L’importance de l’entourage pour lutter contre la dépendance

Le retour musical de Renaud a largement occupé les médias, qui ont beaucoup insisté sur sa bataille contre l’alcool. Lui-même a largement expliqué dans quel état terrible et dans quelle errance il était, le résumant de la manière suivante dans La Provence :

Ivrogne que j’étais, zombie, titubant, trébuchant, bafouillant, vomissant…

Auguste Charrier, président d’Alcool Assistance, a publié une tribune très importante dans le Nouvel Observateur, expliquant l’importance de l’entourage dans le combat d’une personne face à la dépendance… Une lutte qui dure toute une vie.

Renaud annonce qu’il ne boit plus : alcoolo-dépendant, je suis passé par là

J’ai toujours bien aimé les textes de Renaud mais je n’ai jamais été un fan pour autant. Pourtant, depuis que je sais qu’il souffre d’alcoolisme, j’ai un élan de solidarité naturel envers lui. Car moi aussi, je suis passé par là.

Nous, les alcoolo-dépendants, nous sommes tous liés humainement par un fil invisible. Et c’est tant mieux, parce que s’il y a bien une chose à ne pas faire lorsque l’on est alcoolique, c’est penser que l’on peut s’en sortir seul. Ça a été mon erreur, et je l’ai payé cher.

Je buvais pour supporter les railleries au collège

Je suis sobre depuis près de 40 ans. J’ai commencé à boire jeune, vers 13 ans. Et j’ai aussi eu la chance de m’arrêter jeune, à 26 ans.

Je viens du milieu ouvrier et mes parents m’ont offert une éducation « à l’ancienne ». Chez nous, quand on mettait la table, on posait les couverts en premier et le vin avec.

Au début, c’était pour goûter, puis je me suis rapidement rendu compte des effets bénéfiques de l’alcool. Je buvais seulement un demi-verre de vin rouge mais cela m’aidait à affronter les regards moqueurs de mes camarades de classe.

Au collège, les enfants sont cruels et comme j’avais quelques kilos en trop, ils ne me loupaient pas. Mais grâce à l’alcool, j’arrivais à passer au-dessus des remarques, à avoir de la répartie et à me faire des amis.

Finalement, l’alcool a été pour nous, les alcoolos-dépendants, un outil fabuleux. Boire ou prendre de la drogue, c’est finalement trouver une solution à un problème. Cette solution est malheureusement éphémère et dangereuse puisqu’un jour, on se rend compte que le piège s’est refermé sur nous et que la solution est devenue le plus gros problème.

C’est ce qui m’est arrivé au milieu de ma vingtaine. J’étais cadre, mari et papa, j’avais tout pour être heureux mais j’avais un problème avec l’alcool.

En seulement un an, j’ai perdu mon travail et la confiance des miens, j’étais presque à la rue. La chute était vertigineuse. C’est fou à quel point l’on peut tout perdre si rapidement dans un effet boule de neige.

Un jour, alors que je devais boire régulièrement pour ne pas trembler, j’ai croisé un oncle qui m’a proposé de l’aide. Je l’ai d’abord envoyé bouler. Je voyais dans sa proposition un signe de ma faiblesse. Je pensais qu’il me prenait pour un nul et je ne supportais pas ce regard sur moi.

Mon égo sous le bras, j’ai entrepris de me soigner tout seul. Après tout, j’avais bu tout seul donc je pouvais bien arrêter seul. Grosse erreur.

Je l’ai payé cher, cet égo. En me sevrant tout seul, j’ai fait un délirium tremens. J’ai donc eu des phases d’hallucination, où je voyais des meubles bouger et parler, suivi d’une phase de lucidité qui rendait les épisodes délirants extrêmement angoissants. Je n’avais pas du tout prévu cette conséquence neurologique sévère lié au syndrome de sevrage d’alcool.

Quand ça vous arrive, pas besoin d’avoir fait médecine pour savoir que le seul moyen d’aller mieux, c’est de boire de l alcool. Je me suis donc retrouvé face à un dilemme : boire et échouer, mais ne pas devenir fou, ou bien lutter, mais prendre le risque de quitter terre. Je me suis alors souvenu des mots de mon oncle et je l’ai appelé.

Il a tout de suite compris que j’avais besoin d’aide. À cette époque, le choix était restreint : c’était soit la psychiatrie soit le service gastro à l’hôpital. Vu mes hallucinations, le choix fût vite fait.

Arrivé dans l’hôpital psychiatrique, j’ai eu un choc. Je me suis dit que je ne pouvais pas finir ici, pas à 26 ans. Pour que ce lieu ne devienne pas ma résidence principale, j’ai lutté mais j’ai surtout accepté de l’aide.

Lorsque l’on boit ou que l’on se drogue, c’est pour mieux taire ce que l’on ne peut dire. C’est une manière d’encaisser en retardant le moment de passer à la caisse émotionnelle. C’est pour ça qu’il faut mettre des mots sur sa souffrance et sur ses traumatismes : pour les digérer.

À l’hôpital, j’ai rencontré un homme, il faisait partie de la fédération nationale Alcool Assistance, qui s’appelait à l’époque La Croix d’Or. Il m’a beaucoup aidé à parler. Il m’a écouté, sans jamais me faire culpabiliser ou me faire me sentir plus bas que terre.

Je me souviens encore, lorsque j’avais fini mon rendez-vous avec lui, je le regardais partir à travers les barreaux de l’hôpital psychiatrique. Je me disais alors :

« Si un jour je lui arrive à la cheville, c’est que j’aurais réussi quelque chose. »

Je sentais au fond de moi l’envie de rejoindre Alcool Assistance, mais jamais je n’aurais pensé en devenir le président.

Lorsque vous tentez de sortir de l’alcoolisme, les jours passent et il est important de les compter. C’est un signe très encourageant d’entendre Renaud dire qu’il est sobre depuis 108 jours. Cela veut dire qu’il a dépassé la phase de l’addiction physique mais qu’il se bat encore avec la phase psychologique.

