La nécessité de changer le monde

Est-il possible d’avoir des revendications en faveur des animaux, dans une société dont l’économie s’appuie notamment sur l’exploitation animale, où les mentalités sont particulièrement rétrogrades en ce qui concerne la Nature?

A cela s’ajoute une question : qui sont les gens susceptibles de soutenir au moins en partie ces revendications?

Prenons l’exemple de la vivisection. Son abolition est au coeur de toutes les personnes aimant les animaux. Pourtant, on ne peut pas réclamer son abolition dans cette société, sans prétendre diffuser une illusion nocive aux animaux.

On le voit bien : l’Union européenne a prétendu refuser l’expérimentation animale pour les cosmétiques… Tout en organisant un projet de tests chimiques, appelé « Reach », fondé précisément sur l’expérimentation animale.

L’expérimentation animale est systématiquement présentée comme incontournable, impérativement nécessaire pour la recherche, etc. Il y a ici un véritable mur, une barrière complète. En prétextant servir le progrès, c’est en réalité la barbarie qui est défendue.

Le tout, comme on le sait, dans la plus totale opacité. Tant les institutions publiques que privées, les expérimentations sont masquées, elles se déroulent dans le secret. C’est totalement anti-démocratique et cela en dit long sur les mentalités rétrogrades de ces gens.

L’expérimentation sur les animaux est un crime organisé de manière industrielle et on ne peut pas demander à des gangsters de cesser leurs activités. On doit mener campagne contre l’expérimentation animale, mais sans avoir l’illusion qu’au sein d’une société comme la nôtre, cela puisse être aboli.

On notera d’ailleurs au passage que les institutions, tant françaises que l’Union européenne, sont très contentes des pétitions et autres revendications, qui ne font que renforcer les illusions démocratiques à leur sujet…

Il est tout de même symptomatique qu’à une époque où plus personne n’a confiance en les institutions, les réformistes de la protection animale jouent la carte du légalisme à tout prix…

Il y a pourtant des revendications qui, inversement, peuvent triompher. Aussi paradoxal que cela puisse avoir l’air, l’abolition de la chasse en est une.

La chasse ne concerne qu’une faible partie de la population, c’est une pratique méprisée par les gens tournés vers la culture, sans parler de ceux aimant les animaux. Se balader en forêt est pratiquement impossible sous la pression des chasseurs qui considèrent que c’est leur territoire.

Bien sûr, les chasseurs pratiquent la violence, le lobbying, ils jouent sur la carte du terroir, des traditions, etc. La réponse est alors simple : il faut avoir une contre-violence, jouer sur la carte du progrès, de la civilisation.

Et c’est une question de message aussi : les chasseurs ont un rapport perverti à la Nature, un certain nombre serait d’accord de troquer leur fusil contre un appareil photo. Au lieu d’un animal mort tué par un obscur chasseur un jour dans l’année, il y aurait le prestige de traverser le temps comme l’auteur d’un merveilleux portrait de la Nature…

Il suffit de feuilleter les magazines de chasse pour voir qu’à l’arrière-plan, ce qui convainc les chasseurs, c’est le rapport à la Nature, c’est le besoin de rester connecté à elle. Le discours sur le terroir est vraiment d’extrême-droite : il parle de Nature, mais pour en dévoyer le besoin…

Naturellement, la question d’une réelle application d’une éventuelle interdiction de la chasse demanderait des moyens que la société actuelle n’est pas prête à donner. Mais, dans tous les cas, on ne peut pas échapper à la nécessité de la révolution pour changer le monde…

Le collectif Belaud Argos, rouleau compresseur du Front National

Le Front National tente de se développer en donnant naissance à différents collectifs « rassembleurs » et vient justement d’en fonder un nouveau, consacré aux animaux. Regardons ce qu’il en est.

Ce qui frappe tout de suite, c’est le choix du nom du collectif : Belaud – Argos. Un tel nom ne dira rien à personne, mais c’est que là n’est pas l’objectif. En réalité, c’est un garde-fou posé dès le départ, pour bien délimiter le cadre et éviter les débordements.

Si Argos est peut-être connu des lecteurs de l’Odyssée, car c’est le vieux chien qui meurt de joie au bout de longues années alors qu’Ulysse revient enfin de son périple, Belaud ne dira rien à personne. Il s’agit en l’occurrence, du chat qui a vécu avec le poète Du Bellay, ce dernier écrivant des vers à son sujet.

Il y a ainsi une double opération : tout d’abord faire « culture occidentale » avec de l’antiquité grecque et de la Renaissance, ensuite focaliser sur les « animaux de compagnie ». On est dans l’identitaire et le familial : hors de question d’aller vers l’universel et le social.

La présentation du collectif commence sur le thème des « animaux de compagnie », constatant leur nombre en France ; on lit de plus ces importantes lignes, où le choix du mot « bête » ne doit rien au hasard:

« Amoureux des chats, amoureux des chiens, des Belaud ou des Argos, ainsi que de toutes les autres bêtes, nous nous retrouverons tous au sein de ce collectif pour préparer et porter un programme ambitieux afin de faire avancer la cause animale. »

Dans cette même logique qu’on se doute savamment élaboré, le logo du collectif montre également un chien et un chat, dans la même veine que beaucoup de logos de vétérinaires. La mini biographie des trois personnes dirigeant le collectif précise également :

« propriétaire de cinq chats, d’un lévrier whippet, d’un lapin nain et d’un lapin géant des Flandres »

« propriétaire d’une chatte âgée de 8 ans »

« propriétaire de deux chats »

On est là dans le conformisme le plus grand et on comprend le rôle et la nature du collectif. Il s’agit de coller ici à la tendance la plus à « droite » de la protection animale (L214 étant alors au « centre », tandis qu’à « gauche » on trouvera LTD, les abolitionnistes), de viser « papy » et « mamie » qui aiment les animaux et les soutiennent, mais ne généralisent jamais leur démarche (et il y a des jeunes qui sont déjà « papy » et « mamie », par conservatisme).

Il est d’ailleurs parlé de « bien-être animal » et parmi les mesures on a celle-ci résumant tout :

« L’opposition au modèle d’agriculture intensif et concentrationnaire (fermes usines avec un espace clos et une mauvaise aération) et valorisation d’un élevage responsable et plus respectueux des animaux. »

L’exploitation animale n’est pas remise en cause ; on a simplement ce culte du terroir et du « meurtre » qui serait à la fois « propre » et « traditionnel ».

A cela s’ajoute aussi toutes les revendications classiques des « réformistes » : suppression du halal et du casher, contrôle indépendant dans les abattoirs, fin (progressive…) du gavage, augmentation des recherches pour « remplacer l’expérimentation animale », interdiction des animaux sauvages dans les cirques, interdiction des fermes à fourrure.

Il s’agit ici de gages donnés au réformisme de la protection animale, de revendications de base. On remarquera par contre que manque, évidemment, l’interdiction de la corrida, cette dernière étant trop liée au « terroir ».

