« Un appel à tout casser lors de la COP 21 »

Au site alternatif sur la COP21 s’en est ajouté un autre, intitulé anticop21.org.

Pour résumer ce qu’on peut en penser, disons simplement que la « casse » qui aura lieu à l’occasion de la manifestation qui se déroulera à l’occasion de la COP21 n’aura aucun intérêt.

Se rebeller c’est bien, en effet, mais encore faut-il savoir pourquoi, et la logique zadiste – nihiliste ne propose strictement rien à part un retour en arrière. C’est vide de sens au mieux, réactionnaire au pire.

C’est, disons, peut-être du romantisme, avec plus ou moins un rapport étroit à ce culte de la terre propre au pétainisme si français. Voici, exemplaire de cet esprit nihiliste, sans valeur, un « appel à tout casser lors de la COP 21 ».

Tout est vide, on voit très bien que l’écologie n’est qu’un prétexte pour un anarchisme relooké, avec des teints « métaphysiques » pour donner l’illusion d’avoir un sens « profond ». Alors qu’il n’y a rien… On ne doit donc pas s’étonner si un média très à droite comme Le Point peut déjà faire des articles comme « Un groupe ultra-violent menace la COP21« .

Tout va être caricatural dans un mois : la COP21 de par son échec, la manifestation folklorique et ses quelques casseurs.

« Dirigeants du monde », vous avez bien joué votre partie. Vous avez gagné la guerre de classes, liquidé ce qui restait du monde ouvrier, mis au travail l’ensemble de la population, à peu de choses près, encaissé la crise et ses innombrables répliques, exterminé ce qui n’était pas soluble dans le matin blême de l’Occident …

Vous avez tout réussi, sauf à garantir les conditions fondamentales de la vie humaine sur terre. Vous avez tout réussi, et loupé l’essentiel. Et maintenant, vous vous agitez, légèrement transpirants, essayant de vendre sans y croire vraiment, l’idée que la technologie nous sortira de la situation où elle nous a mis ; mais au fond, vous le savez bien : ce monde, votre trophée inerte, s’effondre, et vous-mêmes serez engloutis, comme tout le monde, dans l’égalité des derniers jours.

Vous vous en rendez peut-être compte : vous n’êtes pas capables de résoudre ce problème. En matière d’ « environnement », le point de non retour, cela fait quarante ans qu’on l’a franchi. Vous avez déjà échoué. Il n’y a pas de solution qui vienne de vous, et vos simagrées nous lassent. Nous sentons bien qu’elles vous fatiguent aussi, mais ne vous inquiétez pas. Elles ne dureront plus.

Deux questions se posent alors à nous, en ces temps qui s’essoufflent :

1) Qu’est-ce qu’un sommet ?

Une poignée de dirigeants foncièrement incapables, des lobbyistes en tout genre, quelques experts, des chefs de cabinets et des attachés de presse se réunissent dans un aéroport d’affaires pour discuter des mesures à prendre pour éviter une probable fin du monde.

Ils n’ont absolument rien à se dire que leurs technocrates ne savent déjà. Ils n’ont absolument rien à décider que leurs armadas de conseillers n’aient déjà négocié. Ils n’ont aucune solution à apporter, puisqu’ils sont eux-mêmes le visage du problème.

Tout cela, au moins depuis Copenhague, fait consensus. Jusqu’à l’écologie la plus institutionnelle, personne n’attend de cette COP 21 autre chose qu’un pénible théâtre d’ombres. Pourtant, tout le monde s’affaire, du gouvernement Valls à la Coalition Climat, des ONG aux entreprises, des collectifs citoyens aux cabinets de conseils. Tout le monde s’affaire pour qu’ait lieu cet événement. Cette rédemption. Ce « sommet ». Sans doute qu’on y aura mis les moyens : parait-il que le climat serait cette année « cause nationale ».

Que se passe-t-il donc pendant un sommet, si personne n’a rien à dire ? Que peuvent faire tous ces sinistres hommes publics lorsqu’ils se trouvent réunis ? Prendre de la coke, ou des selfies ? On en serait presque à leur souhaiter, eux qui peuvent encore se payer le luxe de tromper leur impuissance.

Frivolités dans les hautes sphères : de quelle couleur sera la cravate de Manuel Valls ? On vous l’accorde : mesurer le ridicule de l’opération n’est pas si facile. On serait désemparé pour moins que ça. Evidemment, le tableau n’est pas encore complet. Il manque l’élément principal.

Inutile en effet de dire qu’entre nous et cette douteuse clique retranchée au Bourget, il y aura 10 000 flics français, une fraction conséquente de l’armée de l’air, des contingents de toutes les polices d’Europe et une solide cohorte de casques bleus.

Entre nous et les acteurs de cette scandaleuse farce, l’élite du maintien de l’ordre à la française, le résultat de 1500 ans de construction d’un monopole de la violence légitime. Le fleuron de l’Etat, l’aboutissement armé de notre rationalité politique. Voilà ce qui entend se déployer pendant ces deux semaines d’hiver. Faut-il rire, faut-il trembler ? On ne sait plus très bien.

2) Qu’est-ce qu’un contre-sommet ?

Une fois n’est pas coutume, la réponse sera d’une extrême simplicité. Etant donné l’inanité du débat public et l’arrogance absolue d’un gouvernement qui téléguide sa propre contestation citoyenne, il n’y a rien d’autre à attendre de telles circonstances qu’une honnête flambée de violence. Qu’on ne se méprenne pas : il ne s’agit pas de se défouler impuissament, ou de compenser un manque d’idées par des actions bien attestées. Il s’agit de se venger.

Ainsi, ce n’est pas seulement le bon sens qui se trouvera, cette fois, du côté des casseurs, des Black Blocks, des radicaux, qu’importe le nom qu’on veuille « leur » donner. C’est aussi le sens de l’honneur, et un certain amour-propre.

Car à l’heure où l’on vous parle sans cesse de ce à quoi ressemblera le monde en 2030, ou en 2050, il n’est pas inutile de s’attarder sur ce à quoi il ressemble déjà. De ce à quoi il ressemble depuis 200 ans, 200 ans d’industrialisation et de développement, de civilisation inquestionnable, de colonisation intérieure, d’impérialisme béat.

Deux siècles durant lesquels nous avons tant bouleversé les grands équilibres écologiques qu’aujourd’hui, l’environnement change plus vite que la société. Nous vivons à un âge où la vie disparaît déjà mille fois plus vite qu’elle ne se renouvelle. Alors, si nous ne savons pas précisément dans quel état sera le monde en 2050, nous savons en revanche que l’état dans lequel on l’a déjà placé mérite amplement qu’on le venge.

La jeunesse, notamment a un droit illimité à une telle vengeance : amenée de force dans un monde qui s’écroule, elle n’a rien demandé, commis aucune faute, participé à aucun mensonge collectif. On attend d’elle qu’elle paye bien gentiment les fautes de ses aînés, qu’elle prenne sur ses épaules tant d’années d’arrogance et d’incurie ; on comprendra donc qu’elle souhaite faire payer aux représentants de l’ordre ancien cette situation proprement désespérée.

En coulisse, certains s’agitent, et parlent de « justice climatique ». Il s’agirait de partager équitablement les conséquences de la catastrophe. Mais si nous faisons l’effort, un instant, de donner un sens à ces mots tant galvaudés, la « justice climatique » n’est que la réparation impossible d’une injustice, injustice incalculable faite non seulement à notre espèce, mais à des milliers, des millions d’autres, faite à la Terre elle-même, aux innombrables formes de vie qui la parsèment.

Attendue l’énormité de la faute, la peine sera capitale : la destitution immédiate de cette mafia du climat et le renvoi de ses porte-paroles aux oubliettes – aux côtés de l’armada de flics qui s’interpose entre eux et la réalité. Sentence qu’il s’agira de rendre, le 29 novembre, dans les rues de Paris.

La vengeance ne constitue pas une politique, diront certains. Et encore moins une « solution » aux grands déséquilibres écologiques. Mais cela vaut mille fois le cocon gestionnaire dans lequel la COP 21 entend nous emmailloter. Gardez vos illusions de maîtrise et vos « petits gestes qui sauvent ». Quitte à être les derniers hommes, nous garderons les yeux ouverts.

COP 21 : le gouvernement sourd aux demandes de la société civile

Alors que la COP21 arrive, les associations institutionnelles s’aperçoivent que le sol se dérobe sous leurs pieds. Leur nature va être démasquée, dans la mesure où le fait qu’elles ne servent à rien face à la destruction de la Nature va devenir visible aux yeux de tous et toutes…

D’où leur appel et leur fausse critique du gouvernement, dans leur appel « COP 21 : le gouvernement sourd aux demandes de la société civile ». Cocasse de la part d’associations subventionnées, ou bien n’ayant jamais parlé d’écologie (que viennent faire ici les scouts protestants?), ou bien encore les grosses structures n’existant que par la reconnaissance institutionnelle…

Sans parler de la fondation Nicolas Hulot, qui signe alors que Nicolas Hulot est le représentant spécial à l’écologie du gouvernement, nommé par François Hollande lui-même!

C’est la fin d’une époque, et il n’y a pas de place pour elles : voilà ce que deviennent ces associations en panique, avec leur logique de charité, de religiosité, de démarches institutionnelles, de parasitisme bureaucratique, de subventions officielles pour prétendre être « critiques » mais de l’intérieur seulement…

COP 21 : le gouvernement sourd aux demandes de la société civile

La silence du gouvernement face aux demandes de 130 organisations compromet les conditions dans lesquelles des dizaines de milliers de représentants de la société civile mondiale vont participer à la Conférence climat dans quelques semaines.

Dans moins de six semaines se tiendra au Bourget le 21ème sommet des Nations Unies sur les changements climatiques, la COP21.

Près de 40 000 personnes y sont attendues, des délégations venues de 196 pays différents s’efforceront de trouver des solutions pour lutter contre le dérèglement climatique. Pour la France il s’agit d’un enjeu considérable : la COP21 est le plus grand rassemblement diplomatique jamais accueilli par le pays tandis qu’à l’échelle internationale il représente une étape-clé des négociations sur le climat.

Tour à tour, ces derniers mois, différents membres du gouvernement ont appelé de leurs vœux la mobilisation de la société civile à cette occasion.

Ainsi lors de la cérémonie officielle «Go COP21» organisée à l’Elysée le 11 septembre dernier, François Hollande déclarait-il devant un parterre d’ONG et de représentants syndicaux que «tout dépendra bien sûr de la capacité, de la volonté des Etats, mais aussi de la force des peuples, des mouvements que vous représentez».

La Coalition Climat 21 s’est effectivement constituée sur l’idée que les changements majeurs et indispensables pour répondre aux enjeux du dérèglement climatique ne seront possibles sans une mobilisation large et durable de la société.

Cette coalition regroupe aujourd’hui 130 organisations, des syndicats aux ONG, en passant par les mouvements sociaux, les jeunes ou les groupes de foi. Nous nous sommes donnés pour objectif de préparer des mobilisations citoyennes massives en décembre.

Pour cela, nous devons faciliter la participation de toutes celles et ceux qui souhaitent exprimer leur inquiétude et leur volonté de changement, qu’ils soient invités de la conférence officielle ou non.

Nous agissons sur tous les terrains : celui de l’emploi, celui de l’environnement, celui de la solidarité mais aussi ceux de l’éducation et des spiritualités. Nous avons à cœur de défendre une société moins inégalitaire, à l’abri des ravages du climat et du modèle de développement qui les perpétue, et nous sommes déterminés à mettre l’ensemble de nos forces au service d’un mouvement durable pour la justice climatique.

Depuis près de deux ans nous préparons donc différentes mobilisations, dont une grande marche pour le climat à Paris le 29 novembre, en amont de l’ouverture du Sommet officiel, deux espaces de rencontres et de débats ouverts au grand public ainsi qu’une journée de mobilisation de masse à l’issue du Sommet, le 12 décembre.

Ces différents temps donneront à voir la diversité de nos approches tout en nous permettant d’élargir et de renforcer le mouvement populaire en faveur de la lutte contre le dérèglement climatique et ses causes.

Ils seront aussi l’occasion d’accueillir à Paris les dizaines de milliers de personnes venues du monde entier qui se sentent également concernées. Les Européens d’abord, pour lesquels le déplacement est le plus facile, mais également des représentants des pays du Sud, ceux qui sont aujourd’hui les plus affectés par la crise climatique.

Pour ouvrir ces larges espaces d’expression, nous avons besoin que le gouvernement réponde à nos demandes. Celles-ci sont simples : un trajet emblématique au cœur de Paris pour la marche du 29 novembre, des hébergements pour les dizaines de milliers de personnes qui convergeront vers la capitale, mais aussi des visas pour celles et ceux qui, venant des zones les plus impactées par le dérèglement climatique, souhaitent venir témoigner et participer à ce moment historique.

À ce jour, le gouvernement reste sourd à nos demandes. Nous l’appelons à traduire ses engagements en actes : à quelques semaines de l’ouverture de la conférence, ce silence compromet les conditions dans lesquelles des dizaines de milliers de représentants de la société civile mondiale vont participer à la mobilisation.

Pire, il fait douter de la sincérité du gouvernement lorsqu’il dit souhaiter une mobilisation citoyenne d’envergure sur le climat. Il n’y aura pourtant pas d’avancées majeures dans la lutte contre le dérèglement climatique et ses causes sans prise en compte des mouvements citoyens dans toute leur diversité.

Associations membres de la Coalition Climat 21 :

350.org, ACF – Action Contre la Faim, Actionaid, AderOC décroissance, Agenda 21 Afrique – A21A, Agir pour l’Environnement, AITEC – Association Internationale de Techniciens, Experts et Chercheurs, Agrisud, ALDER – Climat Energie, ACIPA, Alofa Tuvalu, Alternatiba, Altertour, Les Amis de la Terre, Les Amis d’Enercoop, les Assises musulmanes de l’Ecologie, Association Espace Vision, Artisans du Monde, Association des Médecins Français pour la Prévention de la Guerre Nucléaire – AMFPGN, Association des Populations de Montagnes du Monde, Association 4D, ATTAC, Attention Chantier, Avaaz, Bloom, Bizi !, Blue Energy, Brahma Kumaris, Campaign Against Climate Change, CARE, CARI, Collectif Mantois et Climat, Connected by Nature, CCFD- Terre Solidaire, CFDT – Confédération Française Démocratique du Travail, CGT, CLER – Réseau pour la transition énergétique, Coalition Eau, Collectif Roosevelt, Coordination Eau Île-de-France, Coordination SUD, Confédération Paysanne, Collectif pour une Transition Citoyenne, Collectif pour les droits des femmes, Chrétiens Unis pour la Terre, CREAQ – Centre Régional d’Eco-énergétique d’Aquitaine, CRID – Centre de Recherche et d’Information pour le Développement, CIWF France, CliMates, CISP, Coeur de Forêt, Comité de Solidarité avec les indiens des Amériques, CSP75, Désobéir, Droit humain France, EEUDF – Eclaireurs et Eclaireuses Unionistes de France, Effet de Serre Toi-Même Association, Emmaüs – France, End Ecocide on Earth, Eclaireuses et éclaireurs unionistes de France, Énergie Partagée, Fédération protestante de France, FNE – France Nature Environnement, Forum pour une Nouvelle Gouvernance Mondiale, Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Fondation Danielle Mitterrand – France Libertés, FSU – Fédération Syndicale Unitaire, France Amérique Latine, Geres, Green Cross France & Territoires, Greenpeace, Grand Orient de France, HNNE – Haute Normandie Nature Environnement, Humanité et Biodiversité, L’Heureux Cyclage, Institut Momentum, Jeunes Amis pour la Terre, J’aime le vert, Je vote pour le Climat, Justice et paix, LGBTI pour le Climat, Ligue des droits de l’Homme, Le mouvement de la Paix, Les Petits Débrouillards, LPO – Ligue pour la protection des Oiseaux, la Marche Mondiale des Femmes, Mouvement Utopia, le MRAP, MRES, Max Havelaar France, Nature Rights, Negawatt, The Noise, Oxfam France, Oui à la Transition, Oui Share, Our Voices, Pax Christi, Peuples solidaires, POC21, Plateforme pour le Commerce Equitable, RAC – Réseau Action Climat, REFEDD – Réseau Français des Etudiants pour le Développement Durable, Réseau Ecole et Nature, Réseau Féministe Ruptures, Réseau Foi & Justice Afrique – Europe, Réseau IPAM, Réseau Sortir du Nucléaire, Réseau Gubbio, Réseau Ecole et Nature, Respaix Conscience Musulmane, Ritimo, Scouts et Guides de France, Secours Catholique Caritas France, Semaine de la Solidarité internationale, Sciences Citoyennes, Solidarité Asso, Stop Gaz de Schiste ! (Ni ici ni ailleurs), Students for Climate, TACA – Taxe Carbone avec Redistribution, Association Terre et Liberté pour Arauco, Union Syndicales Solidaires, UNEF, VECAM, WWF, YMCA France, Zéro Waste France.

« Dix gestes pour le climat »

Dans la lutte pour le changement, l’un des plus gros soucis, si ce n’est le plus important, est la réduction de la cause à une démarche individuelle. Bien entendu, avoir une démarche correcte individuellement est fondamental.

Mais ce n’est pas une fin en soi, car pour changer les choses, il faut disposer de moyens immenses. Voici par exemple ce que propose le site gouvernemental consacré à la COP21 (petit rappel il y a un site alternatif ici).

Il s’agit de « dix gestes pour le climat », qui sont clairement présentés comme résolument corrects et ayant réellement un impact.

