Le climat de la France au 21ème siècle

Le ministère de l’écologie vient de rendre public un rapport, intitulé « Scénarios régionalisés », édition 2014, faisant partie de la série « Le climat de la France au 21e siècle ». Une site existe également pour diffuser les cartes en rapport avec les prévisions faites.

De manière opportune, le ministère rappelle la tenue de la « Conférence internationale des Parties sur le Climat », à Paris 2015, et donc la nécessité d’être au niveau… Mais n’est pas pour autant capable de donner un lien correct pour lire le rapport, puisque on y obtient qu’une courte présentation!

Il faut aller en fait sur le site du ministère du développement durable pour l’obtenir, et le rapport est donc disponible ici. Nous allons en reparler, mais en voici déjà quelques extraits significatifs.

Tout d’abord voici un résumé officiel des conclusions:

Principales conclusions du volume 4 « Scénarios régionalisés édition 2014 »

En métropole dans un horizon proche (2021-2050):
– une hausse des températures moyennes évaluée entre 0,6 et 1,3°C (plus forte dans le Sud-Est en été),
– une augmentation du nombre de jours de vagues de ch aleur en été, en particulier dans les régions du quart Sud-Est,
– une diminution du nombre de jours anormalement froids en hiver sur l’ensemble de la France métropolitaine, en particulier dans les régions du quart Nord-Est.

D’ici la fin du siècle (2071-2100), les tendances observées en début de siècle s’accentueraient, avec notamment:
– une forte hausse des températures moyennes : de 2,6°C à 5,3°C en été selon les scénarios utilisés,
– un nombre de jours de vagues de chaleur qui pourrait dépasser les 20 jours au Sud-Est du territoire métropolitain,
– des épisodes de sécheresse plus nombreux dans une large partie sud du pays, pouvant s’étendre à l‘ensemble du pays,
– un renforcement des précipitations extrêmes sur une large partie du territoire.

Ensuite, voici une présentation du nombre de jours de vague de chaleurs.

Le nombre de jours de vagues de chaleur modélisé par WRF et Aladin-Climat sur la période de référence 1976-2005 est compris entre 2 et 4 à l’Ouest du territoire, et va jusqu’à plus de 6 au Nord-Est pour Aladin-Climat.

A l’horizon 2021-2050, l’ensemble des modèles simule une augmentation du nombre de jours de vagues de chaleur en moyenne sur les mois d’été. Pour les deux scénarios considérés, cette augmentation est modérée, allant de 0 à 5 jours sur l’ensemble du territoire, voire de 5 à 10 jours pour le scénario RCP4.5 dans des régions du quart Sud-Est.

Cette augmentation est encore plus importante en fin de siècle, et se situe pour le scénario RCP4.5 entre 5 et 10 jours sur les régions de l’Ouest, et jusqu’à 20 jours à l’Est du pays pour Aladin-Climat. Bien que l’amplitude du changement soit différente pour WRF et Aladin-Climat, les résultats mettent en évidence une augmentation globalement plus marquée en allant vers le Sud-Est, et ce pour les deux modèles.

Ces résultats sont encore plus marqués pour le scénario RCP8.5, qui montre une augmentation du nombre de jours de vagues de chaleur de 5 à plus de 20 jours supplémentaires en moyenne estivale (voire dépassant les 40 jours vers les régions du Sud-Est pour Aladin-Climat, qui simule des valeurs parmi les plus élevées de l’ensemble multi-modèle).

Enfin, voici la présentation du nombre de jours froids en moins.

On considère qu’un jour a une température anormalement basse si sa température minimale est inférieure de plus de 5 °C à une valeur de référence.

En moyenne sur la saison hivernale, la période 1976-2005 compte plus de 10 jours très froids près des régions d’influence Atlantique jusqu’au Nord-Est du pays, et de 2 à 10 jours sur le reste du territoire. Le réchauffement prévu au cours du XXIe siècle devrait conduire à une diminution des jours anormalement froids sur l’ensemble de la France métropolitaine, à partir des prochaines décennies.

A l’horizon proche, cette diminution est comprise entre 1 et 4 jours sur tout le territoire, voire jusqu’à 6 jours au Nord-Est du pays. Cette diminution est équivalente pour les deux scénarios RCP. Pour le scénario RCP4.5, on peut constater que les modèles WRF et Aladin-Climat se placent de part et d’autre de la distribution de l’ensemble Euro-Cordex.

Cette diminution des extrêmes froids est plus importante en fin de siècle, en particulier pour le scénario RCP8.5, avec une amplitude plus ou moins marquée selon les modèles. Les résultats montrent toutefois que quel que soit le scénario ou le modèle considéré, la diminution du nombre de jours très froids en hiver est moins importante dans l’extrême Sud du pays avec 2 à 8 jours de moins que la moyenne de référence. A l’inverse, cette diminution est plus importante au
Nord-Est de la France, allant de 6 à plus de 10 jours selon les scénarios et modèles.

