Le teknival « Teknivibration » de Cambrai et ses déchets

Nous avons déjà parlé des free parties (voir par exemple 13 ans après la free party à la piscine Molitor, les drogues ont tout emporté ou encore L’affaire de la free party sur la réserve naturelle de Crau).

C’est tout à fait logique: le mouvement des free parties a été vraiment populaire et porteur d’espoir d’utopie comme cela n’a pas été vu depuis très longtemps en France. Malheureusement, les drogues ont balayé l’utopie et l’envie de changer le monde… Les teufers n’étaient nullement loin des revendications écologistes – sauf qu’il aurait fallu s’ouvrir aux animaux, se discipliner par rapport aux drogues (ce qui devait aboutir à leur refus!)…

Ils ont préféré le choix de l’individualisme… collectif. Comme preuve, voici une petite piqure de rappel du site lillois l’amicale progressiste. Le teknival « teknivibration », à Cambrai, s’est déroulé en hostilité ouverte avec la Nature, comme déjà bien souvent.

Quant à l’esprit initial des teufers – on range tout, on ne laisse absolument rien traîner – l’échec est complet. Chaque année pour ce teknival semi-officiel, il y a grosso modo plus de 200 tonnes de déchets. Et là cela va être nettoyé par… Suez environnement, ainsi que l’association d’insertion Aril +…

Ce week-end a eu lieu un grand Teknival à Epinoy, entre Douai et Cambrai. Il a regroupé entre 20000 et 30000 personnes. La musique techno a une assez grande importance culturelle dans notre région.

Beaucoup de jeunes vont en effet danser depuis les années 1990 dans les boîtes de nuit ou les méga-dancing de l’autre côté de la frontière belge. A côté de cela il y a eu aussi un important mouvement de « free-parties » du début des années 1990 jusqu’à leur interdiction formelle en 2002. Les Teknivals sont leur prolongement sous une forme légale et encadrée par la préfecture.

Les free-parties consistaient non seulement en des soirées dansantes, mais surtout en un mouvement contre-culturel, une sorte de mouvement hippie radical moderne mobilisant un grand nombre de jeunes des couches populaires des villes et villages ouvriers de la région (de quelques centaines à quelques milliers selon les soirées).

Les valeurs qui y étaient au centre étaient la gratuité, la solidarité, l’investissement collectif de chacun, le respect de la nature et un certain esprit de responsabilité collective.

Le choix des lieux dans lesquels se déroulaient ces soirées était en général réfléchi et les participants comme les organisateurs nettoyaient les lieux au mieux à la fin des soirées pour laisser le moins possible de traces et d’impact de leur passage. Tout cela étant vécu dans un esprit de conflictualité avec la société capitaliste et de mise en avant d’une vie « alternative ».

Évidemment, tout cela a volé en éclat avec le processus d’interdiction/légalisation consécutif à la loi 2002. Les autorités se sont appuyés sur certains collectifs souhaitant se « professionnaliser » (en gros en faire un business) pour organiser ces Teknivals légaux et gigantesques.

La drogue dure, qui étaient déjà de plus en plus présente dans les free-parties, est devenu l’alpha et l’oméga des soirée. L’esprit de responsabilité et de solidarité a totalement disparu au profit d’une attitude consommatrice. Tout cela n’a donc plus rien d’alternatif, et il n’est donc pas étonnant que le choix du lieux et de la date du Teknival d’Épinoy ce week-end se soit fait aux dépens de la nature et des animaux sauvages comme l’explique ce communiqué du GON.

« Mauvaise date, mauvais endroit pour le Teknival à Epinoy.

Si les riverains se sont vu offrir des bouchons d’oreilles, il n’en est pas de même pour la faune sauvage qui va elle aussi être fortement perturbée dans cet habitat remarquable qu’est devenue l’ancienne base aérienne.

Le site, essentiellement constitué de grandes surfaces herbacées est très propice à accueillir des espèces inféodées à ces grands espaces comme on en rencontre de moins en moins dans notre région. De nombreuses espèces dont certaines sont protégées et patrimoniales (Hibou des marais, Busard St Martin et cendrés…) y côtoient une faune plus banale mais qui trouve là des conditions favorables alors qu’ailleurs la culture intensive détériore petit à petit ses conditions de vie.

Nous déplorons qu’un tel festival soit autorisé au moment où de nombreuses espèces animales sont en train de se reproduire dans ce site remarquable. Même si la totalité du site n’est pas occupée, il est évident que la pollution sonore tant par les fréquences que par l’intensité des sons diffusés pendant plusieurs jours nuira aux habitants des villages proches et à la faune qui fréquente le site.

Si la tenue de tels festivals se conçoit, il est anormal qu’ils aient lieu dans des milieux naturels et surtout en saison nuptiale. Pour le moins, il aurait été sage de les programmer en automne ! »

Les ruses des trafiquants…

L’association Robin des toits a publié un dossier compilant de nombreux trafics d’animaux ces derniers mois. En voici quelques extraits.

Les ruses des trafiquants en ce début d’année:
Cornes de rhinocéros coupées en morceaux et enfilées dans des têtes de homards congelés.
Cornes de rhinocéros à l’intérieur de statuettes de Bouddha en bois.
Pointes de défenses d’éléphant transformées en cornes de buffle.
Tortues d’eau douce passées avec des crabes de mangroves.
Ivoires et pangolins déclarés comme matériel téléphonique à réparer.
Carapaces de tortues marines déclarées comme « sculptures ovales et marbrées ».
Grenouilles et pythons pygmées dans des livres pour enfants et des paquets de cigarettes.
Déclarer que les ivoires de contrebande sont des nouilles instantanées.
Objets en ivoire dans des boîtes de lait en poudre.
Tronçons de défenses d’éléphant rangés au milieu de bouteilles de vin.
Faux certificats CITES accompagnant des geckos et des papillons.
Hippocampes et écailles de pangolin dans des sacs neufs de plâtre médical.
0,5 t d’ivoire dans 1 t de karité.
Peindre une peau de léopard en peau de tigre.
Peindre une peau de chèvre en peau de tigre.
Caravane de 5 passeurs dans le même avion pour convoyer 500 tortues.
Enseigner la philosophie dans une université et avoir une deuxième vie de trafiquant d’ivoire et de cornes de rhinocéros.

Saisie de 11 singes, de peaux de singe (Primates spp., Annexe I ou II), de 214 kg d’os de python (Pythonidae spp., Annexe I ou II) et de 2 kg de peau d’ours (Ursidae spp. Annexe I) et arrestation
Province de Nghe An, Vietnam
12 février 2015

Sur la nationale 48, Hoang Thi Nguyet roulait en compagnie de 40 kg de singe mort qu’elle allait livrer à un restaurant du coin. La conductrice a dû s’arrêter à un contrôle routier. A son domicile, la police a trouvé 2 singes encore vivants dont un amputé des 2 pattes avant et 3 singes morts, un séché, 2 congelés.

Ils ont aussi saisi 214 kg d’os de python, 2 kg de fourrures d’ours et diverses pièces de peaux de singe. La femme cruelle se fournit chez les chasseurs locaux. En aval, elle fournit les restaurants et autres artisans. Avec les vertèbres de serpent, ils font des colliers.

Saisie d’un tigre (Panthera tigris, Annexe I), d’un lion (Panthera leo, Annexe II) et d’un ours noir américain (Ursus americanus, Annexe II)
Ocotlán, Etat du Jalisco, Mexique
Mars 2015

Ils étaient tous les 3 dans une cage d’un rayon de 9 m et de 7 m de haut. Les parois transparentes permettaient de les contempler. Le lion est castré et n’a plus de crinière. Des traces de blessures sont visibles sur sa tête. La tigresse a des problèmes d’arthrose, elle a du mal à marcher. Le jeune ours a perdu son œil gauche.