Or, c’est absolument faux. C’est à l’échelle de la société qu’il faut agir, pas simplement par des petites actions individuelles. Stopper la déforestation au Brésil ne peut pas dépendre de solutions « individuelles », mais bien de bouleversements des valeurs de la société elle-même.

On voit bien comment la condition animale en France est modelée par la course aux profits, et que sans changement global, on ne saurait aboutir à rien.

En fait, avec cette présentation des « dix gestes pour le climat », on réduit la cause écologiste à des « gestes », niant sa dimension générale. On réduit la question de l’engagement à quelques mesures individuelles, pendant que les gouvernements s’occuperaient du reste. Mais ce qu’il faut plutôt c’est que les gens contrôlent réellement le gouvernement et que des mesures générales soient prises à l’échelle de toute la société, qu’elles soient imposées.

On sait toutefois quel sera alors l’argument libéral : ce serait une écologie punitive. Et c’est indéniablement le cas, et en quoi serait-ce moralement faux? Alors qu’en plus c’est nécessaire!

Contre la COP21 : tous à Paname!

Voici l’appel de la mouvance « zadiste » parisienne à l’occasion de la COP21.

Contre la COP21 : tous à Paname!

Du 28 Novembre au 12 Décembre, nous nous mobiliserons à Paris contre la COP21. 195 chefs d’État, et un nombre incalculable d’industriels se réuniront pour décider de mesures inutiles afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. En fait, il s’agira de statuer sur la quantité de pollution raisonnable que les industriels pourront rejeter dans l’atmosphère. Les nouveaux quotas de CO2 ne sont qu’un nouveau moyen pour les pays riches de continuer à s’octroyer le droit de polluer impunément.
Nous ne laisserons pas ceux qui sont les seuls responsables du réchauffement climatique et de la marchandisation du vivant tenir leur énième mascarade tranquillement !

La seule solution pour régler ce problème est la fin du système capitaliste et productiviste, pas un sommet dans une zone militarisée.
Que toutes celles et ceux qui n’en peuvent plus de ce système mortifère, d’Europe et du monde, convergent vers Paris contre la COP21 !
De multiples manifestations et des rencontres auront lieu pendant la conférence. Venez avec vos propositions et votre volonté, pour créer ensemble, d’autres formes de vie en commun loin des diktats économiques.

Des lieux d’hébergement et d’accueil seront prévus, ainsi que les actions suivantes :

Samedi 28 Novembre : Convergence des convois des ZAD sur Paris.

Dimanche 29 Novembre : Manifestation

Du 29 Novembre au 12 Décembre : Diverses journées d’action.

Samedi 12 Décembre : Clôture et journée d’action.

Assemblée parisienne contre la COP21

COP21@riseup.net

Hulot lance une pétition appelant les chefs d’Etat à « oser »

A LTD, nous avons une approche très simple : il y a une bataille pour la planète. Si nous échouons, les générations futures nous regarderons avec un mépris gigantesque.

Et c’est bien parti pour être le cas. Il n’y a pas de mobilisation, pas de changement d’état d’esprit : l’égocentrisme prédomine complètement. L’écologie n’intéresse pas, sauf quand il s’agit de réformer le capitalisme pour le relancer. La COP21 aurait pu être l’occasion d’une grande prise de conscience : celle-ci n’aura lieu qu’après, au mieux.

Nicolas Hulot fait ce constat aussi, sauf que lui il n’est pas pour la libération de la Terre, il n’est pas vegan straight edge, il est simplement en mesure de faire des appels comme celui-ci sur son site internet :

« Je mange moins de viande… mais de meilleure qualité »

C’est en total décalage avec la réalité. Comme il le sait, il a réalisé une vidéo sur internet, dans un esprit de dérision, en utilisant des « stars » du net pour faire « jeune ».

C’est là un constat d’échec, une dernière tentative désespérée pour essayer de faire bonne figure. Mais cela ne fait que rentrer dans le jeu de la consommation générale dans la passivité, sans aucune réflexion sur ce qui est produit, comment c’est produit, par qui.

D’ailleurs, l’appel de Hulot n’est même pas pour un contenu réel, c’est simplement pour… une pétition s’adressant aux chefs d’Etat.

C’est dire l’esprit de démission : Hulot contourne le travail de fond chez les gens, car il ne croit pas aux peuples. Mais posons la question : où mène cet esprit de délégation, si ce n’est à la soumission aux grandes entreprises qui pillent la planète?

Le succès a été grand, avec 700 000 vues en une journée, et un serveur de la fondation Nicolas Hulot « dépassé », mais qu’en restera-t-il dans l’Histoire? Rien, cela sera anecdotique et condamné par les générations futures comme totalement décalé par rapport aux exigences de changement complet.

Voici le texte de la pétition, totalement anti-démocratique et dans un esprit de négation du changement total nécessaire : la libération animale, la libération de la Terre !

Signez l’appel aux chefs d’Etat !

Nous, citoyennes et citoyens du monde, appelons les responsables politiques des pays les plus riches et les plus émetteurs de gaz à effet de serre à enfin relever le défi climatique.

Chefs d’État, osez !

Osez reconnaître que la lutte pour le climat conditionne l’avenir de notre monde : la santé, l’économie, l’emploi, la solidarité et l’égalité, l’agriculture et l’alimentation, la paix.

Osez admettre que les engagements actuellement sur la table des négociations ne sont pas suffisants pour limiter le changement climatique à 2 °C, mais que vous pouvez changer la donne en revoyant à la hausse vos ambitions : le G20 compte pour trois quarts des émissions mondiales !

Osez en finir avec les beaux discours et les déclarations d’intention, avec la tentation de remettre à plus tard les décisions : agissez !

Osez vous astreindre à des moyens financiers, des indicateurs de contrôle, des réglementations et à des feuilles de route précises qui vous engageront dès aujourd’hui.

Dans tous les territoires du monde, les acteurs se mobilisent, chaque jour un peu plus. Conscients de la responsabilité de tous, nous nous engageons aussi personnellement, chacun à notre niveau. Mais cela ne suffira pas.

Vous, responsables politiques, avez une responsabilité historique.

La force de l’accord de Paris tiendra d’abord dans les mesures que vous mettrez en œuvre.

Nouvelles réglementations, prix du carbone, taxe sur les transactions financières, changement de modèle agricole… Ce qu’il faut faire est connu et ne dépend que de votre courage politique.

Chefs d’État, soyez à la hauteur. Entrez dans l’histoire. Osez !

Pour faire entendre votre voix et faire pression sur les chefs d’État, signez cet appel.

« La France se mobilise pour la COP21 »

Voici le communiqué officiel de lancement de la COP21, repris du site alternatif à ce sujet.

La France se mobilise pour la COP21

La France va présider et accueillir la 21e Conférence des Nations unies sur le climat du 30 novembre au 11 décembre. Pour témoigner de l’engagement et de la mobilisation de la France, le président de la République a réuni jeudi 10 septembre à l’Élysée les principaux acteurs de la COP21.

Tapis vert

Près de 400 invités du monde politique, associatif, culturel, les équipes en charge des négociations et de l’organisation de la COP ont répondu à l’invitation du président de la République, pour donner le coup d’envoi de la mobilisation. Pour l’occasion, le traditionnel tapis rouge sur le perron de l’Élysée a été remplacé par un tapis vert, couleur du logo officiel de la COP21.

Avant de s’installer, le président de la République François Hollande a parcouru l’exposition « 60 solutions face au changement climatique » de Yann Arthus Bertrand dont les panneaux ont été installés dans le couloir menant à la salle des fêtes. Le Premier ministre Manuel Valls a ensuite prononcé le discours d’ouverture insistant sur « les conséquences du changement climatiques déjà visibles » et sur le « rôle déterminant » de la France.

Évènement hors norme

La matinée a été rythmée par plusieurs séquences thématiques avec interviews, témoignages et clips. La vidéo en 3D du site de Paris-Le Bourget a été dévoilée en avant-première. À cette occasion, Pierre Henri Guignard, secrétaire général en charge de la préparation et de l’organisation de la COP21, a confié: « Organiser la COP est une aventure singulière, l’évènement est hors norme ». Puis Farha Derdar, actuellement en bac professionnel au lycée Nobel de Clichy-sous-Bois, qui sera en stage comme agent de liaison durant le COP, a parlé de l’action menée dans son lycée.

Pour démontrer l’urgence d’agir, des membres de la communauté scientifique (Gilles Lebœuf, spécialiste de la biodiversité, Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue…) ont, chacun dans leur domaine, défendu les raisons d’agir. Nicolas Hulot a tenu à partager sa rencontre avec une personne qui lui a dit: « À Paris, vous allez décider qui va vivre ou mourir ». L’envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète a invité à « sortir des mots » pour « entrer dans l’action ».

Mobilisation immense

La séquence « De la négociation à l’action : l’accord de Paris » a été marquée par l’intervention de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et futur président de la COP21 : « Nous avons une chance de parvenir à un accord. Nous n’avons pas le droit d’échouer » a-t-il insisté. Puis Laurence Tubiana, ambassadrice en charge des négociations, a fait part de son expérience des COP : « La prise de conscience des risques fait que cette COP ne ressemble pas aux précédentes. La mobilisation est immense, ça change le contexte » a-t-elle souligné. Trois organisateurs de la Conférence des jeunes (COY) sur le climat, qui aura lieu du 26 au 28 novembre à Villepinte, ont fait entendre la voix de la jeunesse.

La culture au cœur de la COP21

Autre temps fort : la mobilisation de la société civile autour de Ségolène Royal. La ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie a souligné l’exemplarité de la France avec la loi sur la transition énergétique. Avant de poursuivre : « « Sauver le climat, c’est sauver l’être humain ». A ses côtés, la navigatrice Catherine Chabaud qui a voulu « faire entendre la voix des océans et des littoraux » ; Lauranne Germond, présidente d’ArtCOP21, pour qui « les artistes ont un rôle à jouer pour mobiliser les citoyens sur le climat ; ou encore Adrien Suire, fondateur de la start-up Quivivo qui propose des solutions connectées pour la maison.

Le timbre officiel de la COP21 a été présenté en présence des cinq lauréats du concours, élèves à l’école de design de Saint-Étienne. Puis le président de la République a clos l’évènement : « Je me félicite de la mobilisation qui s’intensifie. La COP21 n’est pas une réunion internationale comme les autres. Ce n’est pas le point d’arrivée mais le point de départ. En avant la COP21 ! »

Sur un aspect de « Laudato si »

Le site « alternatif » sur la COP 21 a publié un nouvel article sur l’encyclique Laudato si, qui jouera malheureusement un si grand rôle en décembre. Le voici :

Jusqu’ici, le pape a exposé les motivations derrière cette encyclique et expliqué en quoi la religion était un moyen de faire face au réchauffement climatique et aux enjeux écologiques. Le troisième chapitre se nomme « La racine humaine de la crise écologique », il permet au pape d’exprimer sa vision du progrès et de la modernité, d’expliquer les risques et les perspectives que la technologie renferme, et enfin de s’attaquer à ce qu’il appelle « l’anthropomorphisme moderne ».

En ce sens, l’homme est nu, exposé à son propre pouvoir toujours grandissant, sans avoir les éléments pour le contrôler. Il peut disposer de mécanismes superficiels, mais nous pouvons affirmer qu’il lui manque aujourd’hui une éthique solide, une culture et une spiritualité qui le limitent réellement et le contiennent dans une abnégation lucide. (par. 1.5)

L’anthropocentrisme moderne, paradoxalement, a fini par mettre la raison technique au-dessus de la réalité, parce que l’être humain « n’a plus le sentiment ni que la nature soit une norme valable, ni qu’elle lui offre un refuge vivant. (par. 115)

La position du pape se veut équilibrée: pas foncièrement contre le progrès technologique, mais il insiste sur les dérives qui y sont liées, (de son point de vue).

De la même manière qu’aux premier et deuxième chapitres, il y a le même discours de fond: la seule perspective est la religion. Le discours se veut équilibré mais en réalité, il ne l’est absolument pas. Pour le pape, l’humanité a perdu ses repères et se comporte comme un dieu sur Terre, les dérives de la technologie et de la finance en sont deux des principales manifestations.

Il ne sert à rien de décrire les symptômes de la crise écologique, si nous n’en reconnaissons pas la racine humaine. Il y a une manière de comprendre la vie et l’activité humaine qui a dévié et qui contredit la réalité jusqu’à lui nuire. Pourquoi ne pouvons-nous pas nous arrêter pour y penser? Dans cette réflexion, je propose que nous nous concentrions sur le paradigme technocratique dominant ainsi que sur la place de l’être humain et de son action dans le monde. (par. 101)

Les critiques visant le « paradigme technocratique » sont pour le moins très tranchées et s’accompagnent d’une certaine vision du monde.

Il n’est pas permis de penser qu’il est possible de défendre un autre paradigme culturel, et de se servir de la technique comme d’un pur instrument, parce qu’aujourd’hui le paradigme technocratique est devenu tellement dominant qu’il est très difficile de faire abstraction de ses ressources, et il est encore plus difficile de les utiliser sans être dominé par leur logique. (par. 108)

Le paradigme technocratique tend aussi à exercer son emprise sur l’économie et la politique.L’économie assume tout le développement technologique en fonction du profit, sans prêter attention à d’éventuelles conséquences négatives pour l’être humain. Les finances étouffent l’économie réelle.(par. 109)

L’idée au final et que la technique n’est pas un instrument neutre, elle modèle la société pour répondre à ses intérêts propres. Ce développement est la conséquence d’une perte de repères, de spiritualité. Il convient alors de réguler et contrôler la technique. Ceci va de pair avec le mouvement d’une humanité qui reprend conscience de sa place sur Terre.

Au chapitre précédent, le pape tenait à montrer que la religion apportait des réponses et des respectives. Cette idée revient tout logiquement ici:

La culture écologique ne peut pas se réduire à une série de réponses urgentes et partielles aux problèmes qui sont en train d’apparaître par rapport à la dégradation de l’environnement, à l’épuisement des réserves naturelles et à la pollution. Elle devrait être un regard différent, une pensée, une politique, un programme éducatif, un style de vie et une spiritualité qui constitueraient une résistance face à l’avancée du paradigme technocratique. (par. 111)

Pour le pape, tout cela a une cause : anthropocentrisme moderne, un anthropocentrisme « dévié ». Dévié, car pour le pape le rôle de l’humanité est de prendre soin de l’ensemble de la Création, de la ramener avec elle vers Dieu. Il critique donc le « bio-centrisme », car ce n’est pas pour lui la réponse correcte: c’est une autre forme de déviation.

Un anthropocentrisme dévié ne doit pas nécessairement faire place à un “bio-centrisme”, parce que cela impliquerait d’introduire un nouveau déséquilibre qui, non seulement ne résoudrait pas les problèmes mais en ajouterait d’autres. (par. 118)

Avant de terminer, il y a deux paragraphes sur lesquels nous aimerions nous arrêter. Le premier évoque les tests sur les animaux.

Dans la vision philosophique et théologique de la création que j’ai cherché à proposer, il reste clair que la personne humaine, avec la particularité de sa raison et de sa science, n’est pas un facteur extérieur qui doit être totalement exclu.

Cependant, même si l’être humain peut intervenir sur le monde végétal et animal et en faire usage quand c’est nécessaire pour sa vie, le Catéchisme enseigne que les expérimentations sur les animaux sont légitimes seulement « si elles restent dans des limites raisonnables et contribuent à soigner ou sauver des vies humaines».

Il rappelle avec fermeté que le pouvoir de l’homme a des limites et qu’« il est contraire à la dignité humaine de faire souffrir inutilement les animaux et de gaspiller leurs vies ». Toute utilisation ou expérimentation « exige un respect religieux de l’intégrité de la création ». (par. 130)

Après avoir exposé et vanté son « écologie intégrale », rappelé que l’écologie ne doit pas oublier les plus pauvres, critiqué très violemment ce qu’il appelle le « paradigme technocratique »…après avoir été en quelque sorte un défenseur des pauvres et de l’environnement contre toutes les dérives modernes qui, selon lui, ont amené l’humanité et la Terre à cette situation, le pape tient exactement le même discours que l’industrie autour des expérimentations animales.

Il nous semble atypique de se dire écologiste et d’aborder la question des expérimentations animales avec autant de légèreté: car au-delà de la forme, il n’y a rien. Quel laboratoire va se vanter de faire « souffrir inutilement » des animaux ?

De faire des tests « pour le plaisir » ? De faire des tests sans aucune raison ? Aucun. Au contraire, toute la chaîne des entreprises qui « fournissent » les laboratoires en animaux aux laboratoires eux-mêmes aura pour principal argument que cela permet de sauver des vies.

Encore une fois, le pape semble mettre de côté toute une partie de la « création » dans son écologie « intégrale ».

Le deuxième paragraphe concerne l’avortement. Nous trouvons important de nous y arrêter car nous trouvons la manière d’aborder le sujet dérangeante. Tout comme pour les tests sur les animaux, le pape traite ce sujet en quelques lignes après en avoir consacré des dizaines au « paradigme technologique » ou à « l’anthropocentrisme dévié ». Il s’agit pourtant d’un sujet sensible et complexe.

Puisque tout est lié, la défense de la nature n’est pas compatible non plus avec la justification de l’avortement.

Un chemin éducatif pour accueillir les personnes faibles de notre entourage, qui parfois dérangent et sont inopportunes, ne semble pas praticable si l’on ne protège pas l’embryon humain, même si sa venue cause de la gêne et des difficultés : « Si la sensibilité personnelle et sociale à l’accueil d’une nouvelle vie se perd, alors d’autres formes d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent ». (par. 120)

La position de l’Église sur le droit à l’avortement est bien connue et on pourra arguer que le pape n’a pas besoin de s’exprimer davantage sur le sujet dans une encyclique sur l’écologie. Toutefois, un tel sujet ne peut être discuté sans le prendre entièrement en considération : l’embryon et la femme qui le porte.

