Le cannabis : pas « naturel » mais « développé et breveté »

L’un des grands arguments des partisans du cannabis est que ce serait une drogue « naturelle ». Mettons cela en doute, en regardant ce que dit Cannaweed, qui se présente ainsi :

« En plus de 10ans CannaWeed et son forum ont connu un grand succès et de très fortes affluences, au fil du temps la communauté a constitué une formidable base de données pour répondre à la plupart des questions que se pose un cultivateur en herbe, et l’aider à mener à terme sa culture. (…) Le site prône l’AUTOproduction ! »

Cela a le mérite d’être clair. Pour l’anecdote, c’est une personne ayant pris le nom de… « ptivegan » qui fournit la photo où le chat est présenté comme un ennemi potentiel de la production, tout comme une longue liste d’insectes. Vilaine Nature qui dérange les fumeurs…

Et donc si les fumeurs prétendent fumer quelque chose de « naturel », c’est faux : le cannabis a été modifié de manière énorme. Si Cannaweed étale ses connaissances des… 1488 variétés, ce n’est pas pour rien !

Constatons le lyrisme de Flyingdutchmen (le hollandais volant, allusion humoristique au fait de « planer » et au vaisseau fantôme du même nom, que Wagner a repris en opéra) :

« Graine de Dame Blanche Feminisee

Cette Dame brillante est le résultat de la dernière amélioration des lignées « blanches » de cannabis – une variété de graine cannabis massive qui est parfaite pour les débutants ou pour des cultivateurs plus expérimentés. Nous avons croisé notre White Widow avec notre hybride Skunk / Northern Lights pour obtenir la Dame Blanche – une variété à dominance Indica avec un milieu de Sativa varié.

Elle est touffue, sa production est vigoureuse et son branchage, solide. Les graines de cannabis peuvent être transplantés assez petits – avec seulement quelques paires de feuilles – et termineront normalement leur maturation autour d´un mètre de hauteur.

Le bourgeonnement est rapide en première moitié de floraison et déchaîné plus tard, quand le dessus des grappes soyeuses de fleurs se couvrent de long pistils. Leur masse augmente alors rapidement pour se rejoindre au sommet de la tige et des branches et former des têtes scintillantes stupéfiantes qui enchanteront tous les amoureux de ganja. »

Il y a donc des variétés « améliorées » – on devine les critères – aux noms variés comme Butterscotch Hawaiian, Afghani #1 (Sensi Seeds), Jean Guy (Qc), Mother of Mercy, Alaskan Matanuska Thunderfuck, Sour Bubble…

Sur wikipédia des partisans des drogues on put parfois prendre le pouvoir, voyons par exemple dans une liste cette remarque formulée comme « en passant »…

AK-47 ou Special-K (Serious Seeds) [Colombian × Mexican × Thai × Afghani] – seconde place à la Cannabis cup, 2003, catégorie indica cup

La page wikipédia de cette variante, qui n’existe qu’en français, est assez éloquente :

L’AK-47 est une variété hybride de cannabis à forte teneur en THC développée et brevetée par des Néerlandais[Qui ?]. Elle est assez populaire auprès des consommateurs de cannabis mais de production limitée du fait d’une faible densité et de la difficulté d’une production commerciale.

L’hybridation est à dominante sativa, les clones poussent en 5 à 10 jours en intérieur. La floraison dure de 53 à 63 jours et donne un rendement de 350 à 500 g·m-2[réf. nécessaire]. En culture d’extérieur, la récolte a lieu dans la deuxième moitié d’octobre.

C’est une variété réputée pour avoir remporté de nombreux prix dont la seconde place à la Cannabis cup 2003, catégorie indica cup.

Elle présente un très forte odeur et un goût à fumer très fort. Elle est de taille moyenne et possède une période de floraison plutôt courte pour l’espèce.

Elle est parfois appelée Special K bien que le nom soit déjà utilisé pour désigner la kétamine. Son nom serait une référence à la force de son effet et au fusil d’assaut éponyme. Une autre explication est que c’est l’abréviation de Afghani Kush et 47 pour la période de floraison.