Ils sont tous transférés dans une unité de gestion pour la conservation de la vie sauvage (UMA) pour quarantaine et observation. Quand ils auront suffisamment récupéré, la tigresse rejoindra la cage des félins ou l’attendent déjà un tigre et 2 autres tigresses. Le lion et l’ours rejoindront des cages individuelles.

Saisie de 157 trophées et dépouilles d’animaux et arrestation de 2 braconniers
Parc National de la Pendjari, Département de la Donga, Bénin
13 mars 2015

Le parc de la Pendjari n’est plus surveillé depuis le début de l’année. Les guides et les touristes y croisent des braconniers armés et découvrent des carcasses d’animaux abattus. Dans la macabre série de trophées saisie grâce à la collaboration des forces de l’ordre, des forestiers et des ONG, il y a des peaux et os d’éléphant, des carcasses de crocodiles (Crocodylidae spp., Annexe I ou II), de pythons (Python spp., Annexe II), de patas (Erythrocebus patas, Annexe II), de plusieurs espèces d’antilopes, de carnivores et de caméléons.

Saisie de 22 écharpes en laine d’antilope du Tibet (Pantholops hodgsonii, Annexe I)
Coire, Canton des Grisons, Suisse
Février 2015

44 à 110 antilopes ont été sacrifiées pour ce lot à raison de 2 à 5 individus par écharpe. Chacune vaut entre 5000 et 20.000 CHF (5261 à 21.045 US$). L’importance de cette prise démontre selon les autorités qu’il existe un marché de luxe pour les shahtoosh dans le pays.

Braconnage d’une antilope cervicapre (Antilope cervicapra, Annexe III)  et de 2 gazelles de l’Inde (Gazella bennettii, Annexe III) : l’acteur Salman Khan reste condamné
Inde
14 janvier 2015

Le 10 avril 2006, la star de Bollywood a été condamnée à 5 ans de prison ferme pour avoir braconné en 1998 en marge d’un tournage près de Jodhpur et en compagnie de quelques acteurs et actrices.
Braconnage de nuit, poursuite en 4×4, plein phares. Eblouissement et percussion des animaux. Port d’arme prohibé. Après 3 jours de prison, Salman Khan est libéré sous caution. En 2013, la Haute Cour du Rajasthan suspend la condamnation. Khan doit se rendre en Grande-Bretagne pour tourner un film. Les visas d’immigration sont refusés pour les condamnés à au moins 5 ans de prison. La Haute Cour du Rajasthan a voulu permettre à Khan d’exercer pleinement ses activités professionnelles. Le gouvernement du Rajasthan interjette appel mais la Cour suprême de l’Inde rétablit la condamnation à 5 ans de prison.

Elle estime que la condamnation infligée à Khan n’a pas entraîné de conséquences irréversibles pour sa vie professionnelle et que depuis novembre 2013 et la suspension de sa condamnation, les activités professionnelles de Khan ne l’ont pas conduit en Grande-Bretagne. Le gouvernement du Rajasthan fait preuve de détermination vis-à-vis de l’acteur de cinéma tandis que le braconnage des gazelles indiennes, des paons et des outardes à tête noire fait rage dans l’Etat et reste généralement impuni. 8 gazelles ont été braconnées en 8 jours courant février. Tous les suspects ont été libérés sous caution. Les gardes forestiers se plaignent d‘être menacés par les villageois et même par les policiers quand ils font preuve de trop de zèle pour intercepter les braconniers.

«  Quand des tueurs d’outardes dans le Parc national du Désert atterrissent au commissariat de Khudi, ils sont relâchés sous caution en deux temps trois mouvements  » constate avec amertume un porte-parole de la Wildlife Society of India. D’une main, le Rajasthan veut sauver de l’extinction les espèces menacées, de l’autre il cède aux intimidations et libère les braconniers.
[Salman Khan vient également d’être condamné en Inde à cinq années de prison pour avoir tué un SDF avec sa voiture alors qu’il rentrait saoul en voiture. En ce qui concerne les deux antilopes tuées et abandonnées sur place par Salman Khan, c’est la population bishnoï locale qui s’est mobilisée en leur faveur et a toujours maintenu la pression pour un procès, encore ajourné à ce jour.]

Vers l’encyclique sur l’écologie

Il est fort probable, voire carrément certain que le pape sera à Paris lors de la conférence de l’ONU sur le climat à la fin de l’année. Ce sera le point d’orgue de la campagne catholique pour happer l’écologie, ce qui ne sera guère difficile en France puisque dans notre pays on ne reconnaît pas la Nature.

Le résultat sera simple: qui ne reconnaît pas la Nature devra reconnaître Dieu…

Voici un exemple de ce qui s’orchestre, avec un article tiré de La vie, qui fait partie du groupe Le Monde – Télérama – Courier International etc. (Le Monde Diplomatique y est en partie lié).

Que peut-on attendre de l’encyclique sur l’écologie ?

Lors d’un colloque organisé par l’Académie pontificale des sciences au Vatican qui s’est ouvert mardi 28 avril sur le thème « Protéger la planète, rendre digne l’humanité », Ban Ki-moon a déclaré attendre l’encyclique sur l’écologie avec impatience et a ajouté que le Pape François lui avait confié qu’elle était déjà écrite et serait publiée en juin. Que peut-on attendre de ce texte ? Plusieurs interventions du pape sur le sujet permettent d’envisager quelques pistes.

1. Dénonciation de la culture du déchet

Depuis le début de son pontificat, le Pape ne cesse de dénoncer la mentalité commune de la « culture du rebut » ou du « déchet » qui commence par le gaspillage des choses et finit par concerner les êtres humains, pris dans la même logique. Cette culture du déchet est pour lui l’héritage direct de la société de consommation qui, en stimulant la pulsion d’achat, renforce l’individualisme du consommateur en le déresponsabilisant.

Trois mois après son élection, il déclarait dans une Audience générale : « Jadis, nos grands-parents faisaient très attention à ne rien jeter de la nourriture qui restait. Le consumérisme nous a poussés à nous habituer au superflu et au gaspillage quotidien de nourriture, à laquelle parfois nous ne sommes plus capables de donner la juste valeur, qui va bien au-delà des simples paramètres économiques », expliquait-il.

Ainsi, un monde qui raisonne en terme d’utile/inutile en vient à nier la dignité humaine en méprisant la fragilité : « La vie humaine, la personne, ne sont plus considérées comme une valeur primaire à respecter et à garder, en particulier si elle est pauvre ou handicapée, si elle ne sert pas encore — comme l’enfant à naître — ou si elle ne sert plus — comme la personne âgée. Cette culture du rebut nous a rendus insensibles également aux gaspillages et aux déchets alimentaires, qui sont encore plus répréhensibles lorsque dans chaque partie du monde malheureusement, de nombreuses personnes et familles souffrent de la faim et de la malnutrition. »

2. Rompre avec une conception du droit égoïste

Comment expliquer cette « globalisation de l’indifférence » qui se traduit par une certaine aphasie face à la culture du déchet ? Devant le Conseil de l’Europe, François l’affirme : le problème c’est le passage d’une conception du « droit humain » guidée par la recherche du « bien commun », créatrice d’une liberté responsable à une conception du « droit individualiste » autocentrée où la liberté confine à l’égoïsme : les racines d’une société, affirme le Pape, s’aliment de « la vérité », qui constitue « la nourriture, la sève vitale de n’importe quelle société qui désire être vraiment libre, humaine et solidaire ».