Un des mots d’ordre de l’écologie « intégrale » du pape est de n’oublier personne. Pourtant ce paragraphe parle d’embryons mais pas des femmes, soit la moitié de l’humanité et première concernée par la question de l’avortement.

François Hollande sur la COP21 à la « Semaine des Ambassadeurs »

Hier, François Hollande a tenu un discours très important aux ambassadeurs, avec la « Semaine des Ambassadeurs ». C’est ni plus ni moins que la position de la France qui a été exposée après avoir été bien soupesée. On a déjà la ligne qui sera celle lors de la COP21 : on peut déjà s’en faire plus qu’une idée.

Voici l’extrait du discours qui traite donc de la COP21 en tant que telle, et on accordera une attention particulière aux allusions au soutien aux religions, ainsi qu’à l’énergie nucléaire, considérée comme « propre ».

Il ne s’agit pas non plus, parce que nous sommes un pays qui fabrique des armements et les exporte, d’abandonner nos convictions et nos principes. Les droits de l’Homme, la démocratie, la lutte contre la corruption sont en toutes occasions rappelés dans mes déplacements, par moi-même, par le Premier ministre, par les membres du Gouvernement. C’est ce qui fait que nous sommes un pays respecté, en position centrale, capable de parler avec tous.

C’est sûrement ce statut qui nous a valu l’honneur d’organiser la Conférence sur le climat.

C’est donc un défi majeur que de réussir ce rendez-vous. Les signaux positifs sont là, nous avançons. Les Etats-Unis ont présenté un plan courageux, le Président OBAMA s’est engagé personnellement pour la transition énergétique, l’économie bas carbone. Le Premier ministre chinois a annoncé depuis Paris, dans cette salle même, une contribution sérieuse de son pays à la réduction des émissions de CO2.

L’Europe a pris des engagements qui correspondaient aux objectifs qui étaient les nôtres. La loi sur la transition énergétique a été regardée comme un texte exemplaire. Au moment où je m’exprime, 56 pays représentant plus de 60 % d’émissions de gaz à effet de serre ont soumis leur contribution. J’appelle tous les autres, il y en a encore beaucoup, à le faire.

Il y a également l’expression des consciences, et la voix du Pape a été particulièrement entendue à travers son encyclique. Qu’il puisse venir à l’assemblée générale des Nations Unies pour rééditer son appel est un appui important.

Il y a également la mobilisation de beaucoup d’acteurs, organisations non gouvernementales, nous n’avions pas de doutes à ce sujet.

De grandes associations, sociétés civiles, mais également les collectivités locales, nombreuses, ont pris l’initiative. Les entreprises sont conscientes maintenant que ce sera un enjeu pour leur compétitivité ou pour leur avenir.

Cette mobilisation a produit des résultats, mais ils ne sont pas suffisants. Il ne faut rien relâcher. Je sais les efforts de Laurent FABIUS pour aller partout où cela est nécessaire. Ségolène ROYAL est également allée en Afrique, les ministres sont pleinement engagés, et je sais qu’ici, notre réseau d’ambassadeurs a la volonté de convaincre et d’informer.

Je me rendrai moi-même à Pékin au début du mois de novembre, pour travailler avec le Président chinois à une nouvelle avancée.

J’irai également à Séoul. Séoul, où siège le Fonds Vert, car nous savons que la question des financements va être essentielle. En ce qui concerne la négociation elle-même, les coprésidents du groupe de travail chargés de présenter le projet d’accord ont soumis le 24 juillet un texte, mieux structuré, resserré, qui permettra d’avoir une discussion lors de la session qui va s’ouvrir à Bonn dans quelques jours. Voilà, nous avançons.

Je l’ai dit, le plus difficile reste à venir, c’est-à-dire l’accord lui-même. Nous devons donc accélérer. Lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, nous voulons, avec le secrétaire général Ban KIMOON, qui sera avec nous aujourd’hui, organiser une réunion de chefs d’Etat et de Gouvernement permettant justement de créer la mobilisation et de donner l’impulsion nécessaire. L’objectif n’est pas de nous substituer à la négociation elle-même mais de fixer le niveau d’ambition globale et les moyens pour y parvenir.

A la Conférence de Paris, j’ai pensé que le mieux était d’inviter les chefs d’Etat et de Gouvernement au tout début de la Conférence, pas à la fin. A la fin, il est parfois trop tard et même leurs incantations ne suffisent plus à convaincre et à conclure.

Cela sera donc au début de la conférence, c’est l’expérience que nous avons tirée de Copenhague. Je connais néanmoins les obstacles qui sont encore devant nous. D’abord, de nombreux de pays en développement ou émergents s’inquiètent des effets de la lutte contre le changement climatique par rapport à leur propre croissance. Nous devons donc les rassurer et leur apporter tout de suite des solutions technologiques, notamment pour l’énergie.

Nous devons démontrer que les solutions existent pour concilier tous les objectifs. Avec l’Inde par exemple, nous avons mis en place un plan pour le solaire, parce que nous savons que ce grand pays veut faire du solaire sa priorité. Nous avons également, avec l’Afrique un grand plan sur les énergies renouvelables. Nous devons aussi écouter les pays vulnérables.

Il y a quelques mois, nous étions aux Philippines, avec Nicolas HULOT, dont je salue l’inlassable engagement. Nous avions justement voulu adresser un appel, l’appel de Manille, pour montrer que ces catastrophes peuvent d’abord toucher les pays les plus vulnérables, mais que tous les continents sont concernés.

Je suis également allé dans le Pacifique, dans les Caraïbes, pour porter le message des Etats insulaires pour lesquels la Conférence de Paris n’est pas une négociation comme les autres, parce que c’est de leur propre avenir, dans dix ans ou dans vingt ans, qu’il est question. Si nous voulons réussir Paris, il faudra des engagements politiques sans doute, un accord, il y faudra des financements. C’est là que nous devons mobiliser toutes les solutions et les énergies. Cent milliards de dollars pour 2020.

C’était déjà une promesse qui n’a pas été tenue, cela doit être maintenant une obligation. C’est absolument indispensable pour qu’il y ait un accord. Sans les cent milliards, il n’y aura pas d’accord à Paris. Parce que ces sommes-là sont absolument indispensables pour les efforts d’adaptation et pour les transferts de technologies.
Nous avons également eu le Sommet d’Addis-Abeba, qui a été, là aussi, un moment important pour le financement du développement. Là aussi, il y aura des effets pour la Conférence de Paris.

A un peu moins de cent jours de la COP21

Nous sommes à un peu moins de cent jours de la COP21 qui se déroulera à Paris ; déjà commence l’escroquerie sur la question de la réduction des effets de serre, en procédant à un jeu sur l’année de référence (1990 ou 2005), comme le constate le site conference-paris-climat-2015.fr

Pour l’instant, il n’y a guère de mobilisation, à part du côté des institutions (pour le prestige) et des associations institutionnelles qui entendent marquer le coup (pour le prestige).

Ce qui est mis en place est vain et relève pratiquement du « charity business ». Il y a un mois, il y avait par exemple eu le « Sommet des Consciences », organisé par Nicolas Hulot le 21 juillet, avec 40 « personnalités », artistes, prix Nobel, figures religieuses, etc., tous ayant signé l’appel, avec des explications très souvent ultra-religieuses.

Sera-t-on étonné de trouver parmi les soutiens à cette initiative le groupe Bayard (éditant notamment La Croix) et l’ARC (alliance pour les religions et l’environnement)?

Dans son discours à cette occasion, François Hollande a souligné cette dimension mystique, conservatrice, avec un soutien ouvert aux religions:

« Nous avons besoin de tous pour parvenir à ces accords. Nous avons besoin des chefs d’Etat et de gouvernement qui représentent la légitimité, besoin des acteurs locaux qui s’engagent, besoin des entreprises ; mais nous avons aussi besoin des citoyens du monde. Nul ne peut prétendre les représenter. Ils sont eux-mêmes uniques et multiples : des milliards d’individus qui s’interrogent sur ce qu’est la destinée humaine.

D’une certaine façon, c’est vous qui les représentez. Ils se reconnaissent dans les convictions que vous portez, dans les cultes que vous pratiquez, dans les philosophies que vous partagez, dans les cultures que vous incarnez. (…)

Lorsque Nicolas HULOT m’a suggéré d’organiser un Sommet des consciences pour le climat, il m’avait dit qu’il s’agissait d’en faire un moment de pause, – nous y sommes – de réflexion, – je l’espère – en amont de la Conférence sur le climat de décembre prochain pour répondre à une crise de civilisation qui ne dit pas son nom.

Lui-même avait souhaité que les autorités morales et religieuses puissent venir aider les Etats, ce n’était pas une proposition simple dans un pays comme la France, laïque, et qui considère que c’est le temporel qui doit l’emporter sur le spirituel, mais c’est une conception qui n’est pas la bonne de la laïcité. La laïcité, c’est de permettre justement à toutes les convictions, à toutes les religions, à toutes les philosophies, aux croyants comme aux non croyants, de participer à la réflexion commune.

Je vous remercie d’avoir accepté cette invitation, pour nous aider à retracer un chemin dans un monde caractérisé par une profusion de science et, comme le disait Nicolas HULOT, un déficit de conscience.

C’est dans cet état d’esprit aussi que j’ai lu l’Encyclique du Pape François, qui propose à tous les êtres humains d’entrer en dialogue avec tous, en ce qui concerne notre maison commune. Ce texte cite les précieuses réflexions conduites par d’autres religions sur le thème de l’écologie, et il rend aussi hommage à votre contribution cher Patriarche Bartholomée, qui m’avez accompagné aux Philippines il y a peu.

Plus récemment, François Hollande a commencé son opération visant à montrer que lui est pour un accord, mais que celui-ci va être difficile, voire impossible, malgré la « bonne volonté » française. Il y a deux jours, voici ce qu’il a dit dans ses Propos conclusifs de la table ronde à l’Institut national de l’énergie solaire (INES) de Bourget-du-Lac :

« Un mot sur l’exportation, parce que c’est très important. Si nous avons un accord sur le climat – et nous devons le rechercher – , mais quoi qu’il arrive, même si nous n’en n’avions pas, ce qui serait une catastrophe, l’enjeu est d’être capable de proposer à beaucoup de pays, qui vont s’engager dans la transition énergétique, des solutions. S’il y a un accord sur le climat cela ne sera pas simplement un accord sur des règles, sur des mécanismes – ce sera déjà un acquis – ce sera aussi un accord sur les financements. »

Demain commence la « Semaine des ambassadeurs », où François Hollande posera définitivement la ligne « diplomatique » française à ce sujet…

A ce titre, lors d’une conférence de presse sur la loi de transition énergétique, la ministre de l’Ecologie, de l’Environnement et du Développement durable Ségolène Royal s’est montrée confiante… non pas tant pour les résultats de la COP21, que surtout pour son déroulement, en soulignant l’implication française

« J’ai confiance, je suis optimiste sur le bon déroulement de la préparation de la conférence sur le climat, de sa finalisation. (…) Contrairement à ce qu’il s’est passé lors des précédents sommets, vous voyez les chefs d’Etat et de gouvernement qui s’impliquent personnellement et c’est comme ça que ça peut marcher. »

En attendant, Ségolène Royal a surtout fait rire pour son communiqué sur twitter d’un vocabulaire franco-anglais plutôt douteux pour quelqu’un censé avoir des responsabilités de ce niveau:

« Congratulations to président OBAMA for his engagement before Paris #COP21. French parlement adopted transition energetique bill. »

Mais c’est anecdotique, tout comme l’annonce par le secrétaire du Parti Socialiste Jean-Christophe Cambadélis au sujet de l’université d’été socialiste se déroulant dans quelques jours :

« La star, ce sera la COP 21! (…) On va vivre une université d’été extrêmement écolo, l’heure de la social-écologie a sonné. »

Autre chose anecdotique, l’initiative occupy.paris d’EELV. Il s’agit d’une application qui ne sert strictement à rien, où l’on peut cliquer pour « occuper » symboliquement Paris. Si ce n’est pas de l’orchestration au service du gouvernement et pour « buzzer », c’est quoi? C’est aberrant d’avoir un contenu aussi vide.

Voici la présentation officielle:

EELV lance aujourd’hui un outil décisif : «occupy.paris», portail qui vous permet d’occuper symboliquement Paris où se tiendra la COP 21 et prouver à l’ensemble des chefs d’Etats que nous sommes les 99% seuls à même de sauver le climat, voire l’avenir de l’humanité.

Pour participer, rendez-vous sur le site ou tweeter votre message (un tweet générique vous est proposé) avec le hashtag #OccupyParis qui vous permettra d’apparaître sur la carte. Soyons le plus nombreux alors même que le 29 novembre prochain se tiendra à Paris la grande marche mondiale pour le climat rassemblant des millions de citoyens de tous les pays.

Occupez symboliquement Paris, pour sauver la planète et faire entendre votre voix !

Voici également l’appel pour cette « marche du 29 novembre », diffusé par le site Avaaz.

Participez à la Marche Mondiale pour le Climat

Un scientifique de renom vient de s’effondrer en pleurs pendant une interview sur la pollution due au carbone. Il décrivait un futur sombre où les océans mourraient. Que son cauchemar devienne ou non réalité ne dépend que de nous.

Le sommet sur le climat le plus important de la décennie aura lieu dans quatre mois exactement, et nos dirigeants pourraient décider d’y adopter un objectif révolutionnaire pour éradiquer les énergies fossiles. Cette solution pourrait nous épargner une catastrophe climatique et alerter les responsables politiques, les dirigeants d’entreprises et les marchés que l’ère des énergies fossiles est terminée. Nous ne gagnerons pas facilement, mais si nos dirigeants comprennent combien ce mouvement est puissant, nous pouvons l’emporter.

L’année dernière, notre mouvement a participé à la plus grande mobilisation pour le climat de l’histoire lors de la Marche Mondiale pour le Climat. Le 29 novembre prochain, quelques heures avant que les dirigeants n’arrivent à Paris pour le Sommet sur le climat, il nous faudra être encore plus nombreux!

Cliquez ci-contre pour dire: “Je participe” à la Marche Mondiale pour le Climat de cette année! Avaaz se mettra en contact avec vous par téléphone ou par email pour vous donner des informations au sujet de cet évènement.

Y aura-t-il dans cette manifestation un « bloc » en faveur de l’écologie radicale? Pour l’instant, on en est très loin. C’est surtout parti pour une manifestation folklorique d’associations institutionnelles, avec des « anticapitalistes » qui vont raconter que le capitalisme détruit la Nature, ce qui est vrai, mais sans qu’eux-mêmes ne se préoccupent sincèrement de la Nature….

Mais cela ne changera rien au fait que les mentalités vont changer en profondeur, et que la demi-mesure ne pourra pas empêcher une prise de conscience essentielle.

L’appel de Manille

Le show de François Hollande ne fait que commencer que déjà sa vanité éclate au grand jour. Voici le document intitulé l’appel de Manille, lue par… l’actrice Marion Cotillard. On peut voir la vidéo ici, voici le document lui-même, suivi du contenu d’une déclaration de François Hollande juste après.

Comme il se doit, et c’est terriblement révélateur, on ne trouve pas les mots « animal », « animaux », ni « Nature », dans ce dernier cas on n’aura juste… « catastrophes naturelles ». Tout est vu par le prisme de l’anthropocentrisme.

Appel de Manille à l’action pour le climat

1. Nous, chefs d’État de la République des Philippines et de la République française, et personnalités de différents pays déterminés à agir pour le climat, réunis à Manille aujourd’hui, désirons rappeler à la communauté internationale, à l’ensemble des acteurs et à l’opinion publique mondiale qu’il est urgent de lutter contre le changement climatique de manière sérieuse, efficace et équitable.

2. À moins d’un an de la 21ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21) qui se tiendra à Paris en décembre 2015 et dont les résultats concerneront la vie de milliards de personnes, nous appelons la communauté internationale à conclure un accord ambitieux, équitable et universel sur le climat, qui soit conforme aux recommandations scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, afin de préserver notre planète pour permettre aux générations futures d’y vivre. À Manille aujourd’hui, nous espérons que nous écrirons ensemble l’Histoire à Paris en décembre et que nous ne nous contenterons pas de la regarder se dérouler en simples spectateurs.

3. Nous appelons à agir pour le climat.

4. En nous réunissant aux Philippines où la population a subi une série sans précédent d’événements climatiques extrêmes ces dernières années, nous prenons conscience que les pays en développement, qui ont le moins contribué au changement climatique, sont ceux qui souffrent le plus de ses effets. Certes, nous sommes confrontés à des menaces analogues et nous partageons les mêmes faiblesses, mais nous disposons aussi d’atouts et de moyens différents pour relever ces défis. Cependant, nous croyons qu’il est possible de réduire nos vulnérabilités et notre exposition aux aléas du climat. La population philippine a fait preuve d’une extraordinaire résilience à cet égard.

5. Nous appelons à la solidarité et à la justice face au changement climatique.

6. Nous avons besoin d’un accord négocié et accepté par tous et pour tous, qui tienne compte de toutes les différences de situation et fasse converger diverses perspectives pour accélérer l’action collective. Nous avons besoin d’un accord pour réduire les émissions, créer des opportunités économiques et nous doter des moyens de gérer les risques associés qui sont déjà prévisibles dans un avenir proche.

7. Nous appelons à coopérer face au changement climatique.

8. La croissance économique, le développement durable et la lutte contre la pauvreté sont des objectifs qui doivent et peuvent être atteints ensemble. Mais assurer un accès équitable au développement durable pour tous nécessitera de disposer de moyens de mise en oeuvre accrus.