Selon moi, chaque jour est une marche et il est utile de s’arrêter à certains étages pour reprendre son souffle et se féliciter du chemin parcouru. C’est pour ça que ce système de jours et de jetons gagnés est une très bonne idée.

Lorsque l’on veut battre une addiction, il faut se fixer des objectifs réalisables. Compter ses jours d’abstinence, c’est un moyen de regarder vers l’avenir, de s’encourager et puis de se féliciter. Pour d’autres, ce sera retrouver un aspect extérieur plus attrayant ou bien retrouver sa famille dont on ne pouvait plus profiter à cause de la maladie.

Cette histoire de jours permet aussi de montrer aux autres que l’on avance. Ce qui est très important. Lorsque vous avez un cancer, les gens vous demandent comment vous allez. Lorsque vous êtes alcoolique, c’est un peu plus délicat. Ils n’osent pas. Le sujet met mal à l’aise. C’est un moyen de contrer ce problème de considération et de reconnaissance sociale.

Depuis mes 26 ans, je n’ai pas rebu une seule goutte d’alcool. J’en ai aujourd’hui 66 et pourtant, je reste toujours vigilant. C’est aussi ce conseil que je donnerais à Renaud : accepter l’aide des autres, s’entourer mais surtout, rester sur ses gardes.

Oui, ne pas avoir consommé pendant 108 jours est énorme mais il ne faut cependant pas se sentir infaillible. On reste toujours un peu plus fragile que les autres. D’ailleurs, les alcooliques sont souvent de grands sensibles que les circonstances extérieures peuvent vite ébranler.

Je ne sais pas si j’aurai un jour la chance de rencontrer Renaud mais, en tout cas, maintenant que je suis au courant de son combat, je ne laisserai plus personne en dire du mal. Je me sens un devoir naturel de le protéger.

Si, au hasard d’une conversation, quelqu’un me dit que « quand même Renaud, il avait mauvaise mine » ou « qu’il tremblait un peu le pauvre », je répondrais que cet homme vit une période de sa vie extrêmement douloureuse et inimaginable pour quiconque ne l’a pas vécue.

Mais moi, je l’ai vécue et je tends la main à Renaud, je la tends à tous les alcoolos-dépendants. Et surtout, j’y crois. Je crois en son rétablissement. Il n’y a pas d’âge pour guérir de l’alcoolisme et il est toujours temps !

2016 : Festival de la protection animale à Valenciennes

Entrée gratuite.

L’Association Canin sans Famille est heureuse de vous annoncer qu’elle organisera son premier Festival de Protection animale à Valenciennes: Gymnase tertiales, chemin des alliés (du jamais vu dans cette ville) de 10H00 à 18H30 le weekend du 9 et 10 avril 2016.

Ce rassemblement a pour but de réunir la défense animalière, la vie au naturel, la protection de l’environnement afin que chaque être respecte l’autre et s’unisse pour une terre meilleure.
Ces deux jours seront ouverts en premier lieu aux défenseurs et amis des animaux mais aussi aux services animaliers.

Le but des associations :

-Sensibiliser à la protection animale (que ce soit sur la terre, dans la mer ou dans le ciel).
Informer (conférences pour les associations qui le désirent).
-Responsabiliser
Faire passer un moment agréable aux familles.
-Mieux connaître le végétalisme
Pour les services animaliers : voir tout ce que l on peut apporter à nos petits compagnons (éducation, toilettage….

Blocage du sommet de Pau par les militants climat

Voici un compte-rendu de l’initiative visant à nuire au sommet « MCE Deepwater Development qui vient de se tenir à Pau et ayant réuni les grandes compagnies (Total, Shell, Exxon, Repsol, BP etc.) et opérateurs des marchés du pétrole et du gaz en eaux profondes.

Cette initiative a été porté par un rassemblement qu’on peut résumer de cathos de gauche – altermondialiste – pacifistes.

Pari réussi : Blocage du sommet de Pau par les militants climat

Pau, le 07 avril 2016 – Du 4 au 7 avril, plus de 450 activistes déterminés à protéger les océans et le climat ont fortement perturbé le sommet MCEDD sur les forages pétroliers en haute-mer, multipliant les actions de blocage et de désobéissance civile. Des rassemblements citoyens (die in, chaîne humaine, concert) ont réuni largement plus d’un millier de personnes au cours des 3 jours. Ce jeudi 7 avril, les militants sont parvenus à bloquer les entrées du sommet et à organiser un die-in géant devant le Palais Beaumont.

Ce matin, alors que devait se tenir la dernière journée du sommet MCEDD, 150 activistes sont parvenus à bloquer à partir de 7h30 les différentes entrées du Palais Beaumont où devaient se réunir les membres des plus grosses compagnies pétrolières et gazières mondiales. Cubes gonflables, percées spectaculaires des barrages policiers, menottage des militants aux attachés-case des congressistes ou au camion logistique de l’entreprise organisatrice du sommet, occupation des différentes voies d’accès ont contraint plus de 70 congressistes à rester à l’extérieur, tandis que d’autres enjambaient les corps étendus des militants sur la voirie. La journée avait débuté par le blocage symbolique d’un hôtel où dormaient certains congressistes, une sirène mazoutée placée au coeur d’une scène de crime climatique rappelant que les entreprises participant à ce sommet organisent un crime climatique avec préméditation.

A 12h30, près de 500 personnes ont symbolisé un die in géant devant les portes du Palais Beaumont pour représenter les victimes du dérèglement climatique, tandis qu’étaient annoncés les degrés supplémentaires qui menaçaient la planète si aucune mesure n’était mise en oeuvre pour enrayer la trajectoire actuelle. Cette dernière journée d’action marquait l’achèvement de trois jours et trois nuits de mobilisation continuelle lors desquels les militants climat sont parvenus à créer une situation d’anormalité perturbant très fortement la tenue du MCEDD.

