« Le 13/14/15 août, remettons la forêt de Mandres en état ! »

Les 13, 14 et 15 août auront lieu des journées d’action en faveur de la forêt de Mandres-en-Barrois. Celle-ci a été illégalement saccagée par l’ANDRA (Agence pour la gestion des déchets radioactifs) afin d’y enfouir des déchets nucléaires. 7 hectares de feuillus ont déjà été détruits, le sol a été arraché et recouvert de gravier, la construction d’un mur de 2 m de haut et 3  km de long a été établi, le tout sans autorisation ! Voici le communiqué :

Lundi 1er août, l’ANDRA a été condamnée par le Tribunal de grande instance de Bar-le-Duc à interrompre ses travaux de défrichement illégaux. Ce que nous répétons depuis des mois a été confirmé par la justice, et l’agence doit maintenant « remettre en état » le saccage qu’elle a perpétré dans le bois Lejuc pour commencer les travaux préparatoires à CIGEO. C’est la première fois en 20 ans que l’agence est condamnée par les tribunaux : toutefois, nous savons que les barricades juridiques sont précaires et ne suffisent pas face à l’ANDRA et la mafia nucléaire. Dès le lendemain, dans la forêt, comme si de rien n’était, des camions acheminaient du matériel, des dizaines de gendarmes étaient toujours en faction, et les vigiles continuaient de rôder autour du chantier illégal. Condamnation ou pas, la partie est loin d’être gagnée.

Si cette petite victoire nous galvanise, nous ne nous reposons pas sur ces fragiles lauriers. Sur le terrain, même si nous sommes peu nombreux-euses, la mobilisation ne faiblit pas : le 3 août une grande cabane-vigie a été construite sur un champ face à la forêt pour surveiller les travaux, de multiples actions de blocages ont eu lieu, un pot de départ du directeur adjoint démissionnaire l’ANDRA Jean-Paul Baillet s’organise pour le 10 août, de nouveaux recours sont lancés pour contester d’autres aspects des travaux et ne pas lâcher l’agence d’une semelle. Des dizaines de personnes continuent de passer pour quelques jours, tandis que d’autres s’installent pour plus longtemps. Nous sommes, plus que jamais, déterminé-e-s et appelons donc toujours avec force à une convergence massive le long week-end du 12/13/14/15 août pour enfouir l’ANDRA, ses travaux et son rêve de poubelle sous une irréversible marée humaine !

Dans la foulée de la manif’ d’occupation du 19 juin et de la réoccupation temporaire du 16 & 17 juillet, ce troisième week-end de résistance est particulièrement nécessaire : l’ANDRA ne va sans doute pas interrompre ses travaux toute seule, alors soyons sympa, aidons-la !

On commence dès vendredi 12 août au soir avec un grand concert, puis le samedi 13 août, plusieurs balades se dirigeront vers la forêt, ses chemins et ses vallées pour repérer la zone, constater l’avancée des travaux, observer la faune et la flore… Dimanche 14 août, à partir de 11h, au départ du village de Mandres-en-Barrois, une grande manifestation convergera vers le bois pour commencer sans plus attendre la « remise en état » imposée à l’ANDRA : ramenez des arbrisseaux, pelles, pioches, peinture, cordages, outils en tout genre et tout ce que vous jugerez bon pour réhabiliter le site ! Et il y a du boulot ! Des dizaines de tonnes de gravats à déplacer, un mur de la honte d’1 km à démonter, 7 ha de défrichements illégaux à reboiser : il s’agit de se retrousser les manches ! Montrons aux nucléocrates que la « participation du territoire » à leur projet, comme ils aiment à s’en gargariser, est exemplaire lorsqu’il s’agit de le faire disparaître !

Enfin pour inscrire ce week-end dans le long-terme, lundi 15 août se tiendra un grand temps de discussion autour des perspectives de la lutte contre la poubelle nucléaire ici et ailleurs : comment continuer la lutte partout où on est, créer des comités de soutien, etc !

Continuons de maintenir la pression sur l’ANDRA et retrouvons nous nombreux-euses à Bure le 13/14/15 août !

Et la forêt elle est à qui ? Elle est à nous !

Contact : sauvonslaforet@riseup.net / 07 58 65 48 89 (telephone media)

Programme du week-end (et du 8 au 19 août inclus) est disponible ici.

