d’un autre temps » laisse un arrière-goût d’amertume quand c’est dit par des personnes ne rejetant pas l’exploitation animale en général comme étant justement totalement dépassée…

Élevage, transport, abattage des animaux

Prendrez-vous la décision de promouvoir l’élevage des animaux de ferme sur le lieu où ils sont nés – évitant ainsi les transports vers d’autres pays pour engraissement – et la création d’abattoirs régionaux implantés à proximité des lieux de production ?

Prendrez-vous la décision d’en finir avec l’inacceptable mode d’élevage intensif et réorienter la production animale vers un élevage respectant les impératifs biologiques et comportementaux des animaux de ferme, conforme au désir des consommateurs de disposer de produits de qualité ?

Prendrez-vous la décision de modifier l’article R.214-70 du Code rural afin de rendre obligatoire l’étourdissement des animaux de ferme avant leur abattage sans exception pour l’abattage rituel ?

Aucun compromis ne peut et doit être fait avec des gens parlant du « désir des consommateurs de disposer de produits de qualité. »

Toute l’hypocrisie et le caractère anti-libération animale de 30 millions d’amis sautent ici aux yeux.

Fourrure

Vous engagerez-vous à interdire les élevages d’animaux pour leur fourrure en France ?

Prendrez-vous la décision de réglementer strictement l’étiquetage des fourrures en informant le consommateur sur quelle espèce elles ont été arrachées, leur provenance exacte, la méthode de mise à mort de l’animal et le nombre de spécimens sacrifiés pour réaliser la pièce portée ?

On a ici un discours moraliste honteux quand on voit le point précèdent.

Qui plus est, c’est contradictoire. En effet, au point précédent il était parlé du « désir des consommateurs de disposer de produits de qualité. » Or, il est bien connu que les personnes riches veulent de la fourrure de qualité… de quel droit leur interdirait-on cela, par conséquent, si on l’admet pour la « viande » ?

Et si l’on croit que ces personnes sont dérangées par la mise à mort d’animaux, on est bien naïf !

Chasse / Faune sauvage

Afin de donner à l’animal un régime juridique cohérent tenant compte de sa nature d’être vivant et sensible, prendrez-vous la décision de retirer l’animal du droit des biens et de créer dans le Code civil, à côté des « Personnes » et des « Biens » une troisième catégorie pour les « Animaux » ?

Ferez-vous évoluer notre législation afin que les articles R.654-1 et L.521-1 du Code pénal prennent enfin en considération tous les animaux sans distinction ?

C’est là que c’est « formidable » : la première partie de la question a déjà été posée précèdemment, seule la seconde change.

Or, c’est une manière de contourner les animaux prisonniers des élevages. 30 millions d’amis prétend ne pas faire de distinction entre les animaux :

en considération tous les animaux sans distinction

Seulement en pratique ce n’est pas le cas : il y a bien ceux de compagnie, ceux qu’on mange, et les autres !

Animaux de cirque

Prendrez-vous la décision de modifier l’arrêté du 18/03/2011 fixant les conditions de détention et d’utilisation des animaux vivants d’espèces non domestiques dans les établissements de spectacles itinérants afin qu’il s’engage, à l’instar des lois déjà en vigueur dans de nombreux pays européens, dans la voie de l’arrêt progressif de la détention d’animaux sauvages dans les cirques ?

Ici, 30 millions d’animaux se heurte à une contradiction interne flagrante. En effet, elle défend ici les animaux non domestiques, mais cela signifie que les cirques peuvent utiliser les animaux domestiques !

Et 30 millions d’amis ne peut rien dire, car c’est la base même de son identité !

Éducation

Prendrez-vous la décision d’instaurer une éducation au respect de la nature et à la connaissance de l’animal à tous les niveaux de l’enseignement et dans toutes les filières ?

La « connaissance de l’animal », voilà qui ne veut rien dire en général, surtout si cette connaissance part du point de vue anthropocentrique en particulier…

Pareil pour le « respect de la nature » : qu’est-ce que cela veut dire ?