Ils répondaient à l’appel lancé par 350.org, Action Non-Violente COP21, Alternatiba, les Amis de la Terre France, Attac France, Bizi!, Chrétiens Unis pour la Terre, Emmaüs Lescar-Pau, Friends of the Earth International, Nation Océan et Surfrider Foundation Europe. Objectif : dénoncer la véritable provocation consistant à organiser un tel sommet, moins de 4 mois après la COP21, sans aucune référence à l’impératif climatique et à l’Accord de Paris.

Les multinationales pétrolières et gazières, ainsi que les entreprises spécialisées dans les forages en mer, avaient en effet rendez-vous au Palais Beaumont de Pau, fief de Total, pour faire en sorte que l’exploration et l’exploitation offshore restent « compétitives », comme si les engagements pris à Paris n’avaient jamais existé. En toute connaissance de cause, les promoteurs de ce sommet climatique cherchent à repousser toujours plus loin et toujours plus profond la frontière des combustibles fossiles, en contradiction flagrante avec les objectifs fixés par l’article 2 de l’Accord de Paris visant à contenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C.

Pour Malika Peyraut, des Amis de la Terre France, « Le sommet de Pau rassemblait de véritables criminels climatiques, c’est-à-dire des entreprises multinationales comme Total, BP, ou Shell qui sont en train de provoquer un réchauffement climatique très largement supérieur à + 1,5 °C, dont les populations les plus démunies paient déjà un lourd tribut. ». « Ce sommet illustre les limites des engagements volontaires et non contraignants tels que ceux qui sont consignés dans l’Accord de Paris, alors que maintenir le réchauffement climatique bien en dessous des + 2 °C implique de geler la quasi totalité des réserves prouvées d’énergies fossiles », a poursuivi Maxime Combes, d’Attac France. « L’océan est la nouvelle frontière de la ruée vers le gaz et le pétrole, dénonce Olivier Dubuquoy, de Nation Océan. Les forages en haute-mer représentente ainsi 70% des activités de forage de Total ».

Puisque aucune institution n’est chargée de juger et rendre conformes à l’impératif climatique les décisions des acteurs privés, cette responsabilité est de facto transférée à l’opinion publique mondiale. « Nous devons donc prendre nos responsabilités, explique Txetx Etcheverry, du mouvement Bizi!, ce que nous avons fait ici, en organisant des actions de désobéissance civile et des manifestations publiques pour empêcher la tenue de ce sommet et interpeller l’opinion publique ». « Nous, nous tenons l’engagement que nous avons pris le 12 décembre, à la COP21 : faire barrage à la destruction du climat, veiller à ce que les lignes rouges d’un futur juste et durable ne soient jamais franchies. A Pau, nous avons honoré cette promesse »., explique Nicolas Haeringer de 350.org.

Cette mobilisation est une première : ces sommets se déroulent habituellement loin des projecteurs, loin des media de masse, sans publicité et sans mobilisation citoyenne. Une première qui en appelle d’autres. Pour Cécile Marchand, du mouvement Action Non-Violente COP21 « Le message que nous envoyons depuis Pau est clair : ils ne pourront plus se réunir sans que nous les en empêchions ; ils ne pourront plus se lancer dans de nouveaux projets climaticides sans que nous n’intervenions par des actions non-violentes et déterminées pour sortir de l’état d’urgence climatique et engager la transition vers un monde vivable et solidaire ».

Prochaines mobilisations

– Le 21 avril, à Paris, pour bloquer le Oil International Summit

– Du 4 au 16 mai prochain, partout dans le monde, pour les journées d’actions « Breakfree – Libérons-nous des combustibles fossiles » – avec, notamment, des actions de blocage d’une mine de charbon en Allemagne, du 13 au 16 mai.

– À l’automne, pour de nombreuses actions de blocages d’infrastructures liées aux combustibles fissiles et une journée de mobilisation contre l’EPR de Flamanville.

Plateforme #STOPMCEDD

( Alternatiba, Amis de la Terre, ANV-COP21, Attac, Bizi !, Chrétiens Unis pour la Terre, Friends of the Earth International, Nation Océan, Surfrider Foundation Europe, Village Emmaus Lescar-Pau, 350.org )

Les mafias des drogues en France

L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies et Europol ont rendu public un document au sujet de la situation du trafic de drogues dans l’Union Européenne, représentant plus de 24 milliards d’euros.

Il y a en France 1,2 million d’usagers réguliers du cannabis, 8,8 millions d’usagers réguliers d’alcool, 400 000 usagers réguliers de la cocaïne, 500 000 personnes ayant expérimenté l’héroïne.

Voici toutefois un exposé au sujet des mafias des drogues en France.

La France, à l’instar du reste de l’Europe est, depuis quelques années, le théâtre d’un bouleversement du marché du cannabis qui voit de plus en plus l’herbe concurrencer la résine de cannabis produite au Maroc. Si le marché de la résine de cannabis conserve sa primauté, celui de l’herbe est de plus en plus dynamique et porté par des acteurs qui tranchent avec les profils habituels.

Ainsi, à côté des cultivateurs en placard dont le rôle est marginal sur le marché, sont apparus des « industriels » de l’herbe de cannabis à la tête de plantations (cannabis factories) pouvant atteindre des centaines voire des milliers de plants. Parmi ceux-ci, deux types de groupes sont à distinguer.

Des bandes criminelles d’origine vietnamienne, spécialisées de longue date dans ce segment illicite, notamment en Grande-Bretagne, qui s’implantent en France, attirées par le dynamisme du marché et les perspectives en termes de profit (Weinberger 2011), et des particuliers, a priori déconnectés du milieu criminel traditionnel, qui se lancent, pour les mêmes raisons, dans des cultures illicites commerciales de grande échelle.

Un troisième groupe est en train d’émerger, également constitué de trafiquants de « cités », spécialisés dans la revente de résine de cannabis et se reconvertissant dans une production plus adaptée aux nouvelles réalités de la demande.

