Vers la légalisation du cannabis au Maroc

Tout le monde sait que le Maroc est un pays qui est étroitement lié à la France. On parle ici d’intérêts visibles, mais également invisibles : on sait à quel point dans le tiers-monde la corruption des élites a un rapport étroit avec les gouvernements des pays « riches ».

Or, le Maroc est le premier producteur mondial de cannabis. Il faut donc jeter un oeil dessus, pour voir si la légalisation qui est plus que fortement poussée en France a un écho là-bas, ce qui confirmerait la tendance…

Et c’est justement bien le cas. Il existe un parti qui s’appelle, de manière fort étrange, le « Parti de l’authenticité et de la modernité ».

Ce nom contradictoire est en fait le reflet de la ligne de la monarchie, qui prétend à la fois être passéiste et moderne. La ligne est donc en quelque sorte celle du roi…

Et justement, le Parti de l’authenticité et de la modernité prône la légalisation du cannabis au Maroc. Il vient d’y avoir des élection et les résultats sont tombés : ce parti a eu 102 députés, juste derrière les islamistes du Parti de la justice et du développement, qui en ont eu 125.

Mais ce n’est pas tout : le Parti de l’Istiqlal a obtenu 46 sièges et lui aussi est pour la légalisation du cannabis au Maroc.

Il y a d’ailleurs eu un colloque international sur le cannabis et les drogues, organisé à Tanger, les 18 et 19 mars 2016… qui aurait dû s’intituler colloque « pour le cannabis » d’ailleurs.

Parmi les personnes invitées, justifiant la dimension internationale, on a ainsi Monika Brümmer, architecte, spécialiste dans la construction en chanvre, Kehrt Reyher directeur de « Hemp Today » un média au service de l’industrie du chanvre, Javier Gonzales Skaric qui est secrétaire technique du Forum Mondial de producteurs de plantes interdites…

Au moins c’est franc ! Surtout qu’en fait, une partie du Maroc produit du cannabis de manière publique, sans que cela soit illégal.

Il faut dire que plusieurs dizaines de milliers tonnes de cannabis produites par an – certains parlent de 700 000 tonnes – sur plus de 130 000 hectares, cela ne passe tout de même pas inaperçu…

Le Maroc ferme bien évidemment les yeux, prétextant que la  région de Ketama-Issaguen, dans les montagnes du Rif, a eu historiquement le droit de produire le cannabis sur ordre du roi et que la tentative de supprimer cela en 1956 a échoué.

L’ONU a ainsi constaté en 2009 que 96 000 familles du Rif sont impliquées dans la production de cannabis, soit environ 900 000 personnes… Donc les 2/3 des paysans de cette zone.

Ces derniers temps, la monarchie a réprimé des personnes liées à la production du cannabis.

Maintenant, on peut essayer de deviner pourquoi. Le processus de légalisation du cannabis en France ne passera sans doute pas par une production autochtone ; le fait que la production soit marocaine permettra de faire passer de manière plus certaine la légalisation…

Mais pour cela, il faut un cannabis officiellement légalisé au Maroc, encadré par la monarchie, pour garantir la légalité internationale des bénéfices…

Conférence au sénat pour la légalisation du cannabis

Esther Benbassa est une députée EELV qui a comme profil ce qu’on peut difficilement faire de pire dans le libéral-libertaire. Partisane acharnée évidemment de la légalisation du cannabis et profitant du relativisme général, elle organise le 10 octobre une conférence à ce sujet au sénat.

Quand on sait que le sénat est historiquement un bastion du conservatisme, on voit comment le cannabis est tout à fait acceptable en réalité, au-delà du masque « moderne ».

Car la conférence en question est en réalité un acte militant en faveur de la légalisation… Voici le programme.

Légalisation du cannabis:
l’Europe est-elle condamnée à l’impasse ?

le 10 octobre 2016, de 9h à 18h45, au Sénat, salle Clémenceau, 15 rue de Vaugirard (Paris VI).

Journée de débats organisée par Esther Benbassa, sénatrice du Val-de-Marne et directrice d’études à l’EPHE (Sorbonne), auteure de la proposition de loi « Légalisation contrôlée du cannabis », Didier Jayle, professeur titulaire de la chaire d’addictologie du Conservatoire national des Arts et Métiers, et Henri Bergeron, professeur, chaire Santé de Sciences Po, et en partenariat avec Fédération Addiction

MATIN

9h Ouverture

Mots d’accueil Esther Benbassa, sénatrice du Val-de-Marne et directrice d’études à l’EPHE (Sorbonne) (5 mn)

Présentation

Olivier Faron, Administrateur général du Cnam (5 mn)
Didier Jayle, professeur au Cnam (20 mn)
9h30  État des lieux

Henri Bergeron, professeur à Sciences Po, Paris (20 mn)
10h00  Que sait-on de l’opinion ?

François Beck, Directeur de l’OFDT (20 mn)
10h30 Table ronde 1 : Santé publique – Prévention

Présentation et modération : France Lert, directrice de recherche à l’INSERM (15 mn)

Pr Bertrand Dautzenberg, tabacologue, Hôpital Pitié-Salpétrière, Paris (15 mn)
Jean-Pierre Couteron, addictologue, Président de la Fédération Addiction (15 mn)
Frank Zobel, Addiction Suisse, Lausanne (15 mn)
Pr Amine Benyamina, addictologue, Hôpital Paul-Brousse, Villejuif (15 mn)
12h Comment le cannabis thérapeutique a-t-il  ouvert la voie à la légalisation ?
Ethan Nadelmann, Executive Director, Drug Policy Alliance, New York (30 mn)

12h30 Pause déjeuner

APRÈS- MIDI

14h30   Table ronde 2 : Justice et Police

Présentation et modération : Christian Mouhanna, Directeur du CESDIP (15 mn)

Renaud Colson, maître de conférences à l’Université de Nantes (15 mn)
Olivier Guéniat, commissaire divisionnaire (Neuchâtel) (15 mn)
Jean-Pierre Havrin, contrôleur général honoraire (Toulouse) (15 mn)
Daniel Vaillant, député, ancien ministre de l’Intérieur (15 mn)
16h Et au Canada, il se passe quoi ?

