Chasse au canard en plein Strasbourg

C’est une information du type « fait-divers » qui a été diffusé sur de nombreux médias, comme par exemple RTL.

Strasbourg : un SDF condamné pour avoir tiré sur un canard

Un jeune SDF de 23 ans a été condamné à 400 euros d’amende pour avoir braconné un canard avec sa carabine à plombs en plein centre de Strasbourg.

Un sans-domicile fixe de 23 ans a été condamné lundi 7 avril à payer 400 euros d’amende pour avoir braconné un canard avec une carabine à plombs à Strasbourg. Dimanche vers 22H00, le prévenu a été interpellé par des policiers dans le quartier touristique de la Petite-France, alors qu’il tentait de repêcher dans l’eau le volatile qu’il venait d’abattre.

Après avoir passé la nuit en garde à vue, le prévenu a été présenté lundi au parquet afin d’être jugé en comparution immédiate pour avoir « chassé de nuit sur le terrain d’autrui avec un moyen prohibé ». A la barre, l’homme a reconnu les faits, expliquant au juge qu’il avait voulu tuer l’animal afin « de le manger ».

Ce sont en fait Les dernières nouvelles d’Alsace qui ont diffusé l’information ; sur le site du journal, on peut lire un commentaire ô combien révélateur de la mentalité social-darwiniste qui prévaut…

Braconnage…
Oui, c’est interdit…
Quid de la surpopulation des cygnes ? Un couple de cygnes, c’est joli; 200 à 300 cygnes à Rivetoile, nourris par des « amis » des animaux, sacs de pain jetés dans l’eau, cela va poser un problème que nos édiles devront résoudre rapidement; D’un point de vue sanitaire, ce ne sont que des rats avec de jolies plumes…. Grippes aviaire et autres parasitoses en route ?

La haine envers les oiseaux, telle qu’elle prédomine dans les villes, est terrifiante. Son ampleur est gigantesque. Et le compte-rendu du procès est significatif.

Il ne s’agit pas ici de traiter la question du SDF, dont la situation de précarité amène à des moments terribles. Mais il faut voir ce que l’Etat lui a reproché, car là c’est stupéfiant d’anthropocentrisme.

Il n’a pas été reproché le meurtre d’un oiseau, absolument pas ! Il a été reproché l’utilisation illégale d’une arme, ainsi que l’utilisation à un endroit inapproprié.

Le juge l’a donc condamné pour braconnage, tout simplement. Le pauvre canard a littéralement disparu, il n’existe pas aux yeux du juge, aux yeux de la ville de Strasbourg. Seule l’action humaine a compté, le reste de la réalité a été niée.

Le SDF a été jugé non pas pour son rapport au canard, un rapport criminel indéniablement à nos yeux, non : il a été jugé en raison de son rapport avec le reste de la société humaine.

Comme si la dite société était coupée de la Nature, séparée comme par une muraille de Chine. En fait, ce qui est reproché au SDF, c’est aussi d’avoir franchi la frontière, de « mélanger » la société humaine avec la Nature en révélant la présence de la Nature dans la ville.

On ne chasse pas en ville, car ce serait « inapproprié », au nom d’un certain niveau de la civilisation. Seulement comme la barbarie revient en force, le cadre explose, et ce SDF a porté quelque chose qui le dépasse : il s’est cru permis individuellement ce que la société pratique à grande échelle, mais dans une dimension industrielle…

En fait, toutes les maltraitances à l’encontre des animaux reflète l’idéologie dominante. Ce sont des « ratés » inévitables, car l’exploitation animale n’est pas conforme au principe de civilisation. C’est un principe barbare, et forcément dans des situations « particulières », le visage de la barbarie réapparaît ouvertement.

Shiva et Nandi

Les religions nées en Inde sont marquées par un rapport particulier aux animaux, avec d’un côté un certain pacifisme, de l’autre des mysticismes liés aux traditions locales et ancestrales. Comme toutes les religions, il s’agit de cultes inventés par les humains, dans leur tentative de comprendre leur rapport avec la Nature.

Voici un exemple intéressant avec le dieu Shiva (ou Siva, si l’on compte que le « s » se prononce « ch »). Il est le fruit de différents mélanges de différents cultes. Et il est présenté comme ayant un rapport avec tous les animaux.

L’univers de Siva est par excellence celui du monde animal. Ce dieu terrible habite les espaces sauvages ; ses parures, ses attributs, son entourage rappellent cet univers qui lui est familier, celui de la forêt peuplée d’animaux dangereux.

Siva se pare de serpents, se vêt d’une peau de tigre et erre en compagnie de troupes malfaisantes. Siva est aussi appelé le « maître du bétail », Pasupati, mais derrière ce nom se dissimule le maître des êtres vivants, le berger guidant son troupeau sur la voie du salut. (…)

Les spéculations les plus anciennes sur pasu et Pasupati semblent se trouvent dans le Satapathabrahmana. Il y a tout d’abord un lien entre cinq animaux (homme, cheval, taureau, bélier et bouc) qui sont appelés Pasu car Prajapati voit (« pas ») Agni qui s’est dissimulé en eux.