Ces évolutions du marché du cannabis sont visibles dans les saisies réalisées par les services répressifs en France (police, douane, gendarmerie). Cette reconfiguration du marché français pourrait être une des explications de la tendance à l’augmentation des règlements de compte entre trafiquants de résine implantés dans les quartiers dits « populaires », confrontés à un marché en voie de rétrécissement ; cette tendance aggravant les phénomènes de concurrence bien connus entre points de vente rivaux.

Le deuxième grand marché illicite, celui de la cocaïne, est affecté également par les mutations de l’offre. Ces mutations ne concernent pas les acteurs de l’importation de cette substance en France, qu’ils relèvent du crime organisé traditionnel (corse et maghrébin) ou des sphères les plus basses du petit trafic, que les policiers dans leur jargon qualifient de trafic de « fourmis ».

Les mutations observées affecteraient plutôt les grandes voies du trafic avec notamment le rôle croissant joué par les départements français d’outre-mer
comme la Guyane et la Martinique, à la fois comme zone rebond et marché secondaire de la cocaïne produite en Colombie. Par ailleurs, le port du Havre constitue de plus en plus une porte d’entrée majeure de la cocaïne sur les marchés français et européen.

En 2014, la plus grande saisie de cocaïne jamais réalisée en France métropolitaine, avec 1,4 tonne, y a été faite. Ce phénomène, qui a commencé à prendre de l’ampleur à partir de 2011, est à relier à la réactivation récente des routes de la cocaïne dans la mer des Caraïbes en direction des États-Unis et de l’Europe, consécutive à la crise sécuritaire du Venezuela devenu une zone de transit majeure de la cocaïne produite en Colombie.

Enfin, le marché de la MDMA a renoué avec son dynamisme d’avant la pénurie de 2009. Les formes poudre et cristal ont vu leur disponibilité s’accroître avec des taux de pureté élevés, alors que depuis 2013 la forme comprimé fait son retour, notamment en milieu festif, avec des fortes teneurs en MDMA.

De plus, l’attention portée par les trafiquants à l’apparence des comprimés (couleurs vives, forme 3D,…) relancent leur attractivité auprès des jeunes usagers. (…)

Les marchés du cannabis et de la cocaïne sont les deux plus gros marchés de drogues illicites en France, avec un chiffre d’affaires autour de deux milliards d’euros pour ces deux substances réunies (Ben Lakhdar 2012; Ben Lakhdar et al. 2007). Le marché de ces drogues est contrôlé pour le stade du gros et du semi-gros par des organisations criminelles relevant du grand banditisme. En 2014, les services de police soulignent la main-mise du milieu maghrébin (spécialisé dans la résine de cannabis) sur le trafic de cocaïne, au détriment du milieu corso-marseillais.

L’explication réside dans le fait qu’une bonne partie de la cocaïne destinée aux marchés européen et français transite par l’Afrique de l’ouest et le Maghreb pour être stockée dans le sud de l’Espagne où les bandes criminelles françaises sont bien implantées. Le deuxième facteur tient dans la demande, en augmentation en France, et dans la pluralité des milieux sociaux qui consomment la cocaïne. Depuis quelques années, des réseaux implantés dans certains quartiers à forte proportion d’habitat social et spécialisés dans la résine de cannabis ciblent les milieux populaires.

À côté de ces « gros » réseaux existe une myriade de petites filières de trafic dirigées par des usagers-revendeurs, lesquels s’approvisionnent directement aux Pays-Bas et en Belgique. Les services répressifs notent une augmentation des trafics de cocaïne par voie postale avec comme zone source les territoires et départements d’outre-mer comme la Guyane et les Antilles (Guadeloupe et Martinique).

Le marché de l’héroïne est contrôlé en France par des organisations criminelles turques et albanaises. À l’instar de ce qui se passe pour la cocaïne, le rôle des micro-réseaux d’usagers-revendeurs, s’approvisionnant aux Pays-Bas et en Belgique, est important pour expliquer la disponibilité du produit en France.

La « Stratégie de la France pour le bien-être des animaux 2016 – 2020 »

Ce qui se passe est affreux, mais peut-être était-ce un passage nécessaire pour que l’on voit à quel point certaines personnes qui prétendent défendre les animaux sont, en réalité, les contributeurs de la modernisation de leur exploitation.

Grâce aux exigences welfaristes et au maintien de la défense des animaux dans un cadre institutionnel, sans horizon révolutionnaire, le ministère de l’agriculture peut se targuer de mettre en place une « Stratégie de la France pour le bien-être des animaux 2016 – 2020 », avec le sobre sous-titre « Le bien-être animal au cœur d’une activité durable ».

Dès le départ, ce papier – qu’on devine bricolé pour satisfaire l’opinion publique, bien entendu – parle du bien-être animal comme « enjeu de société ». Voici comment les choses sont présentées :

« Le bien-être des animaux d’élevage, de compagnie, de loisir ou encore de ceux utilisés à des fins scientifiques est l’objet d’une politique réglementaire d’envergure tant au niveau international, européen que français.

L’intensification des productions animales, les mutations des territoires, l’évolution des connaissances scientifiques expliquent notamment pourquoi les citoyens demandent à ce que la sensibilité de l’animal soit mieux prise en compte. Au delà des aspects scientifiques ou émotionnels, la question du bien-être animal revêt par ailleurs, une réelle dimension éthique. »

Les cinq axes d’actions révèlent bien ce plan de satisfaction :

Axe 1 : Partager le savoir et promouvoir l’innovation

Axe 2 Responsabiliser les acteurs à tous niveaux

Axe 3 Poursuivre l’évolution des pratiques vers une production plus respectueuse

Axe 4 Prévenir et être réactif face à la maltraitance animale

Axe 5 Informer chacun des avancées et des résultats du plan d’actions

Moderniser, faire en sorte que tout le monde suive, faire semblant, réagir plus rapidement pour empêcher qu’il y ait scandale, mener une propagande intense pour jeter de la poudre aux yeux : voilà ce que signifient ces « axes d’action ».