Il est bien connu que la France est un bastion « climato-sceptique » et bien entendu, les commentaires multiples pour dénoncer ce rapport ont été très nombreux sur internet. Cependant, cette attitude destructrice reflète également un point de vue largement passif.

Les gens en France n’ont pas compris la véritable dimension du réchauffement climatique, de la problématique écologique, mais comment pourrait-il en être autrement dans un pays où le rejet, la négation de la Nature est si marquée?

En défense de la zone humide du Testet !

Voici un appel de « Tant qu’il y aura des bouilles« . Les bouilles, ce sont des terres ou prairies humides sans valeur financière, et il s’agit justement de sauver la zone humide du Testet, dans le Tarn, qui est en train d’être attaquée par les engins de déforestation protégés par les forces de l’ordre.

Une grève de la faim a lieu depuis 10 jours et il y a aujourd’hui au matin un rassemblement de solidarité à Albi. Voici des documents pour avoir une connaissance minimum de la question, mais bien entendu le mieux est de suivre l’actualité directement sur les sites activistes en défense de la zone humide du Testet!

Appel à mobilisation, occupation, réoccupation et actions décentralisées

contre le barrage de Sivens, pour la sauvegarde de la zone humide du Testet

La magnifique vallée du Tescou est menacée par un projet de barrage. En bordure de la forêt de Sivens à 10 Km de Gaillac (Tarn), c’est 35 hectares de zone humide, forêt et bouilles* qui doivent être noyées pour satisfaire les besoins de l’économie capitaliste : un gros chantier pour une grosse entreprise (la CACG) et de l’eau à profusion pour favoriser l’agriculture intensive. 18 hectares classés «zone humide» sont concernés, ainsi que de la forêt. Parmi les nombreux animaux sauvages qui y vivent, on compte une centaine d’espèces « protégées » dont cinq menacées.

Le projet est financé intégralement par des fonds publics (dans les 10 millions d’euros) et doit servir uniquement des intérêts privés. Il a été mené en contournant les lois trop contraignantes et en jouant sur les chiffres pour fausser les dossiers. Les alternatives proposées ont été occultées par les politiques qui ont scrupuleusement suivi les consignes de leurs amis affairistes en leur apportant une caution démocratique.

Depuis le mois de novembre, nous avons déjà bloqué plusieurs tentatives de « déplacements d’espèces » et les opérations d’une équipe de géomètres. Le projet est peu connu par la population locale qui n’a presque pas été informée, mais le potentiel de soutien est grand. Un gros travail de communication reste à faire. Nous occupions depuis le 23 octobre 2013, une ancienne ferme à l’abandon, la Métairie Neuve, jusqu’à ce qu’elle soit saccagée par une vingtaine d’individus cagoulés le 23 janvier. Les 25 et 26 du même mois, une cabane et un campement étaient collectivements reconstruits sur un autre terrain, la « Bouillonnante », situé sur la « Zone à Défendre » proprement dite.

Une procédure judiciaire a abouti à une ordonnance d’expulsion pour le terrain occupé, sans qu’aucun huissier ne se soit présenté, ni que personne ne nous ait prévenu officiellement. On nous réserve donc une expulsion « surprise ». Les promoteurs du projet sont tenus par des délais très serrés (arrêtés préfectoraux et conditions des financements européens). Nous nous attendons donc à une expulsion imminente et à une accélération des opérations. Nous sommes à une période charnière du projet et les semaines à venir seront décisives.

En cas d’expulsion, nous appelons touTEs les individuEs, comités, collectifs et autres forces de résistance à organiser des actions décentralisées auprès des entreprises et institutions porteurs du projet: CACG, Adour Garonne, conseils généraux du Tarn et du Tarn et Garonne, ou auprès des représentations locales des institutions ayants pris partie dans le projet: préfectures (état), DREAL (ministère de l’écologie), communanuté européenne.

Dans tous les cas et dès maintenant, le collectif « Tant qu’il y aura des bouilles » appelle celles et ceux qui refusent ce monde à venir occuper, construire, reconstruire et habiter la zone pour bloquer ce projet jusqu’à son annulation ! Notre résistance est dynamique et créative, nous luttons contre un système, des idées et des pratiques, mais dans aucun cas contre des individus.

Copains d’ici et d’ailleurs, amiEs bâtisseuses et bâtisseurs de nouveaux mondes, rejoignez-nous au plus vite ! Les courtes visites sont appréciées autant que les longs séjours! Une victoire sur un grand projet nuisible est à notre portée!