En outre, « la vérité fait appel à la conscience, qui est irréductible aux conditionnements, et pour cela est capable de connaître sa propre dignité et de s’ouvrir à l’absolu, en devenant source des choix fondamentaux guidés par la recherche du bien pour les autres et pour soi et lieu d’une liberté responsable ». Sans cette recherche de vérité, poursuit le pape, « chacun devient la mesure de soi-même et de son propre agir, ouvrant la voie à l’affirmation subjective des droits, de sorte qu’à la conception de droit humain, qui a en soi une portée universelle, se substitue l’idée de droit individualiste.

Cela conduit à être foncièrement insouciant des autres et à favoriser la globalisation de l’indifférence qui naît de l’égoïsme, fruit d’une conception de l’homme incapable d’accueillir la vérité et de vivre une authentique dimension sociale. » Or, conclut-il, un tel individualisme rend « humainement pauvre et culturellement stérile » : « De l’individualisme indifférent naît le culte de l’opulence, auquel correspond la culture de déchet dans laquelle nous sommes immergés. Nous avons, de fait, trop de choses, qui souvent ne servent pas, mais nous ne sommes plus en mesure de construire d’authentiques relations humaines, empreintes de vérité et de respect mutuel. »

Retrouver une conscience collective, voilà l’idée : « Rappelons-nous bien, cependant, que lorsque l’on jette de la nourriture, c’est comme si l’on volait la nourriture à la table du pauvre, à celui qui a faim ! », déclarait-il dès 2013.

3. La vocation particulière des chrétiens sur la question écologique

« Lorsque nous parlons d’environnement, de la création, ma pensée va aux premières pages de la Bible, au Livre de la Genèse, où l’on affirme que Dieu établit l’homme et la femme sur terre afin qu’ils la cultivent et qu’ils la gardent (cf. 2, 15). Cela suscite en moi les questions suivantes : Que signifie cultiver et garder la terre ? Cultivons-nous et gardons-nous vraiment la création ? Ou bien est-ce que nous l’exploitons et nous la négligeons ? », interrogeait François lors d’une audience générale en juin 2013.

Ainsi, les chrétiens ont une responsabilité plus grande en ce que cette question touche au plan de Dieu à travers la Création, comme il l’expliquait à des scouts italiens en novembre 2014 : « En tant que disciples du Christ, nous avons une raison de plus pour nous unir avec tous les hommes de bonne volonté pour la protection et la défense de la nature et de l’environnement. La création, en effet, est un don qui nous a été confié des mains du Créateur. Toute la nature qui nous entoure est une création comme nous, une création avec nous, et dans le destin commun elle tend à trouver en Dieu lui-même l’accomplissement et la finalité ultime — la Bible dit « des cieux nouveaux et une terre nouvelle » (cf. Is 65, 17 ; 2 P 3, 13 ; Ap 21, 1).

Cette doctrine de notre foi est pour nous une incitation encore plus forte à avoir une relation responsable et respectueuse avec la création : dans la nature inanimée, dans les plantes et dans les animaux, nous reconnaissons l’empreinte du Créateur, et dans nos semblables, son image elle-même. »

Plus que d’une responsabilité, pour les chrétiens il s’agit même d’un devoir, affirmait-il, se référant à Benoît XVI : « Nous sommes en train de perdre l’attitude de l’émerveillement, de la contemplation, de l’écoute de la création; et ainsi, nous ne sommes plus capables d’y lire ce que Benoît XVI appelle « le rythme de l’histoire d’amour de Dieu avec l’homme ». Pourquoi est-ce le cas ? Parce que nous pensons et vivons de façon horizontale, nous nous sommes éloignés de Dieu, nous ne lisons pas ses signes. »

4. L’écologie de l’environnement indissociable de l’écologie humaine

Sur ce point, l’audience générale du 5 juin 2013 fournit des indications fortes : « « Cultiver et garder », affirme François, ne comprend pas seulement le rapport entre nous et l’environnement, entre l’homme et la création, cela concerne également les relations humaines. Les Papes ont parlé d’écologie humaine, en étroite relation à l’écologie de l’environnement ». Ainsi, pour lutter contre la « culture du déchet », explique François, il est indispensable de considérer le système dans son ensemble et prendre le problème à la « racine » : défendre la vie dans ce qu’elle a de plus fragile, de « l’enfant à naître » à « la personne âgée ».

À ce sujet, il avait eu des mots très forts devant le Parlement européen, fustigeant les « styles de vie un peu égoïstes, caractérisés par une opulence désormais insoutenable et souvent indifférente au monde environnant, surtout aux plus pauvres » et regrettant « une prévalence des questions techniques et économiques au centre du débat politique, au détriment d’une authentique orientation anthropologique » : « L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage d’un mécanisme qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser, de sorte que – nous le remarquons malheureusement souvent – lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades, des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin, ou des enfants tués avant de naître. »

Alors que la voix du Pape semble porter de plus en plus loin sur la scène internationale, la réflexion systémique proposée par cette encyclique qui sera publiée six mois environ avant la conférence pour le climat Cop 21 ne devrait pas passer inaperçue.

Aider les pigeons à Nice

Il y a des gens qui aident nos amis les pigeons à Nice! Il s’agit du collectif animalier du 06 (le site & le facebook).

Une initiative tout à fait juste qu’il y a tout à fait lieu de soutenir!

Rappelez-vous: si vous voyez des ficelles par terre, comme celles au bout des sacs poubelles (et visant à les fermer), il faut systématiquement les ramasser et les jeter!

Les fils aux pattes des pigeons s’emmêlent toujours plus et cela aboutit à d’intenses douleurs, la perte des membres!

Nous rappelons également qu’il ne faut pas amener les pigeons blessés à la Ligue de Protection des Oiseaux: ceux-ci ne s’en occupent pas, et ce même s’ils acceptent en apparence.


Nous arpentons toujours le centre ville de Nice, à la recherche des pigeons entravés. Ça n’est malheureusement pas ce qui manque, nous ne savons plus où donner de la tête…

Dans le meilleur des cas, nous les désentravons sur place et les libérons de suite.

Pour d’autres, avec des blessures plus importantes, nous les récupérons chez nous pour les soigner (antibiotiques pour les infections des pattes, anti-inflammatoire pendant quelques jours pour atténuer les douleurs, pommade et pansement).

Certains ont les doigts cassés, du fait de leurs entraves et certains doigts sont irrécupérables. Pour ceux-là nous faisons procéder à l’amputation chez le vétérinaire de un ou parfois plusieurs doigts, pour les soulager.

Nous en sommes à plus de 700 en 2 ans ! Qui aurait cru que la tâche serait aussi immense ? Même pas nous…

Mais chaque pigeon libéré est un pigeon qui ne souffre plus.

Imaginons-nous, avoir les jambes et les pieds liés avec des cordes qui nous scient les membres. S’ensuivent les infections et les douleurs qui vont avec, jusqu’à ce que la corde finisse par nous faire tomber les jambes.

Et malgré toutes ces douleurs, il faut marcher et marcher, avec des membres devenus une torture, à la recherche de nourriture.

Voila ce que subissent ces pauvres animaux, en plus d’être détestés de tous. Et tout ça à cause de la saleté des villes, saleté provoquée par l’humain qui prend de plus en plus les trottoirs pour des poubelles.

Voici une photo de notre dernier, capturé aujourd’hui. Quelques jours de soins devront faire dégonfler ses 2 pattes et le soulager.

Une photo aussi de Grim, récupéré il y a 10 jours. Sa patte est cassée, complètement disloquée et part à 90°. Impossible de le laisser galérer dehors en ville.