Grâce aux welfaristes, la question animale subit un hold up institutionnel. La défense des animaux ne relèverait plus, comme l’histoire le montre pourtant, du mouvement ouvrier, des organisations de défense, des végans, de l’ALF… mais d’un « progrès scientifique », c’est-à-dire d’experts.

« Le concept de sensibilité des animaux, longtemps considéré comme anthropomorphique et hors de la science, n’est plus contesté.

Cette évolution est à mettre au compte des progrès scientifiques considérables de la recherche en matière de bien-être animal, qui a su démontrer la gamme variée d’émotions des animaux.

La connaissance est un des éléments clés des progrès en matière de bien-être animal et il convient à la fois de participer aux travaux de recherche mais également à la diffusion des résultats vers les professionnels afin de s’inscrire dans une démarche de progrès. »

On devine déjà comment les grands bourgeois et carriéristes universitaires de la cause animale trépignent d’impatience de devenir de tels experts…

Car il y aura forcément des postes dans les universités qui vont s’ouvrir, des places institutionnelles pour les associations (ce qui est même ouvertement indiqué), afin que tous accordent leur légitimité au « centre national de référence bien-être animal français » inventé par le ministère…

Tout cela afin de faire en sorte que l’élevage, le transport et l’abattage se déroulent de manière plus « humaine ». Quant au dispositif anti-maltraitance, il vise simplement à neutraliser la contestation, en minimisant les faits qui seront immédiatement encadrés.

On notera, sur ce plan, la remarque suivante :

« Une réflexion partenariale devra être engagée afin de définir dans quelle mesure le monde associatif, les professionnels et l’état doivent s’impliquer dans le financement des mesures de sauvegarde des animaux maltraités. »

On voit déjà comment ici il y a une réflexion pour intégrer des associations, d’une manière ou d’une autre, comme soutien de l’activité étatique, afin de les intégrer dans le dispositif de neutralisation générale du combat contre l’exploitation animale.

On lit même, révélé de manière directement cynique ou plutôt complètement idiote :

« Définir une politique concertée de communication auprès du grand public

Il s’agit ici de ne pas limiter la communication à la seule réponse à des infractions médiatisées. Faire connaître ce qui est déjà fait par les éleveurs et communiquer sur la réalité de l’élevage est nécessaire pour éclairer le jugement du consommateur citoyen. »

Même pas capables de faire semblant jusqu’au bout, voici la photo qu’on trouve sur la dernière page du dossier du ministère. C’est cela, le « bien-être animal » ?

Dominique Lestel, le « carnivore éthique »

« On tue l’animal de façon massive et obscène » : tel est le titre d’une tribune parue dans Libération, que nous reproduisons ici. A lire le titre, on se dit forcément que c’est une critique de la situation vécue par les animaux, d’un point de vue allant en leur faveur.

En réalité, la tribune vient d’un philosophe qui, au sujet de quelqu’un refusant de tuer des animaux au nom de la morale, dit:

« je sens en lui une certaine perversité qui excite mon instinct de prédateur ».

Car, pour Dominique Lestel, la prédation est la dynamique qui fait avancer. C’est du social-darwinisme, ni plus ni moins, qui fait de la « volonté de puissance » de Nietzsche le moteur de l’évolution.

On comprend ainsi le titre de son ouvrage, paru en 2011 chez Fayard, « Apologie du carnivore », dans une tentative de théorisation du « carnivore éthique » en « révolte contre le monde moderne ».

Voici la tribune où il dit, pour résumer, que L214 a raison et qu’il faut par conséquent… en revenir au chasseur traditionnel comme modèle. Il ne faudrait pas croire pour autant qu’on là affaire à un chasseur au fond de sa campagne : Dominique Lestel est maître de conférences au département de philosophie de l’École normale supérieure et membre d’une équipe de recherche en éco-anthropologie et ethnologie du Muséum national d’histoire naturelle.

Celle qui se prend pour une « élite » sait défendre le terroir, le culte du retour en arrière, des valeurs « traditionnelles »!

TRIBUNE
On tue l’animal de façon massive et obscène
Par Dominique Lestel, Enseignant de philosophie à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm — 3 avril 2016

Végétariens et carnivores éthiques doivent s’allier pour repenser notre rapport pathologique à l’animal. Notre culture est sortie de la prédation pour entrer dans l’extermination et le zoocide.

L’association L214 vient encore de mettre en évidence la pratique de traitements cruels dans un abattoir français. Cette histoire présente plusieurs éléments qui méritent d’être discutés et qui prennent tout leur sens si on les restitue dans le contexte plus large d’un rapport pathologique de notre culture à l’animal.

Le premier, c’est qu’on peut d’abord remarquer que personne ne dit plus que c’est un mal nécessaire mais, au contraire, un problème qui doit être rectifié au plus vite. On doit, certes, évoquer une certaine tartufferie dans ces réactions, mais l’explication en termes de mauvaise foi est insuffisante. De ce point de vue, il faut reconnaître et saluer le travail d’associations végétariennes comme L214, qui font vraiment avancer les choses.

Un deuxième élément, qui mérite d’être discuté dans le scandale de l’abattoir intercommunal de Soule, c’est celui des indications de «Label rouge» et «bio» qui lui sont accolées. On savait déjà que de tels labels sont à prendre avec des pincettes, mais ce qui vient d’être observé remet sérieusement en cause la confiance qu’on peut avoir en eux. En fin de compte, un «carnivore éthique» doit se demander dans quelle mesure il est encore possible de manger de la viande qu’il n’a pas «tracée» lui-même.

L’exigence éthique requise ne se trouve plus seulement dans le choix de la viande, mais aussi dans la nécessité d’en reconstituer le parcours par soi-même ou par le biais d’associations militantes. Vouloir tuer soi-même ce qu’on mange est par contre définitivement d’un autre âge, il faut oublier l’utopie d’un tel archaïsme si on n’est pas richissime.