Pour un moratoire sur le projet de barrage de Sivens jusqu’à la fin des recours en justice

L’appel pour le pique-nique de ce dimanche (que nous espérons végan bien entendu):

Invitation à un grand pique-nique familial

Dimanche 7 septembre à partir de 11h sur les bords de la zone humide du Testet

Nous appelons les amoureux de la Nature sauvage et de ses espaces de rêveries, les passionnés des petites et des grosses bébêtes, les hommes (et les femmes) qui plantent des arbres et pas ceux qui les coupent dans la forêt de Sivens… Nous appelons toutes celles et ceux…

Qui en ont assez que la FNSEA manifeste pour continuer à épandre des pesticides à côté des écoles, qui veulent que la politique agricole approvisionne en produits de qualité les consommateurs locaux et la restauration collective et non pas à conquérir des parts du marché mondial avec de la malbouffe industrielle à bas prix !

Qui sont en colère quand le gouvernement emprisonne la Confédération Paysanne mobilisée contre la ferme des 1000 vaches et déroule le tapis rouge aux casseurs de la FNSEA …

Qui ne supportent plus que la justice n’ait pas les moyens de juger les projets d’aménagement avant qu’ils ne soient inaugurés, qui refusent la farce des compensations environnementales qui n’ont d’autre efficacité que de justifier la destruction des espaces naturels tout en subventionnant les bureaux d’études des copains…

Nous appelons toutes celles et ceux qui veulent une véritable transition énergétique, qui veulent limiter la menace climatique sans devoir avaler la pilule nucléaire, qui veulent que l’argent public serve d’abord à rendre les gens économes et autonomes en énergie !

Celles et ceux qui se battent contre le rouleau compresseur des projets inutiles et imposés, contre les LGV, les autoroutes absurdes, les mines dans le Limousin, l’Ayrault-Port de Notre-Dame des Landes, l’exploration des gaz de schistes, etc qui détournent l‘argent public des vraies priorités sociales et environnementales.

Qui savent que seule la pénalisation des crimes et délits portant atteinte à la santé publique et à l’environnement et la fin des conflits d’intérêts obligeront les industriels et les élus à respecter l’intérêt général et à cesser leur pression sur les fonctionnaires chargés des contrôles.

Qui en ont marre que les gouvernements de gauche comme de droite ne soutiennent la transition écologique qu’à travers les filières industrielles et centralisées au lieu de développer en priorité les filières locales, créatrices d’emplois durables et non délocalisables.

Bref, nous appelons toutes celles et ceux qui croient que nous devons sortir des fausses solutions politiques du siècle dernier et entrer dans le monde du XXIècle. Celles et ceux qui désirent soutenir une jeunesse engagée et porteuse d’utopies (qui seront les réalités de demain) et qui sont prêts à les protéger concrètement de la répression honteuse qui s’abat sur leurs rêves les plus beaux…

La zone humide du Testet est le reflet de notre avenir, elle est le reflet de notre planète.

Nous sommes au milieu du gué. Lundi et mardi, ils ont coupé les arbustes à la tronçonneuse mais ont épargné les grands arbres jusqu’à l’attaque finale. Les jours suivants, des machines infernales sont arrivées et elles dévastent désormais tout à un rythme industriel, depuis la périphérie vers le centre qui héberge la plus riche, mais aussi la plus fragile, biodiversité.

A ce rythme, lundi prochain, le cœur sera touché et la zone humide disparaitra ensuite en quelques jours. Nous sommes au milieu du gué. Le week-end arrive pour nous laisser le temps de montrer notre nombre et notre détermination ! Lundi matin, soit nous serons là, nous serons unis au-delà de nos différences et nous sauverons définitivement la zone humide et tout son patrimoine exceptionnel. Soit nous restons passifs, nous laisserons la main brutale s’abattre sur les rêves les plus beaux et nous laisserons le champ libre à la dévastation finale !

Nous sommes au milieu du gué et nous n’aurons pas de 2e chance ni de 2e planète…

Organisations participantes et détails pratiques à venir sur www.collectif-testet.org

Enfin un témoignage terrible, publié sur Tant qu’il y aura des bouilles:

Salut,
Moi c’est Muriel, j’ai passé la journée de mercredi 03 septembre dans un arbre (juste derrière la maison en bois qui a été détruite ce jour là également) dans la parcelle où la « débroussailleuse », en fait un engin énorme qui broie les branches et les troncs et recrache des copeaux a fait son travail de destruction lamentable , sous la surveillance de gendarmes armés (ils ont visés avec leur flash ball les grimpeurs à plusieurs reprises)
Le conducteur a travaillé sans relâche de 8h30 à 12h30 et de 13h45 à 17h30. Derrière la machine, il y a marqué « safe 500 feet », or il a débrouissaillé autour de moi à 10m, et autour d’Olivier à 2m(!!) il a laissé juste un arbre à côté de l’ arbre où il était juché.
Celui-ci a également reçu une volée de gros copeaux que le conducteur (un psychopate!!) a volontairement « recraché » dans sa direction.
Pour ma part, il m’a fait peur sciemment, les gendarmes rigolaient autour (mais quand même à une distance respectable de l’engin) et nous sommaient de descendre (sous-entendu: sinon on allait finir broyés!).
Nous avons eu évidemment très peur, les flics en bas et le conducteur ont joué avec nos nerfs toute la journée en faisant « houba houba » ; les règles de sécurité n’étaient pas (c’est peu de le dire) respectées, les gendarmes ont vraiment joué à un jeu s’apparentant à de la torture.