Dans un autre passage, Pasupati est identifié aux herbes médicinales (osadhi) pour des raisons qui ne sont pas claires, mais l’explication du nom est que le bétail (pasu) devient puissant (patiy-) lorsqu’il mange des herbes. (…)

L’un des rappels les plus frappants du lien que Siva entretient avec le monde de la forêt se trouve dans la chasse (mrgayatra, vanayatra), une des cérémonies de la grande fête du temple.

Cette chasse simulée se déroule dans la forêt avec hommes en armes, animaux de combat (éléphants ou chevaux) et une image de Sica (Tripurantaka, ou Kiratarjuna). Le Rauravagama précise que : « Cherchant la mort des bêtes sauvages, la forme terrible apporte la terreur. Lors de cette chasse, toute créature, – bête ou homme – si elle est tuée, atteindra l’union avec Siva. »

Ce Siva, à la fois terrifiant et magnanime, rappelle que le Pasupati auquel on sacrifiait une victime pour le bien de la communauté mais également celui à qui s’offrent ses dévots pour s’assurer individuellement leur salut. (…)

Siva porte, s’il est vêtu, une peau de bête qui est bien souvent une peau de tigre, mais qui peut aussi être une peau d’éléphant, d’antilope, voire de lion. (…)

Le taureau, Vrsa ou Vrsabha, souvent appelé Nandin (« Réjouissant »), est l’animal le plus présent auprès de Siva : littéralement couché à ses pieds on le voit dans tous les temples de Siva devant la porte de la cella [la partie fermée]. (…) Si le Taureau est le seul animal de l’entourage de Siva à être toujours présent dans un temple sivaïte, c’est aussi le seul à être l’objet d’un culte.

Ce dernier ne se limite pas aux hommages rendus à la statue installée en face de la porte de la cella de Siva. Le Taureau est aussi figuré sur l’étendard du dieu levé lors de la grande fête annuelle du temple de Siva : ce lever de drapeau (dhvajarohana) constitue une fête à part entière qui marque le début de celle consacrée à Siva.

Que l’achèvement de la fête du dieu soit marqué par l’affalement de ce drapeau identifié par Vrsa souligne bien le caractère indispensable de la présence de ce dernier. (…)

Siva est devenu le Maître et le Sauveur d’un troupeau d’âmes liées par la souillure. Cette mutation ne l’a pas éloigné de son entourage animal initial : Vrsa, le taureau est pour lui beaucoup plus qu’une simple monture, des gazelles écoutent son enseignement, des serpents ou une peau de tigre accentuent son aspect terrible.

Lui-même prend la forme de l’oiseau-lion Sarabha, quand il s’agit d’affirmer la suprématie de sa doctrine sur celle de Visnu. (Le bestiaire de Siva : de Pasupati à Sarabha, article de l’ouvrage « Penser, dire et représenter l’animal dans le monde indien », paru en 2009)

Les termes « nuisible » et « dérégulateur »

Juste avant le changement de gouvernement, il y a eu la présentation à l’Assemblée nationale d’un projet de loi « relatif à la biodiversité ». C’est un document qui sera en débat dans quelques mois, et vraisemblablement accepté tel quel, car il consiste en fait en une « modernisation » de l’anthropocentrisme.

La crise écologique étant ce qu’elle est, il faut bien « faire semblant », et également modifier les approches juridiques afin d’être en mesure de prendre des mesures de protection de la « biodiversité », terme désignant les intérêts économiques que peut apporter la Nature au capitalisme.

C’est en quelque sorte l’application de l’adage « pour que rien ne change, tout doit changer ». Parmi les modifications, on trouve comme expliqué ici l’abandon du terme de « nuisible », au profit de celui de « dérégulateur », c’est-à-dire d’animal posant problème à la « gestion » humaine de la « biodiversité ».

Le projet de loi entend substituer « la notion d’espèce déprédatrice à celle d’espèce nuisible et malfaisante ».

En pratique bien entendu, rien ne change dans le statut juridique de ces « nuisibles », qui sont toujours considérées comme devant être génocidés, ni plus ni moins…

Bref, l’approche dominante reste anthropocentrée, mais la différence est que, désormais, elle prétend ne plus l’être…

L’article 1er a pour objectif de renouveler les concepts et le vocabulaire présents au début du code de l’environnement pour en conforter la portée au regard des nouvelles connaissances et des évolutions sociétales. Il s’agit ici de donner une vision complète de la biodiversité, intégrant l’ensemble des êtres vivants, et d’en donner une vision moins figée et mettant en avant son caractère dynamique.