Infos : vmc.camp / burestop.eu / burezonelibre.noblogs.org

Et tout au long du 8 au 19 août un grand campement autogéré se tiendra à l’ancienne gare de Luméville pour accueillir toutes celles et ceux qui veulent s’opposer au projet de poubelle nucléaire, construire ensemble, partager des savoir-faire, organiser des actions, et continuer d’enraciner la lutte sur le long-terme ! Venez y nombreux-euses !

Explosion des abandons en Gironde

Le petit extrait ci-dessous est tiré de la presse régionale.
Est très intéressant de par un aspect terrible dont nous avons déjà parlé.

Il ne s’agit pas seulement de la terrifiante vague d’abandons qui se déroule cette année et qui contraste avec un certain triomphalisme se voulant vegan et témoignant seulement se son existentialisme individualiste.

Il ne s’agit pas non plus du fait que la presse régionale aborde de manière régulière ce thème, alors que la presse nationale ne s’y intéresse jamais.

Ici, ce qui compte en particulier est que la personne refuse de nommer son association. La raison est que selon elle la médiatisation de celle-ci va l’amener à être surchargée.

C’est là en fait une attitude tout à fait classique des gens des associations et malheureusement il semble qu’ils aient raison. La mentalité passive et consommatrice est tellement énorme que dès qu’il y a une opportunité de déléguer, de confier, de se dédouaner de toute responsabilité, l’initiative est prise.

Les associations qui disposent alors d’une certaine surface de publicité deviennent alors des cibles pour des comportements intolérables, les gens abandonnant massivement…

« Je suis démoralisée et totalement impuissante », voilà la première réaction d’une bénévole d’une association de protection des animaux quand on lui parle des abandons. Cette femme refuse même de donner son nom et celle de son association car elle affirme « que plus on parle de nous, plus les gens viennent nous voir ».

Il s’agit ici d’une problématique d’une importance capitale. D’un côté le fait d’être connu permet d’engranger du soutien, mais si ce soutien n’est pas à la hauteur, alors cela ne compense pas les effets terriblement négatifs.

Car le problème des refuges ce n’est pas les animaux, mais une société composée d’individualistes réduisant leur vision du monde à la consommation, ayant une lecture entièrement pragmatique du monde…

Nous en avions déjà parlé également en tout cas : les refuges vont à la rupture et on risque de faire face bientôt à une terrible crise en ce domaine…

Le 8 août 2016, « overshoot day »

Chaque année, le WWF présente une date censée être charnière dans la mesure où à partir de là, nous vivrions en quelque sorte à crédit par rapport au futur. Voici l’explication de la méthode faite par le WWF au Figaro :

INTERVIEW – Le lundi 8 août sera déjà, pour la Terre, le «jour du dépassement» de ses capacités à renouveler les ressources consommées par l’homme en 2016. Arnaud Gauffier, de WWF France, explique le mode de calcul utilisé pour définir cette date de plus en plus précoce et les mesures utiles à la faire reculer.

LE FIGARO. – A partir de lundi, l’humanité aura consommé toutes les ressources que la planète est capable de renouveler en une année. Comment calcule-t-on cet «Overshoot Day»?

Arnaud Gauffier – Nous utilisons des données issues de 70 organisations mondiales, telles que l’ONU, des institutions scientifiques, ou encore des universités. Ensuite, le calcul est fait par le Global Footprint Network, une institution scientifique avec laquelle WWF collabore.

Pour se faire, il faut croiser la biocapacité de la planète et notre empreinte écologique. La biocapacité est la surface biologiquement productive qui fournit la capacité biologique renouvelable, à savoir, la faculté d’un écosystème à régénérer les ressources biologiques et à absorber les déchets générés par les hommes. Elle est mesurée en hectares globaux.

Quant à notre empreinte, elle permet de mesurer la superficie totale de terre et de mer biologiquement productives nécessaire pour produire toutes les ressources qu’une population consomme et pour absorber tous ses déchets. Elle prend en compte les avancées technologiques de chaque année.

Au moment où les deux courbes se croisent, on rentre dans une zone de dette écologique. Autrement dit, on dépasse la biocapacité de la planète. C’est de cette manière que l’on peut dire «en ce moment, nous aurions besoin de la surface de 1,6 planètes pour pouvoir soutenir nos modes de consommation.»