Un troisième élément intéressant est celui du rôle du ministère de l’Agriculture. Le ministre s’est bien sûr empressé, lui aussi, de dire qu’il était choqué, de diligenter une inspection de l’ensemble des abattoirs et de donner un statut de lanceur d’alerte à au moins un salarié de tous les abattoirs. C’est beaucoup mieux que de seulement exprimer son indignation, mais ce n’est quand même pas grand-chose.

Surtout venant d’un ministère qui a récemment autorisé l’ouverture de superfermes industrielles en France, et qui est plutôt ambivalent sur le sujet. Laisser réguler un phénomène par celui qui le développe n’est pas nécessairement le plus efficace – en termes d’éthique – et la situation dramatique des agriculteurs en France montre d’ailleurs que c’est tout aussi catastrophique en termes économiques.

D’où la nécessité de mettre en place d’autres façons de réguler les abattoirs, en autorisant et en subventionnant des associations, qui cogéreraient les données obtenues par des installations vidéo permanentes. C’est sans doute le seul moyen d’améliorer sensiblement le problème, mais le veut-on vraiment ? Sur ce point précis, une alliance entre végétariens éthiques et carnivores éthiques serait essentielle pour faire bouger les choses.

Des petites victoires sont souvent plus importantes que le rêve d’une victoire finale et, contrairement à ce que dit L214, je ne pense pas que ne plus manger de viande du tout reste la seule option souhaitable et possible.

Plus généralement, il faut penser sérieusement le statut de la violence faite à l’animal dans nos sociétés et replacer le problème des abattoirs dans un contexte plus large, celui de la violence exercée contre le vivant, qui est au cœur même de notre culture contemporaine. Le problème récurrent des abattoirs n’est qu’un exemple parmi d’autres d’un rapport profondément pathologique aux animaux qui s’exprime de multiples façons.

Il faudrait évoquer la pêche industrielle, qui rejette en mer des millions de poissons pêchés parce qu’ils ne sont pas conformes à ce qu’on attend d’un point de vue commercial et qui choisit de tout pêcher pour ne faire un tri qu’a posteriori.

Il faudrait parler de tous ces animaux qui sont tués par «effets collatéraux» de nos actions les plus quotidiennes (parce qu’on empoisonne ou détruit leurs écosystèmes et ceux de leurs proies, parce qu’on les heurte en roulant en voiture, parce qu’on les étouffe avec des sacs en plastique qui sont jetés en mer). Il faudrait aborder la question de ces animaux qu’on garde captifs dans des conditions déplorables dans des laboratoires scientifiques et auxquels on fait subir des traitements inacceptables dans un certain nombre de cas, etc.

Globalement, et sans vouloir trop l’idéaliser, le chasseur traditionnel tuait pour se nourrir en suivant des règles strictes. Notre culture contemporaine tue l’animal de façon massive, indifférenciée et obscène. Elle tue l’animal pour le profit, pour rien et par négligence. On est sortis de la prédation pour entrer dans l’extermination, le zoocide et la barbarie interspécifique. Est-ce vraiment ça que voulaient les penseurs progressistes des Lumières ?

On a parlé des intérêts des animaux, de leur capacité à souffrir, etc. Tous ces arguments sont recevables, même si certains sont plus forts que d’autres.

Il y en a néanmoins un qu’on oublie souvent. Tolérer de tels agissements me souille en tant qu’être humain. Toutes ces activités pathologiques de certains humains contre les animaux dévaluent énormément la valeur de qui je suis, en tant qu’être humain. La violence de l’humain contre l’animal à une telle échelle détruit ce que signifie être humain autant qu’elle tue l’animal. On le savait déjà, bien sûr, mais on a trop tendance à toujours l’oublier.

Patrick Mennucci appelle à la légalisation du cannabis

Ce qui est fascinant, c’est que normalement l’appel à la consommation de cannabis est interdit. Or,  depuis quelques temps, la gauche bobo se déchaîne dans le sens de la légalisation, de la consommation promue par l’Etat.

Hier, c’est le député Patrick Mennucci qui a publié un document appelant à ce qu’une commission soit ouverte à l’Assemblée nationale pour étudier la légalisation.

C’est bien entendu quelque chose de « calculé », dans l’esprit de « Hollande sauvé par la Weed? » des Inrockuptibles, tout récemment.

Patrick Mennucci avait d’ailleurs tweeté exactement dans le même esprit que les Inrockuptibles  au sujet du nouveau ministre de l’intérieur.

Ceci dit, le coup de créer une « nouvelle filière agricole », comme Patrick Menucci le dit dans son appel d’hier, personne n’avait encore osé…

Ce qui est très grave aussi, c’est que son intervention suit un nouveau règlement de comptes, avec trois morts et trois blessés, dans le milieu du trafic de drogues à Marseille.

Le raisonnement fait est le suivant : on a arrêté des gens, donc certains essaient de prendre leur place. Comme on ne peut pas réprimer les mafias, légalisons.

Comme si la police ne connaissait pas les endroits où les drogues étaient vendues… Comme si cela ne permettait pas de laisser les gens du peuple se droguer ou dépendre des mafias pour trouver de quoi vivre…

En réalité, les mafias peuvent et doivent être écrasées.  L’idée de les légaliser, sous la forme de capitalistes officiels, ne change rien au problème…

L’insoluble problème de L214

C’est quelque chose pour le moins incompréhensible et qui sort de toute logique. Il y a, en effet, pour schématiser, trois options quand veut que le véganisme devienne la norme générale :

– les welfaristes qui entendent améliorer au fur et à mesure les conditions de vie des animaux jusqu’à, au bout du processus, le véganisme ;

– les abolitionnistes qui demandent à ce que le droit change dans le cadre des institutions ;

– la libération animale considérant qu’il faut une révolte générale et l’effondrement complet du système de l’exploitation animale, capitalisme en général y compris.

