« Nématodes: la nouvelle arme »

Le Figaro a publié un article intitulé « sobrement » pas moins que « Au jardin ce week-end : la chasse aux limaces est ouverte ». On l’aura compris il s’agit d’un article reflétant le point de vue dominant, où les humains veulent un jardin, mais sans la Nature.

Aussi absurde que cela paraisse, c’est un point de vue significatif et systématique, que l’on peut retrouver dans une série quasi infinie d’exemples…

Dans cet article, les  valeurs qu’on y retrouve comme par exemple le social-darwinisme, avec la distinction entre les utiles – qu’on peut manger – et les autres :

« Il y a d’abord les escargots avec lesquels -et c’est tout de même une consolation- on peut faire rimer protection des végétaux avec gastronomie. Le Petit-gris (Helix aspersa) et surtout le Bourgogne (H. pomatia), que l’on traitera avec certains égards, sont comestibles.

Pas question d’écraser ce majestueux gastéropode comme une vulgaire limace: on le ramassera bien sûr mais ce sera soit pour le manger, après l’avoir fait jeûner pour éliminer les toxines qu’il a pu absorber ; soit pour l’exfiltrer loin de vous dans un bosquet voisin.

D’autres, comme les modestes escargots des jardins (Cepæa hortensis) ou des haies (C. nemoralis), reconnaissables à leur coquille globuleuse (1 à 2 cm de diamètre) blanche ou jaune, souvent ornée de bandes spirales noires, seront occis ou «charterisés» sans autre forme de procès. »

On remarquera l’allusion sordide aux charters des expulsions de personnes humaines. Tout cela n’est guère étonnant. Dans la liste des poisons, on trouve quelque chose qui donne par contre à réfléchir :

Nématodes: la nouvelle arme. Ces petits vers microscopiques ont la capacité de pénétrer à l’intérieur des limaces qu’ils tuent en leur injectant des bactéries létales.

Des préparations sont disponibles dans le commerce et assurent une bonne protection pendant plusieurs semaines voire plus. Avantage: il s’agit d’un procédé 100 % bio. Inconvénient: il est encore assez coûteux.

Ici, la définition du « bio » est particulièrement frappante, puisqu’elle supprime toute notion d’écosystème. L’intervention humaine est non directement polluante, non chimique artificielle. Mais elle reste une intervention extérieure, du grand n’importe quoi où l’être humain intervient par caprice, sur une base personnelle, sans aucune considération de l’ensemble.

Donc, oui, il n’y a pas d’utilisation de chimie de synthèse, c’est bien du « bio ». Mais sur le plan de l’écologie, c’est totalement n’importe quoi, c’est encore l’apprenti sorcier, seulement avec d’autres méthodes.

Voici d’ailleurs la « fiche technique » donné par Castorama :

Anti limaces Nématodes.

Les nématodes (Phasmarhabditis hermaphrodita) permettent de lutter contre les limaces. Ce sont des vers microscopiques qui parasitent un hôte, en l’occurrence des limaces à détruire.

Ils s’infiltrent dans les proies par un orifice naturel, perforent la paroi intestinale et provoquent la mort de leur proie en 48 h. Une 2ème génération, quitte le cadavre et recherche une nouvelle cible.
Extrêmement sélectif, ce nématode s’attaquera uniquement aux limaces à l’exception de toute autre espèce.

Utilisations : pour les potagers, les massifs de fleurs, là où les limaces causent des dégâts principalement aux jeunes plants.
Doses : 0.3 millions de nématodes par m² à renouveler au bout de 6 semaines si nécessaire.

Le principe est sordide, et le fait de lire cela dans une « fiche technique » en dit long sur la morale tant des vendeurs que des acheteurs. On est dans le massacre, ni plus ni moins. On est ici encore et toujours dans une logique d’extermination. Sauf qu’ici, c’est « bio »…

« Labour lied Barry died »

Voici les paroles de « Labour Lied, Barry Died » (Les socialistes ont menti, Barry est mort), du groupe Active slaughter, un « classique » du mouvement anglais pour les animaux, à la suite de la mort de Barry Horne.

Barry was giving 18 years by a government full of shit
The judge said he’s a danger to us all, you are the danger you worthless prick
Laying in the prison cell, thinking what to do next
He can’t give up, he won’t give up. You know he’s gonna do his best.
He’s gonna expose the lies, expose the fraud of labours pre election pledge.
They said they would hold a royal commission,
on this barbaric evil worthless vivisection.
Did they keep their pledge? did they fuck.
So Barry was gonna try his luck.
Barry un gouvernement plein de merde lui a donné 18 ans
Le juge a dit qu’il était un danger pour nous tous, c’est toi le danger tête de noeud
Placé en prison, se demandant désormais quoi faire
Il ne peut pas abandonner, il n’abandonnera pas. On sait qu’il fera de son mieux.
Il va montrer les mensonges, prouver la trahison de la promesse pré-electorale des socialistes.
Ils ont dit qu’ils tiendraient une commission royale
au sujet de ce mal barbare et sans intérêt qu’est la vivisection.
Ont-ils tenu leur promesse? Pas un instant
Alors Barry a tenté de faire différent.

Labour lied, Barry died
He’s still with us and by our side.
We won’t give up, we won’t give in.
In the end we shall win
Les socialistes ont menti, Barry est mort.
Il est toujours avec nous à nos côtés
Nous n’abandonnerons pas plus que nous ne capitulerons
A la fin nous vaincrons.