Ce flou est très clairement une attaque contre la libération animale et la libération de la Terre.

Organisation des services administratifs

Donnerez-vous aux services ministériels chargés du bien-être animal ou de la préservation des espèces un rang administratif plus élevé que celui des « bureaux » actuels ?

Fournirez-vous à ces nouveaux services les moyens nécessaires en personnel comme en attribution budgétaire, afin de les rendre plus efficaces ?

De quoi parle-t-on ici ? Bien malin ou maligne celui ou celle qui pourra le dire. Bien-être animal ? La notion elle-même est floue, quant aux bureaux des ministères, c’est pareillement abstrait.

Quant à la solution « budgétaire », elle n’est que du vent, pareillement.

La question est celle de la culture, seule base pour une véritable révolution à grande échelle faisant que les valeurs de la libération animale et la libération de la Terre soient incontournables.

Sans cette culture, rien n’est possible…. et 30 millions d’amis est contre cette culture !

Le krsnacore : en célébration d’autrui

Nous avons à de nombreuses reprises parlé de la culture hardline, mais nous regrettons beaucoup de ne pas avoir parlé du Krishnacore (ou krsnacore). C’était un mouvement très particulier mais avec des facettes très intéressantes malgré les multiples contradictions en son sein.

Tout part avec l’hindouisme, qui a plusieurs dieux et dont chaque courant en vénère un plus particulièrement. Le mouvement des « vaishnavites » vénèrent ainsi Vishnou, divinité hindou dont un « avatar » est Krishna, un jeune bouvier tout bleu et symbole de l’amour universel.

Le mouvement connu sous le nom de « Hare Krsna » a été initié par un indien parti aux États-Unis dans les années 1960. Le véritable nom est « Association internationale pour la conscience de Krishna » (dont l’acronyme anglais est ISKCON), qui a eu un succès important dans les pays occidentaux, notamment dans les milieux artistiques (les Beatles par exemple), hippie, etc.

Cependant, il ne s’agit pas exactement d’hindouisme, car le culte de krishna (krishnaisme, krsnaisme) est en fait ici un véritable monothéisme. La démarche consiste surtout en une critique complète du monde moderne et il y a un repli intellectuel complet sur soi-même (symbolisé par un « mantra » quasi lavage de cerveau : Hare Kŗşņa Hare Kŗşņa, Kŗşņa Kŗşņa Hare Hare, Hare Rāma Hare Rāma, Rāma Rāma Hare Hare).

C’est en fait l’éthique de vie des non-moines qui a eu un succès : les drogues sont rejetées, le végétarisme et la compassion sont mis en avant, la violence est rejetée, etc.

C’est là que justement que commence l’histoire du Krsnacore. Tout part en fait de New York, où une personne du nom de Larry Pugliese, avait fondé une communauté Hare Krsna dans le New Jersey qui distribuait gratuitement de la nourriture et était lié à la scène punk et skinhead de New York.

Il faut voir un contraste saisissant entre une scène new yorkaise ultra-violente et des hare krsna pacifistes. Paradoxalement d’ailleurs, c’est le groupe « Cro Mags » qui sera immédiatement influencé ; John « Bloodclot » Joseph, à l’origine du groupe, voulait rejoindre les commandos dans l’armée, mais assister à un concert des Bad Brains l’amena indirectement à rejoindre les Hare Krsna !

Le premier album des Cro Mags s’appelle ainsi symboliquement « Age of Quarrel » (1986), une allusion au Kali Yuga, le dernier « cycle temporel » hindou caractérisé par la destruction, le chaos, la violence, la guerre, etc.

Car justement les Cro-Mags c’est une ouverture revendiquée au trash metal, à la danse violente, à l’attitude viriliste, etc., dans l’esprit (insupportable) du « New York hardcore. »

A côté de cela, on a néanmoins un groupe plus connu pour relever directement de ce qu’on appelé le Krsnacore : Shelter. C’est ce groupe qui a d’ailleurs donné une « légitimité » au krsnacore.