Comme on peut le voir, l’approche est entièrement anthropocentrique. C’est une vision comptable, avec des entrées et des sorties. Or, c’est là une approche entièrement fausse.

D’abord, parce que la Nature est un tout, un système, qui ne se laisse pas réduire à des schémas quantitatifs. Toutes les tentatives scientifiques pour former une sorte de mini système environnemental, notamment pour les voyages spatiaux, ont lamentablement échouées.

Ensuite, parce que moralement la vie d’un être vivant ne se laisse pas réduire à la satisfaction ou l’utilité. Un tel point de vue, qui est le point de vue dominant, amène des catastrophes et des écocides. Le WWF montre ici qu’il n’est pas capable de rompre avec cette manière de voir les choses, de les compter…

3 chats vivants et enfermés dans un carton scotché à Marseille

C’est une information importante, mais surtout ignoble, qui s’est passée fin juillet.  La SPA Marseille Provence refuge de la Renaissance a été contactée par des éboueurs qui ont découvert un carton suspect solidement fermé avec une bonne dose de scotch ! Ce carton était recouvert d’une couverture et un autre carton le recouvrait encore.

La SPA publié sur sa page Facebook une vidéo montrant le contenu du carton, il s’y trouvait 3 chats vivants. La mère et ses chatons étaient attachés ensemble, la mère était attachée au carton par un câble ESB, il y avait aussi une ficelle autour du cou d’un des chats, et le carton avait été mis parmi les ordures. Les chats étaient donc destinés à passer à la broyeuse…

Plus d’un million de personnes ont été atteintes en milieu de semaine par cette vidéo, qui a été partagée plus de 10 000 fois. Les 3 chats sauvés in extremis sont sains et saufs. Ils seront bientôt proposés à l’adoption sur Marseille.

Ce genre de comportement misérable n’est malheureusement pas isolé, les abandons et actes de cruauté ne cessent d’augmenter, cet été 2016, marque encore un record en matière d’abandons car ils ont augmenté de 20 % par rapport à 2015.

Il est très impressionnant de voir la conception perverse de la construction de cette boîte. On est là dans une extrême complexité et on ne peut pas dire que la personne (ou les personnes) qui a fait cela ne savait pas ce qui était fait. Il y a ici une très profonde barbarie, qui n’est pas simpliste comme il y a trois mille ans, mais réfléchie.

Dans le fond du raisonnement, on a la même approche que les nazis et il faut toute une mentalité de bourreau pour poser un carton avec des chats piégés et se dire : ils vont être broyés vivants.

On se souvient de comment certains avaient témoigné de bien trop d’optimisme au moment de l’affaire du chat lancé sur un mur à Marseille. En réalité, les comportements anti-sociaux se généralisent et il n’y aucune raison rationnelle pour que les animaux soient épargnés par la folie des comportements de type social-darwiniste.

Sans alternative positive à ce monde de consommation superficielle et d’écocide généralisé, d’indifférence relativiste et d’auto-destruction, aucune avancée ne sera possible… Il s’agit de faire vivre l’utopie et cela signifie placer la Nature au cœur de nos exigences!
 

John Denver – Calypso

Les aventures de la Calypso, le navire océanographique du commandant Cousteau, ont fasciné toute une génération. Vu d’aujourd’hui, les pratiques ont été en réalité  parfois criminelles avec par exemple un récif de corail dynamité, des animaux massacrés… (voir Cousteau et « Le monde du silence »).

La chanson suivante, toutefois, appelle à s’inspirer d’une démarche comprise alors comme étant « au service de la vie ». Elle est chantée  en 1975 par l’américain John Denver, qui n’est pas très connu en France, alors qu’il l’est dans de nombreux autres pays, comme l’Inde.

Très engagé socialement, il l’était également dans le domaine de l’écologie, faisant la promotion du développement durable ; il a été en première ligne pour défendre le refuge faunique national Arctic en Alaska, demandant son élargissement et combattant les tentatives de forage pétrolier dans cette zone.

La polémique est encore extrêmement forte, avec des tentatives permanentes du parti républicain de forcer l’autorisation de forage.