Pourquoi il ne faut pas se rendre au salon du chiot et du chaton ce weekend à la Beaujoire

Voici un article au sujet d’un « salon du chiot et du chaton » à Nantes. Rien que le nom de ce salon est sordide et montre les intentions des organisateurs, leur morale…

L’article critiquant ce salon est tiré du site NALO – Nantes-Loire Vegan Straight Edge, entièrement tourné vers le local et le concret.

Le Parc des Expositions de la Beaujoire accueil régulièrement des salons exposant et surtout vendant des chiens et des chats. C’est quelque chose qui devrait être interdit car c’est une horreur pour les animaux. Mais c’est un véritable business, il y a des gens qui se font beaucoup d’argent grâce à cela.

Il faut bien comprendre que les éleveurs sont des commerçants qui payent cher leur emplacement et qui attendent donc un retour sur investissement.

Par exemple pour le salon Ioupsi & Joke ce weekend, ils payent 230€ pour 3 mètres de linéaire, 310€ pour 6m ou 420€ pour 9m, à moins qu’ils s’acquittent d’un abonnement allant de 191€ à 350€ par mois afin de participer à tous les salons de France. À cela s’ajoute une commission de 60€ par animal vendu.

Les gens viennent dans ces salons car ils aiment les animaux et les commerçants misent là-dessus pour les faire « craquer », souvent pas l’intermédiaire des enfants. La logique est simple, présenter des « boules de poil », « trop mignonnes », pour favoriser l’achat compulsif.

En résumé : c’est du grand n’importe quoi. Les animaux sont vendus comme des peluches à la fête foraine. En plus, ils sont vendus très cher, et le pire est qu’il faut payer l’entrée. Par exemple ce weekend, c’est 6€ par personne et 3€ pour les moins de 11 ans.

Pendant ce temps les refuges sont presque tout le temps débordés et en manque de moyens humains et financiers. En moyenne, c’est entre 150€ et 300€ pour adopter un chien dans un refuge (et souvent moins pour les chiens de plus de 10 ans), mais la plupart des gens préfèrent payer beaucoup plus cher à des commerçants, plutôt que de venir sauver un chien ou un chat qui souffre de la solitude et du manque d’espace.

Les bénévoles des refuges le savent bien : quand un chien ou un chat arrive, souvent c’est pour très longtemps, et malgré tout le mal qu’ils se donneront pour lui, toute l’affection et l’attention qu’ils lui porteront, sa vie au refuge sera très triste.

D’où viennent tous ces malheureux animaux abandonnés ou sauvés de la maltraitance qui surpeuplent les refuges ? Et bien justement, ils ont très souvent été acheté dans ce type de salons, mais aussi dans des animaleries ou directement chez des éleveurs-commerçant. Beaucoup de ces commerçants sont en fait des particuliers opportunistes qui n’y connaissent franchement pas grand-chose, mais qui profitent de leur animal « de race » pour arrondir copieusement leur fin de mois.

Rien de tout cela n’est raisonnable. Quand on aime les chiens et les chats, il ne faut pas se voiler la face, il faut être responsable. Cela signifie adopter uniquement dans les refuges, s’investir dans les refuges et les associations de familles d’accueil, faire de la promotion pour eux et dénoncer le business des animaux, tel ce salon Ioupsi & Joke ce weekend au parc des exposions de la Beaujoire à Nantes.

D’autant plus que ces salons sont en eux-mêmes des moments très stressants pour les animaux prisonniers, victimes impuissantes du brouhaha, des odeurs et des lumières ainsi que des centaines de mains « affectueuses » les touchant sans cesse.

Sans compter le fait que ces malheureux animaux sont parfois issus d’élevages plus ou moins légaux, pas forcément en France, qui sont de véritables usines leur faisant vivre un enfer sans nom. Mais il n’y a très peu d’enquêtes là-dessus, c’est un business très rentable que les autorités laissent bien tranquille puisque personne ou presque ne se pose de question.

On dira qu’il existe cependant quelques éleveurs sérieux, qui aiment vraiment les animaux ? Peut-être, certainement même. Mais on en reparlera quand il n’y aura plus aucun animal dans l’attente d’une famille dans un refuge. C’est une question de cohérence.