Serge Brochu, professeur de criminologie, Université de Montréal (30 mn)
16h30 Pause

17h Table ronde 3 : Enjeux économiques

Présentation et modération : Pierre Kopp, professeur à l’Université de Paris 1 – Panthéon-Sorbonne (15 mn)

Christian Ben Lakhdar, maître de conférences à l’Université de Lille 2 (15 mn)
David Weinberger, Canalex (Etats américains et Uruguay) (15 mn)
18h Conclusions

Dr William Lowenstein, addictologue, Président de SOS Addictions (15 mn)
Esther Benbassa (15 mn)

Cette conférence n’est pas un débat contradictoire, ni une conférence présentant les aspects multiples. C’est un acte partisan, au coeur des institutions. Celles-ci ont décidé de capituler et le libéralisme-libertaire joue le rôle de rouleau compresseur pour la marchandisation de la vie.

La fuite dans l’individualisme et les paradis artificiels est clairement soutenu par un système qui veut empêcher toute morale universelle, tout mouvement collectif en faveur d’une utopie. Le libre-choix individuel du cannabis est en train de passer de produit indirect du système à une véritable culture en faisant partie.

S’imaginer que la légalisation du cannabis n’aurait aucun impact est donc faux : cela serait un obstacle de plus pour arracher les gens à leur torpeur. Cela serait un renforcement de l’apologie de l’individualisme.

Alors que la bataille pour la Terre doit être la priorité des personnes conscientes de la Nature, le système fait la promotion du repli sur soi et du relativisme, du refus d’une vie naturelle !

Doit-être vegan pour parler des animaux?

Avec ce qui semble être une émergence de la question des animaux dans l’opinion publique, beaucoup de monde prend la parole. Forcément, on peut penser que plus il y a de gens qui la prennent, mieux c’est.

Le problème est de savoir quelle légitimité il y a, justement, à ce que ces gens prennent la parole. Ou, si l’on préfère, la question est la suivante : doit-être vegan pour parler des animaux ?

Historiquement, il y a dix ans, il y avait grosso modo deux camps : la protection animale disait que ce n’est pas le problème, les vegans pensaient par contre que c’était nécessaire, tout en étant la plupart du temps pas d’accord sur l’approche nécessaire.

Il y a eu depuis tout une bataille pour faire passer les vegans pour des sectaires, en faveur du « végata*isme », etc., et elle a gagné dans les mentalités. Avant, on était fier d’être vegan et cela en faisait une ligne de démarcation absolument nette.

Aujourd’hui, l’idée que le véganisme est un saut qualitatif a disparu. La question des animaux est censée en quelque sorte flotter au-dessus de la réalité.

Voici deux exemples représentatifs et d’une certaine manière sympathiques, ce qui souligne d’autant plus la complexité de la question.

Voici tout d’abord Clément s’emmêle, un youtubeur qui se lance et qui essaie de donner un contenu de réflexion, un peu comme Norman aurait dû le faire s’il ne préférait pas l’option apolitique et commerciale.

La vidéo « Le lait c’est pas bon » révèle un vrai travail de recherche, un vrai effort de présentation de la réalité… Mais à la fin, au lieu de réfuter entièrement le lait, il y a un appel à la « modération » et au libre-choix individuel…

Comment faut-il alors évaluer la vidéo ? Faut-il reprocher la fin ou bien penser que la personne deviendra inévitablement végane ?

Voici un autre exemple. Michel Fize a été sociologue au CNRS et un compagnon de route de Robert Hue, jusqu’à il y a peu de temps, au sein du Mouvement des progressistes.

Traumatisé par la mort du chien qui partageait sa vie, il a décidé d’exprimer ce qu’il a ressenti et compris, dans un ouvrage publié en juin de cette année : Merci Will, et à bientôt.

Fort de cette compréhension de la dignité, Michel Fize se rue dans les aspects de la question, devient végétarien, se dit antispéciste, prend la parole pour défendre les refuges, dénoncer l’exploitation animale.

De manière plus pertinente encore, il parle de la Nature, allant jusqu’à la conception comme quoi il faut vivre en harmonie avec tous les êtres vivants.

Dans sa lancée, il va jusqu’à vouloir se présenter aux présidentielles !

Faut-il le considérer comme un doux-dingue même pas vegan, comme un égocentrique mégalomane faisant fi de l’histoire de la libération animale, comme quelqu’un portant un vrai effort de dignité ?

D’un côté, il est évident que tant Michel Fize et « Clément s’emmêle » ne sont pas végans ils portent une hypocrisie, un décalage entre ce qu’ils disent et ce qu’ils font. On ne peut pas défendre les animaux et assumer de faire du mal au nom de son propre confort.

De l’autre, ils portent quelque chose. Mais de quelle manière leur reprocher de ne pas aller assez loin, dans quelle mesure faut-il considérer que le camp du « bien-être » animal les a freinés, comment chercher à tisser des liens (ou pas) avec eux ?

« Il faut être malin, et lui faire croire qu’il va rejoindre ses copains »

Quand on est straight edge, on refuse par principe le mensonge ; quand on est vegan, on refuse au moins de mentir aux animaux, sauf et uniquement si c’est de manière garantie pour leur bien, comme par exemple quand on doit masquer un médicament dans un aliment.

Mais mentir pour faire du mal, voilà qui est une déchéance morale terrible. Voici pourtant ce qu’a proposé, au nom de la « protection animale », Franck Ribière, réalisateur du film « Steak (R)évolution » et fondateur de la société « Le bœuf éthique » (sic!), à la Commission d’enquête parlementaire.