La raison en est Ray Cappo. C’était le chanteur de Youth of Today, principal groupe donnant naissance (ou renaissance plutôt) à la culture straight edge, mettant le désengagement au cœur du principe.

Ray Cappo, qui prit le nom de «  Raghunatha Das », fonda par la suite le groupe (très intéressant par ailleurs) de hardcore « Better than a thousand », mais aussi Shelter. Dans ce projet il fut aidé par un autre membre de Youth of Today, John ‘Porcell’ Porcelly.

Avec Shelter, on est là dans une perspective missionnaire : Shelter signifie « refuge » en anglais, c’est un terme du vocabulaire utilisé par les Hare Krsna pour mettre en avant leur culte comme un « abri. »

Les albums sont lents, c’est une sorte de hardcore mélodique underground, avec des textes appelant à rejeter la superficialité (comme Youth of Today) mais aussi à trouver la solution dans le mouvement Hare Krsna.

Après ces premiers albums – Perfection Of Desire en 1990, Quest For Certainty en 1992, Attaining The Supreme en 1993 – suivit une compilation de chants dévotionnels.

Par la renommée de Youth of Today, ce qui devait s’appeler le « krnsacore » attira l’attention, avec notamment une interview de Ray Cappo en 1992 dans le journal américain Maximum Rock’n’Roll, interview marquée par une tonalité très critique par rapport aux Hare Krsna.

Arriva alors en 1995 un album très tourné pop : Mantra, très réussi et qui a eu un grand succès commercial ; c’est lui qui a vraiment rendu célèbre le Krsnacore.

Shelter tenta de prolonger le mouvement avec un autre album encore plus pop (Beyond Planet Earth en 1997) puis une série d’albums outrageusement pops et mauvais. L’échec complet aboutira à ce que Ray Cappo devienne professeur de Yoga et… refonde Youth of Today.

Ce fut la fin du Krsnacore, en apparence seulement. Car d’autres groupes ont existé et continuent d’exister, dans une démarche critique de la société et sans volonté commerciale ou « missionnaire » à la Shelter.

C’est là un aspect très intéressant du Krsnacore qui s’est perpétué, bien qu’en fait de hardcore cela est plus tourné soit vers le punk hardcore, soit le métal. Car le style Krsnacore est incompatible avec la logique Hare Krsna, qui rejette le monde moderne comme « décadent », dans une approche ultra-réactionnaire.

Le style Krsnacore est ainsi une démarche à la fois délirante et esthétique pour critiquer le monde, un peu comme le hardline a pu l’être. Le titre de zines est souvent révélateur de cette quête utopiste, avec le meilleur et le pire se côtoyant, comme Krishna Grrrl (allusion au mouvement féministe des riot grrrl), Anti-Matter (anti-matière) War on Illusion (Guerre à l’illusion).

L’esprit est néanmoins toujours à l’engagement, c’est toujours offensif dans le… désengagement, comme le montre le texte de l’excellent groupe polonais (de Varsovie) Agni Hotra :

Le couteau du boucher

Quand je regarde fermes et boucheries

où les animaux sont alignés pour être massacrés où les corps

des victimes tourmentées qui sont amenées passent les foules

qui ne montrent pas de honte ou de dégoût face aux transports

des vaches hurlantes

je regrette que nous soyons si peu dans le monde à vouloir changer cela

Qu’aucun carnivore ne compte sur mon acceptation

Manger des aliments en viande, je considère cela comme une erreur

C’est difficile pour moi de trouver de la tolérance dans mon cœur

Quand il y a la vie et la souffrance des animaux en jeu

Jusqu’à présent ce n’est que du boycott, pas encore la révolution

Mais nous ferons tout ce qui est notre pouvoir pour que les couteaux des bouchers

soient laissés à la rouille

Liberté pour les animaux !