>> consulter la liste des associations et refuges pour animaux dans les environs de Nantes

« Ainsi le châtiment était venu, lent mais terrible »

Ainsi le châtiment était venu, lent mais terrible. Hélas ! ce n’était pas seulement par cette impuissance spirituelle qu’il devait se manifester, mais aussi par des horreurs d’une nature plus cruelle et plus positive.

Le premier symptôme qui se fit voir dans l’économie physique du mangeur d’opium est curieux à noter. C’est le point de départ, le germe de toute une série de douleurs.

Les enfants sont, en général, doués de la singulière faculté d’apercevoir, ou plutôt de créer, sur la toile féconde des ténèbres tout un monde de visions bizarres. Cette faculté, chez les uns, agit parfois sans leur volonté.Mais quelques autres ont la puissance de les évoquer ou de les congédier à leur gré.

Par un cas semblable notre narrateur s’aperçut qu’il redevenait enfant. Déjà vers le milieu de 1817, cette dangereuse faculté le tourmentait cruellement. Couché, mais éveillé, des processions funèbres et magnifiques défilaient devant ses yeux ; d’interminables bâtiments se dressaient, d’un caractère antique et solennel.

Mais les rêves du sommeil participèrent bientôt des rêves de la veille, et tout ce que son œil évoquait dans les ténèbres se reproduisit dans son sommeil avec une splendeur inquiétante, insupportable.

Midas changeait en or tout ce qu’il touchait, et se sentait martyrisé par cet ironique privilège. De même le mangeur d’opium transformait en réalités inévitables tous les objets de ses rêveries.

Toute cette fantasmagorie, si belle et si poétique qu’elle fût en apparence, était accompagnée d’une angoisse profonde et d’une noire mélancolie.

Il lui semblait, chaque nuit, qu’il descendait indéfiniment dans des abîmes sans lumière, au-delà de toute profondeur connue, sans espérance de pouvoir remonter. Et, même après le réveil, persistait une tristesse, une désespérance voisine de l’anéantissement. (…)

L’auteur cite encore un spécimen de ses conceptions morbides, et ce dernier rêve (qui date de 1820) est d’autant plus terrible qu’il est plus vague, d’une nature plus insaisissable, et que, tout pénétré qu’il soit d’un sentiment poignant, il se présente dans le décor mouvant, élastique, de l’indéfini. Je désespère de rendre convenablement la magie du style anglais :

 » Le rêve commençait par une musique que j’entends souvent dans mes rêves, une musique préparatoire, propre à réveiller l’esprit et à le tenir en suspens ; une musique semblable à l’ouverture du service du couronnement, et qui, comme celle-ci, donnait l’impression d’une vaste marche, d’une défilade infinie de cavalerie et d’un piétinement d’armées innombrables.

Le matin d’un jour solennel était arrivé, — d’un jour de crise et d’espérance finale pour la nature humaine, subissant alors quelque mystérieuse éclipse et travaillée par quelque angoisse redoutable.

Quelque part, je ne sais pas où, — d’une manière ou d’une autre, je ne savais pas comment, par n’importe quels êtres, je ne les connaissais pas, — une bataille, une lutte était livrée, — une agonie était subie, — qui se développait comme un grand drame ou un morceau de musique ; — et la sympathie que j’en ressentais me devenait un supplice à cause de mon incertitude du lieu, de la cause, de la nature et du résultat possible de l’affaire.

Ainsi qu’il arrive d’ordinaire dans les rêves, où nécessairement nous faisons de nous-mêmes le centre de tout mouvement, j’avais le pouvoir, et cependant je n’avais pas le pouvoir de la décider ; j’avais la puissance, pourvu que je pusse me hausser jusqu’à vouloir, et néanmoins, je n’avais pas cette puissance, à cause que j’étais accablé sous le poids de vingt Atlantiques ou sous l’oppression d’un crime inexpiable.

Plus profondément que jamais n’est descendu le plomb de la sonde, je gisais immobile, inerte. Alors, comme un chœur, la passion prenait un son plus profond. Un très-grand intérêt était en jeu, une cause plus importante que jamais n’en plaida l’épée ou n’en proclama la trompette.

Puis arrivaient de soudaines alarmes ; çà et là des pas précipités ; des épouvantes de fugitifs innombrables. Je ne savais pas s’ils venaient de la bonne cause ou de la mauvaise : ténèbres et lumières ; — tempêtes et faces humaines ; — et à la fin, avec le sentiment que tout était perdu, paraissaient des formes de femmes, des visages que j’aurais voulu reconnaître, au prix du monde entier, et que je ne pouvais entrevoir qu’un seul instant ; — et puis des mains crispées, des séparations à déchirer le cœur ; — et puis des adieux éternels! et avec un soupir comme celui que soupirèrent les cavernes de l’enfer, quand la mère incestueuse proféra le nom abhorré de la Mort, le son était répercuté : Adieux éternels ! et puis, et puis encore, d’écho en écho, répercuté : — Adieux éternels !