A hunger strike for 35 days & the government agreed to talk.
A light was seen, but then it went out. Typical of labour to talk not walk
Hunger strike back on, this time for 46 days
again he got nowhere, just more issues to be raised
He knows he’s got our support and praise
Another hunger strike followed this,
this time he won’t be treated like piss.
A strike until the end this time is best
to force labour to hounour their pre election pledge
Une grève de la faim de 35 jours & le gouvernement accepta de discuter.
On voyait une lumière, mais elle a disparu. Typique des socialistes de parler mais de ne rien faire
La grève de la faim reprit, cette fois pour 46 jours
Encore une fois pour rien, juste quelques thèmes mis en avant de plus
Il sait qu’il a notre soutien et nos encouragements
Une nouvelle grève de la faim s’ensuivit
Cette fois on le ne traitera pas comme de la merde.
Une grève jusqu’à la fin cette fois c’est le meilleur
pour forcer les socialistes à honorer leur promesse électorale.

Another 60 Days went on but nothing got done
apart from the ALF around the land liberating and having their fun
The media kicked him down, went in for the kill
said he was bluffing, wouldn’t go through with it.
I hope they sold a few papers and got their thrill
In the end Barry died in prison
Now there’s going to be complete anarchism.
We won’t forget Barry Horne
WE WILL LIBERATE WE HAVE SWORN
Encore 60 jours mais rien n’est fait
si ce n’est l’ALF partout dans le pays qui libère et ne cesse d’agir à sa guise
Les médias l’ont rabaissé, s’y mirent pour qu’il meurt
dirent qu’il bluffait, qu’il n’irait pas au bout.
J’espère qu’ils ont vendu quelques journaux et ont eu leur plaisir
A la fin Barry est mort en prison.
Maintenant cela sera désormais l’anarchisme complet.
Nous n’oublierons pas Barry Horne. Nous libérerons, nous l’avons promis.

De terribles exemples de barbarie

C’est une vidéo terrifiante et les gens qu’on peut voir à l’oeuvre sont apparemment français. Cela ne surprendra personne vu le rapport à la Nature qui existe en France. Il faut vraiment avoir baigné dans l’idéologie française, en effet, pour se retrouver dans le grand canyon aux États-Unis et avoir une démarche terroriste…

Donc, les deux personnes a priori françaises – la vidéo a fait scandale bien entendu – ont fait en sorte de disposer de la nourriture au bord d’un précipice afin d’appâter un animal. Puis, l’un des deux met sa chaussure et frappe l’animal qui tombe dans le vide, l’autre prenant des photos.

La vidéo a été enlevée de youtube, en voici une avec des photos, la vidéo originale, immonde, est visible ici.

Une autre vidéo a été supprimée par youtube, on y voyait un poisson en train d’agoniser sur un bateau, et les pêcheurs d’accentuer sa souffrance en plaçant une cigarette sur sa bouche. On les entend rire et apprécier la situation…

Ces horreurs sont l’occasion de rappeler une chose essentielle : il n’y a aucune raison de tolérer le libéralisme, le culte de l’individu. L’ensemble a la priorité sur la partie. C’est le principe évidemment du slogan « la Terre d’abord ! ».

Des gens demanderont s’il est juste de dénoncer les gens ayant fait ces horreurs et s’en revendiquant. Oui, ça l’est, bien entendu, il n’y a aucune raison de considérer que chacun peut et doit faire « comme il veut ».

Et c’est valable pour le véganisme. Le véganisme n’est certainement pas un choix individuel seulement. C’est une question sociale également, et il faut être bien naïf pour penser que des gens profitant de l’exploitation animale attendront passivement qu’on supprime leur activité.

La preuve de cela, d’ailleurs, est que des gens ont été végans et ne le sont plus. Cela semble impossible, par définition, à toute personne végane. Et pourtant les cas de retour en arrière sont nombreux, pas forcément en France évidemment puisque le véganisme est finalement un phénomène assez récent, au-delà de cercles très retreints dans les années 1990.

Il serait présomptueux de penser que les gens qui ont été végans et qui ne sont plus, au fond, ne l’étaient pas vraiment. C’est vrai pour certains, mais ce qu’il faut bien voir, c’est que la société suinte l’exploitation animale. On est forcément influencé par cela.

Il est donc faux de disqualifier l’humanité en général comme « mauvaise » ou de considérer les barbaries dont on entend parler ici et là comme de simples « faits divers ». Il faut accorder une grande importance aux mauvaises influences qu’on peut recevoir.

C’est pour cela que l’engagement dans les refuges, à un niveau ou à un autre, est capital. Il ne faut jamais perdre de vue les animaux, il ne faut jamais réduire le véganisme à soi-même !

« Etiquetage de la viande : prend-t-on les consommateurs pour des veaux ? »

Après la tribune de Polony hier, qui présente la pêche familiale comme une révolte contre le capitalisme moderne, voici une tribune du même esprit, toujours du Figaro, écrite par Hélène Strohl, une ancienne de l’ENA qui surfe sur la critique des élites.

Ici, elle fait l’apologie de l’ancien savoir-faire des «
maîtres-bouchers » contre l’industrialisation… Encore une fois on a
une critique du capitalisme moderne au nom du capitalisme ancien… Et tout cela pour quoi? Pour empêcher qu’on reconnaisse les animaux comme étant des êtres vivants désireux de vivre…

 

Il paraitrait que nos concitoyens, les plus démunis bien sûr ou les jeunes, qui se fournissent en viande dans les grandes surfaces, aux rayons viandes préemballées, ne comprendraient pas ce que signifient les mots «filet, bavette, plat de côtes, collier, échine, tendrons, escalopes…».