A la suite de cette chanson, on en trouvera également une autre, bien plus connue : Sunshine On My Shoulders, où John Denver fait tout simplement l’éloge de la lumière du soleil.

Cette très belle chanson est le symbole d’une manière d’appréhender la vie, de manière simple et dans le respect de la Nature. Pour cette raison, les Simpson l’ont utilisé comme symbole lors d’une scène où un hippie chante cette chanson et se fait agresser dans un contexte de canicule.

To sail on a dream on a crystal clear ocean, to ride on the crest of the wild raging storm
To work in the service of life and the living, in search of the answers to questions unknown
To be part of the movement and part of the growing, part of beginning to understand
Naviguer sur un rêve sur un océan clair comme du cristal, monter sur la crête de la tempête qui fait rage
Pour travailler au service de la vie et du vivant, à la recherche des réponses à des questions inconnues
Pour faire partie du mouvement et une partie de ce qui croît, une partie du début à comprendre

Aye, Calypso, the place’s you’ve been to
the things that you’ve shown us, the stories you tell
Aye, Calypso, I sing to your spirit, the men who have served you so long and so well
Aye, Calypso, les endroits que tu as visité
les choses que tu nous avez montré, les histoires que tu nous racontes
Aye, Calypso, je chante à ton esprit, les hommes qui t’ont servi si longtemps et si bien

Like the dolphin who guides you, you bring us beside you
to light up the darkness and show us the way
For though we are strangers in your silent world, to live on the land we must learn from the sea
To be true as the tide and free as a wind swell, joyful and loving in letting it be
Comme le dauphin qui te guide, tu nous amènes à côté de toi
pour éclairer les ténèbres et nous montrer le chemin
Car bien que nous soyons des étrangers dans ton monde du silence, afin de vivre sur terre nous devons apprendre de la mer.
Pour être vrai comme le courant et libre comme une houle, joyeuse et aimant en laissant cela être


« Ne tourmente pas la fourmi (…), car elle vit, et la vie est chose douce »

Saadi est un poète persan du 13e siècle très connu pour ses poèmes pour les roses.  Voici un passage d’un de ses écrits, tiré de « Boustan » c’est-à-dire « Le verger ». Il s’agit d’un petit conte philosophique où il faut saisir la morale, comme chez La Fontaine.

La fourmi.

Ecoute ce beau trait de la vie des saints et que le ciel te permette de marcher sur leurs traces !

Schibli [c’est-à-dire le dévotDjafar ben Younès] portait au village un sac de froment qu’il avait acheté au marchand de grains ; il trouva dans le blé une fourmi qui courait çà et là éperdue.

La pitié l’empêcha de dormir cette nuit-là et il se hâta de reporter l’insecte à sa première demeure, en se disant qu’il serait cruel de l’en tenir éloignée.

— Console, toi aussi, les cœurs affligés, si tu veux obtenir les consolations de la fortune. Qu’elles sont belles ces paroles de l’illustre Firdausi (que la clémence divine descende sur sa tombe !)

«Ne tourmente pas la fourmi qui charrie son grain de blé, car elle vit, et la vie est chose douce. »

Il n’y a qu’un cœur inhumain et noir qui puisse nuire à une fourmi; ne fais pas peser lourde ment ta main sur la tête des faibles, dans la crainte que l’injustice ne t’écrase aussi comme une fourmi.

La bougie a été sans pitié pour le papillon, vois comme elle se consume en jetant ses feux sur l’assemblée.

Beaucoup sont plus faibles que toi, j’en conviens, mais beaucoup aussi te sont supérieurs par leur puissance.

— Sois généreux, ô mon fils; on captive la bête féroce par des chaînes de fer et l’homme par des bienfaits. Retiens ton ennemi dans les liens de la reconnaissance, ces liens que l’épée ne peut trancher; vaincu par ta généreuse bonté, il renoncera à ses projets de vengeance.

Mauvaise graine ne peut donner de bons fruits. L’ami qui a à se plaindre de toi s’enfuit avec horreur (littéralement : ne peut plus te voir en peinture) ; mais, au contraire, un ennemi à qui tu rends service finit par devenir ton ami dévoué.