« Et je m’éveillai avec des convulsions, et je criai à haute voix : Non ! je ne veux plus dormir ! »

(Charles Baudelaire, Un mangeur d’opium, Les tortures de l’opium, traitant de « Confessions d’un mangeur d’opium anglais » écrit par Thomas de Quincey)

Le Parti pour les animaux en Hollande

Sur le site agoravox on peut lire un intéressant article intitulé « Le Parti pour les animaux bouscule la scène politique néerlandaise« .

Le titre est plutôt racoleur parce qu’il s’agit en fait d’une intéressante présentation d’un parti de « protestation », puisqu’en effet aux Pays-Bas on peut avoir un député à la proportionnelle à partir du moment où l’on dépasse 0,67%. Autant dire que c’est le contraire d’en France où il faut dépasser les 50% dans une circonscription donnée…

Ce parti donc, qui a 12 000 adhérents, a eu un score de 1,9% aux élections de 2012, obtenant un député, et aux élections européennes il a fait 4,2%, ayant un député. De manière intéressante, on peut trouver plusieurs documents en français:
– chaque semaine depuis plusieurs années il y a un petit texte racontant l’actualité du parti;
– il y a une présentation sous la forme de « cours » : « comment fonder un parti pour les animaux« ;
– enfin il y a le programme, que nous reproduisons ici.

La vie sur Terre se présente sous des formes très diverses. Les espèces animales sont au nombre de plus d’un million. Chaque entité vivante s’efforce de subsister dans des conditions optimales, si besoin au détriment d’une entité voisine.

Les espèces animales peuvent se retrouver en concurrence, ou se retrouver dans une situation chasseur-proie. L’ensemble des entités vivantes est intégré dans l’écosystème planétaire, qui se maintient selon un équilibre naturel et dynamique. La vie sur Terre n’est donc pas un long fleuve tranquille, mais bien plus une lutte permanente où ses acteurs s’impliquent jusqu’à leur mort.

L’être humain fait certes partie de l’écosystème terrestre, mais au vu de son développement intellectuel et la culture dont il s’est doté, il s’est retrouvé dans une position où il lui est possible de défendre ses intérêts au détriment des autres entités vivantes de manière plus efficace et à plus grande échelle que n’importe quelle autre espèce animale.

Le même développement intellectuel lui confère cependant la liberté, aujourd’hui comme demain, de ne pas infliger de tort ou de mal aux autres espèces vivantes et à ses semblables. C’est sur la base de ce respect pour l’intégrité morale et physique de toute forme de vie sur Terre que l’Homme pourra bâtir des relations plus harmonieuses avec ses semblables, avec les animaux et avec la nature en général.

L’Homme ne s’est pas (encore) approprié ce respect pour la vie dans des proportions suffisantes. De ce fait, hier comme aujourd’hui, son comportement se caractérise par sa dureté et par sa négligence. C’est pour cette raison que des espaces naturels se retrouvent anéantis en un temps record, que des espèces animales disparaissent, que l’écosystème terrestre, déboussolé, se retrouve sous pression et que des pans entiers de la population humaine voient leur avenir menacé.

Il est moralement inacceptable que l’Homme puisse exploiter la nature au point occasionner des changements dramatiques pour les conditions de vie sur Terre et de détériorer, de réduire ou de faire disparaître le biotope de ses semblables ainsi que celui des autres formes de vie. Les générations présentes en subissent les conséquences, et les générations futures y seront bien plus exposées encore.

C’est pourquoi il est très important que l’Homme s’impose des limitations écologiques significatives. Celles-ci doivent être centrées sur la réduction de l’exploitation des espaces, des matières premières, de l’énergie, des plantes et des animaux.
Cet objectif est clairement fixé dans la Charte de la Terre, élaborée suite à une initiative des Nations Unies en 1987 (United Nations World Commission on Environment and Development: www.earthcharter.org), et qui constitue le socle du programme pour de nombreuses organisations environnementalistes.

La protection de la viabilité, de la diversité et de la beauté de la Terre est considérée comme une ‘mission sacrée’ pour l’humanité. L’article 15 stipule notamment que le respect et la commisération pour les animaux est un objectif à part entière.

Les cruautés infligées par les hommes envers leurs animaux doivent être évitées, et les méthodes de chasse ou de pêche qui ‘occasionnent des souffrances extrêmes, longues ou inutiles’ doivent être interdites.