L’article conforte l’importance de cette dynamique, dans un contexte de changement global, où la disparition des services rendus par la biodiversité (alimentation, énergie, atténuation de phénomènes naturels ,…) est susceptible de porter atteinte aux activités humaines et où la capacité d’évolution des écosystèmes et essentielle à leur fonctionnement. (…)

L’article 60 propose de modifier par voie d’ordonnance les codes de l’environnement et du code général des collectivités territoriales pour mieux clarifier la notion de « nuisibles » et la remplacer par des termes plus adaptés.

Le terme « nuisible », hérité de l’ancien code rural et employé dans le code de l’environnement est effectivement une version très anthropocentrée autour de certaines formes de la biodiversité et nie la place dans les dynamiques écologiques de toutes les espèces.

Elle tend à faire ainsi de l’élimination de certaines espèces un but absolu au mépris de leur participation à certains cycles biologiques ou au principe général de conservation d’une réelle biodiversité. Au contraire, les pratiques actuelles visent à procéder à des régulations de populations sur la base des dégâts réellement occasionnés et des dynamiques propres des espèces concernées.

Il est donc proposé de modifier le terme de « nuisibles et malfaisants » en le remplaçant par le terme de « déprédateurs », terme posant la question de leurs dégâts et non de leur simple existence dans l’écosystème.

En outre le terme « nuisible » est employé dans deux acceptions différentes dans deux dispositifs distincts (éventuellement complémentaires) portés respectivement par l’article L. 427-6 qui concerne les opérations de destruction (ou « régulation » administratives) ordonnées par le préfet, réalisées sous la supervision des lieutenants de louveterie, et ce quel que soit le statut de l’espèce (y compris espèce protégées au titre des articles L. 411-1 et L. 411-2 du code de l’environnement), pour des spécimens provoquant des nuisances ou des dégâts, et par l’article L. 427-8 qui pose les bases d’un système de destruction d’espèces classées juridiquement comme nuisibles (et qui ne sont donc pas des espèces protégées), qu’elles soient exotiques envahissantes, ou indigènes. L’ordonnance procèdera à cette distinction.
(…)
Article 60
Dans les conditions prévues par l’article 38 de la Constitution, le Gouvernement est autorisé à modifier par ordonnance le code de l’environnement afin de substituer, au chapitre II du titre II du livre Ier de la deuxième partie du code général des collectivités territoriales et au titre II du livre IV du code de l’environnement, la notion d’espèce déprédatrice à celle d’espèce nuisible et malfaisante et préciser les dispositions relatives à la destruction des spécimens de ces espèces.
L’ordonnance doit être prise dans un délai de six mois suivant la publication de la présente loi.

Un projet de loi de ratification est déposé devant le Parlement dans un délai de trois mois à compter de la publication de l’ordonnance.

Kurt Cobain, le gâchis

Les médias ont tous parlé de la mort dramatique de Kurt Cobain, afin de le récupérer toujours davantage, lui qui paradoxalement a été la victime de sa propre capitulation devant le succès. On ne peut en effet pas rester authentique et participer de plein pied à une société capitaliste qui célèbre l’individualisme et l’esprit d’arnaque.

Il faut crucifier sa dignité pour faire carrière, il faut faire des compromis qui deviennent des trahisons. C’est cela qui amène la drogue chez nombre d’artistes, et non pas le contraire : ce n’est pas la drogue qui permet aux artistes d’être inspiré !

Malheureusement, cette idéologie de la drogue qui « inspire », qui permet de « créer », etc. a largement conquis la jeunesse, et cela depuis longtemps. Chaque génération reprend le flambeau et assume l’ivresse et les drogues comme « paradis artificiels ».

Kurt Cobain était quelqu’un de progressiste, qui refusait la société dominante. Son grand ami était par exemple Michael Stipe, le chanteur du groupe REM, et leur culture ouverte et « étudiante » était à l’opposé de la démarche populaire mais « beauf » rock’n roll des Gun’s roses.

Seulement voilà, les progressistes ont alors « oublié » le plus souvent l’importance de la culture vegan straight edge. Au lieu de reconnaître la Nature et les animaux, ils ont tenté de compenser dans les drogues et dans une attitude de rocker urbain et décadent.

Kurt Cobain a malheureusement été un exemple de cette fuite en avant, qu’on trouve bien sûr chez d’autres artistes sincères, comme le chanteur des Doors Jim Morrisson. A l’opposé de ce dernier qui valorisait la drogue comme moyen « poétique » dans un esprit français décadent du 19ème siècle, Kurt Cobain a quant à lui basculé dans les drogues d’une manière terrible.

Voici ce qu’il a par exemple dit au sujet de l’héroïne :

« C’était une connerie et je ne le referai jamais et je plains vraiment quiconque croit pouvoir utiliser l’héroïne comme médicament, parce que, hum, eh ben, ça ne marche pas. L’état de manque ressemble en tout point à ce que vous avez entendu dire, on vomit, on sue, on chie au lit exactement comme dans le film « Moi, Christiane F ». C’est atroce, laissez tomber. »

La référence au film « Moi, Christiane F » est malheureusement très parlante (voir notre article L’image d’Epinal de Berlin et l’héroïne).