Heureusement l’Etat est là: un arrêté à valeur réglementaire,
remplacera ces mots «archaïques», qui n’ont aucun sens, dixit le
représentant de l’Union des consommateurs sur une antenne de radio mâtinale par un «système simple et transparent»: une étoile, deux étoiles, trois étoiles ; on suppose que même les consommateurs illettrés savent compter jusqu’à 3 et comprendront que 3 étoiles, c’est mieux qu’1!

Et de justifier le remplacement des mots poétiques, poire, merlan, hampe, basse côte, gîte, paleron, filet mignon, onglet par une «vraie évaluation de la qualité! On se demande d’ailleurs si ce brave représentant ne prend pas les consommateurs pour des imbéciles, quand il critique le fait que le morceau dit «poire» ait un nom de fruit ou merlan un nom de poisson. On ne sait jamais avec les gens du peuple, ils pourraient croire qu’ils achètent des filets de poisson!

Le système est simple, simpliste même: aux morceaux à griller les trois étoiles, aux morceaux à bouillir l’étoile unique et aux
intermédiaires, escalope ou morceau à braiser, deux étoiles. La
qualité d’une viande disait ce brave homme, c’est sa tendresse et son moelleux. C’est tout!

Oublieux de deux choses: selon le mode de cuisson, un morceau de basse côte lentement braisé ou un morceau de gîte cuit longuement dans un bouillon de légumes acquièrent une tendresse égale et conservent souvent un goût incomparable. D’autre part, les qualités de la viande, son goût, sa saveur, sa tendresse sont liés à la qualité de l’élevage (nourriture et mode de pacage de la bête), à la découpe (savoir faire des maîtres bouchers) et à la conservation de la viande au moins autant qu’au type de morceau de la bête. Qui gagne quoi dans cette affaire?

La transparence, dit-on, comme si l’étiquetage iconique en étoiles permettait de juger de la qualité de la viande, alors qu’il s’agit simplement d’indiquer le type de morceau, qu’il s’agisse d’une vieille vache ou d’un jeune broutard!

La simplicité, comme si les morceaux de viande, dans la tradition de la boucherie française se réduisaient à trois catégories: grillé, braisé, bouilli. Pour le reste, rien d’intéressant.

Du point de vue sanitaire, cet étiquetage ne renseigne pas sur la provenance de la bête: ainsi un agneau peut être dit de Sisteron s’il a passé quelques semaines dans les Alpes de Haute Provence, alors qu’il a été élevé en Nouvelle Zélande.

Du point de vue diététique, l’étiquetage est absurde, car la qualité nutritive de la viande n’est en rien liée à ce classement en morceaux nobles et bas morceaux ; au contraire, un pot au feu bien cuit et dégraissé sera moins gras qu’une entrecôte bien persillée!

Du point de vue économique et notamment du pouvoir d’achat des acheteurs de ces viandes en paquets, il y aura peu d’économies à escompter: les grandes surfaces vendaient peu de «bas morceaux» de cette façon, les réservant pour les plats cuisinés, les steacks hachés etc. Au contraire des bouchers traditionnels qui achetant leur viande en carcasses pouvaient faire des marges moins élevées sur les bas morceaux et proposer ainsi une daube ou un des morceaux à ragoût de bonnes bêtes à des prix bas.

Du point de vue environnemental enfin, il est clair que l’attribution de ce label qualité aux morceaux à griller ne fera que doper la propension du public à se détourner des morceaux à cuisson lente et dès lors il faudra plus de bêtes pour satisfaire la demande de steacks et autres brochettes. Or on sait que les protéines animales sont écologiquement chères à produire.

Bien sûr il ne s’agit, pour l’instant, que d’un étiquetage à l’usage
des grandes surfaces, dont on comprend bien quel intérêt elles ont à pousser à une telle normalisation: vendre de la viande de qualité moyenne sous un label «trois étoiles» et écouler le reste des bêtes en haché et autres farces est sûrement une bonne opération. Ne plus distinguer d’ailleurs à l’intérieur des catégories entre des morceaux rares (parce qu’ils sont petits sur la bête) comme l’onglet ou le manteau et d’autres plus abondants (l’entrecôte) a sans doute un intérêt économique.

Enfin, l’habillage en étoiles renvoie bien sûr à ce stéréotype du
guide gastronomique le plus connu des Français et permet ainsi une parodie de luxe à bon compte. C’est l’intrusion du Kitsche (comme parodie abondante d’un produit rare) dans la nourriture aurait dit Abraham Moles!

Cette pantalonnade de notre Etat «pan-intrusif» traduit donc non seulement les gesticulations d’une administration et de politiques en panne d’idées de gouvernement, mais également leur inféodation totale aux diverses puissances économiques, grandes surfaces pour ce jour, grands groupes de restauration collective pour les normes relatives à celle-ci, filières diverses imposant qui un pourcentage de bois dans les constructions, qui une interdiction d’introduire des gâteaux «faits maison» dans les crèches et les écoles au profit d’un cake industriel emballé sous vide etc.

Ce qui est triste, c’est de voir disparaître tout un pan de notre
culture gastronomique: celle qui avait conduit les maîtres bouchers du XIXème siècle à développer l’art de la découpe parisienne en étroite liaison avec les grands cuisiniers, pour que la totalité de la bête soit utilement découpée et cuisinée. Et ceci au profit d’un fantasme d’étiquetage généralisé pour illettrés ne sachant plus distinguer un pot au feu d’une daube et une pièce de bœuf d’une escalope de veau.

« Ces paysages que l’on assassine »

Le Figaro a publié sur son site deux tribunes ayant une certaine
importance. En effet, elles abordent directement ce qui est pour nous
la libération animale et la libération de la Terre. Sauf qu’évidemment
ce qui est proposé est un mélange de Pétain, de Notre-Dame-des-Landes et de décroissance.