Voici le passage du vers cité de Ferdowsî, le poète national perse ayant vécu à la fin du 10ème siècle, tiré du Livre de Feridoun et de Minoutchehr, Rois de Perse, d’après le Shah-Nameh :

Tour écouta toutes ces paroles, mais il n’y fit aucune attention. Il n’approuva pas ce discours, et l’esprit de paix d’Iredj ne le satisfit pas. Il se leva de son siège en colère, il lui répondit en bondissant à chaque parole.

Tout à coup il quitta la place où il avait été assis, il prit avec sa main son lourd siège d’or, et en frappa la tête du roi, maître de la cou- ronne, qui lui demanda grâce pour sa vie, en disant : « N’as-tu aucune crainte de Dieu, aucune pitié de ton père ?

Est-ce ainsi qu’est ta volonté ? Ne me tue pas, car à la fin Dieu te livrera à la torture pour prix de mon sang. Ne te fais pas assassin, car, de ce jour, tu ne verras plus trace de moi. Approuves-tu donc, et peux-tu concilier ces deux choses, que tu aies reçu la vie, et que tu l’enlèves à un autre ?

Ne fais pas de mal à une fourmi qui traîne un grain de blé ; car elle a une vie, et la douce vie est un bien. Je me contenterai d’un coin de ce monde, où je gagnerai ma vie par le travail de mes mains.

Pourquoi t’es-tu ceint pour le meurtre de ton frère ? Pourquoi veux-tu brûler le cœur de ton vieux père ? Tu as désiré la possession du monde, tu l’as obtenu ; ne verse pas de sang, ne te révolte pas contre Dieu, le maître de l’univers. »

La Perse est toujours d’une richesse incroyable en ce qui concerne le rapport historique à la Nature, les arbres ayant même des « esprits ». Au-delà du mysticisme, il y a un vrai lien avec la Nature qu’il est intéressant de découvrir.

Présentation apocalyptique du rapport annuel sur le climat

Le rapport sur le climat pour l’année 2015 à été rendu public par l’agence météorologique des Etats-Unis, qui a été supervisé par l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), avec la participation de 450 scientifiques, de 62 pays.

Les médias en ont largement parlé, assumant un ton catastrophiste tranchant avec le relativisme des années précédentes. On est passé du relativisme à l’expression d’une sorte de banalité de la catastrophe.

En fait, les médias alignent les chiffres, mais ne savent pas quoi en faire. On apprend ainsi que la température mondiale pour 2015 à été supérieure d’à peu près 0,45°C à la moyenne de la période entre 1980 et 2010, ce qui fait que le triste record de 2014 à été battu de 0,15°C.

Mais bien sûr les médias ne peuvent y ajouter une conclusion, il faudrait qu’ils assument qu’il faut tout remettre en cause. Étant eux-mêmes une partie de ce qu’il faut changer, ils ne peuvent que constater. Constater que l’océan n’a cessé de voir son niveau monter, avec 70 millimètres de plus que la moyenne enregistrée en 1993, année du début de l’utilisation des satellites pour les mesures.

Les médias en ont fait une présentation apocalyptique, c’est une démarche très religieuse qui est mise en avant, avec dans l’idée  la normalité de la destruction de la planète.

L’idée est que tout cela relève de la tragédie, que rien ne peut être fait contre cela. Tout cela serait inéluctable, seule l’indifférence individuelle serait la réaction normale, pour survivre dans un monde à l’agonie.

Il suffit de se rappeler d’ailleurs que les religions ont encore un poids énorme pour l’humanité aujourd’hui, et toutes valorisent la vie au-delà de ce monde, présentant la planète comme un lieu de malheur, de douleur, comme une vallée de larmes, comme un lieu d’apocalypse.

Le résultat est que les institutions tentent de prétendre gérer, comme avec la COP 21, alors qu’en réalité tout le monde sait très bien que le système fonctionne au jour le jour et que de toutes manières les intérêts des grandes entreprises ne seront jamais menacés de par leur importance économique.

De toutes manières, si l’on regarde les réactions des gens, elle est simple. Soit il y a indifférence, surtout chez les jeunes, soit il y a incompréhension. Les gens ne savent pas par où commencer, ni quoi faire. Ce problème semble tellement énorme… A cela s’ajoute les partisans du moindre effort, surtout les associations comme Greenpeace ou le WWF, qui limitent l’activité proposée au financement et à quelques comportements importants, mais certainement pas une fin en soit.