Kurt Cobain aurait pu partir dans une autre direction, comme par exemple le chanteur de Pearl Jam, Eddie Vedder, qui a largement assumé de se positionner en faveur des causes progressistes, comme les animaux ou Earth first !

Bien sûr, cela reste un engagement relativement limité, rien de révolutionnaire, mais en tout cas c’est une perspective bien plus intéressante que se suicider (si l’on considère que Kurt Cobain s’est vraiment suicidé et n’a pas été tué).

Dans la lettre qu’il a ou aurait laissé, Kurt Cobain tient même des propos qui relèvent du social-darwinisme : il se considère comme un « faible » qui par conséquent devrait s’auto-supprimer :

« Je vous remercie tous, depuis le gouffre brûlant de mon estomac nauséeux, pour vos lettres et l’intérêt que vous m’avez accordé ces dernières années. Je suis un gosse, trop erratique et trop instable! Je n’ai plus de passion, alors rappelez-vous: il vaut mieux brûler franchement que s’éteindre à petit feu. »

C’est un vraiment très grand gâchis, car Kurt Cobain aurait eu des choses à dire, mais pour cela il faut sortir de l’esprit du rebelle des classe moyennes issues des pavillons. Et le grand paradoxe c’est que depuis quelques années, tant aux États-Unis qu’en France, il existe une sorte de variante « vegan » de postures dépressives et plus ou moins misanthropes, tendant soit vers les nazis soit vers le « queer ».
Au nom de la tristesse qui marque notre monde, « tout serait permis » et tout comportement « transgressif » serait en soi un grand acte de rébellion.

On est là bien sûr aux antipodes de la culture vegan straight edge, qui présuppose une discipline certaine et une volonté très nette de socialiser dans un esprit positif.

Le grunge a été ainsi un gigantesque gâchis, avec de nombreuses figures artistiques qui sont mortes, comme par exemple également le chanteur d’Alice in chains. Toute une expression authentique a été pulvérisée et tout cela pour quoi ? Par fascination pour le glauque, par refus de reconnaître la Nature, et cela au nom d’une vision égocentrique.

Jocelyne Porcher et l’apologie de l’exploitation animale

Décidément, l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) ne fait pas que travailler sur le plan technique pour renforcer l’exploitation animale. Elle produit également des intellectuels visant à mettre en avant l’idéologie du « bien-être animal ».

On connaissait Florence Burgat, mais il y a en fait Jocelyne Porcher. La perspective est la même : c’est la défense du « bien-être » animal au nom de la petite exploitation qui serait soi-disant si humaine et sympathique !

Mais attention, le texte publié ici est d’une extrême importance. Publié sur le Huffington post, il a comme titre ironique « Guerre aux éleveurs, guerre aux animaux d’élevage! », car l’auteur accuse le grand capitalisme de tuer le petit. Cela n’a rien de nouveau, c’est quelque chose de tout à fait traditionnel.

C’est la seconde partie de l’article qui est capitale. En effet, Jocelyne Porcher constate que  c’est historiquement en même temps  que la grande industrie et les végans dénoncent l’exploitation animale traditionnelle. Et que donc les deux au final veulent la même chose, en quelque sorte: dépasser la situation présente.

C’est, en fait, tout à fait juste. Bien sûr pour cela, les vegans devront prendre le contrôle de la grande industrie… Car contrairement à ce que dit Jocelyne Porcher, le grand capitalisme ne compte nullement abandonner l’exploitation animale, qui rapporte tant.

Par contre, elle a raison : le véganisme peut s’approprier les grandes entreprises, pour faire en sorte que le véganisme devienne un mode de vie praticable partout, facilement…

Après dix millénaires de vie commune avec les animaux, nous arrivons à un point de rupture anthropologique et politique majeur dont l’enjeu est de rompre avec les animaux domestiques, en tout premier lieu avec les animaux d’élevage, et d’achever le processus d’industrialisation de la production alimentaire, c’est-à-dire de la soustraire définitivement des mains des éleveurs et des paysans pour la confier aux multinationales et aux investisseurs.

La guerre de l’industrie contre les paysans a commencé au 18e siècle en Europe avec le développement de la société industrielle et l’établissement d’un rapport à la nature médié par la science et la technique, fondé sur le profit, et uniquement sur lui.

L’élevage a été transformé en  » productions animales » et les animaux sont devenus des machines ou des produits. Les paysans, tout comme les luddites, ont résisté à la machinisation de leur relation à la nature et aux animaux. Ils ont résisté au 18e siècle, au 19e siècle, au 20e siècle, et ils résistent encore au 21e siècle. Ils résistent en France, mais plus largement dans la majorité des pays industrialisés.

Fight for food freedom (combat pour la liberté alimentaire)

L’agro-industrie, qui concentre pourtant déjà l’essentiel de la production et de la distribution, tient absolument à réduire à néant les paysans qui persistent à élever leurs vaches ou leurs cochons à l’herbe et aux champs, à les respecter, à les aimer et à leur donner une vie aussi bonne que possible.