9. Nous appelons à la solidarité financière et technologique.

10. Considérant que nous atteignons le point de non-retour en matière de changement climatique et que nous devons passer des intentions à l’action, nous appelons solennellement :

A) tous les États à travailler concrètement et rapidement pour lutter contre le changement climatique, en particulier contre ses impacts, et nous les invitons à présenter leurs contributions prévues déterminées au niveau national, en fonction de leurs situations et capacités nationales respectives ;

B) les pays développés et les pays en développement capables et désireux de le faire, à fournir aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables des moyens de mise en œuvre adéquats pour les aider à se transformer en territoires résilients et en économies sobres en carbone ;

C) tous les acteurs, les États, les collectivités territoriales, les entreprises, le secteur privé, la société civile, les organisations non gouvernementales, les universités et les citoyens à jouer pleinement leur rôle dans la lutte contre le changement climatique et en particulier contre ses effets, et la réduction des risques de catastrophes naturelles liées au climat, par des efforts individuels ou des initiatives en coopération; et,

D) chacun à diffuser cet appel et à faire prendre conscience de la nécessité d’agir rapidement et partout, et de parvenir à un accord mondial sur le climat en décembre à Paris.

Déclaration à la suite de l’appel de Manille

LE PRESIDENT : L’appel a été lancé et je remercie la sénatrice et Marion COTILLARD de l’avoir prononcé. Nous sommes en effet réunis ici, tous ensemble, responsables politiques, dirigeants de grandes organisations internationales, personnalités économiques, culturelles, universitaires, pour convaincre le monde, pour mobiliser les opinions publiques.

Je remercie Nicolas HULOT d’avoir pris cette initiative parce que si nous voulons réussir en décembre prochain, il faudra que les diplomates soient au meilleur ; ils le sont. Il faudra que les instances de l’ONU puissent accompagner ce processus ; elles y sont prêtes. Il faudra que nous puissions avoir avec les dirigeants de la planète les explications nécessaires, de manière à ce que les engagements soient pris. Mais il faudra aussi et surtout la mobilisation de l’opinion publique. C’est le sens de cet appel.

C’est un appel qui se fait ici, à Manille. Manille qui est, aux yeux du monde, un symbole de souffrance et d’espoir. La souffrance, c’est celle qu’ont vécue hélas les victimes des typhons, des tsunamis, des catastrophes, des tremblements de terre. Ce sont des centaines de milliers de Philippins qui ont été déplacés. La souffrance, c’est celle aussi que beaucoup imaginent avec la montée des eaux, la disparition des îles, l’augmentation et l’intensité même des tempêtes. Mais il y a l’espoir qui est aussi ici, à Manille. Espoir d’un peuple qui résiste, qui lui aussi face à l’épreuve, se soulève, se redresse et s’organise. C’est pourquoi nous voulions que ce soit à Manille que l’appel puisse être lancé.

Quel est le sens de cet appel ? C’est de pouvoir conclure à Paris, lors de cette conférence sur le climat, un accord général et contraignant, pays par pays, pour assurer que le monde ne connaîtra pas un réchauffement qui l’exposerait à des catastrophes encore bien plus considérables que celles que nous avons connues.

Il y fallait une voix, la vôtre, Monsieur le Président AQUINO, votre voix telle que je l’ai entendue lors des sommets internationaux, à l’ONU, où vous avez dit que nous pouvions tous faire quelque chose, prendre notre part, jouer notre rôle. Il fallait aussi des voix multiples, celles qui sont entendues ici. Il y fallait la voix française parce que la France, et c’est son honneur, c’est aussi son devoir, sait prendre lorsque c’est nécessaire ses responsabilités. Nous l’avons montré dans d’autres circonstances, face à d’autres épreuves.

Quel est maintenant le sens de cet appel ? C’est un appel à la justice. L’appel de Manille, c’est pour que le monde soit plus juste, entre les pays développés et les pays fragiles, entre les pays riches et les pays pauvres, entre les générations aussi, celles qui ont eu tout le temps, tout le loisir pour prélever des ressources sur la planète mais qui maintenant ont le devoir d’agir pour que leurs enfants, leurs petits-enfants puissent vivre, vivre tout simplement sur cette planète.

La justice, c’est aussi de permettre que tous les progrès de la science, de la technologie, de l’imagination humaine, de l’économie soient au service de la construction, de la préservation, de la réparation, de la prévention et non pas de la destruction. C’est la raison pour laquelle une alliance doit être conclue entre toutes les forces. Les forces des Etats, les forces économiques, les forces associatives, les forces culturelles pour que nous puissions faire vivre l’appel de Manille.

L’appel de Manille, c’est aussi l’imagination. C’est notamment à travers le Fonds vert, les financements innovants, tout ce qui peut permettre de capter, de mobiliser des ressources pour les mettre au service du développement. L’appel de Manille, c’est un appel à l’invention parce que la lutte contre le changement climatique, qui est à la fois une obligation, c’est aussi une opportunité, puisque ça va nous permettre d’inventer une croissance nouvelle, une croissance verte.

Nous allons être meilleurs. Meilleurs parce que nous sommes contraints de l’être ; meilleurs pour les énergies renouvelables ; meilleurs pour stocker de l’énergie ; meilleurs pour organiser nos villes, pour assurer nos déplacements ; meilleurs pour inventer des technologies zéro carbone ; meilleurs pour organiser notre fiscalité ; meilleurs pour même établir une concurrence entre les entreprises avec un prix carbone. C’est l’agenda des solutions qui sera finalement l’expression de notre invention.

Enfin, l’appel de Manille c’est un appel à la promotion d’un monde nouveau parce que ce qui est en cause, c’est un nouveau mode de développement plus juste, plus respectueux. C’est un monde où nous puissions nous dire que ce que nous faisons est utile, un monde où chaque pays prendra ses responsabilités en fonction de ses propres capacités, un monde où une solidarité nouvelle pourra voir le jour entre pays riches et pays émergents. Beaucoup ont, à un moment dans leur démarche politique, imaginé un monde nouveau. Ils n’ont pas toujours construit un monde meilleur mais celui que nous avons à l’esprit, c’est un monde vivable, c’est un monde humain et c’est ce qui nous permet de nous rassembler.

C’est LEVI-STRAUSS qui disait que « l’arc-en-ciel des cultures humaines aura fini de s’abîmer dans le vide creusé par notre fureur ». Il faut mettre un terme à la fureur et il faut mettre, dans le ciel, l’arc-en-ciel des cultures humaines. Ce monde, si nous le voulons, il sera dessiné à Paris dans trois cents jours. J’appelle donc les chefs d’Etat et de gouvernement à tout mettre en œuvre pour conclure un accord en décembre. J’appelle les forces de la jeunesse, les citoyens mais aussi les acteurs économiques, les artistes, les universitaires, à s’engager, à s’organiser pour nous élever, pour porter une cause qui peut tous nous rassembler.

Face à l’Histoire, il y a ceux qui la regardent, qui la contemplent, et il y a ceux qui la font. Aujourd’hui, il nous faut l’écrire. Ce sera à Paris dans trois cents jours.

« La question du changement climatique sera bel et bien au cœur de l’année 2015 »

Voici le dernier éditorial du média alternatif consacré à la conférence de l’ONU sur le climat qui se tiendra à Paris à la fin de l’année,  et qui appelle aux contributions pour informer, analyser et critiquer.

La question du changement climatique sera bel et bien au cœur de l’année 2015.

Les propos de François Hollande à l’occasion de ses vœux du 31 décembre où lors de son passage dans la matinale de France Inter démontre sa volonté à faire de la Conférence Paris Climat 2015 une pièce maîtresse de son quinquennat.

Cependant, à écouter ses propos hésitants sur la question, à lire sa détermination à concrétiser le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à voir ce qui a été fait jusque là en matière d’écologie en France, avec cette notion d’ « écologie non-punitive » qui revient sans cesse, difficile de ne pas voir dans ses propos contradictions et opportunisme.

Mais le président de la république Français n’est pas le seul à vouloir utiliser le changement climatique et la Conférence sur le Climat pour engranger des points.

Le Pape François s’empare également de la question dans sa grande campagne pour la « modernisation » de l’Église Catholique, largement relayé en France avec notamment la Conférence des évêques de France et en août les Assises Chrétiennes de l’Écologie.

Évidemment la tendance est à l’anthropocentrisme, passant sous silence la nature, les animaux, pourtant souvent premières victimes des effets du changement climatique.

Face à ces tentatives d’endormir, de détourner, d’accaparer le débat il est plus important que jamais, alors que 2014 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, de faire de la lutte contre le réchauffement climatique une cause largement populaire et démocratique. Cela ne doit pas être une affaire d’experts et de décideurs.

« Une année de kairos pour l’avenir de la planète et de l’humanité »

En prévision de la future conférence de l’ONU sur le climat, la Conférence des évêques de France a publié un document de travail, alors que l’Eglise catholique organise en août des Assises Chrétiennes de l’Ecologie, à Saint-Etienne. De leur côté les protestants ont publié un ouvrage appelé « Les changements climatiques« .

Voici des extraits du document des évêques de France, qui montre comment l’Eglise va utiliser la conférence pour promouvoir ses fins. Le grand risque pour elle est une vague d’athéisme provoqué par la reconnaissance de Gaïa comme lieu de vie où tout est inter-relié.

Afin de préserver l’anthropocentrisme, l’Eglise met donc en avant le « bon moment », le « moment opportun », c’est-à-dire la capacité qu’aurait l’être humain à intervenir en toute intelligence, de par la puissance du libre-arbitre, etc.

A cela est ajouté une pincée de doctrine sociale de l’Eglise, un soupçon de millénarisme, une larme de tiers-mondisme, un brin de critique de la « société de consommation »… Le tout afin de nier la Nature et de ne surtout pas parler des animaux.

Entre ça et la ZAD, on assiste à une affreuse montée en puissance de la critique « spirituelle » de la société de consommation, en mode « avant c’était différent », typiquement dans l’esprit des années 1930.

Le tragique qui ouvre un nouveau possible

Le défi auquel est aujourd’hui confrontée la communauté internationale peut être mis en résonance avec une figure majeure de la tradition chrétienne : le kairos.

Cette notion grecque renvoie à une expérience particulière du temps, celle du « moment opportun ». Il s’agit d’un instant de grâce où tout peut basculer, mais cette ouverture au radicalement nouveau est toujours précédée d’un événement tragique.

Le kairos dit cette conjonction paradoxale entre la mort et la vie, entre la perte et le nouveau possible. Les récits bibliques qui parlent du kairos illustrent bien ce paradoxe. Les évangiles utilisent ce mot au moment où Jésus sort de l’anonymat et commence sa vie publique. Un événement tragique est associé à ce début : la décapitation de Jean-Baptiste.

Plus tard ce seront les disciples de Jésus qui partiront proclamer l’Evangile dans le monde entier, et encore une fois c’est la mort en croix de Jésus et l’expérience qu’ils font de sa résurrection qui en constitue l’évènement déclencheur. Au moment où la réalité sombre dans le désespoir, le kairos désigne l’émergence d’un radicalement nouveau. Le dérèglement climatique pourrait être un kairos pour nos sociétés contemporaines.

Nous vivons en effet, la fin d’une époque et d’un modèle : le changement climatique en est le signe. Le modèle sur lequel les sociétés se sont développées est celui de la croissance économique et de la prospérité partagée. L’imaginai
re de vie bonne de ce modèle de développement est fondé sur l’idée d’une production et d’une consommation en augmentation permanente.

Or, ce modèle qui a permis une amélioration sans commune mesure des conditions de vie, notamment dans les pays dits développés, se révèle aujourd’hui inviable à cause de l’épuisement et de la dégradation des ressources naturelles qu’il a provoqués.

Les risques de mort associés au réchauffement climatique en sont la preuve. Serons-nous capables d’inventer une autre forme de développemen t et de dresser un autre imaginaire de la vie bonne ? Saurons-nous « choisir la vie » entre vie et mort, entre bénédiction et malédiction, comme nous y invite le livre du Deutéronome (Dt, 30, 15-20)?

Un signe d’espoir

Un signe des temps encourage à répondre positivement à cette question : cette même année 2015 où aura lieu la COP21, arrivent à échéance les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), définis de commun accord en l’an 2000 par tous les pays des Nations Unies. Certains de ces objectifs ont été atteints, notamment celui de réduire de moitié la pauvreté extrême (les personnes qui vivent avec moins de 1,25 dollars par jour) au niveau mondial.

Ce résultat constitue un signe d’espoir : la pauvreté n’est pas une fatalité et son éradication est possible. Mais cette pauvreté reste pourtant très concentrée dans certaines régions du monde (notamment le continent africain) : la pauvreté mondiale s’est réduite mais l’inégalité entre les pays et à l’intérieur même de chaque pays s’est accentuée. Ces résultats porteurs à la fois d’espoir et de déception sont à la base des négociations internationales actuellement en cours, visant à définir de nouveaux objectifs en faveur du développement pour les 15 ans à venir.

Or, cette convergence dans la même année de la conférence sur le climat et de la reformulation des OMD pour les années à venir, constitue une opportunité pour articuler d’une manière nouvelle la question écologique avec la que
stion économique et sociale. Cette coïncidence au niveau du calendrier renforce les conditions pour faire de l’année 2015 une année de kairos pour l’avenir de la planète et de l’humanité.

D’au tant plus que les OMD vont très probablement être re-baptisés « Objectifs du développement durable » et qu’ils auront un caractère universel, c’est-à-dire qu’ils ne concerneront pas seulement les pays les moins avancés, mais la totalité des pays, qu’ils soient riches ou pauvres. Une chance historique pour redéfinir le développement comme un modèle porteur de vie pour la famille humaine universelle.

La contribution de la foi chrétienne

L’Eglise veut participer et contribuer à ce changement d’époque avec ses ressources propres. Les défis auxquels la planète et l’humanité sont au jourd’hui confrontées touchent les fondements même de la foi chrétienne : l’espérance
face à l’avenir, l’universalité du bien commun, et la solidarité comme socle du vivre ensemble.

Nous reprenons chacun de ces trois fondements en précisant à chaque fois les termes du kairos, c’est-à-dire le tragique constaté et le nouveau possible qui commence à se dessiner, par rapport à chacun des trois domaines concernés : la représentation de l’avenir, du bien commun et du vivre ensemble.

L’espérance face à l’avenir

La crise – écologique, économique et sociale – trouble notre regard sur l’avenir qui apparaît aujourd’hui bouché et menaçant. Le développement n’est pas seulement compromis au Sud, il l’est également au Nord. Un monde est en train d
e s’écrouler : celui qui pensait le développement comme croissance infinie.

L’humanité fait face à l’expérience angoissante de sa finitude. Sommes-nous capables aujourd’hui de faire entendre à nos contemporains une nouvelle promesse d’avenir ? Comment parler d’infini dans un monde fini ?

L’espérance chrétienne est fondée sur une idée de promesse qui n’est pas celle d’un but prédéfini à atteindre, mais celle d’un appel qui met en marche vers un meilleur possible. L’image de la « terre promise » qui va mettre en marche le peuple de Dieu premièrement derrière Abraham, et ensuite derrière Moïse, illustre bien cette idée d’une promesse qui met debout et en chemin vers un avenir meilleur mais dont on ne connaît pas la forme concrète qu’il pourra avoir.

Aujourd’hui c’est le moment opportun pour dessiner à nouveau cet imaginaire de la « terre promise » et d’un développement qui pourrait être porteur de vie « pour tout l’homme et pour tous les hommes ». Un nouveau style de vie qui mobilise une autre manière de consommer et de produire, de se déplacer et d’habiter l’espace est déjà en
construction.

Une autre expérience du temps qui valorise la lenteur et le long terme plutôt que l’immédiateté et le court-termisme est envisageable. Une nouvelle représentation de « la vie bonne » est aujourd’hui à construire : une vie qui assure à chacun la possibilité d’être reconnu comme co-créateur et pas seulement comme consommateur.

François Hollande : « je dis il y a urgence »

Voici de nouveau un article du site ayant ouvert pour informer de manière (critique) sur la conférence sur le climat de Paris en décembre 2015, parce qu’il serait dommage de ne pas informer sur la continuité de la projection de poudre aux yeux qui est en train d’être faite (avec la complicité de Duflot et d’EELV comme on l’a vu hier).

François Hollande a déclaré ce matin, sur France Inter, vouloir instaurer d’ici 2017 une taxe sur les transactions financières européennes qui « devrait être mise au service du climat, de la lutte contre le réchauffement climatique » afin notamment de financer le « fond vert » qui a été fixé à 100 milliards de dollars pour 2020 lors de la dernière Conférence sur le climat, à Lima.

Une telle déclaration est d’autant plus étonnante qu’en décembre dernier s’est tenue une réunion des ministres des finances des 11 pays qui devaient s’entendre sur les bases d’une telle taxe (appelée taxe Tobin). Or, c’est le ministre français Michel Sapin qui a bloqué le processus en ne proposant qu’un accord a minima.

Il ne fait pas de doute que la Conférence Paris Climat 2015 en fin d’année est une date clef pour François Hollande qui décide donc de prendre un virage « écologique ». Notons que cela ne l’empêche d’ailleurs pas, dans la même matinée, de confirmer qu’une fois tous les recours en justice épuisés, le chantier de l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes sera bel et bien lancé.

Voici la totalité des déclarations de François Hollande, au micro de France Inter, à propos du climat et de la Conférence Paris Climat 2015.