Le problème n’est pas seulement le point de vue différent: ce qui
compte ici c’est que ces thèmes soient ouvertement abordés, et que le
niveau est là: on voit bien qu’il y a une intense réflexion…

Pour aujourd’hui, le premier article est de Natacha Polony et s’intitule « Ces paysages que l’on assassine ». Le terme de paysage est ici absolument essentiel. Car il s’oppose par définition à celui de Nature. Le paysage, c’est un endroit naturel à l’origine mais façonné par les
humains, conformément à une certaine tradition. C’est un terme
pétainiste dans l’esprit…

Polony a été chroniqueuse à la télévision (« On n’est pas couché »),
c’est une essayiste conservatrice présentant sa démarche comme
relevant de la contestation (elle a fait partie de la gauche
nationaliste de Jean-Pierre Chevènement et a été journaliste chez «
Marianne ». Elle écrit désormais pour Le Figaro, tout en polémiquant sur l’éducation nationale).

Le soleil écrase les sons et déploie les senteurs de verveine et
d’herbe coupée. Une abeille bourdonne paresseusement. L’eau de la rivière prend des teintes turquoise. Et dans la tranquillité du jour qui passe, immanquablement, un des amis présents évoque le temps où la pêche était bonne.

Le temps où les brochets et les perches mordaient aux hameçons des moins expérimentés, où les anguilles se jetaient dans les nasses, où les écrevisses se laissaient ramasser par les enfants audacieux. Un autre se souvient de ces éclosions d’éphémères qui, certains soirs d’août, empêchaient les voitures de rouler en tapissant les pare-brise. Et des dizaines de papillons qui s’égayaient quand on courait dans les herbes.

On trouvera bien sûr des progressistes pour s’agacer de ces relents nostalgiques. Ceux notamment que n’a jamais émus la fascinante pérennité d’un paysage où se marient l’époustouflante beauté de la nature et le patient travail des hommes. Mais tous les autres, s’ils ont un semblant d’honnêteté, avoueront s’être fait la remarque.

Ceux qui allaient aux écrevisses dans le Jura, ceux qui pêchaient le brochet dans l’Indre et ceux qui allaient à la chasse aux papillons dans les frais bocages de Brassens. À quel moment tout cela a-t-il basculé? Il y a trente ans? Quarante ans?

L’un raconte que depuis la construction de la centrale nucléaire de Blaye, les esturgeons, les lamproies et les pibales ont disparu. Les poissons venaient se prendre dans les filtres et mouraient par dizaines. Et puis on n’en a plus vu. L’autre cite cette revendication des ouvriers qui exigeaient de ne pas manger de saumon plus de deux fois par semaine. La Loire en regorgeait et c’était le menu quotidien.
La pêche en est aujourd’hui interdite, mais est-ce bien nécessaire puisqu’il n’en reste aucun? 80 % des rivières françaises sont polluées.

Une étude vient de démontrer que les fruits bio contiennent sept fois moins de résidus de pesticides que les fruits de l’agriculture conventionnelle. Ô étonnement! Jusqu’à présent, les études publiées s’échinaient à prouver que les produits bio n’avaient pas de propriétés nutritionnelles supérieures. Pas de vitamines en plus. Normal, puisque ce n’est pas ce qu’on leur demande. Mais en effet, ils préservent la terre et omettent de nous empoisonner. C’est bien suffisant.

Aux États-Unis, la culture massive de plantes OGM résistantes au Roundup a permis d’inonder les terres de cet herbicide. Résultat, une mauvaise herbe est devenue à son tour résistante. Pour la combattre, les autorités viennent d’autoriser la culture d’OGM résistants à l’un des composants du fameux «agent orange», cet herbicide qui, déversé sur le Vietnam, a été responsable de handicaps monstrueux. Pas moins de 5 600 écoles se situent à proximité des zones concernées par cette autorisation.

Et les insectes ont à ce point disparu qu’en Chine, dans certaines régions, ce sont des femmes qui pollinisent à la main les arbres fruitiers. Bien sûr, on regarde d’un œil distrait les reportages qui racontent cela. On en frémit parfois. Et puis plus rien. Et si les enfants ne peuvent plus aller chasser les papillons, ça n’est pas très grave. De toute façon, ça ne les intéresse pas: ils pratiquent la chasse au monstre numérisé sur console de jeu.

Pourtant, la question se pose de savoir qui a choisi, en conscience, qu’il devait en être ainsi. Le peuple, diront certains. Le peuple qui veut des aliments bon marché, variés, donc une agriculture industrialisée génératrice de pollution. Et puis la mondialisation, qui est un fait et dans laquelle il faut bien surnager par tous les moyens.

Mais les choses sont un peu plus complexes. Souvenir d’un reportage en Berry pour l’élection présidentielle de 2007. Sur le marché de Valencay, un homme exprime son désarroi: «Moi, je m’en fiche, de la politique. Tout ce que je demande, c’est de pouvoir emmener mon fils à la pêche et lui apprendre ce que je sais. Mais même ce plaisir-là, on n’y a plus droit.»

En fait, la politique, c’est aussi savoir si l’on va faire en sorte
que ce père puisse emmener son fils à la pêche. La politique, c’est se demander ce qui fera le bonheur de ce père, de son fils, et de tous ces gens dont la seule richesse est de profiter d’une douceur de vivre qui ne coûte rien.

