Crosby and Nash : « To The Last Whale »

Sur l’album « Wind on the Water » sorti en 1975, David Crosby and Graham Nash ont écrit en commun une très belle chanson :  » To The Last Whale. a, Critical Mass. b, Wind On The Water ».

Cet écrit « à la dernière baleine » s’ouvre par un chant acapella (« Masse critique »), avant de se voir suivi de paroles tristes au sujet de la situation des baleines, de leur utilisation par l’industrie, notamment des cosmétiques (« Vent sur l’eau »).

Une chanson magnifique d’une immense profondeur. Posons de nouveau la question : où sont nos Crosby et Nash d’aujourd’hui? Où sont les jeunes artistes vantant autre chose que leur ego?

Over the years you have been hunted
by the man who throws harpoons
And in the long run he will kill you
jus to feed the pets we raise,
put the flowers in your vase
and make the lipstick for your face.
Au fil des années, vous avez été chassées
par l’homme qui jetait des harpons
Et sur le long terme, il vous tuera
Juste pour nourrir les animaux de compagnie que nous élevons,
Mettre les fleurs dans ton vase
Et faire le rouge à lèvres pour ton visage

Over the years you swam the ocean
Following feelings of your own
Now you are washed up on the shoreline
I can see your body lie
Au fil des ans, tu as nagé dans l’océan
Suivant tes sentiments à toi
Maintenant, tu es échouée sur le rivage
Je peux voir ton corps allongé

It’s a shame you have to die
to put the shadow on our eye
Maybe we’ll go,
Maybe we’ll disappear
It’s not that we don’t know,
It’s just that we don’t want to care.
C’est une honte que tu aies à mourir
Pour mettre de l’ombre sur notre oeil
Peut-être que nous partirons,
Peut-être que nous disparaîtrons
Ce n’est pas que nous ne savons pas,
C’est juste que nous ne voulons pas nous en préoccuper.

Under the bridge
Over the foam
Wind on the water,
Carry me home.
Sous le pont
Au-dessus de la mousse,
Le vent sur l’eau,
Amène6moi à la maison.

Feux de forêt au Canada : des animaux abandonnés

Le journal de Montréal a publié un article vraiment très important, appelant à une vraie réflexion de fond. En cas de catastrophe, rien n’est en effet prévu du côté des Etats pour les animaux vivant aux côtés des humains.

C’est également le cas, d’ailleurs, en cas d’intervention de pompiers. On connaît les vidéos de pompiers sauvant un chat ou un chien en lui fournissant de l’oxygène : pourquoi n’y a-t-il pas un travail systématique à ce sujet ? Pourquoi n’y a-t-il pas des cages de prévu au cas où ?

Nous reparlerons des feux de forêt frappant le Canada. Mais on peut déjà voir qu’il y a déjà un scandale qui se profile : des êtres vivants ont été abandonnés. Abandonnés à la peur, à la terreur, à la mort…

Fort McMurray: des animaux abandonnés

Certains résidents de Fort McMurray ont été obligés d’évacuer leur maison si rapidement à cause des feux de forêt qu’ils ont dû laisser derrière eux leurs animaux de compagnie.

C’est notamment le cas de Laura Gislason et Kyle Benio, qui n’ont pas eu le temps d’emporter quoi que ce soit avec eux, a rapporté la Presse canadienne jeudi avant-midi.

Bien que le couple soit désormais en sécurité à Edmonton chez de la famille, toutes leurs pensées sont dirigées vers leurs petites bêtes. Gabi, un shih tzu de 16 ans et Pastel, un chat de 5 ans, se trouvent toujours au domicile familial.

«Il devrait y avoir de la nourriture ou de l’eau pour eux pour les prochains jours, au moins, a indiqué Mme Gislason. J’espère qu’ils ont pensé qu’on reviendrait un jour et qu’ils ont fait une petite sieste ou quelque chose du genre.»

Près de deux jours après l’évacuation complète de la ville, nombreux sont les résidents désespérés qui cherchent leurs animaux. Des groupes Facebook ont d’ailleurs été créés à cet effet.