Il était affamé à mes pieds. La volière est donc d’autant plus d’actualité pour lui qui ne pourra plus être relâché.

Nous allons presque une fois par semaine chez le vétérinaire pour des amputations. Il nous prend 20 euros par pigeon et nous payons de notre poche.

Si vous voulez nous aider, tout don, même minime est le bienvenu. Vous pouvez faire un chèque à l’ordre du Dr Boube et les adresser à Yolande Olivain 73 chemin de Terron Bat. 3 06200 Nice

Merci pour eux

« Ciel, ma fille vire végétarienne ! »

Le Monde se préoccupe d’un problème qui concerne son public, sa base étant « CSP+ » et de tradition catholique: comment affronter le véganisme?

Le véganisme remet en cause tellement de choses, il est une telle rupture… Mais en même temps un certain « véganisme » est contradictoire.

Le véritable véganisme est l’affirmation positive des animaux. Le faux est une affirmation négative exprimée par des individus humains.

Si Le Monde en parle, c’est parce que le véganisme peut en effet être autre chose qu’une morale: il peut être faussement une « rébellion », une manière de se démarquer, bref un moyen de satisfaire son ego, dans une démarche typiquement anthropocentriste.

Il peut également et surtout être un moyen (parmi d’autres) pour les gens appartenant à la bourgeoisie moyenne de tenter d’humaniser le capitalisme, de freiner son expansion. Un peu comme certaines franges du mouvement hippie dans les années 1960, par exemple avec la Silicon Valley.

C’est pour cela que l’article du monde résume le véganisme à :
– quelque chose d’individuel, sans dimension immédiatement collective,
– une question principalement alimentaire, gommant son aspect systématique,
– l’expression d’une conscience malheureuse passive, au lieu d’y voir un désengagement révolutionnaire.

Un tel article reflète bien un certain « véganisme » qui ne s’intéresse, au fond, pas tant aux animaux qu’à un isolement individuel anti-social de gens appartenant à des couches sociales favorisées…

Ciel, ma fille vire végétarienne !

LE MONDE | 05.05.2015 à 13h55 • Mis à jour le 06.05.2015 à 11h43 | Par Catherine Rollot et Pascale Krémer

Fini le sacro-saint rosbif du dimanche. Maintenant, la petite dernière ne jure que par le tofu. Une « conversion » de plus en plus courante qui sème parfois la zizanie au sein des familles.

Quand, le cœur affolé, Ophélie l’a annoncé à ses parents, ils ont, dit-elle, tenté de dissimuler leur désapprobation, puis se sont inquiétés, et même sentis un peu coupables — qu’avaient-ils raté dans son éducation ? Bien sûr, ils continueraient de l’aimer telle qu’elle était. Et cette lubie lui passerait, forcément… Ophélie Véron, 29 ans, raconte son « coming out » alimentaire comme un tremblement de terre familial.

A 22 ans, cette jolie brune à taches de rousseur, auteure d’une thèse en géographie politique, s’avoue végétarienne. A 25 ans, elle se revendique « végane » – excluant de son mode de vie tout produit provenant des animaux (alimentation, vêtements, cosmétiques, etc.), dont elle refuse l’exploitation. « Très, très dur » face à des parents qui incorporent leur amour dans les petits plats du terroir. « Pour eux, c’était incompréhensible. J’avais une maladie psychiatrique ! » « Ce n’était pas comme si elle s’enrôlait dans l’Etat islamique, tout de même, tempère sa maman, sexagénaire. Mais c’était très étrange, ça la coupait de la nourriture des autres, donc de nous. » Depuis, les légumes ont rétabli la paix familiale.

Faire une croix sur la viande, le poisson, et même parfois le lait et les œufs, voilà le choix, mesuré en 2012, d’environ 3 % de la population (sondage Terra eco-OpinionWay). Depuis, bien des indices prouvent une accélération de la tendance, notamment chez les jeunes, filles en tête. Les livres de cuisines végétarienne et végétalienne font le bonheur des éditeurs, des blogueuses en vogue (comme Ophélie, alias « Antigone XXI ») concoctent leurs petits plats véganes pour 20 000 lecteurs quotidiens. Les restaurants poussent comme des champignons. Même Carrefour lance ses produits végétariens de marque distributeur.
« Un levier d’action politique »

« Le phénomène monte clairement depuis quatre ou cinq ans, surtout chez les urbains diplômés, observe la jeune professeure de mathématiques qui préside l’Association végétarienne de France, Elodie Vieille-Blanchard. Nous avions 500 adhérents en 2007, nous en comptons 4 000 aujourd’hui, dont beaucoup de jeunes. Sur nos 70 000 fans Facebook, les trois quarts sont des femmes, près de la moitié, des 18-34 ans. » Sur les campus, quelque 10 % d’étudiants se revendiquent végétariens ou végétaliens, 3 % de plus qu’il y a trois ans (enquête Cnous – Centre national des œuvres universitaires et scolaires).

S’ils prennent double ration de courgettes au restaurant universitaire, c’est d’abord par sensibilité à la cause animale et environnementale. Ajoutez à cela une pincée de bonnes résolutions (manger sain) et une large rasade d’informations, aisément accessibles sur Internet, partagées à l’envi sur les réseaux sociaux. « Les jeunes ne croient plus en l’efficacité du politique, ajoute Cécile Van de Velde, sociologue à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. A défaut de pouvoir agir sur la grande société, ils changent leur propre vie quotidienne à travers l’engagement de proximité et la consommation, qui devient un levier d’action politique. »

Dans les familles, la « conversion » au culte végétal ne se fait pas toujours dans l’harmonie. En témoigne ce souvenir, gravé dans chaque mémoire, du jour fatidique de l’annonce aux parents. « C’était l’anniversaire de mes 17 ans », « Le 5 avril 2014 », « Pendant les courses de Noël avec ma mère », « Ma résolution du Jour de l’an, en 2011 »… Au pays de la gastronomie, du sacro-saint repas commun, du gigot du dimanche, les réactions ne sont pas forcément enthousiastes.

« Qu’est-ce que vous allez manger ? Vous allez nous compliquer la vie ! », s’est affolée la mère de Camille et Cécile Revel, des jumelles devenues végétariennes à 18 ans qui, pour aider leurs jeunes congénères en transition alimentaire, ont ensuite créé le forum Internet Génération végane. « Tu es manipulé », ont soupçonné les parents d’Alexandre Rozenblum, 17 ans, avant ce coup de grâce : « Tu fais ta crise d’ado sur le tard ! » « On n’a rien compris… Dire qu’elle aimait le rosbif saignant », s’interroge encore Natacha Coquille-Chambel, mère de Marie, 16 ans.