« Développée et brevetée » : voilà qui montre l’absurdite de la prétention à fumer quelque chose de « naturel »…

« Cecil le lion, ou l’indignation de l’indifférent »

L’affaire du pauvre lion surnommé Cecil et assassiné continue de faire beaucoup de bruit. Nombreuses sont les personnes qui prennent conscience de la situation et saisissent l’ampleur du désastre, notamment ce qui touche aux pseudos chasses organisées.

Sur internet, surtout aux États-Unis mais également dans d’autres pays comme l’Autriche ou la Suisse, on retrouve des portraits de chasseurs partis en Afrique et tuant des animaux « commandés »: des rhinocéros, des girafes…

Naturellement, il s’agit toujours ici de gens appartenant aux catégories sociales les plus élevées, qui lorsqu’elles se défendent utilisent un argument simple: elles ont payées, il y a eu un contrat, elles n’ont donc rien à se reprocher…

On comprend bien ici qu’il y a une idéologie dominante à écraser. Tant que dominera ce prestige du « luxe » – la chasse en Afrique, le « cuir » des belles voitures, la « fourrure »… – la société ne progressera pas sur la voie du véganisme. C’est une question de style de vie.

Le « scandale » continue en tout cas, et c’est une bonne chose. De nombreuses compagnies d’aviation ont annoncé ne plus accepter de transporter des « trophées ». Des gens discutent de la situation, c’est une actualité.

Il est donc dans l’ordre des choses que certains soient contre, afin de s’opposer à l’émergence de la question animale.

Le Figaro a ainsi publié une tribune ignoble, où quelqu’un met en avant l’idéologie prétentieuse et vaine des ONG, affirmant même sur « le ton de la blague » qu’il devrait tuer le frère de Cecil pour y tatouer les noms des victimes humaines en Afrique…

Une manière classique d’opposer l’humanisme à la cause animale, alors que justement cette dernière est le prolongement logique de l’humanisme… Le pseudo humanisme n’étant en réalité que notre ennemi juré: l’anthropocentrisme.

On notera au passage que l’auteur de la « tribune » est un Belge habitué des prises de positions ultra-conservatrices. L’ONG à laquelle il appartient – et qu’il ne pourrait mettre en avant ici dans sa tribune sans accord au moins tacite – dispose d’un soutien vraiment très important d’entreprises et d’institutions. Son président a un long parcours dans le milieu des ONG, après avoir étudié le business à la prestigieuse université de Dauphine et avoir été journaliste à BFM Business.

Cecil le lion, ou l’indignation de l’indifférent

FIGAROVOX/HUMEUR – Joseph Junker, ex-volontaire de solidarité internationale, dénonce l’hypocrisie qui enveloppe l’indignation autour de la mort du Lion Cecil et l’indifférence des Occidentaux à l’égard du continent africain.


Joseph Junker est blogueur. Il a été bénévole pour l’ONG Solidarité internationale

Raiza n’avait pas plus de 14 ans quand je l’ai rencontrée. Comme toutes les jeunes filles philippines de son âge, elle était restée plus une enfant qu’une adolescente, combinait l’espièglerie de la jeunesse, l’indolence des pays tropicaux et ce culte de l’instant présent qui permet aux plus démunis de survivre avec le sourire à leur condition misérable. Abandonnée par sa mère et sans famille, elle avait été recueillie au milieu d’une douzaine d’autres jeunes filles par des frères catholiques, qui nous avaient demandé entre autres choses de nous occuper d’elles et de les envoyer à l’école. Prenant notre tâche à cœur, nous décidâmes le jour de ses 15 ans de lui offrir le minimum syndical que permettait notre temps limité de volontaire: un petit gâteau, une bougie, et quelques chocolats pour elle toute seule, de la part des frères. Lorsque les lumières s’éteignirent, qu’elle entendit «happy birthday to you» et nous vit arriver avec notre dérisoire petit présent, elle fondit en larmes et ne sut dire un mot pendant plusieurs minutes, avant de nous déclarer entre deux sanglots que personne n’avait jamais fait attention à elle, et que c’était le plus beau jour de sa vie. Elle avait 15 ans, et elle mourrait. Pas de cette mort violente de faim, de soif ou de coups. Elle mourrait de l’indifférence de ses semblables, de notre indifférence, de votre indifférence.