Plusieurs ont également utilisé leur réseau social personnel pour lancer un appel à tous.

«Nous avons dû libérer mes trois chevaux, a écrit Megan Bastien. Si quelqu’un voit ou entend parler d’eux, s’il vous plaît, contactez-moi.»

«Deux petits chiens sont enfermés dans une maison du centre-ville présentement, a pour sa part annoncé Natalie Lynn, au nom de la propriétaire de l’animal. Est-ce que quelqu’un peut aider?»

Des organismes de sauvetage d’animaux n’ont pas manqué de blâmer les autorités sur les réseaux sociaux. Melissa Foley, de Farm Animal Rescue & Rehoming Movement, dénonce le fait que des policiers sont postés à plusieurs coins de rue et empêchent les organismes et les propriétaires d’aller chercher leurs animaux.

«Beaucoup de gens sont, par exemple, coincés à l’aéroport d’Edmonton, dit-elle. Ils étaient censés être rentrés à la maison. Leurs chiens sont là et les gens qui étaient censés prendre soin d’eux ont juste décidé de s’en aller et de laisser les animaux derrière eux.»

D’autres étaient au travail lorsque l’ordre d’évacuation a été donné et n’ont simplement pas pu aller chercher leurs animaux à la maison, ajoute Mme Foley.
C’est justement le cas de Laura Gislason et Kyle Benio. Le couple se trouvait au centre-ville lorsque les feux se sont intensifiés. Arrivés à la maison, leur rue était fermée et ils ne pouvaient plus mettre les pieds chez eux.

Deanna Thompson, directrice de l’Alberta Animal Rescue, a mentionné à la Presse canadienne que les autorités locales ne semblent pas avoir de plan pour aider les animaux de compagnie des évacués.

Son organisme a lui aussi ouvert une page Facebook pour aider les propriétaires d’animaux à se retrouver au travers de tout ce chaos. Des familles vivant à l’extérieur de Fort McMurray se sont notamment offertes pour accueillir les animaux temporairement.

Des millions de poissons morts au Vietnam

C’est une histoire très dure, une fois de plus, qui est difficile à cerner de par le manque d’informations démocratiques à ce sujet, comme on peut s’en douter.

Ce n’est pas un cas isolé. Depuis mars – les informations sont malheureusement comptées par tonnes de poissons ce qui est indigne – 65 tonnes de poissons morts ont été retrouvées au Cambodge dans les eaux de Kampong Thom, 40 tonnes en Inde dans le district du lac Nalgonda, 70 tonnes en Colombie dans le département de Magdalena, 4000 tonnes au Chili en Araucania.

Les causes n’ont pas été officiellement données et il en va de même pour l’affaire qui secoue le Vietnam depuis un mois.

Depuis la mi-avril, 34,5 tonnes de poissons morts ont été trouvées dans la seule province de Quang Tri, alors que trois autres provinces sont touchées (Hà Tinh, Quang Binh, Thua Thiên-Huê) et qu’on considère que des millions de poissons sont morts alors que leurs corps échouent sur 200 kilomètres de côtes (le Vietnam compte au total 3 000 kilomètres de côtes).

Soyons ici très clairs : ce n’est pas la ferveur écologiste qui a provoqué le scandale, loin de là. Voici, pour comprendre l’arrière-plan, une information du Courrier du Vietnam d’il y a deux jours :

Selon le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR), le Vietnam a exporté pour 1,97 milliard de dollars de produits aquatiques ces 4 premiers mois, soit une croissance de 6,2% sur un an.

C’est parce que la très importante industrie de l’aquaculture est touchée, ainsi que la pêche, qu’il y a scandale. Le nationalisme prime d’ailleurs dans la démarche, en raison des propos du responsable d’une aciérie.