La Charte plaide résolument pour une utilisation durable de la nature par l’Homme. Il est vrai que les formes de vie autres que l’espèce humaine y sont reconnues à leur juste valeur, et que le respect et la commisération pour les animaux y sont mis en avant, mais aucune résolution explicite n’y est prise concernant l’exploitation des animaux.

Il en est autrement dans la Déclaration Universelle des Droits des Animaux, qui émane de la International League of Animal Rights en 1977. Celle-ci établit non seulement le principe de respect envers tous les animaux, mais elle qualifie, en vertu de l’article 7, toute mise à mort (ou d’une décision menant à la mort) d’un animal sans motif apparent de “crime contre la vie’.

Les sports de chasse et de pêche ne sont pas concernés par l’article. Quant aux expériences menées sur des animaux, une preuve doit être donnée qu’elles servent à remplir un objectif, et qu’elles sont accompagnées de recherches et de mises en pratique de solutions alternatives.

Il est grand temps, après deux siècles de protection animale, de fixer des objectifs plus ambitieux dans les relations que l’Homme entretient avec les animaux, notamment dans la restriction de leur usage.

Les animaux sont encore trop souvent considérés comme des objets subordonnés à l’Homme et à ses intérêts, et pouvant être utilisés dans un but intéressé. L’exploitation des animaux et de leur biotope, même de manière durable, entraîne inéluctablement des répercussions négatives pour les animaux, et se termine même le plus souvent par leur mort.

Chaque relation que l’Homme entretient avec les animaux doit être entreprise après avoir soigneusement pris en considération le poids des intérêts humains et les conséquences pour l’animal.

Le fait de nuire au bien être d’un animal perd d’autant plus sa justification morale que les intérêts humains à l’origine de cette action apparaissent moins importants, et que les conséquences pour les animaux sont plus néfastes.

L’exploitation des animaux dans un but qui n’est pas vital pour l’Homme peut, selon cette approche, se voir diminuer et être bannie.

Il va de soi que cela concerne entre autre l’industrie de la fourrure, le cirque, la corrida, la pêche à la ligne et d’autres formes de divertissement où les animaux impliqués sont maltraités ou menacés. Les traditions culturelles et religieuses qui mettent en scène des animaux où ceux-ci sont maltraités doivent savoir faire preuve de changement sur ce point.

En effet, les traditions, loin d’être immuables, peuvent évoluer au fil du temps pour s’adapter aux perceptions et aux normes morales des individus. Elles en ont apporté la preuve par le passé.

L’utilisation des animaux de laboratoire et des animaux destinés à la consommation doit également avoir lieu seulement après un examen éthique où sont pris en considération les différents intérêts de l’Homme et des animaux. Une attention particulière doit ici être portée vers les solutions alternatives pouvant remplacer l’usage des animaux de laboratoire et des animaux destinés à la consommation.

Le développement et la mise en application de ces alternatives peuvent par conséquent être considérés comme relevant d’une nécessité éthique pour l’ensemble de l’humanité.

Des rapports attentionnés et affectueux à la nature et aux animaux induisent d’autre part un respect pour l’intégrité mentale et physique de l’Homme. Le point de référence idéal où une inspiration peut être trouvée est la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (1948). Celle-ci met en avant les conditions permettant à l’Homme de vivre et de se développer en toute liberté, sans pression ni violence.

L’Homme doit ainsi tenir compte de ses semblables. Sa liberté s’arrête là où commence celle des autres. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme constitue, avec la Déclaration des Droits de l’Animal et la Charte de la Terre, un programme de départ pratique menant à la manière avec laquelle nous devrions vivre en harmonie entre nous, avec les animaux et avec la nature.

Cette esquisse est élaborée de manière plus précise dans le programme électoral du Parti pour les Animaux, et sert de contours pour les prises de position politiques du parti dans des questions actuelles.

Parti pour les Animaux, 11 juin 2005

« Bipa bi-good »

La ville de Vienne en Autriche a connu ces derniers jours une campagne publicité mystère parlant des vegans, avant d’annoncer en fait une nouvelle marque de cosmétiques végans. Celle-ci est produite par la chaîne de magasins BIPA.

Contrairement à la France en effet où l’on passe par les supermarchés pour cela, il existe en Allemagne et en Autriche de nombreux petits magasins vendant des cosmétiques (savons, parfums, crèmes, dentifrices, etc. etc.). BIPA dispose de presque 600 magasins en Autriche, son grand concurrent étant DM avec 1000 magasins.

Cette dernière marque est assez connue en France chez les végans, car elle produit elle-aussi depuis plusieurs saisons des produits vegans sous le nom de DM Alverde, qui sont parfois rapportés depuis l’Allemagne. Les prix sont effectivement très faibles (voir Alverde et la cosmétique végane valorisée).

Pour les nouveaux produits vegans de BIPA, dont on trouve la liste ici et appelés BIPA bi-good, c’est plus compliqué car BIPA n’existe qu’en Autriche.