« Qu’est ce qu’on va faire de cette taxe [sur les transactions financières européennes, NDLR] ? C’est pas simplement pour récolter de l’argent. Moi je pense que cette taxe devrait être mise au service du climat, de la lutte contre le réchauffement climatique.

Vous savez que beaucoup de pays émergents ne sont prêt à signer un accord sur le climat parce qu’ils disent « nous on a pas les moyens d’investir pour notre transitions énergétique ». Il faut trouver 100 milliards de dollars sur un fond vert. Et bien une partie de la taxe, peut être même la totalité de la taxe sur les transactions financières devrait être mise au service de ce fond vert.

Selon quels critères la conférence sur le Climat de Paris 2015 sera un succès ?

Trois critères :
1- Est-ce qu’il y aura un accord général, contraignant, pays par pays, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ? Contraignant c’est à dire avec surveillance et évaluation, et notamment pour les plus grands pays émetteurs (Chine, États-Unis, mais aussi pour d’autres).

2- Est-ce qu’on peut dégager ces 100 milliards de dollars pour le fond vert pour soutenir les investissements, les reconversions, les innovations, dans les pays émergents ?

3- Est-ce qu’on est capable de dégager des financements innovants ? Tout à l’heure on parlait de la taxe sur les transactions financières, est-ce qu’on est capable d’imaginer de nouvelles contributions, et notamment le prix du carbone qui pourrait justement permettre à tous les acteurs économiques de savoir que les ressources fossiles sont un prélèvement sur la planète.

Si ces trois critères sont réunis je pourrais dire « nous avons réussi ».

Et je pense que pour la France, ce n’est pas seulement un enjeu franco-français « est-ce que l’on va réussir ». C’est : est-ce que les devoirs de l’humanité, les devoirs qui sont les nôtres, vont pouvoir être fixés dans un texte contraignant pour les années qui viennent ?

On dit « est-ce que François n’est pas devenu écologiste comme ça, par circonstance ? ». Moi, depuis que je suis responsable, toutes les informations qui me sont données, toutes, tous les experts, c’est alarmant. Nous avons vécu les trois années les plus chaudes de notre siècle. À Paris il a gelé deux nuits en 2014, généralement c’était 25. Le niveau de la mer ne cesse de monter, des îles vont disparaître, la calotte polaire est en train de fondre.

Je ne suis pas là pour faire du catastrophisme, je dis il y a urgence.

La conférence sur le climat c’est à Paris et c’est une responsabilité énorme pour la France et on va réussir. Et pour la France c’est aussi un bel enjeu, être capable de montrer que c’est à Paris, une fois encore, que les droits humains vont être prononcés. »

Vers la conférence sur le climat de Paris…

Un site a ouvert pour informer au sujet de la conférence sur le climat à Paris en décembre 2015.

En voici l’éditorial et le bilan proposé de la dernière conférence de l’ONU, articles donnant le ton du site.

Édito du 1er janvier 2015

Encore une année de passée. Une année où le réchauffement climatique a non seulement pu être observé scientifiquement avec notamment le 5ème rapport du GIEC mais aussi avec les mesures d’une température annuelle moyenne planétaire record depuis le début des relevés de température en 1880.

Mais les conséquences du réchauffement on aussi pu être directement observées, évidemment dans la zone Arctique, qui est en première ligne, mais aussi plus proche de nous avec les graves intempéries qui ont touché le sud est de la France, directement liées aux hautes températures de l’année.

Le reste du monde n’a pas été épargné, comme l’est de l’Asie qui a été touché par de très nombreux et violents typhons jusque tard dans l’année.

Les effets du réchauffement climatique se font chaque année de plus en plus virulents, soulignant l’état d’urgence de la situation planétaire, pour les humains, pour les animaux, pour l’environnement.

Malheureusement 2014 n’aura toujours pas été l’année d’un vaste accord coopératif international pour prendre, enfin, les choses en main. La Conférence de Lima a même été un échec.

Difficile donc d’être optimiste en vue de la conférence Paris Climat 2015 qui aura lieu en décembre prochain. Pourtant il n’est plus possible de passer encore une année dans l’inaction, à repousser les échéances, à trouver l’accord minimum qui n’engage à rien. Il faut que les choses changent, pas demain, pas en 2020, mais maintenant !

Voici le bilan de la dernière conférence de l’ONU:

Bilan de la Conférence de Lima / COP20

L’objectif annoncé de la Conférence de Lima (COP20) qui s’est tenue en décembre dernier était de préparer la conférence de Paris 2015 censée elle déboucher sur un accord international visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre afin de ne pas dépasser un réchauffement planétaire de plus de 2°C d’ici 2100.

Il fallait ainsi absolument aboutir à un texte commun. Ce fut chose faite, comme souvent en jouant les prolongations (la conférence s’est conclu le 14 décembre au lieu du 12 initialement prévue), avec un accord a minima.

Beaucoup d’officiels se sont félicités de ce résultat.
Il est pourtant difficile de se réjouir d’un texte qui n’est là que pour sauver les apparences et repousser l’échéance à l’année prochaine.

La situation du changement climatique, de la planète, est bien trop urgente pour se réjouir d’un accord minimum.
Car tout ce qui en est ressorti est un engagement de tous les pays à transmettre courant 2015 (à une date qui a été repoussée à plusieurs reprises) leurs contributions (c’est à dire leurs intentions pour agir pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre) au secrétariat de la Convention.

On est loin des prétentions que beaucoup affichaient à l’ouverture de la conférence, début décembre.

Une avancée importante est censée être le « fond vert » qui doit passer à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Sauf que comme pour le reste aucune précision n’a été donnée. D’où viendra cet argent ? Les canaux de financement reste un mystère.

De la même manière alors qu’à la base un « papier technique » devait analyser les différentes contributions afin de donner un avis sur leurs effets combinés, ce papier a été remplacé par un « rapport de synthèse » qui ne donnera pas de recommandations.

Et quand bien même on pourrait espérer qu’il en sera tenu compte, il sera rendu le 1 novembre 2015, une date bien tardif pour tirer les conséquences et améliorer conjointement les propositions.

Cela est assez révélateur de l’état d’esprit, bien loin d’un grand élan mondial pour lutter contre le réchauffement. Le minimum est fait, pour faire illusion, tant que c’est encore plus ou moins possible.

Puisque la conférence de Lima devait préparer la conférence de Paris il y a donc toute les raisons d’être pessimiste. Si la direction prise reste la même l’accord qui verra le jour sera un accord où chaque pays fera comme il le souhaite, sans réelle concertation ni coopération avec les autres et sans contrainte de tenir les objectifs fixés.

L’environnement et les animaux continuent, malgré les sonnettes d’alarmes tirées aussi bien par de nombreux scientifiques que par la planète elle-même, à passer après les intérêts des grands groupes économiques nationaux bloquant (ou au mieux limitant) toute coopération et action concrète et tangible au niveau mondial.

Il est plus que temps que cela change.

Hulot, Hollande, le pape et la conférence de Paris de 2015

La conférence sur le changement climatique qui aura lieu à Paris en décembre promet d’être un fiasco complet. Pour autant, François Hollande a donné une consigne interne très claire : il faut faire en sorte que la France en sorte avec une bonne image, celle du pays modéré qui veut aller de l’avant (c’est d’ailleurs un style diplomatique français traditionnel, comme c’est le cas avec la Palestine, la guerre en Irak, l’Afghanistan, etc.).

Adepte par conséquent de la fuite en avant, on a pu voir une entrée en la matière en deux temps. Tout d’abord, lors de ses vœux, François Hollande a souligné l’importance de la conférence (histoire qu’on ne lui reproche rien a posteriori sur ce plan) :

« 2015, mes chers compatriotes, ce sera une année essentielle aussi et j’allais dire avant tout pour la planète.

La France va accueillir la conférence sur le climat en décembre prochain. Elle rassemblera tous les chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier.

C’est une magnifique opportunité pour nous rassembler d’abord nous-mêmes au-delà de nos différences, pour mettre en commun ce que nous avons de meilleur, pour redonner du sens au progrès. La France, elle doit être exemplaire – elle l’est – avec la loi sur la transition énergétique qui a déjà été votée par l’Assemblée nationale, avec la loi sur la biodiversité.

La France, elle a été capable il y a maintenant 70 ans, de réunir une grande conférence pour les droits universels de l’homme. Maintenant, nous devons entraîner le monde pour qu’il puisse adopter à son tour une déclaration pour les droits de l’humanité pour préserver la planète.

Et je ferai tout pour qu’à Paris, en 2015, la conférence soit un succès, parce que je veux que lorsque nos enfants nous interrogeront ou nos petits-enfants, sur ce que nous avons été capables de faire en 2015, nous puissions être fiers et leur dire que nous avons contribué à préserver la planète toute entière. »

La seconde étape fut hier « l’entretien avec Nicolas Hulot, envoyé spécial pour la protection de la planète », dont on n’a rien appris d’officiel à part deux photos.

Même le facebook officiel de Nicolas Hulot (« géré par son équipe ») ne dit rien. Les articles de ce facebook ont été arrêtés juste avant Noël, comme d’ailleurs son Tumblr officiel, où par contre il y a les photos de lui au Vatican, puisqu’il est allé négocier l’intervention du pape à Paris.

Comme cela tout le monde serait content : le pape continuerait d’avoir sa bonne image de brave gars qui veut changer les choses (mais les gens sont méchants seul Dieu est bon etc.), François Hollande aurait une conférence « réussie », etc.

Voici ce que dit là-dessus Nicolas Hulot sur son tumblr :

Entretien avec le Cardinal Parolin, Secrétaire d’État du Vatican

C’est avec le Cardinal Parolin qu’a été évoquée la question du déplacement du Pape en France, et la nécessité, s’il vient en 2015, que le Saint Père s’exprime fortement sur la question du Climat.

Très au fait de l’avancée des négociations climatiques, le Cardinal a formulé le souhait que les Chefs d’État et de Gouvernement parviennent à un accord ambitieux et rappelé que la publication de l’Encyclique sur l’Écologie sera un moment important de l’année 2015.

«Nous sommes convaincus de l’importance du sujet et nous partageons votre préoccupation. Au fond, c’est une question spirituelle et éthique que nous avons tenté d’écarter mais elle revient » a-t-il conclu.

Ce n’est pas tout ! Il y a une « encyclique » sur l’écologie qui est prévue et qui ne devrait pas tarder à sortir. Il va de soi que nous étudierons cela en détail. On l’aura compris en tout cas , c’est une offensive tout azimut afin de renouveler l’Église catholique et de la rendre plus « dans son temps ».

Voici un exemple de ce à quoi il faut s’attendre, avec cette information officielle du Vatican, datant d’il y a un mois :

Cité du Vatican, 11 décembre 2014 (VIS).

Le Saint-Père a adressé un message au Ministre péruvien de l’environnement, qui préside à Lima la XX Conférence des Nations-Unies sur le climat (1 – 12 décembre), dans lequel il encourage les participants dans leurs débats sur un sujet « qui a une incidence sur l’humanité entière, et tout particulièrement sur les pauvres et les jeunes.

Il s’agit d’une grande responsabilité, également morale… Les changements climatiques font sentir leurs effets dans de nombreux pays, surtout côtiers et insulaires du Pacifique. Ceux-ci soulignent l’incurie et l’inaction alors que les délais se réduisent pour trouver des solutions. Or ces solutions ne peuvent se trouver qu’ensemble et dans la concorde…

Une lutte efficace contre le réchauffement ne peut être conduite que collectivement, après avoir surmonté les intérêts particuliers et écarté le poids des pressions politiques et économiques…

Il faut donc en passer par une culture de la solidarité et du dialogue, qui soit en mesure de prouver l’absolue nécessité de protéger la planète et l’humanité ». Les travaux de cette conférence doivent « se fonder sur la justice, l’équité et le respect ».

Un simple tweet (officiel, du pape) résume peut-être tout aussi bien:

Nicolas Hulot, dans une rapide interview donnée dans la rue à côté de l’Elysée, expliquait dans le même ordre d’idées qu’il en allait de la survie de l’humanité. Avec un tel anthropocentrisme, cette conférence a déjà une très mauvaise base…

EELV sur l’échec de la conférence de Lima

L’année prochaine, François Hollande compte mettre le paquet sur la promotion de la conférence sur le climat à Paris en décembre. C’est très important à ses yeux, car il y voit (si l’économie repart) la possibilité de fédérer des gens autour de lui pour un nouveau mandat.

Il est également ici en bons termes avec Cécile Duflot, et on devine ce qui va se passer: d’un côté il y aura une position pragmatique, mais accolée à une pseudo critique réalisée par Europe Écologie Les Verts (EELV). Par la suite, Duflot se présente comme candidate à la présidentielle, etc. etc.

Il faut espérer que les choses ne seront pas aussi simples, mais pour cela il faut une véritable bataille pour l’opinion publique. L’hypocrisie d’EELV, qui ne parle jamais que de « sociétal » et méprise totalement la Nature, doit être démasquée…

Le présent communiqué d’EELV est donc intéressant. EELV reconnaît le fiasco de la conférence de Lima, et souligne d’autant plus l’importance de la conférence de Paris. Mais EELV ne s’avance pas trop, sachant que c’est très mal parti pour que ce soit un succès…

Et pourtant, EELV y participera complètement, parce que refusant la Nature et acceptant les institutions, elle n’a pas le choix. D’une certaine manière, EELV va à contre-coeur à ce qui ne pourra être que son suicide en tant que force prétendument écologiste…

Climat : après une conférence de Lima en demi-teinte, cap sur Paris 2015

Publié le 15 décembre 2014

La 20ème conférence de l’ONU sur le climat à Lima n’a pas dérogé aux règles de ces grands rendez-vous : négociations chaotiques, lentes et difficiles, accord de dernière minute, défiance entre pays développés et en développement, manque de précisions flagrantes sur les moyens d’atteindre les objectifs climatiques.

Il est encore trop tôt pour tirer toutes les leçons de cette COP 20 – semi-succès ou semi-échec. Tout dépendra dans les mois à venir des dépôts des contributions nationales au cours du premier semestre 2015 et de la synthèse de celles-ci le 01 novembre.

EELV tient néanmoins à saluer un accord a minima qui a le mérite de poser les bases des discussions pour l’année à venir et de réaffirmer la nécessité d’un accord mondial en 2015. La capitalisation du fonds vert à hauteur de 10,14 milliards qui doit permettre aux pays les plus vulnérables de s’adapter aux effets du changement climatique est une autre bonne nouvelle.

Une conclusion s’impose pourtant : après cette conférence en demi-teinte, tout se jouera à Paris en décembre 2015. Comme prévu, ce rendez-vous sera décisif.

Dans cette optique, la France porte une responsabilité historique. La COP 21 a en réalité déjà débuté, et la France, pays hôte, doit désormais être à la manœuvre pour engager des négociations en vue d’un accord ambitieux.

“Si elle veut être légitime pour convaincre, la France doit être exemplaire en matière de réduction de ses émissions et engager la transition énergétique sur l’ensemble de son territoire“ explique Julien Bayou, porte-parole d’EELV.

L’ampleur du chemin qui reste à parcourir est en effet considérable. A ce stade, toutes les options restent ouvertes en vue d’un accord à Paris, de la plus ambitieuse à la plus minimaliste. “Les écologistes appellent les citoyens et l’opinion publique à se mobiliser massivement pour peser sur les négociations tout au long de l’année afin de mettre une pression sans précédent sur les décideurs“ déclare Sandrine Rousseau.

L’urgence climatique presse l’action. 2014 risque d’être l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre, les phénomènes naturels se multiplient, le nombre de réfugiés environnementaux explose. Rien ne justifierait un nouveau rendez-vous manqué à Paris en 2015 et romprait définitivement la confiance que placent les citoyens dans l’action des Etats pour régler la question climatique.

Le temps est compté. Il reste un an pour préparer ce premier accord international, ambitieux et contraignant de réduction de gaz à effet de serre, qui permettra de limiter la hausse des températures à 2 degrés par rapport à l’ère pré-industrielle, dont nous avons tant besoin.

Les écologistes appellent à faire cause commune face à ce défi de civilisation.

Julien Bayou, Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux

La conférence sur le climat de Lima ne débouche sur rien

Il y a donc eu tout de même un accord à la conférence sur le climat de Lima. Nous pensions avoir le temps de constater les points faibles, avant de parler de cet accord. Mais finalement il a été réalisé samedi, alors que le désaccord était complet.

Et sa base, c’est de dire que… l’année prochaine, il faudra se mettre d’accord. A la place de François Hollande, qui compte sur le prestige de la conférence à Paris l’année prochaine, on commencerait à paniquer.

Et surtout, pour les personnes entendant défendre la Nature, il y a lieu de comprendre le drame que va être cette conférence. Car bien entendu, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, peut se vanter de la réussite prochaine de la conférence à Paris, et affirmer que « Le fantôme de Copenhague s’éloigne et l’espoir d’un succès à Paris se rapproche. » EELV fait la même chose.

En pratique, ce qu’on va voir à Paris l’année prochaine, c’est que l’humanité est incapable de procéder à des décisions relevant d’un gouvernement mondial. Les intérêts particuliers priment ; ce qui se passe au niveau social avec les individus se répète avec les États.

L’objectif de décisions acceptées par tous les pays, avec des contraintes sur le plan légal, est définitivement abandonné. L’ONU est coulée, incapable d’unifier pour contrer la catastrophe en cours.

Et il va de soi ici que les grandes entreprises donnent le ton. L’écrasante majorité des fonds qui vont être rendus disponibles iront aux entreprises proposant des « alternatives » vertes, pratiquement rien n’ira aux pays du tiers-monde pour affronter la nouvelle situation.