C’est un exemple d’ignominie.

M. Franck Ribière. Pour élaborer notre produit, le bœuf éthique, de l’étable à la table, il fallait trouver le moyen d’éviter la dernière partie très compliquée de la vie de l’animal, c’est-à-dire son transport et tout ce qui peut lui arriver juste avant d’être abattu, quand il change d’endroit et se retrouve dans des groupes différents alors qu’il aurait besoin de calme.

Après avoir écarté les méthodes un peu étranges, comme l’abattage au fusil, pratiquées dans certains pays, nous avons rencontré une Suédoise, fermière de son état, qui a décidé il y a dix ans de construire une chaîne complète correspondant exactement à ce que nous cherchons : faire naître, élever correctement, nourrir et accompagner l’animal jusqu’au bout.

Elle l’a fait d’abord pour sa ferme, avec ses animaux, avant de s’apercevoir qu’il y avait une demande, sachant que la Suède est l’un des rares pays européens où la consommation de viande augmente et que les Suédois sont attachés au bien-être animal, à l’écologie et aux dimensions éthiques.


L’image ci-dessous illustre le modèle qui existe partout : la vache est élevée dans un pré. Avant de se retrouver chez le boucher ou en grande surface, elle est transportée par camion jusqu’à l’abattoir.

Britt-Marie Stegs a décidé de supprimer le transport et l’abattage dans un abattoir fixe pour garantir une viande éthique, ethical meat, de la vie à la mort de l’animal.

Cela passe par la mise en place d’un outil performant d’abattage qui correspond aux normes sanitaires d’abattage imposées à tous les pays européens, ce qui fait que ce camion aujourd’hui est european sensibility, autrement dit qu’il peut opérer partout, y compris en France.

Il a fallu choisir, dans un premier temps, un vecteur qui puisse supporter l’intégralité de la chaîne d’abattage, c’est-à-dire un camion de transport qui comprend un générateur, un épurateur d’eau – il est autonome en électricité et en eau –, l’atelier et tous les espaces nécessaires à l’abattage d’un animal, comme les vestiaires, les toilettes spécifiques à un abattoir et ce qu’il faut pour nettoyer tous les instruments.

Le dispositif se compose au total de deux camions et deux remorques. Cet abattoir peut être installé partout, dans un pré notamment.


Sur la photo ci-dessous, on peut voir le dispositif installé, en état de marche. Les deux camions sont accolés à leurs deux remorques.

Sur la photo ci-dessous, vous apercevez à droite une porte avec une grille : c’est le piège. Avant de venir tuer les animaux, les abatteurs sont passés au préalable pour étudier la situation de la ferme – étable, écoulement des eaux usagées, traitement des déchets – et prévoir tout ce qui facilitera la mise en place et la stabilité du camion.


Sur la photo ci-dessous, l’animal est dans l’étable. Ce système de demi-spirale a été inventé pour sélectionner l’animal, si l’on constate qu’il commence à ne pas se tenir tranquille, et l’isoler un moment avant de passer à l’étape suivante.



Sur la photo ci-dessous se déroule la partie la plus étonnante du processus, celle dans laquelle c’est l’éleveur lui-même qui emmène sa bête à la mort. L’animal croit aller de l’étable au pré. Il n’a qu’une chose dans son axe de vision : ce qu’il croit être une porte qui donne sur un environnement qui lui est familier, où il va manger. À chaque fois que j’ai filmé, je n’ai jamais vu un animal faire demi-tour. Il n’a aucun stress. Et dans le pré, d’autres animaux attendent : il faut être malin, et lui faire croire qu’il va rejoindre ses copains.


À partir de ce moment, l’animal n’a plus aucun moyen de faire demi-tour. Dès l’instant où il passe par la petite porte, la grille arrière remonte et il est aussitôt étourdi. Car l’abatteur l’attend à l’intérieur de la remorque et est en train de viser cette pièce de deux euros située juste au-dessus de la tempe.

L’animal a juste le temps de se rendre compte que la porte est fermée, autrement dit qu’elle ne donne pas directement dans le pré. Mais c’est trop tard pour lui : c’est fini.

Mme Françoise Dubois [députée socialiste]. C’est de l’arnaque… (Sourires.)

M. Franck Ribière. Effectivement, il a été bluffé !

Cannabis : Terra Nova veut que soit repris le modèle des jeux d’argent

Il était évident que la fondation Terra Nova intervienne en cette rentrée. Il s’agit en effet du principal think tank bobo, qui dit que la gauche doit abandonner les couches populaires pour se tourner justement vers ce qui est bobo.

Inévitablement, le cannabis est un thème très important, au coeur du processus de libéralisme-libertaire censé façonner la société. Et il faut pour ces gens accélérer la propagande en faveur de la légalisation du cannabis, en vue des présidentielles…

Terra nova avait déjà pris partie en décembre 2014, et recommence avec un nouveau rapport, dont le titre éloquent est pas moins que « Contrôler le marché légalisé du cannabis en France – L’EXEMPLE FONDATEUR DE L’ARJEL – ».

Il est intéressant de voir que rien que le titre aurait amené une répression policière il y a quelques années : c’est à ce genre de détails qu’on reconnaît aussi les avancées du libéralisme, de l’indifférence, du capitalisme partant à la conquête d’un nouveau marché.

Terra nova ne s’en cache d’ailleurs pas : son but est de contribuer à la possibilité de l’ouverture d’un nouveau marché. Son idée est que pour le cannabis, il faut suivre le modèle de l’ARJEL, c’est-à-dire l’Autorité de régulation des jeux en ligne.

La logique de ces décadents est implacable : les jeux d’argent étaient interdits, on les as légalisés, donc faisons pareil. Voici l’argumentaire :

« En effet, le marché des jeux d’argent et de hasard en ligne a été légalisé en France par la loi 2010-476 du 12 mai 2010.