Ce qui manque c’est la compréhension que sans lutte à l’échelle de la planète elle-même, rien ne sera suffisant. Le sens du slogan la Terre d’abord! est justement de se placer au niveau général afin de réellement se confronter à la destruction anthropocentrique.

Il est ainsi très important que les informations concernant le réchauffement climatique ne soient pas présentées comme des abstractions, mais toujours dans une perspective concrète, en indiquant qu’elle vision du monde il faut développer pour briser la dynamique dominante qui est un véritable écocide.

Mézilles le 3 septembre 2016 : manifestation contre la vivisection

Une « Manifestation Unitaire contre la vivisection » aura lieu à Mézilles, dans l’Yonne, le 3 septembre 2016.

On trouve là-bas un élevage datant de 1974 et qui est le plus grand élevage de chiens de laboratoire de France…

Voici une petite présentation, le site du du Collectif contre l’expérimentation et l’exploitation animale à l’origine de la manifestation essayant autant que possible de briser le mur du silence…

L’entreprise concernée est en effet bien entendu extrêmement procédurière, menaçant de porter plainte pour diffamation, ayant même réussi à gagner un procès contre One Voice…

Ne parlons donc pas de « suspicion de maltraitance » ou de choses de ce genre, puisque de toutes manières la vivisection est un crime en soi, bien suffisant pour être dénoncé…

Le centre d’élevage du domaine des Souches (CEDS) à Mézilles n’est pas un chenil comme les autres. Il fournit des chiens à différents laboratoires de recherches bio-médicales, en toute légalité.

Le CEDS s’étend sur 14 hectares au lieu-dit les Souches, situé au milieu d’un groupement forestier d’environ 800 hectares. Michel et Monique Carré ont implanté ce chenil en 1974.

« Nous avons fait une étude de marché et la demande était alors importante », raconte Michel Carré, ancien ingénieur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM).

Avec son épouse, titulaire d’une maîtrise de biophysiologie animale, ils ont décidé d’arrêter la recherche et de se lancer dans l’élevage de chiens spécifique à l’expérimentation animale.

L’activité est légale et très réglementée. Le centre est soumis à autorisation préfectorale. C’est un établissement classé, agréé pour 500 femelles reproductrices. Quinze personnes y travaillent à plein temps dont un vétérinaire.

Selon les époux Carré, le chenil abrite un millier de chiens en permanence dont environ 300 femelles.

« Nous élevons principalement des beagles, race la plus propice aux tests d’efficacité et de sécurité des médicaments et à la mise au point de certaines techniques chirurgicales, explique Michel Carré. Nous avons aussi quelques golden croisés, des chiens plus grands, qui servent pour des tests d’alimentation et de techniques reproductrices. »

En 2010, la situation était la suivante :

1) Nombre de chiens reproducteurs (mâles/femelles) de l’élevage :

Race Beagle : 21 mâles – 230 à 250 femelles

Race Golden : 7 mâles – 50 à 60 femelles

2) Nombre de portées/an/chienne et nombre moyen de chiots par portée :

Race Beagle : 1 à 1,2/an/chienne avec 5 chiots/portée

Race Golden : adaptation de la reproduction selon besoins, avec un nombre maximum de 1,2 portées/an et par chienne

3) Age au départ des animaux et sociabilisation :

Sociabilisation des chiots à partir de l’âge de 3 semaines en présence de la mère et jusqu’au départ (procédure interne avec contact journalier des animaliers et soigneurs et suivi comportemental effectué par personnes dédiées plus précisément à cette tâche)

Age de départ : à partir de 8 mois pour la plupart des animaux, entre 2 et 3 mois pour des demandes spécifiques réglementaires à finalité de contrôle de vaccins canins.

On est là dans une entreprise de grande ampleur, dans une démarche très développée, d’où sa superficie comme le montre la photographie suivante.

Cela montre à quel point la vivisection a su se développer, s’ancrer et également se cacher, évitant soigneusement tout débat démocratique avec l’appui des institutions, afin d’éviter toute remise en cause…

« Inviter un vegan à sa table estivale » et commentaires anti-vegan

Sur Mediapart, on trouve un petit article sans grand intérêt, intitulé « Inviter un vegan à sa table estivale, galère ou joie? »

Comme souvent dans ces cas-là, ce sont souvent les commentaires qui en disent long.