Un autre volontaire, parti lui en Guinée nous racontait la violence de la vie en Afrique, bien physique cette fois, et dont il avait été témoin. A l’hôpital St Gabriel de Conakry, on comptait certaines semaines une demi-douzaine de morts. Des adultes blessés par des rebelles? Des femmes violées par quelques milices? Des malades d’Ebola venu finir leurs misérables jours dans un minimum d’humanité? Même pas. Presque tous des enfants. A 6 ans leur corps décharné à peine plus gros que celui d’un nourrisson, morts de malnutrition. Seul voie de survie pour ce volontaire: se blinder et parvenir sans jamais s’y faire à continuer à soigner tous ces anonymes qui s’accrochent à la vie.

Ce soir, Mamadou va mourir, noyé avec les 14 érythréens qui l’accompagnaient, tous emportés par une lame sur le chemin de la Crète. Comme ils sont peu nombreux, la seule personne qui en entendra parler sera l’ouvrier communal chargé d’enterrer son corps.

Pourquoi je vous raconte tout ça? Parcequ’il y a statistiquement 1% de chances que vous sachiez situer Conakry sur la carte du monde, 0% de chances que vous ayiez entendu parler un jour de Raiza et il est une certitude que Mamadou ne sera rien de plus pour vous qu’une statistique que vous lirez dans quelques mois.… mais qu’à moins de revenir à l’instant de vacances ou d’être un citoyen raisonnablement déconnecté, vous avez 99% de chance d’avoir entendu parler du décès tragique de Cecil, le lion zimbabwéen (Simba quoi?) le plus célèbre du monde. Il est même problable que vous connaissiez le nom de son frère, dont vous avez appris en même temps l’existence et la survie avec un soulagement non-dissimulé. Peut-être même avez-vous comme 220.000 autres signé la pétition réclamant justice pour l’infortuné Cecil et son «assassin», ce riche amerloque, ce méchant presque trop laid pour être vrai qu’on imagine déjà membre du NRA, du GOP, roulant en SUV, homophobe, raciste, et tout les autres crimes de la terre – (je parle naturellement ici des crimes vraiment graves, naturellement) et dentiste par-dessus le marché!

Oh bien-sûr, il est regrettable que des individus s’amusent à tuer inutilement pour leur amusement personnel de grandes et belles bêtes, rares et menacées de surcroît. Mais comment ne pas s’attarder un instant sur ce que nous dit cette histoire de l’Afrique, ce continent de l’indifférence, où la mort d’un lion dépassera bientôt en impact celle de Nelson Mandela, faisant de cet animal l’africain le plus aimé et le plus regretté à travers le monde? Permettez-moi d’en tirer 2 enseignements:

Premièrement, nous n’avons pas grand-chose à cirer des enfants de Conakry. Ou plutôt si, nous préfèrerions qu’ils ne meurent pas, sommes éventuellement prêt à leur faire l’obole lorsque leur existence se fait un peu trop gênante pour la tranquilité de notre conscience et de notre petit système moral. A condition évidemment qu’ils restent en Guinée (où ça?), évitent d’y avoir eux-même trop d’enfants et surtout que nous n’ayons pas à y mettre les pieds un jour… sauf sur la plage bien entendu.

Deuxièmement, l’histoire de la mort de Cecil nous intéresse. Elle ne nous intéresse pas parceque nous regrettons de ne plus pouvoir l’admirer au cours du safari que vous projettez de faire à la noël au Simba… (euh… où ça déjà?), mais parcequ’elle correspond au mythe de la vision de l’homme qui prévaut dans notre société: La bêtise de l’homme détruisant la beauté de la vierge nature et la pureté des majestueux êtres qui la peuplent, comme c’est beau et tragique! L’homme blanc qui vient exploiter les ressources de l’Afrique, quelle horreur absolue dans notre référentiel idéologique! Mais surtout, ce qui est très pratique: le coupable est parfait! Il ne nous ressemble pas, vous et moi n’aurions jamais fait une chose pareille (vous n’en avez de toutes façons pas les moyens), il est loin de nous et nous évite franchement de nous remettre en question. Pas de petites sueurs froides au moment de le condamner, pas d’épine dans la conscience, le confort moral parfait pour pouvoir s’indigner tranquillement assis derrière son ordinateur. Ca tombe à pic d’ailleurs, en été il ne se passe jamais rien!