Elle légalise l’offre d’un bien potentiellement addictif et dépénalise de fait une industrie autrefois considérée comme illégale. »

Quant au reste, tout y passe. La légalisation des jeux d’argent et de hasard aurait asséché le marché illégal (alors qu’en réalité il a décuplé cette addiction!), cela serait pareil pour le cannabis.

Cela rapporterait de l’argent qu’on pourrait mettre dans la santé, cela aiderait la santé publique en encadrant le phénomène, cela libérerait la police qui est débordée, etc.

Toute la démagogie de ces derniers temps est livrée dans une sorte de package qui, on le devine, va être répété à l’infini. Avec, toutefois, un côté toujours plus concret : les libéraux-libertaires vont toujours plus loin dans les propositions concrètes. Voici ce qu’on lit, qui est très instructif :

« La mise en production de cannabis pourrait soit se faire par des agriculteurs français autorisés par des licences du Ministère de l’agriculture, soit par des entreprises étrangères.

Dans le premier cas, rappelons que la France était le premier producteur européen de chanvre en 2005 (Commission européenne, 2005) et qu’elle a un historique relativement important dans la culture de cette plante (Dufour, 1961).

Evidemment, le chanvre industriel cultivé en France ne présente pas les caractéristiques toxicologiques du cannabis recherché par les actuels consommateurs : le niveau de THC et des CBD et CBN présentés par ces productions ne sont pas de nature à permettre l’ivresse cannabique.

Avec le savoir-faire et les connaissances scientifiques en toxicologie et avec l’appui de l’INRA, il serait cependant relativement aisé de développer en France une production de cannabis, d’autant plus qu’existe une Coopérative Centrale des Producteurs de Semences de Chanvre et que cela fournirait un nouveau débouché à l’agriculture française.

Cette proposition de faire participer le secteur agricole national à une légalisation du cannabis est déjà exploitée en Suisse (Wavre, 2016). (…)

La vente de cannabis serait confiée à des détaillants ayant demandé un agrément à l’ARCA. De la même manière que pour la production, la vente respecterait une charte établissant les modalités de vente, de prévention et de réduction des risques à engager auprès des acheteurs.

Traçabilité et contrôle du débit des ventes par système informatique (comme c’est le cas des jeux d’argent et de hasard en ligne) garantiraient le système de distribution.

Trois options potentiellement complémentaires sont ici à considérer : le réseau des débitants de tabac pourrait être sollicité, celui des officines pharmaceutiques également ou un nouveau réseau de magasins pourrait voir le jour. Toutes ces options présentent avantages et inconvénients.

Les débitants de tabac ont l’avantage de pouvoir être rapidement sollicités et équipés pour une vente contrôlée de cannabis mais les compétences préventives et sanitaires peuvent leur faire défaut.

Ceci n’est pas le cas des pharmacies mais voudront-elles vendre un produit pour un usage récréatif, c’est- à-dire sortir quelque peu de leur cœur de métier ?

Finalement, un nouveau type de magasin, spécialisé dans la vente de cannabis, pourrait demander agrément à l’ARCA. Il présenterait l’avantage d’un contrôle territorial de l’implantation de ces magasins, en plus de créer de l’emploi. En revanche, son contrôle serait certainement plus compliqué à mettre en œuvre par comparaison aux deux autres réseaux cités. »

Pourquoi ces gens pensent-ils, écrivant des choses qui auraient été illégales il y a ne serait-ce que dix ans ? Parce qu’ils savent que la légalisation du cannabis a été décidée par l’économie, que les gens sombrent dans l’indifférence, qu’il n’y a donc plus qu’à travailler l’opinion publique et faire tomber la barrière des réticences et du refus.

Un refus capital : la bataille contre le cannabis, contre sa légalisation, doit être au coeur de toutes les personnes refusant le relativisme social, l’acceptation des « paradis artificiels » en général, le repli individualiste dans le mépris des autres et d’une vie naturelle, heureuse.

Théorie du genre et « véganisme » individualiste

«Je n’imaginais pas que le Pape se laisserait embarquer par des intégristes et leur folie mensongère. Ça me met en colère. »

Voici l’expression feinte de colère de la ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, invitée hier sur France Inter, à la suite des propos du pape François.

Voici ce que ce dernier avait dit :

«Ce que j’ai critiqué [samedi, ndlr] a dit François, est le mal qu’il y a dans le fait d’ériger la théorie du genre en doctrine. Un papa français m’a raconté qu’un soir, en famille (…).

Il demande à son fils de 10 ans: « que veux-tu faire quand tu seras grand?». «Etre une fille!» lui répond l’enfant.

Le papa s’était alors rendu compte que dans les livres du collège, on enseignait la théorie du genre. Ceci est contre les choses naturelles!

Pour une personne, une chose est d’avoir cette tendance, cette option, et même de changer de sexe, autre chose est de faire l’enseignement dans les écoles sur cette ligne, pour changer la mentalité. C’est cela que j’appelle la colonisation idéologique.»

Alors, existe-t-il vraiment une « théorie du genre » ? Bien sûr qu’elle existe. Développée dans les facultés américaines, avec comme base la théorie « queer », le mouvement de la « théorie du genre » nie la Nature et considère que toute définition est « normée ».

Il faudrait donc tout déconstruire. Ce courant de pensée est totalement dominant dans les milieux « antispécistes » liés à l’anarchisme, au point que certains d’entre eux avaient même fait une vidéo pornographique signée « Terre déviante », pour dénoncer La Terre d’abord ! qui pour ces gens est totalement réactionnaire, anti-trans, etc.

En effet, à partir du moment où nous reconnaissons la Nature, nous reconnaissons forcément la division hommes-femmes. Cela ne veut pas dire du tout que nous voulons, comme le pape, que les hommes et les femmes en restent à des rôles sociaux réactionnaires, n’ayant d’ailleurs rien du tout de naturel.