Autre souci : « promotion d’une chasse responsable ». Cela place le collectif comme à droite des réformistes, avec cependant un avantage : celui de prétendre au réalisme, puisque le FN entend aller au pouvoir.

On a ainsi un argument qui tente directement de profiter de la crise des refuges :

« Le soutien financier aux associations de défense des animaux dans les collectivités territoriales »

Vue la situation, c’est là un argument qui risque de faire très mal. L’aspect rouleau compresseur du collectif se trouve ici. Dans les années 1970, la protection animale anglaise a donné naissance en Angleterre au Front de Libération Animale ; dans les années 2010, le FN compte récupérer l’énergie de la protection animale française…

L’objectif est très clairement l’appel d’air, sur un mode : participez à notre « révolution » le plus tôt possible, vous avez les moyens d’y gagner quelque chose… On est ici comme dans les années 20 en Italie, où chaque corporation peut participer à la « révolution nationale »…

Le collectif ne le cache même pas, confondant document stratégique interne et propagande :

« Le bilan du travail parlementaire qui a été mené jusque-là et qui va continuer d’être mené est très bon, les élus du Rassemblement Bleu Marine commencent à être connus dans les milieux associatifs de défense animale comme étant à leur écoute et à leur service, mais ce Collectif a pour vocation de faire passer la prise en compte de ces enjeux à la vitesse supérieure.

Les travaux du collectif alimenteront les prises de positions des élus du Front National dans toutes les institutions où nous sommes présents. Nous avons pour objectif de présenter un programme détaillé et clair de la stratégie à mettre en œuvre pour le bien-être animal en cas de victoire de Marine Le Pen en 2017.

Ce travail, par ailleurs, irriguera la partie agriculture du programme de 2017, puisque de nombreux sujets s’y rattachent. Nous serons également une vigie, des lanceurs d’alerte sur toutes les situations inacceptables qui encore ont cours aujourd’hui en France, en 2016. »

Cela en tentera forcément certains et Brigitte Bardot a déjà salué la fondation de ce collectif. Sur le plan culturel, le désarroi dans les refuges est très grand et la tentation ne peut que se poser, au moins en théorie. C’est vrai aussi pour les amis et amies des animaux en général, surtout s’il y a un grand désenchantement suivant les fausses promesses de L214, à côté d’une sorte de culte du morbide qu’on retrouve dans les rassemblements « témoignages »…

De plus en plus, ce qui apparaît, c’est un choix nécessaire : ou bien le terroir avec quelques prétendues réformes de « bien-être animal » (ne servant au final qu’aux grosses entreprises pour couler les petites ne pouvant pas suivre), ou bien l’universalisme avec le rejet complet, sans compromis, de l’exploitation animale!

Public Enemy – Don’t Give Up the Fight

Public Enemy avait sorti un album en 2012, où l’on trouve cette chanson, en duo avec Ziggy Marley, en défense de mère Nature. Si les paroles sont parfois cryptiques, l’esprit est très clair et on n’a rien à voir ici avec l’apologie du meurtre, des gangs, des drogues.

I occupy
The planet earth
I testify
Its a piece of woirk
I’m gratified
J’occupe
La planète Terre
Je témoigne
C’est tout un travail
J’en suis heureux

Down to the dirt
Been around the world a few times
So I seen the hurt
Quakes hurricanes and tornados
Warning times to mans designs
Under that concrete
Yall call the street
The heart of land
You can hear the beat
Tout en bas
J’ai fait le tour du monde plusieurs fois
Donc, j’ai vu les blessures
Les tremblements de terre les ouragans et les tornades
Des avertissement aux plans des hommes
Sous ce béton
Que vous appelez la rue
Le cœur de la terre
Vous pouvez entendre le battement

Pain of all the lies
Pain in all them lives
Pain of losin homes
Pain of the unknown
Pain of what you spent
Pain of government
No matter what you say
You don’t pay
Here they come to take it away
La douleur de tous les mensonges
La douleur dans toutes les vies
La douleur de perdre les foyers
La douleur de l’inconnu
La douleur de ce que vous avez passé
La douleur du gouvernement
Peu importe ce que tu dis
Vous ne payez pas
Ici, ils viennent pour l’emporter

Don’t give up the fight
Don’t give up the fight
N’abandone pas la lutte
N’abandone pas la lutte

Foreign lands and the 7 seas
Radiation is the worlds disease
Bringing nations down to the knees
Mother nature she ain’t pleased
Trees diseased
Deep freeze
Doin us like that govt cheese
Smell that burning in the breeze
Summertime 120 degrees
Les terres étrangères et les 7 mers
Le rayonnement radioactif est la maladie des mondes
Amenant les nations à genoux
Mère nature, elle n’est pas contente
Les arbres malades
Le grand gel
Nous faisant comme le government cheese [fromage industriel issu des surplus industriels
financés par l’Etat et donné aux pauvres]
Sens cette combustion dans la brise
L’été 48 degrés [celsius]

So shut em down
In appreciation
Of the world itself
And gods creation
What good is the hood if you up to no good
Them govt gangsters would hang you on wood
Stop the tape
My minds stuck in 68
Haight asbury
Now our ass buried in hate
I paraphrase
Beyond the gaze
A haze hovers over a crowd that disobeys
Staying rich off them so called better days
Do I do a song for the masses
Besides whats moving them asses
I make stew out of the ashes
Donc fais les fermer
En appréciation
Du monde lui-même
Et de la création de Dieu
A quoi bon est la zone si tu n’es bon à rien
Les gangsters du gouvernement te pendraient
Arrête la cassette
Mon esprit est bloqué en 1968
Haight asbury [quartier de San Francisco lié aux hippies à l’époque]
Maintenant, notre cul enterré dans la haine
Je paraphrase
Au-delà du regard
Une brume plane au-dessus d’une foule qui désobéit
Rester riche hors des dits jours meilleurs
Est-ce que je fais une chanson pour les masses
En plus de ce qui fait bouger les culs
Je fais le ragoût des cendres

Le véganisme n’est pas un végétarisme « élargi »

Ainsi donc, l’objectif de toute une partie du mouvement en faveur des animaux est de faire passer le véganisme pour un appendice du végétarisme, une sorte de forme plus approfondie, plus complète peut-être, mais une forme seulement.

Le véganisme serait, au mieux !, un lointain objectif, réalisable individuellement par étapes ou pas du tout.

C’est ce que disent Aymeric Caron, L214, Alternatives végétariennes, Jeanne Mas dans son nouvel ouvrage et par exemple il y a quelques jours dans C à vous (où elle assume de ne pas prôner le véganisme, ce lointain objectif).

C’est que le végétarisme « passe mieux », il permet de rester dans le monde bourgeois, dans le monde conventionnel, alors que le véganisme possède une charge subversive très désagréable, de par sa radicalité, son anti « conformisme » dans la vie quotidienne…

Quand on est vegan, on ne peut tout simplement pas partager un repas avec des gens qui mangent de manière non végétalienne. C’est une rectitude morale bien trop grande pour des gens désireux de s’intégrer parfaitement dans notre société capitaliste, qui évite le conflit à tout prix…

Il y a donc un grand lessivage. Voici ce que publiait par exemple la semaine dernière le journal Le Midi Libre. C’est un excellent exemple de présentation du véganisme comme végétarisme « élargi » ou « agrandi ». Une différence quantitative somme toute.