En fait, la morale la plus intéressante de cette histoire est que l’indignation du bobo requiers l’indiférence du nanti.

Alors si vous avez lu ceci et vous êtes reconnu dans ces lignes, il n’est pas trop tard pour changer et pour renier cette indifférence: commencez par entendre la question que votre fils vient de vous poser et que vous n’avez pas répondue, absorbé par votre écran. Puis regardez une fois dans les yeux le prochain sans-abri que vous croiserez (ne fût que pour vous rendre compte que c’est un être humain qui vous parle plutôt qu’une machine à demander des sous) et demandez-vous sincèrement par quel moyen pour pourriez aider les quatre Zimbabwéens sur cinq qui vivent dans la misère. Vous m’éviterez ainsi la tentation d’aller descendre le frangin de Cecil et de lui tatouer sur le corps les noms de Raiza, Mamadou et de tous les petits morts de Conakry. Peut-être qu’ainsi, au milieu de cette mondialisation de l’indifférence, vous feriez enfin un peu attention à eux.

Matmatah : « L’apologie »

Le groupe Matmatah revient; il s’était séparé mais vient fêter ses vingt ans à la rentrée. Le monde a sacrément changé depuis la sortie, en 1998, de son premier album, « La Ouache ».

On y trouve une chanson qui a alors eu un certain succès, « L’apologie ». Il y est expliqué, très naïvement en mode babos pour ainsi dire, que le cannabis provoque moins de dégâts physiques et sociaux que l’alcool et que donc il faudrait le légaliser.

Raisonnement hypocrite, car on pourrait partir dans l’autre sens et supprimer tant l’un que l’autre… Sans parler de l’apologie du principe de prendre des anti-dépresseurs qu’on trouve dans le texte! Pas très positif tout cela…

Mais, au-delà de cela, il serait intéressant de demander aux gens de Matmatah s’ils sont encore d’accord avec cette chanson. Car entre-temps le cannabis est devenu bien plus dur, avec du THC bien plus fort, et les dégâts sociaux sont devenus parfaitement visible…

Le coup du fumeur un peu hippie avec son pétard est une image d’Epinal : aujourd’hui le cannabis est un moyen de se défoncer, et assumé tel quel…

Cette étrange cigarette ne nous rend pas hagard
L’an 2000 approchant rattraper le retard
Vivons à notre époque et dédramatisons
Non bien sûr le pétard n’élève pas la raison

Je le conseille tout de même avec modération
Comme cet alcool qu’on prend jusqu’à la déraison
Et pour quelques noyés est devenu passion
Mais l’église ne dit rien la cirrhose a raison

Voir un homme tituber ne choque pas la morale
Mais l’alcool tant loué vous est parfois fatal
Et le joint si léger dans mon pays natal
Des libertés de l’homme devrait être banal

Malheureusement chez nous il se vend en sous-main
Si peu dangereux qu’il soit L’État lui fait la guerre
Pour une fausse morale parce qu’il n’en touche rien
Voilà la vérité dans cette triste affaire

[Refrain] :
Un pétard ou un Ricard, si t’as vraiment le cafard
A choisir y’a pas photo, moi je choisis le maroco
Les alcool ont leurs soûlards, le cana c’est le panard
Y’en a qui le mystifient, moi j’en fais son apologie

Ce serait pourtant si simple de le légaliser
Deux petits joints par jour c’est anti-dépresseur
Si L’État dans ce cas n’était pas l’agresseur
Le peuple tout entier pourrait mieux respirer