Ce qui n’empêchera d’ailleurs pas de polluer à côté de cela : en 2012, 775 milliards de dollars de subventions sont allées dans les poches des entreprises pour les énergies fossiles, alors que le chiffre pour les énergies renouvelables, en 2013, était de 101 milliards.

En comparaison, la « Green fund » dont parle la COP20, est de… 10 milliards, et encore est-ce seulement de vagues promesses !

Quant à la Nature en elle-même, elle est totalement absente de la problématique. La seule chose que la COP20 à Lima a fait, c’est de reconnaître que le réchauffement climatique existait, et que si on ne fait rien l’élévation de la température va continuer et qu’on ne parviendra pas en l’état actuel à bloquer cela à une augmentation de 1,5°-2°.

En attendant, la COP20 a organisé le parcours balisé suivant : discussions à Genève en Suisse en févier, puis avant la fin mars, annonce des mesures pour limiter leurs émissions de gaz à effet de serre par… les pays qui souhaitent annoncer leurs mesures.

Avant fin mai un texte de base pour discuter à Paris est censé sortir, puis en juin à Bonn en Allemagne il y a une réunion, puis de nouveau un peu plus tard, on ne sait ni quand ni où !

La patate chaude arrive alors début novembre, lorsque le secrétariat de la Convention de l’Onu sur le climat doit résumer tout cela, avant donc la catastrophe à prévoir que va être la conférence à Paris, du 30 novembre au 11 décembre 2015…

Pour conclure, citons ici un philosophe des Lumières, Emmanuel Kant. La ministre de l’écologie, Ségolène Royal, a dit la chose suivante le 12 décembre, en séance plénière de la Conférence Climat de Lima :

« Enfin, sur la démocratie et les droits humains, le climat sera Grande cause nationale en France en 2015, et surtout, je souhaite que la France joue un rôle, pour imaginer l’émancipation et préparer démocratiquement les esprits au changement, comme l’ont fait au XVIIIe siècle les philosophes des Lumières pour faire advenir une nouvelle représentation du monde et des droits humains. »

Sauf que, justement, les philosophes des Lumières reconnaissait la Nature, et ils étaient dans un esprit universaliste. C’est Kant qui a souligné, ainsi, la nécessité d’une gouvernance mondiale de la raison :

« La nature a donc aussi utilisé l’incapacité à se supporter [que manifestent] les hommes, et même les grandes sociétés et les grands corps politiques composés d’individus de ce genre, comme un moyen de découvrir, au sein-même de l’inévitable antagonisme, un état de repos et de sécurité.

C’est-à-dire que, par les guerres, par ses préparatifs extravagants et jamais relâchés, par la souffrance qui s’ensuit et qui doit finalement être ressentie par chaque État même en pleine paix intérieure, la nature pousse [les États] à des tentatives d’abord imparfaites, mais finalement, après beaucoup de dévastations, de renversements, et même après un épuisement intérieur général de leurs forces, [les pousse] à faire ce que la raison aurait pu aussi leur dire sans une si triste expérience; à savoir sortir de l’état sans lois des sauvages pour entrer dans une société des nations, dans laquelle chaque État, même le plus petit, pourra attendre sa sécurité et ses droits non de sa force propre ou de son appréciation juridique personnelle, mais seulement de cette grande société des nations (Foedus Amphictyonum), de l’union des forces en une seule force et de la décision, soumise à des lois, de l’union des volontés en une seule volonté.

Aussi enthousiaste que puisse aussi paraître cette idée, et bien qu’une telle idée ait prêté à rire chez un abbé de Saint-Pierre ou chez un Rousseau (peut-être parce qu’ils croyaient la réalisation d’une telle idée trop proche), c’est pourtant le résultat inévitable de la souffrance où les hommes se placent mutuellement, qui doit contraindre les États (aussi difficile qu’il soit pour eux de l’admettre) à adopter cette résolution même que l’homme sauvage avait été contraint de prendre d’aussi mauvais gré, à savoir : renoncer à sa liberté brutale et chercher dans une constitution réglée par la loi le repos et la sécurité. »

Cela a été écrit en 1784. Plus de deux cent après, on attend encore cette société des nations réalisant la paix mondiale. Elle ne pourra se réaliser que lorsque l’humanité sera unifiée, ayant brisé son anthropocentrisme, ayant compris la réalité de la Nature !

La conférence sur le climat de Lima ne parvient pas à un accord

Comme d’habitude, la conférence sur le climat se prolonge. C’est une sorte de « tradition », le journal Le Monde définissant cela poétiquement si l’on peut dire comme « l’épais brouillard qui est devenu sa marque de fabrique à quelques heures de la clôture officielle des négociations ».

Sauf que cette fois cela coince encore plus, car la conférence de Paris de l’année prochaine est censée aboutir à l’équivalent du protocole de Kyoto : une sorte de programme valable pour 15-20 ans.

Vu les complications posées par le réchauffement climatique qui sont de plus en plus nombreuses, on comprend que ce soit un peu la panique. Surtout que l’objectif est censé être le suivant pour maintenir à 2°C l’augmentation de la température d’ici 2100 : réduire les gaz à effet de serre de 40 à 70% d’ici 2050 !

On imagine le bouleversement que cela induit. On voit mal des sociétés tournées vers le profit, dirigées par en haut, mener une révolution en ce domaine…

Voici l’évolution du réchauffement climatique jusqu’à cette année, pour bien qu’on comprenne la tendance.

Et voici celle du Co2.

Les gens ont compris que cela allait mal tourner, ce qui fait que les dominants jouent de plus en plus gros : ils savent qu’ils doivent préserver les apparences. En l’occurrence, il s’agit de faire bonne figure lors de la conférence de 2015. Mais justement, ici, il apparaît que les négociations de la conférence sur le climat à Lima montrent que personne ne veut s’engager vraiment.

Pas de chiffres donnés, et surtout pas de promesses d’argent ! Telle est la ligne générale.

Par exemple, à partir de 2020, 100 milliards de dollars d’aide annuelle sont censés être distribués aux pays particulièrement victimes du réchauffement climatique. Qui paiera ? Rien n’est arrêté.

Il faut dire ici qu’on a une sorte de gigantesque « blague » jouée par le capitalisme. Par exemple, l’Arabie saoudite est un pays très riche de par ses ventes de pétrole. Pourtant, ce pays réclame des « aides » dans le futur, alors que son mode de vie, comme on le sait, est dépendant d’une toute petite clique de gens vivant de manière délirante, typique des petits États pétroliers.

En 1965, la production de Co2 par habitant était de 0,9 tonne dans ce pays, elle est désormais de 17… Tout cela pour quoi ? Certainement pas pour un vie naturelle et agréable !

De la même manière, la Chine est très critiquée comme étant le premier émetteur de gaz à effet de serre. Mais pour qui produit la Chine, si ce n’est notamment pour l’Union Européenne qui est la première à critiquer ?

En gros les pays riches utilisent d’autres pays pour certaines productions, et de manière hypocrite arrivent avec une critique derrière. Cela amène un gros chaos d’où rien ne sort, car chacun cherche à tirer son épingle du jeu dans la concurrence internationale.

Il y a 195 pays de représentés à Lima, avec des grosses équipes (parfois 200 diplomates!), mais leurs intérêts sont trop différents à leurs yeux.

Pourtant, il n’y a qu’une seule planète, un seul ensemble abritant la vie, une seule humanité qui doit cesser sa guerre à la Nature.

Voici trois exemples parlant, autour du thème de la déforestation, qui n’a nulle autre cause que l’incapacité de l’humanité à sortir de l’anthropocentrisme, à vivre de manière harmonieuse.

La région brésilienne de Rondônia est passée de 500 000 à 1,5 million d’habitants en 30 ans, et au sein de l’Amazone, le résultat est que c’est là où le taux de déforestation est au plus haut au Brésil. Plus de déforestation pour faire de la place pour davantage de gens, qui eux-mêmes travaillent dans des entreprises… de déforestation.

Ici on voit l’évolution de la forêt de Baban Rafi entre 1976 et 2007, au Niger. La forêt se situe au point le plus au sud du Sahel; elle disparaît devant l’agriculture, la population humaine de cette zone géographique ayant quadruplé en 40 ans. La forêt actuelle est elle-même exploitée en continu comme source d’approvisionnement.

La forêt atlantique en Amérique latine est l’une des grandes victimes de la déforestation. A la base, sa superficie faisait 1 290 700 km², pour 95 000 km² aujourd’hui (soit un petit peu plus que 7%). Les deux images illustrent l’évolution au Paraguay, où la déforestation est la plus active: la partie orientale de ce pays a vu sa forêt passer de 8,8 millions d’hectares à 1,7 million, notamment pour la production de soja pour les élevages.

Car ce n’est pas la surpopulation le problème : celle-ci est elle-même le produit des déséquilibres dans l’humanité qui ont leur source dans le mode de vie destructeur, anthropocentriste, fondé sur l’individualisme le plus complet.

De la COP20 de Lima à la COP21 de Paris

Aujourd’hui se conclut la Conférence sur le climat de Lima (au Pérou), qui fait partie de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Commencée le 1er décembre et vingtième du genre, elle est censée apporter la base de « grandes » décisions qui seront prises l’année prochaine lors de la conférence suivante.

Un texte va sortir, comme toujours, au dernier moment. Mais que dira-t-il ? Car le problème est gigantesque. Le réchauffement climatique n’a pas été freiné. Les chiffres sont toujours plus alarmants.

Et pourtant, il ne se passe rien. La crise économique, la bataille pour le profit, la logique anthropocentriste… forment une dynamique de l’anéantissement des mondes végétaux et animaux.

La machine s’est emballée et la concurrence est telle que le nouveau protocole qui doit être décidé l’année prochaine risque bien d’être le dernier. Aussi y verra-t-on compromis sur compromis, afin de ne risquer de froisser personne tout en maintenant, face à l’opinion publique mondiale, l’illusion d’une gestion de la question.

Et nous serons en France aux premières loges, puisque la « COP 21 » accueillera au Bourget, en banlieue parisienne, des milliers de délégués internationaux.

Cela signifie bien entendu que tout doit être parfaitement encadré, et les ennemis de l’écologie sont bien organisés. Par exemple, à Lima, la ministre de l’écologie Ségolène Royal n’a trouvé rien de mieux à dire que « la mesure principale est de lutter contre les gaspillages, tout le monde peut le faire », c’est-à-dire la même chose que le collectif « écologiste » du Front National fondé hier.

Il y a également, à coté de cela, « Solutions COP21 ». C’est une structure fondée en juillet, avec comme but d’influer massivement sur la COP21.

Elle se présente ainsi :

« Initié par le Comité français pour le développement durable, le Comité 21, avec le Club France Développement durable (regroupement de plus de 70 réseaux français), cette initiative a vocation à présenter les solutions et initiatives des entreprises, institutions, centres de recherche, collectivités et associations impliqués dans la lutte contre le dérèglement climatique.

L’objectif: montrer à un large public les multiples produits, services, process et innovations existants et en projet à travers le monde pour lutter contre le dérèglement climatique et ses impacts. »

Le Comité 21 est un regroupement de 500 structures telles que des entreprises, des fédérations professionnelles, des collectivités territoriales, des associations, etc.

Le Club France développement durable représente également une liste énorme de structures, telles que la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises, l’Association des Maires de France, la Fondation Nicolas Hulot, la Conférence des présidents d’universités, la CFDT, etc.

N’oublions pas de citer « Entreprises pour l’Environnement » où l’on trouve , AXA, La Poste, Saint Gobain, Renault, Société Générale, Thalès, Vinci, Total, etc.

En pratique cela veut dire que c’est la sainte-alliance des grandes entreprises et des institutions, mélangeant Veolia et Carrefour, GDF Suez et le CRNS, Schneider Electric et Generali, Rexel et Sofiprotéol, la ville de Paris et Suez environnement, etc.

C’est un projet alliant institutions et capitalisme pour gérer au mieux la COP 21… Et le Grand Palais à Paris sera leur base pendant une semaine en décembre, sur 4000 m², pour des « espaces pédagogiques », des « expositions » et des « conférences », bref toute la propagande possible.

Y aura-t-il un contre-projet ? Y aura-t-il une bataille pour l’opinion publique menée depuis le camp des personnes voulant défendre la Nature ? Ou bien en décembre 2015 y aura-t-il une vague unilatérale en faveur de cette pseudo écologie comme simple gestion par en haut du « gaspillage » ?

Tout cela va dépendre de nous !

La concentration de Co2 a augmenté jusqu’à un niveau sans précédent depuis 800 000 ans

L’écologie, ce n’est pas défendre les petits paysans. L’écologie, authentique, radicale c’est-à-dire prenant la réalité à sa racine, c’est défendre la planète en tant qu’ensemble du vivant. On peut l’appeler Gaïa de manière poétique, comme on peut l’appeler biosphère dans les cours universitaires de géographie, mais ici ce qui compte c’est sa défense et la fin de l’anthropocentrisme.

Il est temps de comprendre l’enjeu, qui n’est pas moins que les conditions idéales pour l’existence de la vie et son développement sur et au sein de la planète.

Voici les principaux extraits du dernier communiqué du GIEC concernant l’évaluation actuel du réchauffement climatique. Les médias en ont d’ailleurs parlé, avec d’innombrables commentaires « climato-sceptiques » qui ne peuvent exister justement que parce qu’en France on ne prend pas l’écologie au sérieux.

Le GIEC dit en substance: attention si on ne baisse pas la production de Co2 cela va coûter cher, et si on ne baisse pas le plus vite possible, cela coûtera plus cher plus tard. Mais en réalité, dans un monde anthropocentrique tourné vers le profit, comment peut-on dire stop?

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU GIEC
Le 2 novembre 2014
COPENHAGUE

L’influence de l’homme sur le système climatique est claire et en augmentation, avec des incidences observées sur tous les continents. Si on ne les maîtrise pas, les changements climatiques vont accroître le risque de conséquences graves, généralisées et irréversibles pour l’être humain et les écosystèmes.

Nous disposons toutefois d’options pour nous adapter à ces changements et des activités rigoureuses d’atténuation peuvent limiter les conséquences de l’évolution du climat à une gamme gérable, d’où un avenir meilleur et plus viable.
Il s’agit là des principales conclusions du Rapport de synthèse publié dimanche par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Ce rapport condense et intègre les conclusions du cinquième Rapport d’évaluation du GIEC, produit par plus de 800 scientifiques et publié au cours des 13 derniers mois, qui constitue l’évaluation la plus complète des changements
climatiques jamais entreprise.

Selon M.R.K. Pachauri, président du GIEC, « Nous avons les moyens de limiter les changements climatiques. Il existe de nombreuses solutions qui permettent un développement économique et humain continu. Nous n’avons besoin que de la volonté
d’évoluer, qui, nous l’espérons, sera motivée par la connaissance et par la compréhension de la science des changements climatiques.»

Le Rapport de synthèse confirme que de tels changements sont observés dans le monde entier et que le réchauffement du système climatique est sans équivoque. Nombre des changements constatés depuis les années 50 sont sans précédent depuis des dizaines d’années, voire des millénaires. D’après M.Thomas Stocker, coprésident du Groupe de travail I du GIEC, « Selon notre évaluation, l’atmosphère et les océans se sont réchauffés, la quantité de neige et de glace a diminué, le niveau de la mer s’est élevé et la concentration de dioxyde de carbone a augmenté jusqu’à un niveau sans précédent depuis 800 000 ans.»

Le Rapport affirme avec une certitude plus grande que les évaluations précédentes que les émissions de gaz à effet de serre et d’autres facteurs anthropiques ont été la cause prédominante du réchauffement observé depuis le milieu du XXe siècle.

Les incidences des changements climatiques se sont faites sentir sur l’ensemble des continents et des océans au cours des dernières décennies. Plus les activités humaines perturbent le climat, plus les risques sont élevés. Selon le
Rapport, des émissions constantes de gaz à effet de serre vont provoquer un réchauffement supplémentaire et des altérations de longue durée de tous les éléments du système climatique, augmentant ainsi le risque de conséquences vastes et profondes qui toucheront toutes les strates de la société et le milieu naturel.

Le Rapport de synthèse indique clairement que de nombreux risques représentent des problèmes particuliers pour les pays les moins développés et les collectivités vulnérables, vu leur capacité limitée d’y faire face. Les personnes marginalisées sur le plan social, économique, culturel, politique, institutionnel ou autre sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques.

La limitation des effets des changements climatiques pose des problèmes d’équité et de justice, mais elle est nécessaire pour aboutir à un développement durable et à l’élimination de la pauvreté. Selon M.Pachauri, « Nombre des personnes les plus vulnérables aux changements climatiques ont contribué et contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre. Il ne sera pas possible de faire face à ces changements si des organismes particuliers mettent en avant leurs propres intérêts de façon indépendante. On ne pourra lutter contre les changements climatiques que grâce à des
réponses coopératives et notamment à une coopération internationale. »

D’après M. Vicente Barros, coprésident du Groupe de travail II du GIEC, «L’adaptation est très importante du fait qu’elle peut être intégrée à la poursuite du développement et qu’elle peut contribuer à nous préparer aux risques, ce à quoi nous nous sommes déjà engagés du point de vue des émissions passées et de l’infrastructure actuelle.»

Toutefois, l’adaptation ne suffit pas en elle-même. Des réductions importantes et soutenues des émissions des gaz à effet de serre sont primordiales pour limiter les risques dus aux changements climatiques. Et comme l’atténuation réduit le rythme et l’ampleur du réchauffement, elle accroît, possiblement de plusieurs dizaines d’années, le temps dont nous disposons pour nous adapter à un niveau donné d’évolution du climat.