Comme on le voit facilement ici, on a un esprit très proche de la culture vegan straight edge ; le mouvement du krsnacore ne se considère d’ailleurs nullement comme concurrent ou ennemi de celle-ci. John « Bloodclot » Joseph, des Cro Mags, est par exemple vegan.

Et le krsnacore, la tentative commerciale de Shelter mise à part, est devenu un mouvement underground de critique radicale de la société, notamment dans les pays de l’Est de l’Europe.

Cela ne veut pas dire que la force des premiers albums de Shelter ne reposait pas sur le même principe, comme en témoignent les paroles d’une chanson connue, Civilized Man :

« Ici il y a une guerre dans la journée et pas de paix la nuit
Il y a du sang sur les mains de l’homme et pourtant nous n’avons pas de compassion pour lui
Les mangeurs de viande tuent les vaches qu’ils dépersonnalisent pour justifier
Leur propre convoitise alors que le sans défense meurt
Et il est ironique de constater la façon avec laquelle nous pleurons pour la paix dans le monde
Alors que la violence ne diminuera pas à moins que ne cessent nos meurtres
Donc, comprends dans l’abattoir qui est la bête
Et je demande que l’innocent soit libéré
Eh bien, j’ai essayé de mon mieux
J’ai essayé de comprendre
L’homme civilisé, le prétendu homme civilisé
Oui j’ai essayé de mon mieux
Mais qui peut comprendre
L’homme civilisé ? »

Le reste de la chanson critique les grands groupes agro-alimentaires, la destruction de la Nature et le rôle des médias.

Un autre groupe, peut-être le plus connu du krsnacore est « 108. » Ce groupe a été fondé sur les ruines du groupe straight edge « Inside out » (dont était membre celui qui sera juste après le chanteur des excellents Rage Against the Machine), par l’intermédiaire du guitariste Vic De Cara (passé lui-même par Shelter, comme beaucoup d’autres, par exemple des ex Youth of Today, des Cro Mags, etc.).

Une multitude d’autres groupes, plus éphémères, existèrent, avec toujours la contradiction culture punk straight edge engagé / engagement religieux sectaire sur une base conservatrice. Parmi ces groupes qui n’ont pas duré, Baby Gopal est un de ceux qui ont marqué.

D’autres eurent une activité plus prolongée, comme le groupe suédois Abhinanda, le groupe argentin Sudarshana, le groupe tchèque Kashmir ou bien en Italie le Govinda Hardcore Project. Le groupe hongrois Tisztán a cél felé a pratiqué durant toutes les années 2000 un punk hardcore vraiment très efficace également.

Dans tous les cas, on retrouve toujours de larges ponts à la culture vegan straight edge, du positive hardcore.

Bien entendu, tout cela est critiquable : pourquoi mettre en avant les Hare Krsna et leur religiosité sectaire ? Eh bien, la réponse est simple : parce que le krsnacore n’est pas individualiste.

Le krsnacore et le hardline rejettent la mise en avant démesurée de l’ego pratiqué par le nihilisme punk ou l’anarcho-punk. Ils mettent en avant l’ensemble plutôt que l’individu, ils refusent l’égocentrisme et veulent souligner qu’il faut dire que quelque chose est bien.

A ce niveau, le krsnacore est vraiment quelque chose d’intéressant, et voici pour finir les paroles de la chanson de Shelter « In praise of others », qui retranscrit cela :

Well, it’s hard to glorify others due to my
Intense pride

Eh bien, il est difficile de célébrer les autres à cause de mon
intense fierté

Even amongst friends you’ll find I sit and criticize
That’s what I do best, it’s how I forget my actual size

Même entre amis, vous verrez je suis assis et je critique
C’est ce que je fais de mieux, c’est la façon dont j’ai oublié ma taille réelle

A leash that ties me to this world
Yeah, a wicked mind brought me to this world, Lord, please help me move forward
I’ve been guilty so long, I know that I’m wrong, please
help me sing this song in praise of others
in praise of others
in praise of others
in praise of others