Traditionnellement, le premier courant est dominant en France, de manière plus ou moins liée avec le véganisme, avec par exemple L214, la Fondation Bardot et une multitude d’autres associations.

Le second courant n’est représenté que par Vegan.fr, diffusant notamment les écrits de Francione, le théoricien de l’abolitionnisme.

Le troisième courant, très minoritaire dans l’activisme mais très influent culturellement, est composé avec plus ou moins de contradictions des personnes partisanes de l’ALF, de LTD, des antispécistes anarchistes.

Or, que voit-on dans le Courrier Picard ? Que L214 prend un tournant « maximaliste » : il faut fermer les abattoirs, tout le monde doit devenir végétalien.

Votre association, L214, vient de rendre public une vidéo très choquante relative à des maltraitances animales dans un abattoir. Que faut-il faire selon vous pour éviter ce genre de choses ?

C’est très simple, il faut fermer tous les abattoirs. Ce sont par définition des lieux violents où l’on donne l’autorisation de donner la mort à l’arme blanche, évidemment contre la volonté des victimes. Ces images de mise à mort sont d’une grande cruauté et marquent l’opinion. Il y a urgence à ouvrir le débat.

Par ailleurs, les mesurettes annoncées par le ministre de l’agriculture (ndlr : Stéphane Le Foll a ordonné des inspections dans l’ensemble des abattoirs), ne serviront à rien. (…)

Derrière le combat contre la maltraitance animale, votre volonté n’est-elle pas simplement de militer pour le végétalisme, dont vous vous réclamez ?

Le simple fait de la reconnaissance que les animaux sont des êtres sensibles (article L214-1 du code rural à l’origine du nom de l’association), doit effectivement nous conduire à changer nos pratiques. Manger des animaux n’est pas un besoin vital. La recherche a permis de faire d’énormes progrès en matière de nutrition et il est aujourd’hui clairement établi que l’on peut avoir une alimentation variée sans avoir besoin de manger des êtres vivants.

N’est-ce pas une douce utopie ?

Pas davantage que lorsque certains, à une autre époque, ont commencé à remettre en cause l’esclavage. Le combat contre certaines traditions ne relève pas seulement de l’utopie. On le voit par exemple avec la corrida ou le déterrage des blaireaux.

Si on va au bout de votre logique, l’homme est un animal comme les autres qui ne peut s’arroger le droit de faire souffrir un animal pour se nourrir. Faut-il dans ce cas interdire aux chats de manger des souris ?

C’est un débat philosophique qui peut aller jusque-là, oui.

On aurait tort de n’y voir qu’un débat sémantique, une question de mots ou de tournures de phrases. L214 a une démarche qui s’est construite comme un welfarisme, avec une bataille sur des points précis, sectoriels : la corrida, la situation animale dans les abattoirs, le foie gras, la « veggie pride », menus végétariens à l’école, etc.

C’est la raison pour laquelle des gens partisans de la mise en avant du véganisme ne soutiennent pas un tel projet, à la fois par morale et par considération que cela n’a pas de sens, que cela ne peut pas fonctionner.

Évidemment, d’autres ne se posent pas « toutes ces questions » et ont saisi L214 en pensant que c’est toujours un prétexte pour combattre pour les animaux. C’est là un défaut typique, et aussi une qualité, des amis et amies des animaux : ils ne réfléchissent pas en termes de stratégie, voulant bien faire tout de suite quand on peut.

Toutefois, avec la formidable exposition médiatique de L214 – la une du Monde, une présentation régulière à la télévision, comme il y a deux jours à l’émission « Ce soir (ou jamais !) » – il y a un choix qui est à faire entre assumer le welfarisme ou bien le véganisme…

Lorsque PeTA en est arrivé au même point et a fait le choix du welfarisme aux Etats-Unis, elle avait un avantage : l’ALF menait des actions régulières et de grande envergure, et PeTA n’a jamais dénoncé ou critiqué l’ALF. Le positionnement comme bras « légal » pouvait maintenir une certaine radicalité.

L214, se situant dans la tradition des Cahiers Anti-spécistes et de leur quête philosophique d’un véganisme anthropocentrique et modulable installé dans les institutions, n’a pas du tout ce « luxe ».

Comment faire alors pour préserver le véganisme comme objectif concret, sans pour autant assumer la révolution, tout en s’insérant dans les institutions ? Le problème est insoluble !

 

Éduquer les enfants à apprécier et aimer, protéger et servir!

C’est une information diffusée par le site mcetv.fr, bizarrement dans la catégorie « buzz », sous-catégorie « insolite ».  Il est vrai que ce genre d’informations « chocs » est hautement apprécié par certains sites pour capter l’attention.

La scène s’est déroulée mercredi 23 mars, aux alentours de 10h30. Dans le jardin de la médiathèque du Portel, une commune située non loin d’Outreau et de Boulogne-sur-Mer, des témoins ont rapporté que des adolescents ont joué au football avec un chat. L’animal leur servait de balle.

La police municipale a été alertée par un coursier de la mairie. C’est une habitante de la commune de passage aux abords du jardin au moment des faits, qui a informé l’employé de la scène. (…)

L’animal a été retrouvé dans le parc. Le chat tigré noir et blanc était à l’agonie. Il a été pris en charge par Opale Capture, un service animalier dirigé par Jérémie Marion.

Ce dernier se rappelle encore de son intervention : « Je suis intervenu avec la police municipale. Le chat était dans un état lamentable. Il agonisait quand je l’ai récupéré ». Une fois entre de bonnes mains, la bête a été soignée par un vétérinaire. Mais les blessures étant trop importantes, le chat a dû être euthanasié

On ne le remarque pas forcément à la première lecture de cet extrait, car c’est bien secondaire, mais la scène criminelle s’est déroulée dans le jardin de la médiathèque. Quel terrible symbole de l’échec de la culture à être transmise.

Le week-end qui suivait, il y avait en expo autour de l’activité d’une personne ayant organisé une mise en scène de 26 000 playmobils, représentant une bataille romaine.