Il existe de nombreux moyens d’atténuation permettant d’aboutir, au cours des décennies à venir, aux réductions importantes des émissions nécessaires pour limiter, avec une probabilité de plus de 66%, le réchauffement à 2°C, objectif fixé par les gouvernements. Cependant, selon le Rapport, si l’on retarde une nouvelle atténuation à 2030, cela accroîtra sensiblement les problèmes techniques, économiques, sociaux et institutionnels que pose la limitation du réchauffement à moins de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels d’ici la fin du XXIe siècle.

D’après M.Youba Sokona, coprésident du Groupe de travail III du GIEC, «Il est possible, sur le plan technique, de passer à une économie à faible teneur en carbone. Mais ce qui manque, ce sont des politiques et des institutions appropriées. Plus nous attendrons pour prendre des dispositions, plus l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de ceux-ci coûteront cher.»

Selon le Rapport de synthèse, les évaluations quant au prix de l’atténuation varient, mais la croissance économique mondiale n’en serait pas affectée outre mesure. Dans les scénarios prévoyant une situation inchangée, la consommation –indicateur indirect de la croissance économique– continuera d’augmenter de 1,6 à 3% par an au cours du XXIe siècle.

Une atténuation ambitieuse permettrait de réduire ce taux de 0,06 point de pourcentage. D’après M. Sokona, « Par comparaison avec le risque imminent d’une évolution irréversible due aux changements climatiques, les risques
de l’atténuation sont gérables.»

Ces évaluations économiques du prix de l’atténuation ne tiennent compte ni des avantages d’une réduction des changements climatiques, ni des nombreux bénéfices secondaires en matière de santé, de conditions de vie et de développement. Selon M. Pachauri, «La justification scientifique de la priorité à accorder aux mesures de lutte contre l’évolution du climat est plus claire que jamais.

Nous disposons de peu de temps avant que la conjoncture permettant de limiter le réchauffement à 2°C ne prenne fin. Pour que nous ayons une bonne chance de rester au-dessous de 2°C à un prix gérable, nos émissions, sur le plan mondial, devraient diminuer de 40 à 70% entre 2010 et 2050, et tomber à zéro ou moins d’ici 2100. Nous avons cette possibilité, et le choix nous incombe.»

La future conférence Conférence Paris Climat 2015

La « grande » conférence sur le réchauffement climatique aura donc lieu en France en 2015, à Paris, et aura comme nom « Conférence Paris Climat 2015. » Les « festivités » ont déjà commencé, avec par exemple cette initiative sans intérêt que d’inscrire ce nom sur la tour Eiffel…

C’est une sacrée interprétation de l’écologie qu’il faut avoir pour mettre en avant cette conférence en utilisant le symbole de la technique pour la technique qu’est la tour Eiffel, symbole français s’il en est…

Cela commence très mal…Et on peut se douter que les illuminations sont justifiées par le nucléaire, qui permet de produire moins de Co2 (ce qui permet de masquer la question des déchets).

Voici d’ailleurs le petit texte ministériel expliquant les « motivations » de la candidature à la tenue de cette conférence:

Les raisons de la candidature française

Chaque année, la Conférence se déroule par rotation dans un des pays des cinq groupes régionaux de l’Organisation des Nations Unies (PDF) : Asie-Pacifique, Europe de l’Est, Amérique Latine – Caraïbes, Europe de l’Ouest élargie (WEOG) et Afrique. Le choix du pays hôte se fait en interne au groupe.

La Pologne a été choisie comme pays-hôte pour 2013, le Venezuela pour la réunion préparatoire de 2014, et enfin le Pérou pour la Conférence proprement dite fin 2014. En 2015, la présidence de la Conférence sur le climat reviendra à la France qui s’est portée candidate pour la zone de l’Europe de l’Ouest.

La France a engagé sa transition écologique et énergétique avec pour objectif de réduire sensiblement ses émissions de en carbone. Ses émissions de gaz à effet de serre par habitant sont déjà parmi les plus faibles des pays développés.

Elle travaille étroitement par ailleurs avec les pays en développement, par le biais de son aide au développement, pour favoriser des transitions vers des économies sobres en carbone. Au sein de l’Union européenne, la France défend une position ambitieuse, axée sur un objectif de -40% d’émissions de gaz à effet de serre en 2030 puis de -60% en 2040 (par rapport à 1990), pour que l’Union européenne maintienne une approche ambitieuse et exemplaire.

Forte de cette expérience et de cette ambition, la France a été désigné pour accueillir la COP21 en 2015.

En gros et pour résumer, c’est donc une manière pour la France de continuer son petit jeu consistant à se prétendre la patrie des droits de l’Homme et de l’universalisme, en jouant sur la corde « nous, on est pas comme les Américains », « nous, on est proches du tiers-monde », etc.

Sauf que dans l’histoire, ce qui devrait compter c’est la Nature, et non pas une « opération de com » aux dépens de l’urgence face au réchauffement climatique… Le texte ne parle que de la France, de la France et de la France, ce qui est totalement décalé par rapport à l’horizon nécessaire… Il n’y a même pas une ligne sur l’océan, dont une partie « dépend » de la France…

Forcément, cela se révèle dans un autre article ministériel, qui présente les enjeux. Là encore, on retrouve la dynamique commerciale, où la France « se place » en se prétendant « différente » des Américains, etc. et proches du tiers-monde, entendant tirer son épingle du jeu avec un nouveau modèle économique, etc.

Il n’y a aucune remise en cause, aucune compréhension de la nécessité de protéger la vie végétale et animale, rien: on est dans un simple anthropocentrisme.

Les enjeux de la COP21

Cette conférence devra marquer une étape décisive dans la négociation du futur accord international pour l’après-2020, en adoptant ses grandes lignes comme convenu à Durban, avec comme objectif que tous les pays, dont les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre – pays développés comme pays en développement – soient engagés par un accord universel contraignant sur le climat.

La France souhaite un accord applicable à tous, suffisamment ambitieux pour permettre d’atteindre l’objectif des deux degrés, et doté d’une force juridique contraignante. Celui-ci devra trouver un équilibre entre l’approche de Kyoto – une division mathématique des engagements de réduction d’émissions, à partir d’un plafond commun – et celle de Copenhague, un ensemble d’engagements nationaux non contraignants et sans caractéristiques comparables.

L’accord devra enfin mettre en œuvre un changement de paradigme, prenant en compte le défi climatique non comme un nécessaire « partage du fardeau » des émissions, mais également comme une opportunité de créations d’emplois et de richesses, d’invention de nouveaux modes de production et de consommation.

L’échec inévitable de la future conférence Conférence Paris Climat 2015 tient précisément à cette approche totalement pragmatique, à cette vision du monde anthropocentrique.

Plus le temps passe, moins on peut faire semblant, et en 2015 on peut s’attendre à l’effondrement de la façade faussement écologiste, la brutalité destructrice se révélant ouvertement, dans un grand mouvement d’égocentrisme et d’égoïsme, de tribalisme au niveau national.

Fin de la conférence de Varsovie sur le réchauffement climatique

Cela devait être la fin du début de la lutte contre le réchauffement climatique, en pratique c’est le début de la fin. La conférence de Varsovie, en Pologne, sur le réchauffement climatique, avait comme but de préparer « la » grande conférence, celle de Paris en 2015 : ce qu’on a vu c’est une incapacité complète à prendre des décisions.

En pratique, la conférence avait mal commencé : le gouvernement polonais a été modifié et le ministre de l’environnement de Pologne, Marcin Korolec, s’en est fait éjecté ! Alors qu’il présidait la conférence ! C’est un sacré symbole…

Dans le même genre, l’Australie et le Japon ont directement annoncé qu’ils ne respecteraient pas leur engagement et que leur production de Co2 allait se renforcer… Cela donne le ton !

Bien entendu, les irresponsables chargés du débat – 190 responsables gouvernementaux, 800 membres d’association – ont perpétué leur tradition de donner le change.

Ainsi, la conférence s’est terminée hier soir, au lieu de vendredi soir, histoire d’arriver coûte que coûte à un accord. Sur le papier, la carte est encore de faire semblant, pour faire croire à l’humanité que des responsabilités sont prises.
La commissaire européenne au Climat, Connie Hedegaard, a ainsi osé dire :

« Cela a demandé beaucoup d’efforts, il y a eu beaucoup de drames et des intérêts différents, mais à la fin, les gens ont vu qu’il y avait un vrai risque si nous ne faisions pas les progrès dont nous avions tellement besoin. »

Et bien entendu, il y a des ONG pour claquer la porte vers la fin, de manière médiatique, afin de préserver leur maigre crédibilité et apparaître comme plus « volontaristes. »

Du pur cinéma, de l’hypocrisie de haute voltige, surtout quand on sait que parmi les sponsors de la conférence on trouvait des producteurs de charbon et de pétrole…

Car bien sûr, en réalité tout le monde s’en moque et l’objectif est d’ailleurs simplement de limiter la casse du réchauffement climatique, sans plus. D’ailleurs, les responsables des 190 pays ont fabriqué une sorte de texte n’engageant à rien mais disant que, cette fois ce serait sûr, la prochaine fois serait la bonne !

En fait de prochaine fois, cela sera plutôt, comme dit plus haut et selon ces sires à la triste figure, lors de la conférence de Paris, en 2015. Auparavant, il y en aura une au Pérou, en 2014, mais apparemment cela n’intéresse personne, la conférence de Paris étant censée être « la » conférence ultime, et il s’agit donc de vendre du rêve.

Que sera-t-il dit au Pérou ? Il n’en est pas parlé, il n’en est jamais parlé, c’est tout simplement passé sous silence.

Le fait est que tout le monde sait que le « rêve » d’une lutte contre le réchauffement climatique est bien limité, et il ne faut pas croire d’ailleurs qu’à Varsovie on ait parlé de la Nature.

Non, on a parlé profit. Les pays servant d’usines du monde du moment, comme la Chine et l’Inde, refusent tout abaissement de leur production de Co2.

Les autres pays pauvres du « Sud » s’aperçoivent que les transformations écologiques vont leur coûter très cher, et que les fonds de soutien sont inexistants ; le négociateur du Bangladesh, Qamrul Chowdhury, a ainsi simplement expliqué que « Cette conférence devait être la conférence des finances. Tout ce qu’on a, ce sont des cacahuètes. »

Le texte de la conférence de Varsovie appelle de fait chaque État à préparer pour mars 2015 des « contributions sans préjuger de leur nature légale » : cela signifie que tout cela reste virtuel.

Il ne s’agit pas d’engagements, fixes, assumés, non : seulement des contributions, sans même se soucier de si elles seront appliquées ou pas ! Aucun État n’est appelé à s’engager !

Ce qui n’empêche pas le ministre français du Développement Pascal Canfin dire que cette formulation ne serait pas « moins forte qu’un engagement. »

Il faut sacrément manier la langue de bois pour oser dire cela…

Et on voit mal comment le secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon pourra convaincre, le 23 septembre 2014, les chefs d’État lors d’une conférence à New York, alors que le climat de concurrence et de guerre économique se sera encore plus renforcé…

Nous vivons un moment clef, un moment où l’humanité montre qu’elle est divisée, qu’elle ne sait pas comment surpasser sa division, que sa dynamique obéit au profit, à la logique du chacun pour soi, sans aucune reconnaissance de notre planète comme système global abritant la vie.

C’est, au sens strict, de la folie, un égocentrisme humain délirant, un anthropocentrisme à la fois criminel et aberrant. Il y a là toute une époque de résumée.

Rapport du Giec 2013: l’horizon 2100 et au-delà, et la géo-ingénierie

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a donc rendu public hier la première partie de son rapport.

Rappelons très brièvement le programme, que nous avions déjà donné, mais cela a son importance :

– Groupe de travail n°1: Les bases scientifiques et physiques du changement climatique, les 23-26 Septembre 2013, à Stockholm, en Suède.

– Groupe de travail n°2 : Conséquences, adaptation et vulnérabilité des sociétés face au changement climatique, les 25-29 Mars 2014 à Yokohama, au Japon.

– Groupe de travail n°3 : Mesures d’atténuation du changement climatique et préconisations, les 7-11 Avril 2014 à Berlin, Allemagne

– Rapport d’évaluation, rapport de synthèse final (SYR), les 27-31 Octobre 2014 à Copenhague, au Danemark.

Pourquoi est-ce important ? Parce que cela permet de comprendre le fond de la démarche du GIEC. Il ne s’agit pas de sauver les animaux ou bien de préserver l’environnement. Ce n’est pas son but.

Le GIEC a été fondé pour évaluer les conséquences, prévoir des stratégies pour les atténuer le cas échéant, et enfin pour informer quant à ces conséquences.

C’est pour cela qu’a été publié le seul document qui aura véritablement un impact au-delà du rapport : le « summary for policymakers » (« Résumé pour les décideurs »). Il s’agit de 36 pages en anglais visant la – disons, environ et à la louche – cinquantaine ou centaine de personnes qui « pèsent » dans chaque pays concernant les décisions importantes concernant ce thème.

On voit tout de suite le caractère non démocratique : un document uniquement en anglais, visant uniquement une élite bien définie.

Que dit le document ? Il explique que le réchauffement climatique est d’origine humaine surtout et qu’il est prouvé, de par le fait que « l’atmosphère et l’océan se sont réchauffés, la quantité de neige et de glace a diminué, le niveau de la mer a monté, et les concentrations de gaz à effet de serre ont augmenté. »

Voici un tableau constatant l’augmentation de la température sur la planète.

Expliquons ici tout de suite un point important. Un peu partout sur le net, on peut lire que la planète ne se réchaufferait plus. Voici par exemple ce que dit lachainemeteo.com :

L’un des défis du GIEC 2014 sera d’expliquer pourquoi, alors que les modélisations élaborées depuis les années 2000 envisageaient une hausse de +1° à +4° d’ici à 2100, on constate en fait une pause dans le réchauffement climatique mondial : depuis 15 ans, le climat ne se réchauffe plus, selon les climatologues.

Or, ce n’est pas exact. En réalité, il y a une pause dans l’accélération du réchauffement… ce qui n’a rien à voir. Ainsi, entre 1951 et 2012, il y a eu 0,12°C d’augmentation par décennie, en moyenne. Le chiffre pour ces quinze dernières années a été de 0,05°C par décennie.

La planète se réchauffe moins vite, mais se réchauffe quand même… C’est une différence de taille. Bien entendu, cela semble peu et sans intérêt direct et à court terme pour les entreprises capitalistes et leur industrie. Mais pour la vie, pour la Nature, c’est très important…

Revenons cependant à notre « résumé pour les décideurs. » Ce qui est constaté, c’est que c’est l’océan qui absorbe la grande majorité de la chaleur qui s’est développée. Il est considéré comme pratiquement certain que les premiers 700 mètres de profondeur se sont réchauffés depuis 1971, et il est probable selon le GIEC que cela a commencé à la fin du 19e siècle.

On l’aura compris : ce qu’il y a derrière, c’est ce qu’on appelle la révolution industrielle. Et la question brûlante ici est celle de l’acidification de l’océan, qui signifie la mort de la vie. Voici un tableau avec deux prévisions à l’horizon 2100, celui à gauche étant moins « pessimiste » que celui de droite.

Le rapport parle également du Groenland et de l’Antarctique, qui perdent leur glace. Pour l’Arctique, cela donne un demi-million de km² disparaissant tous les dix ans entre 1979 et 2012 (évidemment le chiffre est encore plus grand à la fin de l’été, où la glace a perdu environ 30 % par rapport à 1945).

Le chiffre est de 0,12-0,2 million de km² pour l’Antarctique. L’Arctique se réchauffera par ailleurs plus vite que le reste de la planète, en particulier les terres.

Le rapport parle ensuite bien sûr du Co2 qui ne cesse d’augmenter sa présence, ainsi que du niveau de la mer qui s’élève, de 26 à 82 cm d’ici à 2100. Voici un tableau avec les prévisions de la montée des eaux (horizontale: un mètre, verticale: les années).

Continuons avec le réchauffement et ses chiffres.

Déjà, selon le GIEC, la température va continuer d’augmenter de 0,3 à 4,8 °C d’ici à 2100.Voici un tableau avec deux prévisions différentes, celle à gauche étant moins « pessimiste » que celle à droite, à l’horizon 2100.

Ce fameux 0,3 signifie que la hausse ne sera finalement que de 2° au total en 2100 (par rapport à l’ère préindustrielle), si on en reste là et qu’on parvient à bloquer la tendance d’ici 2030 (ce qui est la position par exemple de la France).

Seulement ce fameux 0,3° d’augmentation d’ici 2100, dans la situation actuelle on y parviendra pas. Pétrole, charbon, gaz naturel restent incontournables dans les prévisions et aucun effort n’est fait pour aller vers le tout solaire.

Ce n’est pas tout, cependant ! Le rapport le précise bien : le processus continue après 2100. Eh oui, et c’est là le grand problème, qui fait que le slogan « la Terre d’abord ! » a une fois de plus tout son sens.

Le rapport du GIEC parle ainsi d’effet de changement climatique multi-siècles. Il est dit explicitement que les conséquences seront présentes même plusieurs siècles après… que les émissions de Co2 soient stoppées.

Or rappelons le, on veut là freiner leur augmentation, pas les stopper, les faire disparaître…

Voici le tableau des prévisions pour le réchauffement à l’horizon 2100. A l’horizontale, il y a l’augmentation de la température, et à la verticale les émissions de Co2.

Un autre tableau montrant les choses sur le long terme.

Et là il faut encore ajouter quelque chose. Le GIEC ne peut pas prévoir avec certitude dans quelle mesure il y aura des événements météorologiques extrêmes plus intenses. En fait, il ne peut pas prévoir grand chose.

Il reconnaît qu’il est bloqué dans sa compréhension du système-Terre.