Le responsable à Hanoï de la Formosa Hà Tinh Steel Company (FHS) a ainsi déclaré :

« Vous ne pouvez pas tout avoir. (Vous) devez choisir entre les poissons, les crevettes ou une aciérie. Si vous en voulez deux à la fois, je vais vous dire que vous ne pouvez pas, même si vous êtes le Premier ministre »

Il n’en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres, avec un slogan nationaliste mis en valeur :

« Je suis Vietnamien et je choisis les poissons »

C’est un excellent exemple de comment le nationalisme représente une logique étroite, incapable d’avoir une vue d’ensemble. La démagogie nationale est là pour masquer les faits : le Vietnam s’industrialise de manière anarchique et la vie aquatique devient esclave de ce développement.

Le nationalisme sert ici de défense à une logique économique destructrice, sous prétexte de « développement ». C’est assez exemplaire…

Le gouvernement vietnamien a, de son côté, au bout de trois semaines d’attente, envoyé plein d’appels à l’aide aux experts internationaux, afin de trouver les causes.

Cependant, dans la province du Quang Binh, dans le district de Bo Trach, il  y a eu des témoins d’un phénomène connu : la « marée rouge ».

C’est le résultat d’une pullulation de microalgues… qui bien entendu doit elle-même résulter de quelque chose de précis.

Espérons qu’on en saura davantage, mais doutons en. Les industriels feront tout pour cacher les causes réelles et les gouvernements, de la même manière, tenteront de ne pas présenter les faits tels qu’ils sont réellement.

La raison est simple : l’écocide continue, pour des motifs d’intérêts économiques. Partant de là, pour que ce processus continue, il ne faut pas que les choses apparaissent pour ce qu’elles sont, de peur d’une opposition complète et intransigeante à l’écocide…

« L’âge de la neo-vie »

Nous avons parfois parlé du primitivisme, une théorie que nous ne défendons pas et qui propose un retour avant l’émergence de la civilisation.

Si on ne peut qu’exprimer un intérêt certain pour la scène primitiviste sud-américaine – vegan, straight edge, extrêmement social malgré ses discours ultra-individualistes – on ne peut qu’être dubitatif du primitivisme dans les pays développés, qui semble bien plus être un mélange de misanthropie, de pessimisme et de un moyen pour éviter le véganisme.

Difficile de penser autre chose à la lecture la brochure intitulée « Decomposition – Autour de la civilisation et de la domestication », diffusée par le site insurrectionaliste Contra-Infos.

On n’est pas ici dans la libération de la Terre, mais dans l’éloge du « sauvage », c’est-à-dire de l’individu comme mesure de toute chose, au-delà des « genres », de tout concept (et même de l’amour). Le primitivisme est ici vraiment un discours mystico-universitaire pour éviter le véganisme.

Voici un extrait très parlant de cette brochure, qu’on peut télécharger en cliquant sur l’image.

La guerre contre les femmes, la guerre contre les pauvres, la guerre contre les peuples indigènes et subsistants de la terre, et la guerre contre le sauvage sont toutes connectées. Au regard de la civilisation, illes sont tou-te-s perçu-e-s comme des commodités – des choses à être revendiquées, extraites, et manipulées pour le pouvoir et le contrôle. Illes sont tou-te-s vue-s comme des ressources, et quand illes ne sont plus d’aucune utilité pour le pouvoir-structure, illes sont jeté-e-s dans les décharges de la société. (…)

Au cours de son développement, la technologie a toujours joué un rôle en expansion constante. En fait, les progrès de la civilisation ont toujours été directement connectés, et déterminés par le développement de technologies toujours plus complexes, efficaces, et innovatrices. Il est difficile de dire si c’est la civilisation qui pousse la technologie, ou vice-versa.

La technologie, comme la civilisation, peut être vu plus comme un procédé ou un système complexe que comme une entité physique. Cela implique de façon inhérente une division du travail, l’extraction de ressources, et l’exploitation par le pouvoir (celleux possédant la technologie). Tout contact avec, et les conséquences de la technologie, sont toujours une réalité aliénée, arbitrée et lourdement chargée de conséquences.

Non, la technologie n’est pas neutre. Les buts et valeurs de celleux qui produisent et contrôlent la technologie sont toujours inscrits en elle. Différente d’un simple outil, la technologie est connectée à un processus plus large et infectieux, et projeté lui-même en avant par son propre élan.