Et qui tiennent également à offrir aux consommateurs des produits sains, bons, porteurs de sens et de vie. Et qui s’obstinent à revendiquer une dignité et un sens moral dans le travail. Guerre contre ces éleveurs! Ils doivent lutter pied à pied contre l’agro-industrie et les pouvoirs publics pour élever leurs animaux en accord avec leur sensibilité, maîtriser la sélection de leur troupeau, identifier leurs animaux plutôt que de les « électroniser », les nourrir sans OGM, contrôler leur abattage en leur évitant l’abattoir industriel, transformer leurs produits à la ferme, produire et vendre du lait cru (aux US), …

« Tout ce que je veux faire est illégal », écrit Joël Salatin , et effectivement, on ne peut que le constater, tout ce que les éleveurs veulent faire de bien est illégal. Tout ce qu’ils veulent faire de bien les conduit devant un tribunal. Et aux Etats-Unis, comme le souligne l’auteure du film Farmageddon, l’état, la police, mènent une guerre invisible mais très dure contre les petits paysans.

Voici la seconde partie de l’article, très intéressante malgré son opposition lamentable à l’exploitation animale, au nom des animaux eux-mêmes (ridicule!), elle a compris les potentialités de l’époque qui s’ouvre.

Une agriculture sans élevage

Mais ce n’est pas tout. Outre l’agro-industrie, les éleveurs doivent aussi lutter contre les auto-proclamés défenseurs des animaux, qui revendiquent une agriculture sans élevage. Pourquoi ? Parce que ces derniers considèrent que les éleveurs exploitent leurs animaux -et cela depuis les débuts de la domestication- et que, par souci de justice et de morale, il faudrait les libérer sans plus tarder (et sans rembourser la dette que nous avons à leur égard d’ailleurs). Haro sur le baudet est aussi la clameur que poussent certains environnementalistes au nom de la planète et, confondant élevage et productions animales, accusent l’élevage d’être responsable de l’effet de serre, de la pollution des eaux, de la réduction de la biodiversité. N’en jetez plus!

Par un opportun concours de circonstances, cette revendication d’agriculture sans élevage coïncide avec le développement de produits industriels bio-tech alternatifs aux produits animaux. Multinationales et fonds d’investissement se sont avisés -tout comme leurs prédécesseurs au 18e et 19e siècle- que la production agricole était plus rentable entre leurs mains qu’entre celles des paysans.

Ainsi que l’affirme Joshua Tetrick, directeur de Hampton Creek Food, start-up soutenue par la fondation Bill Gates: « Le monde de l’alimentation ne fonctionne plus. Il n’est pas durable, il est malsain et dangereux. (…) Nous voulons créer un nouveau modèle qui rendrait le précédent obsolète . »

Rendre l’élevage obsolète. Voilà à quoi s’affairent les start-up alimentaires et les prétendus défenseurs des animaux, prosélytes de l’alimentation vegan. Plutôt que des poulets élevés en libre parcours par un éleveur passionné par ses volatiles, achetez du chicken-free chicken à Hampton Creek food; plutôt que du fromage au lait cru acheté sur le marché à un paysan de votre région, achetez du Lygomme ACD Optimum, breveté par Cargill; plutôt que du cochon gascon élevé par un éleveur admiratif de ses cochons et qui tient absolument à vous les faire rencontrer, achetez bientôt du muscle de cochon in vitro -presque bio.

La charge destructrice des multinationales, alliée à la puissance publique et à la consternante naïveté des « défenseurs » des animaux, sonne comme un hallali. Les éleveurs et leurs animaux ne peuvent résister seuls. La relation aux animaux domestiques qu’ils défendent, c’est notre vie tout entière avec les animaux. Après l’exclusion de la vache, viendra celle de votre chien, remplacé par un robot supposé tout aussi capable d’exprimer des émotions et de ressentir les vôtres. Après l’exclusion de la vache et du chien, viendra la nôtre. Et cette exclusion-là est également déjà bien avancée.

Formidable, que ce bricolage en conclusion : l’exploitation animale permettrait aux humains de rester naturels! Quel n’importe quoi!

Un n’importe quoi au service de l’élevage, bien sûr. Et pourtant… Les éleveurs sont condamnés, car leur démarche est incompatible tant avec la morale qu’avec la réalité naturelle de notre planète : trop de pollution, trop de consommation d’eau, trop de déforestation nécessaire, trop de territoires agricoles confisqués pour l’exploitation animale !

Les gens comme Jocelyne Porcher tentent de sauver les éleveurs, coûte que coûte… mais ils sont condamnés d’avance !

Walter Bond et Earth first !

Il y a quelques semaines, Walter Bond a accordé une interview aux Etats-Unis, depuis sa prison, sur son expérience personnelle de la scène straight edge, de l’activisme pour les animaux, etc.