En réalité, la différence entre le végétarisme et le véganisme est qualitative. Le véganisme ne doit pas être le but, mais le fondement d’une démarche entièrement nouvelle, donnant naissance à un parcours nouveau, un rapport à la Nature constructif, harmonieux.

Le végétarisme n’est en rien cela ; il est un aménagement individuel par rapport aux valeurs du monde qu’on trouve désagréables ou mauvaises. Le végétarisme ne rompt pas avec le système, il en est juste une petite partie de « dégât collatéral » sociologique.

Car quel est le coeur du problème, la substance de la question ? C’est le rapport à la Nature. Or, les végétariens, tout comme les « antispécistes », réduisent tout à leur individu refusant, « dans la mesure du possible », les abattoirs et les horreurs commises par les humains.

Or, c’est là de l’anthropocentrisme, voire même carrément de l’individualisme, de l’existentialisme. La question est le rapport à la Nature dans son ensemble. Les faits sont là, pourtant : les végétariens (et les antispécistes) ne s’intéressent pas à l’écologie (comme le montre la COP21 il y a peu), ils n’aiment pas les animaux, qu’ils veulent juste « laisser tranquille ».

L’idéal du végétarien est du même type que celui du zadiste : vivre dans son coin, ne pas être ennuyé par quelqu’un et n’ennuyer personne, que tout soit pacifié, tranquille, sans contradictions. C’est totalement petit-bourgeois.

La Nature subit chaque jour des assauts terribles, mais on devrait chercher simplement à vivre à l’écart, chercher à mener une vie tranquille, en refusant le « mal », en protestant contre la corrida, en dénonçant un monde « mauvais »…

Comment ces gens seront-ils vus depuis l’horizon 2100 ? Comme des lâches, comme des gens s’égarant dans leur individualité par refus de voir le monde dans son ensemble, par des individus désireux de s’arracher une bonne conscience et de neutraliser les conflits pour vivre dans un conformisme petit-bourgeois, avec comme rêve un petit café-épicerie végétalien qui serait à Manhattan et s’appellerait Bisounours…

Les éleveurs, ces préjugés du passé

Le Figaro a donné la parole à un éleveur partant à la retraite. Ce qu’il dit mérite une très grande attention : les animaux, « on s’y attache »…

« C’est comme ça » : justement non, le véganisme est possible. Mais on voit très bien ainsi la contradiction terrible, qui travaille les êtres humains travaillant dans ce genre de métiers.

S’il n’y avait pas la pression sociale, faisant que « c’est comme ça », ces métiers n’existeraient pas : personne n’a envie de tuer.

On a un exemple de cette pression sociale – qui n’a rien de démocratique – avec Le Figaro étudiant qui donne la parole à un éleveur.

Le titre est intéressant :

Jonathan, 27 ans, producteur de volailles, se verse «un salaire de 900 euros par mois»

C’est tout à fait trompeur, car ce propriétaire d’une exploitation de 34 000 poulets sur place gagne bien plus, au point qu’il rembourse un prêt de 45 000 euros par an!

Et pour lancer son business, il a eu comme cadeaux 30 000 euros de l’Association des jeunes agriculteurs, 40 000 euros de la part de la région pour son utilisation de matériaux à basse consommation d’énergie, 30 000 euros de la part de la coopérative pour qui il travaille…

Ce « pauvre » éleveur qui est présenté comme gagnant 900 euros gagne donc pratiquement 5000 euros, a reçu des aides faramineuses, et rembourse ce qui va être pour lui une propriété…

C’est un bel exemple de pression sociale favorisant les éleveurs, les soutenant financièrement, les soutenant moralement et idéologiquement, avec leur esprit d’entreprise, leur culte du terroir, du « travail bien fait » et autres poncifs des années 1950-1960.

On voit très bien qu’une rupture complète est nécessaire avec cette approche, qu’il faut la rejeter dans le passé, qu’il est nécessaire de renverser cette vieillerie… Les éleveurs sont des préjugés du passé.

Interview du vaishnave Yati Swami

William Deligny, qui a pris le nom de Yati Swami, a ouvert en Normandie, à Saint-Etienne-du-Rouvray, juste à côté de Rouen. un monastère vaishnava, c’est-à-dire dédié à Krishna, après avoir fondé la Congrégation de l’Ordre Monastique Vaisnava.

Un renversement par rapport aux années 1980, où il était connu sous le nom de P’tit Willy et était adepte de l’ultra-violence dans le cadre du mouvement skinhead défrayant la chronique alors. Voici une interview.

1. Peux-tu nous présenter ta manière de vivre et ta conception du monde, et nous expliquer comment tu vois notre société actuelle ?

D’abord j’offre mon humble hommage à ceux qui vont lire cet article. Je ne suis pas ce genre de personne qui pense que la vérité n’a qu’une seule facette ou dans un seul camp.

Simplement étant engagé dans une voie avec une philosophie de vie, je vais exposer une opinion, tout en respectant celle des autres. Je ne veux donc froisser personne.

Si l’on doit prendre la parole c’est afin de répandre l’harmonie, pas le conflit. Notre but, je pense, doit être avant toute chose le développement de l’amour et la bonne compréhension de ce que nous sommes réellement. Ma vie va dans ce sens : comprendre ma vérité et quel est le but de la vie.

Dans la véritable philosophie vaisnava, on apprend la nature de l’âme. Ce qui nous permet de comprendre et de voir que les êtres ont tous la même nature.

Or, cette nature intrinsèque au contact de la matière assume différentes natures parfois opposées, comme le fait d’être recouvert et identifié à la haine, à l’envie, à l’avidité, à la folie…

Comprendre la nature de l’âme veut donc dire aller vers une vie sans jugement, aller vers la réalité des êtres et non vers ce qui les recouvre, les aider à progresser et aussi progresser avec eux.

De cette manière, on peut apprendre à tolérer même les pires affronts, pardonner, développer la compassion, et progresser toujours plus vers l’amour. Une vie où l’on ne considère plus la dualité mais la réalité, apprendre dans toutes les circonstances.

Telle est la véritable conscience de l’âme. Enfin saisir la nature de l’âme signifie comprendre celle de l’Ame Suprême et le lien qui nous unit à Elle et à tous les êtres.

Notre société actuelle vit loin de la réalité de l’âme. Elle est basée sur un mode de vie matérialiste où le plaisir des sens prime.

Or, ce genre de vie détruit tout, car les sens sont insatiables. Ils demandent toujours plus. Ils nous amènent à détruire la planète et à commettre tant de violence envers beaucoup d’êtres pour la seule satisfaction des sens. C’est pourquoi les gens seront obligés graduellement de changer de vie, car il y aura une limite qu’ils ne pourront naturellement dépasser.

2. Quelle vision as-tu de la Nature, des animaux, des êtres vivants en général ? Quelles sont tes considérations quant au véganisme ?