C’est encore cette fois par l’argent que le bat blesse
Si au moins le hachiche pouvait emplir les caisses
Nos dirigeants affables fermeraient bien les yeux
Et parfois avec nous s’envoleraient aux cieux

[Refrain]

L’alcool et le tabac ont le droit de tuer
Car aux comptes de l’État apportent leurs deniers
Messieurs dames mourrez donc d’alcool et de fumée
La patente est payée, la mort autorisée

Day of suffering – The Eternal Jihad

« Day of suffering » fut un groupe important dans la culture vegan straight edge, en raison de son album « The Eternal Jihad » extrêmement sombre et engagé, datant de… 1997. C’est toujours une surprise de voir des gens ayant compris les enjeux réels il y a tellement longtemps…

Le texte est typiquement catastrophiste, en empruntant aux images religieuses; on est ici lié à la culture hardline existant alors.

Angels raped by demons as prophets lay in pools of blood –
revelation, the fall of mankind is fulfilled as we begin our descent into hell.
tormented by the legions of evil and their infernal hatred for life,
all hope for peaceful resolution destroyed
as we fall into the abyss of… insurrection.
architects of the  apocalypse…
Anges violés par des démons alors que des prophètes reposent dans des mares de sang –
révélation, la chute de l’humanité est remplie alors que nous commençons notre descente aux enfers.
tourmenté par les légions du mal et leur haine infernale pour la vie,
tout espoir d’une résolution pacifique détruit
alors que nous tombons dans l’abîme de l’insurrection.
architectes de l’apocalypse …

justice pyre burns, a war waged to liberate, to educate those ensnared.
victory through attrition, no compromise.
victory or annihilation, the eternal jihad.
hell on earth, forsaking innocent life, bloodshed, revolution, survive or extinction…
armageddon
Le bûcher de la justice brûle, une guerre menée pour libérer, éduquer ceux pris au piège.
La victoire par attrition, sans compromis.
la victoire ou l’anéantissement, le jihad éternel.
L’enfer sur terre, abandonnant la vie innocente, l’effusion de sang, la révolution, survivre ou l’extinction…
Armageddon

« Philae a disparu »

Nous avions parlé de l’opération de communication existant au sujet du chien du président de la république, depuis plusieurs présidences. 

Le Figaro a décidé de reprendre ce thème du « chien du président » dans une série d’articles à visée humoristique. Cette série a commencé hier et le problème de fond est que le thème est la disparition du chien.

La série s’appelle « Philae a disparu » et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est de très mauvais goût. La disparition d’un compagnon est quelque chose de terrible à vivre, c’est un profond moment d’angoisse, qui ne cesse pas tant qu’on l’a trouvé.

Ici, on a un vécu dramatique qui est banalisé, transformé en fait divers, juste pour se moquer de François Hollande (c’est le but de la série d’articles d’être une sorte de divertissement estival).

Au-delà de cette dimension qui n’est guère étonnante et n’est qu’un exemple parmi tant d’autres malheureusement, il est très intéressant de voir comment le premier article accorde une place bien spécifique au chien en question. Voici quelques extraits, qui montrent bien comment Philae est présenté comme un objet vivant, une machine divertissante, une sorte d’être sans consistance ni intelligence.

« Il chercha du regard Philae, son labrador, qui à cette heure aimait parcourir la vaste pelouse avec, dans la gueule, ce qui fut autrefois une balle de tennis. La chienne la martyrisait avec ses crocs tout en guettant son maître, qui souvent la rejoignait. C’était alors une interminable partie qui voyait Philae partir ventre à terre à la poursuite de la balle que lançait le plus loin possible son prestigieux compagnon de jeu. Mais Philae n’était pas là. »

 

« Mais le chef de l’État lui avait raccroché au nez, puis, du pied, avait shooté si fort dans la balle de Philae que celle-ci avait mis dix bonnes minutes pour la retrouver. »

 

 « Jean-Pierre Jouyet apparut. Le secrétaire général de l’Élysée était blême, comme si on lui avait annoncé que deux avions détournés par l’État islamique venaient de pulvériser la tour Eiffel.