Ils témoignent en effet des impressions, des positions, des connaissances que les gens ont ou pensent avoir, car cela tourne rapidement à la foire d’empoigne, au terrorisme intellectuel. En voici un exemple assez pathétique, témoignant d’un niveau élevé d’aliénation et d’idéologie réactionnaire:

Nous sommes bien d’accord: le but de certains « vég-etc » est bien de faire passer leur idéologie dans la Loi. Ce en quoi ils sont déjà des extrémistes. Dès qu’elles sortent du domaine strictement individuel et privé les idéologies, quelles qu’elles soient,  acquièrent un potentiel totalitaire.

Quant à mon chat je l’aide à bouffer ces salauds de pigeons qui viennent piller les graines que je distribue à « mes » mésanges. J’ai suspendu la mangeoire si bas que « les » chats (il a des copains dans le voisinage) sont très avantagés quand ils se mettent en embuscade.

C’est le problème des commentaires, des forums, de Facebook… L’agressivité anti-végan y émerge toujours plus rapidement, d’autres essayant de temporiser, de prôner la tolérance alimentaire parce que, on l’aura compris, c’est l’alimentation individuelle qui est toujours le seul thème.

La question est réduite à un choix individuel, ce qui fait que bien sûr il y a alors des personnes végétariennes pour intervenir et se prétendre en contradiction avec le sort réservé aux animaux dans notre société.

Il est ainsi flagrant que le concept bobo de flexitarisme est devenu un terme revenant quasi systématiquement dans les articles des médias sur le véganisme. Ce dernier est réduit à la forme extrême du triptyque flexitarisme – végétarisme – véganisme.

Il est pourtant évident qu’on ne peut pas jongler entre des morales différentes. Mais le problème est que le véganisme à été happé par des bobos en mal d’existentialisme. Les refuges débordent de plus en plus, parallèlement à un véganisme tendance, parallèle à la hype du sans gluten ou au succès du halal ou du casher.

Les gens qui deviennent végans en ce moment semblent privilégier leur existence aux animaux, ils veulent vivre le véganisme sans contraintes. Ils n’envisagent pas cela comme une révolte ou une insurrection, ils raisonnent de manière individuelle en visant leur propre confort.

Une alternative végétalienne dans chaque restaurant est leur seul objectif et ils sont heureux quand Herta fait du simili-carné avec le même aspect et le même goût apparemment que ceux d’animaux morts.

On atteint ici un niveau d’individualisme et de passivité consommatrice qui est une catastrophe pour les animaux, qui ont tellement besoin de gens impliqués !

Les séries Breaking bad, The Wire et Weeds

La célébration et la fascination pour les trafiquants de drogues sont une constante des séries. Parfois, il  y a une pseudo dimension critique, parfois même pas, dans tous les cas de toutes manières il y a une obsession tout à fait représentative du pessimisme morbide, de l’intérêt malsain pour les criminels, le monde brutal de la « débrouille » criminelle, etc.

Voici un extrait de l’ouvrage d’Emmanuel Burdeau  « Breaking bad. Série blanche », tiré d’un passage plus long mis en ligne par Contretemps.

On peut lire ici une comparaison de l’approche de Breaking Bad, The Wire et Weeds. Dans la première série, on suit le parcours d’un homme ayant le cancer et qui se lance dans une grande campagne de vente de la terrible métamphétamine, avec en arrière-plan le capitalisme sauvage se diffusant.

The Wire prétend avoir un regard critique, mais consiste davantage en une sorte de reportage-fiction sur la réalité des drogues et de leur rapport à la misère et à la corruption. Weeds aborde la question du trafic de cannabis et de sa légalisation.

Dans tous les cas, qu’il y ait une idéologie ultra-libérale derrière (Breaking bad), sociologique de gauche (The Wire), libéral-social (Weeds), il y a une fascination et une focalisation sordide sur les bas-fonds, l’incapacité de proposer des modèles positifs.

Au final, ces séries accompagnent – en acceptant ou en critiquant – l’évolution toujours plus brutale du capitalisme et le renforcement des trafics de drogues.