L’âme est en toute chose et accepte selon ses vies passées et sa conscience un type de corps particulier. Elle est dans les végétaux, dans les poissons, dans les animaux, dans les humains…

Or, pour se nourrir l’être est obligé de recourir à la violence car l’âme habite dans ces corps, et lorsque l’on tue un animal ou un végétal, on coupe le cycle de sa vie et l’on commet une action qui engendre une réaction future.

Ce qui implique que le véganisme n’est pas libre de violence. Il existe des êtres humains qui ont la conscience de la souffrance des hommes mais pas des animaux, d’autres ont la conscience des humains et des animaux, ou encore en plus des poissons, des insectes, des plantes…

Un Végan est un humain qui a conscience de la souffrance des humains, des animaux, des oiseaux, des crustacés et des poissons, et cela est une chose admirable, car l’homme ayant originellement une conscience supérieure aux autres êtres vivants sur la Terre est considéré comme leur grand frère et doit être leur protecteur.

Un frère est celui qui veut le bien de son autre frère. Or, qui est le frère ? : l’âme est le frère, et en prenant graduellement conscience de l’âme, on acceptera la protection de tous les êtres. Mais pas simplement cela, on pensera à les faire évoluer et à les libérer.

Maintenant je vais traiter d’un autre point qui est lié à la spiritualité des textes védiques comme la Bhagavad-gita, pour vous faire comprendre pourquoi je ne suis pas Vegan, mais aussi pourquoi je n’y suis pas opposé.

La vache est un animal sacré, car elle a été donnée à l’homme pour plusieurs raisons. Premièrement, elle est très chère à Dieu. Il est dit que s’occuper d’une vache avec amour permet à l’être d’atteindre la libération, et inversement que la tuer est très grave. Elle est considérait comme une de nos mères.

Deuxièmement, le lait est considéré dans ces textes comme l’aliment le plus situé dans la vertu. Il est dit qu’il contient en lui-même sous la forme liquide la compassion, l’austérité, la véracité et la pureté. C’est pour cela que les sages en Inde ont toujours bu du lait, et souvent que du lait, car il est considéré comme un aliment complet.

Troisièmement, il est dit qu’il a le pouvoir d’affiner l’intelligence pour permettre à l’être humain de comprendre les sujets spirituels.

Nous avons vu auparavant que l’âme était en tous les êtres vivants, et que pour se nourrir, l’homme ne pouvait pas faire autrement que d’enlever la vie à d’autres formes d’existence. Les textes védiques traitent également de ce sujet.

Celui qui tue une vache ou tout autre animal devra être tué de la même manière dans son existence future. La chaîne des abattoirs n’est qu’une réaction en chaîne de cette violence qui se perpétue. Dans une existence, je suis un égorgeur d’animaux, dans une prochaine vie, je serai égorgé de la même manière.

Or, les textes védiques disent que toute nourriture produit un acte de violence. Selon la conscience dont l’aliment était pourvu avant d’être dépossédé de la vie, une douleur sera ressentie en proportion, et cela apportera une réaction karmique à l’être dans sa vie future. Alors, n’y a-t-il pas de solution pour sortir de ce cycle ?

Ces textes disent qu’en offrant à Dieu ou Krsna sa nourriture, l’Absolu a le pouvoir d’enlever ces réactions karmiques, d’élever l’âme qui a été engagée dans cette offrande à une vie humaine avec une conscience spirituelle, et de rendre cette nourriture pourvue d’une substance qui relie l’âme à Dieu.

C’est pourquoi en offrant le lait on peut délivrer la vache, en offrant un fruit, l’arbre… Dieu aime tous les êtres, mais en même temps, il faut nous nourrir, c’est pourquoi Il accepte un régiment lacto-végétarien.

Or, c’est vrai que je pourrais aussi être Vegan et offrir une alimentation Vegan, mais mon choix est de libérer également les animaux. C’est pourquoi il y a des Vaisnavas Vegan et d’autres lacto-végétariens (légumes, céréales, fruits et lait).

3. Il existe un roman de l’anglais Christopher Isherwood, « Rencontre au bord du fleuve », qui relate la conversion d’un « occidental » à l’hindouisme et qui s’installe en Inde. De fait, quand on pense à l’hindouisme, on relie souvent cela à l’Inde. Pourquoi ne pas s’être installé là-bas ?

L’hindouisme est un sens large des croyances qu’il y a en Inde. Ce titre a été donné par les Anglais qui ont fait un amalgame de toutes les croyances sous le nom d’Hindouisme.

Or, il y a parfois des choses contraires dans certaines voies à la vérité de l’âme, comme le phénomène de castes qui sont des déviations propres à cet âge.

Je vais souvent en Inde car il y a là-bas des endroits très portés vers la spiritualité. J’y ai également vécu par intermittence. L’institution religieuse mondiale à laquelle j’appartiens est aussi située là-bas. Je pourrais donc facilement m’y installer, mais mon devoir aussi est d’aider les gens qui souffrent, c’est pourquoi je reste en France.

4. Au début de ta connaissance du vaishnavisme, tu as fait une expérience relativement négative avec ceux qui sont surnommés de manière populaire les « hare krishna », qui avaient alors un petit centre à côté de l’université de Jussieu. Peux-tu en parler et expliquer pourquoi tu n’as pas rejoint leur mouvement, l’ISKCON ?

Chaque institution religieuse a un charisme, une manière de comprendre et d’approcher son texte sacré, de vivre sa foi.

Je ne suis pas une personne qui peut accepter que la Vérité ne soit que dans un seul camp. La compréhension qui a mûri en moi est que Dieu aime ses enfants et qu’Il s’occupe de tous les êtres suivant leur conscience acquise.

Il y a donc une pluralité de religions, car les êtres vivants sont dotés de différentes consciences. Lorsque j’ai connu cette institution, je n’ai pas découvert cette ouverture d’esprit avec les autres institutions vaisnavas et les autres religions, et c’est l’une des raisons qui m’a fait prendre une autre route…


5. Lorsque tu as fondé l’Ordre Monastique Vaisnava, tu as tout fait pour qu’il soit reconnu de manière légale comme mouvement religieux pour l’État français. Pourquoi ce choix ?

Lorsque j’étais un skinhead, j’ai connu la haine et la violence, et ceci m’a amené à aller vers l’amour. Or, lorsque je suis allé vers Dieu, j’ai vu cette même violence et cette même haine au nom de Dieu, sous la forme du sectarisme, et cela m’a fait beaucoup souffrir.

Par cette expérience, j’ai compris que sans accepter la liberté, sans être respectueux envers toutes les pensées, on ne peut pas être proche de Dieu.

Dieu ou Krsna veut dire le bon respect de toute chose, des êtres et des lois. Or, je désirais me démarquer des mouvances sectaires et créer un temple libre de sectarisme, un endroit où l’on peut respecter les êtres, leurs idées, leur foi et leurs croyances, respecter ce qu’ils sont simplement, les aimer comme Dieu les aime, et ne pas aller vers la haine au nom de Dieu.