Il constate bien entendu que la scène straight edge et de la musique hardcore a été marquée par le virilisme, une certaine violence interne (même si n’ayant rien à voir avec la violence des milieux où prédominent l’alcool et les drogues), bref il a un regard lucide.

De manière intéressante, voici son point de vue concernant Earth first ! Rappelons en effet que Walter Bond associe, de manière fort logique à notre sens, libération animale et libération de la Terre. Voici son point de vue, qu’on peut accepter ou refuser, mais qui est en tout cas toujours intéressant, comme d’habitude avec Walter Bond.

J’ai remarqué que tu as deux tatouages identiques sur chaque partie de ton cou, avec des clefs croisées. Ce qui est un symbole typiquement associé à l’organisation Earth first ! As-tu déjà été associé avec EF ?!

Les clefs sur mon cou sont similaires à l’emblème d’Earth First ! mais pas tout à fait le même. Ils utilisent une clef à mollette se croisant avec un tomahawk. Mes clefs à mollettes sont celles de l’emblème d’Earth first !, qui est devenu synonyme de Vegan Straight Edge.

Pour moi, c’est un symbole de la résistance Vegan Straight Edge. Cela dit, j’aime le roman « Le gang à la clef à mollette » d’Abbey et je pense que groupe Earth First ! d’origine était spectaculaire. Ces vieux activistes comme David Foreman et Howie Wolke ont été des véritables pionniers et des activistes super efficaces.

Malheureusement, la version actuelle d’Earth First ! n’a rien à voir avec le groupe d’origine. Je n’ai jamais été affilié à Earth First ! autrement que par une décalaration de solidarité que j’ai écrit à leur demande. Je dirais que la dernière fois que j’ai été emprisonné en Iowa en 1997, j’ai eu le livre de Foreman « Confessions d’un éco-guerrier » et cela a été vraiment inspirant et influent !

Quand Foreman est parti et que Judi Bari est devenu plus intéressé à l’établissement d’une cohérence idéologique communiste / socialiste au sein du groupe, beaucoup de gens sont partis. Il semble que tu fais davantage le lien avec l’EF ! d’origine, avec sa multitude de perspectives idéologiques. Foreman, on m’a dit, était disposé à travailler avec tout le monde : anarchistes, républicains, vegans, mangeurs de chair, tant qu’ils étaient biocentriques et orientés vers l’action directe.

Tu dis vrai, je me réfère bien plus à l’EF ! de Foreman, principalement parce que c’était bien plus efficace que le nouveau anarcho-EF ! Quelques fois lors de mon activisme je me suis considéré comme relevant de l’anarchisme, ou en tout cas verbalement je m’y référais, étant donné que c’était si prévalent dans ce qui est considéré comme le radicalisme et la militance dans la communauté pour la libération animale.

J’en suis venu à regretter cela, et j’en suis vraiment arrivé à comprendre que l’anarchie / l’anarchisme est préjudiciable, contribuant à diviser et distraire le mouvement.

Le point sur lequel se concentrent la libération animale et de la Terre devrait évidemment être les animaux et la Terre. Non pas des théories ou des programmes politiques ridicules et schizophrènes.

C’est le cas avec le nouveau EF ! et la plupart des anarchistes en général. Il semble que pour ces gens la libération animale et de la Terre ne sont importants que dans la mesure où c’est placé à la queue de leur liste initiale des questions politiques. Dans ce processus, un grand nombre de gens se sentent étrangers au mouvement.

J’ai toujours admiré l’EF ! de Foreman, en partie parce que c’était tellement politiquement synthétique. Tout comme le mouvement Vegan Hardline et le mouvement Vegan Straight Edge à ses débuts, certains points de vue étaient très conservateurs et d’autres très progressistes. J’admire aussi le fait que quand EF ! a commencé cela a vraiment été lancé par un groupe comme noyau dur d’activistes à la base, et non pas de politiques. Il n’y avait pas de motivation ultérieur ou de programme de questions reliées en dominos. Seulement la défense de la Terre et de la nature sauvage.

Il est facile de voir le grand intérêt de la réflexion de Walter Bond. Ces derniers mois, on a ainsi pu voir débarquer des gens se définissant comme plus radicaux que radicaux, se définissant comme anarcho-queer et allant jusqu’à célébrer le porno, qui n’ont amené qu’une réaction de défiance générale, contribuant à renforcer au maximum l’extrême-droite qu’ils prétendaient combattre.

Il est vrai que leur démarche relève de l’esprit du moment, qui privilégie le spectaculaire, le grotesque, le glauque, comme avec les catastrophiques actions à la « 269 ».

Rien de cela ne parle aux gens « normaux », aux acteurs et actrices du quotidien, qui font face aux questions concrètes de la condition animale. On est libre après de ne pas opposer la théorie et la pratique ; Walter Bond est ici pessimiste plus qu’autre chose.