Mais, pour nous, le rapport au corps est celui de l’être, non de l’avoir. On « est » son corps, alors que les gens aliénés ou religieux (ce qui revient au même) pensent avoir un corps.

Le pape fait une critique hypocrite : lorsqu’il parle de choses naturelles, il veut dire naturelles selon Dieu, sauf que son Dieu n’existe tout simplement pas, n’ayant été qu’un prétexte masquant des intérêts humains.

Et dans cette domination de l’esprit chrétien où chacun à son « âme » et d’individualisme consumériste forcené, il y a des gens pour fantasmer que leur esprit se serait trompé de corps, qu’ils ne sont pas leur corps, que tous leurs problèmes viennent de là. Finies les questions sociales : tout passe par l’individu.

Tout partirait de l’individu, tout arriverait à lui. Tous les problèmes ne sont plus que personnels. Toute la société doit devenir une proposition d’offre et de demande.

Crowdfunding, prêts entre particuliers, burkini, Uber, livreurs à vélo, discours sur la légalisation du cannabis et de la GPA, définition des prostituées comme « travailleurs du sexe » : la tendance est à l’ultra-individualisme, à la négation de tout ce qui est universel.

Pour cette raison, le véganisme universel est combattu de manière frénétique, alors que le « véganisme » individualiste est hyper médiatisé, célébré depuis Madame Figaro jusqu’à Grazia, en passant par Le Monde ou Libération.

Il ne faut pas se voiler la face : si des projets comme L214 sont acceptés socialement, c’est qu’ils participent à la fragmentation de la société. Le capitalisme rêve de se développer au moyen de nouvelles consommations et que celles-ci relèvent du bouddhisme, de l’Islam ou de véganisme lui est totalement secondaire.

Le véganisme comme universalisme, voilà ce qui lui poserait un réel problème. Mais l’universalisme n’existe pas dans le véganisme actuellement, car ce sont les bobos, les hipsters, les bourgeois universitaires, la petite-bourgeoisie adeptes de modes faussement rebelles qui ont le dessus.

Voici ce que dit par exemple Antoine Comiti, président de l’association L214 Éthique et animaux, lors de son audition par la « Commission d’enquête parlementaire » dont nous parlions ces derniers jours.

« M. Antoine Comiti. S’agissant de la reconversion, nous le regrettons, mais nous ne serons pas tous végétariens demain : ce sont des évolutions qui se font sur un temps long – ce sont des évolutions culturelles. »

Le capitalisme adore ce principe de longueur, car comme il contrôle ce qui est produit, comme les institutions sont à son service, il peut profiter de toutes les tendances pour se renforcer, se réaménager.

L’antispécisme apparaît ici comme absolument rien d’autre qu’un individualisme de plus et au-delà du fait que cela n’arrivera à rien, il y a surtout le risque de plus en plus concret que les secteurs populaires rejettent le véganisme, n’apparaissant que comme un phénomène « mondialiste » de plus, que comme une contribution à la fragmentation de la société, à la dispersion par rapport aux vrais problèmes, etc.

Cela serait alors une double catastrophe : le véganisme serait un simple secteur de consommation et de distraction, et les gens à convaincre le mépriseraient en le réduisant à une aventure particulière, totalement éloigné de leur besoin d’universel, qu’ils trouveraient alors notamment dans la religion…

Les 65 « propositions » du rapport de la commission d’enquête parlementaire

Regardons quelles sont les « propositions » du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les
« conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français ».

Il y en a 65, les voici et on peut voir que, naturellement, les animaux conservent entièrement leur statut de marchandises.

Proposition n°1 : Mettre en place un Comité national d’éthique des abattoirs.

Proposition n°2 : Organiser régulièrement des opérations de contrôle des conditions de transport des animaux par les services de gendarmerie.

Proposition n°3 : Soumettre à un agrément les fournisseurs de matériel d’immobilisation et d’étourdissement.

Proposition n°4 : Faire de l’adaptation aux espèces et aux gabarits des animaux la priorité dans la conception des couloirs, des boxes et des pièges.

Proposition n°5 : Rendre obligatoire la disponibilité sur Internet de modes d’emploi en français et dans la langue des salariés.

Proposition n°6 : Rendre obligatoire l’affichage du mode d’emploi des matériels à proximité du lieu de leur utilisation.

Proposition n°7 : Rendre obligatoire l’entretien journalier des matériels.

Proposition n°8 : Abaisser à 100 000 euros le seuil des dépenses éligibles à l’appel à projets « reconquête de la compétitivité des outils d’abattage et de découpe » pour le volet « projets structurants des filières agricoles et agroalimentaires » du programme d’investissements d’avenir.

Proposition n°9 : Limiter le nombre d’animaux en circulation dans l’abattoir en fonction de leur espèce.

Proposition n°10 : Renforcer les effectifs des opérateurs lors de la circulation des animaux.

Proposition n°11 : Rendre obligatoire l’utilisation de mentonnières pour l’application des pinces à électronarcose.

Proposition n°12 : Installer des témoins lumineux pour l’application des pinces à électronarcose.

Proposition n°13 : Étudier les enjeux financiers d’une généralisation de l’étourdissement par gaz pour les volailles et le recours au programme d’investissements d’avenir.

Proposition n°14 : Intensifier les recherches sur un étourdissement par gaz moins aversif et plus efficace pour les porcs.

Proposition n°15 : Mieux sensibiliser les opérateurs et les contrôleurs à l’étape du contrôle de l’étourdissement.

Proposition n°16 : Développer la recherche sur des systèmes automatisés de contrôle de l’étourdissement et, le cas échéant, les mettre en place en plus du contrôle de l’opérateur.