C’est pourquoi j’ai fait un travail avec le Gouvernement français et son acceptation de notre institution en France est pour moi un label de non-sectarisme. En effet, notre reconnaissance en tant que Congrégation est rarement attribuée. Il n’y a seulement quelques institutions bouddhistes, catholiques et protestantes qui l’ont obtenue.


6. Tu as fait partie d’un groupe de musique, Evil Skins, qui expliquait « frapper pour vivre et vivre pour frapper » ; au moment de la mort de Clément Méric, tu as expliqué, en te fondant sur ton expérience, la chose suivante : « Quand j’étais skinhead, tabasser quelqu’un jusqu’à qu’il soit à terre et ne respire plus, c’était pour moi une vraie jouissance. » Comment as-tu changé te manière de voir les choses ?

C’est vrai que j’ai été loin dans la haine, c’est pourquoi à un moment je n’ai pas pu continuer. L’être est fait pour aimer.

Or, lorsque j’étais un skinhead, j’essayais constamment de rejeter en moi l’amour et de cultiver cette haine jusqu’à mettre sur moi des emblèmes fascistes.

J’ai été très violent, mais à certains moments, c’est comme si je ne pouvais plus assurer ce rôle qui n’était pas ma vérité, et j’ai désiré changer. Mais cela ne s’est pas fait facilement.

Or, lorsque j’ai découvert la spiritualité, j’ai réalisé qu’il était très dur de purifier son cœur, de ne pas répondre par la violence et la haine, lorsque celle-ci venait me chercher.

C’est alors que j’ai réalisé à quel point j’étais faible quand je lynchais des personnes dans la rue, et lorsque mes vêtements étaient tachés de sang…

Je ne pouvais pas voir à ce moment mon problème. Je pensais qu’il était à l’extérieur, que les autres étaient le problème, mais en réalité, il était en moi. J’ai réalisé que même si on enlevait tous ces soi-disant problèmes, un autre reviendrait, puis encore un autre…

Je ne savais pas remédier à ma frustration, et je la remettais sur les autres. Mais la violence ne faisait qu’empirer les choses. J’avais besoin d’amour. J’étais comme un homme dans un désert qui courait après un mirage.

Avec ma dégaine extrême, l’environnement devenait de plus en plus hostile. Cette vie devenait comme un désert d’amour, où il n’y avait que la haine. Je ne voyais plus que des ennemis partout.

Tout était inversé. J’étais devenu un animal féroce, sans compassion, sans respect. Juste une boule de haine, intéressée au pouvoir. Je recherchais à être quelqu’un en faisant peur aux autres. Quel avenir offre une telle existence ?

Mais c’est vrai que j’ai été loin dans ce délire. Alors à un moment, j’ai senti que je ne pouvais plus me battre contre moi-même, qu’il y avait l’amour, et celui-ci a grandi jusqu’à me faire quitter cette vie.

Bien que j’aie essayé de me faire oublier, j’étais hanté par cette violence et par tous ces coups que j’avais portés à ces gens. J’ai alors senti qu’il fallait que je répare. C’est pourquoi j’ai donné ma vie à l’amour.

Je crois en l’amour, et je le vis. C’est comme la haine qui peut être vécue. L’amour dévotionnel est une vie opposée à la haine, une vie intérieure. L’amour se cultive aussi, en enlevant la haine du cœur, petit à petit.

7. Une personne historique du mouvement skinhead a dénoncé ce qui serait ton invention d’une « rédemption » par rapport à ton passé, qui serait uniquement l’expression du mysticisme et de la consommation de drogues. Peux-tu nous parler de ta vision du bien et du mal, si ces notions ont un sens ?

Dans ce monde, chacun cherche à se défendre et à préserver sa position. J’ai bien connu cette personne. On était même très proches au début des années 80, un peu comme des très bons amis.

Aussi, est-il très difficile pour quelqu’un que vous avez connu dans cet environnement skinhead d’accepter qu’une personne puisse changer à ce point. « Ceci ne doit pas être normal. C’est un fou !»

Il disait déjà cela de moi à une époque. Il faut soi-même changer pour comprendre cela. Sinon, ce n’est pas possible. C’est pourquoi il faut le comprendre et ne pas lui en vouloir. C’est une réaction normale.

Et puis, il y a pas mal d’anciens skinheads qui me contactent parce qu’ils ont parfois besoin d’aide pour changer. Ils sont fatigués de la violence et de la haine. J’étais l’un d’eux à une époque, ils ont confiance en moi. Je représente donc un certain danger pour certains, une opposition.

De plus, il y a les émissions de télé et un film dont le réalisateur s’est inspiré entre autre de ma vie… [Il s’agit du film « Un français« ] Alors quand on fait de la politique il faut contrer tout cela, c’est tout à fait normal, et il faut aussi grossir la chose pour que les gens se détournent de vous.

Mais nous nous sommes bien connus et lui-même faisait bien la fête… Il est même tombé pour avoir dealé de la drogue… Cela fait 24 ans que je n’ai pas touché à une drogue, à une cigarette, à l’alcool, et même au café et au thé, que je suis végétarien, et que je donne ma vie aux autres.

Je suis une personne qui a bien les pieds sur terre et enseigne un mode de vie en harmonie avec les autres. Toutes les personnes qui m’approchent le savent, même les membres de gang que je rencontre, lorsque je vais en moto pour apporter les valeurs de la non-violence.

Ils ont du respect pour ce que je fais. Je tiens également à rajouter que je suis en contact avec ma fille et ma famille. Je ne suis pas une personne qui se coupe du monde, mais qui essaie d’apporter quelque chose à notre société.

Dans le vaisnavisme, il est expliqué que le bien et le mal apparaissent à cause du changement de notre réelle nature. Lorsque l’on est avide d’acquérir quelque chose, nous appelons mal ce qui y fait obstacle, et nous appelons bien ce qui nous permet d’arriver à notre objectif.

C’est pourquoi on peut en conclure que cette vision est basée en relation avec notre conscience acquise. Par exemple, dans une même pièce, il pourra y avoir différentes personnes qui auront différentes opinions sur un même objet : ceci est mal, ceci est bien ou encore moyen, ou très mal…

Mais celui qui est au-delà de ces conceptions liées à l’égoïsme en rapport avec le corps, peut voir une autre réalité qui ne change pas : c’est l’âme. Celui qui voit l’âme prédominer en lui grâce à une pratique spirituelle peut alors comprendre cela. Sinon ce n’est pas possible.

C’est pourquoi cette personne qui me critique n’est pas un ennemi. Elle s’identifie simplement comme mon ennemi. Mais moi je dois l’aimer, car sa vérité est au-delà de ces apparences. L’âme n’est pas fasciste ou communiste, chrétienne ou hindouiste… Si je la critique, cette dualité viendra en moi. Je ne ferai qu’accroître le problème, et je deviendrai partial et quitterai la voie de l’amour.