Ce système technologique avance toujours, et a toujours besoin d’inventer de nouvelles façons de se supporter, s’alimenter, se maintenir et se vendre lui-même. Une partie clé de la structure moderne-techno-capitaliste et l’industrialisme, le système mécanisé de production fondé sur un pouvoir centralisé et l’exploitation des individu-e-s et de la nature. L’industrialisme ne peut exister sans génocides, écocides et impérialisme.

Afin de le maintenir, la coercition, l’expulsion de terres, le travail forcé, la destruction culturelle, l’assimilation, la dévastation écologique, et le commerce global sont acceptés et perçus comme nécessaires. La standardisation de la vie par l’industrialisme l’objectifie et en fait une commodité, voyant chaque vie comme une ressource potentielle.

La technologie et l’industrialisme ont ouvert la porte à la domestication ultime de la vie – l’étape finale de la civilisation – l’âge de la neo-vie.

Ainsi nous sommes maintenant dans la post-moderne, neolibérale, bio-tech, cyber-réalité, avec un futur apocalyptique et un nouvel ordre mondial. Est-ce que les choses peuvent vraiment empirer ? Ou cela a-t-il jamais été si mauvais ?

Nous sommes presque totalement domestiqués, à l’exception de quelques rares moments (émeutes, se faufiler dans le noir afin de détruire des machineries ou les infrastructures de la civilisation, connecter avec d’autres espèces, nager nu-e dans la rivière d’une montagne, manger de la nourriture sauvage, faire l’amour (1)… ajouter vos préférés) durant lesquels nous avons un aperçu de ce que cela pourrait être que d’être sauvage.

(1) ndt [note du traducteur] : on n’est pas d’accord avec l’idée de « faire l’amour ».

L’amour est à nos yeux l’une de ces notions construites par un système hétéro-patriarcale et capitaliste dont le seul but est encore une fois l’enfermement d’individu-e-s dans des cages qu’ielles construisent elleux-même. Il se base sur des attentes incompatibles avec le respect de la liberté des individu-e-s, et une division hiérarchisée entre les ami-e-s [celleux avec qui t’es pas censé faire du sexe et avec qui tu passes un peu de temps, et avec lesquel-le-s tu es modérément attaché émotionnellement] et ton amoureuxe [avec qui t’es censé faire du sexe, passer le plus de temps possible, être le plus attaché-e émotionnellement, etc.].

L’amour, c’est aussi un bon moyen de rappeler aux gen-te-s qu’il faut être hétéro, faire et avoir envie de faire des enfants qui elleux aussi pourront être une force de travail et être une existence rentable pour le système dans lequel nous sommes forcés de vivre.

« Je voudrais bien voir la montagne. Je ne l’ai jamais vue qu’à la télévision »

Rethel est une ville d’environ 7000 personnes, dans les Ardennes, en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine. Il existe une association qui va fermer le 30 juin : l’association sud ardennaise de protection des animaux.

Voici comment l’Union présente cela :

Ginette Desimeur, fondatrice et gestionnaire de l’Asapa de Rethel, tourne une page. Le refuge ne sera plus dans un mois.

Le compte à rebours est lancé pour l’association sud ardennaise de protection des animaux (Asapa) de Rethel. Le refuge, installé rue des Eaux-Vergères à Acy-Romance, fermera définitivement ses portes le 30 juin.

Un crève-cœur pour sa fondatrice et gestionnaire, Ginette Desimeur, qui se résout toutefois à prendre du temps pour elle. «  Je voudrais bien voir la montagne, fait-elle mine de se consoler. Je ne l’ai jamais vue qu’à la télévision.  »

Cette citation est un résumé tout à fait pathétique et totalement réaliste sur la condition des gens travaillant dans les refuges, dont l’abnégation est complète.

On ne soulignera jamais assez le formidable travail des bénévoles dans les associations, qui sacrifient littéralement leur vie quotidienne pour maintenir la digue de la compassion face à l’indifférence.