Shérif solitaire, Hank opère depuis sa voiture puis, quand il est handicapé par une blessure, depuis son lit. Ce portrait du policier sans cesse mêlé à des conflits où il ne représente pas les intérêts supérieurs de l’État, mais uniquement les siens propres, contraste avec l’image de la police dans une autre série, The Wire, où les forces de l’ordre sont d’abord envisagées comme institution et où la dimension sociale de la criminalité est systématiquement évoquée.

Rien de cela dans Breaking Bad, où il n’y a que des histoires individuelles et particulières.

On retrouve le même écart entre Breaking Bad et The Wire sur la question du capitalisme : quand, dans la première saison de The Wire, le dealer Stringer Bell assiste à des conférences sur la gestion d’entreprise, puis cherche à les appliquer à la distribution de drogue, ce développement est présenté comme la dernière extrémité d’une société devenue proprement monstrueuse.

Dans Breaking Bad, au contraire, il s’agit d’un constat qui sert de fondation à toute la narration, sans que les conséquences sociales de cette analyse soient jamais véritablement prises en compte.

Si The Wire est une fiction de sociologue, Breaking Bad est plutôt un récit d’économiste où les personnages ne réagissent qu’aux stimuli économiques.

Politiquement, les deux séries se situent également aux antipodes l’une de l’autre : entremêlant en cinq longues saisons les points de vue de tous les grands corps sociaux – police, professeurs, juges, journalistes –, The Wire tente de trouver des solutions politiques aux problèmes sociaux, et pourrait être qualifiée de démocrate, au sens américain du terme.

Breaking Bad est l’exact inverse : les solutions qu’elle propose, pour radicales qu’elles soient, sont d’abord individuelles avant, éventuellement, d’être collectives.

Le discours des personnages, qui font de l’égoïsme une vertu morale et de l’initiative économique l’alpha et l’oméga de la vie publique, est peu ou prou aligné sur celui de la droite américaine.

La seule entité sociale qui a droit de cité dans Breaking Bad est la famille : les liens du sang sont les seuls qui comptent. Tout est envisagé à cet aune : l’action de Walter White est d’abord guidée par un souci patrimonial.

Son but : dégager suffisament de profit pour permettre à sa femme et ses deux enfant de vivre sans lui. La charge menée par Breaking Bad est d’autant plus virulente qu’elle émane d’un ancien fonctionnaire, autrement dit quelqu’un qui a cru à l’utilité de l’action collective et à la pertinence de la transmission intergénérationnelle et qui, brusquement, change de point de vue pour se convertir aux bienfaits du capitalisme le plus sauvage (le gauchiste repenti est un fantasme récurrent dans la fiction de droite comme l’est, dans les récits de gauche, le conservateur libéré).

Entre ces deux extrêmes politiques que sont Breaking Bad et The Wire, le centre de l’échiquier polico-fictionnel est occupé par une troisième série, elle aussi consacrée au commerce de la drogue.

Il s’agit de Weeds, où une femme au foyer devenue veuve, Nancy Botwin, devient dealeuse d’herbe par nécessité économique. Partant d’une situation en tout point similaire à celle de Breaking Bad, à savoir un personnage issu de la petite bourgeoisie tentant d’échapper à la paupérisation en vendant de la drogue, Weeds présente un constat plus nuancé sur l’économie américaine.

D’abord parce que le produit vendu n’est pas le même : Nancy Botwin ne vend que du cannabis, dont Weeds présente systématiquement les effets comme plaisants, quand Walter White fabrique et distribue de la métamphétamine, dont la puissance d’addiction ne peut être comparée avec l’herbe.

En outre, Weeds ne développe un véritable discours que sur un seul sujet : la dépénalisation des drogues récréatives. Le commerce de cannabis y est présenté comme une activité susceptible d’enrichir la société.

Contrairement à Breaking BadWeeds ne veut pas réformer le capitalisme : simplement en élargir le périmètre en autorisant un commerce inoffensif. Weeds croit en l’État : son discours est d’abord un propos sur le droit et la loi. Tous les personnages adultes y sont présentés comme des adolescents irresponsables incapables de se gouverner eux-mêmes : l’action publique est systématiquement envisagée comme bénéfique.