Proposition n°17 : Faire adopter d’urgence un guide des bonnes pratiques pour chacune des espèces abattues en France.

Proposition n°18 : Annexer aux guides des bonnes pratiques des modèles types de modes opératoires normalisés.

Proposition n°19 : Renforcer les contrôles de l’existence, du contenu et de la maîtrise des modes opératoires normalisés au sein de chaque abattoir.

Proposition n°20 : Développer les recherches sur l’étourdissement réversible chez les ovins et les bovins.

Proposition n°21 : Procéder à une évaluation du dispositif de traçabilité et en améliorer le fonctionnement, en particulier préciser le volume des abats abattus rituellement.

Proposition n°22 : Encourager la communauté juive dans sa réflexion sur l’utilisation des parties arrières de l’animal abattu rituellement.

Proposition n°23 : Poursuivre le débat avec les communautés religieuses et les scientifiques au sein du comité national d’éthique des abattoirs.

Proposition n°24 : Modifier l’article R. 214-74 du code rural pour préciser que l’étourdissement réversible et l’étourdissement post-jugulation sont possibles en cas d’abattage rituel.

Proposition n°25 : Suivre avec attention l’expérimentation d’un abattage à la ferme menée en Suisse et procéder à son évaluation.

Proposition n°26 : Soutenir à titre expérimental la mise en service de quelques abattoirs mobiles.

Proposition n°27 : Inciter les exploitants des petits abattoirs à s’inspirer de l’accord collectif de branche relatif à la pénibilité pour améliorer les conditions de travail des opérateurs.

Proposition n°28 : Développer l’ergonomie des postes et associer les travailleurs concernés à leur définition.

Proposition n°29 : Développer la recherche sur les exosquelettes.

Proposition n°30 : Sensibiliser les personnels encadrant et la direction des abattoirs aux problèmes psychiques des travailleurs.

Proposition n°31 : Créer des groupes de parole ou des cellules psychologiques au sein des abattoirs.

Proposition n°32 : Imposer l’abattage d’un tonnage maximum par opérateur.

Proposition n°33 : Rendre obligatoire, dans les abattoirs de plus de 50 salariés, la rotation des travailleurs sur les postes de travail.

Proposition n°34 : Compléter la formation exigée pour l’obtention du certificat de compétence par une réelle formation pratique.

Proposition n°35 : À l’occasion du prochain renouvellement quinquennal des certifications, soumettre les opérateurs à une nouvelle évaluation.

Proposition n°36 : Profiter du prochain renouvellement des certificats pour relever le niveau des questions.

Proposition n°37 : Afin de permettre l’assimilation des connaissances, déconnecter le temps de formation du moment de l’évaluation.

Proposition n°38 : Créer plusieurs échelons de distinction des opérateurs obtenant le certificat, en fonction de leur résultat à l’évaluation.

Proposition n°39 : Accélérer la reconnaissance des certificats de qualifications professionnelles dans le répertoire national des certifications professionnelles.

Proposition n°40 : Inciter les exploitants d’abattoirs à classifier les postes.

Proposition n°41 : Inciter les exploitants d’abattoirs à développer le tutorat entre opérateurs.

Proposition n°42 : Renforcer la formation des personnels encadrants à la gestion des personnels, à la maîtrise des risques psychiques et au bien-être animal.

Proposition n°43 : Prévoir, sous le contrôle de l’État, une formation pratique des sacrificateurs et subordonner l’agrément religieux à la détention établie de cette compétence technique.

Proposition n°44 : Porter la formation par catégorie majeure d’animaux supplémentaire à une durée de 4 heures, et la formation par catégorie mineure d’animaux supplémentaire à une durée de 2 heures, ces temps supplémentaires devant être consacrés à une formation pratique in situ.

Proposition n°45 : Instituer la règle que le deuxième essai pour les candidats qui ont échoué à la première évaluation n’intervienne pas immédiatement après le premier essai et qu’il soit décalé dans le temps.

Proposition n°46 : Créer plusieurs échelons de distinction des opérateurs obtenant le certificat, en fonction de leur résultat à l’évaluation.

Proposition n°47 : S’assurer que la présence d’un responsable protection animale soit généralisée à l’ensemble des abattoirs du territoire français.

Proposition n°48 : Généraliser la création de réseaux de RPA à l’ensemble des abattoirs français.

Proposition n°49 : S’assurer de la prise en compte spécifique des lanceurs d’alerte en abattoir dans la loi Sapin actuellement en discussion.

Proposition n°50 : Augmenter le recrutement de vétérinaires et de techniciens supérieurs du ministère de l’agriculture pour les affecter en abattoirs

Proposition n°51 : Renforcer la formation en protection animale en abattoirs des services vétérinaires, titulaires et vacataires.

Proposition n°52 : Pour les abattoirs de boucherie de plus de cinquante salariés, rendre obligatoire la présence permanente d’un agent des services vétérinaires aux postes d’étourdissement et de mise à mort. En dessous de ce seuil, renforcer leur présence à ces postes.

Proposition n°53 : Réorganiser les deux vadémécums d’inspection des abattoirs en créant un chapitre spécifique aux points de contrôle de la protection animale.

Proposition n°54 : Prévoir une fréquence plus importante d’audits pour les établissements en non-conformité moyenne ou majeure.

Proposition n°55 : Créer une brigade bien-être animal avec les référents nationaux abattoirs (RNA) et les agents de la Brigade Nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires (BNEVP) et doubler le nombre de ces agents.

Proposition n°56 : Alourdir les sanctions prévues en cas d’infraction à l’article R. 215-8 du code rural et de la pêche maritime en prévoyant des amendes de 5e classe et la requalification en délit des cas de récidive

Proposition n°57 : Sensibiliser les parquets aux actes contrevenant au bien-être animal.

Proposition n°58 : Modifier l’article 2-13 du code de procédure pénale relatif à la constitution de partie civile des associations afin d’y inclure les infractions pénales relevant des dispositions du code rural.