Qu’on reproche au travail effectué des insuffisances, cela se conçoit car nous devons mieux faire, toujours mieux faire. Nous sommes encore loin de la bienveillance générale de l’humanité envers les animaux !

Mais il faut comprendre que c’est une guerre qui est menée aux animaux et que les personnes dans les associations font avec les moyens du bord. Bien souvent, elles ne sont pas végans et d’ailleurs les terribles difficultés auxquelles elles font face les empêchent même parfois de penser qu’on pourrait réellement faire mieux.

Car ces personnes veulent le bien des animaux, alors comment pourraient-elles comprendre par exemple des gens qui se disent vegans simplement pour leur bonne conscience, sans aucun engagement positif pour les animaux ?

On ne dira jamais assez suffisamment à quel point le coeur réel du véganisme, c’est l’amour de la nature, l’amour des animaux, et non les fictions juridiques inventées par des intellectuels cherchant une place au soleil institutionnel.

Pour cette raison, nous ne pouvons qu’appeler encore et encore : allez aider les refuges du lieu où vous habitez. Même une aide infime s’avère très précieuse. Le moindre apport matériel, la moindre aide physique, tout compte.

Rappelez-vous d’agir avec un esprit discipliné, afin de pas nuire aux animaux, aux gens qui savent ce qui doit être fait et ce qui ne doit pas être fait.

Trouvez un sens dans le regard des êtres victimes que vous essayez d’aider, et que nous ne ferons jamais assez mieux qu’essayer de les aider tant que nous n’aurons pas changé le monde pour le rendre plus bienveillant !

Et exprimez vos encouragements, votre soutien, votre appui aux personnes qui travaillent dans les refuges.

Pensez à cette dame âge qui, dans les Ardennes, n’a jamais vu la montagne, car le sens qu’elle a donné à ses actes la dépassait, par esprit de bienveillance.

A propos de l’arrêt temporaire d’une partie de la production de « foie gras »

Le foie est un organe bien précis du corps qui a trois fonctions : il épure, il synthétise et il stocke. Comme on le sait, en France des oiseaux sont gavés afin que cet organe soit malade, pour être ensuite consommé.

Une perspective horrible et un tel goût ne peut être que celui de la mort (ce qui veut dire que vouloir consommer son équivalent « végétal » relève de cette même approche morbide).

De manière intéressante historiquement, depuis hier, il n’y a plus de production de « foie gras » dans 18 départements du sud-ouest. Les abattoirs et les usines sont fermés jusqu’au 15 août 2016, l’objectif étant de stopper la grippe aviaire : les industriels cherchent à protéger leur production.

Cela représente 71% de la production nationale qui est stoppée pour un temps et il y aura 9 millions de canards de « produits » en moins, 38 millions l’étant normalement chaque année.

Ces chiffres sont gigantesques. On a beau le savoir, raisonner en termes de millions d’êtres qui vont être directement rendus malades, par un gavage brutal, est quelque chose qui ne peut que provoquer de l’aversion.

On se doute également de la dimension industrielle d’une telle démarche. Loin de l’image d’Épinal du « petit producteur », 90 % des animaux subissant la torture pour développer un foie gras sont « produits » par les groupes Maïsadour et Euralis.

Ce que cela montre, et c’est un argument pour le futur, c’est qu’il est possible de mettre un terme à l’exploitation animale. Si l’on est capable de cesser une partie de la production de foie gras pendant plusieurs mois, alors on peut la fermer pour plus longtemps, pour tout le temps, et cela même pour toute la production.

L’exploitation animale, ce n’est pas que l’alimentation, c’est aussi énormément de superflu, de manière de se faire davantage de profit en systématisant son utilisation, même lorsque ce n’est pas nécessaire.

Il y a ici un aspect essentiel, parce que tant qu’on aura pas un document de 250 pages expliquant de A à Z comment supprimer la production de l’exploitation animale dans notre pays, comment réorganiser la production, en maintenant les emplois ou en créant, le tout en haussant le niveau de vie, le combat contre l’exploitation animale ne sera pas crédible.