Ségolène Royal à la tête d’un « grand ministère de l’écologie »

L’écologie n’existe pas en France en tant culture, par conséquent, même si les dominants reconnaissent qu’il faut tout de même « faire semblant », au final il ne se passe rien. D’ailleurs il suffit de voir le site d’Europe Ecologie – les Verts de manière régulière et on peut voir que l’écologie est très loin d’être le thème dominant.

C’est à ce titre justement qu’EELV a refusé quelque chose qui aurait pu être historique : la formation d’un « grand » ministère de l’écologie, avec une personne d’EELV qui en soit responsable.

On imagine l’impact culturel que cela aurait pu avoir. Mais justement les gens d’EELV savent bien qu’ils n’ont rien à proposer sur ce plan. Ils ont donc refusé… trop risqué pour eux !

C’est donc une catastrophe de plus, après toute une série ; rappelons ici quelques articles : Nicole Bricq, débarquée du ministère de l’écologie par les industrielsDelphine Batho, une politicienne qui utilise l’écologieLe ministère de l’écologie s’installera dans… une tour de la Défense!.

Il faut en effet se souvenir que depuis l’élection de François Hollande, les ministres de l’écologie défilent… Nicole Bricq n’a été ministre qu’un mois, virée sous la pression des industriels comme l’explique notre article. Puis il y a eu Delphine Batho, de juin 2012 à juillet 2013, qui a été amenée à partir en raison de la question du budget.

Puis, enfin, il y a eu Philippe Martin, de juillet 2013 à mars 2014, qui exprime dans la presse sa déception de s’être fait débarquer.

Pour finir, on peut toujours courir pour une existence de l’écologie en France, car le nouveau ministre est… Ségolène Royal.

Tout le monde savait depuis longtemps qu’elle bataillait ferme pour être ministre. Elle considérait même devoir être premier ministre, ce qui serait selon elle impossible en raison du fait qu’elle a été la compagne de François Hollande.

Elle reçoit donc l’écologie, sans que cela soit son domaine de prédilection, même si elle a été brièvement ministre de l’Environnement du 3 avril 1992 au 29 mars 1993. D’ailleurs, elle ne compte pas s’y impliquer à fond puisqu’elle compte rester à la présidence de la région Poitou-Charentes.

L’écologie est un moyen d’être « présente », en tant que numéro trois du gouvernement, au titre d’ailleurs d’un ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. Voilà pourquoi elle a expliqué suite à sa nomination :

« J’en suis très honorée et en même temps je connais l’exigence que cela appelle dans un ministère majeur pour le redressement du pays et les créations d’emplois qui vont avec. »

Il y a quelques semaines, elle disait également :

« Les Français ne demandent qu’à être écologistes. Pourquoi ? Parce que ça coûte moins cher. Mais il faut d’abord la mutation économique : réaliser les travaux d’isolation, faire monter en puissance les énergies renouvelables, faire baisser le prix des voitures électriques : à ce moment-là, on pourra verdir la fiscalité. »

Ici, l’écologie, c’est la modernisation du capitalisme, c’est tout. La Nature n’existe même pas. C’est à comparer avec ce que Ségolène Royal avait pu dire par le passé. Ainsi, en 1992, alors qu’elle était ministre de l’écologie, on avait eu un lyrique :

« Le réchauffement climatique est un vrai problème de civilisation. Il faut revoir nos modes de civilisation, nos modes de vie, remettre en cause cette fuite en avant du toujours plus de consommation, du toujours plus d’air à polluer. »

On ne peut pas dire que Ségolène Royal ait fait quoi que ce soit en ce sens… Ce qui n’empêche pas le lyrisme. Voici ce qu’elle osait dire en 2010 :

« Je conteste l’efficacité écologique de la taxe carbone face à l’enjeu du réchauffement climatique. Qu’est-ce qui est en jeu ? Ni plus ni moins que la survie de l’espèce. Nous sommes à la croisée des chemins. Soit nous poursuivons sur la voie d’un mode de vie insoutenable, dont nous savons tous qu’il provoquera à brève échéance un véritable « écocide ». Soit nous changeons radicalement de comportement. »

Voilà des mots forts… Mais Ségolène Royal n’a pas rejoint pour autant la cause de la Libération de la Terre…

De la même manière, elle expliquait également qu’en Poitou-Charente, sa présidence était exemplaire, avec des phrases comme :

« La région Poitou-Charentes est devenue la première région écologique d’Europe avec un plan sur l’énergie solaire et les énergies renouvelables unique dans son ampleur. »

En 2011, le quotidien Libération était allé vérifier, et non seulement il n’y a pas de classement de ce type, mais même s’il y en avait un la région serait derrière d’autres régions d’Allemagne et d’Autriche, et même de France d’ailleurs !

Tout cela est ô combien révélateur : l’écologie sert de faire-valoir, d’exigences pour la modernisation. Mais la Nature ? Elle n’existe même pas pour ces gens.

Des poules comme programme électoral?!

Gilbert Meyer (UMP) a été réélu maire de Colmar. Il avait entre autres eu une étrange promesse électorale, comme en témoigne cet article du Nouvel Observateur…

Les dernières lignes de l’article font frémir. On est dans un utilitarisme des plus sordides.