Mais les sociétés occidentales ont conçu un système dans lequel chaque petit bonheur doit coûter et rapporter. On baptise donc loisir ce petit bonheur, on le transforme en industrie susceptible de générer des profits parla mise au point d’une technique qui soit la plus performante et on l’intègre à un ensemble de mesures de rationalisation de chaque domaine de l’activité humaine.

Dès 1974, le penseur protestant Jacques Ellul avait expliqué tout ce processus par ce qu’il appelait l’idéologie technicienne, le fantasme qui consistait à faire de la technique non plus un outil mais une idéologie censée nous permettre d’améliorer en tout domaine les performances.

On peut alors occuper ce père et son fils, leur offrir un loisir, tout
en vidant leur rivière de ses derniers poissons. On peut laisser les gens sérieux s’occuper de cette nature que les incorrigibles
nostalgiques refusent de voir changer. D’ailleurs, la loi d’avenir
pour l’agriculture les définit, ces gens sérieux, puisque, à la
demande de la FNSEA, ne pourront plus obtenir le statut d’agriculteur actif que ceux qui possèdent un minimum de bêtes et d’hectares.

Comme le dit le président de la FNSEA, lui-même industriel des
agrocarburants et de l’importation de poulet brésilien à bas coût, «celui qui a deux hectares, trois chèvres et deux moutons n’est pas agriculteur.» Il est vrai que celui-là ne doit pas avoir de quoi acheter du Roundup…

On peut continuer à déplorer la disparition des brochets et des
papillons autour d’un repas estival et puis se faire croire que tout cela est le fruit de la fatalité. On peut voter une loi de transition énergétique sans rien changer au système économique qui impose de consommer toujours plus d’énergie, et voter une loi agricole qui achève de tuer les paysans en perpétuant une logique d’industrialisation qui non seulement les fait disparaître, mais somme les survivants de produire à bas coût, en remplaçant les bras par la chimie, pour supporter la concurrence de pays sans normes écologiques et sociales.

On peut continuer à nourrir les enfants des écoles ou les malades des hôpitaux avec des produits pollués importés de très loin au nom du mieux-disant financier au lieu de leur offrir des produits cueillis du matin, encore vivants, et récoltés par leur voisin, leurs parents, dans un bassin d’emploi revivifié. On peut croire à la fatalité. Mais on peut aussi penser que les brochets et les saumons, les papillons et les éphémères, sont éminemment politiques.

La mairie de Paris veut exterminer les corneilles

C’est encore une fois une chose inqualifiable à laquelle on a droit, et la France atteint un niveau toujours plus effrayant dans l’antinaturel le plus primaire. La mairie de Paris a décidé d’exterminer les corneilles, et il est également beaucoup parlé des rats parisiens ces derniers temps dans les médias.

Ainsi, on a Paris qui est une ville d’une saleté repoussante. Un exemple connu est par exemple le parc des Buttes Chaumont, qui est d’ailleurs une construction artificielle de bout en bout avec une fausse cascade, etc., qui regorge de saletés les plus diverses, de détritus dispersés un peu partout, dans l’herbe comme dans les buissons.

Ajoutons également à cela des abandons réguliers d’animaux là-bas, avec en plus parmi ceux-ci des abandons issus de rituels de magie noire africaine (ce qui amène la présence de poules entre autres), etc. Ou encore que la mairie ne nourrit même plus les oiseaux présents, comme les canards, mis là-bas pour faire décoration (et donc que l’on a mutilé pour qu’ils ne puissent pas voler).

Mais ce qui est vrai pour les Buttes Chaumont est valable pour les autres parcs : les Français ont une notion très personnelle de l’hygiène et Paris n’est ni la ville suisse de Genève, ni la ville autrichienne de Vienne, où disperser ses ordures ailleurs que dans les poubelles est pratiquement considéré comme criminel…

Par conséquent, les humains n’étant pas les seuls êtres vivants, de nombreux animaux se procurent leur nourriture en profitant de l’aubaine. Le cas des renards est connu pour Londres, mais ceux-ci sont également massivement présent au bois de Vincennes en périphérie de Paris, et ils fouillent également les poubelles des alentours…

Tout cela, cependant, n’est connu que des gens s’investissant pour les animaux.

Cela n’intéresse nullement la mairie de Paris, qui n’en a simplement rien à faire des animaux alors qu’elle aurait largement de quoi s’organiser pour les protéger.

Donc au lieu de rendre la ville plus propre, la mairie de Paris choisit l’extermination. La corneille est classée « espèce nuisible », dans un nouveau pathétique et criminel combat contre la Nature.

Dans ce contexte, les médias ont d’ailleurs repris une argumentation déjà présente depuis quelques temps, et digne du film à sensations de Hitchcock, Les oiseaux. Il a ainsi été question d’une caissière de supermarché qui a été attaquée et hospitalisée pour traumatisme crânien, et des promeneurs dans le même quartier (dans le parc de la Cité universitaire) auraient eux aussi subi des attaques.

Le journal gratuit métro raconte d’ailleurs:

« Une quinquagénaire qui marchait sous les arbres de la Cité universitaire (14e arrondissement) a ainsi été prise pour cible, déséquilibrée et blessées par les oiseaux agressifs. »

C’est subtil comme construction, cela rappelle les nazis dans le principe de généralisation irrationnelle, d’interprétation délirante.