Aussi y a-t-il pour la première fois, et il est très important de le noter, une référence à la géo-ingénierie. Cette référence est faite, de manière subtile, tout à la fin et pour critiquer.

En effet, il est dit qu’en l’état actuel des connaissances, parvenir à stocker le Co2 sous forme de briques ne serait pas efficace car cela modifierait le cycle de l’eau, sans par ailleurs stopper l’acidification des océans.

De la même manière, la gestion des radiations solaires – ici on est dans la science-fiction, car cela consisterait par exemple en des satellites parasols – est extrêmement dangereuse, car si pour une raison ou une autre le processus de blocage s’arrêtait, tout s’accélérerait sans contrôle.

Donc il est considéré – pour l’instant, bien sûr… – que c’est trop risqué et qu’en cas de souci, cela se retournerait en son contraire.

Cependant, et c’est cela qu’il faut noter, c’est la première fois que le GIEC parle de la géo-ingénierie… ce qui revient à, de la manière dont c’est fait (avec une remarque en passant, donc, tout à la fin), ouvrir la boîte de Pandore. On imagine très bien comment on va rajouter à la catastrophe avec une humanité dirigée par des apprentis-sorciers!

Ainsi, le réchauffement climatique est un problème concret, incontournable et les problèmes ne peuvent que s’accumuler, car l’humanité est égocentrique et s’imagine le centre du monde.

Or, seule la reconnaissance de Gaïa comme système global, avec la morale qui va avec, peut permettre d’agir de manière adéquate, sur la base d’une compréhension réelle de la planète, après avoir rejeté tout anthropocentrisme.

Conférence du GIEC à Stockholm en Suède

Hier a commencé à Stockholm, en Suède, une conférence de quatre jours tenue par le GIEC – le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, fondé en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Les résultats du GIEC sont largement combattus en France, pays où les « climato-sceptiques » sont très puissants. Dès qu’on parle de la Nature, on est en France taxé d’irrationnel, et la question du réchauffement climatique n’y échappe pas, bien sûr.

La conférence doit valider la première partie du cinquième rapport sur le réchauffement de la planète. Il se fonde sur 9600 articles scientifiques et 54 677 commentaires allant avec, il fait 127 pages et sera rendu public ce vendredi une fois finalisé.

Par la suite, les deux autres parties seront elles aussi remplies, les 25-29 Mars 2014 à Yokohama au Japon et les 7-11 Avril 2014 à Berlin en Allemagne, pour un document final complet en octobre 2014, après un Rapport de synthèse final terminé les 27-31 Octobre 2014 à Copenhague, au Danemark.

Des informations ont filtré dans les médias sur ce projet de rapport, très attendu. Car il faut avoir en tête la chose suivante : ces quinze dernières années le réchauffement climatique a continué, mais moins rapidement que prévu. Ainsi, le réchauffement enregistré entre 1998 et 2012 a été de 0,05°C par décennie, contre 0,12°C par décennie pour la période 1951-2012.

Bien entendu, les climato-sceptiques comptent utiliser cet argument. Cependant, on sait déjà que le GIEC considère que « A moins d’une éruption volcanique majeure, les tendances des températures moyennes de surface sur les quinze prochaines années seront pour l’essentiel plus fortes que pendant la période 1998-2012. »

Le GIEC considère dans son projet de rapport que les prévisions restent très mauvaises et qu’il y a en fait de plus en plus incertitudes, même si on sait que la tendance générale est catastrophique.

Le GIEC considère apparemment d’ailleurs que la probabilité que l’activité humaine soit la cause du réchauffement climatique est de 95 % – le GIEC donnait comme chiffres 90% en 2007 et 66% en 2001. Selon le GIEC dans son projet de rapport:

« Il est hautement probable que l’influence humaine sur le climat soit responsable de plus de la moitié de la montée des températures à la surface du globe entre 1951 et 2010. »

Nous en reparlerons dès le rapport rendu, mais il est nécessaire d’être clair. Pour qu’il y ait, en étant optimiste, d’ici 2100, un réchauffement climatique de « seulement » 2°C, il faut que d’ici 2020 il y ait arrêt de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, puis que par la suite on divise le tout par trois d’ici 2050.

Vue la société française aujourd’hui, il est évident qu’aucun effort concret n’est à attendre. Et ce n’est pas la conférence sur le climat en 2015 en France qui va changer cela. Il faut un renversement de valeurs.

Et il ne faut pas croire que l’Etat n’a pas conscience de la situation… Voici justement ce qu’a dit le président François Hollande, lors de l’ouverture de la conférence environnementale :

« Le rapport du GIEC, qui va bientôt paraître, et dont j’ai pu me procurer quelques bonnes feuilles, ne laisse guère de doute : si nous n’agissons pas, la planète connaîtra, avant la fin du siècle, un réchauffement climatique supérieur à 3° voire à 4°C avec ce que l’on peut imaginer des dérèglements en chaîne qui s’en suivront : canicules, inondations, sécheresses, bouleversement des écosystèmes, perte de la biodiversité, notamment dans les océans.

Ce n’est pas une virtualité, c’est aujourd’hui plus qu’une probabilité, une certitude si nous ne faisons rien. »

« Mais nous devons avoir les idées claires, savoir où nous voulons aller et quel est l’objectif. C’est de parvenir à un pacte mondial sur le climat en 2015, c’est-à-dire un accord qui engagera toutes les parties prenantes sur une limitation des émissions de gaz à effet de serre pour contenir l’évolution des températures en deçà de 2°C à l’horizon de 2100. »

Comme on le voit, ce qui arrive est connu. Seulement, la ligne est de tenter de limiter la casse, pas de prendre le problème à bras le corps. Or, une tendance ne se combat pas en la freinant, mais en la renversant.

L’alternative est simple. Ou l’humanité reconnaît Gaïa comme système global, ou elle amène des déséquilibres dont elle paiera le prix. Il faut que l’humanité cesse son égocentrisme, son anthropocentrisme!

Le bilan de la conférence de l’ONU au Qatar sur le climat

Voici donc un petit bilan de la conférence de l’ONU sur le climat, qui s’est déroulé au Qatar. Rappelons que nous en avons fait une petite présentation (Qatar 2012: la conférence de l’ONU sur le réchauffement climatique), et que le dernier jour a été marqué en France par la médiatique nomination de Nicolas Hulot comme ambassadeur français « écolo » (Hulot nommé «envoyé spécial pour la planète» au moment où…).

Il faut d’abord préciser qu’il est très difficile de trouver des informations réelles au sujet du résultat de la conférence. Tout a été fait pour le passer sous silence, tellement cela a été lamentable.

En fait, la seule information véritable de la conférence, fournie par de grandes institutions du monde capitaliste (comme la Banque Mondiale), a été que le réchauffement à l’horizon 2100 ne sera vraisemblablement pas de 2°C, mais d’au moins 3,5°C.

A côté de cela, l’information filtrant surtout dans les médias a été de dire qu’en 2015 il y aura une réunion, et qu’alors sera décidé ce qui sera décidé pour après 2020. Aucun financement d’aides aux pays « peu développés » n’a été décidé.

Le texte signé demande aux pays plus développés d’aller en ce sens « quand les circonstances financières le permettront » et de faire en sorte qu’à la prochaine conférence sur le climat, en 2013 à Varsovie, il y ait « les informations sur leurs stratégies pour mobiliser des fonds afin d’arriver à 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020. »

En fait, ce qui s’est passé, c’est que les négociations se sont prolongées au delà de l’horaire fatidique et qu’alors le vice-Premier ministre qatari Abdallah al-Attiya a occupé la tribune de la conférence, faisant adopter en série et en quelque sorte par surprise une série de textes, ratifiant à l’arraché la prolongation du protocole de Kyoto pour ceux qui l’ont ratifié (l’Union européenne, l’Australie et une série d’autres pays, produisant 15 % des gaz à effet de serre).

A cela s’ajoute la promesse, la fausse promesse devrait-on dire, qu’en 2015 soit décidé « un protocole, un autre instrument juridique ou un accord ayant force juridique. »

C’est une terrible faillite de plus, dans le prolongement des autres conférences sur le réchauffement climatique (ou bien le développement durable). Voici un petit rappel de nos articles à ce sujet:

2012

La conférence de Rio+20 a commencé

Rio+20

Fin du sommet anthropocentriste de Rio+20

Rio+20 : le « développement durable » contre l’écologie

2011

« A la veille de Durban: pas d’accord climatique avant 2020! »

Conférence de Durban sur le réchauffement climatique: la honte!

2010

La supercherie du sommet de Cancún

Action de l’ELF au Mexique à l’occasion du sommet de Cancun

2009

Le lamentable fiasco de Copenhague!

Voici enfin quelques données scientifiques, pour bien saisir les enjeux du processus en cours.

Fin du sommet anthropocentriste de Rio+20

Le sommet mondial Rio+20 s’est terminé ; aucun média n’en a parlé. Sans doute en parleront-ils dans le courant de la journée, mais l’absence de réaction immédiate témoigne du manque total d’intérêt pour une conférence mort née.

On atteint un point hallucinant de dédain, d’esprit mesquin, de rejet de l’écologie. C’est le sauve-qui-peut maquillé en pseudo assurance. Y a-t-il encore des écologistes, ou même ne serait-ce que des gens qui se soucient de l’écologie, qui en font une actualité ?

Depuis quelques années, tout le monde a sorti la rengaine comme quoi tout le monde était écologiste, que ce n’était pas une préoccupation spécifique, etc. Tout cela a servi à masquer le refus de l’écologie et de ses exigences.

Voici par exemple ce que raconte Pascal Canfin, ministre délégué au développement et membre d’Europe Ecologie – les Verts :

« J’étais cette semaine à Rio au sein de la délégation française avec le Président de la République, Laurent Fabius, Nicole Bricq, et Benoit Hamon. J’ai donc participé aux négociations qui ont débouché sur la déclaration finale.

Je souhaitais vous faire part de mon analyse sur le texte final. Quel jugement porter sur ce texte ? Si on le juge au regard de ce qui serait nécessaire pour inventer un mode de vie à 7 milliards d’humains, compatible avec les limites de la planète, alors, oui, ce texte est nettement insuffisant.

Comme le font remarquer les ONG, Rio+20 n’a pas apporté les réponses immédiates que l’urgence environnementale exige. »

Le reste du texte tente de justifier Rio+20, comme quoi cela a été utile, etc, que de la poudre aux yeux.

Mais ce qui compte, dans ce que dit Pascal Canfin dès le départ de son analyse, c’est son anthropocentrisme. La seule chose qui compte, c’est :

« inventer un mode de vie à 7 milliards d’humains, compatible avec les limites de la planète »

C’est le contraire de ce que doit être l’écologie. La ligne de fracture est très claire : l’avenir mettra d’un côté les anthropocentristes et de l’autre ceux et celles voulant une planète bleue et verte.

C’est cela qui va être l’histoire du 21ème siècle !

Et Rio+20 est une base pour l’anthropocentrisme, « l’économie verte », le « développement durable. »

Ainsi, un document commun a donc été ratifié, qui a comme objectif une « économie verte », mais il n’y a ni plate-forme centralisée au niveau mondial, ni financement.

C’est-à-dire, pour parler clair, que personne n’est contrait en rien ; il y a des objectifs moraux, mais l’économie du profit se passe de moral, encore plus en temps de crise.

« Le futur que nous voulons », titre du document, ne parle pas des animaux, ni de la biodiversité en général ; il n’affirme pas la nécessité de combattre le réchauffement climatique, il ne place pas l’océan au centre des préoccupations. Il rejette Gaïa. Nous en reparlerons en détail.

Bien évidemment, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon a expliqué que « C’est un très bon document, c’est la vision sur laquelle nous pouvons construire nos rêves. »

Mais il n’y a que lui à y croire ; même les ONG et les institutions européennes rejettent totalement Rio+20 comme ayant totalement échoué.

La question principale est en fait d’une importance historique, puisqu’il s’agit de la capacité ou non de s’élever au niveau mondial. Même les « acteurs institutionnels » s’aperçoivent que sans perspective à l’échelle mondiale, « les carottes sont cuites » !

Voici par exemple quelques constations de divers organismes, ONG, associations. Toutes constatent l’absence de perspective mondiale et tentent de développer le thème du « local. » Sauf qu’évidemment cela ne suffira jamais, et ces gens s’en doutent, mais ils disent cela pour se justifier leur propre place !

« Rio+20 n’a pas relevé le niveau de la gouvernance environnementale mondiale (…). Des innovations décisives doivent venir des niveaux locaux et nationaux » (Union internationale pour la conservation de la nature, IUCN)

« Mon impression générale, c’est chacun chez soi, chacun comme il veut. C’est comme si on n’avait plus besoin d’action collective mondiale. » (Laurence Tubiana, directrice de l’IDDRI, institut du développement durable et des relations internationales)

« Les gouvernements ont échoué à atteindre l’accord historique dont nous avons besoin pour répondre à un orage de crises, crise de l’équité, crise de l’écologie et crise de l’économie (…). On remet en ordre les fauteuils sur le pont du Titanic alors qu’il est en train de sombrer » (Kumi Naidoo, Greenpeace)

« Ce résultat représente un échec collectif global à saisir la réalité de l’urgence écologique, en dépit de tous les éléments de preuve existants » (Sandrine Belier, porte-parole des députés européens des Verts/ALE au Sommet).

« La conférence de Rio s’achève avec plus de gémissements que de clameurs. Les attentes étaient faibles, mais les résultats ont été encore plus modestes. C’est une occasion ratée. » (World resources institute)

« La réussite de cette conférence, c’est que ça a lieu, les gens viennent pour discuter, partager leurs espoirs, leurs difficultés. Ils disent aux gouvernements qu’on pourrait faire plus. La déclaration finale est importante car le texte appuie les demandes faites par exemple au niveau local, ça légitime ce que les gens font (Brice Lalonde, ancien ministre français de l’environnement, co-coordinateur de la conférence)

« C’est la société civile qui fera changer les choses, c’est elle qui fait le boulot, qui prend les initiatives sur le terrain, qui s’engage. En tout cas, il n’y a rien qui a été négocié qui puisse ralentir notre effort. » (François Loos, président de l’Ademe, agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie)

Rio+20 : le « développement durable » contre l’écologie

La conférence de Rio restera comme une date importante, mais pas pour les bonnes raisons. Les discussions en cours témoignent de l’abandon total de l’écologie et de la volonté de lutter contre le réchauffement climatique.

C’est en effet le principe de « l’économie verte » qui prédomine et devrait ressortir de la déclaration finale.

Désormais, la seule ligne est celle du « développement durable. »

C’est-à-dire, suivant la définition de l’ONU : « subvenir à nos besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à subvenir à leurs propres besoins. »

Il s’agit par conséquent, dans l’esprit de cette conférence Rio+20, d’accompagner le réchauffement climatique, considéré comme inéluctable, et d’essayer de ne pas en rajouter. En ce qui concerne le second point, de toutes façons personne n’y croit, car l’humanité n’étant pas unifiée à l’échelle mondiale, la concurrence est telle que personne n’est prêt à faire d’efforts.

Le seul objectif est par conséquent, pour la conférence Rio+20, de paver la voie à une « survie » de l’humanité, comme si cette survie était possible sans la planète dans toute sa globalité.

Les humains sont considérés ici comme « extérieur » à la Nature, comme si c’était ne serait-ce que concevable. Cette position est un suicide à tous les niveaux.

Les principales associations ou plutôt « ONG » (organisations non gouvernementales) comme on dit désormais ont totalement intégré ce fait. Le « directeur général » du WWF France, Serge Orru, résume bien cette ligne de capitulation complète lorsqu’il lance un appel service à François Hollande :

« Mercredi, le président de la République française a parlé à la conférence de Rio+20, et il a plutôt bien parlé. Il a confirmé que les résultats de Rio n’étaient pas à la hauteur des attentes et a plaidé à raison pour la création d’une autorité mondiale de l’environnement.

Monsieur le président, permettez-nous de vous demander avec insistance d’être une des sentinelles de cette humanité durable que nous souhaitons toutes et tous, dans notre diversité d’êtres humains. »

C’est l’écologie que la conférence Rio+20 doit enterrer, l’écologie dans sa dimension utopiste, sa dimension sensible, sa dimension « révolutionnaire. » Le monde ne pourrait plus être changé, il suivrait un cours inexorable, où il faudrait, par solidarité d’espèce, se serrer les coudes afin que l’humanité se « préserve. »

C’est une sorte de chantage à l’humanité qui se développe, et toutes les personnes qui rejettent cet anthropocentrisme sont déjà présentés comme des extrémistes, des gens absurdes, etc. Lorsque des gens critiquent LTD lorsqu’il est parlé de Gaïa, c’est une même attitude finalement, car c’est l’existence même de la planète qui est niée, au profit d’une humanité « consciente » qui agirait selon ses propres volontés, ses propres choix, etc.

Sauf que la réalité est plus complexe, ou plus simple aussi : l’humanité n’est qu’une composante de la planète Terre, de la vie qui existe sur la planète.

Il ne peut donc pas y avoir de plans orgueilleux d’une humanité s’imaginant qu’elle peut provoquer des déséquilibres globaux tout en tirant son épingle du jeu. Cela n’a tout simplement aucun sens.

Surtout quand on sait que le prochain « Sommet pour la Terre » aura lieu dans… dix ans. Il est facile de comprendre quelle tendance va être dominante sur la planète ces dix prochaines années. On peut penser qu’il y aura une vaste résistance, et peut-être même une victoire contre cette tendance. Mais à quel prix ? Chaque jour qui passe, l’écocide se généralise.

L’échec de Rio+20, c’est avant tout un appel à notre propre responsabilité !