Une laisse qui me lie à ce monde
Ouais, un esprit méchant m’a amené à ce monde, Seigneur, s’il te plaît aide-moi à aller de l’avant
J’ai été coupable si longtemps, je sais que je me trompe, s’il te plaît
Aide moi à chanter cette chanson en célébration d’autrui
En célébration d’autrui
En célébration d’autrui
En célébration d’autrui

Can I glorify others, my sisters or my brothers or anyone else?
Each fault that I find in you I find tenfold in myself

Puis-je glorifier les autres, mes sœurs ou mes frères ou toute autre personne?
Chaque défaut que je trouve en toi je le trouve décuplé en moi-même

Envy, a disease, it’s inside of me
But I’m the loser in the end

La jalousie, une maladie, c’est à l’intérieur de moi
Mais je suis le grand perdant de la fin

Yeah, a wicked mind brought me to this world, Lord, please help me move forward
I’ve been guilty so long, I know that I’m wrong, please help me sing this song in praise of others
In praise of others
In praise of others
In praise

Ouais, un esprit méchant m’a amené à ce monde, Seigneur, s’il te plaît aide-moi à aller de l’avant
J’ai été coupable si longtemps, je sais que je me trompe, s’il te plaît
Aide moi à chanter cette chanson en célébration d’autrui
En célébration d’autrui
En célébration d’autrui
En célébration

Hey
I should have blamed myself
Instead of everyone else


J’aurais dû me blâmer
Au lieu de tous les autres

But God forbid they find fault with me, we’re instant enemies
How dare I see myself honestly as others may see

Mais Dieu ne plaise, s’ils trouvent à redire avec moi, nous sommes des ennemis instantanés
Comment oserais-je me voir honnêtement comme d’autres peuvent le voir

A proud fool, I turn away, won’t hear what they say, it might benefit me
But I remain tied in this net of pride but I wanna be free

Un imbécile fier, je me détourne, ne veut pas entendre ce qu’ils disent, cela pourrait m’être utile
Mais je reste attaché à ce filet de fierté, mais je veux être libre

Yeah, a wicked mind brought me to this world, Lord, please help me move forward
I’ve been guilty so long, I know that I’m wrong, please help me sing this song in praise of others
In praise of others
In praise of others
In praise
Praise of others

Ouais, un esprit méchant m’a amené à ce monde, Seigneur, s’il te plaît aide-moi à aller de l’avant
J’ai été coupable si longtemps, je sais que je me trompe, s’il te plaît
Aide moi à chanter cette chanson en célébration d’autrui
En célébration d’autrui
En célébration d’autrui
En célébration
Célébration d’autrui

Les tapis comme litière pour rongeurs, une fausse bonne idée

Quand on adopte des rongeurs, se pose la question du choix de leur litière.

La litière de copeaux de bois, très répandue dans les commerces et très peu chère, est une litière toxique à cause de la poussière engendrée, mais surtout à cause des phénols que cette litière dégage avec l’urine des rongeurs.

Quiconque vit avec des rongeurs connaît cet aspect et refuse donc l’utilisation de copeaux dans les cages des rongeurs, car ceux-ci leur provoque des problèmes pouvant entraîner de très graves maladies respiratoires, voire la mort de l’animal.

Comme solutions alternatives, il y a les rafles de maïs, peu poussiéreuses mais fort désagréables pour les pattes des rongeurs, à cause de la dureté et de l’inconfort de ces petites « billes », ou encore le lin ou le chanvre qui sont très absorbants et agréables pour les pieds des rongeurs (Zooplus propose par exemple des sacs de chanvre bio à des tarifs très intéressants, parfaits donc pour les cochons d’Inde par exemple).

Il existe encore une alternative assez répandue chez les ratouphiles : le « Drybed »  ou autre tapis de sous-marque. A l’origine c’est un tapis pour les chiens, très épais, douillet et retenant la chaleur corporelle.