C’est pourquoi l’amour est libérateur et réparateur. Dans la voie de la dévotion, il n’y a pas d’ennemis et d’amis, il y a la vérité, car considérer une personne comme son ami veut dire ne pas aimer les ennemis de cet ami… L’âme n’a ni qualités, ni défauts matériels. A l’état conditionné, elle demeure simplement recouverte par une fausse conscience acquise qui lui fait croire qu’elle est une personne avide, concupiscente, folle, pleine de haine…

C’est pourquoi je n’ai pas de haine envers quiconque aujourd’hui, même lorsque je reçois des attaques. J’apprends également aux personnes qui m’entourent à aller vers ce chemin de la paix et de l’amour.

C’est pourquoi je fais de la musique rock, j’ai créé un moto club qui s’appelle « Ahimsa Non-Violence », j’ai organisé une distribution de nourriture végétarienne et vegan pour les personnes démunies.

J’ai écrit aussi de nombreux livres comme ma biographie « Un skinhead repenti devenu swami » [le lien : « Un skinhead repenti »] et d’autres sur la philosophie vaisnava. J’organise également chaque mois un spectacle en faveur de la non-violence. Je fais des conférences. J’ai aussi fondé un monastère pour que les gens apprennent à vivre en tant que l’âme. Je reçois beaucoup de personnes en entretien qui ont besoin d’aide. Ma vie aujourd’hui est un don pour les autres.

8. Pour finir, que dirais-tu aux personnes qui, comme nous par exemple, te reprocherait de ne pas assumer l’universalisme jusqu’à la défense de chaque vie ?

Comme j’ai expliqué auparavant, il y a des êtres avec différentes consciences.

Certains sont concernés par certains humains, d’autres par tous les humains, d’autres par certains humains et certains animaux (j’ai connu plusieurs personnes auparavant qui avaient des membres de leur famille néo nazis qui étaient engagés à fond dans la cause animale. Mais le plus étonnant, c’est qu’ils ne considéraient pas le peuple juif comme des humains par exemple. Ils avaient donc de la compassion pour tous les animaux, mais pas pour le peuple juif.), d’autres tous les humains et tous les animaux, puis on peut y ajouter, les oiseaux, les poissons, les crustacés, les insectes, les arbres, les légumes.

Et puis il y a ceux qui perçoivent la vie encore au-delà, ceux qui sont concernés par l’âme, car elle est même dans l’air, dans le feu, l’eau… De la même manière que j’ai expliqué qu’il peut y avoir différentes conceptions du bien et du mal, certains pensent que ceci ou cela est la défense complète de la vie parce qu’ils voient avec leur conscience une certaine part de cette vérité. Mais ils n’ont pas conscience que l’âme est en toute chose. Alors que la vie est bien au-delà encore…

Notre vie doit aller vers la libération de l’âme qui habite toutes les espèces de vie pour être véritablement dans une démarche d’amour universel.

Cela n’est pas possible avec une philosophie matérielle, car la connaissance mondaine ne permet pas d’aller vers l’âme, ni de dépasser la conception duelle de bien et de mal, d’ami et d’ennemi, de gain et de perte, de voir un humain ou un animal, un arbre…

La religion en relation avec le corps ne le permet pas non plus. A ce stade de conscience, l’être généralement identifie l’âme à une religion, à un dogme. Il peut alors développer de la haine envers un autre croyant au nom de Dieu, ou encore simplement développer de la compassion pour les humains et non pour les animaux par exemple.

Sans comprendre la nature réelle de l’âme et comprendre ce dont elle a besoin pour sortir de la conception matérielle de l’existence, on ne peut véritablement aider l’être vivant au plus profond de lui-même. Ceci n’est pas possible. C’est comme une médecine qui ne traiterait que les effets mais pas la cause de la maladie. Les effets de la maladie matérielle sont la haine, mais la cause de cette haine est l’ignorance qui recouvre l’âme.

Un être agit de façon imparfaite parce qu’il ignore sa nature réelle et son besoin véritable. S’il en est conscient, il peut voir et agir suivant le lien universel qui l’unit à toute chose. Traiter l’effet ne suffit donc pas.

Même si tous les gens arrêtaient de manger de la viande, cela ne résoudrait pas le problème. Ceci ne traiterait qu’un effet de la cause. Or, lorsque l’on soigne simplement l’effet, la cause nous remettra sur un autre chemin mauvais, sans fin. Le problème est bien plus profond, car il concerne l’ignorance de l’âme.

Je rencontre souvent des Vegans, et parfois j’ai été surpris par le degré de violence que certains ont développé envers les hommes qui mangent de la viande. J’ai vu cela souvent, et vous savez de quoi je veux parler.

La voie de l’amour veut que l’on respecte tous les êtres sans exception. L’âme ne meurt pas, ni ne donne la mort. Elle est au-delà. Seul l’amour changera les choses avec le temps. C’est pourquoi j’enseigne la voie de l’amour dévotionnel et naturellement, lorsque les gens comprennent la nature de l’âme, ils acceptent de vivre avec une autre conscience, et se rapprochent de l’Ame Suprême et de tous les êtres.

Le monde a besoin d’harmonie, pas de guerre. Il est une bonne chose d’aller vers une vie qui génère moins de violence comme le véganisme, mais on doit prendre conscience de l’âme et de ses besoins, si on désire aller encore plus loin. De cette manière, il régnera une harmonie parfaite dans notre vie.

Je ne veux offenser personne avec mes paroles. Si c’est le cas, veuillez me pardonner. Vous m’avez posé des questions, je vous ai répondu en accord avec les principes vaisnavas. Merci beaucoup. Acceptez tout mon amour.

Midnight Oil – Beds Are Burning

La chanson « Beds are burning » avait eu un grand succès dans les années 1980. Le chanteur du groupe est par la suite devenu ministre de l’environnement en Australie, un pays où la question environnementale est brûlante et très polémique.

Elle est également liée à la question des Aborigènes, comme ici : la chanson défend la nature sauvage et la vie des aborigènes dans une immense région alors encore à l’écart du développement tel que nous le connaissons.

Voici les paroles de la chanson ; la vidéo reflète ce besoin de chercher un autre mode de vie, alternatif, marquant alors profondément son époque.

Out where the river broke
The bloodwood and the desert oak
Holden wrecks and boiling diesels
Steam in forty five degrees
Dehors où le fleuve s’est brisé
Le bloodwoord [l’arbre Corymbia, de couleur rouge] et le chêne de désert
Les épaves de voitures Holden  et les diesels bouillants
Bouillent à quarante-cinq degrés

The time has come
To say fair’s fair
To pay the rent
To pay our share
Le temps est venu
d’être réglo
De payer le loyer
De payer notre part

The time has come
A fact’s a fact
It belongs to them
Let’s give it back
Le temps est venu
Un fait est un fait
Cela leur appartient
Rendons le leur

How can we dance when our earth is turning
How do we sleep while our beds are burning
Four wheels scare the cockatoos
From Kintore East to Yuendemu
The western desert lives and breathes
In forty five degrees
Comment pouvons-nous danser lorsque notre terre tourne
Comment pouvons-nous dormir alors que nos lits brûlent
Les quatre roues terrifient les  perroquets cacatoès
De Kintore Est jusqu’à Yuendemu
Le désert de l’ouest [le Bloc culturel du désert occidental, faisant environ 600 000 kilomètres carrés] vit et respire
A quarante-cinq degrés

Malgré les pertes d’Areva, le parc nucléaire se voit prolongé

La question du nucléaire s’est posée deux fois ces derniers jours. Tout d’abord, Areva a dû être mis à l’écart de la bourse une journée pour son retard à exposer ses pertes colossales ; ensuite, il a été annoncé que les centrales nucléaires verraient se prolonger leur existence (bien que cette annonce soit virtuelle, sans précisions techniques réelles ni analyse officielle).