Voici le logo de « bi-good ».

Sur les produits vegans, on a comme chez DM Alverde le logo « vegan » permettant de s’y retrouver facilement.

Avec cette nouvelle gamme, on voit encore que l’Autriche est le pays qui se profile comme celui le plus en point pour le véganisme, avec l’Allemagne et l’Angleterre. Il n’y a pas d’études pour connaître le nombre de vegans, mais la généralisation de produits par DM et BIPA est révélatrice.

Dans le même ordre d’idée, les chaînes de supermarché elles-mêmes proposent des produits estampillés « vegan » (Spar veggie, Hofer, Billa, Vega vita chez Merkur), alors que la ville de Vienne dispose déjà de pas moins de 2 supermarchés entièrement vegan.

Pour avoir toutefois une idée en terme de nombre, on peut tabler que, selon les statistiques, entre 10 et 50 % des gens classés dans « végétariens » sont vegans. Or, en Autriche, il y avait 238 000 personnes définies comme végétariennes en 2005 et 765 000 en 2013, pour une population totale de 8,5 millions de personnes.

Une croissance qui permet encore de poser un vieux débat : le végétarisme est-il un sous-produit des progrès du véganisme ou bien le contraire ? En tout cas donc, la tendance est très nette et le mouvement massif.

Être vegan est en Autriche quelque chose de socialement accepté, de nullement choquant et il y a même plusieurs variantes vegan des fameuses culottes de peau tyrolienne.

De manière moins folkorique, la liste des restaurants vegans dans ce pays, sans compter les versions végétaliennes des plats, existant dans de nombreux restaurants, est étonnamment longue.

Pour comparer les capitales, si à Paris il n’existe que quelques endroits, la plupart bobos, les restaurants et cafés vegans sont très nombreux dans la ville de Vienne, à quoi s’ajoutent les restaurants végétariens proposant des versions « véganisables ».

La ville dispose également de deux bars à glaces « veganista », alors que de toute façon on y trouve également d’innombrables glaciers dont beaucoup proposent des versions vegans, nullement cachées et carrément mises en avant.

Sur le plan des plats qu’on peut se faire livrer à Vienne, sept pizzerias proposent des alternatives vegan, ainsi que quatre restaurants indiens, tandis qu’en passant par les services sur internet il y a souvent une alternative vegan.

Vienne est donc à mettre sur le même plan que Berlin ; sur le site Berlin-vegan, la carte des cafés et restaurants montre 226 endroits…

Bref, être vegan est extrêmement facile en Autriche sur le plan pratique, les journaux et la télévision en parlent sans aucune animosité, le véganisme est considéré comme respectable voire inévitable chez les personnes progressistes.

Comme quoi tout est une question de culture, et comme quoi il n’y a aucune raison de faire des compromis et de ne pas défendre le véganisme en tant que tel.

« Horses latitude » des Doors

Au nord et au sud de l’Équateur, entre les latitudes 30 et 35 degrés de chaque hémisphère, il existe une zone appelée région des calmes subtropicaux. Il y a très peu de vent, en raison des anticyclones, et un grand ensoleillement ; on l’appelle également pour cette raison historiquement « Latitudes des chevaux ».

En effet, les bateaux espagnols s’y retrouvaient parfois coincés, à l’époque des bateaux à voile. Par conséquent, en raison du manque d’eau, ils sacrifiaient les chevaux, les jetant par-dessus bord…

Le chanteur des Doors, Jim Morrison, avait écrit dans sa jeunesse un poème à ce sujet, qu’il récite dans une chanson appelée « Horses latitude » et qu’on trouve sur l’album « Strange Days ».

L’armure dont il est parlé au début fait allusion à celle utilisée par les conquistadors. Les bateaux amenaient en effet les chevaux depuis l’Europe vers l’Amérique, il s’agissait de véritables transports d’animaux, utilisés ensuite pour la colonisation…

Bien entendu, la musique allant avec le poème tente d’imprégner de cette terrible atmosphère.

En voici les paroles :

When the still sea conspires an armor
And her sullen and aborted
Currents breed tiny monsters
True sailing is dead
Quand la mer silencieuse conspire une armure
Et ses maussades et abandonnés
Courants donnent naissance à de petits monstres
Le véritable voyage en voilier est mort

Awkward instant
And the first animal is jettisoned
Legs furiously pumping
Their stiff green gallop
And heads bob up
Instant malaisé
Et le premier animal est largué
Les jambes furieusement battant
Leur galop vert pénible
Et leurs têtes se redressant par à coups

Poise
Delicate
Pause
Consent
Maintien
Délicat
Pause
Consentement

In mute nostril agony
Carefully refined
And sealed over
Narine en sourdine agonie
raffinée avec précaution
Et scellée