Le tapis est composé de fibres synthétiques, il est drainant et est découpable selon les dimensions souhaitées.

Pour des raisons d’hygiène, il faut en avoir plusieurs exemplaires sous la main et le nettoyer au bout de quelques jours. Ce qui fait que c’est un produit assez peu économique en terme du nombre de machine à laver hebdomadaire à faire pour laver ce tapis.

Outre cet aspect anti-écologique, comme le montre la photo ci-dessous, ces tapis donnent un côté maison de poupée et très propret qui séduit nombre de ratouphiles. Avec ces tapis, la litière ne vole pas partout en dehors de la cage et la cage devient en pratique plus un élément décoratif avec toutes les variétés de couleurs de ces tapis, que quelque chose de fonctionnel.

Or, les rats bruns (Rattus norvegicus) sont des animaux creusant des galeries et vivant dans des terriers. Les rats adorent ainsi fouiller leur litière et faire des collines dans leurs cages comme bon leur semble.

Et malheureusement ce genre de tapis empêche ce comportement naturel de fouillage, grattage, d’amoncellement et de creusement, comme illustré sur la photo ci-dessous.

Ces tapis sont par contre très utiles dans une cage de quarantaine ou d’isolement, pour un animal avec une blessure ouverte où de petits bouts de litière ne doivent pas renter dans la plaie, au risque d’infection.

Ou bien, comme le montre l’exemple dessous, pour faire un petit matelas douillet sur un étage, une plate-forme, ou pour mettre dans les maisons où les rats dorment.

Avec des animaux comme les cochons d’inde, qui ne creusent pas de tunnels, le Drybed et autres similarités peuvent s’avérer « utilisables », à ceci près qu’il faut les nettoyer tous les jours car les crottes ne « disparaissent » pas au fond de la litière (puisqu’il n’y en a pas!), qu’il faut en plus placer une serviette éponge sous le tapis afin d’absorber l’urine, et enfin qu’il faut les laver à fond tous les 3 jours environ.

Mais utiliser ces tapis avec des animaux qui creusent, comme les rats ou les hamsters, leur imposer ce sol plat et non malléable, amène de la frustration pour l’animal et est une preuve de non-respect de sa nature même d’animal fouisseur.

Les raisons pratiques/esthétiques ne doivent pas prendre le dessus sur les besoins basiques des animaux! Les humains doivent cesser de se dénaturer et de dénaturer la vie!

Les pigeons de la place Saint-Marc

Hier, nous parlions de Venise et de ses chats, alors n’oublions pas de parler des pigeons de la place Saint-Marc. C’est l’une des places les plus connues du monde, elle est assez grande aussi (175 mètres de long et 82 de large) et la grande tradition touristique était d’y nourrir les pigeons.

Sur la place, on avait ainsi des vendeurs de graines, et la tradition voulait que les touristes, surtout les enfants, distribuent la nourriture aux pigeons, qui sont nombreux : 130 000 dans la zone de la place !

Cette tradition semblait incontournable et indestructible, mais la tendance à la destruction l’emporte. La ville de Venise a tout d’abord fait passer une loi en 1997 considérant le fait de nourrir les pigeons comme un crime passable de 500 euros (en France également c’est interdit et il est courant que d’imprudents amis des oiseaux se fassent intercepter par la police!).

Puis, en 2008, les 18 personnes revendant des graines ont dû plier bagages. C’est la fin d’une tradition réputée et mondialement connu, c’est une interdiction qui choque quiconque connaît la tradition du voyage à Venise.

Il faut dire qu’il y avait une contradiction flagrante. Car ce qui se passait à Venise était très étonnant, ou plutôt très parlant de la schizophrénie humaine dont nous parlons régulièrement.

D’un côté, les pigeons sont mal aimés voire considérés comme des monstres à anéantir sans pitié, des « rats sur patte » comme le formule les partisans de l’extermination. De l’autre côté, les gens aiment les animaux et sont en admiration devant les pigeons de la place Saint-Marc…

Quelle contradiction que ces humains qui au quotidien méprisent les pigeons, mais ne conçoivent pas un passage à la place Saint-Marc de Venise sans voir leurs enfants entourés de pigeons !