Autant que le casse-tête aux fourneaux, ce sont les éventuelles carences qui inquiètent. Un seul moyen d’y couper court, savent les jeunes : promettre visite chez le nutritionniste et analyse de sang régulière. Dans leur for intérieur, les parents carnivores espèrent que tout cela n’est que passade. Ils tentent la stratégie du lardon dans la quiche aux légumes. Ou du poisson à toutes les sauces, avant d’intégrer l’impensable : lui aussi est banni.
« Tu manges un mort »

Comme l’éphémère dure, chaque repas vire à la guerre d’usure. Avec, pour armes, les sempiternelles réflexions : « Et le cri de la carotte qu’on arrache de terre, tu ne l’entends pas ? » (le père) ; « Ce n’est pas parce que tu ne manges plus de viande qu’on va arrêter de tuer des animaux » (le grand frère) ; « On voit que tu n’as jamais connu la faim » (le grand-père) ; « Et ton bébé, tu le nourriras comment ? » (la grand-mère) ; « A ton mariage, on va manger de l’herbe ? » (les oncles et tantes)…

Jusqu’au conflit ouvert, avec prises de bec. « Mes parents aiment la viande, ils ne voulaient pas lâcher, se souvient Margaux Simonet, 24 ans, salariée d’une régie publicitaire. J’enlevais les petits morceaux cachés dans la purée, et c’était des engueulades, surtout avec mon père. » Valérie Ventura, secrétaire stéphanoise, s’est retrouvée à jouer les casques bleus entre un fils « très remonté » et une fille « un peu dans la provoc » : « Elle lui disait devant son steak “tu manges un mort”, et cela partait en dispute… »

Quand les parents se sont fait une raison, arrachant qui une concession sur le poisson ou les œufs, qui une promesse d’autonomie (l’exalté fera lui-même ses courses et son frichti de tofu au sésame, quinoa et graines germées), reste à composer avec les amis. Fatigant de se justifier sans cesse. Ou d’apporter son drôle de gâteau au chocolat sans lait, ni œufs dans les soirées. Maëlle Dravet, 17 ans, se sent « comme un fardeau » dans les sorties entre copains : « Je n’habite pas dans une grande ville, il n’y a pas de restau végétarien, c’est toute une affaire de choisir où nous allons manger. »

Si les véganes de son genre sont souvent perçus comme extrémistes, les végétariens ne suscitent plus guère d’opprobre. La viande n’est plus en odeur de sainteté nutritionnelle. Arrêter d’en consommer, chez les jeunes, peut relever de l’imprégnation familiale quand père et mère pratiquent le « flexitarisme » sans le savoir (le végétarisme intermittent). Sophie, décoratrice d’intérieur, voit en sa fille Lucie, élève de terminale et végétarienne, « l’expression la plus poussée de ce que ressent la famille », qui a déjà quasiment renoncé à la viande rouge.

Après une crise d’adolescence au kebab, Nicolas Celnik, en terminale dans les Hauts-de-Seine, fils d’une mère végétarienne, d’un père pas loin de l’être, frère d’une jeune végane qui peint des vaches culpabilisantes devant les restaurants, a suivi le mouvement en 2014. Question d’éthique, une fois informé sur les conditions d’élevage. Et d’efficacité dans les soirées. « Etre veggie, rien de tel pour draguer les filles. »

Lexique

Le végétarien exclut de son alimentation toute chair animale (viande, poisson, fruits de mer).

Le végétalien rejette non seulement la chair des animaux (viande, poisson, fruits de mer…), mais aussi tout aliment issu du monde animal (produits laitiers, œufs, beurre ou encore miel…)

Le végane (terme anglo-saxon) est un végétalien qui, par ailleurs, supprime de son quotidien tout produit ou loisir reposant sur l’exploitation de l’animal (cuir, laine, produits cosmétiques contenant des graisses animales, équitation, visite de zoo…)

Le « flexitarien », végétarien occasionnel, reste un omnivore, qui limite sa consommation de viande à une ou deux fois par semaine.

Faut-il nationaliser les vétérinaires?

C’est le Canard enchaîné qui parle brièvement de cette vérité générale: les personnes les plus pauvres accordent une très grande importance aux animaux partageant leur vie, tendant à reconnaître leur existence individuelle en tant que telle.

Citons, dans le même esprit, Jérôme Salord, le patron de SantéVet, société ayant 100 000 clients:

« Un certain nombre de nos clients ont des revenus modestes et pour eux l’animal de compagnie a autant d’importance qu’un enfant. Le coût des frais vétérinaires, comme une opération à 1 000 euros, peut affecter de manière terrible le budget d’une famille modeste ».

« Plutôt des femmes urbaines d’une quarantaine d’années avec enfant(s), issues de catégories socioprofessionnelles inférieures, possédant pour les trois-quarts un chien. »

On a donc, très clairement, des entrepreneurs visant directement les personnes les plus pauvres. Officiellement la mutuelle est là pour rendre service, mais croire en un capitalisme sympathique revient à croire au père Noël.

Pareillement, on se doute bien que les vétérinaires, sont comme les médecins: ils ont le monopole de leurs activités et peuvent donc exercer une pression corporatiste massive, avec l’aide des grandes entreprises qui en profitent largement.

Les enfants de bonnes familles ne s’y trompent pas: ils se précipitent pour faire vétérinaire. De la même manière que ceux qui échouent en France en médecine vont faire leurs études en Roumanie – à Cluj tout est organisé spécialement pour eux – ceux qui échouent à devenir vétérinaire ici vont en Belgique.

Voici ce que raconte entre autres 7sur7.be:

Les facultés de médecine vétérinaire en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) tirent la sonnette d’alarme: le nombre d’étudiants qui ne cesse d’augmenter pose plusieurs problèmes. Elles demandent qu’un filtre à l’entrée soit instauré, notamment à l’égard des étudiants français.

Pour pallier le pic de diplômés rencontré dans les années 2000, un examen d’entrée avait été instauré en 2003-2004. Il avait ensuite été remplacé, dès 2006, par un système de régulation des étudiants non-résidents, toujours d’application aujourd’hui. Le nombre d’inscrits étrangers ne peut ainsi pas dépasser 30% des inscriptions globales.

Depuis, le nombre d’inscrits progresse d’environ 8% par an. 950 ont tenté leur chance pour l’année académique 2014-2015. Au même rythme, ils seront près de 1.500 en 2020. Pour l’ULg, l’ULB, l’UCL et l’UNamur, cette évolution pose problème. D’abord parce le nombre d’animaux disponibles pour permettre l’apprentissage des étudiants ne cesse de diminuer, que ce soit pour des consultations ou pour des autopsies.

« Lorsqu’on se retrouve à 20 autour d’un animal, il se sent cerné et il y a donc des choses qu’on ne peut plus faire », souligne Pascal Leroy, doyen de la faculté de médecine vétérinaire de l’ULg (la seule université à proposer un programme de master, ndlr). « De même, que faire quand on se retrouve dans une salle de 60 microscopes à 377 personnes, c’est-à-dire le nombre actuel d’inscrits en 1er master ? « 

Ce qui inquiète les vétérinaires belges est en fait surtout que l’Association Européenne des Etablissements d’Enseignement Vétérinaire fasse sauter la reconnaissance des facultés belges.

Tout cela montre en tout cas que les soins des animaux dépendent de plus en plus : des labos et des vétérinaires, ainsi que des mutuelles, dont la motivation fondamentale est l’argent.

En 2011, le Figaro constatait déjà que les dépenses vétérinaires avaient connu une hausse de 72% en dix ans: cela reflète tant un accroissement des soins que des bénéfices somptueux…

Voici d’ailleurs un « fait divers » assez parlant en soi:

Les faits se sont déroulés mardi ou mercredi. La clinique vétérinaire de la route de Strasbourg à Rillieux-la-Pape a été cambriolé par un ou plusieurs individus.
Les malfrats ont arraché les barreaux et brisé une vitre pour pénétrer dans l’enseigne. Et ils sont repartis avec des outils chirurgicaux et des produits anti-parasites destinés aux animaux. Le montant du préjudice reste à déterminer. Une enquête a été ouverte.

Il y a peu, il y a également eu une tentative de cambriolage dans un cabinet vétérinaire de Pont-de-Beauvoisin, dans l’Isère. En fait, les soins pour les animaux, c’est devenu un « business » comme un autre…

Et on se doute bien de ce que cela signifie : un non-accès aux soins pour les plus pauvres, une tendance à l’arnaque pure et simple de par la situation de monopole, une médecine à deux vitesses (voire bien pire)….