Voici les deux communiqués de Sortir du nucléaire.

Les contribuables n’ont pas à payer pour sauver une industrie nucléaire en faillite !

Alors que le « fleuron » de l’industrie française accuse une perte de 2 milliards d’euros, les Français ne devraient pas avoir à payer le sauvetage d’une filière sans avenir.

Le krach d’Areva : une affaire d’État

Longtemps présenté comme un des fleurons de l’industrie française, Areva accuse aujourd’hui une perte de 2 milliards d’euros et paie la folie de l’EPR d’Olkiluoto et ses investissements désastreux dans Uramin. L’État, actionnaire majoritaire d’Areva, a une responsabilité importante dans cette situation désastreuse pour avoir laissé Areva commettre des erreurs stratégiques monumentales et, plus encore, fermé les yeux sur le scandale Uramin, les soupçons de corruption de dirigeants et les possibles délits d’initiés.

Des impacts inévitables sur la sûreté et les travailleurs

Alors qu’Areva ne compte pas restreindre ses activités et prévoit un plan social qui toucherait 6000 postes, le plan d’économie prévu aura inévitablement des répercussions sur la sûreté, avec un recours accru à la sous-traitance pour diminuer les coûts, une maintenance rognée et une pression supplémentaire sur les travailleurs.
Un scandale payé par les contribuables

Alors qu’une recapitalisation d’un montant de 5 milliards d’euros est prévue, ce seront finalement les contribuables – à qui le nucléaire a été imposé – qui supporteront le poids du « sauvetage » d’Areva. En période d’austérité économique, alors que de nombreux budgets subissent des coupes drastiques, il est immoral que l’argent public continue de couler à flot pour renflouer une entreprise soupçonnée de malversations.

Lourdement endettée, Areva ne pourra de surcroît pas faire face à ses charges de démantèlement et de gestion des déchets. En vertu d’une récente ordonnance, qui prévoit la solidarité des actionnaires majoritaires en cas de défaillance de l’exploitant, l’État, et donc les contribuables devront à nouveau mettre la main à la poche.
Pas d’acharnement thérapeutique pour une filière en faillite !

C’est la filière nucléaire française dans son ensemble qui est en faillite. Alors qu’EDF est déjà endettée à hauteur de 37,5 milliards d’euros et plombée par les coûts à venir du « grand carénage » (100 milliards selon la Cour des comptes), exiger qu’elle rachète une partie des activités d’Areva n’a aucun sens.

Les restructurations prévues et recapitalisations annoncées ne sont que des manœuvres vaines pour laisser penser qu’un sauvetage de la filière est possible.

Le nucléaire est un tonneau des Danaïdes ! L’État doit arrêter d’engloutir des milliards dans cet impossible sauvetage d’une industrie dangereuse, polluante et dépassée.

Pour empêcher la catastrophe industrielle, la seule solution est d’arrêter les frais en engageant dès maintenant une sortie du nucléaire et une reconversion vers une authentique transition énergétique.

En particulier, c’est le moment ou jamais de mettre fin au retraitement des déchets à La Hague et à la fabrication de combustible MOX, opérations chères, polluantes et inutiles ; d’autant que les installations se dégradent plus rapidement que prévu.

Voici le second communiqué :

Prolongation de la durée de fonctionnement des centrales nucléaires : Ségolène Royal sacrifie la protection des citoyens aux intérêts d’EDF

Le Réseau « Sortir du nucléaire » exprime sa plus vive indignation face à la capitulation de Ségolène Royal, qui vient de céder à EDF et d’accepter de porter la durée de fonctionnement des centrales françaises à 50 ans.

Cette décision constitue un reniement total de la loi de transition énergétique, qui prévoyait une baisse à 50% de la part du nucléaire.

Il s’agit surtout d’un déni effrayant des problèmes de sûreté qui touchent le parc nucléaire français. Les deux tiers des réacteurs ont déjà dépassé la durée de fonctionnement de 30 ans initialement prévue. Or certains équipements cruciaux pour la sûreté et particulièrement vulnérables au vieillissement (cuve, enceinte de confinement) ne peuvent être remplacés.

Le « grand carénage » prévu pour allonger la durée de vie des centrales ne pourra jamais remédier à ces problèmes et se résoudra à un rafistolage coûteux et inutile, d’autant plus qu’EDF est déjà débordée par les travaux de maintenance qu’elle s’est elle-même fixée.

En prévoyant par décret la prolongation des centrales, Ségolène Royal indique son mépris total pour l’Autorité de sûreté nucléaire, dont le président déplorait récemment un contexte de sûreté nucléaire « particulièrement préoccupant » et qui ne cesse de répéter que la prolongation au-delà de 40 ans ne peut pas être tenue pour acquise. L’ASN a annoncé de longue date qu’elle ne donnerait pas d’avis générique sur la prolongation des centrales nucléaires françaises avant 2018.

Ignorant toutes les mises en garde, la ministre a choisi de sacrifier la protection des populations pour préserver les intérêts d’une filière nucléaire en déroute. Ce choix perdant-perdant est profondément immoral et confirme l’inconséquence écologique de ce gouvernement.

La Fondation Assistance aux Animaux et la cour des comptes

Dans la liste de la lettre au premier ministre dont nous parlions hier, il y a la Fondation Assistance aux Animaux. Tout comme pour la SPA (de Paris), la Cour des comptes a publié un rapport violemment à charge et Le Parisien vient de publier un article au sujet de cela, dont voici les points importants.

Ce qu’on lit ici est édifiant, mais reflète le problème de fond : sans morale stricte, sans idéologie clairement délimitée, sans principes formulés clairement et devant être respectés de manière intransigeante, sans démocratie réelle (ce qui veut dire refuser l’opacité), ce genre de situations est récurrente…

Sur le papier, on en miaulerait presque d’admiration. Créée en 1930, estampillée « d’utilité publique » depuis 1989, la Fondation Assistance aux animaux (FAA) recueille chats et chiens victimes de mauvais traitements, soigne gratuitement les animaux dont les propriétaires sont dans le besoin, les héberge dans des « maisons de retraite » — ces « havres de paix » qui permettent de surmonter le choc du départ de leur maître.

Chaque année, la FAA reçoit entre 10 et 16 M€ de dons et de legs. En échange, les 65 000 donateurs annoncés sur le site peuvent déduire 66 % de leurs dons de leur impôt sur le revenu.