Un voyage à Venise allait en effet avec ces photographies de pigeons sur les bras, alors que dans le même temps dans les villes le fait de toucher un pigeon est interprété comme aussi dangereux que la peste ! Sans parler de la fascination irrationnelle et malsaine des parents ébahis par leurs enfants pourchassant des pigeons…

C’est un grand dommage que la tradition vénitienne de la place Saint-Marc ait disparu (on peut voir ici une photographie à 360° pour voir à quoi cela ressemblait).

Mais revendiquer qu’elle revienne peut être un bon exemple de culture végane, pour bien montrer que le véganisme n’est pas une absurdité, mais bien la seule chose logique pour les humains qui ne veulent pas être dénaturés.

Venise sans pigeons à aimer, ce n’est plus Venise, et c’est d’ailleurs vrai pour toutes les villes, qui doivent abandonner leur prétention de domination et n’exister qu’en accord avec la Nature !

Les chats de Venise

On connaît la ville de Venise comme ville des amoureux, eh bien il faut aussi la connaître pour son amour des chats. Il y a 2000 chats sauvages à Venise, protégés par la population et considérés comme relevant du patrimoine national italien, pas moins !

Interdiction par conséquent de s’en procurer un, d’en « acheter » un, ce qui est un intéressant rapport établi entre les humains et les animaux ici, avec des « mamme dei gatti » (mères des chats) qui viennent les nourrir.

Même si, comme pour le chien ou les vaches en Inde, c’est un rapport d’utilité qui a amené ce rapport aux animaux. Ainsi, à partir du 13ème siècle, les assureurs de Venise exigent que les transports de denrées et de tissus par navire aient à chaque fois des chats avec eux…

La ville elle-même s’est procurée plein de chats pour les rongeurs, ce qui a donné naissance au type de chat « soriano », le nom voulant dire « syrien », en raison de ses origines. En vénitien, on l’appelle le suriàn.

La République de Venise avait donc besoin des chats et les vénérait, mais l’effondrement de la République amena la perte de leur statut pour les chats. Leur situation devint de plus en plus mauvaise, même si certains devinrent célèbres, comme Nini.

Nini habitait au Caffe dei Frari, mais devint une personnalité locale, et même internationale au point que le café tenait un livre d’or pour Nini, signé par exemple par le roi d’Italie, le Tsar de Russie, le pape Léon XIII…

Le café existe toujours et au mur, on peut voir une représentation de Nini.

Néanmoins, tous les chats n’avaient pas le privilège de servir la jet set et les touristes, et leur situation ne cessa de se dégrader. C’est alors qu’une anglaise, Helena Sanders, monta avec la vénitienne Gina Scarpabolla une association d’aide aux animaux, appelée Dingo (du nom du premier animal sauvé, un chien) et fondée en 1969.

En 1989, la ville reconnut la valeur de l’association et a fourni une petite île comme terrain servant de refuge pour les chats. Cependant, le refuge a dû déménager et il se situe désormais à Malamocco (Lido), et on peut le visiter.

Dingo organise également les stérilisations pour éviter la surpopulation, ce qui fait qu’il y a beaucoup moins de chats qu’il y a 40 ans à Venise.

Cependant, si Dingo s’occupe de 500 chats et trouve un foyer à 200 d’entre eux par an, il y en a encore sans doute au moins 2000 dans la partie moderne de la ville. Dingo mène un travail en ce sens et effectue de nombreuses campagnes, notamment en direction des écoles, rendant l’association incontournable à Venise.

C’est un très intéressant exemple pour nous qui voulons nous ouvrir à la Nature et établir un rapport positif aux animaux; il y a certainement beaucoup à apprendre, vue l’importance qu’ont déjà les chats dans les sociétés humaines.