Sachant que plus de la moitié des ménages en France « ont » des « animaux de compagnie », la seule chose qui semble logique ici est de dire qu’il faut nationaliser les vétérinaires, organiser des hôpitaux publics pour les animaux, des centres de soins.

C’est d’ailleurs le seul moyen de passer d’une reconnaissance individuelle des animaux partageant notre vie à une reconnaissance générale, en tant que telle, par la société.

Dépendance et breuvage à base d’ayahuasca

S’arracher aux drogues est quelque chose de difficile; on fait face à l’emprisonnement, l’enfermement, la tyrannie des drogues.

Se sevrer est une tâche très difficile; cela demande beaucoup de solidité psychologique, un entourage qui encourage (et mettre en avant le straight edge est une contribution culturelle qui doit jouer son rôle!), et parfois un soutien concret.

Il peut prendre de très nombreuses formes. Certaines personnes, pour faire face, s’enferment dans une pièce plusieurs jours (ce qu’on trouve notamment dans le film très glauque « Transpotting »). D’autres cherchent à changer radicalement d’environnement.

Voici comment Giovanna Valls présente son expérience, dans le magazine Elle, à l’occasion de la sortie demain de « Accrochée à la vie », qui retrace sa bataille.

Ce qu’elle met ici en avant est très discutable, puisqu’il s’agit de consommer de l’Ayahuasca, encore appelé yage. C’est une drogue en elle-même, aux propriétés hallucinogènes, fabriquée historiquement par les chamanes d’Amérique du sud et consistant en un breuvage à base de lianes.

Il existe, en effet, toute une « mode » touristique consistant à voyager en Amérique du sud pour des expériences mystiques très décriées, avec également quelques décès mentionnés. Ici il ne s’agit pas tant d’expériences que de sevrage, cependant la dimension « mystique » saute aux yeux tout de même.

C’est à prendre en compte, non pas tant pour une critique abstraite, mais pour comprendre la bataille pour le sevrage dans toute sa dimension, et sans jamais occulter le très grand courage individuel qu’il faut pour affronter l’accoutumance.

ELLE. Comment avez-vous replongé ?

Giovanna Valls Galfetti. J’étais, sans le savoir, avec un alcoolique. Un an d’insultes et de coups. Il n’était personne, ce mec, mais il a piétiné ma dignité, blessé mon intelligence. Quand je le regardais, j’avais envie de l’étouffer avec un oreiller, mais je me laissais tuer. J’ai sombré dans une profonde dépression. Et là, un jour, au coin de la rue, quelqu’un m’a dit : « Tu veux de la cocaïne ? » Je l’ai suivi jusqu’à un supermarché de la drogue. J’ai vu les junkies comme des fantômes, l’ambiance sordide, mais j’ai tendu le bras et je me suis laissé faire un shoot. C’était de l’héroïne et de la cocaïne, j’ai eu une overdose, je me suis réveillée dans une ambulance. Cette vie a duré cinq ans.

ELLE. Vous n’aviez pas peur de mourir ?

Giovanna Valls Galfetti. Non. J’ai chopé le sida et une hépatite C en une semaine, mais je me disais : si je dois mourir, je mourrai. Et, en même temps, une flamme tenait bon en moi. J’ai essayé de trouver la manière la plus digne de survivre avec la drogue. Je ne me suis jamais prostituée. Je suis devenue une petite délinquante. Je me levais, j’allais voler, dans les magasins, des articles de luxe masculins que je vendais pour acheter ma drogue. C’étaient des journées de seize heures, je faisais des kilomètres à pied.

ELLE. Comment avez-vous survécu ?

Giovanna Valls Galfetti. J’ai survécu parce que je ne vivais pas dans la rue, peut-être. Même quand j’étais une loque, j’ai toujours gardé la tête sur les épaules, essayé de rester propre, digne. En prison, c’est apocalyptique, ils te jettent à l’infirmerie, et l’abstinence, ils s’en fichent.

ELLE. Vos parents savaient-ils que vous étiez en prison ?

Giovanna Valls Galfetti. Non, je ne voulais pas les appeler, mais, la troisième fois, j’étais dans un état si pitoyable que le service médical de la prison les a contactés. Là, je leur ai demandé de l’aide : je suis à vos pieds, je me mets à genoux, je suis prête à tout. Ce sont eux qui m’ont permis de m’en sortir. Mon père est venu me voir, il avait 80 ans, il m’a dit qu’il m’aimait, qu’il me trouvait belle. Manuel est venu aussi, cet été de 2004, avec sa femme et ses enfants. Ma mère a toujours cru en moi. Tous me disaient : on est là, on t’aime.

ELLE. Pourquoi êtes-vous partie vous soigner au brésil, au fin fond de la jungle amazonienne ?

Giovanna Valls Galfetti. Après sept mois et vingt-trois jours de cure à Barcelone, un ami m’a parlé d’un traitement au Brésil, à base d’ayahuasca. Mes parents avaient besoin que je parte loin, il fallait qu’ils soufflent. Alors, hop, je suis partie !

ELLE. Quel est ce traitement qui, pour nous européens, peut sembler étonnant ?

Giovanna Valls Galfetti. C’est un breuvage à base de lianes de la forêt amazonienne, mélangées à d’autres plantes. Depuis la nuit des temps, les indigènes l’utilisent pour ses vertus curatives. Mais c’est un produit très fort, qui n’est pas adapté à tout le monde. Il peut être dangereux si son usage n’est pas encadré par un médecin. Le psychiatre Josep María Fàbregas avait découvert que ce breuvage était efficace pour soigner les addictions. C’est grâce à lui que je me suis soignée.

ELLE. Concrètement, qu’est-ce que le recours à l’ayahuasca vous a apporté ?

Giovanna Valls Galfetti. Il m’a permis de me retrouver face à moi-même, de revivre mes sensations de manque, de regarder la mort en face. Et surtout de me demander pardon et de me faire pardonner par les miens pour m’être maltraitée si longtemps. C’est comme une thérapie alternative, on vomit, on pleure, on lèche ses plaies. Et on en sort vidée, mais nettoyée. Il faut imaginer cela par 40 °C avec 99 % d’humidité, au milieu des moustiques. C’est une thérapie aussi, les moustiques !

ELLE. Vous n’aviez pas envie de prendre vos jambes à votre cou ?

Giovanna Valls Galfetti. La première nuit, quand j’ai eu envie de faire pipi et qu’il a fallu que je sorte de ma cabane seule dans la nuit noire, oui. D’autant que la jungle ne se tait jamais. Au début, on ne sait pas que ce bruit, ce sont juste les crapauds en chaleur. Au bout d’un mois de tarentules, de bouffe pourrie – car elle arrive après huit heures de pirogue en plein soleil –, j’ai dit : c’est merveilleux ici, mais je rentre chez moi !

ELLE. Qu’est-ce qui vous a fait rester ?

Giovanna Valls Galfetti. Un ami m’a convaincue. Puis je me suis habituée aux tarentules, aux fourmis, au climat. J’éprouvais une sensation de liberté et, en même temps, j’avais le sentiment d’être protégée. L’usage de l’ayahuasca a été très bénéfique pour moi, mais je répète qu’il faut être prudent. L’acheter sur Internet ou à un chaman, c’est très dangereux. Ça peut rendre dingue, je me souviens de quelqu’un qui voyait Ramsès II! Ça booste l’ego aussi, ça peut jouer des mauvais tours.

Festival 2015 du film animalier à Albert

Du 16 au 24 mai aura lieu le festival du film animalier à Albert, dans la Somme. On peut consulter ici le site de cette initiative qui se déroule depuis 1991 et consiste en la remise de différents prix, avec en arrière-plan une sorte de petite mobilisation culturelle locale.