Au vu de l’orage qui s’annonce, cette manne financière risque pourtant de se tarir. A la suite du signalement d’un ancien salarié, la Cour des comptesmais aussi le fisc ont lancé voilà près d’un an des investigations approfondies sur cette Fondation, qui ne met en ligne aucun rapport financier, et ont levé des lièvres.

Les soins gratuits, marque de fabrique de la FAA ?Quasi introuvables dans les dispensaires. Ce qui n’a pas manqué d’irriter l’ordre des vétérinaires, parti en guerre.

L’énorme patrimoine immobilier issu des legs ou acheté grâce aux dons ? Certains appartements sont occupés par des salariés, voire par des enfants d’administrateurs.

Quant au siège social, officiellement basé avenue de la République, à Paris, au-dessus d’un dispensaire fatigué, il est en réalité sis dans le parc du château de Versailles, à la suite d’un rocambolesque accord passé il y a plus de vingt ans ! « C’est sûr que, pour faire miséreux et recueillir des dons, Versailles, ça passe mal », ironise un salarié.

Estimant que la gestion de la FAA, plus proche du commercial que de l’humanitaire, « n’est pas désintéressée », le fisc, qui n’a pas encore livré son verdict final, militerait pour que cette Fondation soit assujettie à l’impôt sur les sociétés et à la TVA.

Dans ses observations provisoires, que nous avons pu consulter, la Cour des comptes de son côté égrène un chapelet de reproches, d’autant plus surprenants que pas moins de quatre ministères de tutelle — sollicités par nos soins, aucun n’a répondu — sont représentés dans son conseil d’administration (Intérieur, Agriculture, Finances, Ecologie et Environnement).

Une certitude : la Cour des comptes ayant conclu à l’absence de conformité entre l’appel à la générosité publique et les dépenses effectuées, la Fondation risque fort de perdre son agrément fiscal. « On hésite toujours à cause des emplois en jeu, mais ces questions seront forcément posées », conclut un enquêteur. La fondation s’attend-elle à perdre son agrément ? « Vous verrez bien », répond sèchement sa présidente, Arlette Alessandri.

Le Figaro ajoute des précisions, d’importance, également à charge.

Créée en 1930, cette fondation (anciennement Brigrade de défense des animaux) est censée soigner gratuitement les animaux, victimes de mauvais traitements ou dont les propriétaires ne peuvent s’occuper car eux-mêmes vivent dans la misère. Elle emploie environ 70 salariés et 435 bénévoles dans ses 18 refuges.

Reconnue d’utilité publique depuis 1989, elle perçoit des dons et des legs qui bénéficient d’un avantage fiscal: les donateurs, 65.000 selon la fondation, peuvent en effet déduire 66% de leurs dons de leur impôt sur le revenu. Entre 2012 et 2014, l’organisme a perçu entre 10 à 16 millions d’euros par an de dons ou de legs. À titre de comparaison, la SPA a engrangé 32 millions de dons.

Selon Le Parisien-Aujourd’hui en France la Cour des comptes a mené l’enquête pendant un an. Dans son rapport, elle affirme que la fondation ferait payer des soins censés être gratuits à des personnes en difficulté financière. Une SDF de Nice, citée par Le Parisien-Aujourd’hui en France, explique ainsi qu’elle a été refoulée par la fondation parce qu’elle ne pouvait pas payer.

«Quand je demandais à un SDF ses papiers prouvant qu’il était sans le sou, pour que tout soit gratuit, on m’en dissuadait», confirme un vétérinaire de la FAA. Mis au courant de cette tromperie, les vétérinaires libéraux ont attaqué leurs confrères de la fondation. En juin 2015, deux vétérinaires de Toulon ont été interdits d’exercice en appel pendant deux mois (dont un mois et demi avec sursis) pour ne pas avoir respecté la gratuité des soins. Sept affaires seraient en cours, reconnaît la présidente de la FAA, Arlette Alessandri.

La crise de l’élevage se double désormais d’une crise de l’abattage

Alors qu’en ce moment le gouvernement fournit aides sur aides aux éleveurs, 11 associations – se définissant elles-mêmes comme les « organisations nationales de protection animale » – ont envoyé une lettre au premier ministre au sujet des abattoirs.

Leur idée est simple : tant qu’à être dans les réformes, tant qu’à faire dans l’institutionnel, autant y aller jusqu’au bout pour se positionner au sein même de la « réforme » en cours de l’élevage. C’est là être naturellement bien plus une partie du problème que de la solution…

Les signataires sont : l’OABA, le CIWF France, la Fondation Assistance aux Animaux, Ligue Française pour la Protection du Cheval, la SPA, Confédération Nationale des SPA de France, Welfarm, L214, la Fondation Brigitte Bardot, La Fondation Droit Animal Éthique et Sciences (LFDA) et la Fondation 30 Millions d’Amis.

Monsieur le Premier ministre, La crise de l’élevage se double désormais d’une crise de l’abattage.

Ces derniers mois, la diffusion de vidéos révélant des conditions cruelles de manipulations et de mise à mort d’animaux au sein de plusieurs établissements français d’abattage a suscité la consternation de nos concitoyens et confirmé une situation accablante pour notre pays, dénoncée depuis plusieurs années.

L’Office Alimentaire et Vétérinaire (OAV) de la Commission européenne a rapporté à plusieurs reprises de graves
manquements à la réglementation sur la protection des animaux dans des abattoirs français et une réaction insuffisante des autorités nationales : carences dans les contrôles officiels et absence de sanctions dissuasives au regard des infractions constatées.

L’un des points les plus inquiétants concerne l’absence de contrôle et de mesures de correction sur des éléments essentiels comme l’efficacité de l’étourdissement ou la vérification des signes d’inconscience avant la saignée et la découpe des animaux.

Le ministre de l’Agriculture n’agit pas à la mesure de la gravité de la situation et ne répond pas aux demandes des organisations nationales de protection animale qui, depuis des années, exigent des mesures concrètes pour mettre un terme aux trop nombreuses infractions des opérateurs abatteurs.

La « Stratégie bien-être animal 2016 – 2020 », récemment élaborée « à droit constant » par le ministère de l’Agriculture, ne permet pas davantage de répondre aux attentes en matière de protection animale en abattoirs.

Pour toutes ces raisons, nous demandons au Gouvernement :

La création d’une commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’abattage des animaux. Elle est soutenue par de nombreux parlementaires, des organisations professionnelles et par des centaines de milliers de citoyens ;

Un contrôle régulier du poste d’abattage par des vétérinaires inspecteurs afin de vérifier les conditions de mise à mort
des animaux dans le respect des réglementations nationales et européennes.

Cette mesure nécessite un renforcement immédiat des effectifs et la mise en place de caméras pour une surveillance continue du poste d’abattage par les agents de contrôle ;

Un renforcement du niveau des sanctions administratives et pénales et de leur application afin qu’elles soient suffisamment dissuasives pour les établissements d’abattage en infraction.

Nous exigeons des mesures fortes contre les infractions généralisées en abattoirs, qui perdurent depuis trop longtemps en France.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre très haute considération.