«François, dit-il, il faut que tu saches

«Que se passe-t-il, Jean-Pierre?», s’enquit en souriant François Hollande, nullement impressionné par la tête d’enterrement du secrétaire général de l’Élysée. «Attends! Laisse-moi deviner! Il y a eu 65.000 chômeurs de plus en juillet? Le grand califat a gagné 23.000 kilomètres carrés en Syrie ou en Irak? Les chars russes foncent sur Kiev? Aubry publie un brûlot sur moi? Les frondeurs font sécession? Jérôme Cahuzac a mis fin à ses jours?

– Non, François, murmura Jean-Pierre Jouyet, qui tourna son regard vers le parc de l’Élysée.

– Eh bien, dis-moi!, lança le chef de l’État, gagné par l’impatience.

– François, voilà. Philae a disparu.» »

On remarquera que l’annonce de la disparition est présentée de manière typiquement cynique, l’intensité dramatique de la disparition étant moquée, relativisée, etc.

C’est lamentable, mais donc il faut voir que cela va aussi avec le statut de Philae, qui ne sert que de « figuration ». Et il ne s’agit pas que de la conception de « l’animal machine » dont il est question. C’est toute une idéologie où on a désormais le « chien du président ». Il y a là quelque chose de profondément réactionnaire, d’ultra-conservateur.

C’est pratiquement l’idéologie du notable de province qui est ici mis en avant, avec une sorte de patriarche dans l’esprit des chasseurs. C’est un simple détail, pourrait-on penser, mais dans le contexte actuel en France, c’est lourd de signification.

Les zadistes qui élèvent « leurs » poules, le président qui a « son » chien… Comment s’étonner que le véganisme a du mal à prendre en France quand on voit cette tendance « terroir » qui prédomine?

31 arbres abattus pour le passage d’un convoi exceptionnel

Dans la vie de tous les jours, nous utilisons des vies végétales. C’est regrettable, et forcément temporaire. Car toute vie doit être défendue, et l’humanité devra élargir toujours plus la compassion.

Un arbre vit, et veut vivre. C’est suffisant. Le véganisme ne saurait être considéré comme la fin, mais bien comme le commencement. Aussi, il est juste de défendre les végétaux comme étant des êtres vivants c’est en raison de cela que cette information très triste ne peut que susciter l’indignation : en début de semaine, 31 platanes (des tilleuls) ont été massacrés afin de laisser passer un convoi exceptionnel. Ce drame s’est déroulé près de Luçon, en Vendée, le convoi transportait 2 coques de bateau, de 10 mètres de long, reliant Fontenay-le-Comte aux Sables-d’Olonne.

Au départ, le convoi devait passer cette portion de route à travers un champ (ce qui détruit aussi de la végétation!), mais de fortes précipitations ont rendues le champ impraticable. Il faut savoir que ce transport était prévu depuis un an ce qui laissait largement le temps de prévoir d’autres solutions, et la présence de ces arbres était donc connue, il était donc facile et simple de gérer correctement ce transport.

L’autorisation d’abattage valait pour 5 arbres, ce qui est déjà honteux et inacceptable, mais ce sont 31 arbres qui ont été massacrés de manière illégale, décision manifestement prise par le transporteur qui préférait détruire des vies plutôt que d’attendre une demi-journée que le champ sèche et prendre cette voie de transport proposée alternativement.

Le maire de Luçon, Pierre-Guy Perrier , indigné par cet acte d’inconscience, a demandé que « 31 arbres centenaires soit replantés au même endroit et que l’on fasse le nécessaire pour que les auteurs soient mis en situation de ne jamais pouvoir recommencer une telle chose.  »

Avec ou sans autorisation, de manière légale ou non, l’abattage de ces tilleuls est honteux, impossible de se dire qu’on est arrivé à cette situation à cause d’un manque d’organisation. Non, c’est bien le déni de la Nature qui a primé ici, la volonté de ne pas attendre, de ne pas vouloir réfléchir pour préserver un tant soit peu la Nature.