Évidemment, un tel programme ne saurait exister dans un cadre libéral où les entreprises font ce qu’elles veulent. Cela veut dire que le projet est fondamentalement autoritaire, expropriant des gens, faisant fermer administrativement des entreprises, interdisant des productions, etc.

Si l’on refuse cela, alors il n’y a que deux alternatives : espérer que tout le monde devienne vegan et que les entreprises s’adaptent à cette consommation vegane devenue majoritaire. Sauf que dans une société comme la nôtre, la majorité ne pourra pas devenir vegane, car les gens consomment ce que les entreprises leur imposent, et non l’inverse.

De par leur poids, leur influence, leur capacité à faire du profit, il est par ailleurs absurde de rêver et de penser que le capitalisme « vegan » sera capable de renverser le capitalisme non vegan.

Cela veut dire qu’on a besoin d’un mouvement vegan fort, strict sur les principes, formant un pôle moral irradiant et influençant massivement la bataille pour le changement social.

Vu que la France est très à droite pour l’instant et que les personnes contestataires n’en ont rien à faire de la Nature, la situation est plutôt mauvaise pour l’instant… mais demain les choses seront forcément très différentes.

En ce qui concerne le succès actuel du véganisme, force est de constater qu’il n’est pas une avancée en tant que « conquête », mais un simple rattrapage culturel d’une démarche existant depuis des années dans d’autres pays.

C’est quand il sera intégré comme sous-culture au sein du système général de l’exploitation animale que les choses vont commencer à être très sérieuses. Les personnes désireuses que la tendance au véganisme ne s’arrête pas mais triomphe vont porter quelque chose de très fort, qui va être en confrontation directe avec l’exploitation animale.

L’égalité animale, l’abolitionnisme, l’antispécisme, tout cela ce sont des mots : c’est d’une révolution dont on a besoin… dont les animaux ont besoin, pour que cesse l’anthropocentrisme, dans les idées comme dans le mode de vie de la société.

Pierre Perret : « La cage aux oiseaux »

La chanson populaire, ou la variété plus précisément, vise à divertir de manière simpliste, que ce soit intellectuellement ou émotionnellement.

On y trouve cependant des perles poétiques reflétant le point de vue populaire profond, comme cette admirable chanson de Pierre Perret appelant à libérer les oiseaux en cage. Le texte est encore d’une précision et d’une révolte formidable, 40 ans après.

Quand on pense qu’une telle chanson se retrouve sur l’album « Le cul de Lucette », album de 1972 à la chanson éponyme (« Mon préféré c’est celui d’ Lucette / Son merveilleux p’tit cul en trompette ») !

Notons bien qu’il n’est malheureusement pas possible de libérer aussi facilement de nombreux oiseaux « exotiques », en raison des difficultés d’acclimatation au climat en France et à la difficulté de trouver une alimentation adaptée. Même si on voit effectivement parfois de tels oiseaux voler, qui ont été abandonnés ou se sont enfuis et qui tentent de survivre…

Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux
Regardez-les s’envoler c’est beau
Les enfants, si vous voyez
Des p’tits oiseaux prisonniers
Ouvrez-leur la porte vers la liberté

Un p’tit dé à coudre
Et trois gouttes d’eau dedans
Au-dessus du perchoir
Un os de seiche tout blanc
Et un petit piaf triste de vivre en prison
Ça met du soleil dans la maison
C’est c’ que vous diront
Quelques rentiers vicelards
Des vieux schnocks
Qui n’ont qu’ des trous d’air dans l’ cigare
Une fois dans votre vie,
Vous qu’ êtes pas comme eux
Faites un truc qui vous rendra heureux

Si votre concierge fait cui-cui sur son balcon
Avec ses perruches importées du Japon
Ses canaris jaunes et ses bengalis
À votre tour faites leur guili-guili
Sournoisement, exclamez-vous
« Dieu ! quel plumage !
Mais, chère Madame
On vous demande au troisième étage »
Et, dès que la brignole aura l’ dos tourné
Même si on doit pas vous l’ pardonner

Les voitures sportives, aberration écologique

C’est l’histoire d’une Porsche qui défraie la chronique et qui en dit long sur l’état culturel de notre pays. Les gens disposant d’une certaine richesse considèrent que chacun doit pouvoir faire ce qu’il veut, qu’avoir de l’argent relève du travail et que, si on veut une Porsche, alors on doit pouvoir l’avoir.