Et la mairie de Paris s’appuie là-dessus… Alors qu’elle dit pourtant sur son site, sur une page consacrée à la biodiversité et aux corneilles en particulier:

« Pendant la période de reproduction, après la naissance des petits, aux alentours de la mi-mai à la mi-juin, les parents défendent les oisillons des menaces éventuelles. Les corneilles sont alors susceptibles d’exprimer un comportement défensif si on s’approche de leur progéniture (souvent cachée dans un bosquet). »

Citons d’ailleurs ici un article du Parisien datant de juin; la première citation est celle d’une personne du XIVe arrondissement qui réagit de manière irrationnelle, la seconde donne une explication sérieuse…

« Je me baladais avec mon chien, raconte Véronique. Tout à coup, un oiseau noir a foncé sur nous. J’ai eu le temps d’attraper mon chien dans mes bras. Mais la corneille revenait vers nous pour nous attaquer. J’ai pris la laisse et je l’ai brandie en mode lasso pour la faire fuir ! Ce sont vraiment des sales bêtes ! »

« Elles sont en pleine période de reproduction, décrypte Jacques Cuisin, spécialiste des oiseaux au Muséum. Elles nichent dans les arbres et défendent leur nid. La corneille est une sorte de corbeau des villes. A l’origine, c’est un oiseau charognard qui aime les poubelles. Leur existence dans la capitale est liée aux deux forêts, de Vincennes et Boulogne. »

Ainsi, c’est tout simple. La ville de Paris est sale et les corneilles se procurent aisément de la nourriture. En conclusion Paris n’a qu’a être propre. Ensuite, les gens découvrent que dans les endroits naturels, dans la mesure où les parcs parisiens peuvent l’être, il y a des animaux, qui vivent leur vie, et protègent leurs enfants…

C’est une logique anti-naturelle exterminationniste. Et la palme du pathétique revient ici à Carine Petit, maire socialiste du XIVe arrondissement, qui se la joue « scientifique » dans son discours d’extermination:

« la corneille joue aussi un rôle de régulation de l’écosystème qu’il faut également prendre en compte que (…) cet oiseau fait partie des rares prédateurs présents à Paris qui participent au contrôle de certaines espèces susceptibles de devenir gênante comme les pigeons ramiers ».

C’est toute une vision du monde dénaturée qu’on voit ici, fondée sur l’anthropocentrisme et sa dimension exterminatrice.

Remplacer une exploitation animale par une autre?!

Une étude a été publiée dans la revue américaine Proceedings of the
National Academy of Sciences et appelait à… « réduire » la
consommation de « viande » de boeuf, en raison du bilan trop négatif
pour l’écologie.

L’article, intitulé « Land, irrigation water, greenhouse gas, and
reactive nitrogen burdens of meat, eggs, and dairy production in the
United States », s’inscrit donc dans le schéma classique actuel où, au lieu d’une remise en cause générale, on tente de rogner comme
on peut de-ci de-là, afin de préserver le système dans son ensemble.
C’est véritablement lamentable.

Mais ce n’est pas étonnant, et on aurait tort de penser que ces
scientifiques sont payés à ne rien faire. Ainsi, l’article fait tout
un topo sur les terrains de « production bovine » aux États-Unis et
propose ni plus ni moins que de tout fermer! Il conseille directement
au gouvernement de faire en sorte de modifier les habitudes
alimentaires aux États-Unis, pour des raisons énergétiques!

L’étude, qui oeuvre ouvertement en faveur du « développement durable » (l’expression y est bien entendu employée), porte en effet
exclusivement sur les États-Unis. Les chercheurs ont porté leur étude
sur un terrain spécifique, à savoir les États-Unis, pour la période
2000-2010, en s’appuyant sur les informations données par différents services de ministères (Agriculture, Énergie, Affaires intérieures).

Le sens de l’article est donc de critiquer la « viande » de boeuf,
dont le coût écologique est bien plus grand que pour les autres
productions, au coût similaire, l’article citant donc ici les cochons,
les produits laitiers, les oeufs et les poulets. On y apprend que la production de « viande » de boeuf demande 28 fois plus de terrain,
11 fois plus d’eau et produit aussi 5 fois plus de gaz à effet de
serre et 6 fois plus de nitrates.

On comprend alors la réaction « scandalisée » de Kim Stackhouse,
responsable du développement durable de l’Association américaine des éleveurs bovins: « L’étude parue dans les PNAS est une simplification grossière du système complexe qu’est la chaîne de production de boeuf ».

Mais que pourrions-nous dire de notre côté! Cela dépend des régions du monde, mais grosso modo dans tous les cas une alimentation
végétalienne exige une nourriture consommant 30% de moins d’eau.

Un document du début de l’année produit par l’Union Européenne donne quelques chiffres pour le régime végétarien. En Europe du nord, sa consommation d’eau en comparaison est moindre de 32%, en Europe de l’ouest de 41%, en Europe du sud de 41%, en Europe de l’est de 26%.

Regardons d’autres chiffres: 30% des terres de la planète sont dédiées à la production de « viande », 8% des terres agricoles sont destinées à une production directement pour les humains. 18% des gaz à effet de serre sont produits par l’économie de l’exploitation animale, avec 9% du Co2 et 37% du méthane.

Si on dit que la consommation de « viande » va doubler d’ici 10 ans,
alors on imagine facilement les conséquences!

Alors quel intérêt de mettre en avant les boeufs et d’appeler à les
remplacer? Il s’agit simplement, et on le voit facilement, de maintenir
les choses telles qu’elles sont, de repousser au plus tard possible
l’inéluctable prise de conscience de l’infâme logique où l’on s’est
enfermé.

Toute cette histoire de « développement durable » est un maquillage
et une tentative de moderniser l’exploitation animale. Les
réformes promettent beaucoup, mais n’engagent que ceux et celles qui veulent y croire, ou qui ont assez de naïveté pour penser qu’on peut s’en sortir sans remise en cause générale.