Elles témoignent aussi, nous en parlons régulièrement, de l’engouement pour la petite production, pour le petit capitalisme où l’exploitation animale joue un rôle essentiel et même incontournable (au sujet des poules, on peut consulter les articles « Elever des poules en ville, c’est écolo et de plus en plus cool », ainsi que  Prendre les oeufs des poules relève de l’exploitation animale).

Ce que propose d’ailleurs ici Gilbert Meyer membre de l’UMP, c’est en fait exactement ce que veulent de leur côté les « décroissants » (eux aussi veulent des poules, comme le montre l’image résumant leur conception). C’est le refus de l’universalisme, le refus d’une humanité mondiale unifiée, et assumant le véganisme en profitant d’une économie organisée à grande échelle pour justement éviter l’exploitation animale.

Avec la crise, malheureusement, l’idéologie du repli est puissant, nombreux sont les gens qui veulent leur maison – leur lopin de terre – leur autonomie alimentaire. On peut comprendre le désir de protection face à la crise, mais il serait absurde de ne pas voir ici qu’une telle orientation relève du retour en arrière, de l’individualisme.

D’ailleurs, et c’est le paradoxe : c’est Truffaut, et là on est dans le grand capitalisme, qui fournit les moyens à la petite exploitation animale d’exister !

C’est dire, si c’était encore nécessaire, que le « réformisme » en faveur des animaux a tort. Il n’y a pas d’améliorations, il y a au contraire une toujours plus grande modernisation et diffusion de l’exploitation animale, à l’échelle locale comme à l’échelle mondiale.

Microbes producteurs de méthane

Cette information, diffusée par le journal Le Figaro, est typiquement la perspective scientifique qui va s’imposer au 21e siècle. Les bactéries, les microbes, sont au centre de la vie et de son évolution. Leur rôle est central dans la vie de la planète.
Ainsi, on aura toujours plus de découvertes dans ce domaine. Peut-être même que la lutte contre le réchauffement climatique dépend des avancées sur ce plan – ce qui ne va pas sans la remise en cause fondamentale de l’anthropocentrisme.

Des microbes responsables de la plus grande extinction terrestre?

Des microbes producteurs de méthane, puissant gaz à effet de serre, pourraient avoir provoqué la plus grande extinction de l’histoire terrestre il y a 252 millions d’années avec la disparition brutale de 90% des espèces, selon des chercheurs américains.

Ce nouveau scénario, qui s’appuie sur l’analyse d’une abondance de fossiles, indique que des micro-organismes appelés méthanosarcina se sont soudainement multipliés de façon explosive dans les océans, produisant de gigantesques quantités de méthane. Ce gaz, qui s’est retrouvé dans l’atmosphère, a modifié le climat et la chimie des océans, soulignent ces experts dont la théorie va venir alimenter la controverse sur le sujet.

Si des éruptions volcaniques ne sont pas totalement exclues pour expliquer cette extinction, l’une des cinq connues dans le passé de la Terre, elles jouent dans ce scénario un rôle accessoire, précisent ces chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology), dont les travaux sont publiés lundi dans la dernière livraison des Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS). 

Les nouveaux indices suggèrent, selon ces scientifiques, que l’explosion de la population de ces microbes s’expliquerait par une nouvelle aptitude à utiliser une source riche en carbone organique grâce à l’influx d’un nutriment, le nickel, provenant de ces éruptions volcaniques.

Ces scientifiques étayent leur scénario sur trois séries d’indices séparées. Tout d’abord, des preuves géochimiques témoignent d’un accroissement exponentiel du dioxyde de carbone (CO2) dans les océans à cette même période de l’extinction de la fin de l’ère Permienne. 

Ensuite, ils se réfèrent à des indices génétiques montrant un changement biologique de ces microbes, les méthanosarcina, à cette même époque, leur permettant de devenir des producteurs majeurs de méthane à partir de l’accumulation de CO2 dans les océans. 

Enfin, une analyse des couches sédimentaires montre un accroissement soudain du nickel exactement à la même période. Les dépôts de carbone montrent que quelque chose a produit une augmentation importante et soudaine de gaz contenant du carbone –du dioxyde de carbone et du méthane– produits au moment de la grande extinction.

Certains chercheurs ont suggéré que ces gaz carboniques provenaient de volcans ayant formé les trapps de Sibérie, une vaste formation de lave basaltique produite par les plus grandes éruptions volcaniques dans les annales géologiques de la Terre. Mais les chercheurs du MIT ont démontré que ces éruptions n’étaient pas suffisantes pour produire tout le carbone mesuré dans les sédiments.

De plus, « une injection rapide de CO2 provenant de volcans aurait été suivie d’une diminution graduelle », explique l’un des chercheurs, Gregory Fournier. « Or ce fut l’inverse, avec un accroissement rapide et continu qui laisse penser à une explosion de microbes producteurs de méthane ».