Là où évidemment il y a un problème, c’est que quand on parle de mobilisation culturelle locale, dans une situation où les chasseurs et les pêcheurs sont puissants, cela veut dire qu’ils seront partie prenant…


Faire la promotion de « La chasse pour les nuls » dans le cadre d’un festival animalier, c’est tout de même très tordu, ou plus exactement c’est avoir une conception des animaux qui est celle des chasseurs. Les animaux sont là pour le divertissement ou le défi, l’environnement pour se divertir ou se ressourcer, etc.

De manière plus sérieuse, c’est l’Australie qui est cette année mise en avant.


Il y a également des expositions, en plus des nombreux films: si 7 euros le film c’est cher, 25 euros la totale est plutôt sympa, à condition d’éviter la mise en avant de la chasse et de la pêche bien entendu, quoiqu’il soit toujours malheureusement utile de se confronter à cela.

D’autant plus que c’est l’occasion de rencontrer des réalisateurs, professionnels comme amateurs, et donc d’avoir des échanges possiblement fructueux, ou en tout cas riches de leçons.

On se doute évidemment également de l’importance locale de ce festival. La salle de cinéma fait 600 places, la thématique des animaux devient un thème central. Seulement voilà, y a-t-il des gens pour faire le travail de fond, culturel, à ce niveau?

Ce n’est que comme cela, avec un travail à long terme, que la libération animale et de la Terre aura un sens réel pour les gens. Les initiatives ne visant qu’à « témoigner » passent à côté de la culture, de la vie quotidienne; elles ne permettent que la mise en avant de « consciences malheureuses », elles évitent le long et patient travail de fond.

EELV : un premier mai sans Nature

Europe Ecologie Les Verts (EELV) n’a rien d’écologiste. Quand on va sur leur site, il n’est pratiquement jamais parlé d’écologie, au sens très large d’ailleurs. On ne trouvera jamais, absolument jamais, la défense des animaux, quels qu’ils soient, et pareillement la défense de la Nature n’existe tout simplement pas.

Cela reflète la position d’EELV en général. Voici une belle illustration avec le tract d’EELV pour le premier mai.

Ce qu’on peut lire est très clair. L’écologie n’existe tout simplement pas, elle n’est qu’un « vecteur » pour faire passer les idées qui sont celles de ce qui a été appelé la « seconde gauche » dans les années 1970. Il s’agit de la gauche autogestionnaire, altermondialiste, décroissante, etc.

L’écologie, comme on le voit dans le tract, permet une critique de ce type; le tract affirme ainsi que le capitalisme ne peut pas avoir une croissance infinie, le productivisme amène le chômage.

S’ensuit un catalogue de revendications réformistes anthropocentristes, le tout se concluant par le principe de « l’économie sociale et solidaire », sorte de capitalisme vertueux.

On ne trouve donc aucune revendication écologiste, il n’est pas parlé de la Nature, la défense des animaux n’est pas mentionnée, évidemment.

On arguera certainement du côté d’EELV qu’un tract du premier mai concerne le monde du travail. C’est ici insultant: en quoi le monde du travail ne serait-il pas concerné par la défense de la planète?

C’est là raisonner comme la CGT qui a mené une opération brutale d’intimidation anti-écologiste récemment à Saint-Nazaire.

En réalité, si l’on dit que le premier mai c’est le jour de la défense de l’utopie, de la révolution, alors au contraire on devrait mettre en avant de grands objectifs, qui ont une portée morale immense, une signification concrète d’importance mondiale.

Se dire écologiste et revendiquer la diminution du temps de travail alors que jamais les riches n’ont été aussi riches et que les zones sauvages sont anéanties sur toute la planète, c’est totalement décalé…

Et cela montre bien que l’écologie d’EELV, comme de beaucoup dans la « seconde gauche », est au mieux un prétexte pour demander un capitalisme moins brutal. C’est un outil intellectuel, sans valeur en soi.

C’est comme depuis récemment on a des gens qui allient leur anarchisme à de l’écologie « radicale » ou à de l’anti-spécisme, mais sans jamais parler de la Nature ou des animaux. C’est juste un moyen pour justifier son propre discours.

Or, les animaux ont une valeur en soi, la Nature a une valeur en soi. La vie a une valeur en soi: c’est le principe du biocentrisme. Et il est vrai que ce sont les humains qui doivent changer, mais ils doivent changer en se soumettant à la réalité, en cessant leur individualisme et leur anthropocentrisme.

Cette fausse écologie est, en pratique, un crime par rapport aux exigences de la Nature, aux devoirs de l’humanité face à ses propres crimes.

« La libération animale, quarante ans plus tard » à l’université Rennes 2 cette fin mai 2015

Nous en parlons régulièrement : les chiffres sont formels, l’exploitation animale est en pleine expansion à l’échelle mondiale. La Nature se fait attaquer sans commune mesure, les destructions sont innombrables.

Pourtant, certains feraient bien de cette réalité leur arrière-plan. Nous ne parlons pas ici de ceux qui profitent directement de l’exploitation animale, mais des intellectuels en soif de reconnaissance, qui sont ravis de pouvoir critiquer le monde mais en l’acceptant, de l’intérieur.

Quand une conférence sur la « libération animale » est soutenue par les institutions, comme ce le sera fin mai 2015, peut-on penser pourtant autre chose que cela ne vise qu’à intégrer cette cause dans l’ordre dominant, de faire en sorte de jeter de la poudre aux yeux afin de faire croire que les choses « peuvent » changer, voire qu’elles changent?

Ces intellectuels, méprisant le peuple, sont bien utiles pour parler d’oppression là où en réalité tout est issu de l’exploitation animale, permettant de dévier la lutte vers des culs-de-sac à coups d’actions « témoignages » ne touchant pas aux fondements du problème…

Le programme de cette escroquerie morale (et intellectuelle), où l’on trouvera Peter Singer ou encore Yves Bonnardel, se trouve ici. Le site qui lui est consacré est . Voici une présentation générale du « programme » (et rappelons qu’à Rennes se déroule une initiative « L’homme et l’animal » sur la même base).

L’équipe d’accueil Anglophonie : Communautés et Écritures (Université Rennes 2), le Centre de Recherche en Éthique (centre interuniversitaire québécois) et le laboratoire Conflits, représentations et dialogues dans l’univers anglosaxon (Université de Rouen) organisent les 28 et 29 mai 2015 à l’Université Rennes 2 un colloque intitulé « La libération animale, quarante ans plus tard ». Peter Singer, Ira W. Decamp Professor of Bioethics in the University Center for Human Values, Princeton University, ainsi que Jean-Yves Goffi, professeur émérite de l’Université de Grenoble II, France, y participeront à titre de conférenciers invités.

Dans son ouvrage intitulé La libération animale, le philosophe utilitariste Peter Singer développe trois grandes idées : le principe d’égale considération des intérêts, présenté comme le véritable fondement de l’égalité au sein de l’espèce humaine et pour tous les êtres sensibles ; le rejet du spécisme (la discrimination fondée sur l’espèce); et la conséquence pratique de ces deux idées, à savoir la nécessité de mettre un terme à certains types d’exploitation des animaux, notamment ceux qui ont trait à la recherche et l’élevage industriel. Cette œuvre phare a connu un retentissement immense.

À tel point que la publication de La libération animale, en 1975, a été présentée comme le moment clef dans l’émergence du mouvement éponyme. Cependant, le mouvement de libération animale ne saurait se réduire à la seule pensée singerienne.