Mais c’est inévitable, il faut tout changer…

Des dents de la mer à l’invasion des rats : la propagande pour la domination

[Voici un article publié sur l’ancêtre de LTD, à savoir VeganRevolution. L’article date de juillet 2005.]

Dans le dernier Canard enchaîné du mois de juin 2005 on peut lire un entrefilet symptômatique de la logique de la société de consommation :

« Ca laisse rongeur

Patron de la fiction sur TF1, Takis Candilis prépare l’arrivée de téléfilms-catastrophes (« Le Point », 23/6): « Imaginez des millions de rats qui envahissent Paris après une grève des éboueurs…

Pour le besoin de ce tournage, nous élevons en ce moment 450 rats à Fontainebleau. Des gros rats de la taille de petits chiens. »

Il va faire fuire la ménagère de moins de 50 ans!

Séparer abstraitement les humains des animaux, voilà l’idéologie de ces films. Dans une vision très religieuse, les animaux seraient « sauvages », auraient des comportements « absurdes », et seraient naturellement « agressifs ».

Il est intéressant de voir que les animaux qui sont le plus victimes de cet ostracisme sont des animaux concurrencant la gente masculine dans la « virilité ». King Kong est le symbole du grand singe plus costaud que les humains masculins et on est en plein fantasme de se faire « voler » « sa » femme par « plus viril que soi ».

Le requin est le symbole de la force brute, de la guerre; le rat lui est le symbole de la sensualité et de la sexualité, il glisse partout, il se reproduit. Il est d’ailleurs invisible et cela sera prétexte aux nazis pour assimiler les personnes d’origine juive aux rats, propagande encore actuelle. On retrouve également l’assimilation fantasmatique classique aux pieuvres envahissantes, vampires suceurs de sang, etc.

Et naturellement aux araignées, qui forment un grand classique. De tous les animaux, les insectes sont la plupart du temps considérés comme les plus « immondes » (comme dans Indiana Jones n°2 par exemple, dans le premier on aura eu les serpents, dans le troisième les rats). Et les araignées sont les pires car elles piquent avec leur dard…

Il est intéressant de voir d’ailleurs que les films montrent les animaux comme des prédateurs pervers cherchant à s’approprier des femmes. De la même manière que les nazis accusaient les personnes d’origine juive de vouloir « s’approprier » les femmes « aryennes », il est assez symptômatique de voir les affiches de King Kong ou des Dents de la mer.

Même les affiches des oiseaux de Hitchcock reprennent cette tonalité de l’animal comme concurrent des hommes par rapport à la possession des femmes.

La domination masculine sur les femmes va de pair avec la domination masculine sur le monde. Même les piranhas, poissons ou poissons volants, sont de la partie !

Les animaux sont prétextes au courage, à l’ingénioisité d’hommes brillants, face à la « brutalité » animale, comme nous le rappelle Moby Dick !

Même les orques prennent le nom de « baleines tueuses » (alors qu’il s’agit d’un delphinidé et non d’une baleine) pour les besoins du culte du « sauvage » que l’homme civilisé parvient (ou pas) à dominer. Il est évident que les animaux représentent au fond quelque chose qu’il faut rejeter, un côté « sauvage », qu’il soit animal ou humain lorsqu’il y a un contact non conflictuel avec la nature. Les cowboys butent les indiens, les humains butent les animaux, tout est dans l’ordre.

Et quand on ne trouve pas d’animaux assez monstrueux, on les invente. On a ainsi Godzilla le monstre issu des mutations ou encore Alien. Ce qu’il a d’intéressant avec le film Godzilla et Orca c’est qu’il y a soi disant une morale éthique derrière. Godzilla est juste issu des expériences nucléaires humaines dans le pacifique, et Orca se venge du capitaine ayant tué son enfant. Mais ce sont des animaux et ils restent monstrueux.

En fait même « humanisé » les animaux restent inférieurs. C’est clairement le cas dans La planète des singes ou dans Star Wars, avec par exemple Chewbacca ou les Ewoks.

Le forum RESCUE fête ses 10 ans

Rescue est un forum incontournable et indispensable pour les animaux. En effet, Rescue aide à trouver des familles d’accueil, des familles d’adoption, des co-voiturages pour les animaux dans le besoin.
Le forum a aussi des catégories « perdus/trouvés », avec de près de 81 000 membres, c’est une aide indispensable si l’on perd son compagnon à poils ou si l’on trouve un être égaré ou en danger (catégorie « SOS »).
Les membres associatifs de Rescue peuvent aussi faire des demandes de dons (matériel, financier) pour leur refuge ou les particuliers peuvent proposer ou offrir des demandes de gardiennage.
Le forum Rescue vient de fêter ses 10 années d’existence, 10 années où les abandons et l’exploitation des animaux n’auront cessé d’augmenter, comme cela peut se constater dans la catégorie « Protection et mode de vie ».

Wamiz a réalisé une interview de la fondatrice de Rescue, la voici :

Wamiz – Comment est né Rescue ?

Anaïs Drux – RESCUE est né en juillet 2004, alors que la protection animale faisait ses premiers pas sur la toile. Je tombais sur des annonces d’animaux qui allaient être euthanasiés à droite et à gauche, et le souci c’est que rien n’était regroupé et on ne savait jamais trop si quelqu’un avait agit, si c’était toujours d’actualité … alors l’idée d’un forum spécialement dédié aux sauvetages est née, afin de permettre des interactions en temps réel et une dynamique efficace !

Comment fonctionne Rescue ?

Notre site a été créé pour regrouper tous les sauvetages urgents d’animaux de tous types, dans des situations de détresses diverses : euthanasie proche, maltraitance chez les propriétaires, en danger dans la rue etc…

L’idée est que tout un chacun puisse venir lancer un appel afin de trouver de l’aide et des solutions pour aider un animal.