Les commentaires qui se lisent sur le net vont bon train, certains sont anti-Nature :

Oui, enfin « acte odieux », c’est quand même un peu exagéré. C’est bien dommage, mais ce n’est que 32 arbres, et on peut en replanter. Il faudra bien sur attendre qu’ils repoussent pour que le coin retrouve la même physionomie qu’avant, et ça va être long, mais il faut avouer que ce n’est pas l’endroit le plus charmant de France.
Ce qui doit être condamné, c’est l’atteinte au bien public sans autorisation. Le paysage s’en remettra.

Les platanes au bord des routes sont dangereuses, la prévention de la sécurité routière consiste à les couper, toutes les supprimer, mais cette mesure heurte à une certaine protestation. Les vies ou ces platanes, il va falloir choisir.

Mais la plupart s’indigne de ce genre de comportement :

C’est assez déplorable dans les faits autant que dans le principe. Tout ça pour une coquille de noix qu’on eu peut-être pu transporter sur l’eau. Et il s’en trouve pour dire que c’est la faute à pas de chance !

Non ! C’est la faute à celui qui n’a pas calculer son coup correctement. C’est la faute à celui qui a autorisé à couper 5 arbres. C’est la faute à ceux qui les ont coupés et qui en ont coupé 27 de plus dans la foulée, parce que 5 ou 27, c’est un peu pareil quand on est une buche. Enfin bref, c’est la faute à quelques personnes bien précises et qui ne peuvent pas se défausser.

Et quand je lis dans les commentaires qu’un platane est dangereux, je m’interroge. Comment, les platanes attaquent les passants, renversent les cyclistes ?

Soyons juste, ce n’est pas l’arbre qui est dangereux, c’est l’automobile. Mais les années 70 sont loin à présent et il serait temps de réduire l’usage et la vitesse de ses engins.

Une belle route ombragée parcourue à vitesse réduite et en toute sérénité, avec une voiture entretenue et uniquement lorsque c’est nécessaire, ça vous réconcilie avec les platanes et vous fait regretter la disparition de ces 32 là.

Et si c’étaient des maisons, poteaux télécoms ou EDF, clôtures… qui s’étaient trouvés là, le transporteur les auraient fait raser avec autant de célérité? Avant d’engager son convoi sur cette route, n’aurait il pas été judicieux pour le transporteur de vérifier que l’itinéraire était praticable?
Visiblement quelqu’un n’a pas fait son boulot. Pas grave diront certains, ce ne sont que des arbres. Lamentable et pas qu’un petit peu.

La mort monnayée et organisée du lion Cecil

Cecil était un lion, un beau lion âgé de 13 ans, qui vivait au Zimbabwe. Cecil était, en théorie, protégé, et aussi suivi grâce à un collier émetteur posé par des scientifiques et il était la « star » des touristes de la réserve Hwange au Zimbabwe.

Cecil a été massacré par un richissime dentiste américain, Walter Palmer, qui a d’abord blessé le lion avec une flèche, l’a ensuite traqué pendant 40 heures avant de l’achever, de le dépecer et de le décapiter. L’homme était manifestement déterminé à abattre Cecil !

Cet homme est un récidiviste car en 2008 déjà, il a tué un ours noir aux États-Unis, qui était à plusieurs dizaines de kilomètres hors de la zone de chasse pour laquelle il a un permis de chasse. L’histoire s’est dramatiquement répétée avec Cecil car l’assassin aurait déboursé 50 000 dollars pour tuer ce lion en l’attirant hors du parc où il était protégé. Mais il n’est pas le seul coupable dans cette affaire : l’organisateur de safari de grande chasse a été inculpé pour ne « pas avoir empêché une chasse illégale »et le propriétaire de la ferme où le corps inerte du lion a été retrouvé est également complice de ce meurtre entièrement prémédité.

Des peluches ont été déposées devant le cabinet de ce dentiste au passe-temps morbide, une pétition pour réclamer justice pour Cecil a récolté pour le moment 800 000 signatures, des appels aux dons pour financer les campagnes pour la protection animale et pour l’unité de recherche d’Oxford (les scientifiques de cette unité suivaient Cecil via son collier GPS) sont ouverts.