D’une part, il est extrêmement protéiforme et fait l’objet de débats intenses à l’interne, entre les défenseurs des animaux eux-mêmes qui privilégient des approches diverses et dont les conclusions respectives s’avèrent parfois incompatibles, comme à l’externe, entre ceux qui cherchent à améliorer le sort des animaux et ceux qui défendent le statu quo ou contestent les arguments animalistes. D’autre part, il est sensiblement façonné par les cultures au sein desquelles il se développe.

L’objet de ce colloque sera de revenir sur le lien entre le mouvement de libération animale et les théories de Peter Singer qui, à tort ou à raison, en est perçu comme le père fondateur. Comment l’éthique animale de Peter Singer a-t-elle été accueillie depuis la publication de La libération animale ?

Quels échos a-t-elle trouvés dans les mouvements animalistes ? Quelles ont été les évolutions conceptuelles et pratiques de la libération animale contemporaine ? Quelle place la doctrine utilitariste, et son principe fondateur conséquentialiste, occupent-ils dans le travail de Singer et dans les débats qu’il a engendrés ? Quels sont les types d’approches en éthique animale auxquelles a mené la publication de Singer ?

Dans la perspective de cette rencontre, nous encourageons la confrontation de points de vue interdisciplinaires (études sur les aires anglophones, philosophie, sociologie, droit, histoire etc.).

Nous souhaitons par ailleurs que s’engage un dialogue entre les différentes approches théoriques : libération animale, droits des animaux, welfarisme, études critiques, statut politique des animaux, approche continentale etc.

On pourra notamment se pencher sur les thématiques suivantes (non exhaustives) :

L’antispécisme
Le principe d’égale considération des intérêts
Les analogies entre le spécisme et autres formes de discrimination
L’argument des cas marginaux
Le statut moral et juridique de « personne »
le débat qui oppose le fait de tuer et celui de faire souffrir
Les choix alimentaires : végétalisme, végétarisme, flexitarisme, régime omnivore (consciencieux ou non)
La question du remplacement des êtres tués
Les liens qu’entretient l’éthique animale avec les autres domaines de l’éthique appliquée : éthique de l’environnement, bioéthique, éthique médicale, etc.
L’utilitarisme vs. le déontologisme, l’éthique des vertus
La justice animale vue sous l’angle du libéralisme, du néo-conservatisme, du marxisme, de l’anarchisme, etc.

Les intervenants pourront s’exprimer en français ou en anglais.

« Se nourrir, marcher, courir vegan » de Matt Frazier

Matt Frazier est une personnalité connue dans le milieu des sportifs vegans au Etats-Unis, notamment en étant l’auteur du blog à succès No Meat Athlete.

Son livre du même nom est également un classique de la littérature sportive vegan et justment il a été traduit et publié en français cette année sous le titre de « Se nourrir, marcher, courir vegan ».


C’est un livre intéressant qui reprend et explique de manière simple et accessible la plupart des connaissances actuelles sur la nutrition, en insistant sur l’importance d’un régime basé sur les végétaux, avec des aliments complets et non transformés (ou le moins possible).

En plus de cela, sont proposées 58 recettes végétaliennes, souvent avec des ingrédients faciles à se procurer, ainsi qu’un petit programme d’entraînement pour débuter ou se perfectionner en course à pied.

On a là quelque-chose de très pratique, un outil qui pourra être bienvenue pour les personnes vegan en France ayant besoins de connaissances accessibles sur l’alimentation, et particulièrement sur l’alimentation sportive. C’est vraiment une avancée, une excellente contribution!

Il faut en plus noter, et c’est très important ou plutôt fondamental, qu’en plus de l’aspect « santé », « bien être », Matt Frazier explique que la compassion envers les animaux est un aspect important de sa démarche vegan. Il reverse 10 % de ses droits d’auteur à des refuges pour animaux, dont Farm Sanctuary.

Cela ne sort pas de nulle part bien sûr et il faut bien voir qu’il y a aux États-Unis, contrairement à la France, tout une culture portant le véganisme de manière positive. Il y a des organismes massifs avec un discours « grand public » constructif et non pas glauque, de nombreux blogs ou sites internets, des sportifs ou des acteurs célèbres, des chanteurs ou groupes de musiques reconnus, etc.

On comprend cela par exemple avec les remerciements émis à la fin du livre par le co-auteur Matthew Ruscigno, diplômé en nutrition et en santé publique, vegan et sportif de haut niveau, qui a contribué à certaines parties du livre . On lit de sa part:

« Je suis également très reconnaissant aux organismes qui m’ont sensibilisé tôt à un mode de vie empreint de compassion : Animal Defense League, Earth First !, Vegan Outreach et Earth Crisis, pour ne nommer qu’eux. »

Pour autant, il y a quelque chose qui est vraiment dérangeant dans ce livre de Matt Frazier, un peu dans l’esprit libéral américain : c’est qu’il n’a de cesse de « botter en touche », de ne pas vouloir « en faire trop », de ne surtout pas donner l’impression « d’imposer » le véganisme.

Bien sûr il explique qu’il est possible et souhaitable d’être vegan, toutes ses recettes sont vegans, etc. Mais il préfère parler de « régime végé » et ce qu’il propose est d’une certaine manière une sorte de régime « flexitarien », pour ne pas froisser.

On lit alors des choses:

« Il peut s’agir d’un régime végétalien, sans produits animaux, pas même de miel. Pour d’autre, il peut s’agir d’un régime majoritairement à base de plantes. Vous pouvez alors manger du fromage de temps à autre et même un hamburger à l’occasion. »

Il explique alors qu’il faudrait y aller petit à petit, sans se brusquer. Bien qu’il « admire » les personnes qui arrivent à cesser la viande du jour au lendemain, il pousse son raisonnement jusqu’à ce « conseil » étrange : « n’essayez pas de ne plus manger de viande ».

On peut comparer ici la démarche de Matt Frazier à celle de Brendan Brazier, très différente. Brendan Brazier, qui par ailleurs préface ce livre de Matt Frazier, est certainement la figure la plus importante du sport vegan.

Son premier livre « Thrive, the vegan nutrition guide», non disponible en français, est un best-seller et il a également développé plusieurs sites internets (dont thriveforward.com) et une gamme de produit pour le sport (vega sport), il fait des apparitions dans de grands médias nord-américains, etc.

Brendan Brazier ne parle pas des animaux, sa démarche est d’abord initiée par le sport et la recherche de performance (il a été un triathlète professionnel). Mais il a une démarche « totale », mettant en avant un régime strictement basé sur les végétaux, avec une véritable détestation pour les produits de mauvaise qualité imposés par l’industrie, y compris forcément les produits issus de l’exploitation des animaux.

Sa démarche est beaucoup plus pointue, il a creusé de manière profonde la question de la nutrition, il conseille des aliments parfois relativement difficiles à se procurer, mais toujours d’un grand intérêt nutritif.

Ses recettes ne sont pas des transpositions « végétaliennes » de recettes classiques, il transforme de manière importante les habitudes alimentaires.

La conséquence de cette démarche « totale » est qu’il contribue à une véritable révolution culturelle dans le domaine de l’alimentation, portant ainsi, indirectement, de grands coups à l’industrie et à l’idéologie de l’exploitation animale.

Le Livre de Matt Frazier n’a quant à lui pas cette capacité. On se demandera même si, d’une certaine manière, malgré ses aspects positifs, ce livre n’aiderait pas à ce que « rien ne change », tellement la démarche est confuse.

A force de vouloir ne pas brusquer, on en vient à perdre de vue qu’il y a là, tout de même, une remise en cause des traditions erronées, de l’anthropocentrisme, bref on révolutionne les comportements.

Et c’est pour les animaux, donc il n’y aucune raison de tergiverser!