Nous avons aussi des rubriques d’annonces d’adoptions classiques pour les animaux en refuge ou en famille d’accueil, et diverses rubriques pour passer des appels aux dons, une annonce d’animal perdu ou trouvé, une recherche de co-voiturage, etc …

RESCUE est un mélange entre un site de petites annonces et un forum participatif, ce qui permet à chacun de proposer des solutions ou des idées directement dans les annonces, et de créer rapidement de belles chaînes de solidarité.

Imaginais-tu que Rescue existerait toujours, 10 ans après ?

En toute honnêteté, j’avais 18 ans quand j’ai créé RESCUE, et je ne me posais pas ce type de question. Maintenant avec le recul, je me dis que c’est effectivement un bon bout de chemin, et paradoxalement il est passé très vite … il reste tant à faire que le temps file un peu trop rapidement !

J’espérais voir RESCUE devenir un outil efficace, mais je n’avais effectivement pas imaginé que ce serait à une telle ampleur.

En quelques chiffres, combien de membres compte Rescue ? Combien d’annonces sont aujourd’hui en ligne ?

Il y a plus de 80 000 membres inscrits sur le site, plus de 100 000 fans sur Facebook, et bientôt 2000 followers sur Twitter.  Notre communauté ne cesse de croître, et cela signifie que de plus en plus de personnes se sentent concernées par la cause animale et veulent agir à leur niveau … et tant mieux !

Actuellement, il y a un total d’environ 3400 annonces uniquement pour les rubriques d’adoptions, sans compter les autres types d’appels à l’aide.
À titre d’exemple au moment où je réponds à cette interview, il y a une dizaine d’annonces de chiens qui vont être euthanasiés dans la semaine à venir si personne ne leur vient en aide. Et c’est comme ça toutes les semaines…

Quels animaux sont concernés par Rescue, et quels sont ceux qui ont le plus besoin d’aide ?

RESCUE concerne absolument tous les animaux. Nous avons déjà eu des annonces incroyables avec des personnes qui demandaient de l’aide pour des singes par exemple. Évidemment dans ce type de cas il ne s’agit pas d’adoption mais de rediriger les personnes vers des centres spécialisés et autres solutions adaptées.

Donc il n’y a vraiment aucune limite, nous avons des chiens, des chats, des NACs, beaucoup d’animaux de ferme également ou équidés.

Les animaux les plus durs à aider sont évidemment ceux de grande taille, un grand chien noir intéressera moins les adoptants qu’un petit Bouledogue français hélas…

Les animaux âgés sont délaissés, nous avons une grande quantité d’annonces de chiens de plus de 10 ans avec presque le même nombre d’années enfermés dans un box, et ces annonces sont parfois sur le site pendant des années sans que personne n’y prête attention.

Les chats tigrés, les chats noirs, les chats errants par centaines que plus personne ne sait où mettre …

En fait cette liste pourrait être immense. La France continue chaque année d’exploser son record au niveau des abandons et la situation est dramatique, nous sommes à un niveau où chaque animal peine à recevoir de l’aide.

Un sauvetage t’as-t-il particulièrement touchée au cours de ces 10 années ?

Je n’oublierai jamais Huty, un chien croisé chasse de 16 ans qui avait passé absolument toute sa vie en cage.
L’annonce placée sur RESCUE avait permis de trouver enfin un accueil pour qu’il finisse sa vie dignement, et ce pauvre chien est décédé d’un AVC dans son box peu avant son départ vers sa famille.

Ce n’est pas l’histoire la plus joyeuse que j’ai à vous raconter mais c’est en tout cas un chien qui me reste sur le cœur, pour me rappeler qu’il faut faire en sorte de faire mieux, pour qu’il n’y ait plus jamais de Huty.

Constates-tu une forte augmentation des annonces concernant des animaux abandonnés durant l’été ?

Malheureusement oui, entre les abandons et les refuges et fourrières qui débordent, et la saison des naissances des chatons qui tombe pile en même temps, c’est chaque année la catastrophe.

A ton avis, sur quoi repose le succès de Rescue ?

RESCUE fait partie des premiers sites de son genre, il a vraiment apporté un souffle nouveau sur les méthodes de protection animale et il est rapidement devenu une référence dans le milieu.

Mais RESCUE c’est surtout une histoire de cœur, de ténacité, et de beaux résultats. Quand vous regardez un animal en vous disant que sans RESCUE il ne serait peut-être plus là ou toujours dans sa misère, vous avez envie de continuer.

Comment venir en aide à Rescue et aux animaux abandonnés ?

Il y a tant de choses à faire à tous les niveaux ! Si on ne peut pas adopter, on peut éventuellement accueillir temporairement un animal, pour 15 jours ou plus. Parfois vous évitez à un animal de se faire euthanasier en l’accueillant quelques jours uniquement.

Si vous ne pouvez pas accueillir d’animal même temporairement, vous pouvez faire des dons ou vous pouvez vous proposer pour des trajets de co-voiturage quand un animal doit rejoindre sa famille d’accueil ou ses adoptants.

Si vous n’avez ni place ni possibilité de faire des dons, alors nous sommes sûrs que vous avez au moins un peu de temps pour diffuser les annonces sur le web. La diffusion, c’est notre principe premier, et cela sauve vraiment des vies.

En fait, la liste n’a pas de limite, le principe de RESCUE, c’est que toutes les solutions et idées sont bonnes à prendre, et comme le dit un de nos slogans : « on peut TOUS faire quelque chose ! »