Comme c’est le premier mai, moquons-nous de cela et disons justement que, si l’humanité était cohérente, elle ne produirait pas des voitures pouvant dépasser les limitations de vitesse, ni d’ailleurs des voitures coûtant une fortune juste pour le prestige.

Une Porsche peut être considérée comme très belle esthétiquement, mais en tant que voiture individuelle c’est un mélange de m’as-tu-vu et de consommation d’essence multipliée par deux.

Aucune humanité n’assumant l’écologie ne peut tolérer une monstruosité pareille, un tel gâchis d’énergie et de moyens. Libre aux riches de défendre leur droit à « faire ce qu’ils veulent », libre aux gens rationnels de s’y opposer de la manière la plus stricte.

C’est bien pour cela d’ailleurs que si on dit qu’en France, les gens sont très mécontents, ils ne le sont finalement pas tant que cela, car la critique de la société ne va pas jusqu’à remettre en question le style de vie.

L’hégémonie culturelle est telle que les partisans de ce culte des voitures polluantes et chères n’ont pas hésité à faire un hashtag #JeSuisPorsche sur Twitter. L’objectif : défendre un pauvre « ouvrier » ayant vu sa voiture incendiée lors d’une manifestation contre la loi travail…

Dans Le Figaro, le propriétaire de la voiture, « un électricien de 30 ans », raconte son « désarroi » et explique les choses suivantes :

«Sur Twitter, j’ai vu que les gens disaient que c’était une voiture de patron, alors que je ne suis qu’ouvrier!».

«Je suis juste un passionné de Porsche depuis que je suis gamin… C’est la troisième que j’ai depuis mes 28 ans»

«magnifique Porsche 911 type 996 Carrera 4S» de 2002, un modèle dont la cote varie «entre 35 et 42.000 €»

Trois Porsches en deux ans, on a compris qu’on est loin de l’ouvrier classique avec son SMIC, même si les commentaires du Figaro expliquent que ce serait possible en se privant, en revendant ses voitures, en les bichonnant, en travaillant la mécanique, etc.

C’est là sous-estimer le coût de la vie et nier les coûts de réparation et d’entretien astronomiques de ce type de voitures… Il faut compter 1500 euros par an, qu’on multiplie rapidement en cas de soucis mécaniques, inévitables avec les voitures sportives…

Autant dire que cela ne tient pas debout et d’ailleurs, le père de « l’électricien » n’y est pas allé par quatre chemins dans Ouest-France, vendant la mèche :

« Mon fils a 30 ans, c’est un jeune cadre qui travaille dans une grande entreprise. C’était sa semaine de RTT donc il a décidé de refaire la carte grise d’une autre voiture ce jour-là. Et voilà. Le mauvais jour au mauvais endroit. »

Benoit a acheté sa Porsche Carrera 4S « entre 40 000 et 60 000 € », il l’avait depuis trois mois et a longuement économisé pour se la payer. « C’est quelqu’un qui est passionné, qui a économisé. »

« Mon fils n’est ni facho, ni capitaliste. Son argent, il ne le vole pas, il travaille dur pour l’avoir. »

Ce que veut dire ici sans doute le « entre 40 000 et 60 000 € », c’est que la voiture a été achetée vers 40 000 et qu’il a fallu améliorer le tout pour environ 10 000 euros. A part cela, il ne serait pas un capitaliste?

Mais même s’il était ouvrier ayant économisé toute une vie, il aurait exprimé le capitalisme, son aliénation.

Les voitures sportives et tout ce qu’on peut y rattacher représentent un système où les individus font ce qu’ils veulent et le revendiquent de manière tapageuse, gâchent les énergies pour des choses inutiles, polluent. Elles n’ont pas leur place dans l’avenir !