Proposition n°59 : Encourager les exploitants d’abattoir à conclure des partenariats avec une ou plusieurs associations de protection animale de leur choix dont la légitimité est avérée.

Proposition n°60 : Autoriser les parlementaires à visiter les établissements d’abattage français de façon inopinée, éventuellement accompagnés de journalistes titulaires de la carte d’identité professionnelle.

Proposition n°61 : Créer un comité local de suivi de site auprès de chaque abattoir, réunissant des élus locaux, l’exploitant et les représentants des salariés de l’abattoir, des éleveurs, des services vétérinaires, des bouchers, des associations de protection animale, des associations de consommateurs et des représentants religieux dans la mesure où il est pratiqué un abattage rituel

Proposition n° 62 : Rendre obligatoire l’installation de caméras dans toutes les zones des abattoirs dans lesquelles des animaux vivants sont manipulés.

Proposition n°63 : Ouvrir à la négociation collective la possibilité d’utiliser la vidéo comme outil de formation.

Proposition n°64 : Interdire dans la loi l’utilisation de la vidéo pour toute autre finalité que le bien-être animal et la formation.

Proposition n°65 : Aider financièrement les petits abattoirs pour l’installation des caméras.

« L’implication croissante des citoyens en matière de bien-être des animaux »

Dans le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les
« conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français », on trouve un long article traitant de « l’implication croissante des citoyens en matière de bien-être des animaux ».

C’est un passage capital, pour de multiples raisons. Déjà, car il témoigne de l’opposition entre le particulier et l’universel : si le véganisme est universel et concerne tous les animaux, y compris ceux vivant de manière sauvage, on a ici affaire à une réduction à une question morale-existentialiste se réduisant aux abattoirs.

Ensuite, et c’est la conclusion du choix « particulariste », les associations impliqués à différents niveaux dans la commission s’assument entièrement comme relevant de la « protection animale ». On est ici dans un réformisme assumé, dans un cadre institutionnel. Il est important de le voir pour démasquer des prises de position « radicales » masquant une convergence avec l’exploitation animale se modernisant.

Enfin, et c’est peut-être le plus grave, on a ici une démarche « sociétale », par conséquent totalement anti-démocratique. Les associations mentionnées ici sont des structures aux contours flous, non militants, relevant d’un activisme visant des individus en tant que « consommateurs ».

Elles sont par conséquent auto-centrées et velléitaires, s’auto-intoxiquant dans un triomphalisme auto-justificatif.

La population française bascule de plus en plus dans l’individualisme, les valeurs ultra-conservatrices, l’indifférence se généralise massivement, les refuges sont au bord de l’effondrement, et là des associations prétendent qu’il y aurait un « engagement », une « implication croissante », alors que c’est une simple tendance existentialiste sans aucun fond progressiste ni concret, ni ancré dans le réel…

b. L’implication croissante des citoyens en matière de bien-être des animaux

Cette sensibilité croissante des Français se retrouve dans leur implication au sein des associations de protection animale.

Ce que confirme M. Antoine Comiti, président de l’association L214 éthique et animaux : « Notre association compte 14 000 adhérents, 230 000 personnes sont abonnées à notre lettre d’information et, dans quelques jours, 500 000 personnes suivront nos actualités sur Facebook.

Notre budget s’élevait l’an dernier à environ 1 million d’euros.

Ces chiffres doublent chaque année depuis plusieurs années, ce qui nous semble révélateur d’un intérêt croissant de nos concitoyens pour la question animale en général, et la question des animaux d’élevage en particulier. »

M. Alain Pittion, membre du conseil d’administration de la Confédération nationale des sociétés protectrices des animaux de France (CNSPA) a confirmé cette tendance : « Si nos associations sont connues pour la défense des animaux de compagnie, elles n’oublient pas les animaux de rente. Nos adhérents sont de plus en plus sensibilisés à cette question. »

Non seulement les citoyens français sont plus sensibilisés à la condition des animaux d’élevage, mais les associations de protection animale consacrent de plus en plus de leur travail à la problématique des animaux d’élevage.

En effet, des associations et fondations de protection animale traditionnellement consacrées essentiellement aux animaux de compagnie se mobilisent de plus en plus pour le bien-être des animaux de rente.

C’est que ce qu’exprime M. Jean-Pierre Kieffer, président de l’OABA : « L’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoir que je préside existe depuis 1961 et a été reconnue d’utilité publique en 1965, voilà un peu plus de cinquante ans.

Cette association a été la première à être spécialisée dans la protection des animaux de boucherie.

Elle a pendant longtemps été la seule à s’en préoccuper et nous nous réjouissons que d’autres organisations se soucient désormais de la protection des animaux que l’Homme destine à sa consommation ».

Cette multiplication et diversification des associations de protection animale s’inscrit en réponse à une forte demande sociétale, qui, de fait, se retrouve dans l’ensemble de l’Union Européenne et qui manifestement est liée au mouvement global des consommateurs qui recherchent un lien avec les conditions de production des produits consommés.

Laurence Abeille et sa « contribution » au sujet des abattoirs

A la fin du rapport de la Commission d’enquête parlementaire dont nous parlons en ce moment, on trouve des contributions. Voici celle de Laurence Abeille, député d’EELV et signataire du petit manifeste dont nous parlions hier, consistant en une OPA d’EELV sur la question animale.

L’idée est aussi de soutenir la candidature de Yannick Jadot – lui-même proche de Laurence Abeille et signataire du « manifeste – pour être candidat EELV aux présidentielles.

La contribution de Laurence Abeille a ceci de typique qu’on y retrouve cette contradction morale, théorique et pratique : comment assumer le réformisme, alors que ce qui le justifie, la situation des animaux, l’interdit par définition ?