Du pur fétichisme et dans un esprit proche, le mois prochain on pourra y jouer à des « jeux vidéo de différentes époques sur le thème des jeux olympiques et du sport ». Le sport, mais virtuellement…

On dira que la médiathèque n’y est pour rien, que c’est un problème d’éducation, de situation sociale, et on aura raison… en partie. Car dans cette logique là, ce n’est la faute de personne.

En réalité, c’est la faute de tout le monde, c’est-à-dire de la société. C’est la société qui fait des choix, des choix de valeurs, des choix de morale.

Or, que fait la société aujourd’hui ? Rien, à part le libéralisme. Comment s’étonner après que les fachos aient du succès en promettant de « remettre de l’ordre » ?

Alors, il faut aller de l’avant, sans compromis avec le quotidien horrible de ce monde, n’en prendre que le positif, en rejeter ce qui est négatif.

Promouvoir une culture différente, qui soit ouverte sur la Nature, dans le respect absolu de la vie. Les enfants auraient dû s’émerveiller devant le chat, s’inquiéter pour chercher à le protéger.

On aurait dû les éduquer à apprécier et aimer, protéger et servir!

Le principe du « salarié référent de la protection animale »

Le ministère de l’agriculture, après la nouvelle vidéo « choc » de L214, a pris une mesure qui est la seule chose que peut faire une telle institution dans une telle société : jeter de la poudre aux yeux.

Beaucoup de gens croiront, malheureusement, à cette fausse mesure, et c’est bien le problème de ce genre de stratégie fondée sur des croyances irrationnelles en les institutions.

Il s’avère donc que le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a annoncé que chaque abattoir, quelle que soit sa taille, allait avoir désormais « un salarié référent de la protection animale ».

Cela signifie qu’au sein d’une entreprise, une personne salariée va devoir s’occuper de la « protection animale », en sachant qu’il dépend de son patron, voire qu’il est lui-même lié à celui-ci en étant contremaître ou à un niveau de responsabilité quelconque.

Concrètement, cela sera juste une personne qui contribuera à masquer les crimes les plus criants, à moderniser l’industrie de l’exploitation animale pour qu’elle passe mieux dans l’opinion publique.

Cela existe même déjà depuis le règlement européen numéro 1099/2009 du 24 septembre 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort :

1. Les exploitants désignent, pour chaque abattoir, un responsable du bien-être des animaux qui les aide à assurer le respect des dispositions du présent règlement.

2. Le responsable du bien-être des animaux est placé sous l’autorité directe de l’exploitant et lui fait directement rapport sur les questions relatives au bien-être des animaux. Il est en mesure d’exiger que le personnel de l’abattoir prenne les mesures correctives nécessaires pour garantir le respect des dispositions du présent règlement.

3. Les compétences du responsable du bien-être des animaux sont énoncées dans les modes opératoires normalisés de l’abattoir, et le personnel concerné en est concrètement informé.

4. Le responsable du bien-être des animaux est titulaire du certificat de compétence visé à l’article 21, délivré pour l’ensemble des opérations réalisées dans l’abattoir dont il est responsable.

5. Le responsable du bien-être des animaux tient un registre des mesures prises pour améliorer le bien-être des animaux dans l’abattoir où il exerce ses fonctions. Ce registre est tenu pendant au moins un an et mis à disposition de l’autorité compétente sur demande.

6. Les paragraphes 1 à 5 ne s’appliquent pas aux abattoirs qui abattent moins de mille unités de gros bétail (mammifères) ou 150 000 oiseaux ou lapins par an.

Les petites entreprises échappaient à cela, désormais elles devront faire comme les grandes, qui de toutes façon achètent de plus en plus les petites ou bien les poussent à la faillite. Ce renforcement de l’exploitation animale se développe sous le couvert de modernisation, y compris s’il le faut d’amélioration du « bien-être animal ».

C’est cela le grand enjeu et il ne faut pas être dupe : l’économie française n’a aucune intention de se passer de l’exploitation animale. Cela signifie donc que L214 accompagne ce qui sera la modernisation, l’adaptation à une situation changée, demandant en quelque sorte une exploitation animale à « visage humain ».

Le ministre de l’agriculture n’a pas hésité il y a trois jours à « rappeler » qu’il a fait de la protection animale « une priorité d’action pour son ministère ». D’ici une semaine se tiendra également un conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (CNOPSAV), qui prendra des mesures.

Et dans ce cadre, comble de l’horreur, le ministère de l’agriculture parle du véganisme ! Non pas du vrai véganisme historique, qui veut la libération animale, mais de cette forme bobo d’individus soucieux de sa « bonne conscience ».

Voici ce dont parle le ministère de l’agriculture :

« Une évolution sociétale en cours

Des attentes sociétales nouvelles apparaissent en matière de BEA :

– Une évolution des consommations alimentaires (végétarisme, véganisme, attrait du consommateurs pour les filières plein air ou bio…)

– Un débat nourri sur le statut de l’animal qui se traduit tant par des colloques ou publications que par des propositions de lois qui ont abouti à la modification du code civil en 2015 ;

– Une médiatisation forte des questions de BEA des animaux d’élevage et des conditions d’abattage

– Une contestation renforcée de la production agricole française par certaines associations de protection animale »

Comme nous l’avions dit, les végans sont ici considérés comme une simple variable d’ajustement, le petit pourcentage de la population qui ne veut pas participer à tout cela et qu’il faut contenter de diverses manières en l’intégrant institutionnellement.

La plus grande catastrophe historique serait alors que le véganisme ayant progressé ces dix dernières années ne soit que le petit accompagnateur de l’explosion de l’exploitation animale à l’échelle mondiale.

Hors de question d’accepter cela et de faire un compromis avec le véganisme anthropocentrique : les animaux doivent être au coeur de la libération ! La Nature doit être protégée ! Pas de compromis en défense de notre mère la Terre !