Sur internet la grogne monte, les réactions sont multiples et très nombreuses, ce qui est normal, heureusement qu’il existe ce qu’on appelle une opinion publique, qu’il y a des gens capables d’éprouver des émotions, de la colère face à l’injustice.

Cela a été tellement fort que le journal Le Monde a publié un article sur les réactions sur internet à la rubrique… faits divers. La question animale est habilement rejetée au second plan, afin de faire en sorte de présenter les gens comme des idiots réagissant de manière épidermique, avec une propension à la méchanceté, etc.

Il s’agit de présenter les gens comme des incapables, des êtres infantiles, afin de les priver de leur droit de ressentir et de décider.

Bien sûr, il est dommage que les émotions soient parfois sélectives; les informations se diffusent de manière très hasardeuse et les gens se prennent d’émotions pour quelque chose qui les frappe en particulier, alors que c’est peut-être horrible et pourtant banal en même temps, malheureusement.

Cela veut simplement dire qu’il faut systématiser la critique, et non pas dénoncer les gens…

Il y aussi le fameux argument selon lequel se préoccuper des animaux irait à l’encontre de se préoccuper des humains. C’est un argument particulièrement terroriste, et particulièrement classique. Voici deux exemples de commentaires, l’un pour l’autre contre cet argument.

 « Je trouve stupide que de comparer des faits à d’autres, plus graves ou qui n’ont rien à voir avec ce dont on parle. C’est une (mauvaise) façon d’excuser une action. Oh, il a tué un lion mais il y a 200 morts par noyades et personne ne s’en offusque ! Oh, j’ai tué un homme mais Hitler en a tué bien plus! C’est du même tabac.Je dis simplement que tuer un si bel animal pour le triste plaisir d’en faire un trophée, ça relève de la psychiatrie lourde. Tuer, c’est ce qui fait bander les chasseurs. »

« Je ne suis pas d’accord avec vous. Je trouve choquant d’avoir une telle avalanche de réactions pour un lion et rien, par exemple, pour les 200 morts par noyade dont vous parlez. Ce déséquilibre est inquiétant, car il montre qu’en même temps que nous devenons de plus en plus sensibles de la cause des animaux, nous sommes également de plus en plus indifférents à la mort d’hommes et de femmes »

Voici un commentaire venu en soutien à l’entreprise de dénonciation des amis et amies des animaux :

« + 1, Mat. C’est James qui mélange tout. Ce qui est sous-jacent à ces déferlements de réactions, c’est effectivement l’hyper-sensibilité des gens face aux drames animaliers (que l’on peut comprendre… mais dans certains limites…) et l’indifférence face à certains drames humains. Cela dit, je note qu’en donnant un nom aux animaux, on les humanise et provoque cette empathie. Rendons leurs noms aux Syriens, migrants, femmes et enfants victimes de violence, et on pleurera peut-être leur sort… »

Ce qui est aussi frappant, c’est que cette attitude typiquement anti-démocratique qui vise à dénoncer les gens, à les présenter comme des « idiots », peut tout à fait exister chez certaines personnes prétendant intervenir pour défendre les animaux :

 « on peut comparer la vie (et la mort) de ce lion, avec celles des milliards d’animaux qui vivent (et meurent) dans les plus grandes souffrances dans nos élevages industriels. pourquoi ne réagit on pas dans le deuxième cas ? »

Dire les choses ainsi est faux parce que justement la conscience de la réalité ne tombe pas du ciel, il faut savoir étudier et présenter les faits. Si personne ne le fait, alors on ne peut arriver à rien.

D’ailleurs, si ce n’était pas le cas, on pourrait accuser la quasi totalité de l’humanité d’être criminelle pour laisser l’exploitation animale se généraliser et de ne pas être à la hauteur face au changement climatique.

Or, elle l’est et en même temps elle ne l’est pas: c’est justement tout le sens de la bataille à mener pour la prise de conscience et l’intervention pour la libération animale, la libération de la Terre!

Et dans cette perspective, les « appels au calme » sont en décalage total avec la réalité, tout comme les tentatives de dire que des « réformes » seraient possibles… Sur combien de temps, 1000 ans que nous n’avons pas?