Et – ce qui rend sa « contribution » hypocrite, lâche, mensongère – elle exprime ses contradictions au sein d’une contribution qui s’oppose par définition à la défense des animaux, puisqu’il s’agit d’une commission d’enquête pour améliorer les abattoirs !

Tout d’abord, je voudrais saluer le travail de la commission, de son président et de son rapporteur qui ont présenté dans leur rapport un ensemble de préconisations que je pense utiles pour éviter les scandales qui ont été dénoncés par l’association L214.

Toutefois, je souhaite par cette contribution insister sur deux points que le rapport, de mon point de vue, n’a pas suffisamment pris en compte : l’absence de nécessité à consommer de la viande, et la psychologie de l’homme au moment de la mise à mort de l’animal dans l’abattoir.

Lors de son audition, Florence Burgat, philosophe et directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) expose la démarche philosophique qui consiste à « mettre au jour des fondements que l’ordinaire des pratiques masque, faisant passer pour allant de soi ce qui n’est pas nécessairement légitime ».

Elle apporte ainsi des éléments essentiels quant au questionnement sur le bien-fondé de la consommation carnée. Elle relève que la mise à mort des animaux en vue du plaisir pris à la consommation de leur chair ne  peut être tenue comme allant de soi. « Les arguments en faveur de la boucherie, dans un contexte où la nécessité ne pe
ut pas être invoquée (…) sont moralement très faibles. La balance entre le plaisir gustatif de l’un, obtenu par la mort de l’autre est grandement déséquilibrée ».

Florence Burgat explique « soit on pense le problème à l’intérieur du cadre réglementaire en vigueur et l’on tient, sans examen, pour légitime ce qui est légal, on s’interdit alors de comprendre pourquoi certains remettent en cause la boucherie et l’on cantonne le problème à des dérives ou à des aspects techniques ; soit on s’interroge depuis les fondements sur la légitimité de la boucherie et l’on se demande alors s’il est juste de faire subir aux animaux ce que nous leur faisons
subir, c’est-à-dire le pire – de quel droit, en l’absence de nécessité, assimilons-nous les animaux à des ressources transformables ou à des biens dont l’usage implique la destruction ?

Ajoutons que jamais nous n’avons fait souffrir et tué autant d’animaux qu’aujourd’hui alors que jamais nous n’avons eu moins besoin des animaux pour notre survie ou pour notre développement. »

Florence Burgat poursuit : « C’est sur le caractère à la fois ancien et pérenne de l’interrogation sur la légitimité même de l’abattage des animaux que je voulais appeler votre attention. Non, cette préoccupation n’est pas le fait d’étranges groupuscules qui puisent dans des sources occultes ; il s’agit bien d’une question philosophique et morale que seule l’ignorance de l’histoire des idées peut ranger au magasin des bizarreries. »

En ce qui me concerne, l’audition de Florence Burgat a eu le grand mérite de s’interroger sur les fondements de la légitimité à tuer, en l’absence de nécessité pour se nourrir.

Catherine Rémy, chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a, pour sa part, apporté de nombreux éléments quant aux aspects sociologiques et ethnologiques des rapports entre les hommes et les animaux. Les enquêtes qu’elle a menées au sein des abattoirs ont permis de saisir, sur le terrain, les enjeux de la question animale avec celles des frontières de l’humanité.

Elle relève que, fondamentalement, il existe « un milieu très spécial à l’abattoir qui se caractérise notamment par un rapport violent à la mise à mort et à l’animal. De nombreux visiteurs décrivent un univers difficile, brutal ». C’est à travers la description de cet univers que l’étude de cette sociologue est intéressante. Elle a pu observer ce qu’elle appelle une culture du combat : « quand les animaux sont dociles, les travailleurs tuent avec détachement. Mais, très souvent, lorsqu’un animal résiste alors les travailleurs peuvent user de la violence, une violence non seulement verbale, mais physique ».

Cette dualité de situations s’inscrit dans un environnement professionnel qui ne permet pas aux travailleurs d’exprimer une compassion vis-à-vis de l’animal. En effet, comment serait-il humainement possible de demander à un ouvrier d’éprouver une quelconque compassion pour un animal qu’il doit tuer ? Elle souligne, alors, à quel point il serait difficile de transformer les ouvriers d’abattoir en « bons euthanasistes pleins de compassion ».

Catherine Rémy précise : « On a voulu penser l’abattoir comme une usine traditionnelle et, au fond, réduire l’animal à de la matière ; mais l’animal résiste, se rappelle à nous et se rappelle au tueur en résistant. J’ai constaté que ces moments sont très troublants pour les hommes et que c’est alors qu’on voit apparaître une violence. »

« On voit aussi des moments où l’animal résiste (…) si bien que même si l’ouvrier veut accomplir son geste le mieux possible, cela lui est difficile. Bref, il y a bien une résistance du vivant. »

Les apports de l’audition de Catherine Rémy méritent d’être relevés. Ils permettent de mettre en avant un aspect spécifique du métier d’abatteur, le plus souvent ignoré, la confrontation avec la résistance d’un être vivant qui ne veut pas mourir. En saisissant les caractéristiques de la relation du tueur avec l’animal, de véritables questionnements de fond se posent sur cette situation de violence
inévitable.

Le rapport montre que la France possède les connaissances scientifiques et techniques nécessaires afin d’éviter toute souffrance inutile, mais qu’elles ne sont pas suffisamment appliquées. Pour autant, je souhaite rappeler que la mise à mort d’un animal consiste obligatoirement en une souffrance, ce qui entre en contradiction avec la notion même de respect du bien-être animal.

Tel est le sens de ma contribution, souhaiter replacer ce rapport dans un contexte où l’animal tué est un être vivant qui refuse de mourir, et par ailleurs rappeler que nous pouvons nous orienter vers une alimentation de moins en moins carnée, voire nous en passer complètement.